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Par contre les longs mois de prison de Julien Coupat sont bien réels, eux. Le message que la Sarkozye paniquée envoyait aux dissidents était clair: on a les moyens de vous faire chier grave, de vous foutre votre vie en l’air, même sur la base d’accusations fausses… alors tenez vous tranquilles.  Message compris 5/5 quand on voit comment la contestation, en cette période de guerre, de crise et de précarité, est retombée comme un flan.  Ce n’est pas pour rien que le virus « Indignés » a contourné la France, le flic Sarkozy a tout mis en place pour cela.

Vous croyez vraiment que cette plainte contre la machination politico-médiatique fabriquée par Michelle Alliot-Marie, sur une idée d’Alain Bauer et de Claude Guéant va aboutir ? Vous rêvez, on est en France, les juges ne crachent pas dans la gamelle dans laquelle ils mangent.

LE PV EST « BOURRÉ D’INVRAISEMBLANCES »

[Le Monde -11/11/2011]

« Faux et usage de faux en écriture publique » : voilà le motif pour lequel une information judiciaire a été ouverte, cette semaine à Nanterre, sur l’enquête des sabotages de TGV. Cette décision fait suite à la plainte du groupe Tarnac qui accuse la police antiterroriste d’avoir rédigé un procès-verbal mensonger pour lesmettre en cause, selon un de leurs avocats.

Les faits remontent à la nuit du 7 au 8 novembre 2008 : des dégradations sont commises sur une ligne TGV dans la Seine-et-Marne. Trois jours plus tard, dix personnes sont arrêtées. Parmi elles, Julien Coupat et sa compagne Yldune Levy. Ils sont alors mis en examen dans ce dossier, instruit à Paris, notamment pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

 A l’époque, la ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, les avaient désignés comme « un groupe d’anarcho-autonomes », ce que réfute le groupe de Tarnac. Ils nient les accusations et leurs avocats ont toujours mis en cause la police, estimant que des soupçons de falsification pèsent sur certaines pièces importantes du dossier.

C’est dans ce contexte que l’enquête de police avait fait l’objet d’une vive controverse, une partie de la gauche, tout comme la défense, estimant qu’elle avait été fabriquée de toutes pièces pour accréditer l’idée qu’une menace violente existerait à l’ultragauche.

LE PV EST « BOURRÉ D’INVRAISEMBLANCES »

Selon les avocats du groupe de Tarnac, leur mise en cause repose notamment sur un PV de la sous-direction antiterroriste de la PJ française, faisant état d’une filature de Julien Coupat et Yldune Levy la nuit des faits, PV qui, selon eux, est un faux.

« C’est ce PV qui a permis les arrestations », explique Me Assous. « Or il est bourré d’invraisemblances qui rendent impossibles la présence de Julien Coupat et Yldune Levy à cet endroit-là et à ce moment-là », selon l’avocat qui souligne que le faux commis par un dépositaire de l’autorité publique relève de la cour d’assises. « Les enquêteurs ne cessent de clamer qu’ils avaient des éléments. Or après trois ans, il n’y a rien », affirme l’avocat convaincu que l’enquête de Nanterre conduira à la levée des mises en examen. (suite…)


[L’Express – 22/02/2011]

Selon nos informations, Mark Kennedy, un agent des services britanniques infiltré au coeur des mouvements « alter », a livré des précisions importantes sur les déplacements de Julien Coupat à l’étranger.

Ce fut longtemps le secret le mieux gardé de l' »affaire de Tarnac« : un agent britannique, infiltré au coeur des mouvements altermondialistes et environnementalistes européens, a joué un rôle important dans cette enquête.

De 2002 à 2009, ce policier de 41 ans, Mark Kennedy, a renseigné sa hiérarchie sur les coulisses des milieux « alter ». Au passage, les autorités françaises ont également profité de ses informations. Ainsi, c’est en partie grâce à lui que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a pu reconstituer les déplacements à l’étranger de Julien Coupat, considéré par la police comme le chef de file du « groupe de Tarnac ». Dix de ses membres ont été mis en examen dans une procédure pour acte terroriste, après le sabotage, en novembre 2008, d’une ligne de TGV, en Seine-et-Marne. Une accusation qu’ils contestent fermement.

Mais, comme dans les films d’espionnage, l’agent Kennedy, alias Mark Stone, vient de faire défection, passant dans le camp altermondialiste. Il s’apprête même à écrire un livre sur son aventure! Consacrera-t-il un chapitre à Tarnac?

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/tarnac-l-infiltre-britannique_964916.html


Tiens, c’est vrai… on les avait oubliés ceux-là, l’épouvantail de l’hiver précédent, vous vous souvenez, l’Ultragauche, le couteau entre les dents et la bombe dans la poche, qui devait affoler le populo et le faire rentrer dans le rang…

Un fiasco de communication médiatique sur lequel Michèle Alliot-Marie et Alain Bauer (qui est à l’origine de ce montage de basse propagande) se font très, très discrets… et qui a quand même vu un innocent jeté en prison pendant plusieurs mois.

Aujourd’hui, on tape sur les Roms, demain ce sera sur les fonctionnaires feignants ou les parents indignes ou les sauvages des banlieues ou, ou… n’importe quoi pourvu que cela détourne l’attention des médias et des citoyens…

Comme l’écrivait Thomas Pynchon « If They can get you to ask the wrong questions, They don’t need to worry about the answers »– s’ils peuvent t’amener à te poser les questions qui te mènent nulle part, ils n’auront pas besoin de s’inquiéter des réponses que tu pourrais y trouver.

Note de Dov: OK, OK, mais sur la forme, on est quand même en droit de trouver que le style des mecs de Tarnac est chiant et grandiloquent. On retrouve le néo-romantisme révolutionnaire de « L’insurrection qui vient ». C’est du Théâtre, du Pathos à la louche…  la dernière phrase du texte « Seigneurs de ce monde, vous êtes cuits », c’est carrément risible. On dirait une bande de gamins de dix ans qui se racontent des histoires de Zorro dans une cabane sous les arbres…  et comme la flicaille a besoin de méchants d’opérette pour faire monter la mayonnaise sécuritaire, les mecs de Tarnac lui fournissent obligeamment le personnage.

Au secours, Lenine revient !

Au secours, Lenine revient !

[Mediapart – 23/08/2010]

Fin juillet, quelque deux cents personnes se sont réunies dans la commune de Corrèze où des jeunes gens avaient été interpellés, le 11 novembre 2008, lors de l’enquête « antiterroriste » ouverte après le sabotage de lignes TGV. La réunion a eu lieu à la ferme du Goutailloux, à Tarnac, en présence notamment de personnes toujours mises en examen dans ce dossier.
Pendant une semaine, les participants – venus des Etats-Unis, d’Europe et de France – ont cherché à « analyser la situation politique actuelle et élaborer ce que serait une sortie bouleversante de l’ordre présent ». De cette assemblée estivale a émergé un texte, que Mediapart publie aujourd’hui :

Tarnac, été 2010

Il se lève et dit : « La contre-insurrection n’est pas seulement la doctrine d’intervention des armées occidentales en Afghanistan, c’est la nature même de tout gouvernement. La mise en circulation de tel ou tel « élément de langage », l’urbanisme, la distraction organisée, les fables de l’économie, tout provient de la crainte de perdre le contrôle des populations. » Elle lui répond : « Chez nous, le gouvernement a tellement peur, avec la crise, que les gens commencent à s’organiser par eux-mêmes, qu’il contraint les chômeurs à faire des ateliers de réparation gratuite de vélos dans la rue, à récupérer les objets usagés et à patrouiller avec la police. On occupe le terrain préventivement. »

Quelques heures plus tard, une fournée de pain plus loin, un autre : « Moi, ce qui m’étonne, depuis l’automne 2008, c’est qu’une telle crise du capitalisme ait suscité à ce jour, hormis en Grèce, si peu de mouvements. Il y a dix ans il y avait tout un mouvement « antiglobalisation » qui attaquait le système alors que celui-ci se portait plutôt bien, et maintenant que tout donne raison à ce mouvement, il n’y a rien qui se lève, et si peu qui se tente. Que, dans ces moments, chacun se cramponne à sa position sociale menacée est bien compréhensible, mais que militants et activistes restent confortablement installés dans leur rôle social minoritaire, qu’au lieu de s’interroger sur leur soudaine paralysie, ils préfèrent considérer que tout leur donne raison et qu’ils n’ont qu’à continuer à parfaire leur posture radicale sur les sites web spécialisés ou à siroter leur bière à la terrasse des cafés branchés, voilà ce qui est proprement hallucinant. » (suite…)


Le véritable objectif de Tarnac n’était pas de se faire mousser auprès du bon peuple « tremblez braves gens, on va vous défendre contre le vilain anarchiste »… le véritable objectif était d’envoyer un message au mouvement social, aux possibles dissidents de tout poil en ces temps de crise:

<<on peut vous faire chier, on peut vous foutre en l’air vos vies, vous prendre vos enfants, vous jeter en prison longtemps alors que vous n’avez rien fait… et tout cela on peut le faire impunément. Alors réfléchissez-y à deux fois avant d’aller manifester ou formuler une opinion dissidente.>>

A Tarnac et ailleurs, le message à été reçu 5/5. Merci Alain Bauer !

Tarnac : la défense dénonce « un scandale d’Etat »
[Isabelle Mandraud et Caroline Monnot – LE MONDE | 26.11.09]
Changement de ton, changement de stratégie, changement d’avocats. Un an après l’interpellation et la mise en examen de neuf personnes dans l’affaire des sabotages de voies SNCF, leurs conseils ont décidé à leur tour de se muer en accusateurs. Et de cogner fort. « On est au-delà du fiasco judiciaire, on est dans le scandale d’Etat », a lancé, mercredi 25 novembre, Me William Bourdon.Les neuf de Tarnac ont voulu et ont joué un rôle actif dans cette stratégie plus agressive. Les avocats se sont ainsi relayés lors d’une conférence de presse, dans les locaux de l’Assemblée nationale, en présence de plusieurs élus de gauche dont le Vert Noël Mamère et les socialistes François Hollande et André Vallini. « Le gouvernement a pris la responsabilité d’ordonner des enquêtes en incitant les policiers et les juges à se montrer peu scrupuleux afin de donner consistance à quelque chose qui n’existe pas », a affirmé Me Thierry Lévy. « Les policiers ont inventé, c’est le fruit de leur imagination « , a renchéri son confrère Jérémie Assous.

L’accusation n’est pas mince. « On est dans la présomption très sérieuse de falsification de preuves », a asséné Me« opération qui disqualifie et déshonore gravement la démocratie française« . Les avocats qui réclament dans la foulée un « non-lieu rapide », ont adressé coup sur coup deux notes au juge du pôle antiterroriste Thierry Fragnoli. Dans la première, datée du 29 octobre, ils dénoncent des « incohérences » et des « anomalies » Bourdon, en décrivant une contenues, selon eux, dans le procès-verbal D104 établi par la police de lutte antiterrorisme (SDAT). Ce procès-verbal est relatif à la filature du couple Julien Coupat, Yildune Lévy dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 au cours de laquelle a eu lieu un sabotage sur une caténaire de la ligne TGV Est. Dans la seconde note, du 25 novembre, les avocats réclament l’audition, en leur présence, du témoin sous X…, dont ils estiment que les déclarations fondent, pour l’essentiel, l’incrimination terroriste.

Mercredi, à l’Assemblée, ils ont brocardé le juge d’instruction en dénonçant, son « comportement très inhabituel ». « C’est quelqu’un enfermé dans son bunker, qui refuse tout contact physique et tout dialogue », a affirmé Me Lévy.

Le témoin sous X a-t-il été manipulé ?

L’identité de ce témoin a été rendue publique malgré lui, notamment par les médias. Il s’agit de Jean-Hugues Bourgeois, 30 ans, le chevrier du Teilhet (Puy-de-Dôme) aujourd’hui installé en Loire-Atlantique. Cet éleveur bio avait fait irruption dans l’actualité au printemps 2008 après que dix de ses chèvres avaient été tuées et sa grange incendiée. Il affirmait à l’époque être le destinataire de courriers de menaces de mort. Depuis, il a été mis en examen après qu’une expertise graphologique, contestée par son avocat Jean-Louis Borie, l’a désigné comme l’auteur de ces lettres.

Depuis des semaines, son nom avait commencé à circuler comme le probable témoin sous X… dans l’affaire Tarnac. Le 11 novembre, lorsque TF1 l’interroge en caméra cachée, le visage flouté il dit avoir signé un procès-verbal dont il n’a pas maîtrisé le contenu.

La gendarmerie, qui l’a reçu la première à Riom, certifie que ce témoin s’était présenté « spontanément ». C’est « du spontané qui n’en est pas, rétorque son avocat, Me Borie. Jean-Hugues Bourgeois était sous écoute comme victime dans l’affaire du Teilhet, et ses liens avec Tarnac étaient connus. Il était dans une situation de grande fragilité » Sans être un familier de Julien Coupat et des habitués de Tarnac, à l’exception de l’un d’entre eux, il a fréquenté plusieurs rendez-vous altermondialistes, se situant dans la gauche alternative.

Le dossier judiciaire contient une deuxième déposition de l’agriculteur, sous son nom. S’agissait-il, alors, pour la police, de le protéger en le faisant déposer une seconde fois sous son nom ?

La filature du couple Coupat-Lévy a-t-elle été entachée d’irrégularités ?

Les avocats contestent désormais point par point le minutage de la filature du véhicule dans lequel se trouvaient Julien Coupat et Yildune Lévy à partir de 3 h 50, le 8 novembre, nuit du sabotage Ils relèvent que les traces de pneumatiques et de semelles analysées par la gendarmerie sur place ne sont pas celles de leurs clients ; ils s’interrogent sur le fait que les policiers n’ont rien vu du sabotage lui-même, ce qu’ils jugent impossible étant donné la configuration de la voie ferrée à Dhuisy. « Ni les suivis, ni les suiveurs n’étaient présents sur les lieux », avance Me Assous.

La police admet qu’il y a peut-être eu « des erreurs techniques » dans le relevé horaire du procès-verbal de filature et continue d’attester de la présence du couple au kilomètre 45, lieu du sabotage. « Notre bonne foi ne peut pas être mise en cause, s’offusque un responsable. Si on avait voulu tricher, on aurait dit qu’on les avait vus saboter, ce qui n’est pas le cas ».

 

Les dépositions très contradictoires d’un agriculteur, ex-témoin sous X…
[LE MONDE | 26.11.09 ]

En l’espace de deux mois, Jean-Hugues Bourgeois a été entendu à deux reprises par les policiers de la sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT), la première fois en tant que témoin sous X…, la seconde sous son identité. Et les deux versions n’ont rien à voir.

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Cet agriculteur de 30 ans, qui résidait alors dans le Puy-de-Dôme, à environ deux heures de route de Tarnac en Corrèze, se serait présenté spontanément à la gendarmerie de Riom. Son premier témoignage est recueilli le 14 novembre 2008 à 9 heures, selon le procès-verbal (PV) établi par la police, soit trois jours après l’interpellation des neuf personnes mises en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. La veille, le juge des libertés et de la détention a donné son autorisation pour lui accorder le statut protecteur de témoin sous X…, qui devient dans le dossier le « témoin 42 ». Il livre alors ses impressions sur Julien Coupat et un « groupe constitué » autour de lui, mais ne dit pas un mot sur les sabotages des lignes SNCF qui leur sont reprochés

« Fantasme collectif »

A propos de Julien Coupat, dépeint comme le « leader charismatique et l’idéologue (qui) tient l’ensemble des membres sous son charme à la façon d’un gourou de secte », il déclare : « A plusieurs reprises, lors de réunions avant 2007, il exprimait le fait que, même si le moment n’était pas encore venu, il pourrait être un jour envisagé d’avoir à tuer car la vie humaine a une valeur inférieure au combat politique ». Selon ce PV, coté D43, les policiers présentent un « album photos » qu’il commente désignant ici un « responsable de la branche des relations sociales » (Benjamin Rousoux, mis en examen), là un « responsable de la branche armée » (Raphaël M., non mis en examen), tout en ajoutant qu’il « croit que cela relève d’un fantasme collectif « . Tout change le 11 décembre 2008, lors de sa deuxième audition à 14 h 30, cette fois sous son identité, dans les locaux de la police judiciaire de Clermont-Ferrand. Là, il parle de Raphaël M. comme d’un ami et d’une communauté répondant « avant tout à un projet de vie en commun se développant sur des activités agricoles, artisanales, commerciales ». « Je les conseillais notamment pour leur élevage de bêtes et leurs récoltes« , souligne-t-il.

Le témoin explique que son numéro de téléphone portable apparaît sur la facturation détaillée de la ferme de Tarnac, car il souhaitait « leur emprunter leur bouc pour la reproduction de (son) élevage » – bouc qu’il dit avoir été cherché « à la fin août 2008 ». Sur ce PV, il refuse de répondre à une interrogation sur le « projet politique » du groupe, car cela relève des « opinions privées de chacun ». Et à la question « les résidents de Tarnac vous ont-ils jamais fait part de projets violents ? », il répond : « Non, jamais. »

On lui présente à nouveau un album de « 38 individus » : il affirme, cette fois, n’en reconnaître que quatre. A propos de Julien Coupat, Jean-Hugues Bourgeois dit : « J’ai un peu de mal à croire qu’il est celui que les autorités présentent comme un terroriste. »

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/11/26/les-depositions-tres-contradictoires-d-un-agriculteur-ex-temoin-sous-x_1272456_3224.html#ens_id=1272079


Villiers-le-Bel, Tarnac… « Fallait pas nous mettre dans la même prison ! », par Maka Kanté et Benjamin Rosoux
[LE MONDE | 23.11.09 ]
Je suis Maka, j’ai 22 ans, je suis en détention préventive depuis le 23 février 2008. Je suis mis en examen pour « tentative d’homicide volontaire sur agents des forces de l’ordre » depuis le grand baroud policier qui avait suivi les émeutes de novembre 2007 à Villiers-le-Bel. Des centaines de jeunes ont affronté la police suite à la mort de deux adolescents, dans une collision avec un véhicule de police.Je suis Benjamin, j’ai 31 ans, je suis sous contrôle judiciaire, mis en examen pour participation à « une association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste » suite aux opérations de police menées sur tout le territoire, notamment à Tarnac, en réaction aux sabotages simultanés de l’alimentation électrique de plusieurs voies TGV en novembre 2008.

Un Blanc. Un Noir. Cité du Val-d’Oise. Petit village de Corrèze. Parents immigrés africains de première génération. Classe moyenne de province. Diplôme universitaire. Déscolarisation précoce. Nos histoires se croisent au hasard d’une désertion des voies tracées pour nous dans le grand cirque de la reproduction sociale. (suite…)


[1001 Livres – 24/07/2009]

Titre : Le coup de Tarnac | Auteur : Marcel Gay | Florent Massot | Parution : 21/03/2009 | 180 pages | 130 x 210 x 17 mms mm | ISBN : 9782916546346 | Prix : 14 €
Marcel Gay, journaliste à L’Est républicain, chargé de la rubrique judiciaire nous plonge dans une contre-enquête sur l’affaire de Tarnac. De quoi nous éclairer notre lanterne. Alarmant !

Nos libertés individuelles seraient-elles en danger ?

Le travail d’investigation du journaliste part d’une question toute simple : est-ce qu’il y a vraiment des terroristes en Corrèze ? D’allure générale, sans lire le livre, cette affaire semble étrange. En effet, au cours du récit, on découvre que les preuves ne tiennent pas et qu’elles ne sont donc pas recevables. Donc en aucun, il ne s’agit de terrorisme. A la fin de cette enquête, on reste sans voix sur le fait qu’il n’y a rien de concret à retenir contre Julien Coupat et les autres. Néanmoins, la vie de ces jeunes a tout de même été entachée.

L’enquête aussi sabotée que les lignes TGV ?

Le doute subsiste.

La piste allemande évoquée plus en détail dans le livre est d’après le journaliste une piste qui n’a pas été exploitée en sa totalité. De nombreux faits concordent. Cette affaire a des relents politique où la communication a pris le dessus sur la vérité. Comme par hasard, cela intervient dans un contexte de crise économique et frapper fort sur des questions de sécurité reste un classique. N’arrivant pas à juguler les problèmes économiques du pays et devant de nombreux mouvements de contestation en France (et aussi en Guadeloupe et en Grèce), craignant peut-être des débordements en France, la politique du gouvernement privilégie la sévérité et l’autorité avec les forces de l’ordre. Ex : opération commando pour interpeler en pleine nuit les 9 de Tarnac. Bref, taper fort pour faire de ces jeunes instruits et n’ayant pas la même vision du monde qu’eux, un exemple symbolique de discipline.

Menace sur la liberté d’expression ?

Certainement.
C’est la plus grande réflexion qui viendra au lecteur lors de sa lecture. De nombreux détails et parfois techniques de l’affaire nous démontrent bien les imperfections du système. Ce dernier imparfait conduit la liberté d’expression à être en danger.
Lisez ce livre par curiosité, vous ne serez pas déçu.

http://www.1001-livres.fr/1047-Le%20coup%20de%20Tarnac


[Karl Laske – Libération – 29/05/2009]

Perquisitions, confidences de ses proches… La police s’est focalisée sur Julien Coupat. Sans obtenir de preuves.

«Julien, il croit à la révolution. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Qu’est-ce qu’on peut faire ? On a chacun notre petite croix…» C’est ce que confiait la mère de Julien Coupat à une amie, en août. Ses paroles figurent au dossier d’instruction de l’affaire des sabotages des lignes TGV. Confidence enregistrée et retranscrite par un policier attentif, comme dans le film La vie des autres. L’enquête sur Julien Coupat regorge de ces intrusions. Tout a commencé en avril 2008. Par un soupçon encore formulé au conditionnel. «Il existerait sur le territoire national une structure clandestine anarcho-autonome entretenant des relations conspiratives à l’étranger et projetant de commettre des actions violentes dans le but de troubler gravement l’ordre public», dénonçait la direction centrale du renseignement intérieure (DCRI). Coupat en était «le leader». Les «bases logistiques» étaient à Tarnac, en Corrèze, là où Coupat et ses amis avaient acheté en 2005, avec l’aide de leurs parents, le domaine agricole du Goutailloux. «Il y avait de la remise en état de bâtiments et des terres agricoles qui étaient à l’abandon, explique à la police Benjamin Rosoux, chargé de l’épicerie. A l’été 2008, nous avons fait dessoucher mécaniquement 4 hectares de terres, une ancienne plantation de sapins. Il fallait des petites mains pour dépierrer ces terres avant d’y planter du seigle.»

Le témoin «42». A l’été 2008 justement, la sous-direction antiterroriste était déjà à pied d’œuvre autour de la «base logistique». Des photos sont prises au téléobjectif. Et deux caméras, installées dans les arbres, filment les allées et venues dans les chemins. Des visages s’impriment. Les policiers veulent donner consistance à la «structure clandestine» qu’on leur a dénoncée. Jusqu’au 11 novembre, ils ne trouvent rien, hormis la participation de Coupat à deux manifestations, l’une à Paris, contre le fichier Edvige, l’autre à Vichy, contre le sommet européen sur l’immigration. Mais ils suivent Coupat et son amie Yildune Lévy à proximité d’une voie de TGV, sabotée dans la nuit du 7 au 8 novembre.

Au plus haut niveau du ministère de l’Intérieur, la décision est prise d’opérer en grand. Michèle Alliot-Marie annonce elle-même le raid policier sur le Goutailloux. Mais là encore, aucun élément matériel probant. Pas l’ombre d’une arme, pas même un plan d’action. En garde à vue, Julien Coupat, 34 ans, diplômé d’école de commerce, l’Essec, devenu doctorant en histoire de la pensée, ne lâche que quelques mots : «Je récuse ce type de procédure d’exception tant policière que judiciaire dont l’antiterrorisme est le paravent. C’est dans sa nature même d’avoir déjà répondu aux questions.» Il refuse d’en dire plus.

A côté, Yildune Lévy, 25 ans, ne parle pas beaucoup plus. «Je ne comprends pas ce qui m’est reproché, ni même la qualification terroriste des faits.» Puis elle dit seulement : «Pas mentir, pas semblant.» Elle demande à dormir. Questionnée sur sa relation avec Julien Coupat, elle répond : «Couleur.» Unique élément retrouvé dans l’ordinateur d’Yildune, une recette de fabrication d’explosifs, comme on en trouve sur Internet. Le couple est mis en examen et écroué, avec sept autres jeunes de Tarnac, pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste».

Pour muscler le dossier, déjà fragile, les policiers antiterroristes introduisent un témoin sous X, «42». L’anonyme assure que Julien Coupat, qui a animé la revue Tiqqun,«souhaite le renversement de l’Etat». Il aurait constitué autour de lui un groupe dénommé Comité invisible sous section du parti imaginaire, auteur collectif du livre l’Insurrection qui vient.«Les plus proches de Coupat se réunissent à la ferme de Goutailloux afin d’expérimenter une logique de territoire, c’est-à-dire la pseudo-acquisition de savoir-faire agricoles et artisanaux», assure «42». Le témoin mentionne un autre texte collectif, L’appel, issu de plusieurs réseaux, qui préfigure, selon lui, l’Insurrection. «Au cours de l’été 2007, une réunion de l’ensemble du réseau, 45 personnes environ, a lieu à la ferme. L’Insurrection qui vient est finalisée. A partir de là, le groupe constitué autour de Julien Coupat s’est complètement refermé sur lui-même.» C’est donc le témoin «42» qui oriente l’enquête judiciaire sur le livre. Le groupe des jeunes intellectuels néosituationnistes (lire page 4) de Tiqqun est un peu connu. Dans un entretien à la revue Vacarme, le philosophe Giorgio Agamben, définit Tiqqun comme «une revue extrêmement critique, très politique, qui prend un ton très messianique, mais toujours de manière complètement profane». S’ils nourrissent une pensée antipouvoirs, Coupat et ses amis ne sont pas clandestins. Ni vraiment marginaux. Julien Coupat reçoit chaque mois 1 000 euros d’une société immobilière de son père, qui lui prête appartement et voiture.

«Support idéologique». Reste le livre. L’Insurrection qui vient est en librairie. «Il y est ouvertement fait l’apologie des modes de sabotages propres à finaliser la chute de l’Etat, relèvent les policiers. Sont citées les lignes TGV.» Benjamin Rosoux dit aux policiers que ce livre est «une espèce de portrait de la société actuelle» et que Tiqqun publie des ouvrages de «philosophie critique». Le juge, Thierry Fragnoli, télécharge l’Insurrection sur le site des éditions La Fabrique et le verse au dossier. Aux policiers d’identifier l’auteur. «D’après ce que j’en sais c’est un ouvrage collectif, leur répond Rosoux. Aucun auteur n’a voulu le revendiquer, parce que la pensée, c’est collectif.» Devant le juge, Coupat transforme en alibi l’omniprésence des policiers en filature derrière sa voiture, la nuit des sabotages. «Ce ne serait qu’une suite de malheureux hasards ?» ironise le juge. «C’est une hypothèse qui est battue en brèche par le fait que ces actions ont été revendiquées [en Allemagne, ndlr]», répond Coupat. «Qui est l’auteur principal de l’Insurrection qui vient insiste le juge. «Je ne suis pas l’auteur de ce livre», répond le militant. Le magistrat imagine une concordance de dates entre les épisodes révolutionnaires mentionnés dans le livre avec celle de l’action sur les caténaires. «Construction intellectuelle !» rétorque Coupat. Fragnoli voit dans l’Insurrection«le support idéologique justifiant des actes de sabotage ou de violences pouvant s’assimiler à de l’intimidation».«Il me paraît inenvisageable de parler d’idées dans le cadre d’une procédure antiterroriste», tranche Coupat. «Il n’y a pas d’ »affaire de Tarnac » pas plus que d’ »affaire Coupat », ou d’ »affaire Hazan » [l’éditeur de l’Insurrection]», a-t-il dit au Monde, mardi.

http://www.liberation.fr/societe/0101570045-le-leader-de-tarnac-au-centre-de-l-enquete?xtor=EPR-450206


une parfaite allégorie de la réaction policière face aux "gauchistes" français

une parfaite allégorie de la réaction policière face aux "gauchistes" français


La droite de MAM, de Sarkozy et des RG n’est toujours pas sorti des années 1970, quand on traquait le « bitnique » dans les « communautés », repoussoir facile pour le populo. Rien ne manque, pas même la déléctation avec laquelle ces supers-bourgeois livrent à la vindicte les « fils à papa rentiers »… Raymond Marcellin disait exactement la même chose en parlant de Cohn-Bendit ou des agriculteurs du Larzac…

Et comme ils ne savent pas voir que le monde a changé, comme Alain Bauer a besoin d’une grille de lecture pour renforcer encore notre flicage, comme l’Etat a besoin de l’assentiment de la bourgeoisie pour fourbir ses matraques, en prévision de conflits sociaux liés à la crise, comme la finance à besoin de faire passer la pillule du pillage de l’argent des contribuables pour renflouer leurs jeux de bonneteau… alors on va tenter de nous inventer une diversion en ressuscitant la Fraction Armée Rouge.

Les allemands tentent la même chose de leur côté, en traquant l’insurrection sociale derrière le moindre feu de poubelles..

Deux jeunesses françaises : Les révoltés de Tarnac

[Isabelle Monnin – Le Nouvel Observateur – 11/12/2008]

« Nos libertés sont menacées. Nous vivons dans un Etat policier. » Celle qui parle n’est pas exactement une anarcho-auto- nome. Nous ne sommes pas dans un squat, mais dans la belle bibliothèque de sa maison, face au château de Rueil-Malmaison. Il n’y a pas un bruit, un peu de musique classique peut-être. Son sourire est désolé. Son monde déboussolé.

Pour Jocelyne Coupat, cette année, le 11 novembre a eu des airs de 11-Septembre. Ce matin-là, le GIGN investit en nombre le village de Tarnac, en Corrèze, où Julien, son fils, vit avec des amis. Ils sont suspectés d’avoir saboté les caténaires de trois lignes à grande vitesse le week-end précédent. La ministre de l’Intérieur convoque une conférence de presse : «Ces gens ont voulu s’attaquer à la SNCF, car c’est un symbole de l’Etat.» La France découvre qu’elle avait dans ses campagnes des terroristes d’ultragauche.

Un mois après, l’enquête compte de nombreuses zones d’ombre (voir encadré). Et Jocelyne Coupat n’a toujours pas vu son fils. Alors que trois de leurs camarades ont été libérés, Julien Coupat et Yildune Lévy restent en détention provisoire, sans permis de visite pour l’instant. «On veut en faire des Bonnie and Clyde, c est n importe quoi», s emporte Michel Lévy, le père de la jeune fille.

Coupat, Lévy, les deux familles ne se ressemblent guère. Les pères se sont rencontrés pour la première fois au palais de justice. Ils vivent dans des univers différents, pour ne pas dire opposés. Ils s’agacent parfois, «Michel et sa rhétorique», «Gérard et son pragmatisme», mais sont embarqués dans le même bateau : «Nous sommes les vraies victimes de l’antiterrorisme», résume Michel Lévy.

