octobre 2012
Monthly Archive
21 octobre 2012
Si Trayvon Martin avait tué Zimmermann, PER-SONNE ne se poserait la question de savoir si « la victime est l’agresseur ». Un Noir qui tue un Blanc, c’est logique et on chope le « niggah » et on le pend à l’arbre le plus proche. Mais quand c’est un blanc qui tue un noir, même désarmé, c’est forcément que le Noir a provoqué ou menacé le Blanc. Cela ne peut pas être autrement…
Cela fait 1000 ans que les Blancs ont toujours des excuses quand ils tuent des Noirs ou des Basanés…
[Le Monde – Philippe Bernard- 21/10/2012 ]
Les parents de Trayvon Martin, le lycéen noir tué en février à Sanford (Floride) par George Zimmermann, un vigile autoproclamé, ont protesté, vendredi 19 octobre, contre la décision de la magistrate chargée du dossier, d’autoriser l’avocat du meurtrier à fouiller dans la vie de leur fils. Le dossier scolaire de l’adolescent mais aussi le contenu de ses comptes Facebook et Twitter pourront être communiqués à la défense, a décidé la juge Debra S. Nelson.
“Il est injuste de faire passer un enfant mort pour l’auteur du crime, a déclaré Tracy Martin, le père de la victime. “Cela revient à accuser la victime d’un viol de l’avoir provoqué par son habillement », a renchéri Ben Crump, l’avocat de la famille. Les défenseurs de Trayvon Martin, mort à 17 ans, rappellent qu’il n’était pas armé. Son meurtrier, âgé de 29 ans, affirme qu’il a riposté après avoir été attaqué. Il avait fallu 45 jours de mobilisation et de protestations pour que George Zimmerman soit poursuivi pour « meurtre ».
La juge a estimé que dans ce genre de dossier, il était pertinent de se demander si la victime « avait un penchant reconnu pour la violence ». Les intentions de Mark O’Mara, l’avocat de George Zimmerman, elles, sont claires : « La question est de savoir qui a fait quoi au cours des quelques minutes » ayant précédé le meurtre « La victime était-elle l’agresseur ? », a-t-il interrogé à l’issue de l’audience de vendredi. (suite…)
17 octobre 2012
Un jugement très intéressant, notamment la partie explicitant le débat entre Agoravox et le photographe plaignant sur ce qui constitue une « oeuvre originale » en photographie…
Agoravox est éditeur et responsable de la diffusion d’une photo contrefaisante
[Legalis.net – 17/10/2012]
Pour le TGI de Paris, le site Agoravox a le statut d’éditeur dont le régime de responsabilité relève du droit commun. En conséquence, la fondation Agoravox qui l’édite a été condamnée, par un jugement du 12 octobre 2012, à verser 2 000 € de dommages-intérêts à un photographe dont un cliché avait été diffusé sans son autorisation et sans citer son nom.
Agoravox.fr qui se présente comme un site citoyen publie des articles d’internautes. Pour déterminer que ce site a la qualité d’éditeur, le tribunal s’est basé sur sa politique éditoriale. « La fondation Agoravox ne se limite pas à fournir un service technique de stockage des articles émanant de tiers en vue de leur mise en ligne à disposition du public, ce qui la cantonnerait à une fonction d’hébergeur, mais elle procède à des opérations de sélection d’articles après un examen détaillé de leur contenu d’une part par des bénévoles, eux-mêmes sélectionnés en fonction de critères fixés par le gérant du site, et d’autre part par des membres de l’équipe du site qui veillent notamment à la légalité des contenus et au respect d’une politique éditoriale ». (suite…)
17 octobre 2012
[L’Expansion – Ludwig Gallet – 17/10/2012]
L’Hadopi a publié ce mercredi son rapport d’activité pour 2012. Nouveauté, l’autorité y dévoile ses statistiques sur les abonnés arrivés au dernier stade de la riposte graduée. Quel est leur profil ? Combien sont-ils ? Réponse en chiffres.
