juillet 2009
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31 juillet 2009
Le jour où le président est (re)devenu Noir
(Mais est-il revenu à lui même?)
[Greg Palast – The Huffington Post – 29 juillet 2009 – Trad. Gregor Seither]
Aille ! Aille ! Aille ! Il s’est fourré dans de beaux draps ! Pendant un bref instant, devant les caméras de télévision, le Président des Etats-unis est devenu Noir !
La semaine dernière, quand son pote « Skip » Gates s’est fait embarquer par les flics pour avoir osé être Noir dans un quartier huppé de Boston, Barack Obama a oublié son rôle officiel: celui du pacificateur des consciences américaines qui leur raconte la belle histoire comme quoi son élection marque la fin du racisme aux USA.
Au lieu de cela, Obama, ce Président qui se donne un mal énorme pour toujours paraître ne pas choisir de camp, s’est effacé devant Barack, le sénateur radical du ghetto de South Side à Chicago, qui nous a rappelé que les flics embarquent tout le temps des Négros, juste pour les faire chier et leur montrer qui est le « mac » dans la rue.
Je me souviens soudain qu’il n’y a pas si longtemps [NdT. en 1992] que nous avons vu une bande de petites frappes en uniforme de police de Los Angeles s’acharner avec une violence inouïe sur un homme à terre, les mains menotées dans le dos: Rodney King, un Noir, un « Africain-Américain » si vous préférez. La seule chose inhabituelle dans le passage à tabac de Rodney King est que – cette fois là – il s’est trouvé quelqu’un pour le filmer et montrer la vidéo au monde. Des violences policières comme celles-là, il s’en produit des milliers, chaque nuit, à travers le pays.
Oui, je sais: nous avons parcouru un sacré chemin depuis. Les choses ont changé. Obama a gagné, Jessie a pleuré [NdT. Jesse Jackson – président du lobby antiraciste NAACP], Beyoncé a lancé sa propre marque de parfum et Tiger Woods joue dans des clubs où, il y a encore 30 ans, on aurait refusé de le servir.
Je suis content pour eux.
Mais que pensez vous du cas de Robert Pratt, M. le Président?
Pratt, travailleur dans l’industrie automobile, est père de cinq enfants et paye chaque mois 1 100 US$ en traites pour rembourser sa maison de Detroit – alors que celle-ci ne vaut même plus 40 000 US$. Si ses traites sont astronomiques, c’est parce qu’il paye 11% de taux d’intérêt, soit le double de la moyenne nationale. Avec un plan de financement pareil, il est quasiment certain de ne pas pouvoir rembourser et de bientôt se retrouver à la rue.
Comment en est-on arrivé là ? Pratt, dont nous avons suivi le cas dans le cadre d’une étude, a été « orienté » vers un prêt immobilier à taux « subprime » par la banque Countrywide Financial. « Orienté » est une façon polie de dire qu’on force les gens à accepter des prêts à des conditions usuraires. Et quand je dis « des gens », je ne dis pas n’importe quels gens : je dis des Noirs, comme M. Pratt. Plus de 60% des personnes Noires qui on déposé ou déposent un dossier de crédit ont été (et le sont encore) orientés vers des contrats « subprime » aux taux prédateurs.
Selon une étude exhaustive menée par le « Federal Reserve Board » et le « Center for Responsible Lending » (CRL), les Africains-Américains sont 250 plus susceptibles d’obtenir un crédit doté d’un taux « explosivement variable » que des emprunteurs à la peau blanche. Et ne venez pas nous dire que c’est parce que les Noirs sont généralement plus pauvres que les Blancs : l’étude à montré que plus on monte dans l’échelle des revenus et plus le « credit rating » est élevé, plus la discrimination devient marquante.
[NdT. Selon une étude de l’Université de Tufts, basée sur l’analyse de 28 000 dossiers dans les grandes et moyennes villes U.S., il apparaît que, à revenu et notation égales, un cadre supérieur Noir qui demande un crédit immobilier à sa banque a 250 fois plus de chances de se retrouver avec un crédit « subprime » à taux usuraire « explosif » qu’un cadre supérieur Blanc tout aussi riche et bien noté.]
En tant qu’économise, je peux vous dire sans la moindre exagération que l’échec d’Obama de se confronter à la question du racisme endémique au sein du système financier est entrain de tuer tout espoir dans le redressement économique de ce pays. Selon les études de la CLR, les « crédits à taux explosifs » qui ont majoritairement touché les communautés Noires et Hispaniques, sont à l’origine de la dévaluation de 40,2 millions d’autres propriétés, qui ont perdu leur valeur commerciale à cause de leur proximité avec des maisons qui ont été saisies et vendues aux enchères, saturant le marché immobilier.
Et malgré cela, nous n’avons pas entendu le moindre commentaire de la part de l’Administration Obama visant à mettre fin à ces pratiques de crédit dignes du Ku Klux Klan, des pratiques ciblées qui ont dévasté les quartier Noirs et ont emporté une grosse partie des valeurs immobilières de l’Amérique Blanche avec elles.
[NdT. Selon l’observatoire des prix immobiliers, dans les grandes villes comme Detroit et Chicago, dans certains quartiers, 3 maisons sur 5 sont abandonnées et ont perdu 90 à 95% de leur valeur y compris foncière. Cela dépasse les dommages causés par le cyclone Katrina à une ville comme New Orleans]
Au lieu de cela, le directeur de cabinet d’Obama, Rahm Emanuel, a été l’invité d’honneur du Directoire de JP Morgan, groupe bancaire propriétaire d’un des pires prédateurs financiers à l’origine de la crise, Washington Mutual. Comparé à Morgan/WaMu, et ses magouilles de crédit fortement teintées de racisme, le commissariat de police de Cambridge [NdT. Où a été arrêté le professeur Gates] pourrait passer pour une annexe de SOS Racisme [NdT. aux USA, le NAACP est une puissante association de lobbying anti-raciste et anti-discriminatoire].
(Et de fait, les hôtes de Rahm Emmanuel, la banque JP Morgan a été trainée devant les tribunaux la semaine dernière par le NAACP qui l’accuse de « racisme systématique et institutionnalisé dans l’attribution de ses crédits immobiliers »).
La vérité toute nue est que les attaques financières contre la communauté Noire se poursuivent, avec la même intensité, sous Obama comme sous Bush, malgré le pouvoir dont dispose Obama qui lui permettrait d’interdire la pratique des taux usuraires aux banques recevant des fonds de soutien de la part du gouvernement. Obama a ordonné à la FDIC de garantir les emprunts de JP Morgan, permettant à la banque d’économiser 3,1 milliards US$. Obama a également ordonné à la FDIC de garantir à M. Pratt… euh… de « ne pas perdre espoir ».
Et qu’en est-il de Thomas Johnson, M. le Président?
Johnson est un pasteur de l’église protestante qui vit en Floride. En 2000 il a été privé de son droit de vote, en même temps que 94 000 autres électeurs – tous accusés à tort d’être des délinquants privés de leurs droits civiques. La plupart de ces innocents victimes d’un déni de justice sont Noirs, y compris notre pasteur. Comment je sais cela ? Parce que j’ai vu la liste de ces « délinquants interdits de vote » établie par les autorités de l’Etat de Floride, et que à côté de leurs noms, une main zélée avait pris la peine de noter « BLA » [NdT. pour « Black », Noir, la communauté Noire étant un réservoir de votes traditionnel du Parti Démocrate, les Républicains ont tout fait pour purger au maximum les listes électorales dans les districts traditionnellement acquis aux candidats démocrates – voir les extraits de « Armed Madhouse » sur ce site (liens en bas de page)]
Quand j’ai enquêté sur cette affaire, un de mes journalistes – je ne le nommerais pas parce que sa réaction est tellement typique d’une certaine mentalité – m’a demandé pourquoi le pasteur Johnson, qui, je vous le rappelle, est Noir, n’a pas tapé du poing sur la table et EXIGE qu’on lui restitue son droit de vote injustement privé. Johnson n’est pas professeur à Harvard, il n’a pas la ligne directe du Président dans les favoris de son téléphone portable.
Mon journaliste, à la peau très blanche, fraichement émoulu de l’université de Yale, assis dans son bureau de San Francisco, n’arrivait pas à imaginer ce qui risquerait d’arriver si un pasteur Johnson, à la peau noire, s’était permis de faire un scandale dans un bureau de vote du Conté d’Alachua, au plus profond du Sud Profond. Notre pasteur a eu l’intelligence de ne pas prendre modèle sur « Skippy Gates » et s’est bien gardé de se montrer défiant envers les autorités locales: après tout, il y a seulement quelques mois, les flics d’Alachua ont déchargé leurs Tasers sur un homme Noir désarmé, « qui troublait l’ordre public », avant de lui loger sept balles dans la peau et de le tuer.
Bien sûr, vous allez me dire que la privation inique du droit de vote de M. Johnson est « une histoire qui date de l’An 2000. » Aujourd’hui c’est différent, nous sommes en 2009, nous sommes entrés dans l’ère « post-raciale ».
Mon cul, oui.
Lors des élections de l’an dernier, la Floride ne s’est pas privée de pratiquer la purge des liste électorales sur des critères racistes et électoralistes, interdisant à des milliers d’électeurs Noirs et Hispaniques de se rendre aux urnes à travers l’instauration d’une nouvelle loi limitant les documents d’identité valables pour pouvoir voter [cf Real ID].
Rien que cette nouvelle loi aura permis d’écarter tellement de Noirs et de Bronzés des urnes que les ségrégationnistes « Jim Crow » des années 1950 auraient applaudi des deux mains. (Je vous renvois à l’enquête, « Block the Vote » que j’ai réalisé avec Bobby Kennedy, paru dans l’édition d’octobre 2008 de Rolling Stone – [NdT : disponible sur L&I : COMMENT VOLER UNE ÉLECTION ?
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/10/27/comment-voler-une-election/]
Et pourtant, l’Administration Obama ne semble pas être très pressée à invalider ces pratiques électorales dignes d’un Bull Connors [NdT : chef raciste de la police de Birmingham lors de la campagne pour les droits civiques de Noirs en 1963 – également membre important du Ku Klux Klan et responsable local du Parti Démocrate (sic)].
POISON
Ce que je veux dire c’est que le poison du racisme structurel en Amérique continue à nous rendre tous malades, dans notre économie, dans nos bureaux électoraux, dans nos écoles (ne me lancez pas sur ce sujet…), dans notre système de sante, dans… choisissez un domaine au hasard, ils sont tous affectés.
Oui, bien sûr, moi aussi je me suis joint à la Parade de l’Espoir, moi aussi j’ai voté pour Obama, en espérant qu’il y aurait au moins ce changement là : une attaque directe contre les derniers bastions de politiques et pratiques racistes qui subsistent encore dans nos administrations et autorités tant locales que nationales. J’attends encore.
Cela a été un moment fort de voir apparaître – même brièvement – un homme Noir derrière le pupitre marqué du sceau présidentiel.
Malheureusement, si Obama s’est faché et a exigé que la loi s’applique à tous, sans distinction, il lne l’a pas fait pour défendre un Noir. Non, il l’a fait parce que cette fois ci le fouet s’était abattu sur une personne comme lui, quelqu’un de son milieu, quelqu’un dont le statut professionnel et la classe sociale leur faisait croire qu’ils étaient désormais à l’abri des insultes et vicissitudes quotidiennes que doivent affronter leurs « frères » moins privilégiés.
On a tellement insisté sur le fait que Gates était professeur à Harvard qu’à la fin on avait l’impression que la raison du scandale était que « il n’est pas admissible de menotter un homme Noir QUI EST PROFESSEUR A HARVARD ».
Il ne s’agissait pas d’une violence raciste, il s’agissait d’une violation des règles du privilège de classe, qui ne connait pas de distinction raciale.
On ne ressent pas en Amérique – et tout particulièrement dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche – le moindre frémissement de colère ou d’indignation face aux cruautés endémiques et systématiques, qui sont infligées chaque jour à des citoyens Noirs comme Pratt and Johnson, des citoyens qui ont le malheur de ne pas être membres du Club des anciens élèves de Harvard.
Greg Palast, expert financier et en règlementation, est l’auteur de « Armed Madhouse: Strange Tales and Sordid Secrets of a White House Gone Wild » – dont de larges pans ont été traduits ici [voir ci-dessous]. Ses documentaires d’investigation réalisés pour BBC Television et Democracy Now viennent de paraître en DVD sous le titre: Palast Investigates : From 8-Mile to the Amazon, on the Trail of the Financial Marauders.
Visitez son site pour recevoir ses enquêtes (en anglais) : http://www.GregPalast.com
Textes de Greg Palast sur Libertes & Internets :
Sur la question des élections : extraits traduits de « Armed Madhouse »
COMMENT LE PARTI RÉPUBLICAIN VA TRUQUER LES ÉLECTIONS DE 2008…
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/01/08/greg_palast_the_theft_of_2008/
U.S.A. : COMMENT EMPÉCHER LES ÉLECTEURS DU PARTI DÉMOCRATE DE VOTER ?