Lui a eu 20 ans en 1968. Il était enfant du 20e arrondissement, fils de communistes, il est devenu vincennois, de là où la philo, la socio, la psycho refaisaient chaque jour le monde. Quand «Dany» (Cohn-Bendit) fut bouté hors de France, il repassa avec lui la frontière à pied, clandestinement. Le vent de 68 s’est essoufflé; Michel et quelques amis («le réseau, mais faut pas en parler») ont continué. Philosophie, radios libres, production de spectacles, voyages en Afrique, le voilà sexagénaire flâneur, clope et café cognac, refusant la course à l’efficacité, allergique «à la dictature de la vitesse» et admiratif de Yildune, «ma fille aînée, ma favorite, je n’en ai qu’une». Elle a 25 ans. Elle est née avec l’abolition de la peine de mort, a eu 18 ans avec le 11 septembre 2001 et, comme pre mier choix électoral, un duel Le Pen-Chirac. «Le siècle a commencé dans la terreur et la confusion», dit son père. Etudiante en archéologie, «vive et passionnée», selon ses professeurs, Yildune ne se satisfait pas du monde post-11-Septembre. Sans-papiers, CPE, fichier Edvige, mal-logement, elle s’interroge, elle conteste. Elle rencontre Julien Coupat. Il est plus âgé qu’elle, 34 ans. Comme la jeune fille, il aime les livres et les débats. Comme elle, il croit que l’on peut transformer la réalité. A condition de s’en décaler.

Julien Coupat est décrit par tous comme un type brillant. Mais il refuse de mettre son brio au service du «système». Fils unique de deux médecins ayant fait carrière dans l’industrie pharmaceutique, il a bénéficié de la meilleure éducation. «Il était doué et nous avions le culte des études», raconte son père Gérard, fils d’un militaire d’Algérie. Julien fait son lycée dans le privé à Passy-Buzenval puis une prépa à «Ginette». Helléniste, latiniste, il parle six langues. Chaque samedi, une bibliothécaire anime un club de lecture à la maison. La famille voyage, «nous voulions qu’il soit ouvert au monde». Julien grandit, un peu solitaire, toujours le nez dans un bouquin. «Il était le premier partout, il pouvait faire Normale sup comme Polytechnique. Nous avons tranché la poire au milieu» : ce sera une école de commerce, l’Essec, la dernière chose que ses parents lui imposent. Il ne leur a pas encore expliqué qu’il ne supporte pas l’idée même de carrière. Il s’inscrit à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales, décortique Guy Debord, croise Toni Negri et Giorgio Agamben et se lie avec Luc Boltanski. Devenu «post-situ», il forge sa conviction : «Il m’a dit qu’il était profondément communiste», raconte son père. Pas vraiment le genre de la maison qui oscille entre Modem et UMP, mais l’amour parental ne se mesure pas au bulletin de vote. D’ailleurs Julien ne vote pas.

L’écrivain Jean Carrière, avec qui, adolescent, il faisait de longues et âpres randonnées sur le mont Aigoual, disait de Julien qu’il était «un mutant». Un mutant qui veut faire de la recherche, mais refuse de passer l’agrégation pour n’obéir qu’à son intuition. Il crée avec des amis «Tiqqun», revue «du parti imaginaire».

En 2004, il passe à l’application concrète de ses idées et imagine avec des amis le projet du Goutailloux, cette ferme du plateau de Millevaches où ils réinventent une autre façon de vivre ensemble. Chaque décision est prise collectivement. Il y a là des écolos, comme Benjamin Rosoux (également mis en examen pour les sabotages), diplômé de Sciences po et de sociologie rurale. «J’y suis allé plusieurs fois pour les former à la faune et la flore, dit son père, biologiste. Ils vivent le développement durable grandeur nature. Entre la ferme pédagogique, l’épicerie-restaurant et leurs animations culturelles, c’est tout sauf une base arrière d’endoctrinement ! Ce sont juste des gens qui ont de la suite dans les idées.»

Il y a des enfants aussi, qui, comme dans les sociétés africaines, sont sous la responsabilité de tous les adultes. «Ils considèrent que la famille nucléaire traditionnelle n’est pas un modèle en soi, raconte Gérard Coupat. Ma petite-fille a par exemple plusieurs «pères adoptifs» qui veillent sur elle comme sur leurs propres enfants.» Régulièrement, les jeunes de Tarnac organisent des veillées avec les gens du plateau.Ils rendent visite à José, 80 ans, vétéran républicain espagnol à qui ils rêvent de payer un voyage au pays, le premier depuis son exil.

On a beau chercher, reste un mystère. Qui sont vraiment ceux de Tarnac ? Refusent-ils les téléphones portables parce qu’ils se cachent ou parce qu’ils détestent l’idée d’être joignables à tout instant ? Sont-ils des insurgés, enfants paumés d’Action directe, ou des intellos tentés par l’expérience radicale d’une autre vie ? La rupture en tout cas est actée avec la société de consommation et le salariat traditionnel – même si le groupe gère une épicerie et emploie des salariés. Mais pas avec les familles. Chaque semaine ou presque, Julien fait le voyage jusqu’aux allées boisées du parc de Malmaison. Difficile de couper ce cordon si bienveillant. Ses parents, partagés entre l’incompréhension et l’admiration, acceptent ce changement total de programme : «Il aurait pu tout avoir, ?

 » il a choisi la voie la plus difficile, celle d’une vie pauvre en accord avec son idéal. C’est extrêmement respectable», plaide sa mère en réponse à ceux qui ne voient dans son fils qu’un anarcho-rentier à la petite semaine. Car aisé, Julien l’est : ses parents lui ont fait deux donations qu’il a placées dans l’immobilier. Son père a aussi acquis un ancien atelier parisien, pour un projet de journal alternatif, et verse chaque mois 950 euros à Julien, en qualité de gérant de la société immobilière familiale. «Il ne voulait pas de cet argent, mais sa mère a insisté : ça lui garantissait au moins la Sécu», dit avec tendresse celui qui se présente comme «le mécène» de son fils : «Il a une oeuvre à écrire, je trouve normal de le subventionner, approuve Michel Lévy. L’argent est à tout le monde, il l’a mis au service du collectif

Si certains des résidents de Tarnac étaient fils et filles de bonnes familles, d’autres venaient de milieux modestes. «On les présente comme une bande de bourges oisifs qui jouent les activistes, s’emporte le père de Benjamin Rosoux. C’est faux, ils travaillaient dur pour faire tourner l’épicerie dès 5 heures tous les matins !»

Julien est un sac à dos ambulant. Un jour en Corrèze, un jour à Paris, un autre chez ses parents. Et puis la Grèce, l’Italie, l’Allemagne et même les Etats- Unis, le pays du Patriot Act et de la biométrie que Julien et ses amis détestent tant.

C’est parce qu’ils estiment que leur liberté de circulation ne doit pas être entravée par un quelconque fichage que Julien et Yildune franchissent la frontière du Canada à pied, clandestins, en janvier dernier. Leurs sacs passent en voiture, avec un ami canadien.

Contrôle, ouverture des sacs : Julien a oublié une pièce d’identité au milieu de livres et de tracts. Le FBI alerte les services français quand, en mars, une grenade saute devant un centre de recrutement de l’armée à New York. La surveillance débute, jusqu’à la «nuit des caténaires» du 8 novembre.

Quand ils vivaient à Neuilly, la mère de Julien Coupat, représentante des parents d’élèves, croisait souvent Nicolas Sarkozy, alors adjoint à l’éducation. Désormais à Rueil-Malmaison toujours très investie dans les associations locales, elle connaît bien le maire. Il s’appelle Patrick Ollier. On dit que sa compagne, Michèle Alliot- Marie, passe ses nuits ici. L’histoire ne dit pas si elle aussi fait des nuits blanches.

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2301/articles/a390577-les_r%C3%A9volt%C3%A9s_de_tarnac.html


tarnac_ben_laden_luz[Guillaume Dasquié – Charlie Hebdo – 15/04/2009]

En réalité, trois ans avant son interpellation, le 11 novembre 2008, les services de sécurité français suivaient déjà Julien Coupat. Une fiche des Renseignements généraux du 28 octobre 2005, dont nous avons trouvé la trace, demande à son sujet « une mise sous surveillance immédiate» en stipulant « individu proche de la mouvance anarcho-autonome ». Julien Coupat a pris goût à la castagne lors des grandes manifestations antiglobalisation. L’administration l’a dans le colimateur.

Les services de renseignement financier de Tracfin se penchent même sur sa petite communauté d’amis, établie au village de Tarnac, son épicerie, sa ferme. Dans un rapport du 10 novembre 2005, Philippe Defins, l’un des chefs de Tracfin, les soupçonne de se livrer au « blanchiment du produit d’activités de1ictueuses ». Une première paranoïa vite dissipée. Les parents de Julien Coupat s’avèrent à l’origine des mouvements financiers dont profitent ces jeunes fermiers. Gérard et Jocelyne Coupat, deux cadres supérieurs du groupe pharmaceutique Sanofi-Synthelabo, ne rechignent pas à aider leur intello de fils unique, adepte d’une vie communautaire loin des quartiers bobos.

Le dispositif sécuritaire autour du jeune Coupat se relâche, pour peu de temps. Après l’arrivée de Michèle Alliot-Marie au ministère de l’Intérieur, au printemps 2007, on considère que l’ultragauche basculera sous peu dans le terrorisme (NdL&I : c’est surtout Alain Bauer qui est le père de cette manipulation. Faire trembler le bourgeois pour lui fourguer son attirail sécuritaire, il sait y faire le grassouillet d’AB Consultants). Une construction sécuritaire lourde de conséquences.

Les véritables ennuis de Julien Coupat débutent quelques mois plus tard. Les policiers parisiens ont une conviction: Julien Coupat et sa copine Yildune Lévy-Guéant sont impliqués dans l’explosion d’une bombe artisanale de faible intensité, contre un centre de recrutement de l’armée américaine. dans le quartier de Time Square, à New-York, le 6 mars 2008. Aucune information en provenance des États-Unis ne permet de le démontrer. Qu’importe. Moins d’un mois plu tard. cette suspicion sert de prétexte au patron de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, Frédéric Veaux, pour demander l’ouverture d’une enquête préliminaire, comme le montre son courrier du II avril 2008 au procureur (voir fac-similé).

Lettre de Fréderic Veaux sur Julien Coupat et Yldune Levy

Lettre de Fréderic Veaux sur Julien Coupat et Yldune Levy

Dans sa lettre, Frédéric Veaux établit un lien entre cette explosion et des déplacements entre le Canada et New York effectués bien plus tôt, au mois de janvier, par Julien Coupat et Yildune Lévy-Guéant. Un raisonnement tortueux. Quand l’attentat se produit le 6 mars, provoquant de légers dégâts matériels, les deux Français sont rentrés chez eux depuis plusieurs semaines. N’empêche, la section CI du parquet de Paris, en charge de l’antiterrorisme, ne remet pas en cause le bienfondé de l’hypothèse de départ. Pire, le 2 septembre 2008, le vice-procureur Alexandre Plantevin se réfère à nouveau à l’attentat de Time Square pour motiver, sur cinq pages, une prolongation des écoutes téléphoniques de l’épicerie.

Des vandales, mais pas des terroristes

Et de l’autre côté de l’Atlantique? Qu’en pensent les limiers du FBI, à New York? La semaine dernière, nous sommes entrés en contact avec leur représentant, l’agent Jim Margolan. Selon lui, « il n’existe pas à ce jour de mandat d’arrêt ou de demande officielle visant M. Coupat ou un autre Français» en relation avec l’explosion du 6 mars 2008. D’ailleurs, sur les près de 4 000 pages d’enquête, nous n’avons pas trouvé le moindre échange de données avec l’agence américaine.

Jonathan Dienst, un journaliste new-yorkais de la chaîne WNBC, a suivi les investigations du FBI sur l’affaire de Time Square. Il nous confirme que ses contacts auprès des enquêteurs « avaient dès le début invalidé la piste des deux Français aperçus au mois de janvier 2008 à la frontière américano-canadienne ».

Et au Canada précisément, Kareen Dione, porte-parole des services frontaliers, nous précise qu’une « enquête avait été confiée à la Gendarmerie royale du Canada» sur Julien Coupat, soupçonné d’avoir voyagé entre les deux pays sans disposer des bons visas. Le 13 octobre 2008, les policiers français de l’antiterrorisme remplissent un procès-verbal de deux pages intitulé « Réception de renseignements émanant de la Gendarmerie royale du Canada ». Pour toute pièce maîtresse, leurs homologues de Toronto transmettent un carnet supposé appartenir à Julien Coupat sur lequel ont été notés « des éléments relatant au jour le jour des réunions d’activistes d’extrême gauche s’étant tenues vraisemblablement à New York ».

Aucun commencement de preuve quant à un lien éventuel avec l’attentat du 6 mars. Mais, en ce mois d’octobre 2008, la section antiterroriste du parquet de Paris ne se décourage pas. La piste ferroviaire tombe à pic. À défaut de dynamiteur de Time Square, Julien Coupat passera pour un dérailleur de trains.

Dans la nuit du 7 au 8 novembre, une rame transportant des déchets nucléaires retraités, baptisée Castor, circule de l’usine de retraitement de la Hague, en France, à la ville de Gorleben, en Allemagne. Les détails de l’itinéraire ont été mis en ligne un peu plus tôt sur le site Internet de l’association Sortir du nucléaire. La même nuit, le véhicule de Julien Coupat est identifié par des policiers à proximité d’un point du tracé; une voie TGV qui sera détériorée par l’installation de crochets métalliques.

Le 10 novembre, le bureau d’Interpol de Wiesbaden, en Allemagne, signale qu’un communiqué posté à Hanovre a revendiqué une série d’actions contre ces voies ferrées, perpétrés à l’aide de crochets métalliques, des deux côtés du Rhin, pour perturber le convoi de déchets nucléaires.

Or, selon un rapport des services de sécurité intérieurs de Berlin, le BKA, daté clu 2 décembre 1996, les antinucléaires allemands utilisent depuis au moins 1995 ces mêmes crochets métalliques, qui cassent les caténaires des locomotives, pour provoquer des coupures de courant le long des voies sur lesquelles doivent circuler des déchets nucléaires. Ils ont pu influencer le groupe de Tarnac.

Comme le révèle un procès-verbal, les policiers français ont établi un lien entre une militante antinucléaire allemande, Sandra Gobe!, et Julien Coupat.

Pour autant, selon les experts de la SNCF que nous avons interrogés, ces crochets « interrompent le trafic en occasionnant des dégâts matériels, mais ne peuvent pas provoquer de déraillement ». Du vandalisme, mais pas du terrorisme.

Le 11 novembre 2008, dix membres de la communauté de Tarnac ont été pourtant interpellés et placés en garde à vue pour… « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’acte de terrorisme» .

Aujourd’hui, l’incompréhension prévaut. En témoigne ce procès-verbal du 16 février 2009, consignant un énième interrogatoire de Manon Glibert, 26 ans, prof de musique, résidente à ces heures de la ferme de Tarnac, mise en examen elle aussi. Le juge Edmond Brunaud la questionne longuement sur ses lectures, sur les auteurs contestataires qu’elle a lus ces dernières années. En guise de conclusion, le magistrat demande: « Comprenez- vous aujourd’hui ce qu’il vous est reproché. » Et, laconique, Manon de répondre: « Non, je ne comprends toujours pas ce qui m’est reproché. »


L’Affaire de Tarnac et le battage médiatique qui l’a accompagné – en partie orchestré par les experts en comm’ du gouvernement et leurs fidèles caisses de résonance dans la presse – n’était qu’une opération d’intoxication visant à faire croire au populo que le gouvernement assure sa sécurité en temps de crise — mais aussi montrer aux éventuels dissidents qu’on avait les moyens de leur taper sur la gueule.

Au moment où des milliers de mécontents sont au chomage technique (ou bien licenciés économiques) et que même des aristos comme Villepin commencent à sentir le fumet révolutionnaire dans l’air, c’est toujours bon de faire des moulinets avec sa matraque, au cas où…

En ce sens, Tarnac est l’équivalent de la rafle de Besson à Calais, le jour où Sarko présente son plan de sécurité… un truc qui n’a aucune efficacité opérationnelle (l’arrestation de Tarnac n’a en rien fait reculer le terrorisme, la rafle de Calais n’a en rien résolu le problème des migrants), mais cela permet de brasser de l’air, faire croire qu’on agit, et ainsi gagner quelques points dans le petit jeu du « je fais semblant de gérer la crise »…

Pendant ce temps là, un jeune innocent, croupit en prison, depuis plus de 6 mois… Un de plus, me direz vous !

[Charlie Enchainé – 16/04/2009]

Surprise dans Charlie Hebdo du 15 avril 2009. Jusqu’à présent, l’hebdomadaire nous avait habitué au dessin, à la satire, au reportage, à la chronique ou encore la critique sociale ; voilà qu’il se lance dans l’investigation. Bandeau d’appel à la une — « Exclusif ! Ultragauche : comment MAM a bidonné le scoop de Tarnac » —, article en pages 2 et 3, fac-similé : un traitement digne d’une révélation du Canard enchaîné — l’ironie du « volatile » en moins. Pour l’occasion, Charlie s’est offert les services d’un spécialiste de l’investigation : le journaliste Guillaume Dasquié.

Julien Coupat, interpellé le 11 novembre 2008, était en fait suivi par les services de sécurité français depuis le 28 octobre 2005 suite à des heurts « lors des grandes manifestations antiglobalisation », comme l’atteste une fiche des Renseignements généraux consultée par le journal. En novembre 2005, Coupat est même soupçonné de blanchiment d’argent ; en réalité, ce sont ses parents qui l’aident financièrement…

La fausse piste new-yorkaise

La pression sur Julien Coupat retombe jusqu’au début de l’année 2008. Les policiers parisiens sont alors convaincus que « Julien Coupat et sa copine Yldune Lévy-Guéant sont impliqués dans l’explosion d’une bombe artisanale de faible intensité contre un centre de recrutement de l’armée américaine dans le quartier de Times Square, à New York, le 6 mars 2008 ». C’est le début des ennuis pour le couple.

À l’appui de nos fins limiers, les deux tourtereaux effectuent « des déplacements entre le Canada et les États-Unis (…) au mois de janvier » 2008. Pourtant, « les deux Français sont rentrés chez eux depuis plusieurs semaines » au moment de l’explosion. Mais les enquêteurs n’en démordent pas et, le 2 septembre 2008, la justice « se réfère à nouveau à l’attentat de Times Square pour motiver (…) une prolongation des écoutes téléphoniques de l’épicerie » de Julien Coupat.

« Il est recherché par le FBI ! »

Dessin de Luz (Charlie Hebdo, 15/04/09)

Julien Coupat et Yldune Lévy-Guéant sont-ils impliqués dans l’affaire de Times Square ? Pour en avoir le cœur net, Guillaume Dasquié a contacté le FBI. « Il n’existe pas à ce jour de mandat d’arrêt ou de demande officielle visant M. Coupat ou un autre Français », affirme l’agence américaine. Mieux : dans les 4000 pages du dossier pénal épluché par Charlie Hebdo, « nous n’avons pas trouvé le moindre trace d’échange de données » entre les services français et américain, écrit le journaliste.

C’est donc sur « la piste ferroviaire » que la section antiterroriste du parquet de Paris va jeter son dévolu. La nuit du 7 au 8 novembre 2008, « le véhicule de Julien Coupat est identifié par des policiers à un point de proximité du tracé » d’un convoi de déchets nucléaires retraités circulant entre la France et l’Allemagne. La « voie de TGV sera détériorée par l’installation de crochets métalliques ». Les charges sont dès lors suffisantes pour embastiller Julien Coupat.

Technique allemande

Problème, « les antinucléaires allemands utilisent depuis au moins 1995 » cette technique de sabotage. Toutefois, selon le procès-verbal, « les policiers français ont établi un lien entre une militante antinucléaire allemande (…) et julien Coupat ». Ce qui laisse supposer que les activistes allemands auraient pu « influencer le groupe de Tarnac ». Mais d’après des experts de la SNCF, consultés par Charlie Hebdo, la pose de crochets métalliques interrompent le trafic sans pour autant faire dérailler les trains. Conclusion de Guillaume Dasquié : il s’agirait, en tout état de cause, « de vandalisme, mais pas de terrorisme ».

Or, les dix membres de la communauté de Tarnac, dont Julien Coupat, toujours détenu à ce jour, ont justement été arrêtés pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’acte de terrorisme ». L’enquête publiée dans Charlie Hebdo alimente la pile de contre-enquêtes qui montrent que cette accusation paraît loin d’être fondée. Mais, comme l’explique Michèle Alliot-Marie, « ce ne sont pas les journaux qui rendent la justice dans notre pays ».

P.-S.

Quelques mots sur Guillaume Dasquié. Le journaliste Guillaume Dasquié a lui-même connu les joies de l’antiterrorisme. Pour avoir publié dans Le Monde en avril 2007 des extraits d’un rapport classé confidentiel-défense, il fut prestement interrogé par la DST en décembre de la même année, comme nous le mentionnions dans « L’affaire Guillaume Dasquié ». Retrouver Guillaume Dasquié dans Charlie Hebdo plus d’un an après cet épisode constitue, comme nous l’écrivions au début de l’article, une certaine surprise. On ne sait pas, en revanche, si cette collaboration entre le journaliste d’investigation et l’hebdomadaire satirique est amenée à durer.

http://charlieenchaine.free.fr/?Charlie-Hebdo-decortique-l-arnaque


Paru dans l’excellente et intelligente revue « Multitudes », (http://multitudes.samizdat.net/) ce long texte de Jean-Claude Paye est une lecture fondamentale pour comprendre ce qui se passe. Cela rappelle les propos tenus par Karl Rove au journaliste Ron Suskind, en octobre 2004, après le blitz médiatique pour nous faire accepter la guerre en Irak et la réelection de GW Bush  :

<<Vous les journalistes faites partie ce que nous appelons la communauté des gens ancrés dans la réalité (reality-based community)… vous pensez que les solutions émergent de votre analyse judicieuse de la réalité discernable.

Mais vous oubliez que nous sommes désormais un empire, et que quand nous agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous êtes encore entrain de tenter d’analyser cette nouvelle réalité que nous avons crée, nous sommes déjà passés à une autre réalité, que nous avons également crée… et ainsi de suite. La réalité n’a plus de sens pour nous, c’est nous qui la fabriquons. L’opinion ne voit que ce que nous lui laissons voir.>>

[Jean-Claude Paye – Multitudes/Eurozine – Avril 2009]

La mise en scène de l’arrestation et de l’inculpation des  » autonomes de Tarnac  » est un phénomène qui révèle non seulement un bouleversement de l’ordre juridique, mais aussi une mutation plus profonde, celle de l’ordre symbolique de la société. Le renversement du rôle de la loi est lui-même le phénomène d’une  » père-version  » de la Loi symbolique.

Les procédures mises en place représentent un des aspects les plus significatifs de la tendance imprimée par la  » lutte contre le terrorisme « , à savoir qu’un individu est désigné comme terroriste, non pas parce qu’il a commis des actes déterminés, mais simplement parce qu’il est nommé comme tel. Cela est le point d’aboutissement d’une tendance qui se déploie depuis une dizaine d’années.

Le processus de subjectivation du droit aboutit ainsi à un renversement du rôle de la loi. Cette dernière n’est plus un cran d’arrêt à l’arbitraire, mais une forme vide consacrant la concentration des pouvoirs aux mains de l’exécutif. En l’absence d’un imaginaire organisateur, d’une conscience politique unifiée, le pouvoir a la possibilité de créer un nouveau réel, une virtualité qui ne supprime pas, mais qui supplante les faits.

La faiblesse du mouvement social, la faillite de la fonction symbolique explique l’absence de frein à la toute-puissance de l’État qui se montre en tant qu’image englobante, en tant que figure maternelle. À un ordre social névrotique qui se révèle contradictoire, se substitue une structure psychotique, un ordre qui supprime tout conflit, toute possibilité de confrontation subjective.

La distinction entre intérieur et extérieur disparaît. La fusion entre droit de la guerre et droit pénal est pleinement inscrite dans une loi américaine de 2006, qui permet au pouvoir exécutif américain de désigner comme ennemis ses propres citoyens.

L’affaire des  » autonomes  » de Tarnac s’inscrit dans cette modernité de la guerre des gouvernements contre leurs propres populations. À part quelques rituels dans l’expression verbale du pouvoir, cela n’a pas grand-chose à voir avec la vieille notion d’ennemi intérieur et la stigmatisation traditionnelle des opposants politiques. Ici, on ne s’attaque pas à une idéologie déterminée, à une forme de conscience, mais simplement au corps, à des comportements, au refus de s’abandonner à la machine de mort. Il ne s’agit donc pas de démanteler une avant-garde, mais de montrer que le refus de faire de l’argent, d’éviter les dispositifs de contrôle ou la volonté de refaire du lien social constituent une forme d’infraction, la plus grave qui existe dans notre société, un acte terroriste. Cela concerne tout un chacun et non seulement une minorité. (suite…)


Près de mille pièces ont déjà été cotées, mais aucune preuve matérielle ni aveux, malgré une surveillance très ancienne du groupe…. parce que le but de l’opération Tarnac n’était pas d’intercepter un groupe terroriste mais de faire un coup médiatique et de réveiller un épouvantail bien pratique à un moment où la contestation sociale s’amplifie.

L’état sécuritaire a toujours besoin d’une menace pour effrayer le bourgeois, faire rentrer dans le rang le populo et criminaliser la contestation.

Ce que contient le dossier d’instruction de l’affaire Tarnac

[ Isabelle Mandraud –  LE MONDE | 25.03.09 ]
L’ensemble atteint déjà la hauteur de sept à huit Bottin. Le dossier de l’affaire Tarnac, que Le Monde a pu consulter, près de mille pièces et procès-verbaux numérotés, peut être scindé en deux. D’un côté, sept mois de filatures, d’écoutes, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte le 16 avril 2008; de l’autre, quatre mois d’instruction, toujours en cours depuis la mise en examen, le 15 novembre 2008, de neuf personnes accusées de terrorisme et pour certaines, de sabotage contre des lignes SNCF en octobre et en novembre 2008.

Bertrand Deveaux, 22 ans, Elsa Hauck, 24 ans, Aria Thomas, 27 ans, Mathieu Burnel, 27 ans, puis Gabrielle Hallez, 30 ans, Manon Glibert, 25 ans, Benjamin Rosoux, 30 ans, et Yildune Lévy, 25 ans, ont tous, depuis, recouvré la liberté sous contrôle judiciaire. Seul, Julien Coupat, 34 ans, considéré comme le chef, reste incarcéré.

Le dossier a beau être dense, il ne contient ni preuves matérielles ni aveux, et un seul témoignage à charge, sous X, recueilli le 14 novembre. Les rares confidences lâchées lors des gardes à vue ont été corrigées depuis. « Ils [les policiers] ont tout fait pour me faire dire que Julien Coupat était un être abject, manipulateur« , affirme le 22janvier Aria Thomas à Yves Jannier, l’un des trois juges instructeurs du pôle antiterroriste. « Pour que les choses soient claires, poursuit-elle, je n’ai jamais pensé, ni cru ou eu le sentiment que Benjamin Rosoux ou Julien Coupat soient prêts à commettre des actes de violence. » Suit cet échange, le 13février, entre le juge Thierry Fragnoli et Julien Coupat, dépeint par le témoin sous X comme un «gourou quasi sectaire», enclin à la violence politique.

« UNE ESPÈCE DE CHARLES MANSON DE LA POLITIQUE »

– Le juge: « Pensez-vous que le combat politique puisse parfois avoir une valeur supérieure à la vie humaine et justifier l’atteinte de celle-ci?
– Julien Coupat: « Ça fait partie (…) du caractère délirant de la déposition du témoin 42 [sous X] tendant à me faire passer pour une espèce de Charles Manson de la politique (…) Je pense que c’est une erreur métaphysique de croire qu’une justification puisse avoir le même poids qu’une vie d’homme. »
Il arrive parfois que le juge tâte le terrain à ses dépens. – « J’imagine que votre ami Coupat et vous-même, de par vos formations et vos goûts, vous vous intéressez à l’histoire (…) des grands mouvements révolutionnaires. Est-ce le cas? », demande-t-il le 8 janvier à Yildune Lévy, la compagne de Julien Coupat.
– « Pour ce qui me concerne, je m’intéresse plus à la préhistoire« , rétorque l’étudiante en archéologie. (NdL&I : Bravo Yldune, ça c’est envoyé !)

Séparément, le couple Lévy-Coupat livre une même version pour justifier, au terme de multiples détours, leur présence, dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008, à proximité d’une des lignes SNCF endommagées. Elle: « On a fait l’amour dans la voiture comme plein de jeunes. » Lui: « On s’est enfoncés dans la campagne pour voir si nous étions suivis et nous n’avons eu aucun répit, puisque, où que nous allions, 30 secondes après s’être arrêtés, même dans les endroits les plus reculés, il y avait des voitures qui surgissaient. » (suite…)


Sachez-le, si cela vous arrive, ils embarquent tout le matériel informatique, vos brosses à dents pour les traces ADN, vos draps pour savoir avec qui vous dormez.

[par Gabrielle Hallez – LE MONDE | 20.01.09 ]
J’ai été mise en examen et mise sous contrôle judiciaire suite aux arrestations du 11 novembre 2008. Sur les neuf personnes inculpées, Julien [Coupat] reste encore incarcéré. L’appel pour sa libération aura lieu dans les jours à venir. A nouveau l’attente. Le lent dégonflement de l’affaire continue, et une nouvelle étape a été franchie, vendredi 16 janvier, avec la sortie d’Yildune [Lévy]. Il en faudra d’autres.

Cette triste affaire aura au moins rappelé l’obsession du pouvoir : écraser tout ce qui s’organise et vit hors de ses normes.

Je ne voudrais pas qu’on puisse prendre cette histoire comme un événement isolé. Ce qui nous est arrivé est arrivé à d’autres, et peut arriver encore.

6h40 : braquée dans mon lit. Cagoulés, des hommes de la sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT) cherchent désespérément des armes en hurlant. Menottée sur une chaise, j’attends la fin des perquisitions, ballet absurde, pendant des heures, d’objets ordinaires mis sous scellés. Sachez-le, si cela vous arrive, ils embarquent tout le matériel informatique, vos brosses à dents pour les traces ADN, vos draps pour savoir avec qui vous dormez.

Après plus de huit heures de perquisition, ils me chargent dans une voiture. Direction : Paris-Levallois-Perret. Les journalistes cernent le village. Personne ne pourra manquer d’admirer le spectacle de la police en action, et les moyens imposants du ministère de l’intérieur quand il s’agit de sécuriser le territoire. Quand cinq flics arrêtent un type, ça peut sembler arbitraire, quand ils sont 150 et avec des cagoules, ça a l’air sérieux, c’est l’état d’urgence. La présence des journalistes fait partie de la même logique. Ce qui s’est passé là, comme les arrestations à Villiers-le-Bel, ce n’est pas un dérapage, c’est une méthode.