On savait que l’Hadopi misait principalement sur la portée pédagogique de la riposte graduée pour lutter contre le téléchargement illégal et la récidive. Preuve en est, si plus d’un million de dossiers ont été ouverts depuis sa création, seule une poignée d’entre eux risque aujourd’hui de se retrouver devant la justice.
Combien sont-ils ? Peu nombreux. 682.525 premières recommandations ont été envoyées par mail entre le 1er juillet 2011 et le 30 juin 2012, sous la forme d’un simple avertissement établissant un défaut de sécurisation de l’accès à internet. Une mesure apparemment efficace puisque seuls 12% des internautes avertis une première fois reçoivent un deuxième avertissement. Soit 82.256 courriers envoyés.
Arrive ensuite la troisième phase, un tournant sur l’échelle de la riposte graduée. Le traitement des infractions perd en effet de son automaticité. L’Hadopi traite alors au cas par cas, pour décider si oui ou non, le dossier doit être transmis au procureur de la République. Soit seulement 340 internautes à ce stade, dont plus de 75% prennent contact avec l’Hadopi, contre seulement 8% au premier. Il faut dire qu’il seront de toutes façons systématiquement convoqués par l’autorité.
Reste que dans l’immense majorité des cas, les dossiers ne sont pas transmis au procureur. Au 1er octobre, en effet, seuls 18 abonnés ont basculé dans le volet judiciaire de la riposte graduée.
Quel est leur profil ? Sur 306 dossiers arrivés au troisième stade de la riposte graduée au 1er mai 2012, 89% ont utilisé un seul logiciel de partage. eMule est le plus répandu (49%), suivi de µTorrent (44%), bitTorrent (8%), Limewire (6%) et Azureus (4%). Les statistiques de l’Hadopi, qui ne concernent que des mises à disposition de fichiers et non des téléchargements, précisent que dans un tiers des cas, seule de la musique est échangée. Un autre tiers concerne uniquement des vidéos, et le tiers restant les deux types de contenus.
Seuls 2% des dossiers parvenus à ce stade concerne des accès Wi-Fi communautaires (lieux publics…). 14% des abonnés épinglés pour la troisième fois ont purement et simplement nié les faits. En revanche, 75% reconnaissent que leur connexion a été utilisée à des fins malveillantes (40% par l’abonné lui-même, 60% par un proche). A l’issue de la procédure, 45% des abonnés disent avoir supprimé le logiciel ayant permis le téléchargement. 37% des abonnés entrés en contact avec l’autorité assurent avoir cessé le téléchargement. La moitié d’entre eux assurent même avoir arrêté dès la première ou la deuxième recommandation. Ce sont eux qui prennent le temps de lire leurs mails. Car 36% des abonnés en 3e phase n’ont pas pris connaissance du premier avertissement.
Ces chiffres démontrent que la majorité des contrevenants sont des cas mineurs. Car si ces abonnés sont arrivés au troisième stade, c’est qu’ils ne connaissent pas le fonctionnement des logiciels de « peer to peer ». Car il ne suffit pas d’arrêter de télécharger. Il faut aussi effacer les fichiers téléchargés ou même supprimer le logiciel. Sans quoi ils seront à nouveau épinglés par l’autorité, puisque les plateformes de peer to peer disposent d’une fonction de partage automatique. Parmi les informations les plus fréquemment communiquées aux abonnés, l’explication du partage automatique des logiciels de peer to peer arrive d’ailleurs en tête, dans plus de 86% des cas. (suite…)
16 octobre 2012
[Gregor Seither – IES News Service – 15/10/2012]
Grâce aux données collectées par la société F-Secure et Google Maps, il est possible de visualiser les ordinateur inféctés par le Ver ZeroAccess à travers le monde. Ce botnet existe depuis plusieurs années et est en mutation constante afin de contourner les mesures de sécurité informatique et logiciels antivirus. Sa méthode de progression est simple: une fois l’ordinateur infecté, ce dernier se connecté à un réseau pair-à-pair (P2P) où il reçoit des instructions pour télécharger d’autres logiciels nocifs. L’infection se fait généralement par le biais d’un cheval de troie, caché dans un téléchargement à l’air inoffensif ou via une page Web modifiée pour permettre l’infection de l’ordinateur qui la visite.