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/01/09/usa-comment-empecher-les-electeurs-du-parti-democrate-de-voter/
ELECTIONS USA : COMMENT FAIRE DISPARAÎTRE SIX MILLIONS D’ÉLECTEURS… SURTOUT LES BASANÉS
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/01/13/elections-usa-comment-faire-disparaitre-6-millions-delecteurs/
COMMENT VOLER UNE ÉLECTION ?
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/10/27/comment-voler-une-election/
GREG PALAST : EN MATIÈRE D’ÉLECTIONS LES ETATS-UNIS SONT UNE RÉPUBLIQUE BANANIÈRE
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/10/16/greg-palast-en-matiere-delections-les-etats-unis-sont-une-republique-bananiere/
Sur le Vénézuéla
L’ASSASSINAT DE HUGO CHAVEZ : CLÉS POUR COMPRENDRE
https://libertesinternets.wordpress.com/2007/11/23/lassassinat-de-hugo-chavez-cles-pour-comprendre/
VENEZUELA : L’ASSASSINAT D’HUGO CHÁVEZ, PAR GREG PALAST.
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/01/04/venezuela-l%e2%80%99assassinat-d%e2%80%99hugo-chavez-par-greg-palast/
Autres textes :
VOLER LES RETRAITES DES OUVRIERS POUR RENFLOUER LES BANQUES ? AVEC OBAMA C’EST POSSIBLE !
https://libertesinternets.wordpress.com/2009/06/03/voler-les-retraites-des-ouvriers-pour-renflouer-les-banques-avec-obama-cest-possible/
EXXON VALDEZ : JOHN MCCAIN SE COUCHE DEVANT LES PÉTROLIERS, AU POINT D’EN TRAHIR SES PROPRES LOIS QU’IL A FAIT VOTER…
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/03/23/exxon-valdez-john-mccain-se-couche-devant-les-petroliers-au-point-den-trahir-ses-propres-lois-quil-a-fait-voter/
GREG PALAST : COMMENT WALL STREET A LIQUIDÉ ELIOT SPITZER POUR POUVOIR CONTINUER SES PETITS BIZNESS
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/03/17/greg-palast-comment-wall-street-a-liquide-eliot-spitzer-pour-pouvoir-continuer-ses-petits-bizness/
L’ORDINATEUR MAGIQUE DE RAUL REYES, NUMÉRO DEUX DES FARC
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/03/11/lordinateur-magique-de-raul-reyes-numero-deux-des-farc/
L’HISTOIRE D’AMOUR OUBLIEE ENTRE HILLARY CLINTON ET PERVEZ MUSHARRAF
https://libertesinternets.wordpress.com/2007/11/22/lhistoire-damour-oubliee-entre-hillary-clinton-et-pervez-musharraf/
27 juillet 2009
[Gregor Seither – IES News Service – 26/07/2009]
Il y a environ deux semaines, l’Administration Obama a rendues publiques environ 1 000 photos prises par les satellites espions de l’Armée U.S. au-dessus de l’Arctique et jusqu’ici censurées par l’Administration précédente.
Ces photos avaient été prises dans le cadre d’un programme de recherche scientifique qui permet aux chercheurs de demander et d’obtenir des prises de vues faites par les satellites de surveillance militaire. L’Administration Bush avait autorisé les chercheurs à consulter les photos mais avait interdit leur publication.
Pour Jeff Huber, de l’Académie Nationale des Sciences, « il est probable que ces photos allaient trop à l’encontre de la vulgate préchée par les lobbies industriels à Washington, qui veut que rien n’est certain en termes de réchauffement climatique et qu’il est urgent d’attendre avant de faire quoi que ce soit qui puisse déranger les industriels… ou les frapper au portefeuille. »
L’Administration Bush est déjà accusée d’avoir fait disparaître plusieurs rapports scientifiques dénonçant l’impact environnemental d’une exploitation pétrolière et minière dans les zones du Grand Nord… une exploitation que les lobbies et amis du président Bush ne cessent de réclammer. « Ne rien faire qui pourrait facher les amis industriels et financiers qui forment l’équipe de Bush » précise Jeff Huber.
Au début du mois, la National Academy of Science a conseillé à la nouvelle administration de « déclassifier » ces photos, ce qui a été fait le jour même. L’attention de la presse a été attirée sur ces documents à cause de la publication, hier, par le Guardian, de la photo suivante, qui est assez frappante. Il s’agit des glaces au large de la ville de Barrow, en Alaska, prises lors de l’été 2006 et l’été 2007 :

Photo censurée par l'Administration Bush montrant le recul des glaces arctiques
Mais bien d’autres images tout aussi dérangeantes sont désormais consultables sur le site de la « Global Fiducials Library » de l’institut de recherche géologique U.S. <http://gfl.usgs.gov/ArcticSeaIce.shtml>.
Voici , par exemple, l’évolution, sur six ans, des glaces dans la Mer de Beaufort :

Photo censurée par l'Administration Bush montrant le recul des glaces arctiques
Ou encore, la preuve du recul important du Glacier de Béring (dont le lobby industriel veut nous faire croire qu’il avance en fait) :

Recul du Glacier de Béring
26 juillet 2009
[Maria Carmen Sarmiento – Ligue des Droits de l’Homme d’Amérique centrale – 18/07/09 – Trad. Gregor Seither]
Le 10 juillet, dans un article du Los Angeles Times se voulant « raisonnable et raisonné » Miguel A. Estrada parle d’un « non-coup d’état » au Honduras, et justifie le renversement militaire du président Zelaya par des arguments constitutionnels. Cet avis « informé » a été repris par de très nombreuses publications favorables aux putchistes et est depuis systématiquement citée comme étant « la preuve » ou « la référence » que le coup d’état était légal. Il a encore été cité hier soir par un commentateur de droite sur la chaine de télévision MSNBC afin de clouer le bec à une personne soulignant le caractère antidémocratique du coup d’état.
Estrada s’abrite derrière le paravent linguistique en conseillant aux détracteurs des putschistes de lire la Constitution du Honduras ainsi que d’autres textes légaux avant de juger la situation. L’intelligentsia U.S. (et les contributeurs aux forums de droite aux U.S.) n’étant pas très versée dans la langue espagnole, personne n’a pris la peine de se coltiner ces textes difficiles et préfère s’appuyer sur l’avis « informé » d’Estrada. Après tout, s’il le dit, c’est que ça doit être vrai, non ? Inutile d’aller vérifier.
Pour notre part, dans notre équipe, nous sommes hispanophones et avons fait des études de droit. Alors nous sommes allés consulter les documents de la Cour Suprême justifiant le coup d’état, la constitution du Honduras ainsi que les articles du code pénal et de la législation traitant des référendums et autres consultations populaires. Nous nous sommes également mis en contact avec plusieurs experts latino-américains sur la question ainsi que des collègues journalistes.
La conclusion qui s’impose est que, sur la base des informations publiées par la Cour Suprême elle même, l’argument légal justifiant le renversement de Zelaya est si tenu, tellement basé sur une manipulation linguistique, qu’il ne résiste pas à une étude approfondie.
Sur la base légale, ni la Cour Suprême ni le Congrès hondurien n’avaient le pouvoir de renverser le président élu, par contre ils auraient eu le pouvoir d’ordonner son arrestation pour conduite criminelle et de le juger par une cour spéciale composée de magistrats de la Cour Suprême. Au lieu de cela, les juges ont autorisé les putschistes à mettre Zelaya dans un avion et à le déporter, en contradiction avec le mandat d’amener qu’ils avaient eux-mêmes édictés. De toute évidence, la Cour Suprême n’avait aucune envie de juger Zelaya, elle voulait simplement qu’il débarrasse le plancher, au mépris du droit le plus basique.
MAIS VOYONS LES ARGUMENTS EN DÉTAIL :
Pour commencer, le président Zelaya n’a pas, comme l’affirme un peu partout la presse, convoqué un référendum. Il a ordonné une « encuesta« , une « enquête d’opinion publique » en vue de savoir si la population était d’accord pour qu’une convention constitutionnelle soit convoquée. Le titre officiel de cette consultation était d’ailleurs « Encuesta de Opinión Pública Convocatoria Asamblea Nacional Consituyente » et elle avait été confiée à l’Institut National de la Statistique par le biais d’un questionnaire. Il ne s’agissait donc pas d’un référendum avec urnes et bulletins de vote.
Dans son article souvent cité, M.A.Estrada prétend que le décret instituant ce « referendum » était illégal étant donné qu’il faut « une majorité des deux tiers du congrès pour convoquer un référendum« . Cet argument est faux, le congrès n’a pas autorité sur la convocation d’un référendum, uniquement sur les modalités de son organisation. La règle des deux tiers ne s’applique qu’à certains amendements « protégés » par la Constitution et qui ne peuvent être changés autrement.
La « Loi de Participation Citoyenne » votée en 2006 (entre autres par le putschiste Micheletti) donne tout pouvoir au président Zelaya avait tout pouvoir pour convoquer un référendum. L’opposition au Congrès en était d’ailleurs pleinement consciente : moins d’une semaine avant le démarrage de l’enquête d’opinion publique, le Congrès a passé une loi interdisant les référendums et plébiscites dans une période de 180 jours précédant une élection. Mais la loi ne mentionne nulle part les enquêtes d’opinion (« encuestas ») et pour cause, étant donné qu’une telle interdiction violerait la liberté de la recherche scientifique, qui fait partie des secteurs protégés dans la Constitution. Zelaya n’était donc nullement dans l’illégalité.
M.A. Estrada poursuit en affirmant que “l’article 239 stipule clairement que tout président qui entreprend une action pour assurer sa réélection doit immédiatement cesser ses fonctions« . Cet argument est tellement fantaisiste que les documents de la Cour Suprême en faveur du putsch ne mentionnent nulle part l’article 239… et à aucun moment dans le débat politique qui a précédé le putsch le président Zelaya n’a fait référence à sa réélection.
Saisissant la faiblesse de son argumentation, le camp des « pro putschistes », y compris certains grand quotidiens occidentaux, affirme que “la motivation probable derrière ce référendum était de modifier la constitution et donc de s’en prendre aux libertés du peuple hondurien.” Si le fait de vouloir modifier la constitution est attentatoire aux libertés, comment se fait il que ce document ait été modifié plus de 150 fois ces 22 dernières années, la dernière version officielle datant de 1982. Parmi les supporters de Micheletti, nombreux sont ceux qui ont voté ces modifications.
De toute façon, la question de l’extension de la durée du mandat présidentiel et de la réélection n’aurait pu être soulevée lors de la convention constitutionnelle éventuellement convoquée, étant donné que – au moment de la convocation – l’ancienne constitution aurait toujours été en vigueur.
Par ailleurs – et encore une fois, la presse occidentale fait systématiquement l’impasse sur ce point – le président Zelaya n’aurait même plus été en fonction au moment de la convention, étant donné que son mandat s’achève en Novembre 2009.
Dans le cas où le referendum proposé aurait exclu les articles qui – comme le souligne correctement M.A. Estrada – ne peuvent être modifiés, alors ce referendum aurait été parfaitement légal. Or rien dans le documents et déclarations de Zelaya ne laisse penser le contraire.
Il est intellectuellement malhonnête de justifier le coup d’état en accusant Zelaya d’actions qu’il n’a jamais engagées et dont il n’existe aucune preuve qu’il les ait même seulement envisagées.
Qu’un propagandiste partisan se permette ce genre de pirouette n’est pas surprenant, mais quand il s’agit de juristes et des garants des libertés constitutionnelles, la chose est plus grave. On s’interroge sur les motivations véritables derrière ce genre d’arguments fallacieux.
Ainsi, à la page 80-81 du dossier de la Cour Suprême on lit une argumentation assez hallucinante. Sans proposer la moindre référence constitutionnelle, la Cour affirme que – au moment de son arrestation par les militaires putschistes encagoulés, il était « communément admis » que Zelaya avait forfait son titre de Président et qu’il ne pouvait donc prétendre à la protection que lui confère ce titre. L’article 416 du code pénal hondurien prévoit en effet que, en cas de « conduite criminelle », le président de l’état peut être arrêté et amené devant une cour spéciale, composée de magistrats de la Cour Suprême, où il pourra défendre son cas avec toutes les protections légales requises. Aucune de ces garanties légales ne sera accordée à Zelaya étant donné que – par ses actions supposées – il se serait lui même « auto-destitué »… on croit réver !