Levallois-Perret, locaux de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et de la SDAT. Des préfabriqués sur trois étages, superposition de cellules spéciales, caméras panoptiques braquées en permanence sur toi. Quatre-vingt-seize heures de garde à vue. Mais le temps n’est vite plus un repère. Ni heure ni lumière du jour. Je ne sais pas combien de personnes ont été arrêtées. Je sais seulement, après notre arrivée, les motifs de mon arrestation.

Les interrogatoires s’enchaînent. Une fois huit heures sans pause, va-et-vient de nouveaux officiers qui se relaient. Mauvaises blagues, pressions, menaces : « Ta mère est la dixième personne mise en garde à vue dans le cadre de l’opération Taïga, on va la mettre en détention », « Tu ne reverras plus ta fille ». Leur bassesse n’est pas une surprise. Ils me questionnaient sur tout : « Comment vivez-vous? », « Comment êtes-vous organisés pour manger? », « Est-ce que tu écris? », « Qu’est-ce que tu lis? » Ils voulaient des aveux pour donner corps à leur fantasme de cellule terroriste imaginaire.

Un des officiers de la police judiciaire (PJ) m’a annoncé, lors de la perquisition : « Nous sommes ennemis. » Ennemis peut-être, mais nous ne sommes pas leur reflet. Il n’y a jamais eu de cellule invisible, et nous n’avons que faire de « chefs » et de « bras droits ». La police croit toujours que ce qu’elle traque est organisé à son image, comme en d’autres temps, où elle brandissait le spectre du syndicat du crime.

Un gendarme me lit un communiqué allemand, diffusé le 10 novembre en Allemagne, qui revendique les sabotages dans le cadre d’une action antinucléaire. Sabotages dont ils veulent nous accuser. Le communiqué apparaîtra dans le rapport de la SDAT transmis à la presse dès la première semaine, puis sera quasiment oublié.

Au bout de trois jours, un avocat peut venir assister le prévenu retenu sous le coup d’une procédure antiterroriste. Trois jours pendant lesquels tu n’es au courant de rien d’autre que de ce que la police veut bien te dire, c’est-à-dire rien ou des mensonges. Alors oui, ce fut vraiment un soulagement quand on m’a annoncé que je pouvais voir mon avocate. Enfin des nouvelles de ma fille et de l’ampleur médiatique de l’affaire. Nouvelles aussi du village et du comité de soutien créé dans les premiers jours qui ont suivi l’arrestation.

Puis ce fut le dépôt (lieu de détention avant de comparaître devant le juge). Là s’entassent des centaines d’hommes et de femmes dans la crasse et l’attente. Une pensée pour Kafka dans le dédale de la souricière, infinité de couloirs gris et humides dont les portes s’ouvrent sur les rutilantes salles d’audience. Je suis amenée jusqu’aux galeries toutes neuves de la section antiterroriste pour comparaître devant le juge d’instruction. Puis la prison.

Fleury-Mérogis – la plus grande d’Europe. Tous les charognards gardent cette prison, pigeons, corneilles, mouettes et de nombreux rats. Nous y sommes arrivées, Manon (Gilbert), Yildune et moi en tant que détenues particulièrement surveillées (DPS), ce qui implique des mesures de surveillance plus soutenues, comme, d’être chaque nuit réveillées toutes les deux heures, lumières allumées et sommées de faire signe. Fouilles intensives et répétées. Ce statut, seules les prisonnières politiques basques l’ont à Fleury, et Isa l’avait eu aussi, en détention depuis bientôt un an sous le coup d’une procédure antiterroriste [cette personne est soupçonnée d’avoir posé un explosif sous une dépanneuse de la Préfecture de police de Paris, en mai 2007]. Les fouilles au corps, le mitard, les petites humiliations, le froid et la nourriture dégueulasse : le quotidien de la prison est fait pour écraser.

Par un concours de circonstances favorables, Manon et moi sommes sorties assez rapidement. Circonstances favorables, c’est-à-dire : nous sommes blanches, issues de la classe moyenne, ayant eu l’opportunité de faire des études; grâce aussi à la multiplication des comités de soutien. Et puis, il y avait l’actualité, marquée par des événements révélateurs du climat politique actuel qui ne sont pas passés inaperçus (par exemple cette descente policière musclée dans un collège).

Je dis « rapidement », par rapport aux détentions préventives qui durent, pour la plupart, des mois et des années. Qui durent, notamment, pour ceux pour qui ne jouent jamais ces « circonstances favorables ». La plupart immigrés, voués au mépris de la police et des magistrats.

Mais ce qui est encore séparé au-dehors arrive à se reconnaître entre les murs de la prison. Des solidarités se nouent dans l’évidence d’une hostilité commune. La radicalisation de la situation amène de plus en plus de gens à subir la répression et la détention. Des rafles dans les banlieues aux peines de plus en plus nombreuses pour des grévistes ou des manifestants lors de mouvements sociaux.

Finalement, la prison est peut-être en passe de devenir un des rares lieux où s’opère la jonction tant redoutée par M. Sarkozy : « S’il y avait une connexion entre les étudiants et les banlieues, tout serait possible. Y compris une explosion généralisée et une fin de quinquennat épouvantable », avait-il dit en 2006.

Gabrielle Hallez, mise en examen dans l’affaire de Tarnac

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/01/20/tarnac-l-une-des-supposes-terroristes-temoigne_1143981_3232.html


Cela fait près de deux mois que Julien Coupat et Yldune Lévy sont en prison… et le juge d’instruction n’aurait toujours pas trouvé le temps de les interroger ? On se fout de nous là ?

Sabotages SNCF: Yldune Levy reste en prison

[AFP 07/01/2008]

La cour d’appel de Paris a refusé mardi la remise en liberté d’Yldune Lévy, compagne de Julien Coupat, mise en examen dans l’enquête sur les dégradations contre des lignes ferroviaires à grande vitesse, a annoncé son avocat, Me Steeve Montagne.  La chambre de l’instruction de la cour d’appel a suivi les réquisitions du parquet général qui demandait qu’une décision d’un juge des libertés et de la détention (JLD) s’opposant à la remise en liberté de la jeune femme soit confirmée.

Le JLD avait justifié sa décision par le fait qu’Yldune Levy n’avait pas encore été interrogée par le juge d’instruction chargé de l’enquête, Thierry Fragnoli. Sa première audition par le magistrat depuis sa mise en examen est prévue jeudi après-midi, selon Me Montagne.

Mise en examen le 15 novembre pour destructions en réunion et association de malfaiteurs à visée terroriste, Yldune Lévy est la dernière des neuf personnes dite du « groupe de Tarnac » à être incarcérée avec Julien Coupat, présenté comme le chef de cette « cellule invisible » anarcho-autonome.»…

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hljURkNAxzWjz2wTjc3s1iUAePTw


Mais que fait Alliot-Marie ? Ces gens là sont armés ! Ils braquent des boucheries ! Ils volent des poules ! Et qu’en en pense le Conseil Français du Culte Musulman ?

En tout cas, le rap de l’Aveyron, ça déchire… « le 12 est hardcore » !!!!

[Comité de Soutien aux Neuf de Tarnac – 27/11/2008]

Front de libération de l'Aligot

http://www.dailymotion.com/video/k4Fh3KB9fvF5f2R8u4

Un super clip! Comment soutenir ?

Après l’onde de choc médiatique, il est de première importance de ne pas laisser l’affaire s’enterrer. Nous devons maintenir la pression durant le déroulement de l’enquête. Pour cela, chacun peut monter localement un comité de soutien : organiser des événements, saisir toute oportunité pour expliquer et informer sur la situation, collecter des fonds…

Un mouvement international de solidarité est nécessaire pour obtenir au plus vite la libération des incarcérés.

Pour écrire aux détenu-e-s vous pouvez envoyer des lettres à l’adresse :

Gabrielle, Manon, Binjamin, Yldun ou Julien
comité de soutien aux inculpés de Tarnac
19170 le bourg
Tarnac – FRANCE

Dans le même temps il est nécessaire de fournir aux détenus le minimum vital pour survivre en prison : habits, cigarettes, produits d’hygiène, etc…

De l’argent est également nécessaire pour payer les avocats, pour permettre aux proches de visiter les détenus, incarcérés jusqu’à nouvel ordre en région parisienne.

Les besoins financiers sont réels et pressants. Les dons serviront également à financer certaines actions des comités de soutiens.

Vous pouvez envoyer des chèques libellés à l’ordre du “Comité de soutien aux inculpés de Tarnac” à l’adresse suivante : Comité de soutien aux inculpés de Tarnac – 19170 Tarnac
Merci de votre soutien.
Signé : Comité de soutien

Site internet d’un habitant de Tarnac : http://gille19.club.fr/index.php?lng=fr
Adresse eMail du tout premier Comité de soutien aux inculpés de Tarnac : 11novembre-soutien@gmx.com
Site internet de ce comité : http://www.soutien11novembre.org
Il est important d’écrire et d’envoyer de l’argent au comité de soutien ainsi qu’aux prisonniers.
Il est importants que des comités de soutien soient montés dans chaque ville.

Preuve que les inculpés sont innocents :
http://mai68.org/ag/1482.htm


Arrestation et perquisition chez des membres Belges du Comité de soutien aux inculpés du 11 novembre
[Comité de soutien bruxellois aux inculpés du 11 novembre – 30/11/2008]]

– 25 novembre, 20H : création à Bruxelles d’un Comité de soutien aux inculpés du 11 novembre arrêtés dans le cadre de l’enquête sur les sabotages des TGV en France. Les neuf inculpés sont poursuivis pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et cinq d’entre eux sont maintenus en détention provisoire après une garde à vue de 96 heures et une opération très médiatisées dans le petit village de Tarnac.

– 27 novembre, 10H45 : lors d’un contrôle routier sous caméras de repérage, un membre du Comité fraîchement créé est interpellé à Bruxelles parce que la voiture qu’il conduit est signalée dans le fichier Schengen. Alors que lui-même ne fait l’objet d’aucun signalement de recherche, il est immédiatement arrêté et menotté lorsque les policiers découvrent des documents relatifs au Comité. La voiture, un rétroprojecteur et tous les documents trouvés dans le véhicule sont saisis. L’automobiliste est emmené au commissariat de la rue Marché au Charbon et maintenu menotté à un banc et sans pouvoir manger de 11 H du matin à 20H. Il est interrogé par des inspecteurs du Parquet fédéral qui l’interrogent au sujet du Comité et cherchent à savoir qui est le responsable du Comité de soutien. A 20H il est emmené avec trois voitures de police place du Jeu de Balle.

– 27 novembre, 20H :
sept inspecteurs du Parquet fédéral font irruption au domicile de Philippe Simon, au-dessus de la librairie « Imaginaire », place du Jeu de Balle à Bruxelles. Pendant deux heures, en l’absence de Philippe Simon, munis d’un mandat de perquisition sur lequel était mentionnées apparemment les infractions « association de malfaiteurs » et « détérioration en réunion », les policiers fouillent minutieusement l’appartement et copient tous les fichiers de son ordinateur pour finalement emporter celui-ci. Des revues politiques et des cd ont également été saisis.

– 28 novembre, 1H : le membre du comité est relâché mais la voiture, la liste d’adresse électronique et tout le matériel du Comité sont saisis.

Cette arrestation, cette perquisition et ces saisies laissent présumer qu’une procédure pour faits de terrorisme a été ouverte en Belgique en relation avec les événements français. S’organiser en vue de soutenir des personnes incriminées pour terrorisme est désormais criminalisé. Détenir des documents relatifs à un Comité de soutien est directement prétexte à arrestation, perquisition. La saisie des documents du Comité et d’un fichier d’adresses est inacceptable. Les adresses des personnes reprises dans le fichier saisi apparaissent dorénavant dans une enquête pour faits de terrorisme ! Dorénavant ils peuvent craindre d’être poursuivis eux-mêmes. Philippe Simon et le membre du Comité de soutien arrêté se voient également, tous deux, associés avec l’enquête menée en France. Ceci est excessivement grave.

Il y a clairement amalgame entre lutte politique et terrorisme. Le Comité de soutien bruxellois aux inculpés du 11 novembre s’est constitué non seulement pour obtenir la remise en liberté des personnes arrêtées en France mais également pour dénoncer les législations anti-terroristes qui prolifèrent partout en Europe. L’utilisation du terme « terrorisme » pour qualifier les idées portées par certaines personnes constitue une épée de Damoclès qui plane au-dessus de toutes les formes d’actions politiques et sociales. Cet incident en est une nouvelle preuve.

Selon nous, les opérations de police de ce 27 novembre sont clairement une tentative d’intimidation à l’encontre du Comité de soutien bruxellois. Nous dénonçons catégoriquement ces pratiques. Nous exigeons la restitution immédiate des objets et documents saisis. Nous protestons à nouveau contre l’existence et l’utilisation de ces législations anti-terrorisme ainsi que la libération des inculpés français.

soutien11novembre at bruxxel.org


Lorsque la cacophonie s’accorde pour traîner dans la boue une poignée de jeunes emmurés, il est très difficile de trouver le ton juste qui fasse cesser le vacarme; laisser place à plus de vérité.
Certains médias se sont empressés d’accréditer la thèse affirmée par la ministre de l’intérieur dans sa conférence de presse, alors que les perquisitions étaient en cours : Les personnes arrêtées étaient d’emblée condamnées.

Personne n’aura pu rater l’épisode de « police-réalité » que nous avons tous subi la semaine passée. L’angoisse, la peur, les pleurs nous ont submergé et continuent à le faire. Mais ce qui nous a le plus blessés, le plus anéanti, ce sont les marées de mensonges déversées. Aujourd’hui ce sont nos enfants, demain ce pourrait être les vôtres.

Abasourdis, nous le sommes encore, paralysés nous ne le sommes plus. Les quelques évidences qui suivent tentent de rétablir la vérité et de faire taire la vindicte.

Les interpellés ont à l’évidence bénéficié d’un traitement spécial, enfermés pendant 96 heures, cela devait faire d’eux des personnes hors normes. La police les suspecte d’être trop organisés, de vouloir localement subvenir à leurs besoins élémentaires, d’avoir dans un village repris une épicerie qui fermait, d’avoir cultivé des terres abandonnées, d’avoir organisé le ravitaillement en nourriture des personnes agées des alentours.

Nos enfants ont été qualifiés de radicaux. Radical, dans le dictionnaire, signifie prendre le problème à la racine. A Tarnac, ils plantaient des carottes sans chef ni leader. Ils pensent que la vie, l’intelligence et les
décisions sont plus joyeuses lorsqu’elles sont collectives.

Nous sommes bien obligés de dire à Michelle Alliot Marie que si la simple lecture du livre « L’insurrection qui vient » du Comité Invisible fait d’une personne un terroriste, à force d’en parler elle risque de bientôt avoir à en dénombrer des milliers sur son territoire. Ce livre, pour qui prend le temps de le lire, n’est pas un « bréviaire terroriste », mais un essai politique qui tente d’ouvrir de nouvelles perspectives.

Aujourd’hui, des financiers responsables de la plus grosse crise économique mondiale de ces 80 dernières années gardent leur liberté de mouvement, ne manquant pas de plonger dans la misère des millions de personnes, alors que nos enfants, eux, uniquement soupçonnés d’avoir débranchés quelques trains, sont enfermés et encourent jusqu’ à 20 ans de prison.

L’opération policière la plus impressionante n’aura pas été de braquer cagoulé un nourrisson de neuf mois en plein sommeil mais plutôt de parvenir à faire croire que la volonté de changer un monde si parfait ne pouvait émaner que de la tête de détraqués mentaux, assassins en puissance. Lorsque les portes claquent, nous avons peur que ce soient les cagoules qui surgissent. Lorsque les portent s’ouvrent, nous rêvons de voir nos enfants revenir.

Que devient la présomption d’innocence ?
Nous demandons qu’ils soient libérés durant le temps de l’enquête et que soient evidemment abandonnée toute qualification de terrorisme.

PS: Nous tenons à saluer et à remercier les habitants de Tarnac qui préfèrent croire ce qu’ils vivent que ce qu’ils voient à la télé.


Une sorte de pétition, initiée par Eric Hazan , circule ; la voici :

Une opération récente, largement médiatisée, a permis d’arrêter et d’inculper neuf personnes, en mettant en œuvre la législation antiterroriste. Cette opération a déjà changé de nature : une fois établie l’inconsistance de l’accusation de sabotage des caténaires, l’affaire a pris un tour clairement politique. Pour le procureur de la République, « le but de leur entreprise est bien d’atteindre les institutions de l’État, et de parvenir par la violence – je dis bien par la violence et non pas par la contestation qui est permise – à troubler l’ordre politique, économique et social ».

La cible de cette opération est bien plus large que le groupe des personnes inculpées, contre lesquelles il n’existe aucune preuve matérielle, ni même rien de précis qui puisse leur être reproché. L’inculpation pour « association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste » est plus que vague : qu’est-ce au juste qu’une association, et comment faut-il entendre ce « en vue de » sinon comme une criminalisation de l’intention ? Quant au qualificatif de terroriste, la définition en vigueur est si large qu’il peut s’appliquer à pratiquement n’importe quoi – et que posséder tel ou tel texte, aller à telle ou telle manifestation suffit à tomber sous le coup de cette législation d’exception.

Les personnes inculpées n’ont pas été choisies au hasard, mais parce qu’elles mènent une existence politique. Ils et elles ont participé à des manifestations – dernièrement, celle de Vichy, où s’est tenu le peu honorable sommet européen sur l’immigration. Ils réfléchissent, ils lisent des livres, ils vivent ensemble dans un village lointain. On  a parlé de clandestinité : ils ont ouvert une épicerie, tout le monde les connaît dans la région, où un comité de soutien s’est organisé dès leur arrestation. Ce qu’ils cherchaient, ce n’est ni l’anonymat, ni le refuge, mais bien le contraire : une autre relation que celle, anonyme, de la métropole. Finalement, l’absence de preuve elle-même devient une preuve : le refus des inculpés de ses dénoncer les uns les autres durant la garde à vue est présenté comme un nouvel indice de leur fond terroriste.

En réalité, pour nous tous cette affaire est un test. Jusqu’à quel point allons-nous accepter que l’antiterrorisme permette n’importe quand d’inculper n’importe qui ? Où se situe la limite de la liberté d’expression ? Les lois d’exception adoptées sous prétexte de terrorisme et de sécurité sont elles compatibles à long terme avec la démocratie ? Sommes-nous prêts à voir la police et la justice négocier le virage vers  un ordre nouveau ? La réponse à ces questions, c’est à nous de la donner, et d’abord en demandant l’arrêt des poursuites et la libération immédiate de celles et ceux qui ont été inculpés pour l’exemple.

Pour participer à cette pétition écrire à    lafabrique@lafabrique.fr en donnant son nom et sa profession (ou absence de profession)…


[Commentaires de lecteurs de L&I – 24/11/2008]

Deux commentaires de lecteurs qui apportent un éclairage intéressant sur l’hystérie politico-médiatique autour des « Neuf de Tarnac » et la tentative de résusciter un épouvantail :

Ayad avait fait le lien entre l’agitation d’Alliot-Marie et les « scénarios » écrits dans les années 1970 par les manipulateur de la stratégie de la tension, en Italie, France et Allemagne, en vue de créer un climat de peur propice à l’instauration de gouvernements de droite dure qui mettraient en place, sans rencontrer d’opposition, des mesures néo-libérales extrèmes à la sauce Pinochet, Thatcher et Douglas…

En 1976, en Italie, à l’Academie de Police de Rome, deux sociologues – par ailleurs membres de la loge P2 – avaient décortique la “méthode pour fabriquer un groupe politique violent” dans le cadre de la “stratégie de la tension” entretenue par les “Stay-Behind” de l’OTAN.

Prenez des jeunes idéalistes et cultivés, capables de réflexion synthétique qui les amène à des conclusions,  harcelez-les pour les pousser à la rupture, infiltrez-les pour pouvoir les manipuler, puis faites leur subir une répression violente afin de les déstabiliser et les radicaliser… et les confirmer dans leur vision dissidente. Il ne reste plus ensuite qu’à canaliser leur colère et la paranoia née de la répression qu’ils ont subie vers une ou deux actions violentes spectaculaires afin de frapper les esprits du public.

Cela peut servir par la même occasion à se débarasser d’un opposant politique (comme Aldo Moro ou Jürgen Ponto) ou bien solder une dette vis-à-vis d’un Etat tiers (comme Georges Besse ou le Général Audran).

Vous avez ensuite un épouvantail de choix qui pourra servir ultérieurement à maintenir les citoyens dans le giron protecteur de l’Etat Défenseur de l’Ordre et de la Propriété, museler une presse trop indépendante, faire taire des géneurs politiques…

…. sans parler du fait qu’un tel épouvantail vous donne tous les moyens nécessaires pour justifier votre présence au coeur de l’Etat afin de traquer le dissident.

Les auteurs de la conférence soulignaient que “la création d’un tel groupe n’est pas compliquée, c’est très bon marché au vu des bénéfices sécuritaires qu’on peut en tirer”

C’est à croire que, chez Alliot-Marie, on a retrouvé le polycopié de cette conférence…

Puis Malvina nous répond, pointant le précédent de la P2 de Licio Gelli et Francisco Cossiga, ce dernier ayant récemment avoué avoir totalement infiltré les mouvements de gauche et les avoir manipulé afin qu’ils commettent des actions violentes qui serviraient la stratégie politique du pouvoir  :

Je cite de mémoire, mais cette conférence/rapport est mentionnée dans plusieurs ouvrages sur GLADIO et les Stay-Behind, notamment en rapport avec l’assassinat d’Aldo Moro et l’attentat meurtrier de la Gare de Bologne, point d’orgue de la stratégie de destabilisation orchestrée par la P2 de Licio Gelli.

Tous les chefs des services secrets italiens ont été membres de la P2, comme l’a montré l’enquête et les papiers retrouvés chez Gelli… mais aussi des “honorati” comme Silvio Berlusconi et autres…

Gelli (et ses mentors néo-cons à Washington et à l’OTAN) ne supportaient pas l’ascension politique du parti communiste italien entre 1970-1980, craignant que ce pays (qui est un pilier de l’OTAN en Mediterrannée) tombe dans le camp “non-aligné” voire “pro-soviétique”.

Ils ont donc mis en place – avec l’aide de la CIA et des réseaux Stay-Behind – toute une stratégie de destabilisation et d’élimination des cadres politiques susceptibles d’aider le Parti Communiste à venir aux affaires. Le but était de créer la peur afin de faire venir un gouvernement de droite dure au pouvoir et faire accepter aux italiens une vague de répression politique violente contre la gauche, ainsi qu’une répression des libertés individuelles, notamment dans les universités, bastions de la contestation.

Le projet de Cossiga était de frapper fort, tuer les leaders étudiants et gauchistes ou bien les enfermer dans des camps – son modèle était l’Argentine de Viola, le dictateur sanglant qui avait pris le pouvoir en 1975 et massacré 8 000 militants de gauche.

Aldo Moro a été enlevé le jour même où il s’appretait à annoncer une alliance entre la DC et le PCI/PSI. Les USA étaient fou furieux et Henri Kissinger avait menacé Moro : “Si tu fais cela, tu le paieras de ta vie”.

Ce projet était connu et surveillé depuis trois semaines par le SISMI, qui avait infiltré les “Brigades Rouges” de longue date.

Sur ordre direct du Ministre de l’Intérieur, Francisco Cossiga, les services secrets ont non seulement rien fait pour empécher l’enlèvement puis l’assasinat, mais ils ont même aidé les terroristes dans leur projet – comme l’a avoué Steve Pieczenik, l’envoyé spécial de Jimmy Carter auprès de Cossiga, lors de la crise – dans un livre intitulé “We Killed Moro” publié en Mars 2008.


En 1976, en Italie, à l’Academie de Police de Rome, deux sociologues – par ailleurs membres de la loge P2 – avaient décortique la « méthode pour fabriquer un groupe politique violent » dans le cadre de la « stratégie de la tension » entretenue par les « Stay-Behind » de l’OTAN.

Prenez des jeunes idéalistes et cultivés, capables de réflexion synthétique qui les amène à des conclusions,  harcelez-les pour les pousser à la rupture, infiltrez-les pour pouvoir les manipuler, puis faites leur subir une répression violente afin de les déstabiliser et les radicaliser… et les confirmer dans leur vision dissidente. Il ne reste plus ensuite qu’à canaliser leur colère et la paranoia née de la répression qu’ils ont subie vers une ou deux actions violentes spectaculaires afin de frapper les esprits du public.

Cela peut servir par la même occasion à se débarasser d’un opposant politique (comme Aldo Moro ou Jürgen Ponto) ou bien solder une dette vis-à-vis d’un Etat tiers (comme Georges Besse ou le Général Audran).

Vous avez ensuite un épouvantail de choix qui pourra servir ultérieurement à maintenir les citoyens dans le giron protecteur de l’Etat Défenseur de l’Ordre et de la Propriété, museler une presse trop indépendante, faire taire des géneurs politiques…

…. sans parler du fait qu’un tel épouvantail vous donne tous les moyens nécessaires pour justifier votre présence au coeur de l’Etat afin de traquer le dissident.

Les auteurs de la conférence soulignaient que « la création d’un tel groupe n’est pas compliquée, c’est très bon marché au vu des bénéfices sécuritaires qu’on peut en tirer »

C’est à croire que, chez Alliot-Marie, on a retrouvé le polycopié de cette conférence…

[Le Monde – Isabelle Mandraud et Caroline Monnot – 20/11/2008]
Quand Mathieu B., 27 ans, se souvient de son arrestation, il a cette image, à la fois drôle et amère, d’hommes encagoulés de la police antiterroriste cherchant « des explosifs dans les pots de confiture de (sa) mère ». Etudiant il y a encore peu en mastère de sociologie à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), il fait partie des neuf jeunes arrêtés le 11 novembre et mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Cinq d’entre eux – « le noyau dur », pour le parquet – doivent, en plus, répondre du chef d’accusation de « dégradations en réunion sur des lignes ferroviaires dans une perspective d’action terroriste », les fameux sabotages de caténaires de la SNCF.

Ce n’est pas le cas de Mathieu. Il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire, comme trois autres, après quatre jours de garde à vue. Des heures et des heures d’interrogatoire dont il retient ceci : « On est ton pote. On va te foutre en taule. On est d’accord avec toi. Tu as de la merde dans le cerveau parce que tu as lu des livres. On va aller te chercher un sandwich. Tu reverras jamais ton fils. » Lorsque nous l’avons contacté, il a demandé un peu de temps pour réfléchir parce que « ce type d’expérience est assez difficile à relater ».

Comme lui, la plupart des neuf interpellés sont des étudiants brillants ultradiplômés.

Tous fichés pour leur appartenance, selon les mots de la ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, à « l’ultragauche, mouvance anarcho-autonome ». Julien Coupat – présenté par la police comme le chef de file et dont le nom a été mis en avant -, 34 ans, a fait une grande école de commerce, l’Essec, puis un DEA, avant d’enchaîner un début de doctorat à l’EHESS en histoire et civilisation. Au dire de son père, il envisageait de se lancer bientôt dans des études de médecine. Son amie, Yldune L., 25 ans, fille d’universitaire, a eu la mention très bien à son master d’archéologie. Benjamin R., 30 ans, a fait Sciences Po Rennes et a passé un an à l’université d’Edimbourg en sociologie du développement et responsabilité environnementale. A Rouen, Les plus jeunes, Elsa H., 23 ans, et Bertrand D., 22 ans, sont respectivement en première année de master d’anglais et en licence de sociologie. Trois se distinguent : Gabrielle H., 29 ans, inscrite depuis septembre dans une école d’infirmières, Manon G., 25 ans, musicienne, premier prix de clarinette dans son conservatoire, et Aria T., 26 ans, qui a longtemps joué le rôle d’une ado un peu rebelle dans une sitcom populaire en Suisse, Les Pique-Meurons.

Aucun n’est en rupture familiale. Les parents, dirigeant de laboratoire pharmaceutique, médecin, ingénieur, universitaire, prof ou de la classe moyenne, continuaient à les voir régulièrement. Yldune, l’étudiante en archéologie, incarcérée depuis sa mise en examen le 15 novembre, habitait encore chez son père et sa mère. Pas de rupture donc. Mais tous avaient décidé de vivre selon des canons différents de ceux de leur milieu, à l’écart de la société marchande. (suite…)


Vous vous rendez compte ! Ils n’ont pas fait appel aux banques pour avoir un crédit !!! Ils pratiquent le troc !!!! Ils ne sont pas interessés par le profit à tout va !!!!

On comprend mieux la hargne de la société (et des nombreux commentateurs sur ce blog) contre de tels dangereux individus…

En fait, la petite bande de Tarnac et ailleurs était une cible idéale pour la police. Une façon de se faire un petit coup de pub sans grand danger… Tout comme, dans les années 70, Marcellin criminalisait les communautés pour renforcer le pouvoir policier (« il faut bien qu’on vous protège contre ces barbus chevelus dangereux madame… ») et manipulait les grenouilles dans la mare d’extrème gauche pour maintenir la « stratégie de la tension »…

Et on ne parlera même pas des manoeuvres des bureaucrates du Parti Communiste, toujours d’accord pour discréditer (ou exploser la gueule) des « gauchistes » qui risquaient de pervertir l’esprit des braves travailleurs. De « Hitlero-trotskisss » à « Fils-à-papa », on a tout entendu… et on en retrouve des accents dans les commentaires…

Il est devenu plus difficile d’agiter le spectre des banlieues, parce que cela risque de déclencher de nouvelles émeutes qui rappelleraient de mauvais souvenirs à notre Président-Suprême. Alors on se rabat sur une cible plus facile, qui ne risque pas de riposter, ou alors avec une force de frappe nettement plus faible. Pour le pouvoir, il vaut mieux encore une bombe dans un RER qu’une émeute des banlieues. Un bon petit attentat anarchiste, de temps en temps, ça maintient la peur chez les électeurs et les incite à aller se réfugier dans les bras rassurants du Parti de l’Ordre.

La déclaration triomphante d’Alliot Marie au soir de l’arrestation de Julien Coupat : « Vous voyez, ça fait longtemps que je vous dis que ces mecs sont dangereux, mes hommes les surveillent depuis longtemps… » signe le forfait.

Exclusif: nous avions rencontré les épiciers de Tarnac

[Le Populaire – Michael Nicolas – 12/11/2008]
Il y a trois ans, en posant leurs valises sur le plateau, dans un hameau non loin de Tarnac, Gaëtan, 25 ans, et Benjamin, 30 ans, ne pensaient pas devenir commerçants.

La croissance à tout crin, ce n’est pas franchement leur truc. Lorsqu’ils ont débarqué avec une vingtaine de potes pour retaper une vieille ferme, les rumeurs ont d’ailleurs été bon train.

Et s’il s’agissait d’une secte ? « On n’est pas venu ici pour faire du fric » Ils n’ont toutefois pas tardé à trouver leur place dans la commune, allant jusqu’à racheter, le 1er octobre, le magasin général d’alimentation du bourg. « Je n’aurais jamais pensé me retrouver derrière un comptoir, être ainsi pris dans des rapports marchands », insiste Gaëtan ; « faire des journées pas possibles, des livraisons », ajoute Benjamin.