Aux dires de la société Sophos le maliciel ZeroAccess aurait été installé environ 9 millions de fois et serait actuellement actif sur un million d’ordinateurs. Un réseau d’une telle ampleur est très lucratif, si tous les ordinateurs actifs sont utilisés pour des opérations de « Fraude au clic » ou pour frauder les systèmes de monnaie électronique décentralisée comme Bitcoin, cela peut rapporter jusqu’à 100 000 US$ par jour à son opérateur.

13 octobre 2012
Ca vous surprend ? Le Pen a toujours été l’arbre qui cachait la forêt Sarkozy… en quoi Le Pen serait-il plus « fasciste » que Guéant ou Hortefeux ?
[Oumma.com – 12/09/2012]
Nommer Marine Le Pen à l’Intérieur pour s’assurer une réélection dans un fauteuil, il n’y aurait rien eu d’incohérent, ni même de renversant, quand on s’appelle Sarkozy et que l’on s’est évertué pendant cinq ans à faire sauter toutes les digues de la politique, même les plus dangereusement contre-nature qui soient !
L’ex-hyperprésident d’une oligarchie triomphante aura mis à rude épreuve les grandes valeurs républicaines tout au long d’un mandat qui a fait feu de tout bois. Adepte de la politique du casting et de l’ouverture à gauche, il n’a guère plastronné lorsqu’il a réalisé, un peu tard, que sa stratégie populiste débridée avait revigoré le FN, au point que la fille à papa, Marine Le Pen, réussissait à lui damer le pion et à lui dicter l’agenda idéologique.
Dans sa course effrénée pour torpiller l’ennemi et se maintenir sur son trône, l’hypothèse d’un rapprochement avec la tornade blonde frontiste, et peut-être même de son entrée au gouvernement, et en poussant le bouchon encore plus loin, à l’Intérieur, aurait été envisagée par sa garde rapprochée.
Cet épisode, passé sous silence quand l’Elysée phosphorait sous les ordres de Patrick Buisson, ex-cadre du FN et ancien directeur de Minute, dont l’agence de communication a largement tiré profit de la frénésie sondagière qu’il a lui-même orchestrée, est révélé dans l’ouvrage d’Éric Mandonnet et de Ludovic Vigogne, « Ça m’emmerde ce truc !», qui retrace la campagne d’entre-deux-tours de l’ancien chef de l’Etat, à paraître le 17 octobre prochain chez Grasset. (suite…)
8 octobre 2012
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Revue de Web
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Ce fut une rencontre exceptionnelle. D’un côté, les représentants d’Agra, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, financée par la Fondation Bill & Melinda Gates.
De l’autre, les représentants des organisations paysannes d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.
Présidée par Olivier de Schutter, le rapporteur des Nations unies pour le droit à l’alimentation, la rencontre a tourné à l’affrontement entre deux conceptions du développement agricole, avec au cœur du débat, l’avenir des semences africaines.
Accra, Ghana
1er-3 février 2012
Date de première diffusion :
Mar., 16 oct. 2012, 20h50
http://videos.arte.tv/fr/videos/les-moissons-du-futur-la-guerre-des-semences-ghana-1–6843412.html
8 octobre 2012
UNE CANDIDATE DÉMOCRATE AU SÉNAT DU MAINE ACCUSÉE DE JOUER À WORLD OF WARCRAFT
[Gregor Seither – IES News Service – 7/09/2012]
La campagne électorale pour le siège de Sénateur du Maine s’est transformée en un combat de les trolls, de nains et de gobelins et d’orcs. Dans un communiqué envoyé cette semaine aux électeurs, le Parti Républicain accuse la candidate démocrate Colleen Lachowicz de vivre dans un monde imaginaire et – pire encore – d’y proférer des « commentaires insultants, vicieux et violents » dans les forums en ligne consacrés à World of Warcraft (WoW), un jeu en ligne joué par des millions de personnes à travers le monde.