Se débarrassant de leur responsabilité par une pirouette digne du meilleur casuiste, les magistrats de la Cour Suprême ont ordonné son arrestation secrète et ont confié son cas à un tribunal pénal courant, l’accusant de trahison, usurpation de pouvoirs, non-respect des décisions de la cour ainsi que d’autres crimes. L’armée a ensuite violé le mandat d’amener du tribunal et – au lieu de le livrer à un juge – a fourré Zelaya dans un avion, le forçant à l’exil – et l’aidant en quelque sorte à fuir la justice. Cette dernière action est en elle-même déjà un crime. L’un des généraux putschistes l’a reconnu plus tard mais a expliqué que « l’urgence du moment le commandait ». L’urgence du moment ? Le but n’était donc pas de « sauver l’ordre constitutionnel » mais tout simplement de se débarrasser de Zelaya au plus vite.
Inutile de jouer avec les mots, le putsch n’a pas d’autres motivations que politiques. Manuel Zelaya est devenu un troublion dans le jeu politique Hondurien. Il a augmenté le salaire minimum contre l’avis de l’oligarchie qui l’a mis au pouvoir. Il est allé faire ami-ami avec Hugo Chàvez et Rafael Correa, deux noms qui sont vomis par la bourgeoisie latina de son pays. Et quand il est entré en conflit avec l’armée – qui est totalement sous l’influence du « Southern Command » de l’Armée U.S. – il a osé les remettre à leur place et envoyer le chef d’état major à la retraite. Enfin il a fait un doigt d’honneur à l’armée U.S elle même en insistant pour réaliser son projet d’aéroport civil sur la base militaire de Soto Cano, une base qui est une des pièces maitresses du dispositif d’intervention militaire des Etats-unis dans la région. Tout cela en faisait un candidat au renversement. Quand on est président d’un pays qui vit à 80% de l’aide U.S. et des transferts de la diaspora du « Norte », on regarde où on met les pieds… c’est aussi cela l’erreur d’Hugo Chavez, que d’avoir poussé son « ami » Zelaya à y aller franchement. Un peu plus de tact aurait probablement été plus constructif… mais le tact et Hugo Chavez, cela fait deux.
La seule surprise provient pour une fois de Washington. Il est probable que le renversement de Zelaya a été envisagé par la bourgeoisie hondurienne au moins depuis 2006 et que les néo-conservateurs au pouvoir à Washington ont plus ou moins approuvé l’opération – obsédés qu’ils le sont par l’influence grandissante de Chavez dans la région et prêts à tout pour le stopper. Mais entre temps l’administration a changé, et Barack Obama n’est clairement pas ravi d’avoir à soutenir, tout de go, une opération politique qui va totalement à l’encontre de sa stratégie affichée. En même temps, il ne peut ignorer l’appareil politico-militaire qui l’entoure et son obsession anti-chaviste. Cela explique la timidité de sa réaction, alors que, en 2002, Washington avait été parmi les premiers à féliciter les putschistes qui avaient – brièvement – renversé Hugo Chavez.
Aujourd’hui le Honduras est au bord de la guerre civile. Seuls les Etats-unis peuvent trouver une issue à cette situation. En attendant, cessons de justifier l’injustifiable à l’aide de manipulations médiatiques et d’arguties juridiques.
17 juillet 2009
Il faut bien désigner quelques « classes dangereuses » à la vindicte du populo, si on veut lui faire avaler la pilule des budgets sécuritaires… et quoi de mieux pour augmenter l’efficacité de la police que de se fabriquer ses propres criminels ?
[Anaëlle Verzaux – Bakchich – 17/07/2009]
La France a peur. Et la traque des anars ultra ne s’arrête pas à Julien Coupat. Trois tagueurs anti-fascistes ont eux aussi fait les frais d’une justice et d’une police en plein revival du terrorisme d’Action directe.
En 2008, la France a peur. Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur, met le paquet sur la menace anarcho-autonome. Avec Julien Coupat et son « gang » de Tarnac en ligne de mire. Et autour, de petites affaires Coupat, passées à peu près inaperçues.
Dans la nuit du 22 au 23 mai 2008, alors que l’enquête préliminaire sur les « terroristes » de Tarnac est entamée, Jean, Emilie et Julien, trois anti-fascistes, taguent le mur de l’Asiem (Association immobilière de l’Ecole militaire), dans le 7e arrondissement de Paris, où le Bloc identitaire a prévu de se réunir. L’inscription : « Identitaires, hors de nos vies ! » De quoi faire frémir de terreur flics, militaires et ministère de l’Intérieur. Et il faut croire que la peur les a gagnés en effet. A cause de ce tag malheureux, nos trois anti-fascistes subissent tout un tintouin généralement réservé aux crimes plus graves.
Pour commencer, perquisition au domicile de chacun. Une perquisition originale, d’après Jean qui, professeur d’histoire géographie, exerce dans un lycée de la banlieue nord parisienne et habite la capitale. L’enseignant raconte :
« Un matin, dix policiers sont venus sonner chez moi. L’un d’eux s’est présenté comme étant des Renseignements Généraux (RG). Devant ma femme, Emmanuelle, et mes deux enfants, les policiers ont un peu fouillé la baraque. Ils m’ont demandé où étaient les tracts et les bombes de peinture. J’ai répondu j’en ai pas ici. Ils ont demandé où étaient les armes. J’en avais pas, des armes ! Ils n’ont pas pris l’ordinateur, pensant que c’était une télévision. Bizarre. Ils m’ont demandé où étaient rangés les livres anars. Ils ne trouvaient pas parce que la plupart de nos livres sont écrits en langue étrangère – ma femme est professeur d’allemand. C’était très clair, ils cherchaient des anarcho-autonomes ».
Les policiers repartent, Jean sous le bras. Comme ses amis Emilie et Julien (tous deux étudiants en histoire), Jean est gardé à vue 24 heures. Sa femme Emmanuelle sera interrogée quelques jours plus tard, durant 39 heures. « Sous pression », Emilie avoue des « trucs » qui, dit-elle, « n’ont rien à voir avec la réalité ». Mais pour les flics, c’est clair, la jeune Emilie est manipulée par Jean l’enseignant, et leader du groupe anarcho-autonome.
Garde à vue dans les locaux d’une unité anti-racolage
Sous pression, Emilie ? Il faut dire que les gardes à vue ne se font pas dans un commissariat ordinaire… Mais dans les locaux d’une unité spéciale choc de la police urbaine de proximité, créée en octobre 2003, dans le cadre des lois Sarkozy sur la sécurité. L’USIT (Unité de soutien et d’investigation territoriale), spécialement conçue pour renforcer la lutte contre la prostitution et le racolage. Et qui, depuis peu, s’occupe de toutes les formes de criminalité en réseau (trafic de métaux, etc.).
Dans le cadre de l’enquête policière qui s’ensuit, le père de Jean et le proviseur adjoint du lycée dans lequel Jean enseigne sont convoqués par les flics de l’USIT. Les conversations téléphoniques des trois terroristes supposés sont surveillées et on relève, sur les lieux du « crime », les empreintes ADN et digitales. Au total, un dossier de 600 pages ! Du lourd…
Il faut dire que le tag tombe au mauvais moment. Quelques mois seulement après le début de l’enquête sur Tarnac et la déclaration, dans les colonnes du Monde, de Michèle Alliot-Marie, encore ministre de l’Intérieur, sur les dangers de l’ultra : « L’affaiblissement à droite comme à gauche des partis politiques qui permettent d’exprimer les frustrations sociales se traduit, l’histoire de France et de ses voisins le montre, par l’apparition de mouvements radicaux et violents » . Une déclaration que ne reniera pas Rachida Dati qui, le 3 juin 2008, adressait une petite note aux procureurs de France, afin d’attirer l’attention sur « la multiplication d’actions violentes (…) susceptibles d’être attribuées à la mouvance anarcho-autonome ».
Le ridicule ne tue pas, mais l’amende peut être salée
En plus de l’enquête menée par l’USIT, le petit groupe de tagueurs est sous le coup d’une enquête judiciaire. A cause de la plainte, déposée par l’Asiem (l’Association immobilière de l’Ecole militaire), pour « dégradation ou détérioration de bien par inscription ou dessin sur le territoire national ».
Le procès, qui s’est tenu mercredi 1er juillet, inspirait bien plus le ridicule que la crainte de voir ressurgir Action Directe. Le ridicule de voir à quel point la vingtaine de jeunes du réseau No Pasaran, venus soutenir leurs amis, ne ressemblent pas aux terroristes de Michèle Alliot-Marie. S’ils luttent « contre le système capitaliste », le « fascisme » et « l’extrême droite » de façon « radicale », c’est toujours « sans violence ». Le ridicule, aussi, de voir le hiatus entre l’épaisseur de l’enquête et le verdict, presque mesquin : 250 euros d’amende par personne.
http://www.bakchich.info/Un-air-de-petit-Tarnac,08232.html
16 juillet 2009
La décision du TC pose problème : le consommateur / l’internaute a le droit d’être informé. Or la fonction Google Suggest permet justement cette information en indiquant les mots clés / adjectifs les plus fréquemment associés au terme que l’on recherche.
Souvent, avant de répondre à une proposition commerciale, je fais précisément une recherche Google associant les termes « Société XXX » et « Arnaque »… si je tombe sur beaucoup de références de clients mécontents, cela influencera mon choix… et c’est précisément pour cela que Direct Energie veut faire supprimer Google Suggest
Si 18 000 personnes ont fait une recherche dans Google avec les termes « Direct Energie » et « Arnaque » alors cette information est importante pour moi, client éventuel de « Direct Energie ». C’est dommage pour cette société d’être ainsi décriée, mais ce n’est pas en tuant le messager que l’on réglera la question.
[Legalis.net – 17/07/2009]
Configurée par défaut, la fonction Google Suggest apparue sur le moteur de recherche à l’été 2008 commence à susciter des contentieux de sociétés qui contestent le fait que leur nom soit associé à des termes désobligeants, dénigrants, de nature à induire en erreur, etc. La société Direct énergie a ainsi assigné Google devant le tribunal de commerce de Paris pour faire supprimer l’apparition de son appellation en association avec le terme « arnaque » dans les suggestions proposées par le moteur de recherche. Et elle a obtenu gain de cause.
Dans une ordonnance de référé du 7 mai 2009, le tribunal consulaire a considéré que la société Google « participe, fût-ce involontairement, à une campagne de dénigrement de Direct Energie à qui elle donne un écho particulièrement important vu le nombre considérable d’internautes utilisant ses services, ce qui entraîne un trouble manifestement illicite. ».
Lorsqu’un internaute introduit un terme dans la barre de requête de Google, le moteur de recherche lui propose en temps réel une liste de dix mots ou expressions se rapprochant de sa recherche. A côté de chaque terme suggéré apparaît parallèlement le nombre de fois que cette requête a été posée par les internautes.
Dans cette affaire, un constat d’huissier avait montré que « direct énergie arnaque » apparaissait en tête des suggestions, alors même que cette proposition n’arrivait pas en première position par rapport à l’ordre alphabétique ou en tête des demandes des internautes.
Google s’est défendu en expliquant que les suggestions n’étaient pas illicites mais représentaient en fait le reflet objectif des recherches des internautes qui sont statistiquement les plus fréquentes. Le tribunal de commerce n’a pas suivi le raisonnement du moteur de recherche et lui a ordonné de supprimer la suggestion litigieuse, sous astreinte de 1 000 euros par infraction constatée. Faute de justification d’un préjudice, aucun dommage-intérêt n’a cependant été alloué. Google a fait appel de la décision.
http://www.legalis.net/
16 juillet 2009
A part ça, le nouveau régime à Tegucigalpa est en voie de « normalisation », comme l’écrit « Le Monde » ou le « New York Times »… c’est fou ce que nous savons être aveugles (« compréhensifs ») quand les criminels sont de notre côté… et quand le patronat et l’église applaudissent les putchistes.
Mise à jour 16/07/2009 : Selon « La Prensa », la mère de M. Herrera nie avoir été agressée et affirme qu’il s’agissait d’une opération de police contre son fils Olvin, accusé de violences conjugales par sa femme : http://www.laprensa.hn/Pa%C3%ADs/Ediciones/2009/07/16/Noticias/Madre-de-Jari-Dixon-descarta-atentado
[Gregor Seither – IES News Service – 16/07/2009]
La famille du procureur général du Honduras violentée par la police après qu’il ait critiqué le coup d’état sur la chaine de télévision CNN
Peu de temps après que le procureur général hondurien Jari Dixon Herrera ait déclaré depuis Washington, devant les caméras de CNN et d’autres médias internationaux, que le coup d’état au Honduras était illégitime, la police hondurienne s’est rendue chez sa famille, a vandalisé sa maison, frappé sa mère et arrêté son frère.
La police a commencé par encercler la maison de Mme Ada Hernández, dans la ville de Talanga, et d’en arroser la facade avec des rafales d’armes automatiques. Les agents ont ensuite défoncé la porte d’entrée et saccagé la maison. La mère de M. Herrera a été frappée puis violentée par les agents de police. Son frère a été également frappé puis emmené dans un véhicule de la police.