Car le magasin général n’est pas seulement la petite épicerie du village. Il fait aussi bar, tabac, restaurant ouvrier, station-service, et salle de spectacles. Ici, on ne veut pas faire les choses comme ailleurs. Ça tombe bien, le plateau n’est pas un lieu comme les autres.

Une autre proximité

Pour racheter l’endroit et conserver ses deux salariées (rejointes depuis par trois autres personnes à temps partiel), les trois gérants n’ont d’ailleurs pas fait appel aux banques. En plus de l’aide de leurs proches, ils ont émis des bons de souscription qui seront échangeables, à partir du 1er mai 2008, contre des produits vendus au magasin.

Plus de 150 habitants du village y ont participé. Il faut dire que tout le monde y trouve son compte. « Tout est parti de notre volonté de travailler là où on vit. », explique Gaëtan. Pour preuve, il est également devenu président du comité des fêtes.

Au travers du « magasin », il aspire à mettre en place une dynamique d’échange à rebours de ce que la société propose. Tout simplement faire passer la vie avant, sans forcément essayer de se faire passer pour un exemple. Une démarche plus compliquée qu’il n’y paraît, mais qui se met peu à peu en place avec le soutien des habitants dont beaucoup n’osent imaginer ce que serait devenue leur ville sans ce commerce qui prône une autre proximité.

http://www.lepopulaire.fr/editions_locales/tulle/exclusif_nous_avions_rencontre_les_epiciers_de_tarnac@CARGNjFdJSsEEh8MAxw-.html


«Terroristes? N’importe quoi!»
[Le Populaire.fr – 14/11/2008]
Au lendemain de l’opération policière en Haute-Corrèze, notre journal a rencontré des amis des jeunes gens interpellés.  Et des habitants de la commune qui prennent leur défense…

« Terroristes, nous ? C’est du n’importe quoi. Croyez-moi, on ne pensait pas un jour être réveillés à 6 heures du matin, un flingue devant le visage.» Le ventre légèrement rebondi, Mélanie (*) nous accueille devant la ferme de Tarnac en Haute-Corrèze, où a eu lieu l’interpellation la veille de cinq de ses amis. « Encore déboussolée », cette jeune femme enceinte était présente quand les policiers de l’anti-terrorisme et ceux de la police judiciaire de Limoges ont débarqué dans la ferme. « Ils n’ont, j’en suis sûr, rien à voir avec ce qu’on leur reproche ».

« Absurdité »
A ses côtés, Cédric (*), 30 ans, vêtu d’un jean et d’un pull accepte de répondre à quelques questions. Il se dit musicien, donne un coup de main pour retaper la ferme, va bientôt aider à la construction d’appentis pour le bois. Pour lui ces interpellations sont « une absurdité totale. Les analogies avec l’ETA, ou Action Directe, c’est incroyable. Le gouvernement cherche à faire revivre des spectres enterrés depuis longtemps pour susciter la peur. » Le discours est politisé. Il le reconnaît. « Effectivement, notre idée de l’humanité ne correspond pas aux canons de la droite ! » lâche-t-il. Mais il assure que « le passage à l’acte est hors de question ».

Etonnamment, ce n’est pas ici, auprès des amis, que l’on entend les plus vives réactions. Mais dans le village. La plupart des habitants rencontrés hier étaient particulièrement remontés. Et n’hésitaient pas à prendre la défense des jeunes gens.

Comme Laurent, employé communal depuis 16 ans. « Vous ne les connaissez même pas et vous les jetez en pâture ! Les jeunes, nous on les connaît. Ils ont fait plein de choses pour notre village. On ne peut rien leur reprocher. Pour moi, c’est un coup médiatique du gouvernement. Ils n’ont jamais fait de mal à personne ici. Et certainement pas fait ce qu’on leur reproche!. »

(*) Les prénoms ont été modifiés


[FABRICE ARFI, RENÉ BACKMANN, MICHEL DELÉAN, LOUISE FESSARD, JÉRÔME HOURDEAUX ET MATTHIEU SUC – MEDIAPART – 30 NOVEMBRE 2015]

Pourquoi des terroristes surveillés parviennent-ils à passer à l’acte ? Pourquoi les agents semblent-ils condamnés à constater leur impuissance chronique ? Pourquoi la classe politique refuse-t-elle d’engager la grande remise à plat réclamée par de nombreux spécialistes ? Mediapart a interrogé des dizaines de personnes (magistrats, agents secrets, policiers, experts, politiques…), s’est plongé dans plusieurs procédures judiciaires en cours et a épluché divers rapports pour comprendre la crise sans précédent de la lutte antiterroriste en France.

Le 15 janvier 2015, une voiture banalisée de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) prend en filature la Citroën C3 d’Amar R. Les services secrets s’intéressent à cet ancien voisin de cellule d’Amedy Coulibaly, car il est l’un des derniers à avoir vu le futur tueur de l’Hyper Casher, le 6 janvier, soit la veille de l’attaque contreCharlie Hebdo. La C3 arrive à destination, au Fort de Rosny (Seine-Saint-Denis), là où sont installés plusieurs services de la gendarmerie ; là, aussi, où vit la maîtresse d’Amar R., une adjudante récemment convertie à l’islam. Le véhicule de la DGSI se gare sur la chaussée qui longe l’entrée de la caserne. L’un des agents en planque reconnaît un visage familier dans une voiture voisine, stationnée non loin. C’est un collègue de la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) de Paris, un autre service de renseignement. Jusqu’à cette rencontre fortuite, la DGSI et la DRPP ignoraient qu’elles surveillaient l’une et l’autre la même cible, en même temps.

Cette anecdote pourrait, à elle seule, résumer le désordre de la lutte antiterroriste française. Mais le problème est plus profond, plus grave. Deux semaines après les attentats du 13 novembre, onze mois après ceux qui ont visé Charlie Hebdo, des policiers et l’Hyper Casher, trois ans après les massacres commis par Mohamed Merah contre des militaires et des écoliers juifs, les services de l’État chargés de lutter contre le terrorisme connaissent une crise sans précédent. Mediapart a interrogé des dizaines de personnes (magistrats, agents secrets, policiers, experts, politiques…), s’est plongé dans plusieurs procédures judiciaires en cours et a épluché divers rapports (parlementaires, syndicaux ou administratifs) pour mener cette enquête.

Il ne s’agit pas d’accuser, mais de comprendre. Comprendre pourquoi des terroristes fichés et surveillés parviennent à passer à l’acte, pourquoi des agents compétents et dévoués semblent condamner à constater leur impuissance chronique, pourquoi la classe politique, à droite ou à gauche, fait mine de ne pas voir le problème, refusant d’engager la grande remise à plat réclamée par de nombreux spécialistes. Face à ces ratés à répétition, les membres du gouvernement ont fait le choix, devant les micros et caméras, de la politique de l’autruche : non, il n’y a eu aucune faille des services de renseignement français avant les attentats du 13 novembre, a par exemple affirmé Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur. Dans la communauté du renseignement, certains n’hésitent pourtant plus à évoquer un « naufrage historique ».

(suite…)


De Sivens à Notre-Dame-des-Landes, plongée au cœur de l’extrémisme vert, ses réseaux et ses méthodes

[ATLANTICO – 29/10/2014]

Atlantico : Selon les dernières informations, Rémi Fraisse, le jeune militant engagé contre le projet de construction du barrage de Sivens, serait mort à cause de l’explosion d’une « grenade offensive » lancée par la gendarmerie. De l’autre côté, que sait-on de l’emploi de substances explosives par les groupes militants altermondialistes ?

Sylvain Boulouque : Les militants se positionnant dans une logique de guérilla urbaine, l’usage de cocktails Molotov est un moyen de repousser les forces de l’ordre. Dans ce genre de combat, les armes à feu ne sont pas utilisées, c’est donc le moyen le plus efficace qu’ils ont trouvé pour lutter contre les représentants de l’Etat.

Alain Bauer : Les environnementalistes et les écologistes radicaux utilisent depuis de nombreuses années des cocktails Molotov et autres outils de même nature. Les grands affrontements comme celui du Larzac s’étaient également soldés par des morts. Les affrontements durs et l’usage d’engins artisanaux sont connus, même si en l’occurrence, il faut encore rester prudent sur les raisons exactes de son décès.

De Notre-Dame-des-Landes en Loire Alantique à Sivens dans le Tarn, les mouvements altermondialistes occupent régulièrement la scène médiatique. Quels sont ces groupes, ainsi que les profils des personnes qui les composent ?

Alain Bauer : Il s’agit de jeunes gens radicalisés qui considèrent qu’une lutte pour l’environnement et contre le capitalisme doit être menée. Les tendances politiques vont du vert au rouge en passant par le noir de l’anarchisme, jusqu’au vert-de-gris plus récemment. Le national-socialisme avait lui aussi des tendances environnementalistes. Comme toujours, les phénomènes sont beaucoup plus complexes que l’idée qu’on s’en fait.

Sylvain Boulouque : Les rassemblements du type de Sivens sont hétéroclites. C’est ce qu’on appelle de manière très large et vague la mouvance altermondialiste, qui existe depuis le début des années 1990, et qui s’appelait avant « antimondialisation ». On l’aurait aujourd’hui appelée gauche anticapitaliste, ou gauche radicale. On retrouve dans cette mouvance des libertaires, des anarchistes, des anciens maoïstes, encore quelques très rares maoïstes, des anciens communistes ou des communistes critiques se rattachant à la tendance de Clémentine Autain au sein du Front de gauche, et bien sûr des écologistes. Parallèlement, on trouve beaucoup de paysans, de ruraux ou de néo-ruraux. Ces derniers sont d’anciens soixante-huitards partis s’installer à la campagne dans les années 1970. Voilà pour le panorama général. (suite…)


Comme le rappelait récemment un article du New York Times, aux Etats-Unis, la totalité des complots terroristes découverts par le FBI sont inspirés et fabriqués par des agents infiltrés du FBI. Et dans la mouvance « altermondialiste » et « black block » on a récemment découvert que le « noyau dur des activistes », ceux qui impulsaient les opérations et étaient moteurs de tous les combats, étaient tous des infiltrés de la police britannique et allemande. Mohammed Merah, gamin perdu des banlieues ne fait pas exception… un « patsy » comme on dit aux Etats-unis.

Mohamed Merah aurait découvert qu’il était manipulé par les services du renseignement français

[Le Monde 12/06/2012]

Mohamed Merah, « le tueur au scooter » qui a assassiné sept personnes en mars dans le sud de la France, aurait découvert juste avant sa mort qu’un de ses amis, qu’il pensait être un djihadiste, était un agent des services du renseignement français, affirme un quotidien algérien, qui aurait visionné des vidéos-testaments.

« Je suis innocent. Je découvre que mon meilleur ami Zouheir travaille pour les services secrets français », dirait Merah, 23 ans, dans cette vidéo-testament où il se filme lui-même peu avant d’être tué par la police, selon une traduction en arabe de ses propos publiée par le quotidien arabophone Echourouk et retraduite en français par l’AFP.

« VA EN ENFER ESPÈCE DE TRAÎTRE »

Zouheir, selon le même journal, faisait partie de l’équipe qui tentait alors de négocier sa reddition alors qu’il était enfermé dans son appartement, à Toulouse (sud-ouest de la France), assiégé par les forces de sécurité, après qu’il eut assassiné trois militaires français et quatre personnes, dont trois enfants, dans une école juive.

« Tu m’as envoyé en Irak, au Pakistan et en Syrie pour aider les musulmans. Et tu te révèles finalement un criminel et un capitaine des services français. J’aurais jamais cru ça », lance Merah à l’adresse de Zouheir. « Va en enfer espèce de traître », ajoute-t-il. « Vous allez me tuer sans aucune raison. C’est vous qui m’avez entraîné dans cette situation. Je ne te pardonnerai jamais. » (suite…)


Au début du siècle, la police US fabriquait déjà des vrais attentats à la bombe imputés aux anarchistes, afin de mieux réprimer le mouvement ouvrier. C’est une manipulation courante. Et sous Bush, chaque fois que l’Administration Bush était confrontée à un problème politique, le chef du Homeland Security débarquait à la télé pour nous mettre en garde contre un nouveau projet d’attentat terroriste… En France c’est Sarkozy qui nous a fait le coup du « terrorisme d’ultragauche » avec l’affaire de Tarnac… ou bien Mohammed Merah, collaborateur des services secrets français. Ou encore les attentats de Londres, avec des jeunes suivis à la trace par la police depuis des mois…

… c’est à se demander si les attentats du 11 Septembre… mais non, mais non, on n’ose pas penser des choses aussi « nauséabondes »

Néanmoins… le terrorisme c’est bien pratique quand même, pour détourner l’attention du public des vrais problèmes.

[Tim Carr – IES News Service – 02/05/2012 – Trad. Gregoire Seither]

De nos jours, la principale activité du FBI consiste à démasquer des complots terroristes aux Etats-Unis. Et quand le FBI ne parvient pas à trouver suffisamment de complots pour justifier son existence… et bien le « Bureau » les fabrique ! Pour ensuite parader devant la presse avec ses trophées… … mais même la presse la plus veule finit par se rendre compte de quelque chose.

Ainsi, dans un article publié la semaine dernière, le New York Times ose écrire

Ces dernières années, les Etats-Unis ont été préservés d’un certain nombre d’attentats meurtriers, planifiés par des terroristes sur notre sol et détectés à temps par les agents fédéraux du gouvernement…. c’est du moins ce que l’on a voulu nous faire croire…

http://mobile.nytimes.com/2012/04/29/opinion/sunday/terrorist-plots-helped-along-by-the-fbi.xml 

Ces derniers mois nous avons ainsi eu droit :

  • à un kamikaze, intercepté alors qu’il allait faire sauter le Capitole;
  • à de dangereux individus à Newburgh, dans l’Etat de New York, qui ont été mis hors d’état de nuire alors qu’ils se préparraient à lancer une vague d’attentats à la bombe contre des synagogues;
  • à des radicaux qui projetaient de tirer des missiles sol-air Stinger contre des avions militaires.
  • Plus fantaisiste encore, au Massachusetts, un projet de lancer des maquettes d’avion téléguidés, bourrés d’explosifs, contre le Pentagone et le Capitole a été stoppé à la dernière minute,

Malheureusement, à y regarder de plus près, il apparait que tous ces attentats sont été planifiés et encouragés par le FBI, dont les agents se sont fait passer pour des terroristes et ont fourni là un missile factice, ici de faux explosifs C-4 ou encore une veste-kamikaze désarmée voire des stages de formation à la préparation d’attentats.

Les « vrais-faux » terroristes ainsi recrutés ont naïvement cru participer à un complot djihadiste, jusqu’à ce que la police vienne défoncer leur porte au petit matin et les parader devant les caméras de télévision. »

Le journal britannique The Guardian a récemment publié un article qui souligne cet aspect, se demandant si la grande majorité des « succès » claironné par le FBI dans la lutte anti-terroriste de ces dernières années n’était pas tout simplement des complots fabriqués par le FBI lui-même.

Selon les défenseurs des droits civiques aux Etats-unis, le FBI mène, depuis l’époque Bush et sous consigne directe de l’administration d’alors (notamment le Vice Président et son conseiller Richard Pearle, expert en manipulations) une vaste campagne d’infiltrations dans toute l’Amérique, ciblant prioritairement la communauté musulmane et consistant à attirer les gens dans de faux complots terroristes.

L’analyse des documents qui ont pu être obtenus sous couvert de la loi FOIA (Freedom of Information Act) montre que le FBI pratique ce qu’elle appelle la « pèche au chalut » dans les communautés musulmanes, envoyant des infiltrés fréquenter des mosquées et des centres communautaires pour y tenir un discours islamiste radical et identifier les personnes perméables à ce discours et pouvant être recrutées comme terroristes.

Le FBI fait également feu de tout bois, y compris les informateurs les plus étranges. Ainsi, dans les années 2000, ils ont été contactés par un homme affirmant avoir connu le chef terroriste Ayman al-Zawahiri quand celui-ci vivait dans le nord de la Californie dans les années 1990. L’homme a immédiatement été embauché en tant qu’informateur et s’est vu remettre une forte somme d’argent en échange de ses informations. Il a continué à fournir des informations sur de prétendues « cellules dormantes » islamiques en Californie et en Arizona, déclenchant plusieurs raids sur des mosquées à travers le pays – menés sous l’oeil de caméras opportunément prévenues.

Cet informateur est notamment à l’origine d’une séquence qui fit grand bruit auprès des « Tea-Party » (et qui est régulièrement citée par la droite US). On y voit le FBI fouiller un campement dans le désert d’Arizona, un soi-disant « point de passage » pour les immigrés clandestins passant la frontière depuis le Mexique. Dans ce camp, la caméra nous montre une « tente mosquée » (reconnaissable aux soi-disant inscriptions en Arabe sur la toile) et des « tapis de prière abandonnés », preuve que Al-Qaida infiltre effectivement ses djihadistes via la frontière poreuse avec le Mexique.

Il s’est avéré ensuite que les inscriptions en Arabe étaient en fait des inscriptions en Thai (vu que la tente était constituée de vieux sacs de riz) et que les tapis de prière étaient des tapis de sol de camping standard. Mais le mythe perdure, c’est ce qui compte…

Ensuite, une fois les suspects appropriés identifiés, des agents du FBI montent une fausse opération de complot terroriste, mobilisant les personnes, suggérant l’idée, fournissent les armes et désignant la cible. Quand tout est en place, on appelle la presse et on monte des arrestations spectaculaires suivies de conférences de presse et de procès avec condamnations à de longues peines.

Dans toutes ces affaires » écrit le Guardian, « on ne nous dit jamais combien de vrais terroristes ont été appréhendés » (une fois enlevés du lot les policiers infiltrés)

Pour Anthony Newell, avocat des droits civiques au Chicago Community Project,

La presse « mainstream » a vite fait de hurler au « complotisme » quand on ose parler de ces opérations comme n’étant rien d’autre que des provocations policières… mais il semblerait bien qu’un certain nombre des personnes qui se sont fait pièger de cette manière par le FBI prévoient de contre-attaquer devant les tribunaux en accusant le FBI de les avoir incités à commettre ces actions.

Bien sûr, vrai ou faux, il sera difficile aux plaignants de faire croire qu’ils sont de pauvres victimes innoncentes, étant donné que – jusqu’à ce que la police vienne les cueillir – elles étaient persuadées de préparer un vrai attentat terroriste. Mais si l’intégralité de l’opération terroriste s’avère être en fait un scénario soigneusement orchestré par le FBI, celui-ci fournissant l’argent, les armes, les explosifs et désignant la cible… alors il va être difficile de ne pas se poser des questions.

Et la première de ces questions sera de savoir pourquoi le FBI utilise ce genre de méthodes. On a presque l’impression qu’ils se sentent obligés de « fabriquer » de faux complots terroristes pour – entre autres – justifier leur existence ainsi que leur (très très importants) budgets. »


[Greg, sur l’intranet IES, à deux heures du mat’ – 08/06/2011]

Les alertes du « Monde » me l’ont annoncé cette nuit:   Le Brésil libère l’ex-activiste Cesare Battisti

(Le dictionnaire me dit: Activiste, une personne dont l’engagement politique privilégie l’action directe, pouvant aller jusqu’à braver la loi.)

Comme je suis un mauvais esprit, je me pose la question:

Que signifie le choix du mot « activiste » par la voix du pouvoir ? Pourquoi Battisti est un « activiste » tandis que d’autres (qui ont fait la même chose que Battisti) ne le sont pas

Cesare Battisti est un petit délinquant qui a fait sa formation politique en prison dans les années 60 et est accusé (ce qu’il nie) d’avoir commis des attaques à main armées ainsi que d’être impliqué dans quatre assassinats. Pour la presse il est un activiste.

Rachid Ouazzani est un petit délinquant qui a fait sa formation politique en prison dans les années 90 et qui est accusé d’avoir commis des attaques à main armée pour financer le soutien à la lutte armée pro-Taliban en Afghanistan: pour la presse il est un terroriste islamiste.

Tom Morel avait rassemblé une centaine de combattants armés sur le Plateau des Glières pour attaquer le campement de police d’Entremont: pour la presse (et pour l’histoire) il est un prestigieux combattant de la Résistance

Julien Coupat avait rassemblé une dizaine d’amis dans une communauté à Tarnac, il est  accusé (ce qu’il nie) d’avoir posé des grappins sur les caténaires SNCF : pour la presse il est un militant radical voire un terroriste et le « Groupe de Tarnac » est une dangereuse pépinière terroriste, un groupe anarchiste ultra-violent, voire une épicerie tapie dans l’ombre (sic).

Les combattants irakiens ou afghans posent des IED sur le passage des patrouilles de l’armée US : pour la presse ils sont des terroristes ou des insurgés. Pour Nicolas Sarkozy et Gérard Longet ils sont la première ligne de front du terrorisme international qui menace toute la planète

Menachem Begin a fondé et dirigé une groupe armé clandestin qui a assassiné des dizaines de personnes et organisé un attentat meurtrier dans un hôtel de Jérusalem. Il a été condamné à mort par contumace par la justice britannique: pour la presse il est l’ancien président israélien. Aucun livre d’histoire occidental n’utilise le terme terrorisme pour parler de l’Irgoun ou du Groupe Stern. Au pire on parlera d’actions violentes.

Osama Bin Laden est accusé (ce qu’il nie) d’avoir planifié les attentats du 11-septembre qui ont coûté la vie à 3 000 peresonnes: pour la presse il est un exalté religieux sanguinaire, le plus grand terroriste de l’histoire des Etats-unis ou bien l’Axe du Mal

George W. Bush a planifié et dirigé l’invasion de l’Irak qui a couté la vie, directement, à près de 80 000 personnes et déclenché un conflit qui a tué plus d’un million de personnes et détruit les existences de millions d’autres civils innocents: pour la presse il est l’ancien président des Etats-unis.

Ratko Mladic a dirigé l’armée serbe lors de la guerre de Bosnie et est accusé d’avoir massacré des civils: il a été extradé vers le tribunal de La Haye pour y être jugé comme criminel de guerre. Pour la presse il est le boucher des Balkans.

Hashim Thaci a dirigé le mouvement de résistance armée albanais au Kosovo, il est accusé d’être un trafiquant de drogue, un braqueur de banques,  d’avoir massacré des civils, torturé des combattants ennemis et même (ce qu’il nie) avoir organisé un traffic d’organes prélevés sur des prisonniers assassinés pour l’occasion. Pour la presse il est le premier ministre kosovar.

On vous parle tout le temps de la menace du fondamentalisme musulman ou du fanatisme sanguinaire des barbus. Si vous regardez l’histoire du XXè Siècle vous remarquerez que les plus grands massacreurs étaient glabres ou portaient la moustache et avaient reçu une éducation chrétienne : l’Empereur Guillaume, Mussolini, Hitler, Staline, Churchill, Bush, Blair… aucun d’entre eux n’était barbu. Et aucun d’entre eux n’était musulman. Pourtant la presse ne vous parle jamais de la menace chrétienne blanche.

Peut-on imaginer lire, dans un journal français, que Georges W. Bush est un activiste voire un terroriste (parmi les plus grands de l’histoire du Moyen-Orient) ou encore un exalté religieux sanguinaire ? Ou entendre parler « d’actions politiques violentes menées par des activistes afghans contre l’armée d’occupation étrangère dans leur pays ? ». Peut on imaginer un jour voir Tony Blair et George W. Bush et Donald Rumsfeld être mis dans un avion pour le TPI de La Haye ? Peut-on imaginer lire un jour dans la presse que George W. Bush est le boucher de l’Euphrate  ?   Quelqu’un s’interrogera-t-il un jour sur la menace que fait peser sur la stabilité de la région l’arsenal nucléaire états-unien, britannique ou israélien — largement supérieur à la bombinette hypothétique que Ahmadinejad est supposé vouloir fabriquer. Verra t’on un jour des politiques occidentaux appeler à des frappes militaires contre le complexe militaro-industriel israélien de Dimona plutôt que contre le complexe nucléaire de Natanz en Iran ?

Oui ? Non ? Expliquez moi pourquoi ? (ça ferait un bon sujet pour le bac de philo, non ?)


Reportages bidonnés pour aller dans le sens du poil de l’opinion ? Rien de bien nouveau…. Souvenez vous de la campagne de propagande de TF1 et de la presse, avant l’invasion de l’Irak… ou bien les fantasmes hystériques autour de la « bande de Tarnac ».

Surtout « Le Point », journal par excellence du lectorat Sarkozyste…

Plus personne ne peut croire cette presse, qui invente jour après jour la réalité qu’elle souhaite voir

[Arrêt sur Images – 01/10/2010]

Le polygame est à la mode, dans les médias. Pour trouver du « polygame de banlieue », pour interviewer une épouse de polygame, les journalistes des grandes rédactions sont prêts à tout gober. Au risque, parfois, de tomber sur un os.

Vous devez écouter, dans notre émission, le témoignage exceptionnel d’Abdel, un jeune homme de Montfermeil, qui a piégé le très sérieux, et très sentencieux hebdomadaire Le Point. Pour son dossier « spécial tabous de l’immigration », Le Point cherchait une épouse de polygame. C’était urgent. Et si elle avait des problèmes avec son fils ainé, c’était encore mieux.

Donc, Abdel a pris sa plus belle voix de femme malienne. Au téléphone, il a inventé avec talent une belle fable pour le journaliste. Et tout son récit s’est retrouvé tel quel dans l’hebdomadaire (avec quelques détails visuels supplémentaires, pour faire plus vrai). Un bidonnage, en bonne et due forme.

Pourquoi Abdel a-t-il fait cela ? Parce qu’il n’en peut plus, de l’image de la banlieue, que véhiculent les grands medias.

Cela ne signifie évidemment pas qu’il n’y ait pas de ménages polygames. Mais simplement que plus personne ne peut croire cette presse, qui invente jour après jour la réalité qu’elle souhaite voir.

Nous avons voulu que le témoignage d’Abdel soit accessible à chacun. Même si vous n’êtes pas abonné, vous pouvez le voir ici <http://www.dailymotion.com/video/xf11j3_le-point-en-flagrant-delit-de-bidon_news>  (1). Et l’intégralité de la vidéo de sa conversation (hilarante) avec Le Point est ici <http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3410>  (2).


Quand on attaque le sauvageon, il brûle des voitures et fait grimper les chiffres de la délinquance… c’est pas bon
Quand on attaque l’anarcho-autonome qui plante des fromages de chèvre à Tarnac, il se défend bien sagement devant les tribunaux et tout le monde se fout de vous… pas bon non plus.

Il reste qui alors, comme bouc émissaire qui ne peut se défendre ?

Ben tiens ! Les gitans !!! Tout le monde les déteste, alors c’est du tout bénef !!!

C’est pas nouveau… il y a un an déjà, Matthieu Rigouste décortiquait la stratégie d’Hortefeux, Besson, Sarkozy et consorts.

A noter que l’ouvrage cité, de Carlos Marighela, Manuel du Guerillero Urbain est disponible en PDF dans la Bibliothèque de Libertes & Internets – ou alors directement via le lien suivant : https://www.humyo.com/FSgXWzm/BIBLIOTHEQUE/ACTIVISM/carlos_marighela_manuel_du_guerillero_urbain.pdf?a=excx6v1Ecps

La fabrication de l'ennemi intérieur

La fabrication de l'ennemi intérieur

[Matthieu Rigouste – Article 11 – 10/10/2009]

C’est une très fouillée et méthodique démonstration. En L’Ennemi Intérieur, le chercheur Mathieu Rigouste décrit comment une stratégie militaire totale, cette Doctrine de la guerre révolutionnaire mise en œuvre par la France dans ses guerres coloniales, a progressivement contaminé les champs politique et médiatique, jusqu’à devenir une pratique officieuse de maintien de l’ordre social. Il en reparle ici. Entretien.

Il est tapi. Prêt à bondir. Affairé à saper les bases de la société française, bacille sournois dissimulé en son sein. Il affiche le teint basané, vient d’une autre contrée, affiche des convictions politiques jugées radicales, fréquente la Mosquée, lit des livres pernicieux, porte un jogging et des baskets, est dangereux, vit en communauté, participe aux poussées de violence urbaine, est la cinquième colonne, les germes du désordre, la chienlit, la montée des périls. Il est fellagha, bolchévique, immigré post-colonial, gauchiste, révolutionnaire tiers-mondiste ou anarcho-autonome. Il est…

Il est tout cela à la fois, et puis rien du tout. Il est l’ennemi intérieur, figure qu’il conviendrait de purger, bouc émissaire désigné à la vindicte générale pour légitimer la coercition et rationaliser le contrôle social. Cette création fantasmée du pouvoir s’est vue institutionnaliser par la Doctrine de la guerre révolutionnaire, théorie et pratique de la terreur conçues par l’armée française pendant les guerres coloniales – à commencer par la guerre d’Algérie – , doctrine d’État un temps officielle (de 1953 à 60) avant que d’être désavouée mais de continuer clandestinement à irriguer les mondes militaire, politique et médiatique. Corpus idéologique complet autant que codification des pratiques – de l’emploi de la guerre psychologique à l’usage de la torture en passant par le quadrillage militaro-policier du territoire, les assassinats ciblés et la mobilisation de l’ensemble du corps social – , la Doctrine de la guerre révolutionnaire a profité du contexte de la Guerre Froide pour se répandre partout, plébiscitée par les militaires anglo-saxons dans les années 60, mise en œuvre contre les mouvements de libération et les tentatives d’émancipation dans l’Amérique Latine des années 70 et 80. En France-même, son officielle mise à l’encan par De Gaulle ne l’a pas empêché de continuer à prospérer, idéologie officieuse du maintien de l’ordre sous tous les régimes. De la tuerie du 17 octobre 1961 à la répression post-68 par Marcellin. De la première mise en avant de la « menace migratoire » au plan Vigipirate. De l’agitation de la menace terroriste à la lutte contre l’islamisme. De la guerre dans les quartiers au très récent péril anarcho-autonome.

Tu as compris – sans doute – que je souhaitais te parler de l’excellent livre de Mathieu Rigouste, L’Ennemi Intérieur, la généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France coloniale

Tu me pardonneras – j’espère – cette introduction un tantinet poussive, tant il n’est pas simple de résumer en quelques lignes un travail remarquablement fouillé et argumenté. Tu mettras – surtout – les éventuelles obscurités de ce préambule sur mon compte, quand l’ouvrage de Mathieu Rigouste est lumineux et cohérent, démonstration magistrale de cette contamination des cercles du pouvoir par la Doctrine de la guerre révolutionnaire. S’appuyant sur le fond d’archives (encore jamais exploité) de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN), une structure « civilo-militaire chargée de promouvoir l’esprit de défense », ainsi que sur des publications de la presse militaire – Défense Nationale, Défense et La Revue de l’IHEDN – , il démontre parfaitement comment cette figure de l’ennemi intérieur, imaginée par les hommes en armes, est récupérée par les champs politique et médiatique. Il fait travail d’historien, de chercheur, et décrit nos mondes passé, présent et à venir, extension généralisée du contrôle et main-basse croissante sur nos vies. Il en parle mieux que moi, surtout .