Lachowicz, qui se présente contre le sénateur Tom Martin, a réagi en accusant les Républicains de se concentrer sur son passe-temps plutôt que de répondre à ses questions politiques. « Je trouve que c’est bizarre qu’on m’attaque parce que je joue a des jeux en ligne», a-t-elle dit dans un communiqué. « Que vont ils trouver ensuite ? Vais-je être ostracisée parce que je joue à Angry Birds ? »
Un site Web produit par la campagne électorale des Républicains montre Santiaga l’avatar de Lachowicz, une orc à la peau verte, crinière mohawk et armée d’un poignard en éclat de météorite. Il note que Lachowicz aime jouer dans « un monde imaginaire du nom de Azeroth » et qu’elle « y a atteint le niveau 85, le plus haut niveau qu’on puisse y atteindre. » Elle est accusée de passer des centaines d’heures à jouer dans World of Warcraft, à pourchasser des trolls et des créatures fantastiques. « Nous avons besoin d’un sénateur qui vive dans notre monde, pas dans le petit monde imaginaire de Colleen, » indique l’auteur du site.
Le site signale également des commentaires faits par Lachowicz lors de conversations sur des forums avec d’autres joueurs de World of Warcraft en 2009 et 2010, y compris: « J’adore empoisonner et poignarder, » « Je peux tuer des trucs sans devoir aller en prison pour cela » et « J’adore poignarder des trucs et je suis originaire du New Jersey, c’est quoi ton p***** de problème ? »
Ericka Dodge, porte-parole du Parti Démocrate du Maine, a déclaré dans une interview vendredi que Lachowicz, assistante sociale de métier, n’avait pu consacrer que 30 minutes à World of Warcraft depuis Janvier dernier, étant totalement absorbée dans la campagne électorale. « Il est clair que, avant de se lancer dans la politique, elle a passé beaucoup de temps à jouer à des jeux vidéo » a déclaré Dodge. « Elle aime aussi faire du tricot, mais je ne pense pas qu’on va l’attaquer pour cela. »
De très nombreux sites de « gamerz » ont réagi en soutenant Lachowicz. Sur WoW une guilde s’est formée pour sa défense, rassemblant déjà plusieurs dizaines de milliers de joueurs. Sur les plateformes sociales Facebook et Twitter, la majorité des commentaires se moque de cette campagne de propagande « anti-gamer » des Républicains, celle-ci apportant encore une fois la preuve que « le Parti Républicain est devenu un parti de conservateur déconnectés de leur époque, blancs, religieux et qui voient le mal partout. Après les commentaires de Paul Ryan sur le rap, après les cris de Rogers sur le rock n’ roll satanique, voici que ce sont les jeux vidéos qui passent au bûcher » selon le commentaire du forum WorldofGames (WoG) . Un tiers des habitants des Etats-unis, soit près de 215 millions de personnes, jouent à des jeux vidéo, selon une estimation du NPD Group.
Soucieux de ne pas s’aliéner les jeunes électeurs et fans de WoW, David Sorensen, un porte-parole pour le Parti républicain du Maine, a déclaré que le site consacré à Lachowicz n’a pas pour but d’offenser les joueurs de jeux vidéo. « En ce qui nous concerne, il ne s’agit pas d’une « affaire ‘World of Warcraft’ mais simplement du fait qu’une candidate à un haut poste politique qui se permet de dire des choses scandaleuses sur des forums dédiés à World of Warcraft » a-t-il déclaré vendredi.
8 octobre 2012
Le Che, agent commercial
Bikinis, vins ou horloges : le célèbre portrait au cigare est partout. Son auteur, René Burri, en a perdu le contrôle. Exposition à Vevey à travers 160 objets
[Michel Guerrin – Le Monde 22/09/2012]
Cela fait quoi, à un photographe, de se faire pirater et de voir filer sous son nez des millions d’euros ? Demandons à René Burri. C’est un Suisse allemand de 79 ans, auteur d’images aussi élégantes que son foulard blanc et son chapeau léger. Eh bien, il n’en fait pas une montagne, il préfère en faire une exposition. Elle est à voir à Vevey et elle est aussi savoureuse qu’instructive. Elle réunit 160 objets sur lesquels sa photo la plus connue a été imprimée et que des boutiquiers ont commercialisés de par le monde sans lui demander son autorisation. Ni lui verser de droits. Cette photo, c’est le portrait de Che Guevara, cigare aux lèvres, qu’il a réalisé en 1963 à La Havane, dans son bureau de ministre de l’industrie. Un photographe de 30 ans saisit un ange révolutionnaire de 35 ans.