Le procureur Jari Dixon se trouve en ce moment à Washington, DC, membre d’une délégation hondurienne qui a rencontré des députés du Congrès U.S., des délégués de la Banque Mondiale ainsi que des officiels du Département d’Etat et des représentants d’organisations de défense des droits de l’homme afin de leur exposer les violations de droits commis par les nouveaux hommes forts du Honduras.
L’attaque contre la famille de Jari Dixon n’est que le dernier épisode d’une répression sanglante qui s’est abattue sur les opposants au coup d’état. Samedi dernier, des hommes encagoulés et armés ont attaqué la maison de Roger Bados, leader du Parti Démocrate Unifié (opposition) à San Pedro Sula et l’ont abattu devant sa famille. La mème nuit, dans la ville de Santa Barbara, un autre leader de l’opposition, Ramon Garcia a été abattu par un commando masqué, dans la rue devant sa maison. D’autres militants du Front du refus hondurien ont été agressés, menacés ou assassinés par des commandos anonymes.
Ces actions violentes – dont la presse internationale et notamment U.S. ne s’est guère fait écho , rappellent les violences civiles qui ont marqué la dernière dictature militaire au Honduras, quand des escadrons de la mort paramilitaires assassinaient sélectivement des militants démocrates ou luttant pour les droits de l’homme, afin de maintenir un climat de terreur dans la population.
Les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent, depuis deux semaines, la violence exercée par le régime contre quiconque critique le coup d’état. Suite au coup d’état, les nouvelles autorités putchistes ont violemment réprimé les manifestations d’opposants et les rassemblements pacifiques. Elles ont interdit et fermé des stations de radio et de télévision et intimidé voire agressé les journalistes critiques. Plus de 600 personnes sont en prison pour avoir contesté le oupc d’état.
12 juillet 2009
Alors que les enquêtes judiciaires se poursuivent en Turquie pour faire toute la vérité sur l’Ergenekon, la presse atlantiste minimise le complot et tente de faire passer toute l’affaire pour une invention du parti islamique-démocrate au pouvoir. Pour Me Orhan Kemal Cengiz, il n’y a pourtant guerre de doute, Ergenekon est la version turque du Gladio, l’armée secrète de l’OTAN. Elle est toujours active et est responsable des attentats terroristes récents visant à déstabiliser le pays et à restaurer le pouvoir militaire.
Pour certaines personnes, en Turquie, le cas Ergenekon n’est qu’une fabrication du gouvernement pour saper la structure laïque de l’État.
Il y a beaucoup de similitudes entre l’assassinat du journaliste turc- arménien Hrant Dink en janvier 2007 [1], celui de trois missionnaires par cinq ultranationalistes à Malatya en avril 2007 et l’assassinat du père Andrea Santoro à Trébizonde en 2006.
Selon certains, le parti au pouvoir se venge parce que cette affaire se retourne contre lui. Pour quelques occidentaux, l’affaire Ergenekon n’est qu’un épisode de la sale guerre entre le Parti Justice et Développement (AKP) et ceux qui entendent maintenir le statu quo en Turquie. J’essaie de me mettre à la place de l’homme de la rue en Turquie. Si j’étais l’un d’entre eux, j’en arriverais probablement à la même conclusion et penserais qu’Ergenekon n’est qu’une affaire fabriquée par certains milieux en Turquie. Il est très facile de tirer ce genre de conclusion ne serait-ce qu’en lisant les articles de la presse traditionnelle. Certains groupes de presse ont activement diffusé cette propagande, et l’ont fait en usant de méthodes sophistiquées.
Mon point de vue, cependant, est complètement différent de celui dont ces groupes de presse ont essayé de nous convaincre. Je suis un avocat des droits de l’homme, et j’ai eu affaire aux réseaux de l’État profond depuis longtemps. En 1997 et 1998, je travaillais sur des affaires de destruction de villages et de meurtres extra-judiciaires dans le Sud-Est de la Turquie. Je représentais des villageois kurdes devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Depuis lors, j’ai appris l’existence de JITEM —une infâme organisation illégale de la gendarmerie— dont même l’existence a toujours été niée. Le JITEM a kidnappé et tué des milliers de Kurdes qui étaient soupçonnés d’être favorables ou membres du Parti des travailleurs kurdes, (PKK). (suite…)
9 juillet 2009
Pour une fois les « Yes Men » disent « Non »
[Tikkun – jeudi 9 juillet 2009 – Andy Bichlbaum & Mike Bonanno- Trad. Claude Zurbach]
Nous avons le regret de dire que nous avons pris la difficile décision de retirer notre film, « The Yes Men Fix the World, » du Festival de cinéma de Jérusalem, en solidarité avec la Campagne pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions [BDS].
Cette décision n’est pas chose facile, car nous nous rendons compte que le festival est opposée à la politique de l’État d’Israël, et nous ne voulons pas pénaliser les progressistes qui déplorent la violence étatique commise en leur nom.
Cette décision n’est pas facile à prendre, car nous nous sentons une forte affinité avec de nombreuses personnes en Israël, partageant avec eux nos racines juives, ainsi que le traumatisme de l’Holocauste, dans lequel nos deux grands-pères sont morts. Andy a vécu à Jérusalem pendant un an il y a longtemps ; il peut encore se débrouiller en hébreu, et il y compte plusieurs amis. Et Mike a toujours voulu garder un lien avec les racines de sa culture.
Mais en dépit de tous ces sentiments, nous ne pouvons pas abandonner notre mission en tant que militants. Dans les années 1980, il y a eu un appel émis par la population de l’Afrique du Sud et destiné aux artistes et à d’autres pour boycotter ce régime, et cela à contribué à en finir avec l’Apartheid.
Aujourd’hui, il y a un appel clair au boycott venant de la société civile palestinienne. Y obéir est notre seul espoir, en tant que cinéastes et militants, à aider à faire pression sur le gouvernement israélien afin qu’il respecte le droit international.
C’est un acte douloureux. Mais il est encore plus pénible d’entendre la politique israélienne décrite comme « fasciste » – pas seulement par des gens mal informés et des faibles d’esprit, et pas seulement par d’habituels abrutis antisémites, mais aussi par des militants juifs bien informés informés en Israël. Ils savent de quoi ils parlent, et il est douloureux de penser qu’ils pourraient bien avoir raison.
Etant certains que vous êtes au courant et que vous le déplorez, le gouvernement israélien a récemment autorisé la construction de nouvelles unités dans un avant-poste illégal en Cisjordanie – illégal au regard même de la loi israélienne. Ce lundi, neuf Palestiniens ont été blessés alors que les autorités israéliennes démolissaient leur maison à Jérusalem-Est.
Mardi, la marine israélienne a capturé un navire livrant des médicaments, des jouets et d’autres produits humanitaires destinés à Gaza, et arrêté plus d’une vingtaine de militants pacifistes étrangers, dont un Prix Nobel de la Paix. Pendant ce temps, une commission des Nations Unies dans la bande de Gaza enquête sur de bien pires abus commis au début de cette année.
Quelles que soient les mots appliqués à de telles actions, notre film ne doit pas contribuer à donner une aura de normalité dans un Etat qui prend ce genre de décisions. Pour nous, c’est la ligne à ne pas franchir.
Il ya certainement une autre façon de faire les choses en Israël-Palestine, et c’est ce pour quoi nous devons lutter, même avec la faiblesse de nos moyens. Quant à notre film, il y a une autre façon pour qu’il soit vu en Israël … et en Palestine, afin que les gens qui ont le plus besoin de Comic Relief, et qui n’auraient de toute façon jamais pu voir le film au Festival de Jérusalem, pourront le visionner également. Dans les prochains mois, nous ferons en sorte que cela soit possible.
Quant à ceux qui veulent voir notre film, « Savlanut » et « Sabir » (patience) ! Et pour les autres d’entre nous, un peu moins de patience, s’il vous plaît.
* Andy and Mike – The Yes Men
www.theyesmen.org
9 juillet 2009
En tant qu’associations juives attachées aux droits des peuples et en tant que citoyens mobilisés pour l’égalité, la justice et la liberté, nous ne pouvons pas supporter :
- que l’Etat d’Israël poursuive sa politique sioniste de colonisation, d’exclusion, de dépossession, de répression, d’humiliation, d’apartheid et d’épuration ethnique contre le peuple palestinien
- qu’il bénéficie d’une impunité politique sur la scène internationale alors qu’il bafoue constamment le droit international et notamment les résolutions de l’O.N.U., dont celle pour le droit au retour des réfugiés
- que face à ceux qui s’opposent à sa politique il se livre à l’odieux chantage à l’antisémitisme, à la manipulation honteuse de la mémoire du génocide, chantage et manipulation relayés par ses agents dans divers pays, dont en France le CRIF (« Conseil Représentatif des Institutions Juives de France ») et soutenus activement par la politique de Sarkozy.
Parce que tous les autres moyens d’action, si utiles soient-ils (condamnations verbales, interventions auprès des élus et des gouvernements, témoignages, pétitions…) ne suffisent pas à faire plier l’Etat d’Israël, nos deux associations, l’Union Juive Française pour la Paix et le Réseau International Juif Antisioniste appellent à participer activement à la
CAMPAGNE INTERNATIONALE B.D.S.
Boycott Désinvestissement Sanctions
jusqu’à la fin de l’occupation et jusqu’à ce qu’Israël respecte le droit international
Cette campagne, initiée par une énorme coalition d’organisations de la société civile palestinienne et soutenue par les réfugiés palestiniens, les Palestiniens d’Israël et la minorité juive anticolonialiste israélienne, commence à porter ses fruits : ainsi la société Véolia est en train de se retirer de la construction du tramway reliant Jérusalem aux colonies israéliennes.
Aujourd’hui, des mobilisations se développent contre la vente de produits israéliens dans des grandes surfaces et contre le projet de Georges Frêche, président du Conseil Régional de la région Languedoc Roussillon, de transformer le port de Sète en tête de pont pour la vente en Europe des produits agricoles issus des colonies israéliennes
Les « plans de paix » cyniques, version Netanyahou, Kadima ou Parti travailliste, ça suffit !
Nous ne tolérerons pas qu’Israël écrase le peuple palestinien et menace par sa politique belliqueuse la paix dans le monde !
N’oublions pas les horreurs perpétrées à Gaza, exigeons la levée immédiate du blocus : face à la lâcheté des autorités politiques, un sursaut moral et politique de la société civile s’impose.
Le boycott de l’Afrique du Sud avait contribué à mettre fin au régime d’apartheid : aujourd’hui cette politique est nécessaire et possible contre Israël
Paris le 7 Juillet 2009
Union Juive Française pour la Paix (UJFP)
21 ter rue Voltaire 75011 PARIS Téléphone : 06 61 33 48 22 – Email : contact@ujfp.org – Site: www.ujfp.org
International Jewish Anti-zionist Network (IJAN) Email : europe@ijsn.net
7 juillet 2009
Ce qui est intéressant dans cette nouvelle, ce n’est pas le cas du lampiste Aleynikov, c’est d’apprendre qu’une gigantesque banque d’investissements comme Goldman-Sachs développe des logiciels capables de manipuler les marchés et provoquer des tourmentes boursières… tiens, tiens.
Le capitalisme vorace dans sa plus pure expression… au diable le long terme, c’est le profit de ce soir qui compte !
Heureusement qu’il y a toujours le brave contribuable pour payer les pots cassés… mais pour combien de temps encore ? En 2010, la dette U.S. aura atteint 100% de son revenu…
[Philippe Béchade – Chronique Agora – 7/7/2009]
Avez-vous entendu parler de l’arrestation, vendredi dernier, d’un dénommé Sergei Aleynikov, citoyen immigré russe aux Etats-Unis ? Il a été intercepté par des agents du FBI à l’aéroport de Newark, alors qu’il rentrait de Chicago. C’est un petit génie (ou même grand, pourquoi pas ?) de l’informatique vivant aux Etats-Unis depuis 19 ans.
Le motif de l’inculpation ne manque pas d’originalité mais l’affaire reste en apparence banale : « vol de secret de logiciel de trading ». L’anonymat du plaignant n’a pas été préservé plus de quelques heures — il s’agirait de Goldman Sachs… qui n’est autre que son ex-employeur !
M. Sergei Aleynikov n’est apparemment pas un vulgaire pirate informatique de seconde zone, payé quelques dizaines de milliers de dollars par an… plus un abonnement à Pizza Hut. Goldman Sachs lui versait un salaire annuel de 400 000 $ ; cela peut apparaître confortable mais ne représenterait que le tiers de ce qu’une firme concurrente de Chicago — la capitale mondiale de la spéculation sur les matières premières — lui verserait aujourd’hui !
Il est assez rare de voir le FBI déployer un zèle aussi singulier concernant le vol de codes open source (c’est-à-dire théoriquement accessibles au grand public) d’un simple logiciel de trading : il en existe des milliers sur le marché.