La publication de ton ouvrage, début 2009, n’aurait pu « mieux » tomber : l’affaire de Tarnac est venue comme une parfaite illustration de ton travail. Dans la logique de création de l’ennemi intérieur, tu penses que les manipulations étatiques de ce genre vont se multiplier ?

En fait, la publication est tombée juste après un nouvel essai de réglage de la fonction bouc-émissaire : sur la figure de « l’anarcho-autonome ». Mais ce mécanisme de la machine à purge continue depuis bientôt vingt ans à fonctionner sur un double réglage : les figures de « l’islamo-terroriste » et du « barbare de cité ». L’affaire de Tarnac ne fait que reformuler et appliquer exceptionnellement, pour l’instant, un type de montage habituellement réservé aux non-blancs pauvres et de manière permanente. Comme la logique sécuritaire, qui tend à reformuler et appliquer en continu à « la population » des méthodes de guerre conçues contre « les populations colonisées ». S’il y a manipulation, il faut le comprendre dans un sens technique, comme un ajustement. Les montages médiatico-politiques sont des utilisations particulières de machines de pouvoir qui fonctionnent en permanence, reliées aux machines économiques et industrielles. Tant qu’une forme de pouvoir est en place, ses machines évoluent, mais elles continuent de fonctionner et de dysfonctionner. (suite…)


Personne ne ment aussi obstinément qu’un flic, un juge ou un militaire… c’est le sentiment d’impunité et l’esprit de caste de l’appareil judiciaire et d’Etat qui veut cela. Même s’il devait s’avérer un jour que F. Cassez est innocente, la police et la justice continueront à dire le contraire, pour ne pas perdre la face.

En France, nous avons la même chose avec les inculpés de Tarnac ou la bavure du Thanis…

Et quand on connait les méthodes expéditives utilisées par la police mexicaine, le danger est grand en effet qu’une « rixe » opportune entre détenues, ou bien « le geste d’un déséquilibré » règle la question et débarrasse la justice mexicaine de cette prisonnière embarrassante…

[Libération – 21/04/2010]

Soulagée, Florence Cassez? Non, répond depuis sa prison, au téléphone, la jeune femme détenue depuis 2005 pour enlèvements au Mexique. La nuit dernière à Mexico, l’AFP a révélé que le Parquet général de la République du Mexique avait reconnu dès 2007 ce que Florence Cassez dit depuis le départ: la police a menti sur les circonstances de l’arrestation télévisée de la jeune femme. Celle que les journalistes pensaient couvrir en direct n’était pas la vraie.

Au bout du fil, Florence Cassez parle depuis un couloir de sa prison de Tepepan, au Mexique. On perçoit derrière elle les éclats de voix de la prison. Autour de la table à Lille, une vingtaine de journalistes écoutent. C’est Lionel Gougelot, d’Europe 1, qui parle à la jeune femme.

Soulagée? «Je ne sais pas si ça me soulage. Cette décision date de mars 2007. Elle aurait dû être ajoutée à mon dossier en appel (elle a été rejugée en 2009, ndlr). Ça m’énerve plus qu’autre chose. Depuis le début je crie mon innocence. Je suis la seule à avoir dit la vérité depuis le départ. On est en 2010, on se rend compte que cette lettre où ils reconnaissent que ça a été un montage a été cachée. Je trouve ça incroyable qu’il ait fallu attendre pour ça une réponse de Pablo Reinah (le journaliste de Televisa qui a filmé l’arrestation, ndlr) qui voulait se défendre. Je sais bien que le temps va passer, que des mensonges, des nouvelles contradictions vont arriver. Je perds mon temps.»

«Je ne suis pas en train de sauter de joie. J’en suis au stade de dire: «Il en faut combien des preuves comme ça?» J’ai besoin que ça avance. Que ça ne soit pas un mensonge de plus qu’on va essuyer avec le temps.» (suite…)


[Gregor Seither – IES News Service – 29/03/2010 ]

Cela va faire un an depuis que Ian Tomlinson est mort après avoir été attaqué par un officier de police lors des manifestations du G20. Aucun action en justice n’a suivi cette mort, personne n’a été puni pour ce meurtre. Malgré 300 plaintes déposées par des citoyens britanniques vis-à-vis du comportement de la police lors des manifestations du 1er Avril 2009 – et malgré des centaines d’heures d’enregistrements vidéos et de photos, aucun policier n’a encouru ne serais-ce qu’un blâme pour les exactions et la violence aveugle exercée contre des manifestants pacifiques. Les policiers qui ont illégalement enlevé leurs badges avec leur matricule, qui ont matraqué de simples passants dans la rue puis ont menti sur ce qu’ils ont fait, de manière répétée… tous ces agents de la force publique qui ont commis des actes illégaux restent dans l’impunité, et ni la loi, ni leurs supérieurs ne leur demandent des comptes. La police n’a jamais contacté la famille de Ian Tomlinson, ne serais-ce que pour exprimer des condoléances.

Comparez cet état de fait à celui d’un cas dans le Nottinghamshire, en juin 2009. Un policier a causé deux morts et a immédiatement été mis à pied. Ses supérieurs ont contacté tout de suite la commission indépendante d’investigation (Independent Police Complaints Commission) et mené leur propre enquête. Le commissaire principal a déclaré “nous allons tirer les leçons de cette tragédie afin qu’elle ne puisse plus se reproduire. Cela a causé une immense tristesse et un très grand choc.” La presse a publié des photos montrant des officiers de police entrain de faire le salut militaire devant les bouquets de fleurs que des passants éplorés avaient déposé devant le commissariat de police. Personne n’a rien caché, personne n’a diffamé les victimes, personne n’a trafiqué la scène du crime pour masquer son forfait, personne n’a dit que les victimes étaient alcooliques et violentes ou qu’elles l’avaient bien cherché. L’agent de police responsable a été rapidement mis en examen et, malgré le fait que ces deux morts sont dus à une négligence de sa part et non pas à une attaque violente, il a néanmoins été condamné pour avoir provoqué la mort de ces deux victimes.

Il y a une différence significative entre les deux cas: dans le Nottinghamshire, les victimes étaient des chiens. L’officier de police avait laissé deux chiens policiers dans la voiture et les avait oubliés au soleil, tandis qu’il remplissait des papiers. Si on en juge par la réponse de la police vis à vis de ses deux tragédies, la vie de deux chiens est plus précieuse qu’une vie humaine, du moins dans les yeux de la Police .

La semaine dernière, en Grande-Bretagne, la « Association of Chief Police Officers » (ACPO) a publié un manuel de formation pour ses officiers afin de leur apprendre à réagir de manière appropriée lors de manifestations. On peut s’attendre à voir la police se répandre dans les médias pour nous dire que le tabassage et la violence contre les manifestants, c’est de l’histoire ancienne. Jusqu’à la prochaine bavure qui prouvera que ce ne sont que des mots.

L’an dernier déjà, une semaine avant le G20, le Comité Parlementaire sur les Droits Humain avait publié un rapport très sévère sur la manière dont la police britannique gère les manifestations. Le Comité mettait en garde: « Les pouvoirs exceptionnels accordés à la police dans le cadre de la lutte anti-terroriste ne doivent jamais être utilisés contre des manifestants pacifiques » et que « par principe, une manifestation pacifique et légale doit pouvoir se dérouler sans qu’il y ait intervention de l’autorité de l’Etat. » A l’époque la direction de la police avait déclaré avec véhémence qu’ils prenaient les conclusions de ce rapport très au sérieux. Et une semaine plus tard la police de Londres faisait exactement ce que le rapport avait critiqué.

En novembre dernier, l’Inspecteur général de la police (chief inspector of constabulary) avait sévèrement condamné les méthodes employées pour réprimer les manifestations par la police. Il avait rappelé aux policiers que les manifestants ne sont pas des ennemis et qu’ils n’ont pas à être traités comme des insurgés dans une province conquise militairement. Il avait insisté sur le fait que le premier devoir de la police est de faire respecter les Droits humains et donc de faciliter le droit des citoyens à se réunir et de manifester de manière pacifique. Pour l’Inspecteur général, la gestion de manifestations publiques demande, de la part de la force publique, “autre chose que la simple mise en place d’un environnement répressif et une réponse légale virulente.” Six mois plus tard, absolument rien n’a changé..

Début Mars, la justice a relaxé un manifestant accusé d’avoir jeté un bâton en direction des forces de l’ordre lors d’une manifestation devant l’ambassade d’Israël. La police basait son accusation sur une séquence vidéo… et affirmait qu’il n’existait aucune autre séquence permettant de disculper M. Smith, le manifestant. Jake Smith avait pourtant fourni à la Cour des séquences trouvées sur YouTube et qui montraient que ce n’était pas lui qui avait lancé le bâton. Mais la Police refusait de tenir compte de ces séquences, affirmant qu’ils n’avaient aucune autre séquence vidéo prises par leurs caméras et corroborant la défense de Jake Smith. Sous la loi anti-terroriste, M. Smith risquait un an de prison au minimum.

Mais deux jours avant le procès, la police avait été obligée d’avouer qu’elle disposait en fait de SEPT HEURES ET DEMIE de vidéo supplémentaire, filmées lors de la manifestation et que, sur ces vidéos, on voyait clairement qu’un autre homme avait lancé le bâton sur la police avant de s’enfuir. L’unique crime commis par Jake Smith avait été de se rendre à une manifestation et de se faire passer à tabac par la police qui l’avait attrapé au hasard, dans la foule. Il fallait bien lui coller quelque chose sur le dos, histoire de justifier son tabassage. Alors la police avait prétendu qu’il avait lancé le bâton.

Tout comme les victimes civiles en Irak et en Afghanistan sont maquillées en terroristes  — des soldats US ayant encore récemment été vus entrain de placer des armes à côté des corps de civils abattus par erreur ou dans des maisons bombardées sans raison, afin de faire croire qu’il s’agissait d’insurgés — , en Europe des manifestants innocents sont victimes de violences policières et sont systématiquement accusés d’outrage à agent ou de  comportement violent afin de justifier leur arrestation, leur passage à tabac et les empêcher de porter plainte.

L’avocat de Jake Smith a soumis la vidéo présentée par la police anglaise à un expert en vidéo. Celui-ci a clairement démontré que la séquence avait été manipulée, éditée et remontée par la police, pour faire croire à la culpabilité de Jake Smith.

Pour l’ancien juge Peter Lorens,

le « scandale est immense, car c’est la Police de notre pays qui nous ment et qui nous traite comme si nous étions des ennemis. Exactement comme dans l’affaire Tomlinson, la police n’a pas peur de mentir et de trafiquer la vérité, d’envoyer un innocent en prison pendant des années, juste pour ne pas perdre la face et reconnaître qu’ils ses sont trompés de cible. »

Et pour Andrea Tallioci, de la Commission indépendante des juristes sur le droits humains en Europe :

En France, des jeunes vivant de manière alternative (NdL&I: Julien Coupat et ses amis) ont passé six mois en prison, uniquement pour satisfaire les fantasmes sécuritaires de Monsieur Alain Bauer et de Madame Alliot-Marie. Quand la justice a souligné à quel point le dossier Coupart/Tarnac est vide, le ministère de l’intérieur a sorti de nouveaux mensonges…

La police et l’Etat détiennent un pouvoir immense par rapport au simple citoyen. Ils ont le droit de nous envoyer dans un endroit très désagréable, de détruire nos vies quotidiennes, de nous espionner… voire de nous abattre si nous faisons mine de résister. Tout cela au nom de la protection de l’ordre public. Ce pouvoir est immense et nous, en face, nous n’avons quasiment rien. Devant un tribunal, un mensonge de la part d’un policer aura toujours plus de poids que la vérité dite par un simple citoyen. La police ne se comporte plus en protecteur des civils, mais en pouvoir autonome qui nous considère, nous les civils, comme des des ennemis potentiels.

Quand la police patrouille dans les rues, quand elle surveille une manifestation ou une simple fête de voisinage, elle est dans le même état d’esprit que les soldats britanniques qui patrouillent en Iraq ou en Afghanistan. Les citoyens sont les « autres », vaguement menaçants, qu’il faut mater s’ils font mine de ne pas respecter notre autorité. Voilà ce qu’est devenue notre démocratie.

[Source: IES News Service – Lettre Hebdo 3 – Mars 2010]


Le FNAEG c’est l’apogée du système sécuritaire Fouriériste dont rève la société bourgeoise. Contrôler la masse afin de prévenir les actes adverses avant même qu’ils ne se produisent. Les ‘actes adverses’ ce sont les délits qui dérangent la classe bourgeoise : le larcin, le vandalisme, la dissidence politique. Contre tout cela, l’appareil répressif se mobilise – pas contre l’abus de biens sociaux, l’évasion fiscale, les patron voyous…

[Marie-Pierre Subtil – LE MONDE | 18.09.09]

Il agit toujours en plein jour, devant un public ami, après avoir invité la presse et même parfois la police. Juché sur un escabeau, il « barbouille » une des grandes affiches qui enlaidissent le paysage de l’un de ses slogans préférés – « la pub fait dé-penser ». Si la police n’a pas assisté au spectacle, il se rend à pied au commissariat pour faire une déposition.

François Vaillant est l’un des fondateurs du Collectif des déboulonneurs. Cet ancien dominicain de 58 ans, rédacteur en chef de la revue Alternatives non violentes, doit comparaître lundi 21 septembre devant le tribunal de Rouen. Non pas en tant que « barbouilleur », mais parce qu’il refuse de figurer dans le Fichier national des empreintes génétiques, le Fnaeg. Pourquoi, demande-t-il, les empreintes d' »un dissident, pas un délinquant », figureraient-elles dans ce fichier qui recense déjà plus d’un million de personnes ? Pourquoi accepter l’existence d’un tel fichier, « une aubaine dans l’éventualité d’un gouvernement de type Vichy » ?

En mai 2007, il avait été condamné à 1 euro d’amende pour dégradation de mobilier urbain. Il rêve maintenant d’un procès contre un afficheur. Des paysans du Larzac qui l’ont formé quand il avait 20 ans, il a appris que le procès est une tribune publique, un des outils de la désobéissance civile. Ce lundi, sa cause sera celle des centaines de personnes qui, chaque année, refusent un prélèvement d’ADN.

Un an après avoir été condamné, il avait été convoqué au commissariat et, sommé d’offrir un échantillon de salive, avait refusé d’ouvrir la bouche. Il le sait : il a la loi contre lui, et l’infraction est passible d’un an de prison ferme et de 15 000 euros d’amende.

Marie-Christine Blandin viendra témoigner en sa faveur. Depuis qu’elle a été élue sénatrice (Verts), l' »ancienne prof de sciences nat' », effrayée par les conséquences du fichage génétique, fait le tour de France des tribunaux pour soutenir les récalcitrants. Vendredi 18 septembre, elle devait être à Caen au procès de François Dufour et de l’un de ses camarades du Collectif des faucheurs volontaires. Jugé en mai 2008 pour refus de prélèvement, l’ancien porte-parole de la Confédération paysanne avait été relaxé, mais le parquet a fait appel.

Les procès pour refus de prélèvement d’ADN se multiplient. Au ministère de la justice, faute de statistiques sur les relaxes, leur nombre demeure inconnu. Reste celui des condamnations : 245 en 2004, 519 en 2007. C’est peu, comparé à l’inflation du nombre de personnes fichées : 40 000 en 2004, 806 356 au 1er octobre 2008, 1 080 000 au 1er septembre 2009. Au cours du seul mois d’août, 34 500 personnes ont été répertoriées dans le Fnaeg, indique le commissaire principal Bernard Manzoni, à la police technique et scientifique, installée à Ecully, près de Lyon.

Le Fnaeg est « un outil efficace », note le commissaire. Depuis sa création, il a permis 25 000 rapprochements entre des traces relevées sur une scène d’infraction et des empreintes fichées. « Il faut reconnaître qu’il permet de résoudre des affaires, mais on est maintenant dans une logique d’alimentation du fichier, estime Matthieu Bonduelle, le secrétaire général du Syndicat de la magistrature. Personne ne prône le fichage généralisé, mais, de fait, on est en train de l’effectuer. »

Plus d’un million aujourd’hui, combien demain ? « On n’est pas en vitesse de croisière », remarque Yann Padova, le secrétaire général de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL). Avant d’occuper ces fonctions, Yann Padova avait fait un calcul basé sur des statistiques policières et judiciaires de 2003 et 2004 : potentiellement, le Fnaeg était alors susceptible de répertorier les empreintes de 4 millions de personnes.

C’est que le recrutement est large : y figurent non seulement les personnes qui ont été condamnées dans le cadre de 137 infractions (à l’exception notable des délits financiers), mais aussi les suspects à l’encontre desquels « il existe des indices graves ou concordants ». Sur les 1 080 000 personnes fichées au 1er septembre, 263 000 l’avaient été à la suite d’une condamnation (leur empreinte sera conservée quarante ans), et 817 000 simplement comme « mises en cause dans des affaires judiciaires » (la conservation est alors de vingt-cinq ans).

Créé en 1998 sous Lionel Jospin pour recenser les empreintes des auteurs d’infractions sexuelles, modifié en 2001 par la loi Vaillant, le Fnaeg a changé de nature en 2003, lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l’intérieur. Les infractions banales et les personnes suspectées ont été introduites, la sanction pour refus a été alourdie, et surtout les officiers de police judiciaire ont été habilités à ordonner un prélèvement, alors que seuls les magistrats avaient ce privilège.

La CNIL reçoit chaque année « une petite dizaine » de plaintes de personnes qui demandent à être radiées du fichier. Parmi elles, un père qui y figurait pour non-paiement de pension alimentaire. Pour Benjamin Deceuninck, un des animateurs du collectif Refus-ADN (Refusadn.free.fr), « la police a automatisé le fichage : maintenant, dès qu’on se retrouve au commissariat, on doit donner son empreinte, c’est une politique du chiffre« .

Lui-même a déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), à Strasbourg, en octobre 2008, après avoir été condamné à 500 euros d’amende par la Cour de cassation pour refus de prélèvement. La CEDH a aussi été saisie par un collectif de trente-deux faucheurs volontaires. C’est que les récalcitrants se recrutent chez les désobéisseurs de tout poil, des anti-OGM aux anti-pub en passant par les jeunes gens de Tarnac. Mais pas seulement.

Jean-Yves Hubert, lui, se souviendra longtemps de ce matin de 2006 où il s’est disputé avec son colocataire pour une histoire de loyer. Ils se sont battus, le colocataire a porté plainte. Au commissariat, le jeune homme a refusé qu’on lui prélève un peu de salive. Question de principe. Etudiant en informatique, il refuse d’être « catalogué comme un violeur« , s’interroge sur ce que ce fichier « donnera à l’avenir« , voit « un acte de défiance » dans cette volonté de le ficher et, « par symétrie« , se méfie. Il a été condamné à 500 euros d’amende et un an de prison avec sursis pour violences volontaires et refus de prélèvement d’ADN.

Devenu consultant en informatique, le jeune homme n’en est pas quitte pour autant. Car le délit est « continu ». Un an après sa condamnation, nouvelle convocation pour prélèvement, nouveau refus, nouvelle amende. Jean-Yves Hubert fait appel, perd. Son « entêtement » lui a coûté 2 850 euros et il peut à tout moment recevoir une nouvelle convocation – « peut-être au lendemain de la publication de l’article … », plaisante-t-il. Quelques mois avant la fameuse bagarre, il avait adhéré à l’UMP. Il n’a pas renouvelé sa cotisation.

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/09/18/adn-ouvrez-la-bouche-vous-etes-fiche_1242095_3224.html


[Solidarité Inculpés – Juin 2009]

La brochure Mauvaises Intentions 2 a été ré-imprimée à des milliers d’exemplaires. N’hésitez surtout pas à la diffuser largement. On peut vous en envoyer plein, il suffit de le demander!

Cette brochure propose une chronologie des arrestations de Janvier 2008, des lettres des camarades inculpés, ainsi que des analyses sur les tactiques policières et judiciaires, l’ADN, la lutte contre les centres de rétention, le sabotage, puis un retour sur les actions de solidarités. Dans ce dossier se trouvent archivés – de manière exhaustive – les textes, analyses, comptes-rendus d’actions glanés sur les sites d’informations « alternatifs », ainsi que les articles policiers de la « grande presse » se rapportant à l’ »outil antiterroriste » et à la « mouvance anarcho-autonome »…

Le dossier « Mauvaises intentions » a été mis en place en juin 2008 à la suite des premières inculpations sous régime antiterroriste de personnes fichées par la police comme « anarcho-autonomes ». Ce dossier constitue le principal relais rassemblant tous les textes écrits par ou pour ces personnes. En novembre 2008, une autre opération « antiterroriste » ciblant la « mouvance anarcho-autonome » a eu lieu : l’affaire dite de Tarnac. Cette affaire ayant pris énormément de place médiatiquement, nous avons cessé au cours du mois de février de répertorier exhaustivement les articles faisant référence à cette affaire.

Un site internet [http://infokiosques.net/mauvaises_intentions] très régulièrement mis à jour permet de se tenir au courant et une adresse mail [solidaritesinculpes@riseup.net] existe, notamment pour s’inscrire à une mailing-list et recevoir directement les dernières infos.

Pour payer l’impression de cette brochure, les frais de déplacements liés au contrôle judiciaire, et de photocopies (tracts,etc…), nous avons besoin d’argent. Pour cela, vous pouvez envoyer un chèque à l’ordre du C.I.C.P. à l’adresse :   Mauvaises Intentions, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris.

http://infokiosques.net/mauvaises_intentions


La reprise de l’article de Yves Eudes sur le service AKA-AKI nous a valu un paquet de commentaires et courriers. Une bonne partie d’entre eux disent en substance : « Ne soyez pas paranos, ce service est cool, on s’en fout d’être pistés, ça craint rien… ». Profitant d’une rare occasion où la majorité des membres du réseau L&I était rassemblée autour d’un excellent cassoulet, nous avons pondu la réponse suivante :

Dernier commentaire en date, déposé ce matin par « BigBrother » :

Mais…
je ne saisi pas le malaise… certains l’ont déjà signalé mais j’ai personnellement cette appli sur mon téléphone parce que je l’ai voulu, si je ne l’avais pas installé je ne l’aurais pas…
De plus il n’y a qu’un pseudo, éventuellement un âge et éventuellement encore une photo mais rien de personnel (pas de lieu de travail pas de domicile, pas d' »historique de déplacement », pas de nom de famille, pas de numéro de téléphone)…
En plus le bluetooth n’est pas utilisé par cette appli elle utilise uniquement les coordonnées GPS du téléphone ou de la BTS (l’antenne du reseau 3g).
Je pense qu’il faudrait tester les applis avant de crier au loup.
A mon sens il faut vraiment avoir des choses à ce reprocher pour avoir peur de ce genre de chose…
Une société commerciale s’interresse à mon historique web? Et alors? S’il n’ont que ça à faire.
Quelqu’un (on ne sait qui) serait suffisement désoeuvré pour s’interresser à mes déplacements et jubile parce qu’il sait que je suis allé sur les champs elysées entre midi et deux? Super et alors, s’il cette personne n’a que ça a faire…
Vous pensez sincerement qu’il y a une société secrète composée d’une armée de nolife derrière des écrans qui s’interresse à nos vies?

« – Oh regarde j’ai kikou92 qui va acheter du pain.
– Bien joué Crucho note-le ça m’en fait 54422 aujourd’hui.
– Pichar! j’en ai un qui retourne au supermarché, c’est « bebe75″ il y est déjà allé ce matin
– Génial j’le note c’est le 521e aujourd’hui qui oubli un truc en faisant ces courses »

C’est vraiment se donner de l’importance 🙂

Je suis d’accord avec vous pour que les données privée des fichiers administratifs soient contrôlées (EDVIGE etc) parce que les données sont administrative et policières… mais là… AKA AKI… il faut se destresser.

Keep Cool

Réponse : Oui, on peut aborder la question comme ça, en se disant « Ne soyons pas paranos », ou bien (comme le disaient nos mamans) « Si on a rien à se reprocher… ».

Le seul problème – et c’est là la clé de tout le débat sur la protection de la vie privée – c’est que on a toujours quelque chose à se reprocher et que ce quelque chose peut être utilisé contre vous, quand vous vous y attendez le moins, de manière parfois disproportionnée et sans que vous ayez la moindre occasion de vous justifier.

C’était déjà le débat avec les photos sur MySpace qui se retrouvaient dans les entretiens d’embauche des RH (https://libertesinternets.wordpress.com/2009/04/03/nos-vies-sur-internet-a-perpete/), les mails « pas sérieux » qui sont versés au dossier d’un salarié pour un futur chantage au licenciement  (https://libertesinternets.wordpress.com/2009/08/17/un-tiers-des-responsables-informatiques-espionnent-leur-collegues/) , ou encore l’application des hollandais qui piste les téléphones portables des hommes politiques et des people pour voir qui se ballade dans le quartier des putes (cf: https://libertesinternets.wordpress.com/2009/04/16/encore-pire-que-aka-aki-le-flicage-sauvage-par-bluetooth/).

Compte tenu du niveau trash de la presse caniveau et des méthodes de plus en plus dégueu de la politique (regarde le niveau de la campagne des Républicains aux USA), tu vois tout ce qu’on peut tirer de ce genre d’infos. « Le député Machin a été repéré dans une rue où il y a des sex-shops – expliquez vous Monsieur Machin !« .

On peut même aller chercher des exemples plus sinistres: si tu as un nom de bougnoule et que ton téléphone portable te flique comme étant allé dans un pays « suspect », tu peux te retrouver en enfer quand tu rentres chez toi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Murat_Kurnaz.

Et si tu choisis un mode de vie alternatif et que tu as le malheur de faire l’amour au mauvais endroit avec ta copine, le flicage de ta vie privée t’enverra en prison pour six mois (https://libertesinternets.wordpress.com/2009/05/29/tarnac-enquete-sur-un-fiasco-qui-en-dit-long-sur-la-france-de-sarkozy/) .

Ou encore le débat avec Google Street View qui ne floutait pas les visages des passants, causant par exemple le licenciement d’un coursier à vélo, surpris entrain de pisser contre un arbre. (http://maps.google.com/maps?f=q&hl=en&q=San+Bruno,+California,+United+States&ie=UTF8&ll=37.625041,-122.482667&spn=0.022331,0.038109&z=15&om=1&layer=c&cbll=37.617952,-122.485275&cbp=1,228.978817071945,0.56251897101312,3)

Avec les données numériques, ce n’est pas compliqué de compiler des milliards de données de déplacements individuels et d’en établir des profils. Les programmes qui font cela existent et sont en usage depuis des années.

Le profil commercial est le Saint Graal de toute l’industrie publicitaire. Tu es bien naif(ve) si tu crois que « les gens ont mieux à faire que… » – non, justement, ils dépensent des millions pour savoir ce que tu fais, ce que tu achètes, où tu vas, combien de temps tu t’arrêtes devant une vitrine… etc. etc. C’est le fluide vital de toute l’industrie du commerce.

Et une fois que tu es « profilé », qu’on sait ce que tu achètes, ce que tu regardes, ce que tu lis, sur quoi tu bandes (ou mouilles), dans quels endroits tu vas, où tu te trouves en ce moment… quand toute cette information est rassemblée et ordonnée par des entreprises commerciales comme Google ou Clickpoint et bien où est ta vie privée ? Et surtout, qui va la contrôler ? Et surtout de quel droit ces entreprises archivent-elles ces données, sans aucun contrôle du législateur ? Facebook conserve les archives de tes données, même si tu as fermé ton compte. Idem pour Google.

Et tu crois que le simple fait d’anonymiser les données ne permettra pas de te retrouver ? Va donc demander à « Marc L. » ce qu’il en pense (https://libertesinternets.wordpress.com/2009/04/16/3909/).

Qui empêchera ta compagnie d’assurance d’aller acheter ces données chez Clickpoint pour te faire payer des primes plus élevées (parce que ton profil indique que tu achètes des clopes et ne fais pas assez de sport) – voire te refuser un remboursement de soins parce que, sur ton profil MySpace ou Facebook, on te voit entrain de faire du vélo sans casque ? Ce n’est pas de la science-fiction, c’est déjà arrivé.

Et qui va empêcher un avocat de divorce ou bien l’avocat de ton employeur d’exiger de consulter ton Historique Web sur Google ou bien ton historique de déplacements sur Aka-Aki afin de prouver que tu te masturbes tous les jours sur Youporn ou bien que tu n’étais pas au boulot alors que tu étais censé y être (c’est ce qui est arrivé à un commercial à Paris, pisté via son téléphone portable d’entreprise. Il avait fait un détour hors de son secteur pour faire une course personnelle, lors de ses heures de boulot).

On te dira « Si vous êtes innocent, vous n’avez rien à cacher, alors donnez nous votre mot de passe pour consulter votre Historique Web et savoir ainsi qui vous êtes et si vous correspondez bien aux valeurs de notre Entreprise« . Si tu dis non, tu peux être certain que t’auras pas le job.
C’est déjà ce que fait la ville de Bozeman (https://libertesinternets.wordpress.com/2009/06/21/tu-veux-un-job-chez-nous-donne-nous-ton-mot-de-passe-facebook-twitter-gmail/)

Tu penses que nous sommes paranos ?

Peut-être, mais avant de diffuser des milliards d’informations privées sur nous, même si « nous n’avons rien à nous reprocher », on devrait au moins avoir la possibilité d’en débattre – voire de pouvoir avoir le moyen de contrôler et gérer nos propres données. Or, à ce jour, on a rarement vu les gouvernements (avec leurs faibles moyens, demande un peu à Alex Türk de combien de budget dispose la CNIL) aller faire la loi chez les grosses multinationales comme Google, Yahoo, FaceBook ou ClickPoint…

Voilà, nous espérons t’avoir convaincu que – en tant que consommateur – tu as une importance pour ces gens là, et que tes données ne t’appartiennent plus. Si cela ne te dérange pas, alors c’est ton affaire. Mais le droit le plus élémentaire c’est celui d’avoir une vie privée. Et ce droit, nous avons à coeur de le défendre…. sans nous faire moquer par des gens qui nous traitent de paranos et conspirationistes à cause de cela.

Amicalement

L’équipe de veilleurs d’info de Libertés-Internets


Il faut bien désigner quelques « classes dangereuses » à la vindicte du populo, si on veut lui faire avaler la pilule des budgets sécuritaires… et quoi de mieux pour augmenter l’efficacité de la police que de se fabriquer ses propres criminels ?

[Anaëlle Verzaux – Bakchich – 17/07/2009]

La France a peur. Et la traque des anars ultra ne s’arrête pas à Julien Coupat. Trois tagueurs anti-fascistes ont eux aussi fait les frais d’une justice et d’une police en plein revival du terrorisme d’Action directe.

En 2008, la France a peur. Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur, met le paquet sur la menace anarcho-autonome. Avec Julien Coupat et son « gang » de Tarnac en ligne de mire. Et autour, de petites affaires Coupat, passées à peu près inaperçues.