Ces objets, ce sont souvent des amis qui les ont fait découvrir à Burri. Un copain espagnol lui apporte des rideaux, un Italien vient dîner chez lui avec une bouteille du Piémont. Une autre fois, on l’emmène dans un restaurant de Zurich : « Ma photo était peinte sur le mur. Elle figurait même sur le menu… » D’où le projet d’une exposition pour voir à quel point René Burri a perdu le contrôle de son image. Ce dernier avait déjà 30 objets. Stefano Stoll, le directeur du Festival Images, à Vevey, en a déniché et acheté 130 autres, en Chine, Inde, Australie ou en Europe.
Stefano Stoll a passé des nuits sur Internet et sa récolte lui a coûté 8 000 euros. Il a trouvé des tee-shirts en pagaille, mais aussi des bikinis, des plats, des coussins, des allumettes, des poupées russes, du papier à rouler, des horloges, des casquettes, des jeux de cartes, des cendriers, des timbres, des pyjamas pour chiens, des tongs, des cartes postales, des verres, des puzzles, des agendas, des livres… « Plus le détournement est fort, plus c’est intéressant », commente Stefano Stoll, qui affectionne un Che transformé en DJ de boîte de nuit. Burri, lui, a une tendresse pour son portrait en plastique, tout petit et niché dans un savon destiné aux femmes. (suite…)
8 octobre 2012
S’endetter, n’est-ce pas laisser un triste héritage aux générations futures ? Laisser à la jeunesse un pays sans emplois, où les usines sont en mauvais état, n’est pas un cadeau. On a tort de penser que la dette est ce qu’il y a de plus nocif pour l’avenir. La chose la plus importante, c’est de permettre aux générations de s’instruire, de développer les infrastructures, etc.
Paul Krugman, Prix Nobel d’économie, affirme que seule une politique de relance peut sauver les Etats-Unis et l’Europe. Quitte à s’endetter encore plus et créer de l’inflation
[Le Monde – interview par Claire Gatinois – 22/09/2012]
Paul Krugman, Prix Nobel d’économie 2008 et chroniqueur au New York Times, fait figure d’incompris. Jugeant« affligeante » la situation économique de l’Europe, cet Américain, keynésien convaincu, encourage la dépense publique. Une thèse présente dans son livre, Sortez-nous de cette crise… maintenant !, qui va à rebours des politiques d’austérité menées par la plupart des dirigeants de la zone euro.
En ces temps de surendettement public, pouvez-vous vraiment dire : « Vive la dépense ! » ?
Oui. La dette est élevée, mais ce n’est pas toujours un problème. Au Royaume-Uni ou dans les pays du coeur de l’Europe, les Etats peuvent encore emprunter à moindre coût. Et il faut rappeler que l’endettement public britannique était bien plus élevé entre les deux guerres, quand Keynes défendait une politique de relance. Nous avons des preuves concrètes que maintenir la dépense publique dans une économie déprimée ne dégrade pas considérablement les finances publiques. A long terme, cela peut même les améliorer : vous empruntez à des taux très faibles et l’économie, plus forte, permet d’engranger plus de recettes fiscales. Surtout, vous limitez les dégâts provoqués à long terme par la récession. En résumé, l’austérité est destructrice même sur le plan fiscal !
Pourtant personne ne vous écoute.
Mon avis n’est pas celui d’un marginal, c’est le résultat de recherches menées par Larry Summers [il fut secrétaire au Trésor de Bill Clinton] et par l’économiste Brad DeLong. Aujourd’hui, les gouvernements interprètent à leur manière la situation, et, jusqu’ici, ils se sont beaucoup trompés…
S’endetter, n’est-ce pas laisser un triste héritage aux générations futures ?