M. Aleynikov n’est pas un escroc. Il n’est pas question d’arnaque pyramidale à la Madoff, ni de piratage de comptes, ni d’une subtile méthode de détournement de sommes d’argent appartenant à Goldman Sachs — qui aurait pu porter discrètement plainte un fois un tel forfait découvert.
** Non, l’affaire, vu les moyens déployés pour neutraliser l’informaticien est beaucoup plus sérieuse. Goldman Sachs se serait fait dérober tout ou partie des composants d’un logiciel très particulier… du type de ceux qui peuvent rapporter des centaines de millions de dollars en quelques heures.
Il s’agirait d’un système de trading automatique reposant sur des algorithmes mathématiques. Il serait redoutablement efficaces lors des phases d’hyper-volatilité des marchés (appelons-les par leur vrai nom : « vagues de panique » ou « phases maniaques »), qu’il s’agisse d’un panier d’actions ou d’un sous-jacent spéculatif comme le pétrole par exemple.
Le logiciel serait capable de générer des milliers d’ordres en tous sens avec un nombre impressionnant d’écarts gagnants… tandis que la majorité des opérateurs sont totalement déboussolés, les systèmes classiques et la simple intelligence humaine étant complètement dépassés par la tournure (volontairement ?) insaisissable des évènements.
Un logiciel qui serait comme un poisson dans l’eau dans un océan spéculatif déchaîné, alors que la peur d’être victime d’une baisse ou au contraire de manquer un rebond entraîne des variations de cours abyssales puis des retournements de situation dont personne ne comprend fondamentalement les origines.
Nous savions que de telles machines à générer un maximum de cash en climat de krach (ou de pré-krach) existaient. Cependant, il était difficile de prouver que certains opérateurs influents avaient les moyens d’en tirer de substantiels profits… lorsque tant d’autres se font hacher menu par le marché en multipliant les décisions inappropriées.
Avec l’affaire Sergei Aleynikov, nous découvrons en partie le dessous des cartes et subodorons la taille réelle des enjeux.
Il a fallu 20 ans pour actionner la justice face à une escroquerie aussi élémentaire que celle de Bernie Madoff (les dizaines de milliers de victimes ne sont qu’au fond que de simples particuliers) ; il n’aura fallu que quelques semaines pour faire procéder à l’arrestation d’un informaticien dont la malhonnêteté ne repose pour l’heure que sur les preuves avancées par un seul plaignant… mais quel plaignant !
Il pèse plusieurs dizaines de Madoff sur les marchés… et Henry Paulson (l’ex-secrétaire d’Etat au Trésor, qui signa l’arrêt de mort de son concurrent Lehman), en était encore le président lorsque M. Aleynikov fut recruté !
http://www.la-chronique-agora.com/redacteurs/PhilippeBechade.html
7 juillet 2009
Commentaire de Maria : Moi j’habite Roubaix, cité Alouette, pas loin de la mosquée , population 90% de culture musulmane. Je croise des tonnes de Hijab dans les rues, mais des « Ninjas » beaucoup moins… en tout cas, pas assez pour justifier une hystérie pareille, ni même un texte de loi…
Il est indéniable que la religion musulmane est sexiste, mais ce n’est pas en arrachant les voiles aux femmes de manière forcée, comme le faisaient les soldats français lors de la Guerre d’Algérie, que l’on changera quoi que ce soit. La stigmatisation ne fait que renforcer la résistance… Les populations d’origine maghrebine en France, les « bronzés » et les « noirs » se sentent déjà suffisamment discriminés dans ce pays (voir à ce sujet l’article du « Monde 2 » sur les jeunes Antillais qui s’exilent au Canada par ce qu’ils en ont marre de se faire traiter de « négros » en France et de ne pas trouver de boulot à la hauteur de leurs diplômes) pour qu’on n’y ajoute pas une touche paternaliste (« on va vous libérer »)…
Mais il ne s’agit pas de « libérer les femmes », ça c’est un prétexte. Le vrai but c’est de désigner un ennemi afin de canaliser les révoltes… Déjà, en 2002, l’intelligentsia française voulait nous faire croire que les missiles U.S. en Afghanistan étaient des « prolongations des luttes féministes » (!!!)
[Nadia Djabali – Bastamag – 06/07/2009]
MANIPULATION ? Recherche burqa désespérément
Les burqas se répandraient en France comme un mauvais vent de sable sur un oasis de laïcité. La tendance semble tellement inquiétante que des députés communistes, sarkozystes et socialistes rejouent l’union sacrée et demandent une loi sur la question. Pourtant, malgré la frénésie médiatico-politique, les journalistes ont bien du mal à se procurer des photos prises en France sur le sujet. Etrange, non ?
C’est le premier point abordé à Versailles par Nicolas Sarkozy, lors du Congrès du 22 juin dernier. La mise en place d’une mission d’information parlementaire sur la burqa transcende les clivages politiques. La burqa figure, sans conteste, au centre des préoccupations des défenseurs de la République laïque, une et indivisible. « La ligne de front pour nous, c’est la burqa », assénait Christophe Barbier dans son éditorial du 25 juin. Pour le directeur de L’Express, l’urgence de la situation nécessite « que le parlement débatte vite et frappe fort ».
Frénésie institutionnelle et médiatique
Le port de la burqa et du niqab seraient-ils devenus suffisamment massifs pour justifier toute cette frénésie institutionnelle et médiatique ? La république est-elle en danger ? Selon le député communiste André Gerin, initiateur de la pétition demandant une loi sur la question (et signée principalement par des députés UMP et de la droite du PS comme Manuel Valls ou Aurélie Filippetti), on entendrait dans les campagnes mugir les féroces soldats du fondamentalisme : « Cela fait dix-douze ans que c’est en augmentation. Et je ne suis pas le seul à le constater. C’est pareil en région parisienne, en région lilloise mais aussi en zone rurale désormais », alerte-t-il dans un entretien publié par le site Internet de 20 minutes, le 18 juin.
La situation est, selon lui, comparable à « un iceberg recouvert de la marée noire des fondamentalistes… » (Libération.fr, 1er juillet). Diantre ! Dans nos sociétés de l’image et de l’information, il devrait donc être aisé d’illustrer cette « prolifération » de burqa, de photographier des foules de femmes dissimulées derrière leur grillage de textile à Vénissieux, Tourcoing ou Sarcelles.
Marseille ou Vénissieux, c’est kif kif
Pourtant… c’est une photo prise à Marseille qui accompagne le reportage de l’envoyée spéciale du Figaro.fr qui titrait le 1er juillet : « À Vénissieux terre d’expansion de la burqa »(1). À défaut de photographe spécialement dépêché, la journaliste avait-elle oublié son appareil numérique alors que « cette banlieue mitoyenne de Lyon (…) serait une des concentrations [de voile intégral] les plus importantes de France » ? La pénurie d’ iconographie a pour conséquence la publication de la même photo, un couple avec une femme voilée devant la tour Eiffel, sur les sites de Paris-Match (1er juillet), Libération (30 juin) et Rue 89 (25 juin). D’autres sites Internet d’information – et non des moindres (2) – ont préféré une photo prise lors du congrès de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) qui s’est tenu au Bourget en… 2005. Ça c’est du scoop coco ! Avec quatre ans de retard…
Déficit de burqas en France, allons les chercher à Kaboul !
Pas assez de burqas en France ? pas de problème, des illustrations foisonnent ailleurs. Ainsi, 20 minutes.fr (19 juin) a choisi une photo d’une femme en burqa lors d’une manifestation à La Haye (Pays-Bas). Le Nouvelobs.com (1er juillet) illustre son article avec une photo prise à Kaboul. Kaboul toujours pour accompagner l’article du Monde.fr du 28 juin et pour Marie-Claire.fr du 1er juillet. Le Point.fr (23 juin) et le Figaro.fr (17 juin) partagent la même image prise dans le Kashmir en Inde.
Quant au photo montage proposé par l’AFP et repris par l’Express.fr (1er juillet), et le Parisien.fr (23 juin), il est constitué par quatre clichés originaires d’Égypte, du Pakistan, d’Iran et d’Afghanistan. Enfin, la palme de la meilleure mise en scène est décrochée par France2 qui mettait en ligne le 23 juin une photo prise en Égypte… en 1999. Toujours cette quête du scoop qui passionnera les masses.
Pour André Gerin qui dirige la mission d’information l’enjeu est de taille alors qu’une « crise de civilisation » guette la France, charriant « guerre civile » et « barbarie » (20 minutes, 2 juillet). Alors pourquoi l’iconographie est-elle aussi approximative quand elle n’est pas inexistante ? Baisse des budgets photos ou déficit de déontologie ? Est-il désormais plus dangereux de se rendre dans les banlieues populaires hexagonales qu’à Kaboul, Islamabad ou Bagdad ?
Notes
[1 <http://www.bastamag.net/spip.php?article616#nh1> ] On ne peut s’empêcher de relever la petite perle que voici « Inspirés par les Frères musulmans Tariq et Ramadan, les leaders relisent les injustices sociales à l’aune du mépris racial, du rejet de l’islam. » Après Laurel et Hardy, Tariq et Ramadan
[2 <http://www.bastamag.net/spip.php?article616#nh2> ] Libération.fr du 1er juillet, LaDépêche.fr du 20 juin, L’Express.fr, 20 minutes.fr des 19 et 23 juin et Le Parisien.fr du 19 juin
7 juillet 2009
Ancienne députée de Géorgie, Cynthia McKinney a été la candidate à la présidentielle du Parti Vert en 2008. Elle est une des rares politiques U.S. courageuses face aux politiques répressives et impérialistes de son pays…
[Cynthia McKinney – Prison de Ramle – Israël – 6 juillet 2009]
Je suis Cynthia McKinney et je parle depuis ma cellule, dans une prison israélienne à Ramle. [Je fait partie] des 21 activistes des droits humains du Free Gaza Movement incarcérés actuellement pour avoir essayé de transporter de l’aide médicale, des matériaux de reconstruction – et même des crayons pour enfants ; j’avais une valise remplie de crayons pour les enfants. Pendant notre traversée, en route pour Gaza, les israéliens ont menacé de tirer sur notre bateau, mais nous n’avons pas fait demi-tour. Les israéliens ont arraisonné le bateau et nous ont détenus parce que nous voulions offrir des crayons aux enfants de Gaza. Nous sommes détenus et nous voulons que les citoyens du monde sachent comment on nous a traités parce que nous voulions livrer de l’aide humanitaire au peuple de Gaza.
Au début de l’opération israélienne, intitulée « Plomb Durci » [en décembre 2008], je suis montée à bord d’un bateau du Free Gaza Movement, avec un jour de préavis, et j’ai essayé, en tant que représentante des États-Unis dans une délégation multi-nationale, de livrer 3 tonnes d’aide médicale à Gaza déjà assiégée et ravagée.
Pendant « Opération Plomb Durci », des avions F-16, fournis par les États-Unis, ont lâché leurs feux infernaux sur un peuple pris au piège. Le nettoyage ethnique s’est transformé en un génocide généralisé, purement et simplement. Du phosphore blanc, de l’uranium appauvri, de la technologie robotique, des munitions DIME et des armes à sous-munitions, fournis par les États-Unis – des nouvelles armes provoquant des blessures encore jamais traités par les médecins jordaniens et norvégiens. Les médecins, qui présents à Gaza pendant le massacre israélien, m’ont dit plus tard que Gaza était devenue le vrai laboratoire d’Israël pour tester ses armes, les personnes étant utilisées comme cobayes pour tester et améliorer l’efficacité du taux de mortalité de ses armes.
Grâce à Al Jazeera, diffusée en arabe et en anglais, et à Press TV, diffusée en anglais, le monde a pu voir la violence méprisable d’Israël. J’ai vu ces transmissions, jours et nuits en direct, non pas aux États-Unis mais au Liban où ma première tentative pour rentrer à Gaza s’était terminée car les militaires israéliens avaient éperonné, dans les eaux internationales, le bateau à bord duquel j’étais… C’est un miracle si je suis ici pour écrire sur ma deuxième rencontre avec les militaires israéliens, une autre mission humanitaire avortée par les militaires israéliens.
Les autorités israéliennes ont essayé de nous faire confesser que nous avions commis un crime .. Je suis maintenant connue comme la prisonnière d’Israël numéro 88794. Comment puis-je être en prison pour avoir rassembler des crayons pour les enfants ?
Le sionisme est sûrement arrivé au terme de sa légitimité si ceci est sa réponse aux personnes croyant tellement profondément dans les droits humains pour tous qu’ils mettent leur propre vie en jeu pour les enfants de quelqu’un d’autre. Israël est l’expression du sionisme à son summum, mais si Israël a peur pour sa sécurité car des enfants de Gaza ont des crayons, alors non seulement Israël a perdu son dernier lambeau de légitimité mais Israël doit aussi être déclarée un état défaillant.