Dans la nuit du 22 au 23 mai 2008, alors que l’enquête préliminaire sur les « terroristes » de Tarnac est entamée, Jean, Emilie et Julien, trois anti-fascistes, taguent le mur de l’Asiem (Association immobilière de l’Ecole militaire), dans le 7e arrondissement de Paris, où le Bloc identitaire a prévu de se réunir. L’inscription : « Identitaires, hors de nos vies ! » De quoi faire frémir de terreur flics, militaires et ministère de l’Intérieur. Et il faut croire que la peur les a gagnés en effet. A cause de ce tag malheureux, nos trois anti-fascistes subissent tout un tintouin généralement réservé aux crimes plus graves.

Pour commencer, perquisition au domicile de chacun. Une perquisition originale, d’après Jean qui, professeur d’histoire géographie, exerce dans un lycée de la banlieue nord parisienne et habite la capitale. L’enseignant raconte :

« Un matin, dix policiers sont venus sonner chez moi. L’un d’eux s’est présenté comme étant des Renseignements Généraux (RG). Devant ma femme, Emmanuelle, et mes deux enfants, les policiers ont un peu fouillé la baraque. Ils m’ont demandé où étaient les tracts et les bombes de peinture. J’ai répondu j’en ai pas ici. Ils ont demandé où étaient les armes. J’en avais pas, des armes ! Ils n’ont pas pris l’ordinateur, pensant que c’était une télévision. Bizarre. Ils m’ont demandé où étaient rangés les livres anars. Ils ne trouvaient pas parce que la plupart de nos livres sont écrits en langue étrangère – ma femme est professeur d’allemand. C’était très clair, ils cherchaient des anarcho-autonomes ».

Les policiers repartent, Jean sous le bras. Comme ses amis Emilie et Julien (tous deux étudiants en histoire), Jean est gardé à vue 24 heures. Sa femme Emmanuelle sera interrogée quelques jours plus tard, durant 39 heures. « Sous pression », Emilie avoue des « trucs » qui, dit-elle, « n’ont rien à voir avec la réalité ». Mais pour les flics, c’est clair, la jeune Emilie est manipulée par Jean l’enseignant, et leader du groupe anarcho-autonome.

Garde à vue dans les locaux d’une unité anti-racolage

Sous pression, Emilie ? Il faut dire que les gardes à vue ne se font pas dans un commissariat ordinaire… Mais dans les locaux d’une unité spéciale choc de la police urbaine de proximité, créée en octobre 2003, dans le cadre des lois Sarkozy sur la sécurité. L’USIT (Unité de soutien et d’investigation territoriale), spécialement conçue pour renforcer la lutte contre la prostitution et le racolage. Et qui, depuis peu, s’occupe de toutes les formes de criminalité en réseau (trafic de métaux, etc.).

Dans le cadre de l’enquête policière qui s’ensuit, le père de Jean et le proviseur adjoint du lycée dans lequel Jean enseigne sont convoqués par les flics de l’USIT. Les conversations téléphoniques des trois terroristes supposés sont surveillées et on relève, sur les lieux du « crime », les empreintes ADN et digitales. Au total, un dossier de 600 pages ! Du lourd…

Il faut dire que le tag tombe au mauvais moment. Quelques mois seulement après le début de l’enquête sur Tarnac et la déclaration, dans les colonnes du Monde, de Michèle Alliot-Marie, encore ministre de l’Intérieur, sur les dangers de l’ultra : « L’affaiblissement à droite comme à gauche des partis politiques qui permettent d’exprimer les frustrations sociales se traduit, l’histoire de France et de ses voisins le montre, par l’apparition de mouvements radicaux et violents » . Une déclaration que ne reniera pas Rachida Dati qui, le 3 juin 2008, adressait une petite note aux procureurs de France, afin d’attirer l’attention sur « la multiplication d’actions violentes (…) susceptibles d’être attribuées à la mouvance anarcho-autonome ».

Le ridicule ne tue pas, mais l’amende peut être salée

En plus de l’enquête menée par l’USIT, le petit groupe de tagueurs est sous le coup d’une enquête judiciaire. A cause de la plainte, déposée par l’Asiem (l’Association immobilière de l’Ecole militaire), pour « dégradation ou détérioration de bien par inscription ou dessin sur le territoire national ».

Le procès, qui s’est tenu mercredi 1er juillet, inspirait bien plus le ridicule que la crainte de voir ressurgir Action Directe. Le ridicule de voir à quel point la vingtaine de jeunes du réseau No Pasaran, venus soutenir leurs amis, ne ressemblent pas aux terroristes de Michèle Alliot-Marie. S’ils luttent « contre le système capitaliste », le « fascisme » et « l’extrême droite » de façon « radicale », c’est toujours « sans violence ». Le ridicule, aussi, de voir le hiatus entre l’épaisseur de l’enquête et le verdict, presque mesquin : 250 euros d’amende par personne.

http://www.bakchich.info/Un-air-de-petit-Tarnac,08232.html


Alain Bauer a raison ! A la lecture de ce texte excellent, on peut comprendre pourquoi Coupat est en prison. Ce mec est dangereux, chacune de ces idées est mille fois plus « terroriste » qu’un crampon de caténaire. Un esprit pareil, on l’embastille…et on le fait taire.

Ca ne m’étonnerait pas que, sous l’effet des psychotropes qu’on lui fourge en cachette dans sa gamelle, le « gourou de Tarnac » soit retrouvé un jour, pendu par la ceinture de son peignoir, dans sa cellule… le pouvoir  a toujours su identifier les véritables terroristes et les éliminer. On connait cela au moins depuis 1793…

Julien Coupat : « La prolongation de ma détention est une petite vengeance »
[Propos recueillis par Isabelle Mandraud et Caroline Monnot – LE MONDE | 25.05.09]
Voici les réponses aux questions que nous avons posées par écrit à Julien Coupat. Mis en examen le 15 novembre 2008 pour « terrorisme » avec huit autres personnes interpellées à Tarnac (Corrèze) et à Paris, il est soupçonné d’avoir saboté des caténaires SNCF. Il est le dernier à être toujours incarcéré. Pour des raisons de place, Le Monde a coupé une question et sa réponse dans la version imprimée, mais publie l’intégralité de l’entretien sur lemonde.fr. M. Coupat a demandé à ce que certains mots soient en italiques.

Comment vivez-vous votre détention ?

Très bien merci. Tractions, course à pied, lecture.

Pouvez-nous nous rappeler les circonstances de votre arrestation ?

Une bande de jeunes cagoulés et armés jusqu’aux dents s’est introduite chez nous par effraction. Ils nous ont menacés, menottés, et emmenés non sans avoir préalablement tout fracassé. Ils nous ont enlevés à bord de puissants bolides roulant à plus de 170 km/h en moyenne sur les autoroutes. Dans leurs conversations, revenait souvent un certain M. Marion [ancien patron de la police antiterroriste] dont les exploits virils les amusaient beaucoup comme celui consistant à gifler dans la bonne humeur un de ses collègues au beau milieu d’un pot de départ. Ils nous ont séquestrés pendant quatre jours dans une de leurs « prisons du peuple » en nous assommant de questions où l’absurde le disputait à l’obscène.

Celui qui semblait être le cerveau de l’opération s’excusait vaguement de tout ce cirque expliquant que c’était de la faute des « services », là-haut, où s’agitaient toutes sortes de gens qui nous en voulaient beaucoup. A ce jour, mes ravisseurs courent toujours. Certains faits divers récents attesteraient même qu’ils continuent de sévir en toute impunité.

Les sabotages sur les caténaires SNCF en France ont été revendiqués en Allemagne. Qu’en dites-vous?

Au moment de notre arrestation, la police française est déjà en possession du communiqué qui revendique, outre les sabotages qu’elle voudrait nous attribuer, d’autres attaques survenues simultanément en Allemagne. Ce tract présente de nombreux inconvénients : il est posté depuis Hanovre, rédigé en allemand et envoyé à des journaux d’outre-Rhin exclusivement, mais surtout il ne cadre pas avec la fable médiatique sur notre compte, celle du petit noyau de fanatiques portant l’attaque au cœur de l’Etat en accrochant trois bouts de fer sur des caténaires. On aura, dès lors, bien soin de ne pas trop mentionner ce communiqué, ni dans la procédure, ni dans le mensonge public.

Il est vrai que le sabotage des lignes de train y perd beaucoup de son aura de mystère : il s’agissait simplement de protester contre le transport vers l’Allemagne par voie ferroviaire de déchets nucléaires ultraradioactifs et de dénoncer au passage la grande arnaque de « la crise ». Le communiqué se conclut par un très SNCF « nous remercions les voyageurs des trains concernés de leur compréhension ». Quel tact, tout de même, chez ces « terroristes »!

Vous reconnaissez-vous dans les qualifications de « mouvance anarcho-autonome » et d' »ultragauche »?

Laissez-moi reprendre d’un peu haut. Nous vivons actuellement, en France, la fin d’une période de gel historique dont l’acte fondateur fut l’accord passé entre gaullistes et staliniens en 1945 pour désarmer le peuple sous prétexte d' »éviter une guerre civile ». Les termes de ce pacte pourraient se formuler ainsi pour faire vite : tandis que la droite renonçait à ses accents ouvertement fascistes, la gauche abandonnait entre soi toute perspective sérieuse de révolution. L’avantage dont joue et jouit, depuis quatre ans, la clique sarkozyste, est d’avoir pris l’initiative, unilatéralement, de rompre ce pacte en renouant « sans complexe » avec les classiques de la réaction pure – sur les fous, la religion, l’Occident, l’Afrique, le travail, l’histoire de France, ou l’identité nationale.

Face à ce pouvoir en guerre qui ose penser stratégiquement et partager le monde en amis, ennemis et quantités négligeables, la gauche reste tétanisée. Elle est trop lâche, trop compromise, et pour tout dire, trop discréditée pour opposer la moindre résistance à un pouvoir qu’elle n’ose pas, elle, traiter en ennemi et qui lui ravit un à un les plus malins d’entre ses éléments. Quant à l’extrême gauche à-la-Besancenot, quels que soient ses scores électoraux, et même sortie de l’état groupusculaire où elle végète depuis toujours, elle n’a pas de perspective plus désirable à offrir que la grisaille soviétique à peine retouchée sur Photoshop. Son destin est de décevoir.

Dans la sphère de la représentation politique, le pouvoir en place n’a donc rien à craindre, de personne. Et ce ne sont certainement pas les bureaucraties syndicales, plus vendues que jamais, qui vont l’importuner, elles qui depuis deux ans dansent avec le gouvernement un ballet si obscène. Dans ces conditions, la seule force qui soit à même de faire pièce au gang sarkozyste, son seul ennemi réel dans ce pays, c’est la rue, la rue et ses vieux penchants révolutionnaires. Elle seule, en fait, dans les émeutes qui ont suivi le second tour du rituel plébiscitaire de mai 2007, a su se hisser un instant à la hauteur de la situation. Elle seule, aux Antilles ou dans les récentes occupations d’entreprises ou de facs, a su faire entendre une autre parole.

Cette analyse sommaire du théâtre des opérations a dû s’imposer assez tôt puisque les renseignements généraux faisaient paraître dès juin 2007, sous la plume de journalistes aux ordres (et notamment dans Le Monde) les premiers articles dévoilant le terrible péril que feraient peser sur toute vie sociale les « anarcho-autonomes ». On leur prêtait, pour commencer, l’organisation des émeutes spontanées, qui ont, dans tant de villes, salué le « triomphe électoral » du nouveau président.

Avec cette fable des « anarcho-autonomes », on a dessiné le profil de la menace auquel la ministre de l’intérieur s’est docilement employée, d’arrestations ciblées en rafles médiatiques, à donner un peu de chair et quelques visages. Quand on ne parvient plus à contenir ce qui déborde, on peut encore lui assigner une case et l’y incarcérer. Or celle de « casseur » où se croisent désormais pêle-mêle les ouvriers de Clairoix, les gamins de cités, les étudiants bloqueurs et les manifestants des contre-sommets, certes toujours efficace dans la gestion courante de la pacification sociale, permet de criminaliser des actes, non des existences. Et il est bien dans l’intention du nouveau pouvoir de s’attaquer à l’ennemi, en tant que tel, sans attendre qu’il s’exprime. Telle est la vocation des nouvelles catégories de la répression.

Il importe peu, finalement, qu’il ne se trouve personne en France pour se reconnaître « anarcho-autonome » ni que l’ultra-gauche soit un courant politique qui eut son heure de gloire dans les années 1920 et qui n’a, par la suite, jamais produit autre chose que d’inoffensifs volumes de marxologie. Au reste, la récente fortune du terme « ultragauche » qui a permis à certains journalistes pressés de cataloguer sans coup férir les émeutiers grecs de décembre dernier doit beaucoup au fait que nul ne sache ce que fut l’ultragauche, ni même qu’elle ait jamais existé.

A ce point, et en prévision des débordements qui ne peuvent que se systématiser face aux provocations d’une oligarchie mondiale et française aux abois, l’utilité policière de ces catégories ne devrait bientôt plus souffrir de débats. On ne saurait prédire, cependant, lequel d' »anarcho-autonome » ou d' »ultragauche » emportera finalement les faveurs du Spectacle, afin de reléguer dans l’inexplicable une révolte que tout justifie.

La police vous considère comme le chef d’un groupe sur le point de basculer dans le terrorisme. Qu’en pensez-vous?

Une si pathétique allégation ne peut être le fait que d’un régime sur le point de basculer dans le néant.

Que signifie pour vous le mot terrorisme?

Rien ne permet d’expliquer que le département du renseignement et de la sécurité algérien suspecté d’avoir orchestré, au su de la DST, la vague d’attentats de 1995 ne soit pas classé parmi les organisations terroristes internationales. Rien ne permet d’expliquer non plus la soudaine transmutation du « terroriste » en héros à la Libération, en partenaire fréquentable pour les accords d’Evian, en policier irakien ou en « taliban modéré » de nos jours, au gré des derniers revirements de la doctrine stratégique américaine.

Rien, sinon la souveraineté. Est souverain, en ce monde, qui désigne le terroriste. Qui refuse d’avoir part à cette souveraineté se gardera bien de répondre à votre question. Qui en convoitera quelques miettes s’exécutera avec promptitude. Qui n’étouffe pas de mauvaise foi trouvera un peu instructif le cas de ces deux ex – « terroristes » devenus l’un premier ministre d’Israël, l’autre président de l’Autorité palestinienne, et ayant tous deux reçus, pour comble, le Prix Nobel de la paix.

Le flou qui entoure la qualification de « terrorisme », l’impossibilité manifeste de le définir ne tiennent pas à quelque provisoire lacune de la législation française : ils sont au principe de cette chose que l’on peut, elle, très bien définir : l’antiterrorisme dont ils forment plutôt la condition de fonctionnement. L’antiterrorisme est une technique de gouvernement qui plonge ses racines dans le vieil art de la contre-insurrection, de la guerre dite « psychologique », pour rester poli.

L’antiterrorisme, contrairement à ce que voudrait insinuer le terme, n’est pas un moyen de lutter contre le terrorisme, c’est la méthode par quoi l’on produit, positivement, l’ennemi politique en tant que terroriste. Il s’agit, par tout un luxe de provocations, d’infiltrations, de surveillance, d’intimidation et de propagande, par toute une science de la manipulation médiatique, de l' »action psychologique », de la fabrication de preuves et de crimes, par la fusion aussi du policier et du judiciaire, d’anéantir la « menace subversive » en associant, au sein de la population, l’ennemi intérieur, l’ennemi politique à l’affect de la terreur.

L’essentiel, dans la guerre moderne, est cette « bataille des cœurs et des esprits » où tous les coups sont permis. Le procédé élémentaire, ici, est invariable : individuer l’ennemi afin de le couper du peuple et de la raison commune, l’exposer sous les atours du monstre, le diffamer, l’humilier publiquement, inciter les plus vils à l’accabler de leurs crachats, les encourager à la haine. « La loi doit être utilisée comme simplement une autre arme dans l’arsenal du gouvernement et dans ce cas ne représente rien de plus qu’une couverture de propagande pour se débarrasser de membres indésirables du public. Pour la meilleure efficacité, il conviendra que les activités des services judiciaires soient liées à l’effort de guerre de la façon la plus discrète possible », conseillait déjà, en 1971, le brigadier Frank Kitson [ancien général de l’armée britannique, théoricien de la guerre contre-insurrectionelle], qui en savait quelque chose.

Une fois n’est pas coutume, dans notre cas, l’antiterrorisme a fait un four. On n’est pas prêt, en France, à se laisser terroriser par nous. La prolongation de ma détention pour une durée « raisonnable » est une petite vengeance bien compréhensible au vu des moyens mobilisés, et de la profondeur de l’échec; comme est compréhensible l’acharnement un peu mesquin des « services », depuis le 11 novembre, à nous prêter par voie de presse les méfaits les plus fantasques, ou à filocher le moindre de nos camarades. Combien cette logique de représailles a d’emprise sur l’institution policière, et sur le petit cœur des juges, voilà ce qu’auront eu le mérite de révéler, ces derniers temps, les arrestations cadencées des « proches de Julien Coupat ».

Il faut dire que certains jouent, dans cette affaire, un pan entier de leur lamentable carrière, comme Alain Bauer [criminologue], d’autres le lancement de leurs nouveaux services, comme le pauvre M. Squarcini [directeur central du renseignement intérieur], d’autres encore la crédibilité qu’ils n’ont jamais eue et qu’ils n’auront jamais, comme Michèle Alliot-Marie.

Vous êtes issu d’un milieu très aisé qui aurait pu vous orienter dans une autre direction…

« Il y a de la plèbe dans toutes les classes » (Hegel).

Pourquoi Tarnac?

Allez-y, vous comprendrez. Si vous ne comprenez pas, nul ne pourra vous l’expliquer, je le crains.

Vous définissez-vous comme un intellectuel? Un philosophe ?

La philosophie naît comme deuil bavard de la sagesse originaire. Platon entend déjà la parole d’Héraclite comme échappée d’un monde révolu. A l’heure de l’intellectualité diffuse, on ne voit pas ce qui pourrait spécifier « l’intellectuel », sinon l’étendue du fossé qui sépare, chez lui, la faculté de penser de l’aptitude à vivre. Tristes titres, en vérité, que cela. Mais, pour qui, au juste, faudrait-il se définir?

Etes-vous l’auteur du livre L’insurrection qui vient ?

C’est l’aspect le plus formidable de cette procédure : un livre versé intégralement au dossier d’instruction, des interrogatoires où l’on essaie de vous faire dire que vous vivez comme il est écrit dans L’insurrection qui vient, que vous manifestez comme le préconise L’insurrection qui vient, que vous sabotez des lignes de train pour commémorer le coup d’Etat bolchevique d’octobre 1917, puisqu’il est mentionné dans L’insurrection qui vient, un éditeur convoqué par les services antiterroristes.

De mémoire française, il ne s’était pas vu depuis bien longtemps que le pouvoir prenne peur à cause d’un livre. On avait plutôt coutume de considérer que, tant que les gauchistes étaient occupés à écrire, au moins ils ne faisaient pas la révolution. Les temps changent, assurément. Le sérieux historique revient.

Ce qui fonde l’accusation de terrorisme, nous concernant, c’est le soupçon de la coïncidence d’une pensée et d’une vie; ce qui fait l’association de malfaiteurs, c’est le soupçon que cette coïncidence ne serait pas laissée à l’héroïsme individuel, mais serait l’objet d’une attention commune. Négativement, cela signifie que l’on ne suspecte aucun de ceux qui signent de leur nom tant de farouches critiques du système en place de mettre en pratique la moindre de leurs fermes résolutions; l’injure est de taille. Malheureusement, je ne suis pas l’auteur de L’insurrection qui vient – et toute cette affaire devrait plutôt achever de nous convaincre du caractère essentiellement policier de la fonction auteur.

J’en suis, en revanche, un lecteur. Le relisant, pas plus tard que la semaine dernière, j’ai mieux compris la hargne hystérique que l’on met, en haut lieu, à en pourchasser les auteurs présumés. Le scandale de ce livre, c’est que tout ce qui y figure est rigoureusement, catastrophiquement vrai, et ne cesse de s’avérer chaque jour un peu plus. Car ce qui s’avère, sous les dehors d’une « crise économique », d’un « effondrement de la confiance », d’un « rejet massif des classes dirigeantes », c’est bien la fin d’une civilisation, l’implosion d’un paradigme : celui du gouvernement, qui réglait tout en Occident – le rapport des êtres à eux-mêmes non moins que l’ordre politique, la religion ou l’organisation des entreprises. Il y a, à tous les échelons du présent, une gigantesque perte de maîtrise à quoi aucun maraboutage policier n’offrira de remède.

Ce n’est pas en nous transperçant de peines de prison, de surveillance tatillonne, de contrôles judiciaires, et d’interdictions de communiquer au motif que nous serions les auteurs de ce constat lucide, que l’on fera s’évanouir ce qui est constaté. Le propre des vérités est d’échapper, à peine énoncées, à ceux qui les formulent. Gouvernants, il ne vous aura servi de rien de nous assigner en justice, tout au contraire.

Vous lisez « Surveiller et punir » de Michel Foucault. Cette analyse vous paraît-elle encore pertinente?

La prison est bien le sale petit secret de la société française, la clé, et non la marge des rapports sociaux les plus présentables. Ce qui se concentre ici en un tout compact, ce n’est pas un tas de barbares ensauvagés comme on se plaît à le faire croire, mais bien l’ensemble des disciplines qui trament, au-dehors, l’existence dite « normale ». Surveillants, cantine, parties de foot dans la cour, emploi du temps, divisions, camaraderie, baston, laideur des architectures : il faut avoir séjourné en prison pour prendre la pleine mesure de ce que l’école, l’innocente école de la République, contient, par exemple, de carcéral.

Envisagée sous cet angle imprenable, ce n’est pas la prison qui serait un repaire pour les ratés de la société, mais la société présente qui fait l’effet d’une prison ratée. La même organisation de la séparation, la même administration de la misère par le shit, la télé, le sport, et le porno règne partout ailleurs avec certes moins de méthode. Pour finir, ces hauts murs ne dérobent aux regards que cette vérité d’une banalité explosive : ce sont des vies et des âmes en tout point semblables qui se traînent de part et d’autre des barbelés et à cause d’eux.

Si l’on traque avec tant d’avidité les témoignages « de l’intérieur » qui exposeraient enfin les secrets que la prison recèle, c’est pour mieux occulter le secret qu’elle est : celui de votre servitude, à vous qui êtes réputés libres tandis que sa menace pèse invisiblement sur chacun de vos gestes.

Toute l’indignation vertueuse qui entoure la noirceur des geôles françaises et leurs suicides à répétition, toute la grossière contre-propagande de l’administration pénitentiaire qui met en scène pour les caméras des matons dévoués au bien-être du détenu et des directeurs de tôle soucieux du « sens de la peine », bref : tout ce débat sur l’horreur de l’incarcération et la nécessaire humanisation de la détention est vieux comme la prison. Il fait même partie de son efficace, permettant de combiner la terreur qu’elle doit inspirer avec son hypocrite statut de châtiment « civilisé ». Le petit système d’espionnage, d’humiliation et de ravage que l’Etat français dispose plus fanatiquement qu’aucun autre en Europe autour du détenu n’est même pas scandaleux. L’Etat le paie chaque jour au centuple dans ses banlieues, et ce n’est de toute évidence qu’un début : la vengeance est l’hygiène de la plèbe.

Mais la plus remarquable imposture du système judiciaro-pénitentiaire consiste certainement à prétendre qu’il serait là pour punir les criminels quand il ne fait que gérer les illégalismes. N’importe quel patron – et pas seulement celui de Total –, n’importe quel président de conseil général – et pas seulement celui des Hauts-de-Seine–, n’importe quel flic sait ce qu’il faut d’illégalismes pour exercer correctement son métier. Le chaos des lois est tel, de nos jours, que l’on fait bien de ne pas trop chercher à les faire respecter et les stups, eux aussi, font bien de seulement réguler le trafic, et non de le réprimer, ce qui serait socialement et politiquement suicidaire.

Le partage ne passe donc pas, comme le voudrait la fiction judiciaire, entre le légal et l’illégal, entre les innocents et les criminels, mais entre les criminels que l’on juge opportun de poursuivre et ceux qu’on laisse en paix comme le requiert la police générale de la société. La race des innocents est éteinte depuis longtemps, et la peine n’est pas à ce à quoi vous condamne la justice : la peine, c’est la justice elle-même, il n’est donc pas question pour mes camarades et moi de « clamer notre innocence », ainsi que la presse s’est rituellement laissée aller à l’écrire, mais de mettre en déroute l’hasardeuse offensive politique que constitue toute cette infecte procédure. Voilà quelques-unes des conclusions auxquelles l’esprit est porté à relire Surveiller et punir depuis la Santé. On ne saurait trop suggérer, au vu de ce que les Foucaliens font, depuis vingt ans, des travaux de Foucault, de les expédier en pension, quelque temps, par ici.

Comment analysez-vous ce qui vous arrive?

Détrompez-vous : ce qui nous arrive, à mes camarades et à moi, vous arrive aussi bien. C’est d’ailleurs, ici, la première mystification du pouvoir : neuf personnes seraient poursuivies dans le cadre d’une procédure judiciaire « d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », et devraient se sentir particulièrement concernées par cette grave accusation. Mais il n’y a pas d’« affaire de Tarnac » pas plus que d' »affaire Coupat », ou d' »affaire Hazan » [éditeur de L’insurrection qui vient]. Ce qu’il y a, c’est une oligarchie vacillante sous tous rapports, et qui devient féroce comme tout pouvoir devient féroce lorsqu’il se sent réellement menacé. Le Prince n’a plus d’autre soutien que la peur qu’il inspire quand sa vue n’excite plus dans le peuple que la haine et le mépris.

Ce qu’il y a, c’est, devant nous, une bifurcation, à la fois historique et métaphysique: soit nous passons d’un paradigme de gouvernement à un paradigme de l’habiter au prix d’une révolte cruelle mais bouleversante, soit nous laissons s’instaurer, à l’échelle planétaire, ce désastre climatisé où coexistent, sous la férule d’une gestion « décomplexée », une élite impériale de citoyens et des masses plébéiennes tenues en marge de tout. Il y a donc, bel et bien, une guerre, une guerre entre les bénéficiaires de la catastrophe et ceux qui se font de la vie une idée moins squelettique. Il ne s’est jamais vu qu’une classe dominante se suicide de bon cœur.

La révolte a des conditions, elle n’a pas de cause. Combien faut-il de ministères de l’Identité nationale, de licenciements à la mode Continental, de rafles de sans-papiers ou d’opposants politiques, de gamins bousillés par la police dans les banlieues, ou de ministres menaçant de priver de diplôme ceux qui osent encore occuper leur fac, pour décider qu’un tel régime, même installé par un plébiscite aux apparences démocratiques, n’a aucun titre à exister et mérite seulement d’être mis à bas ? C’est une affaire de sensibilité.

La servitude est l’intolérable qui peut être infiniment tolérée. Parce que c’est une affaire de sensibilité et que cette sensibilité-là est immédiatement politique (non en ce qu’elle se demande « pour qui vais-je voter ? », mais « mon existence est-elle compatible avec cela ? »), c’est pour le pouvoir une question d’anesthésie à quoi il répond par l’administration de doses sans cesse plus massives de divertissement, de peur et de bêtise. Et là où l’anesthésie n’opère plus, cet ordre qui a réuni contre lui toutes les raisons de se révolter tente de nous en dissuader par une petite terreur ajustée.

Nous ne sommes, mes camarades et moi, qu’une variable de cet ajustement-là. On nous suspecte comme tant d’autres, comme tant de « jeunes », comme tant de « bandes », de nous désolidariser d’un monde qui s’effondre. Sur ce seul point, on ne ment pas. Heureusement, le ramassis d’escrocs, d’imposteurs, d’industriels, de financiers et de filles, toute cette cour de Mazarin sous neuroleptiques, de Louis Napoléon en version Disney, de Fouché du dimanche qui pour l’heure tient le pays, manque du plus élémentaire sens dialectique. Chaque pas qu’ils font vers le contrôle de tout les rapproche de leur perte. Chaque nouvelle « victoire » dont ils se flattent répand un peu plus vastement le désir de les voir à leur tour vaincus. Chaque manœuvre par quoi ils se figurent conforter leur pouvoir achève de le rendre haïssable. En d’autres termes : la situation est excellente. Ce n’est pas le moment de perdre courage.

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0,50-1197456,0.html


Pour les plus anciens d’entre vous, cette fabrication d’une menace afin de justifier son existence à un moment de coupes budgétaires a déjà été brillamment racontée par Vladimir Volkoff dans « Le Retournement« . De l’opération « Couleuvrine » à l’opération « Ultragauche », rien n’a change chez les semelles de crèpe…

Mais il est vrai que Volkoff, ayant fondé l’Institut d’études de la Désinformation, savait de quoi il parlait…

Comment la menace terroriste a été créée de toutes pièces pour répondre aux impératifs politiques d’Alliot-Marie et des ex-RG.

[Rue 89 – Antonin Grégoire | Universitaire | 11/05/2009]

Le but d’un service de renseignement est de détecter et d’avertir des menaces que le politique n’a ni le temps ni l’expertise de percevoir. Problème : si le politique est en pleine parano sur l’ultragauche et qu’on lui vend de l’islamiste, il n’en tient pas compte, réduit les budgets, et, le jour où se produit l’attentat qu’on lui avait prédit et qu’il n’a pas voulu entendre, il vire tout le monde pour donner un exemple en pâture à l’opinion publique. Ce phénomène s’appelle la politisation du renseignement.

Il y a deux écoles :

  • Ecole Kennan. Le renseignement doit être totalement séparé du politique. Les services choisissent eux-mêmes ce qui doit être surveillé et sont donc plus performant mais le politique les écoutera beaucoup moins.
  • Ecole Gates. Assumer à fond la politisation du renseignement : beaucoup plus de confiance, mais les services sont obligés de donner parfois corps aux paranos des politiques. C’est le cas de l’affaire Coupat.

La ministre de l’Intérieur a fait une analyse toute seule ! Sa finesse politique lui a montré que le PCF perdait des électeurs et elle en a donc déduit que l’extrême-gauche allait mathématiquement se renforcer. Analyse auto-confirmée en voyant les manifestations anti-CPE au 20 heures de TF1. La ministre évoque alors une « radicalisation ressentie » ça ne s’invente pas.

Un fond de commerce des RG

La ministre fut un peu aidée dans son ressenti, il est vrai, par les RG dont la mouvance anarcho-autonome est le fond de commerce et qui vont bientôt disparaître, avalés par la DST dans la nouvelle DCRI. La menace ultragauche est donc leur seul moyen de survie dans la nouvelle organisation, et pour la ministre, un gros dossier terroriste lui permettant d’exister politiquement. Pourquoi terroriste ? Parce que c’est bien plus prestigieux politiquement que les chiens dangereux.

Durant l’été 2007, la ministre fait donc inscrire l’ultragauche à coté des autres menaces terroristes (islamistes, Corse, ETA…). Et c’est ainsi que la sous-direction antiterroriste de la nouvelle DCRI se voit chargée de la mission ultragauche.