Laisser à la jeunesse un pays sans emplois, où les usines sont en mauvais état, n’est pas un cadeau. On a tort de penser que la dette est ce qu’il y a de plus nocif pour l’avenir. La chose la plus importante, c’est de permettre aux générations de s’instruire, de développer les infrastructures, etc.
Après la crise de 2008, le keynésianisme mis en place s’est traduit par un endettement planétaire, mais sans les succès que vous annoncez.
Les plans de relance ont stoppé la chute libre de l’économie. Mais leur ampleur était insuffisante et leur durée inappropriée. On a basculé dans l’austérité dès la mi-2010, quand la reprise s’essoufflait. Nous n’avons pas mené de véritable politique keynésienne. Tout juste avons-nous mis en place de brefs stimuli budgétaires. Même aux Etats-Unis, où le plan a été le plus important [787 milliards de dollars], la relance n’était pas suffisante. (suite…)
8 octobre 2012
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MAL DE MAIL
[Anne Chemin – Le Monde – 22.09.2012]
Au bureau, l’invasion des messages électroniques finit par émietter le travail et générer du stress. Au point que des entreprises s’en inquiètent et organisent des journées sans courriels.
Is s’invitent sans prévenir dans nos ordinateurs, s’entassent silencieusement dans nos corbeilles et envahissent peu à peu nos téléphones portables : les mails sont souvent utiles, parfois réjouissants, mais ils peuvent aussi devenir une véritable plaie. Selon Yves Lasfargue, chercheur à l’Observatoire du télétravail, des conditions de travail et de l’ergostressie (Obergo), 40 % des salariés utilisent aujourd’hui la messagerie électronique, contre seulement 10 % il y a une dizaine d’années. Parmi eux, la moitié consacrent plus de deux heures par jour à la gestion de leur boîte de réception. Nous sommes entrés dans l’ère de l’« infobésité », sourit Yves Lasfargue avec une pointe de perplexité. Au point que la CFDT Cadres plaide pour un « droit à la déconnexion » : « Se débrancher et se déconnecter est une question d’équilibre et de santé », affirme le syndicat, reprenant une idée popularisée par le chercheur Jean-Emmanuel Ray.
Qui l’eût cru il y a une quinzaine d’années, lorsque la messagerie électronique a commencé à s’imposer dans le monde du travail ? Le mail est alors paré de toutes les vertus : facile, rapide, il permet d’envoyer en un clic des documents lourds, de mettre des collaborateurs en copie, de laisser une trace écrite, de transmettre des visuels difficiles à décrire – plans, graphiques, tableaux, diagrammes. II a également l’avantage d’être moins intrusif qu’un coup de téléphone ou une visite impromptue dans un bureau : théoriquement, le destinataire répond quand bon lui semble. Après la mécanisation (1830), l’automatisation (1960), la robotisation (1970) et l’informatique (1980), la messagerie électronique semble promise à un avenir radieux.
Las… Le vent semble en train de tourner. Au point que Canon France organise, tous les trois mois, une « journée sans mails » qui lui a valu le label « Top employeurs 2012 » de l’institut CRF et le trophée « Mieux vivre en entreprise » du groupe RH & M. « En 2008, une étude menée chez Canon France par un cabinet extérieur a montré que la messagerie électronique était un facteur de stress, explique le directeur des ressources humaines, Philippe Le Disert. Chaque salarié recevait en moyenne 25 mails par jour. La messagerie est un outil formidable, mais elle peut aussi avoir des effets néfastes. » En 2010, l’entreprise a rédigé une charte, « Travailler mieux », qui prévoit, quatre fois par an, des « journées sans mail à visée pédagogique » : ce jour-là, le système électronique n’est pas bloqué – il faut continuer à travailler avec le monde extérieur -, mais les salariés sont invités, en interne, à privilégier le téléphone, voire… le bon vieux face-à-face. (suite…)