Je risque d’être déportée par un état qui m’a amenée ici sous la menace des armes après avoir réquisitionné notre bateau. J’ai été amenée en Israël contre mon gré. Je suis retenue dans une prison car j’avais un rêve, celui que les enfants de Gaza puissent colorier et peindre, que les blessures de Gaza puissent être soignées et que les maisons bombardées de Gaza puissent être reconstruites.
Mais j’ai appris une chose intéressante en étant dans cette prison. Premièrement, la population est majoritairement noire : peuplée principalement par des éthiopiennes qui, elles aussi, avaient un rêve… comme mes compagnes de cellule, dont une d’elles est enceinte. Elles ont toutes une vingtaine d’années. Elles pensaient qu’elles venaient en Terre Sainte. Elles avaient un rêve, que leurs vies soient meilleures… L’Éthiopie, autrefois fière et jamais colonisée, [s’est retrouvée] sous la coupe des États-Unis et est devenue un lieu de torture, de « rendition » (transfert et détention secrète) et d’occupation. Les éthiopiens doivent libérer leur pays car les politiques des super-puissances [sont] devenues plus importantes que les droits humains et l’autodétermination.
Mes compagnes de cellule sont venues en Terre Sainte pour se libérer des exigences des politiques des super-puissances. Elles n’ont commis aucun crime à part celui d’avoir eu un rêve. Elles sont venues en Israël car elles pensaient qu’Israël leur offrait un espoir. Leur voyage pour Israël, passant par le Soudan et l’Égypte a été très ardu. Je peux seulement imaginer ce que se fût pour elles. Et il n’était pas donné. Beaucoup d’entre elles sont le symbole des efforts collectifs importants de leurs familles. Elles se sont frayées un chemin jusqu’à la Haute Commission aux Réfugiés de l’ONU. Elles ont reçu leurs papiers d’identité jaunes. Elles ont eu leurs certificats pour la protection de la police. Elles sont des réfugiées de la tragédie et elles sont arrivées en Israël et seulement après qu’elles soient arrivées, Israël leur a dit « il n’y a pas d’ONU en Israël ».
La police, ici, est libre de les attraper et de les donner en pâture à un semblant de système judiciaire. Chacune de ces femmes, superbes, diligentes et fières, est l’espoir de toute sa famille. L’image d’Israël les a bien eu et nous avec. Dans une campagne de publicité astucieuse et diffusée à grande échelle, Israël s’est représentée elle-même comme le premier lieu de refuge et de sécurité pour les juifs et les chrétiens. Moi aussi, j’ai cru en cette publicité et j’ai manqué de regarder plus en profondeur.
La vérité est qu’Israël a menti au monde. Israël a menti aux familles de ces jeunes femmes. Israël a menti aux femmes elles-mêmes qui maintenant sont prises au piège dans le centre de détention de Ramle. Et qu’allons nous faire ? Une de mes compagnes de cellule a pleuré aujourd’hui. Elle est ici depuis 6 mois. En tant qu’américaine, pleurer avec elles n’est pas assez. La politique des États-Unis doit être améliorée et alors que le président Obama donne 12.8 billions de dollars aux élites financières des États-Unis, il devrait être clair que l’espoir, le changement et le « oui, nous pouvons » furent de très fortes images de dignité et d’accomplissement de soi, individuellement et nationalement en lesquelles, de partout, les personnes assiégées ont réellement crues.
C’était une campagne de publicité rondement menée, habilement vendue au monde et aux électeurs américains, tout comme la publicité d’Israël le fût au monde. Nous nous sommes tous fait avoir, mais plus tragiquement, ces jeunes femmes.
Nous devons voter en toute connaissance de cause pour de meilleurs candidats désireux de nous représenter. J’ai lu et relu la lettre du Dr. Martin Luther King Junior écrite depuis une prison de Birmingham. Jamais dans mes rêves les plus fous, je n’aurais imaginé que moi aussi, un jour je devrais en écrire une. Il est clair que les contribuables en Europe et aux États-Unis ont beaucoup à se repentir pour ce qu’ils ont fait à d’autres autour du monde.
Quelle ironie ! Mon fils rentre à l’école de droit sans moi car je suis en prison, en essayant de faire de mon mieux, à ma manière, pour les enfants d’autres personnes. Pardonne moi, mon fils. Je suppose que je suis en train de connaître la dure réalité, la raison pour laquelle les gens ont besoin de rêver. [Mais] j’ai de la chance. Je sortirai de cet endroit. Est-ce qu’Israël est devenue le lieu où les rêves meurent ?
Demandez-le au peuple palestinien. Demandez-le à la file ininterrompue d’hommes noirs et asiatiques que je vois arriver à Ramle. Demandez-le aux femmes de ma cellule. [Demandez-vous :] Qu’êtes-vous prêts à faire ?
Changeons le monde ensemble et réapproprions-nous ce dont nous avons tous besoin en tant qu’êtres humains : la Dignité. Je demande aux Nations Unies que ces femmes, qui n’ont rien fait de mal sinon d’avoir cru en Israël comme gardienne de la Terre Sainte, soient réinstallées dans des maisons paisibles. Je demande au département d’État des États-Unis d’inclure la situation désespérée des réfugiés certifiés par le HCR et détenus dans le rapport sur Israël lors de son rapport annuel sur les droits humains. Je demande, une fois encore, au président Obama d’aller à Gaza : dépêchez votre envoyé spécial, Georges Mitchell, là-bas pour qu’il rencontre le Hamas en tant que parti élu par les palestiniens.
Je dédicace ce message à celles et à ceux qui se battent pour une Palestine libre, et aux femmes que j’ai rencontrée à Ramle.
Je suis Cynthia McKinney, connue comme prisonnière de Ramle numéro 88794, le 2 juillet 2009.
http://www.legrandsoir.info/Lettre-de-Cynthia-McKinney-depuis-une-prison-israelienne.html
6 juillet 2009
[Thierry Deronne – Vive TV. Venezuela – 29 juin 2009]
Calderon, Colom, Arias, Morales, Chavez, Correa, Castro, Torrijos… Tant de chefs d’État latino-américains qui décident de se réunir en urgence ce lundi à Managua, c’est une première. L’histoire retiendra leur unanimité et leur fermeté. Les pays de l’ALBA, du SICA, du Groupe de Rio et de l’OEA exigent « le retour immédiat et inconditionnel du président Zelaya au Honduras ». Sa volonté affirmée de rentrer au pays dès jeudi lui vaut une standing ovation.
Alors que ses homologues dénoncent « le retour à la barbarie subie à l’époque de la National Security » et refusent de « revenir à l’âge des cavernes », le journal français Le Monde, lui, évoque un « coup d’État d’un genre nouveau » (1).
Ce titre, Sabot l’emprunte au « principal quotidien » nicaraguayen – sans dire qu’il s’agit surtout du plus réactionnaire – « La Prensa ». C’est ce journal que le président dominicain Leonel Fernandez, connu pour sa prudence, brandit ce soir a Managua devant la trentaine de collègues latino-américains pour en dénoncer la manchette : « deux présidents se disputent un siège ». « Il n’y a qu’un président du Honduras, corrige un Fernandez indigné, celui qui est sorti des urnes ! ».
Le Monde feuillette la « presse latino-américaine » comme si on pouvait trouver le pluralisme dans la concentration économique de la presse écrite. (suite…)
6 juillet 2009
[Maurice Lemoine – Le Monde Diplomatique – Juillet 2009]
Séquestré par l’armée en pleine nuit, puis emmené de force au Costa Rica, le président du Honduras, M. Manuel Zelaya, a été renversé le 28 juin. Ce golpe a eu pour point de départ sa décision d’organiser ce même jour, appuyé par quatre cent mille signatures, une consultation populaire sans caractère contraignant posant la question suivante : « Etes-vous d’accord pour que, lors des élections générales de novembre 2009, soit installée une quatrième urne pour décider de la convocation d’une Assemblée nationale constituante destinée à élaborer une nouvelle Constitution politique ? »
D’après M. Zelaya — qui fait le même constat et adopte la même démarche que MM. Hugo Chávez (Venezuela), Rafael Correa (Equateur) et Evo Morales (Bolivie), au début de leurs mandats respectifs — l’actuelle Constitution ne permet pas de réaliser les transformations sociales permettant d’éradiquer les inégalités et la misère (70 % de la population vivent sous le seuil de pauvreté ou dans l’extrême pauvreté) dans un pays, le Honduras, dont plus de 40 % du revenu national proviennent de l’envoi des remesas(argent) des émigrés.
Rejetée par l’opposition, une fraction du Parti libéral (dont est issu M. Zelaya), le patronat, les forces armées, certains secteurs de la hiérarchie catholique et évangélique, et les médias, cette consultation a été jugée illégale par la Cour suprême, le Congrès et le Tribunal électoral qui n’entendent pas voir remplacer, fût-ce partiellement, une « démocratie formelle de représentation » par une « démocratie de participation citoyenne ». A contrario, l’article 2 de la Constitution hondurienne précise : « La souveraineté appartient au Peuple dont émanent tous les pouvoirs de l’Etat exercés par représentation. La Souveraineté du Peuple pourra également s’exercer de manière directe, à travers le plébiscite et le référendum (…). »
(suite…)
6 juillet 2009
Le quizz du jour :
Le H1N1 est sorti d’un laboratoire P4 (militaire)
.. mais de quel pays ? 😉
Le H1 N1, descend du virus de 1918
[Les Echos 06.07.09]
Accident: Le virus de la grippe H1N1 qui circule actuellement est un cousin du responsable de la pandémie qui a ravagé la planète en 1918. Une équipe de l’université de Pittsburgh vient de publier ces données dans le «New England Journal of Medecine ».
En quatre-vingt dix ans, le H1 N1 est apparu au moins 4 fois:
– La souche de 1918, responsable de la mort de 30 à 50 millions de personnes, a infecté en même temps des porcs et des humains avant de disparaÎtre jusqu’en 1957.
– En 1976, le H1N1 a refait surface et touché une petite population de militaires américains confinés dans une base.
– En 1977, une variante a circulé en Russie, en Chine du Nord-Est et à Hong Kong.
Les chercheurs soupçonnent un « échappement accidentel » d’une ancienne souche congelée dans un laboratoire de recherche pour expliquer cette résurgence.
6 juillet 2009
Mise à jour Octobre 2013 : pour les manchots qui inondent la section Commentaires avec des questions du genre « je veux savoir comment craquer le réseau WIFI de mon voisin, allez voir ici le tutoriel détaillé (ou bien faites une recherche sur le Net/Youtube) :
http://lifehacker.com/5953047/how-to-crack-wep-and-wpa-wi+fi-passwords
[LifeHacker – 01/07/2009 – Trad. Gregor Seither]
Vous savez déjà que si vous voulez verrouiller votre réseau WI-FI, vous devez opter pour une clé WPA, vu que le WEP est vraiment trop facile à craquer. Mais est-ce vous saviez à quel point il est facile à craquer ?
Aujourd’hui nous allons vous expliquer pas-à-pas comment craquer le mot de passe WEP d’un réseau WI-FI à l’aide des outils logiciels contenus sur le CD BackTrack Live.
Il existe des douzaines de tutoriels sur Internet qui expliquent cette méthode. Là n’est pas la nouveauté. Ce qui est surprenant, c’est que même une personne comme moi, sans quasiment la moindre connaissance technique, peut réaliser ceci avec une suite de logiciels libres et un adaptateur WI-FI bon marché.
Voici comment procéder.
http://lifehacker.com/5305094/how-to-crack-a-wi+fi-networks-wep-password-with-backtrack
6 juillet 2009
La STASI aurait adoré ça ! Surtout le dernier paragraphe…
Dernière réalisation, peut-être la plus troublante : une sonnette d’immeuble, objet qui sert déjà d’interface entre l’extérieur et la sphère privée, dotée d’un écran qui affiche en temps réel les gazouillis que vous envoyez dans le cyber-espace. « Si vous savez que ce que vous dites peut être connecté à votre domicile, vous y réfléchirez à deux fois avant de twitter. »
C’est vrai quoi, décoinçons nous ! Affichons partout nos pensées les plus intimes ! Exprimons à tout va nos envies et désirs, à la face de parfaits inconnus… faisons comme si les flics de la pensée, les DRH et les collègues nuisibles au bureau n’existaient pas… Mais on va encore nous dire qu’on est des paranos…
What a brave new world, that has such creatures in it !
[Libération – 4/7/2009]
C’est la star du moment. A en croire la presse internationale, ce sont ces gazouillis de 140 caractères qui ont orchestré la contestation iranienne (abusivement décrite comme « la révolution Twitter »). Le chouchou des réseaux sociaux ferait trembler le géant Google, ébranlant son quasi-monopole sur la recherche sur le Web. Google serait prêt à débourser 250 millions de dollars pour avaler le petit poucet.