« L’insurrection qui vient » distribuée à la PJ

Et qu’est-ce qu’on a sur l’ultragauche ? Pas grand-chose… Alain Bauer, le criminologue multi emploi de la ministre, pianote un beau matin sur amazon.com et découvre l’existence d’un livre qui fait peur : « L’insurrection qui vient ». Ni une ni deux, il en commande 40 exemplaires et c’est l’ensemble des pontes de la PJ qui se retrouvent avec le livre sur leurs tables de nuit.

On en vient logiquement à chercher l’auteur… et puis on a déjà une fiche sur Coupat mise à jour la dernière fois que les services US ont transmis une info sur lui. Ils font très peur ces gens. Ils n’utilisent pas de téléphone portable, se méfient du fichage et de la police : ils préparent donc un mauvais coup. Historiquement, les ministères de l’Intérieur ont toujours été aussi paranos sur les anarchistes que les anarchistes l’ont été sur les ministères de l’Intérieur.

Juin 2008, soit un an plus tard, MAM recevra un rapport de 41 page : « Du conflit anti-CPE à la constitution d’un réseau préterroriste international : regards sur l’ultragauche française et européenne ». Cas d’école de politisation : le « regard » commence exactement au CPE, là où s’était arrêté la brillante analyse de la ministre. Et puisque tout le monde a lu et relu le livre présumé de Coupat, le rapport taille une large place au groupe de Tarnac.

Pourquoi ces références quasi constantes du ministère à la RAF, à Action Directe voire à 1917 ? Car il n’y a qu’en replaçant systématiquement l’ultragauche actuelle comme étant aux prémisses d’une nouvelle mouvance terroriste que l’on peut justifier de maintenir cette menace dans la sous-direction antiterroriste de la DCRI.

Et les RG ont tellement bien convaincu la ministre que celle-ci saute sur le dossier des sabotages SNCF et envoie tout ce qu’elle a, caméras embarquées dans le grand style Sarko, arrêter ce groupe « préterroriste ».

La ministre n’a aucune notion d’antiterrorisme

En fait, il est vital que l’arrestation de Coupat suive le même chemin que n’importe quel dossier terroriste. Si Coupat n’était pas présenté au juge antiterroriste, gardé à vue 96 heures, mis sur écoutes etc., les ex-RG reviendraient aussi sec aux chiens écrasés dans le prochain budget.

Peu leur importe l’issue de la procédure en vérité, tant que le dossier suit administrativement la voie antiterroriste. La ministre, elle, est obligée de soutenir ses alliés ex-RG, en réalité son seul pied dans la nouvelle DCRI toute entière dirigée par Bernard Squarcini, sarkozyste pur jus qui envoie tous les dossiers importants au vrai patron.

Mais la ministre n’a aucune notion d’antiterrorisme. On ne fait pas de com » sur le terrorisme anarchiste car tous les groupuscules d’extrême gauche d’Europe vont se mobiliser pour « libérer nos camarades » avec plein de bonnes idées d’action fournies par la médiatisation de l’affaire et les références constantes au terrorisme. Autre problème de taille : ce qui se fantasme sur l’ultragauche ne se surveille plus sur les menaces réelles.

Non contente d’augmenter le risque terroriste en détournant les services, la ministre en crée un autre qui n’existait pas à l’origine. C’est la sécurité à la Sarkozy dirons-nous. Le conseil du jour : faites attention à vous. Pas parce que Sarkozy le dit mais précisément parce qu’il ne le fait pas.

http://www.rue89.com/2009/05/11/coupat-lultragauche-et-la-politisation-du-renseignement


Dans quelle hystérie sécuritaire est tombé le Pouvoir pour réagir ainsi à la moindre blague de potache ? On se croirait dans les anciens pays du bloc soviétique… de quoi ont ils peur ? Est-ce qu’ils croient à leur délire ? Ou bien sont ils tellement terrorisés par les mutations arbitraires et punitives de Sarkozy qu’ils préfèrent tirer au canon sur des moineaux ?

[Fabrice Julien – Le Courrier Picard - 03/05/2009]
Méfiez-vous de votre téléphone portable, il peut vous conduire en prison. C’est en tout cas la mésaventure dont a été victime Stéphane, 29 ans, un habitant d’Abbeville sans histoire. Pour avoir reçu un SMS jugé « tendancieux », ce jeune menuisier a passé 24 heures en garde à vue au motif de « non dénonciation de crime ». Rien de moins. « C’est totalement irréel, s’étonne encore la victime de cette mauvaise blague. Je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai vécu. »

Sa faute ? Ne pas avoir alerté les autorités après avoir reçu sur son téléphone portable le message suivant : « Pour faire dérailler un train, t’as une solution ? » Ce SMS, envoyé par une vague connaissance de travail, a fini sur le bureau du procureur, alerté par l’opérateur de téléphonie mobile. Car l’appareil sur lequel Stéphane a reçu ce SMS était un téléphone prêté par l’opérateur, le sien étant en réparation.

« L’opérateur a le droit de consulter ces messages et le devoir d’alerter les autorités s’il estime qu’un crime ou un délit est susceptible d’être commis », précise le procureur d’Abbeville Éric Fouard.

Ainsi, jeudi 16 avril, Stéphane est invité à se présenter au commissariat d’Abbeville en milieu d’après-midi. « Ils voulaient avoir des précisions sur ce SMS. Je m’y suis rendu sans aucune appréhension, je ne voyais vraiment pas où était le mal. » Mais sitôt arrivé au commissariat, le ton change. « J’entends parler d’affaire criminelle, de terrorisme, et d’une garde à vue qui pourrait durer dix jours, raconte Stéphane. On me demande si je suis capable de choses farfelues comme, par exemple, faire dérailler un train. » Le jeune homme tombe des nues. Il donne le nom de son collègue, auteur du fameux SMS. La police perquisitionne chez ce dernier et le ramène au commissariat. « Je me disais, ils vont faire les vérifications et tout sera terminé. En fait, le cauchemar ne faisait que commencer. »

L’affaire de Tarnac en arrière-plan

Sur instruction du parquet, Stéphane est placé en garde à vue à 16 heures.

« C’était un véritable choc. En deux secondes, j’ai eu l’impression de devenir un vulgaire criminel. Je me retrouve dans une belle cellule jaune qui sent la pisse, j’ai l’impression d’être traité comme un chien. » Au petit matin, les auditions se poursuivent. Les vérifications sont longues et Stéphane ne retrouve la liberté qu’à partir de 16 heures, soit au bout de 24 heures de garde à vue. L’auteur du SMS est également libéré.

Une expérience traumatisante pour le jeune menuisier. Mais une affaire presque banale aux yeux du procureur de la République, qui justifie le placement en garde à vue. « La procédure pénale est la même pour tout le monde, que le risque soit probable ou peu probable », rappelle Éric Fouard, mettant en avant le principe de précaution qui prévaut en matière de terrorisme.

D’autant que depuis l’affaire de Tarnac (Corrèze), et l’arrestation d’un groupe de terroristes présumés soupçonnés d’avoir saboté des caténaires SNCF, les autorités sont particulièrement vigilantes. « Cette actualité récente a certainement joué en sa défaveur, admet le procureur. Je comprends que, de son côté, la garde à vue puisse paraître violente mais, dans ce genre d’affaire, on ne peut prendre aucun risque. »

Ressorti libre, Stéphane ne fera l’objet d’aucune poursuite. Mais il se dit « profondément marqué » par cette affaire. « Je prie le ciel pour qu’aucun train ne déraille dans les semaines qui viennent… »

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/24-heures-de-garde-a-vue-pour-un-SMS


Du côté de la police, on commence à paniquer, il faut trouver des éléments convaincants pour justifier tout cela… à mon avis il va y avoir une grosse manipulation sous peu, un truc qui va exploser dans la presse, que des zélés scribouillards comme Cornevin du Figaro se chargeront de relayer, et qui leur permettra de (tenter) de dire « Vous voyez, c’étaient des méchants, on a eu raison des les coffrer… »

[David Dufresne – Mediaprt – Jeudi 23 avril 2009]

Le diable aime les détails. Signe des temps, les détails sont numériques. Le 26 janvier, le chef de section d’assistance aux investigations judiciaires du Bureau de la lutte anti-terroriste adresse un mail au juge Thierry Fragnoli, qui commence sérieusement à s’impatienter. Où sont les expertises des crochets saboteurs de lignes de chemin de fer? Ce mail, jamais révélé, Mediapart en a lu une copie. Réponse policière: la gendarmerie fait au plus vite. Son rapport arrivera «vers le vendredi 13 février». Et l’homme d’ajouter, comme dans une parenthèse d’impuissance : vendredi 13, «(jour de chance, il nous en faut). Bien cordialement».

La suite, on la connaît. De la chance, les enquêteurs n’en ont pas eu. Ni ADN, ni empreinte digitale, rien. En ces temps numériques de la preuve scientifique absolue, ça la fiche mal. Surtout quand les relevés d’indices ne se font pas dans les règles de l’art (policier), comme ça semble avoir été le cas sur plusieurs des cinq lieux de sabotages (un en octobre 2008, quatre simultanés en novembre)… Quant à la chance, comme facteur d’enquête, on a connu plus rigoureux.

D’ailleurs, depuis l’offensive des avocats début avril, et les dernières révélations successives (cf. onglet Prolonger et ci-dessous), les langues commencent (un peu) à se délier.

Selon différentes sources proches du dossier, recoupées par Mediapart, l’origine du cafouillage de l’enquête pourrait venir de là. Venir du pataquès autour de l’ADN. Le 8 novembre, au lendemain des dégradations sur les lignes SNCF, c’est ambiance de crise au ministère de l’intérieur. Chacun y va de ses suggestions. La Sous-direction anti-terroriste (SDAT) et la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) ont de forts doutes sur Julien Coupat et son amie, Yildune Lévy. Ils viennent d’être pistés dans la nuit en Seine-et-Marne, à proximité d’un des lieux en question. Trois de leurs amis ont également été contrôlés dans la même nuit, à proximité d’une autre ligne SNCF. Mais ce sont surtout les gendarmes, selon nos informations, qui se montrent les plus affirmatifs. Ils assurent au cabinet de Michèle Alliot-Marie avoir «tout ce qu’il faut» pour confondre les auteurs, aux dires de différents témoignages. Entendre: ils ont les crochets et les empreintes qui vont avec.

La date est d’importance. Moins de deux mois plus tard, c’est la grande fusion police/gendarmerie. La «grande œuvre» de la ministre de l’intérieur. Tarnac, c’est un peu ça: de la fusion avant l’heure, un exercice taille réelle et grandeur nature, entre Paris et la Corrèze, police et pandores. Le mail du 26 janvier en dit long, involontairement, sur le résultat. Confusion, plutôt que fusion.

Le diable affectionne également les cachotteries. De source pénitentiaire, une information est parvenue tout récemment à Mediapart. Des hommes des «services» se seraient dernièrement intéressés de près au parloir de la prison de la Santé. En clair: on les soupçonne d’avoir placé des micros espions dans le lieu même où Julien Coupat se rend à chacune des visites qu’il reçoit; lui, le dernier des neuf mis en examen encore en détention provisoire. Réponse officielle de la police: «La procédure antiterroriste prévoit de pouvoir sonoriser une pièce, sur demande exprès du magistrat. Si tel est le cas, cela devrait apparaître dans le dossier d’instruction, lui-même couvert par le secret d’instruction.»

Traduction: une telle «sonorisation» est possible – mais on ne dira pas si c’est le cas. Ni si ce n’est pas le cas. Ni même, comme cela s’est vu, si les retranscriptions s’arrêtent miraculeusement avant de figurer dans le dossier… Quoi qu’il en soit, à cette date, nulle trace d’écoute indiscrète à la prison de la Santé dans les différents tomes d’instruction, que nous avons pu consulter. Mais tout de même, comme dans bien des affaires judiciaires, sont annexés au moins deux courriers expédiés notamment à Yildune Lévy, du temps où elle était incarcérée. C’est dire que la surveillance ne s’est pas desserrée, après les interpellations.

Au contraire, même. Sur les enquêteurs, la pression est devenue énorme. La faute à la médiatisation, disent-ils – plus qu’aux faits eux-mêmes, finalement mineurs. D’où les confidences, en passant, de plusieurs services de police. «Des éléments sont en train de rentrer.» Des expertises, des auditions, des traductions (liées à la revendication des actes de sabotages par des Allemands, dès le 10 novembre, soit la veille des arrestations de Coupat & co.). Autrement dit: policiers et magistrats se donnent du temps. C’est en effet leur dernière carte. Tant, jusqu’ici, on trouve bien des coïncidences dans le dossier, on trouve bien des écrits, on trouve bien des actions, des filatures, des «interceptions de sécurité», de la comptabilité, près de cinq mille livres dans la «bibliothèque solidaire» du village dont une trentaine saisis, plus ou moins qualifiés de subversifs, mais aucune preuve. Ni matérielle, ni probante. Ni même aucun témoin direct. (suite…)


Note aux frangins de la NLA en Hollande – si l’envie vous prenait d’aller péter la gueule à ce petit connard de geek qui fabrique le prochain outil de flicage dans son garage en disant « les technologies me passionnent, c’est tout », je ne pense pas qu’on vous jetterait la pierre.Après tout, le mec qui a développé l’usage du Zyklon B était probablement « passionné de chimie, c’est tout »…

C’est vrai quoi, c’est fun les nouvelles technologies, hein ? Tant qu’on ne s’appelle pas Julien Coupat, ou que l’on n’est pas un militant altermondialiste… ou encore un dissident chinois. Car le petit projet de flicage « fun » de Alex Van Es ne devrait pas rester très longtemps cantonné au registre du repérage des copains dans la rue….

Dans 20 ans, ne pas avoir de téléphone Bluetooth sera impossible (ils seront livrés avec la fonction de traçage d’officle) ou alors ce sera suspect (comme on a déjà déclaré suspects les Neuf de Tarnac parce qu’ils n’avaient pas de téléphone portable).

Et nous vivrons alors dans une société entièrement pistée par GSM, RFID, vidéosurveillance…  ou chacune de nos activités, chacun de nos comportements seront analysés par les experts en marketing… mais aussi par les policiers et par les manipulateurs.

Et alors les bien-pensants s’écrieront  « mais comment avons nous pu laisser faire un truc pareil »

Le remarque de Alex Van Es sur le fait de repérer les téléphones portables des politiques et de voir si on les retrouve dans les quartiers « chauds » de la capitale en dit long sur sa mentalité de petit flic…

Enquête  : Alex is watching you
[Yves Eudes – LE MONDE – 29.11.08]
Un informaticien néerlandais a créé un système de pistage des appareils équipés de Bluetooth, téléphones, ordinateurs et GPS. D’autres passionnés l’ont aidé à créer un miniréseau d’espionnage amateur.

Alex Van Es, un homme grand et massif âgé de 35 ans, vit avec sa compagne dans un joli pavillon de banlieue à Apeldoorn, aux Pays-Bas. Le jour, Alex est informaticien dans une administration. Le soir et le week-end, il s’amuse à fabriquer un système automatisé capable de détecter tous les appareils dotés d’un émetteur Bluetooth, puis de traiter les informations recueillies et de les publier sur son site Web personnel, Bluetoothtracking.org : « Pourquoi je fais ça ? Les technologies de pointe me passionnent, surtout leurs usages inédits. Il n’y a pas à chercher plus loin. »

Partout en Europe, les téléphones mobiles récents sont équipés d’un émetteur-récepteur Bluetooth, pour faire fonctionner une oreillette sans fil ou échanger des photos et des fichiers avec des amis. De même, les nouveaux ordinateurs portables et les GPS de voiture utilisent le Bluetooth pour leurs connexions sans fil de proximité. Or, une fois que cette fonction a été activée, la puce Bluetooth diffuse en continu deux informations : son « adresse » (un matricule d’identification unique) et le nom de l’appareil dans lequel elle est intégrée.

En outre, de nombreux utilisateurs personnalisent leur appareil en entrant un prénom, un surnom familier ou amusant, ou encore le nom de leur entreprise ou de leur chanteur préféré -, autant d’informations permettant de les identifier, par déduction ou par recoupements. En se promenant un soir de novembre sur le site d’Alex Van Es, on découvre par exemple qu’à 17 h 42 le téléphone mobile Nokia modèle 6310-I, matricule 00.60.57.xx.xx.xx, se trouvait à Apeldoorn, au coin de la rue Hoofd et de la rue Deventer.

Ces derniers mois, ce même Nokia a été repéré par Alex Van Es 237 fois à Apeldoorn, entre 7 heures et 22 heures, mais jamais plus tard. Ce jour-là, le site a permis de suivre les déplacements de 558 appareils Bluetooth. Pour chacun d’entre eux, une page Web a été créée en temps réel, avec une carte Google interactive, un tableau récapitulatif, et un graphique ventilant les localisations par tranches horaires. L’ensemble est mis à jour toutes les dix minutes. (suite…)


[ Serge Quadruppani | Rue 89 | 08/04/2009 ]

Conseiller ès « ultra-gauche » de Michèle Alliot-Marie, Alain Bauer peut se vanter d’avoir contribué à faire arrêter Julien Coupat, et à le faire maintenir en détention malgré un dossier d’accusation plus que léger. Mais, après avoir vu le journal de France 2 lundi soir, il me semble qu’on doit se poser la question : qui arrêtera Alain Bauer ?

Certes, à la différence de cet idéologue sécuritaire, je ne souhaite pas qu’on prive quiconque de liberté – ni de celle d’aller et venir, ni de celle de penser et de s’exprimer.

Mais, quand on voit le « dossier » proposé par la chaîne du service public, qui mélange allègrement des images de Strasbourg, de l’affaire dite de Tarnac, les propos sommaires (mais lui a-t-on laissé le temps d’en tenir d’autres ? ) d’un individu présenté par la télé comme un autonome et… la ronde des obstinés (on voudrait insinuer que les enseignants-chercheurs sont infiltrés par de dangereux individus violents qu’on ne s’y prendrait pas autrement), quand on voit cet étrange ragoût auquel Alain Bauer vient apporter une pincée de théorie, on se demande : comment arrêter ça ?

Un parfait réprésentant de l’« industrie de la peur »

Certes, le personnage est intéressant. Ancien de l’Unef-Id tendance rocardienne, influent franc-maçon il a été administrateur de la Mnef et grand maître du Grand Orient de France. Après un stage au début des années 90 dans une société très liée à la CIA, il enseigne ou a enseigné aussi bien à Paris-I qu’au centre national de formation judiciaire de la gendarmerie et à l’académie de police criminelle de Chine (un haut lieu démocratique, comme chacun sait).

Coauteur de nombreux ouvrages avec Xavier Raufer (Christian de Bongain, ancien d’Ordre nouveau), ami de dirigeants socialistes (Dray, Valls, Huchon, Cambadélis), qu’il a aidés de sa « science » dans le virage sécuritaire du Parti socialiste, il est maintenant dirigeant d’une société, AB Sécurité, de dimensions mondiales. Un parfait représentant de ce que Mike Davis appelle l’« industrie de la peur ».

Sur la fantasmatique « ultra-gauche anarcho-autonome », « l’expert » médiatiquement consacré transpose simplement la leçon apprise outre-Atlantique : de même que, dans le catéchisme néoconservateur, ceux qui cassent des vitres ouvrent la voie à, et sont potentiellement des dealers-tueurs, celui qui commence par contester la loi en ne s’en prenant qu’aux biens doit être traité comme le terroriste qu’il risquerait de devenir.

Une transposition du concept de « guerre préventive »

Faisant fi d’abyssales différences dans les positions politiques comme dans les contextes historiques, Bauer affirme en effet, dans l’émission citée, après des images montrant le livre « L’Insurrection qui vient » et Julien Coupat, que les « prémisses sont les mêmes » que celles d’Action directe et des Brigades rouges.

Dans un simple mémoire de maîtrise, un tel postulat téléologique mériterait à tous coups un refus de validation, mais on sait que l’enracinement de Bauer dans le sarkozisme est si solide qu’on a créé spécialement pour lui une chaire au Cnam, malgré ses titres universitaires vivement constestés.

En réalité, l’individu importe peu. Des gens à carrière, qui savent se placer dans l’air du temps, on n’a eu que trop l’occasion de les voir à l’œuvre, de Kouchner à Tapie et de Val à Dati. Ce qui importe, c’est de quoi Bauer est le nom : une transposition sur le plan intérieur de ce concept de « guerre préventive » qui a si bien réussi à Bush, c’est-à-dire une politique tendant à criminaliser toute dissidence sociale, une politique au nom de laquelle « les mauvaises lectures », des « mœurs dissolues » et la participation à des manifestations occupent des dizaines et des dizaines de pages dans le dossier des Tarnacois.

Une politique au nom de laquelle les policiers se sentent toujours plus tout permis (voir les si nombreux témoignages rapportés sur ce site et ailleurs). Une politique menaçant gravement ce qu’AB Sécurité, par un renversement orwellien, prétend respecter : les libertés publiques. C’est cette politique-là qu’il s’agit d’arrêter.

http://www.rue89.com/2009/04/08/y-a-t-il-quelquun-pour-arreter-alain-bauer


En direct de la « Zone Autonome » du Neuhof, on peut vous certifier que pour l’instant il n’y a aucune trace de l’aréopage de barbares rouges et noirs appelés par Cornevin (vous vous souvenez, celui qui avait fabriqué la menace ultragauche lors de l’affaire de Tarnac, créateur de la légendaire ‘épicerie tapie dans l’ombre’) pour faire peur au bourgeois.

Tout l’attirail est là, il ne manque que Action Directe ou la RAF, ou encore Ben Laden… on résuscite même les « black blocks », création policière à Gènes et Rostock. 90% des soi-disant Black-Block dans les cortèges compacts à Rostock ont été identifiés comme étant en fait des ‘V-Mann’ – flics infiltrés. Et quand on analyse les vidéos, on voit que ce sont généralement les flics infiltrés qui sont les premiers à lancer des projectiles et guider le mouvement…

Intéressant par contre la partie sur la « guerre des images » à laquelle va se livrer le Ministère de l’Intérieur. C’est vrai qu’aux Etats-unis les « dashboard cams » dans les voitures de police ont permis de faire la lumière sur pas mal de dérapages policiers. Mais dans le cas présent, cela permettra surtout d’alimenter les médias en images de vilains casseurs « de la mouvance anarcho-autonome »…

Vous noterez d’ailleurs que la boucle est enfin bouclée chez Alliot-Marie et que les manifestants sont désormais des « adversaires » qui ont pris les armes « contre l’autorité de l’Etat ». Face à cette menace contre l’ordre et la propriété privée, il importe de défendre « la légitimité » de la répression. La France est toujours en 1870, on n’en sort pas… quand la crise hante le pays, le Parti de l’Ordre nous ressort toujours l’anarchiste au couteau entre les dents…

[Christophe Cornevin – le fabricant d’épouvantails – Le Figaro – 30/04/2009]

Cinq à six mille «casseurs» attendus

«Tout le monde est concentré sur le sommet, dont la vitrine médiatique risque d’aimanter des manifestants violents venus de l’Europe entière», confie-t-on au ministère de l’Intérieur. Les manifestants allemands et français pourraient voir leurs divisions décuplées par l’arrivage de militants des PCEr-Grapo espagnols, de la lutte révolutionnaire (EA) grecque, de la Federazione dei comunisti anarchici d’Italie, de Zabalaza Anarchist Communist Front d‘Afrique du Sud, de l’Union communiste libertaire du Canada ou encore du North-Eastern Federation of Anarchist Communists des États-Unis. Parmi eux, 5 000 à 6 000 «casseurs» devraient converger vers Strasbourg, selon la police. Proche de l’ultra-gauche et des anarcho-autonomes, ils auraient prévu de se fondre aux coordinations anti-Otan. Officiellement répertoriées, elles organisent déjà un dantesque contre-sommet entre le 1er et le 5 avril.

Surfant sur l’anti-impérialisme, l’antimilitarisme, le retrait des troupes en Afghanistan, l’antiglobalisation, voire la lutte contre le réchauffement climatique, ce front contestataire s’installera dans un «village autogéré». S’étendant sur une dizaine d’hectares à l’extrémité sud de la ville, sur les terrains d’une ferme éducative au Neuhof, il devrait abriter 10 000 protestataires . «Dans un premier temps, ils pensaient camper de part et d’autre du fleuve , affirme une source renseignée. Mais, lorsque les autorités allemandes ont voulu faire payer leur emplacement plusieurs milliers d’euros, ils se sont repliés sur la rive gauche française. »

Pour haranguer et mobiliser la foule contestataire, Internet bruisse de messages évocateurs. Brocardant la «phobie sécuritaire» de l’Otan, des libertaires trouvent soudain des accents gaulliens avec le pastiche «Strasbourg outragée, Strasbourg brisée, Strasbourg martyrisée, mais…». Strasbourg y est réduit à un «territoire occupé» et le sommet à une grand-messe atlantiste juste célébrée pour «préparer les futures guerres pour le contrôle des ressources de la planète». Comme l’ONU, le FMI, le G8, le G20, l’OMC, l’Otan est assimilée à un «instrument du capitalisme pour renforcer l’exploitation des travailleuses, des travailleurs et des peuples». Réchauffée mais toujours efficace, la dialectique pourrait fédérer jusqu’à 70 000 participants lors d’une manifestation unitaire prévue samedi 4 avril.

Face à cette assemblée en rouge et noir qui n’aura rien du jamboree, la Direction centrale de la sécurité intérieure (DCRI) tend ses «grandes oreilles» depuis des semaines. Et le ministère de l’Intérieur prévoit l’un des plus imposants dispositifs jamais imaginés. Selon nos informations, pas moins de 85 escadrons de gendarmerie mobile et Compagnies républicaines de sécurité seront mobilisés pour former un « cataplasme bleu» sur Strasbourg et ses environs. Il faut remonter au soixantième anniversaire du Débarquement et à la protection des plages normandes en 2004 pour voir un tel branle-bas de combat. Otan oblige, une armada de 10 000 hommes quadrillera donc le siège du Parlement européen, sécurisera les sites classés Seveso ou encore les gazoducs traversant le secteur, tandis que les vedettes de la gendarmerie fluviale sillonneront le Rhin, embarquant sonars et plongeurs pour déjouer la moindre menace subaquatique.

Redoutable effet de loupe médiatique

Dans le même temps, unités en scaphandres nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques resteront en réserve et une flotte de curieux blindés équipés de treuils et de chasse-neige ronronneront à proximité pour dégager d’éventuels obstacles. Enfin, quelque 500 gardes du corps français issus du Service de protection des hautes personnalités et des CRS veilleront sur les cortèges et les sites d’hébergements de treize délégations, dont celle de la France, bien sûr, mais aussi des États-Unis.

En alerte maximale, les Allemands, qui ont prévu de déployer pour leur part 15 000 hommes, dont leurs experts de la Bundeskriminalamt (BKA), prendront en charge l’autre moitié des officiels. En cas de coup dur, militaires d’élite du GIGN et homologues policiers du Raid ont fait le voyage. «Nous ne sommes jamais à l’abri d’une prise d’otages ou d’un détournement aérien», souffle un officier sous le couvert de l’anonymat. Le chef des services de renseignement intérieurs allemands Heinz Fromm, président de l’Office fédéral pour la protection de la constitution, craint pour sa part un «potentiel activiste de quelque 3 000 personnes».

«La forte mobilisation de l’ultra-gauche et des anarcho-autonomes, en France comme en Allemagne, nous fait craindre des modes d’expression violents, comme lors de la réunion du G8 à Gênes en 2001», grince un policier de haut rang. Dès juin dernier, un rapport «confidentiel défense» des services de renseignement français affirmait que ces militants «intégrant les “black blocs” de toutes les grandes contestations altermondialistes européennes» ont décidé de mettre en place une «force organisée transnationale de subversion destinée à commettre des actions violentes dans les prochains mois ». «Strasbourg 2009 pourrait être ce lieu de rendez-vous», craint un autre policier de haut rang.

Persuadés que «les plus déterminés déclencheront des émeutes pour ensuite filmer ce qu’ils présenteront comme de la répression policière», les stratèges de la Place Beauvau ont imaginé une parade : embarquer des caméras dans chaque unité d’intervention afin de filmer leur propre version des incidents. Pour les livrer à la presse, s’il le faut. «Nos adversaires ont pris l’habitude de se servir de la communication comme d’une arme contre l’autorité de l’État, confie-t-on dans l’entourage de Michèle Alliot-Marie. Nous emploierons les mêmes méthodes pour défendre la légitimité de notre action…»

Outre de nouveaux «éléments violents», se protégeant de plus en plus avec des équipements de hockey sur glace, les spécialistes du maintien de l’ordre ont vu émerger depuis dix ans une nouvelle génération de manifestants. Altermondialistes, pacifistes et écologistes, ils s’illustrent lors de sommets internationaux par de très audacieux happenings visant à paralyser des cérémonies. «Très entraînés, déroulant des trésors d’ingéniosité, ces militants non-violents s’entravent à des poids lourds, s’enchaînent à des tubulures d’acier dans des arbres, s’accrochent aux lampadaires ou sur des grues parfois hautes de 60 mètres , constate le lieutenant-colonel Francis Mézières, responsable de la division ordre public au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier. Plusieurs heures sont parfois nécessaires avant de libérer les gens contre leur gré…» — NdL&I : hé Claire, on parle de toi 🙂

Une cellule de huit instructeurs gendarmes experts en la matière a été projetée sur les bords du Rhin début avril avec des disqueuses thermiques et des tronçonneuses. Ces manifestants de l’extrême se verront proposer casque antibruit et lunettes de protection lors de leur désincarcération. Là encore, les scènes seront toutes filmées. Plus que jamais, le moindre incident au sommet de Strasbourg, où 2 500 journalistes sont attendus, connaîtra un redoutable effet de loupe médiatique. Garant de la paix dans le monde, le rendez-vous de l’Otan sera le théâtre d’une originale guerre des images.


C’est un type dangereux cet « Arsène »… il vivrait pas dans une ferme du côté de Tarnac, ce mec là ? Je suis sûr que la police va venir voir s’il planque pas des crampons dans sa cheminée…

L’Autre Réseau tire le rideau

[Le Monolecte – Agnès Maillard le mardi 17 mars 2009]Nous avions été nombreux à nous réjouir de l’arrivée d’un nouveau portail d’information au côté du bon vieux Rezo des copains. Nous avions apprécié les sélections du taulier et nous nous étions habitués assez rapidement à compter sur lui pour nous dénicher de la bonne info bien pertinente de derrière les fagots.
Puis, le 6 mars dernier, c’est le mur et l’incompréhension. Pour tous ceux qui avaient leur rond de serviette à l’Autre Réseau, je transmets ce message de l’aubergiste.

Merci de prendre de mes nouvelles, et mes excuses pour cette réponse tardive, mais il se trouve que depuis le jour où j’ai fermé L’Autre Réseau pour cause de désertion, j’ai aussi résilié dans la foulée mon abonnement à Internet, fais un petit voyage loin de tout et je n’ai pas consulté mes mails jusqu’à aujourd’hui.