We Love the Net, collectif de Net-artistes anticipe ce mariage en accouplant Twitter et Google Street View. Stweet permet de voir « ce qui se dit où ». Le site affiche en temps réel les micromessages géolocalisés (option que l’utilisateur de Twitter peut activer) sur le panorama de Google Street View. Les messages défilent en même temps que les photos des villes (Paris, Marseille, Londres, Barcelone, Sydney, Milan, Sapporo, Los Angeles…) proposant une « nouvelle manière de voyager autour du monde, via ces gazouillis urbains ».
L’écran se rafraîchit à chaque fois qu’un nouveau « tweet » (un micromessage) arrive. Par exemple, le 3 juillet au 56 rue Quincampoix à Paris, Silvae écrit « Bon allez ce midi je me trouve des lunettes de soleil #ça-sent-les-vacances. » Au 6 rue Duvivier, Littelfufu envoie « Sweet bossa nova playing, cold mojito, beautifull sunshine, and not worry in the world, life is good to me. » A New York, sur Columbus Avenue 728, Jayhawkbabe écrit : « Je me sens comme James Bond. Je viens de soudoyer un taxi pour qu’il m’emmène illico à l’aéroport. On roule si vite, je me sens malade. » Voir d’où proviennent les messages modifie complètement la manière dont on les réceptionne.
Cette forme de poésie en temps réel, associée à des photographies de rues (qui sont figées dans le passé) procure une étrange sensation de distorsion. L’impression, un peu indiscrète, de saisir des discussions au vol, comme lorsqu’on se promène dans la rue. « Ce projet artistique propose une représentation inédite de ces données qui circulent sur le Net. Twitter présente un flot incessant de mots humains, de mots urbains. Stweet vise aussi à se réapproprier l’immense espace photographique que crée Google, reprendre possession de ce territoire qu’il s’arroge de manière autoritaire. Il s’agit aussi de sensibiliser le public à l’espace d’observation, voire de surveillance, créé à travers la géolocalisation », explique le collectif.
Avec son projet Default to Public, l’artiste berlinois Jens Wunderling tente de rattacher ces flux immatériels à des lieux physiques. Intrigué par la manière dont les gens s’affichent en ligne sans retenue et leur désir simultané de vie privée dans le monde réel, il a imaginé plusieurs projets autour de Twitter visant à diffuser ces conversations en temps réel dans l’espace public.
La plupart des « tweets », souvent de nature privée, peuvent être vus par les utilisateurs dans le monde entier, constate l’artiste allemand. « Sur le Net, les gens disent ce qu’ils pensent, immédiatement, publiquement. Pourquoi pas dans le monde réel ? Est-ce en raison de l’anonymat dont ils bénéficient sur le Net ? Ou est-ce parce qu’ils ne ressentent pas l’Internet comme étant un espace public, alors qu’il touche bien plus de gens et qu’il a une mémoire bien plus persistante ? »
Wunderling sort les « gazouillis » du réseau pour les mettre dans la rue, sous différentes formes. Par exemple, Tweetscreen est une projection sur les rideaux des fenêtres des messages écrits à proximité. Les utilisateurs de Twitter, dont les messages ont été sélectionnés, sont avertis que leur « tweet » a été montré dans l’espace public. Une autre déclinaison consiste en une borne placée dans un café qui imprime non-stop les « tweets » émis dans le voisinage sur des petits autocollants, permettant aux passants de s’en saisir et de les coller où bon leur semble, disséminant les messages dans la ville. Dernière réalisation, peut-être la plus troublante : une sonnette d’immeuble, objet qui sert déjà d’interface entre l’extérieur et la sphère privée, dotée d’un écran qui affiche en temps réel les gazouillis que vous envoyez dans le cyber-espace. « Si vous savez que ce que vous dites peut être connecté à votre domicile, vous y réfléchirez à deux fois avant de twitter. »
6 juillet 2009
Cette information n’est pas vraiment une nouveauté… Nesroulah Yous, Salima Mellah et François Gèze avaient déjà rassemblé les preuves, il y a dix ans, de l’implication des forces armées algériennes dans les massacres et atrocités attribués aux islamistes. L’armée, en Algérie, c’est une mafia qui gangrène tout l’Etat, elle fera tout pour protéger et développer son bizness… y compris le terrorisme et la manipulation.
[Le Nouvel Observateur -06/07/2009]
Un témoignage recueilli par le juge d’instruction antiterroriste Marc Trévidic le 25 juin dernier, vient de relancer le dossier de l’assassinat des sept moines de Tibéhirine en Algérie en 1996, selon des informations du quotidien Le Figaro et du site d’information Mediapart. Au printemps 1996 sept moines français de Tibéhirine en Algérie sont enlevés, tués puis décapités. De nombreuses hypothèses : groupe terroriste, bavure, ont circulé sans que jamais l’on sache quels étaient les auteurs des faits.
Ne pas nuire aux relations franco-algériennes
François Buchwalter, militaire de haut rang, affirme dans sa déposition que les moines ont été, comme certains le soupçonnaient depuis longtemps, victimes d’une bavure commise par l’armée algérienne. Il assure surtout en avoir informé les autorités françaises, qui lui ont demandé de se taire, pour ne pas nuire aux relations franco-algériennes.
13 ans plus tard il décide finalement de lever le « secret-défense ».
François Buchwalter, 65 ans est convoqué le 25 juin par Marc Trévidic, qui a repris le dossier en 2007.
Le général, formé à Saint-Cyr, a été employé au sein des services secrets puis à la DGSE (Direction générale des services extérieurs), avant d’être nommé attaché de défense en Turquie, au Sahara, puis en Algérie entre 1995 et 1998. C’est à ce poste qu’il va recueillir les confidences d’un ancien officier de l’armée algérienne, dont le frère était chef d’une escadrille d’hélicoptères affectée à la première région militaire en Algérie. Le général a souhaité préservé l’anonymat de cette personne pour des raisons de sécurité.
« Black-out demandé par l’ambassadeur »
François Buchwalter a rencontré l’officier après les obsèques en mai 1996. L’Algérien lui explique que son frère patrouillait en hélicoptère entre Blida et Médéa dans le cadre d’opérations anti-islamistes. La patrouille aurait aperçu un bivouac ressemblant à un groupe djihadiste armé.
La zone ayant été complètement vidée, la patrouille a immédiatement pensé qu’il s’agissait de terroristes. « Ils ont (…) tiré sur le bivouac (…) se sont ensuite posés (…). » Puis « ils ont découvert qu’ils avaient tiré notamment sur les moines », a expliqué le général au juge Trividic. « Les corps des moines étaient criblés de balles. » Les militaires ont immédiatement prévenu leur PC de commandement à Blida.
De son côté, le général Buchwalter a rendu compte par écrit du mitraillage des moines au ministère de la Défense, à l’état-major des armées et à l’ambassadeur de France alors en poste à Alger, Michel Levêque. « Il n’y a pas eu de suites, ils ont observé le black-out demandé par l’ambassadeur », assure-t-il.
Des têtes sans corps
Cette nouvelle version qui relancerait l’affaire porte un sérieux revers à la thèse officielle de l’armée algérienne. Elle a toujours affirmé que les corps des religieux trappistes ont été enlevés quelques semaines plus tôt par le Groupe islamique armé (GIA), des terroristes algériens. L’armée aurait ensuite découvert les dépouilles dans un champ près de Médéa. Mais les familles n’ont pu récupérer que les têtes.
Le père Armand Veilleux, procureur général de l’Ordre cistercien trappiste, aujourd’hui partie civile dans le dossier, avait exigé de voir les dépouilles afin de les identifier. Les nombreuses résistances rencontrées à l’époque l’avait fait se tourner vers l’ambassadeur, auprès duquel il avait également dû insister. Le diplomate avait expliqué au Père, que seules les têtes avaient été retrouvées et lui avait fait promettre de ne rien dire, « en arguant du fait que ce serait un déshonneur pour l’Algérie ». C’est à l’ouverture des cercueils pour l’identification des corps que le père Veilleux a constaté qu’il n’y avait que les têtes, dont l’une sans menton. D’où les premières suspicions d’une bavure maquillée.
Un sérieux démenti à la version officielle
Pour Me Patrick Baudoin, avocat de la partie civile, ce témoignage apporte en tout cas un sérieux démenti à la version officielle : « Nous allons demander à la France la levée du secret-défense sur les rapports de son attaché militaire et, à l’Algérie, la restitution des corps des moines. Ces propos démontrent que la raison d’État a prévalu dans ce dossier. »
Interrogé par les juges d’instruction, Michel Levêque, ambassadeur de France à Alger, n’a jamais évoqué cet épisode.
6 juillet 2009
[LEMONDE.FR avec Reuters et AP | 05.07.09]
Qui a dit que les espions étaient des personnages secrets ? Pas la femme de Sir John Sawers, en tout cas. Shelley Sawers a diffusé sur le réseau social Facebook des dizaines de photos et d’informations sur son mari, qui n’est autre que le futur chef des services secrets britanniques, le fameux MI6.
Si les ennemis de la couronne ne seront pas passionnés par les photos de M. Sawers jouant au frisbee sur la plage, ou par celles de sa fille en train d’exécuter une chorégraphie de Liza Minelli, ils pourraient être autrement plus intéressés de noter l’adresse du couple, ses lieux de villégiature favoris ou encore ses fréquentations. « Une énorme brèche dans sa sécurité personnelle », résume le Mail on Sunday, qui a révélé l’information, dimanche 5 juillet.
Une autre photo mise en ligne par Shelley Sawers révèle que le beau-frère de John fréquente l’historien négationniste David Irving, qui fut emprisonné trois ans en Autriche pour avoir « glorifié le parti nazi » et nié l’existence de la Shoah.
Tous ces détails ont été retirés du site en urgence, mais l’affaire a provoqué un tollé en Grande-Bretagne. « Une bonne part de l’argent du contribuable a servi ces dernières années à faire en sorte que lui et sa famille étaient protégés. Eh bien, ça ne semble plus du tout pertinent, à présent », a lancé le député conservateur Patrick Mercer.
Avec un flegme tout britannique, le ministre des affaires étrangères, David Miliband, a tenté de dédramatiser un scandale lui aussi tout britannique – le cas Sawers est le dernier d’une longue série d’impairs commis ces derniers temps par les responsables des services de sécurité du Royaume – en déclarant : « Qu’il porte un maillot de bain Speedo n’a rien d’un secret d’Etat. »
Pour l’heure, la nomination de l’actuel ambassadeur de la Grande-Bretagne aux Nations unies n’est pas remise en cause. Elle devrait intervenir en novembre. Sir John Sawers deviendra alors « C », son nom de code au sein des services secrets de Sa Majesté. Comment le sait-on ? Par Facebook, of course !
(Pour voir Corinne Sawers jouer à Liza Minelli, c’est ici)
5 juillet 2009
Un commando de 5 hommes, la plupart masqués, déclarant ouvertement appartenir à la Ligue de Défense Juive (LDJ) ont attaqué vendredi 3 juillet en début d’après-midi la Librairie Résistances (4 Villa Compoint, 75017 – Paris).
Deux femmes travaillant à la librairie étaient présentes, ainsi que deux clients. Après les avoir bousculés, les nervis se sont attaqués avec frénésie à l’établissement, arrosant d’huile plusieurs milliers de livres, et détruisant les ordinateurs, avant de prendre la fuite à bord d’une automobile. Cette attaque est intervenue au lendemain d’une conférence, donnée à la librairie par Mahmoud Suleiman, maire du village palestinien d’Al-Masara, sur le thème des actions de résistance non violente contre le mur d’annexion israélien.
La librairie Résistances, qui propose, notamment, de nombreux livres sur la Palestine et sur Israël, a été attaquée et menacée à de nombreuses reprises par les fascistes sionistes. Mais alors que les agissements de cette bande sont archi-connus de la police, le pouvoir politique a jusqu’à présent systématiquement manifesté sa sollicitude à leur égard.
Voir la video sur http://www.vimeo.com/5462395
De nombreuses organisations, librairies, réseaux de bibliothèques, appellent à un rassemblement devant la librairie Résistances ce mercredi soir 8 juillet à partir de 18 H 30, pour exiger la dissolution de la Ligue de Défense Juive, organisation terroriste qui multiplie les agressions en France (voir sur notre site le récit de l’attaque du Conseil municipal de Vitry-sur Seine le 23 Juin).
Un grand merci à toutes celles et ceux qui nous ont aidé à nettoyer la librairie et aux nombreuses personnes et associations qui nous ont fait parvenir de chaleureux messages de soutien.
5 juillet 2009
[Patrick Levieux – Le Monde – 05.07.2009]
Je suis cet homme qui cria par deux fois « Sarkozy je te vois ! ». Et, aujourd’hui, je suis très heureux du dénouement de cette affaire pour au moins deux raisons. D’une part, l’emballement médiatique a permis de ridiculiser la politique sécuritaire du président de la République. Nous savons tous maintenant que prononcer « Sarkozy je te vois ! » peut nous amener devant les tribunaux. Après cet épisode, qui pourra encore contester que nos libertés individuelles ne soient sérieusement menacées par ce pouvoir ?
D’autre part, cette affaire a montré que le « storytelling », cet art de raconter des histoires, n’est pas l’apanage des communicants des grands groupes capitalistes ou des campagnes électorales victorieuses. Un simple quidam peut détourner le storytelling et raconter à son tour sa propre histoire. Dans son fameux livre consacré à ce sujet, l’essayiste Christian Salmon présente le storytelling comme une « machine à raconter » qui « remplace le raisonnement rationnel, bien plus efficace que toutes les imageries orwelliennes de la société totalitaire ». L’affaire du « Sarkozy je te vois ! » donne des raisons d’être plus optimistes, et montre que l’on peut utiliser le storytelling à des fins citoyennes.
Tout a commencé par un petit mensonge. Ce mercredi 28 février 2008, je reviens d’Avignon, à l’époque je suis journaliste au mensuel alternatif L’Age de faire. Après l’incident, interrogé au poste de police sur ma profession, je me présente comme étant allocataire du RMI. « Journaliste » est une profession beaucoup trop voyante. A 46 ans, un homme au RMI est forcément un pauvre gars, sans relations, fragile, impuissant, qui ne fera pas de vagues auprès de l’administration.
Plusieurs mois après, lorsque je suis à nouveau convoqué au commissariat de quartier pour être interrogé une seconde fois sur cet incident, je confirme être au RMI, même si, entre-temps, j’ai de nouveau rejoint l’éducation nationale. Dans l’éducation nationale, les syndicats sont puissants, les relais médiatiques nombreux, la procédure aurait pu alors ne pas se poursuivre. Je voulais rester un anonyme, dans toute la faiblesse de son état, sans passe-droit ni Rolex, et regarder la machine administrative tourner…
Lorsque, le 20 avril, un huissier de justice vient me remettre la citation à comparaître devant le tribunal pour tapage injurieux diurne, je suis confronté à un dilemme. Soit je comparais comme un individu lambda, perdu parmi les individus que la justice ordinaire juge chaque jour : je suis condamné ou relaxé, mais l’histoire s’arrête là, avant même d’avoir pu commencer. Soit je pose un acte citoyen et saisis cette occasion pour montrer les dérives de la politique sécuritaire du président de la République. Il s’agira de construire une histoire qui mette en scène la figure d’un quidam, d’un sans nom et sans visage qui interpelle en le tutoyant le signifiant maître « Sarkozy » dans une société crispée par le rictus sécuritaire. Mais comment construire cette narration ?
On le sait, dans toute histoire, le personnage central ne reste jamais seul. Il lui faut un personnage qui va l’aider à poursuivre son cheminement. Même si j’avais parcouru les salles de rédaction en exhibant ma convocation et le procès-verbal, l’histoire ne se serait pas écrite. Un anonyme n’a pas la crédibilité pour porter une telle histoire, même s’il a été journaliste.
Pour continuer à écrire cette histoire, il faut un avocat, un orateur brillant, suffisamment alerte pour être capable d’affronter le bruit médiatique sans être dupe sur les dérives de la société du spectacle. C’est un ami, journaliste au quotidien La Marseillaise qui me trouve la perle rare : Philippe Vouland, spécialiste des questions des droits de l’homme. L’avocat est une institution dont on écoute la parole, quand celle d’un anonyme est rarement entendue. Sans avocat, l’histoire ne serait pas écrite.
L’avocat choisi, cinq jours avant l’audience du tribunal, l’histoire pouvait être lancée sur la scène médiatique. Un simple coup de fil au bureau marseillais de l’AFP suivi d’un courriel indiquant les coordonnées de mon avocat suffiront à amorcer la machine.
Dès lors se pose la délicate question de l’anonymat. Raconter une histoire audible signifie qu’il faut éviter que la narration se fragmente en autant de récits qu’il y a de journalistes. En m’exposant sur un plan médiatique, l’histoire aurait pu tourner à la cacophonie. La question de la dérive sécuritaire dans notre société aurait pu laisser la place à celle plus anecdotique du personnage au centre de cette affaire : est-ce un gauchiste ? Est-ce un provocateur ? Est-ce un personnage en quête de gloire ? C’est donc l’avocat Philippe Vouland qui affrontera le bruit médiatique, en s’exposant devant les micros et les caméras. De mon côté, je refuse d’être photographié et d’être interviewé par la télévision : même floutée, l’image continue à dire quelque chose comme la présence honteuse de quelqu’un qui se cacherait…
L’un des ressorts du storytelling est de s’adresser à l’imaginaire collectif. Pour cela, je laisse échapper une petite précision en direction des journalistes sur ma profession, non celle qui était la mienne au moment de l’incident, mais celle que j’exerce au moment où l’affaire éclate : professeur de philosophie. Et c’est ainsi que résonnent, dans l’imaginaire collectif, les rapports énigmatiques entre le philosophe et les puissants avec des histoires déjà entendues où entrent en scène des personnages comme Diogène, Protagoras, Socrate…
A ce moment-là, il s’agit de permettre à cette histoire de continuer à s’écrire. Pour cela, il faut faciliter le travail des journalistes. Un témoignage factuel est envoyé au site d’information en ligne Rue89, celui-ci sera également distribué le jour de l’audience. Je donne une justification : il s’agit d’« un geste pédagogique, un trait d’humour destiné à détendre l’atmosphère ». Le rire n’est ni de gauche ni de droite. L’humour doublé du geste pédagogique permet de toucher le public le plus vaste.
En réfléchissant à ce geste, je me demande aujourd’hui dans quelle mesure celui-ci n’est pas un geste artistique, un happening. Le storytelling citoyen serait-il la dernière invention que les citoyens anonymes pourraient s’approprier pour dénoncer ce que Voltaire appelait en son temps « l’infâme » ?
Professeur de philosophie, relaxé par le tribunal de police de Marseille le 3 juillet
3 juillet 2009
Hotspots WI-FI ouverts ? Modems non protégés par mot de passe ? Bye Bye ? Protection WPA hackée ? Tu raques….
[Marc Reese – PCInpact – 02/07/2009]
C’est une surprise de taille ; La commission des affaires culturelles, qui a pour rapporteur Michel Thiollière, vient d’amender le projet de loi antipiratage qui sera examiné au Sénat le 8 et 9 juillet prochains. La version amendée rajoute un L. 335-7-1 au code de la propriété intellectuelle. Voilà ce que dit cet article :
« Art. L. 335-7-1 – Pour les contraventions de la cinquième classe prévues par le présent code, lorsque le règlement le prévoit, la peine complémentaire définie à l’article L. 335-7 peut être prononcée selon les mêmes modalités en cas de négligence caractérisée, à l’encontre du titulaire de l’accès à un service de communication au public en ligne ou de communications électroniques préalablement averti par la commission de protection des droits en application de l’article L. 331-26, par voie d’une lettre remise contre signature ou de tout autre moyen propre à établir la preuve de la date d’envoi de la recommandation. Dans ce cas, la durée maximale de la suspension est d’un mois. »
Négligence caractérisée dans la surveillance de sa ligne
Ainsi, la loi réintègre donc la philosophie d’Hadopi 1 qui n’avait qu’une cible : obliger le titulaire d’un abonnement à sécuriser sa ligne et être responsable des téléchargements illicites associés à son IP.
Le texte amendé évoque ainsi l’idée d’une contravention pour négligence à l’encontre de l’abonné internet qui n’aura su empêcher ces téléchargements. Une négligence qui pèsera lourd : 1500 euros.
Certes, la Commission parle d’une « négligence caractérisée », mais on en revient bien à la version sanctionnée par le Conseil constitutionnel. L’acharnement parlementaire flirte une nouvelle fois avec un risque de déclaration d’inconstitutionnalité déjà constaté le 10 juin dernier : même s’il s’agit d’une contravention, l’abonné ne doit pas être enfermé dans une preuve irréfragable, c’est-à-dire dans un système où il ne peut pas renverser la charge de ce qu’on lui reproche. Comment Mme Michu pourra démontrer qu’elle n’a pas fait preuve de « négligence caractérisée » dans la gestion de sa Freebox, sa LIvebox ou SFRbox ?
Initialement, dans les projets secrets de la rue de Valois, cette contravention était le fruit d’un décret qui prévoyait l’obligation de sécurisation de la ligne. Mais touchant aux libertés fondamentales, les juristes de la Commission des affaires culturelles ont sans doute estimé plus prudent d’injecter cette obligation dans la loi. Le Conseil constitutionnel pourra ainsi la juger à la première loge.
http://www.pcinpact.com/actu/news/51759-hadopi-surveillance-negligence-caracterisee-senat.htm
2 juillet 2009
[Michel Collon – Page « Honduras » – 01/07/2009]
COMMENTAIRE DE MICHEL COLLON : Sommes-nous bien informés ? Non. Le public européen ignore la vaste protestation populaire au Honduras, et sa répression. On veut faire croire qu’Obama est innocent. Comme si les militaires honduriens n’étaient pas formés et encadrés par Washington. Comme si le gentil Obama ne venait pas d’augmenter le budget de la CIA, donc des coups d’Etat. Sa tactique est classique : d’abord, il refuse de condamner le coup d’Etat et appelle au « dialogue ». Si les putschistes l’emportent, tant mieux. S’ils perdent, il les désavouera. Classique aussi, la diabolisation du président Zelaya. Solliciter un deuxième mandat présidentiel, comme dans la plupart des pays européens ?
Quelle horreur ! Comment un leader résistant aux USA ose-t-il demander d’être réélu ? 400.000 Honduriens ont signé pour qu’il en ait le droit ? Leur voix comptent moins que celle de l’Armée, du patronat et des évêques. En Amérique latine, l’Histoire se répète. A nous de contribuer à y mettre fin.
UN APPEL DU HONDURAS :
Bonsoir Michel,
Au même instant que tes messages arrivent, bien des choses importantes sont en train de se passer en Honduras. Radio Progreso est interdite d’antenne depuis ce lundi vers 10H00 h d’Honduras. La page web de la station est aussi bloquée. En revanche, ALER a réussi à faire passer mon signal de Progreso à travers son système satellitaire.
Je te demande au nom de nos frères honduriens de faire tout ton possible pour diffuser la nouvelle et faire le nécessaire pour empêcher que la population hondurienne reste dans l’ignorance de ce qui est en train de se
passer là-bas. Plusieurs dirigeants et membres de la résistance populaire hondurienne n’arrêtent pas de demander cela. Faire savoir qu’ils occupent des postes de péage, des ponts etc et ont promis de rester mobilisés dans une grève nationale au finish jusqu’au retour de Mel Zelaya, le président légitime de ce pays. http://www.aler.org
Pour ceux qui parlent ou comprenent la langue cliquez sur ALER satelite en directo.
VENCEREMOS! NOUS VAINCRONS!
Bien à toi,
Alejandro
LES PUTCHISTES SONT FINANCÉS PAR WASHINGTON
La secrétaire d’Etat H. Clinton a déclaré aujourd’hui que le gouvernement des Etats-Unis n’était pas prêt à appeler “coup d’Etat” les événements au Honduras car cela obligerait Washington à couper l’aide économique à ce pays, ainsi que leurs relations. Cette indécision est due au fait que ceux ont pris illégalement le pouvoir sont des groupes et des partis politiques qui ont reçu des financements du gouvernement des États-Unis par l’intermédiaire du Fond National pour la Démocratie, l’Institut Républicain International et l’Institut Démocratique National pour les Relations Internationales. De plus, l’armée hondurienne est largement financée par le Pentagone et le Département d’État.
Eva Golinger, http://www.codechavez.com
Appelez l’administration Obama Pour demander la condamnation totale du coup d’Etat :
- Département d’État : 202-647-4000 o 1-800-877-8339
- Maison Blanche : 202-456-1111, centrale téléphonique : 202-456-1414
Envoyer un mail de réprobation au pseudo président :
robertomicheletti@congreso.gob.hn
Un caricaturiste arrêté
“Le fameux caricaturiste Allan Mc Donald m’a téléphoné au moment où il était arrêté avant d’être enfermé par les forces armées du Honduras en présence de sa fille âgée de 17 mois. Il a montré à travers ses caricatures dans le quotidien hondurien el Heraldo de Honduras, le Times et sur rebelion.org, sa position en faveur du référendum promu par le gouvernement de Manuel Zelaya Rosales. Son matériel et ses dessins ont été détruits, puis il a finalement été relâché.”
http://www.michelcollon.info/index.php?option=com_content&view=article&id=2125:breves-honduras-francais&catid=6:articles&Itemid=11