Alors je vais essayer de répondre à votre question : qu’est-ce qui se passe ? Cela fait maintenant 12 ans que je suis connecté sur Internet quotidiennement, et si vous connaissez mon identité, vous savez sans doute que j’ai essayé, dans la mesure de mes moyens, de soutenir Rezo depuis le jour de son ouverture. L’aventure de L’Autre Réseau aura été fulgurante : aux 10 années de Rezo, je n’ai à opposer que 8 petits mois. Mais ce que j’ai compris de choses pendant ces 8 mois !

En faisant tourner L’Autre Réseau, je me suis rendu compte, jour après jour, de la difficulté de tenir cette position : on veut soutenir, par exemple, les Indigènes, et l’on soutient du même coup certaines formes de positions identitaires, on veut soutenir les luttes des femmes, et l’on soutient la haine des hommes, on veut soutenir la lutte contre les discriminations, et l’on soutient le retour des discriminations dans leur forme la plus sordide (regardez par exemple la mention « non-mixte » dans le chapeau de cet article : http://lmsi.net/spip.php?article826 ) on veut soutenir la lutte contre l’homophobie, et c’est la haine des hétéros que l’on soutient, on veut publier tout ce qui sort dans les luttes syndicales, on espère la grève générale, et c’est encore les cadres syndicaux bien planqués qui font le bénéfice de notre militantisme anonyme, généreux et bénévole. On veut soutenir la cause palestienne, et l’on soutient du même coup la religion, celle-là même à propos de laquelle Sade écrivait : On évalue à 50 millions le nombre de morts des guerres de religions. En est-il seulement une qui vaille le sang d’un oiseau ?.

Bref, cette immersion de quelques mois dans le web militant m’aura convaincu qu’il faut absolument chercher d’autres moyens d’agir, d’autres moyens de militer. Pendant un certain temps, je m’étais fais une raison, en me disant : Eh bien soit ! publions tout, chacun reconnaîtra ce qui le concerne !. Et là encore, ce fut une erreur : une telle position ne fait que valider la victoire totale du communautarisme, la victoire du chacun-pour-soi, qui est la vraie victoire du libéralisme, et qui est la vraie raison de la victoire d’un Sarkozy. J’avais naïvement, lorsque ce dernier a été élu, pensé comme beaucoup, que c’était une victoire « pétainiste », « poujadiste », etc. Certes, il y a du vrai là-dedans. Mais cela n’est que la partie visible de l’iceberg, et elle n’est pas si déterminante que ça. Au contraire, je crois que la victoire de Sarkozy, la victoire des néo-libéraux, c’est la victoire du chacun-son-combat, du chacun-pour-soi, la victoire du « non-mixte » : et je ne voulais pas aider cette extrême-droite, ces identitaires-là, même si elle prenait chez nous la cosmétique de l’extrême gauche.

Et puis, il y a encore une chose : même lorsque je faisais (rarement) un bilan positif de mon action sur le web, je réalisais à quel point, toute cette histoire de web, de révolution internet, etc. de réseau présenté comme une fenêtre sur le monde, m’apparaissait maintenant comme un leurre, une arnaque de grande ampleur, un immense mur (c’est pourquoi j’ai choisi l’image d’un mur de briques pour fermer L’Autre Réseau : pour dire, regardez, ce que vous avez en face de vous, toute la journée, cet écran, ce n’est pas un outil de libération, c’est un mur, un mur qui bloque toute communication sensible). Je ne pense pas qu’on puisse « résister » sous le regard inquisiteur de Big Brother, je ne pense plus que l’on arrivera à quelque chose, en s’exprimant 10 fois plus mais pour être espionné 1000 fois plus.

Alors, j’ai eu cette impulsion, j’ai lâché, j’ai résilié mon abonnement, filé mon ordinateur à une amie qui en avait besoin, décidé que je ne me connecterai accessoirement depuis des cyber-cafés ou chez des amis et dans tous les cas très rarement (comme c’est le cas ce matin). Et que je voulais passer à autre chose. Tout autre chose.

Il y a dix ans, j’étais musicien, j’écrivais, je jouais de la musique tous les jours avec mes amis, jusqu’au bout de la nuit. Peu de temps avant de « déserter », j’avais installé sur mon ordi un petit plug-in qui donne une moyenne de mon temps quotidien passé en ligne. Résultat (hors-boulot, et je bosse 35 h/semaine) : 300 minutes par jour ! Je n’en reviens même pas : où ai-je pris tout ce temps ? Mais c’est assez clair : je l’ai pris sur mon temps de lecture, sur mon temps de promenade, sur mon temps d’écriture, de musique, sur le temps que je passais avec mes amis et même sur mon temps d’ennui. Bref : le message dit tout : maintenant, c’est fini tout ça pour moi.

(…) J’espère que vous ne serez pas un jour piégé dans les contradictions dont je n’ai pas su sortir, ou peut-être je vous souhaite à vous aussi d’en sortir ? je ne sais pas. En tout cas cela me ferait très plaisir un jour de vous rencontrer. Mais, de grâce, dans la vraie vie, par sur ce *$§=#^% de web.

Arsène


C’est pas nouveau comme service, Bouyges le proposait déjà il y a 8 ans pour les comptes d’entreprise… et les services secrets pistent les tchétchènes, les serbes et le hezbollah depuis des années grâce aux applications militaires de ce type de logiciel…

…mais là ça va devenir transparent, fun, grand public… bref, inévitable « Pourquoi tu refuses d’être sur Lattitude ? T’es parano ? T’as pas la conscience tranquille ? » ou encore « Dites-moi Dupont, pourquoi vous refusez de vous faire pister par votre téléphone d’entreprise ? Vous avez quelque chose à cacher à votre patron ? »

On insère le petit doigt, on se fait avaler le bras et on finit par foncer droit dans le mur de l’abus futur. Dans quelques années on se lamentera « comment ceci a t’il pu se produire ? »

Vous comprenez maintenant pourquoi la bande de Tarnac n’avait pas de téléphone portable ?

Avec Google Latitude, fini le cache-cache

[François Krug | Eco89 | 06/02/2009 ]
Vous n’en rêviez peut-être pas, mais Google l’a fait. Avec sa nouvelle invention, Latitude, vous pourrez suivre à la trace sur votre téléphone portable vos amis, conjoints ou enfants. Mais ce qui intéresse Google, c’est moins votre vie privée que votre porte-monnaie.

Le principe de Latitude est simple: adapter Google Maps pour le téléphone, pour localiser les membres de son réseau sur une carte en direct. Et pour quoi faire? Par exemple, explique Google sur son site, garantir la paix des ménages:

« Ma femme va bientôt rentrer du travail, je ferais bien de commencer à préparer le dîner… »

Une vidéo doit finir de vous convaincre. : http://www.youtube.com/v/Swh5uGmrBYo

Une innovation, vraiment?

« C’est encore une fois Google qui remporte la palme du buzz de la semaine », sourit Fred Cavazza. Avant de rappeler qu’il n’y a pas que Google dans la vie:

« Bon inutile de tourner autour du pot: ce Google Latitude n’est pas une révolution, loin de là. D’une part car ce type de service existe depuis longtemps, notamment des start-up comme Loopt et Whrrl ou de beaucoup plus gros acteurs comme Nokia et son Friend View ou Yahoo! et Fire Eagle. D’autre part car les fonctionnalités proposées sont encore très limitées (bien loin de ce que proposait DodgeBall par exemple). »

Et la vie privée, alors?

« Ne téléphonez plus, Google Latitude vous piste », avertit Accesso Web. En fournissant d’autres exemples que ceux de la bande d’amis ou de la vie de couple idéale utilisés par Google:

« Votre entreprise fournit les téléphones portables à ses employés. Le patron fait installer Google Latitude sur tous les téléphones et il peut savoir en permanence où vous vous trouvez à l’instant T, donc fini la liberté.

Autre cas, vous avez un doute affreux concernant votre épouse ou votre mari? Plus de soucis, Google Latitude peut vous aider à la/le repérer dans les moments où il/elle devrait se trouver dans une réunion de dernière minute qui doit durer deux ou trois heures. »

Google l’assure sur son blog en anglais, vous pourrez refuser d’être repéré ou, plus amusant, tricher:

« Par exemple, disons que vous êtes à Rome. Au lieu que votre localisation soit détectée et partagée automatiquement, vous pouvez la modifier manuellement pour vous situer ailleurs, par exemple aux chutes du Niagara. »

Suivi à la trace par la pub

Pour Google, l’intérêt n’est évidemment pas de permettre aux époux infidèles de se cacher virtuellement au bord des chutes du Niagara. Latitude « ouvre la voie à des schémas publicitaires de ciblage assez fun puisque cette application sera active en permanence dans ma poche », résume Media & Tech. Exemple:

« Je suis dans un magasin: Google peut m’envoyer à cet exact instant de la publicité mobile pour le type de produit que je suis en train de me préparer à acheter, du genre “10% de réduction pour vous sur présentation de ce coupon si vous sortez de cette boutique pour aller dans celle qui est cinquante mètres plus loin”. »

Résumons: Google Latitude permet de retrouver les amis qui se cachent à quelques rues de là, profiter en toute liberté de sa vie extra-conjugale et bénéficier de ristournes. Eco89 attend vos témoignages!

http://eco.rue89.com/2009/02/06/avec-google-latitude-fini-le-cache-cache


La guillotine !!! Vite !!! D’un autre côté, si on se met à traquer les saboteurs de voies de communication et les incendiaires d’agences d’Etat, on va devoir foutre en taule 80% des effectifs de la FNSEA… Mais c’est justement parce qu’ils ne peuvent pas se défendre que la bande à Coupat sont des victimes idéales. Y a pas de danger à leur taper dessus, alors que la caillera des banlieues ou les péquenots en colère, il y a toujours le danger que ça vous revienne dans la gueule…

[Agnès Maillard – Le Monolecte – 14/01/2009]

C’est un vieux réflexe policier, bien compréhensible, qui veut que quand on tient un coupable idéal, autant l’utiliser jusqu’au trognon.


Quand la maréchaussée tient un tueur en série, elle remonte son emploi du temps afin de voir combien d’affaires non classées elle peut lui coller sur le dos, en plus de celles pour lesquelles il a été alpagué. C’est de l’optimisation d’investigation, c’est aussi la meilleure manière d’améliorer son score d’élucidations à l’heure des bilans comptables policiers.

Alors, pensez bien, quand la DCRI tient dans les geôles de la République de dangereux terroristes anarcho-autonomistes avec le couteau entre les dents, denrée rare s’il en est, il faut investiguer profond, bien profond, ne serait-ce que pour justifier un maintien en détention qui s’éternise quelque peu. Parce qu’un bon terroriste est un terroriste qui égraine les preuves matérielles comme un petit Poucet sous ecsta. C’est la moindre des choses. Sinon, on finit toujours par être emmerdé par des petits juges indépendants empêcheurs d’enchrister en rond… espèce fouineuse et dérangeante heureusement en voie de disparition.

Si, au bout de deux mois de détention en qualité de DPS (détenus particulièrement surveillés, pires que du lait sur le feu !), on n’a toujours rien trouvé pour charger la mule des anarcho-bouseux, c’est bien la preuve qu’ils sont bougrement rusés et très habiles pour cacher leurs méfaits, lesquels ne peuvent donc se limiter à quelques retards de trains dérisoires au regard de ce que l’indigence des investissements et le mauvais entretien régulier des lignes par la SNCF et RFF peuvent entrainer quotidiennement pour des millions d’otages plus ou moins consentants, jour après jour. Il faut donc trouver mieux et tel un saumon vigoureux, remonter le flot des ignominies perpétrées contre les glorieuses et efficaces infrastructures de la Nation.

Heureusement, il y a le JDD (le journal qui confirme que le dimanche doit définitivement rester chômé, ne serait-ce que pour ménager son neurone survivant menacé par la surchauffe) qui ne révèle rien de moins que la piste des radiateurs. Car si l’on garde Julien et Yldune au chaud, ce n’est pas du tout une mesure inique et politique destinée à impressionner durablement les ennemis du pouvoir, c’est bien pour laisser aux fiers limiers de notre honorable institution judiciaire le temps de se mettre quelque chose d’un peu plus consistant sous la dent qu’un vague défaut de surveillance.

Le groupe de Tarnac ne se serait pas attaquer qu’aux caténaires. Même si les avis divergent en haut lieu, des vérifications sont actuellement en cours pour tenter de déterminer si les mis en cause du groupuscule d’extrême-gauche peuvent être impliqués dans une série d’incendies et de tentatives qui avaient visé des ANPE et des antennes Assedic entre 2005 et 2007 un peu partout en France.
Tarnac : La piste des incendies d’ANPE, JDD, 11/01/2009

Hé oui, ces fourbes de crypto-révolutionnaires, non contents de paralyser un rail qui n’avait pourtant pas besoin de leurs services, non contents d’avoir ourdi les bûchers contre les radiants associés, sont aussi à l’origine d’un immonde attentat orthographique dont nous apportons la preuve éclatante dans ces lignes !

C’est à cela que l’on reconnaît les falsificateurs, les complotistes et les barbouzes en tong : ils osent tout et rien ne les arrête.

http://blog.monolecte.fr/post/2009/01/12/Tarnac-m-a-tuer


[Claude-Marie Vadrot, Politis.fr – 19 novembre 2008]

Après les sabotages de lignes TGV le 8 novembre dernier, neuf personnes, bien vite présentées comme des « anarchistes d’ultra-gauche » par les médias et la police, ont été placées en garde à vue. Mais aucun élément n’est venu prouver leur culpabilité et de nombreuses questions restent en suspens.

Dimanche 16 novembre, neuf membres présumés d’une « cellule invisible » qualifiée « d’ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome » par la ministre de l’Intérieur, ont été mis en examen pour « destructions en réunion en relation avec une entreprise terroriste ». Quatre d’entre-eux ont été mis en liberté sous contrôle judiciaire et cinq incarcérés. Sans qu’il existe, en l’état actuel de l’enquête, la moindre preuve qu’ils aient de près ou de loin participé aux actes de malveillance qui avaient perturbé une semaine plus tôt le trafic des TGV Nord, Est et Sud-Est. Ce qui n’a pas empêché la plupart des médias de répéter les vraies-fausses informations répandues par les policiers pour accréditer l’existence d’un « groupe de terroristes », basé à Tarnac en Corrèze, en train de préparer des sabotages. Quelques informations méritent pourtant d’être examinées de plus près, d’autant qu’elles n’ont pas été répercutées par la presse.

Le groupe cellule invisible existe-t-il ?
Pour la Sous-direction anti-terroriste (SDAT) et pour la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), la réponse est positive depuis au moins sept mois, depuis qu’elles ont reçu instructions de « trouver des terroristes français ». Mais ce groupe n’a jamais existé comme structure et le mot choisi à dessein par la police et la justice pour les désigner n’a été inspiré que par la signature collective d’un livre, « L’insurrection qui vient » (éditions La Fabrique). Livre théorique plutôt fumeux qui n’a rien d’un « manuel de sabotage ». Il n’a fait l’objet d’aucune procédure depuis sa parution, le 22 mars 2007, et reste en vente libre pour 7 euros. Une seule réalité : une partie des résidents de Tarnac participaient systématiquement à des manifestations depuis leur installation progressive en 2002.

Le rôle des services spéciaux américains
Le couple « principal » des accusés aurait été repéré en janvier 2008 dans une manifestation organisée devant le bureau de recrutement de l’armée américaine qui se trouve depuis des années sur Times Square, à Manhattan. Ni la première ni la dernière des manifestations dans ce lieu symbolique de New York. Quelques jours plus tard, le couple aurait été interpellé avant la frontière canadienne pour « défaut de papiers ». Premier mystère : ce serait bien la première fois, depuis septembre 2001, que des policiers américains laissent filer des étrangers avec des papiers suspects. Deuxième incohérence : dans leurs premières distillations « d’informations » aux journalistes, les policiers français expliquent que ce couple était soupçonné d’avoir participé à une dégradation du bureau de recrutement. Jusqu’à ce que l’on apprenne que « l’attentat » a eu lieu en avril, Julien et Yldune étant à cette époque revenu en France depuis des mois. La version officielle française dit pourtant que les services spéciaux américains ont (auraient) signalé le couple deux jours après « l’attentat ».

Un groupe sous surveillance ?
Oui. Selon nos informations, au moins depuis deux ans et demi, comme la plupart des groupes ou des individus participant régulièrement à des manifestations. La mise en fiche particulière, avec suivi par des officiers de police, des manifestants considérés comme « actifs » ou « récidivistes » a été ordonnée le 25 mars 2006 par Nicolas Sarkozy lors d’une réunion au ministère de l’Intérieur, au lendemain des premières manifestation anti-CPE. Michèle Alliot-Marie a pris le relais en étendant le système de suivi.

Le groupe était-il infiltré ?
La question se pose : à en croire ceux qui ont approché des membres du groupe, dans le XXe à Paris et en Corrèze, il n’aurait jamais été question, au delà des discours, du moindre passage à l’acte. Si la pose des fers à béton sur des caténaires est prouvée, ce qui n’est pas encore le cas, il se dit dans l’entourage du groupe que parmi les personnes relâchées (il y a eu 21 interpellation le 9 novembre au matin) figurerait un personnage qui a beaucoup insisté, il y a trois mois, pour un passage de la théorie à la pratique, idée qui rencontrait des résistances. L’histoire des milieux anarchistes est riche d’inflitrations-provocations dans lesquelles la police n’intervient qu’après l’acte illégal « suggéré ». Soupçons à rapprocher d’un témoignage accusateur sous X (anonymat donc garanti) fait « spontanément » jeudi dernier par un membre du « groupe » dans une brigade de gendarmerie du Puy-de-Dôme.

La ministre de l’Intérieur réinvente le délit d’opinion
Le 13 novembre, un représentant du Parquet de Paris a déclaré : « Les éléments recueillis ne permettent pas de les présenter comme coupables, le délit d’opinion n’est pas criminalisé en France ». Le procureur de Paris, sur instructions, a estimé le contraire. Au début de l’enquête, le 8 au matin, les gendarmes ont annoncé disposer d’empreintes et de traces ADN. Dimanche, elles n’existaient plus. Les mises en examen, comme l’expliquent les avocats, ont donc été essentiellement faites sur des présomptions puisqu’en l’état actuel de l’enquête, il n’existe aucune preuve. Mais il est vrai que des policiers ont confié aux journalistes à propos de Julien : « Vous savez, il est très intelligent ». Ce qui constitue sans aucun doute une circonstance aggravante.


[L’union – Stéphane Massé – 21/11/2008]
Non, les jeunes mis en examen à Tarnac ne sont pas membres de la Fédération anarchiste. Et dans cette affaire, c’est le rôle de l’État que pointent les « anars » locaux.

L’ANECDOTE ne va sans doute pas permettre aux collègues et connaissances de Dominique Lestrat, figure bien connu du groupe Propotkine, une des composants de la Fédération anarchiste, de diminuer leur volume de plaisanteries sur les prétendues activités de l’homme à la barbe aussi fournie que les rumeurs sur l’affaire de Tarnac. « On n’arrête pas de me demander, avec un grand sourire heureusement, si on ne risque rien à prendre le Paris – Laon. » Et d’apprendre que Dominique Lestrat se trouvait à Gentioux (Creuse), célèbre pour son monument aux morts qui porte l’inscription « Maudite soit la guerre » soit à 18 km de Tarnac (Corrèze), lieu où le groupe de jeunes a été interpellé, ne va contribuer à diminuer les piques. « Nous avons presque été prévenus en direct que l’opération des forces de l’ordre venait de se dérouler » glisse Dominique Lestrat, « et ensuite, comme il a été retrouvé le journal qu’édite le mouvement libertaire de la Creuse, « Creuse Citron » dans le café que ce groupe de jeunes a remonté à Tarnac, il y a eu aussitôt, une assimilation. » Or, la réalité est bien différente selon l’habitant de Merlieux. « Bien sûr que nous les connaissions, mais ils ont toujours voulu être à l’écart du mouvement anarchiste. Ils ont des principes qu’ils disent tenir du marxisme-léninisme. Soit l’opposé du principe de la Fédération anarchiste dont nous sommes membres. Pour moi, cela ressemblait plus des à des jeunes issus de la bourgeoisie et mal dégrossis. »

Par contre, le sujet permet à l’anarchiste de donner certains arguments, sur cette situation qui a débouché sur l’interpellation de neuf personnes et la mise en examen de cinq : « Le mouvement « anarchiste autonome » n’existe pas. C’est une pure construction des ex-renseignements généraux, repris par une certaine presse avec une docilité digne d’éloges. On reproche à ces jeunes, pour certains des manifestations contre le CPE, contre le sommet qui s’est tenu à Vichy ou une à New York. Mais les preuves trouvées qui sont soi-disant « significatives » ne sont qu’une lampe frontale, des horaires SNCF et une corde d’escalade. » L’homme insiste aussi sur le « mouvement de soutien et l’incrédulité qui se sont déclarés dans ce petit village où ils sont appréciés. »

Mais, en bon anarchiste qu’il est, il va plus loin : « S’il y a terrorisme ici, il faut parler plutôt de terrorisme d’État. Car c’est lui qui a laissé les conditions se dégrader au niveau de la SNCF et des voies, ne confiant pas assez de moyens à RFF qui gère l’entretien des rails. Comme par hasard, cette histoire intervient au moment où il y avait une menace de grève à la SNCF. Tout est fait en ce moment, pour faire accepter les militaires en arme dans la rue. Sans doute en prévision des mouvements sociaux de masse qui se préparent. Car aujourd’hui, avec un PS divisé, un PC moribond, une extrême gauche qui se reconstruit et nous, les anarchistes qui sommes minoritaires, il n’y a plus de contre-pouvoir crédible. »

Et pour finir, Dominique Lestrat finit par un habituel trait d’humour, version anarchiste : « Quand un attentat n’est pas revendiqué, il faut regarder du côté des services secrets∑ Rappelez-vous que le premier attentat était l’˛uvre du préfet de police Andrieux, contre une statue de Thiers∑ »

http://www.lunion.presse.fr/index.php/cms/13/article/210851/Dominique_Lestrat______Du_terrorisme_d_Etat





Christophe Cornevin est un pur produit des écoles de journalisme, usines à fabriquer des petits soldats des médias, qui tapent là où on leur dit de taper, qui font du journalisme comme d’autres font du mediaplanning, qui rédigent des articles comme d’autres rédigent des textes publicitaires… ces gens là ne méritent aucunement la considération habituellement associé à la fonction journalistique (et héritée d’une époque où la presse avait un minimum de conscience professionnelle). Ils ne sont que des publicitaires. Ils ne méritent pas de protection particulière.. et certainement pas notre respect ! Traiter Cornevin de « journaliste » c’est insulter des gens comme Robert Fisk…

Fabrication d’épouvantails, mode d’emploi
[Daniel Schneidermann –  17/11/2008]
Stupeur et consternation ! Les terroristes «d’ultragauche» accusés par la ministre de l’Intérieur d’avoir saboté des caténaires de TGV, vivaient paisiblement à Tarnac, petit village de Corrèze. Ils y tenaient même l’épicerie-bar. Les habitants du village expriment tout le bien qu’ils pensaient de leurs commerçants uniques. Qu’à cela ne tienne. Les journaux télévisés unanimes brodent sur la clandestinité du groupe, «qui avait balancé ordinateurs et téléphones portables». Une épicerie, peut-être, mais «une épicerie tapie dans l’ombre», précisa fort sérieusement un journaliste de France 2.

Le journalisme policier est un art difficile. Il ne s’agit pas seulement de recueillir les confidences des enquêteurs, et de tenter tant bien que mal de séparer infos et intox. Il faut encore leur donner la forme d’un roman conforme à ce qu’attendent, selon les cas, les lecteurs, la hiérarchie du journal, ou le ministère. D’où la fabrication ultrarapide «d’épicerie tapie dans l’ombre», d’un «commando» composé d’un «cerveau» et de «lieutenants» réfugiés dans un «QG» ou de «nihilistes potentiellement très violents».

Fabrication, ou résurrection ? Aux plus âgés d’entre nous (disons, les quadragénaires bien avancés) les journaux télévisés de la semaine dernière auront au moins rappelé leur jeunesse. Aux «prêcheurs barbus des caves», aux «gangs ethniques des banlieues», a en effet succédé une autre catégorie de «méchants», bien oubliée, «la mouvance anarcho-autonome». Et resurgissent pêle-mêle les fantômes des glorieux prédécesseurs de MAM, Michel Poniatowski (ministre de Giscard), ou même Raymond Marcellin, titulaire du poste sous Pompidou.

Dans ce concours de fabrication d’épouvantails, notre confrère du Figaro, Christophe Cornevin, se classe hors catégorie.

Les ultraépiciers de Tarnac, aux yeux du Figaro, étaient «en totale rupture de ban avec la société», «embarqués dans un mode de vie altermondialiste, vivotant pour certains du négoce de produits agricoles, fuyant le regard des rares riverains qui les entouraient, ces apprentis terroristes de la gauche ultra présentaient un profil bien particulier. Agés de 25 à35 ans pour le plus âgé, ces nihilistes considérés comme «potentiellement très violents» étaient articulés autour d’un petit «noyau dur» d’activistes déjà fichés pour divers actes de violences et de dégradation. A priori, aucun d’entre eux ne travaillait. «Cela ne correspondait pas à leur philosophie», lâche un enquêteur. Les femmes de la bande, quant à elles, sont plus volontiers dépeintes sous les traits de « filles de bonne famille issues de la bourgeoisie de province ». Un profil somme toute guère étonnant au regard de la jeune fille chic en Burberry qui répondait au nom de Joëlle Aubron à l’époque d’Action Directe».

Paresse, lâcheté, violence, trahison de sa classe d’origine : tous ces traits de caractères individuellement, sont inquiétants. Regroupés, ils composent un tableau terrifiant. Le lendemain, le titre d’un article du même journaliste nous apprend que «l’ADN est au cœur de l’enquête». Mais au cœur de l’article… rien sur les preuves ADN.

A croire d’ailleurs que la fabrication d’épouvantails médiatiques est une spécialité en soi. Une recherche au sujet de Christophe Cornevin dans le moteur Google, donne une idée de l’ampleur des compétences du confrère. «Une dizaine de lascars sont affalés sur les bancs de la salle des pas perdus de la 23e chambre correctionnelle, écrit le journaliste. Agés de 17 à 22 ans, ils sont dans leur écrasante majorité originaires d’Afrique noire» (7 septembre 2007, article intitulé «L’essor des gangs africains dominés par le vol et la violence»). «Les barbus s’activent derrière les barreaux», titre leFigaro en septembre. Détails : «Ces religieux clandestins se sont radicalisés en surfant sur Internet, confie un haut responsable de l’AP. Ils distillent des fragments de sourates pouvant faire référence à la violence et reprennent un discours moyenâgeux pour convertir leurs compagnons de cellule.»

Mais lorsque la tendance des épouvantails vire au modèle «trader fou», notre artisan sait aussi se reconvertir, comme dans cette description balzacienne des objets saisis lors d’une perquisition chez l’ancien trader de la Société générale Jérôme Kerviel : «Sur une table placée aux abords de l’impressionnant écran plat qui trône dans la pièce principale, ils ont notamment trouvé deux téléphones portables, un livre de réglementation bancaire, un numéro de la revue Investir intitulé «Comment s’enrichir en 2008», une canette entamée, une boîte de cigares Monte-Cristo et un exemplaire du Coran comprenant une version arabe et sa traduction en français.»

Ça ferait rire, si ça ne faisait pas peur. Ça ferait peur, si ça ne faisait pas rire.

http://www.liberation.fr/medias/0101266655-fabrication-d-epouvantails-mode-d-emploi


[Commentaire de Démocrypte sur Betapolitique – 12/11/2008]

Comment reconnaître un terroriste du rail ?

1. Un terroriste du rail se reconnaît au fait qu’il est contre la guerre, mais avec une « rare véhémence ».

A tout seigneur, tout honneur, précisons que nos fins limiers ont été mis sur la piste des « terroristes de Tarnac » (Tarnac, 350 habitants, une église du XIème siècle, un château du XVIIème et 40 km de chemins de randonnée) par les américains qui ont signalé leur « chef » à la police française, comme le note le Figaro : « repérés à la fin de janvier pour des troubles à l’ordre public provoqués en marge d’une réunion anarchiste se tenant à Times Square à New York. Avec une rare véhémence, ils protestaient alors devant un centre de recrutement de l’armée américaine qui, d’ailleurs, a été frappé par un attentat le mois suivant. »

2. Un terroriste du rail se fait passer pour un individu « normal » : il trompe son monde en se dissimulant sous les traits de fermiers ou d’épiciers.

Le journal La Montagne avait rencontré les six jeunes femmes et quatre jeunes hommes devenus les « terroristes de Tarnac »… et n’y avait vu que du feu !

Le journal « La Montagne » nous les décrit comme habitants d’un bâtiment appelé « La ferme » qu’ils avaient achetés. Le maire de la commune, Jean Plazanet a déclaré à l’AFP que les jeunes qui l’occupaient l’avaient acheté en 2003. Ils y élevaient des moutons et entretenaient un potager. Cette communauté recevait des visiteurs venant de Grèce ou d’Italie. Ils étaient très bien intégrés dans la commune où l’un gère une épicerie qui fait également office de station-service. Les habitants interrogés ont été unanimes : ils sont très sympa.

« Il y a trois ans, en posant leurs valises sur le plateau, dans un hameau non loin de Tarnac, Gaëtan, 25 ans, et Benjamin, 30 ans, ne pensaient pas devenir commerçants. Lorsqu’ils ont débarqué avec une vingtaine de potes pour retaper une vieille ferme, les rumeurs ont d’ailleurs été bon train. “Tout est parti de notre volonté de travailler là où on vit. Car on n’est pas venu ici pour faire du fric”, explique Gaëtan. Pour preuve, il est également devenu président du comité des fêtes”, observe la Montagne.

3. Un terroriste du rail écrit

Autre élément à charge : il semble qu’ils écrivaient ! Selon Sud-Ouest, ce groupe aurait participé à la rédaction d’un ouvrage intitulé « L’insurrection qui vient », signé d’un énigmatique « Comité invisible » et paru aux éditions de La Fabrique. En voici quelques extraits.

4. Un terroriste du rail est étroitement surveillé par la police, mais parvient toujours a déjouer sa vigilance pour commettre ses forfaits sans jamais laissé ni indice, ni trace.

Voilà qui est accablant pour nos dix de Tarnac, c’est même signé : il n’y a pas de preuves contre eux comme le note le Point. Seul des terroristes peuvent détruire les preuves avec autant d’adresse alors qu’ils sont étroitement surveillé par la police !

5. Les terroristes commettent des attentats même pendant leur garde à vue

C’est ainsi qu’un train percute une plaque de béton posée sur les rails par malveillance près d’Alençon, le 11/11 à 17h30, alors que les 10 jeunes gens étaient en garde à vue.

http://www.betapolitique.fr/Qui-sont-les-vrais-saboteurs-de-la-16829.html#forum20407