juin 2014



EIIL-Etat-islamique-en-Irak-et-au-Levant-drapeau

[Jeune Afrique – 30/01/2013]

De Bahreïn à Tombouctou, en passant par l’Algérie, il est au coeur de l’actualité : le drapeau noir imprimé de caractères blancs est devenu le symbole des salafistes du monde entier. Mais que signifie-t-il ? Décryptage.

Des caractères arabes qui claquent en blanc sur fond noir, une apparence familière, celle des étendards sombres du jihad supposés similaires à la bannière que le prophète Mohammed brandissait lors de ses conquêtes.  Mais la forme de celle-ci détonne. La calligraphie basique qui le couronne, « La ilaha illa Allah » (il n’y a de dieu que Dieu), tranche avec les volutes compliquées des autres drapeaux salafistes et percute comme un « Just do it » de Nike. Il est frappé en son centre d’une sorte de cercle ovoïde barré de trois inscriptions « Allah » (Dieu),« Rasoûl » (Prophète), « Mohammed ». Un logo sobre et efficace qui évoquerait presque la pomme croquée d’Apple. Depuis 2011 cette bannière se répand dans le ciel des troupes salafistes combattantes ou militantes, des zones tribales du Pakistan aux maquis yéménites et sahéliens, des rues de Beyrouth aux places de Rabat.

« Le Sceau des Prophètes »

Quand le Prophète eut l’intention d’écrire une lettre au souverain des Byzantins, on lui dit que ces gens ne la liraient pas si elle n’était pas cachetée d’un sceau. Alors le Prophète se fit faire un anneau d’argent (…) et fit graver dessus « Mohammed, Messager d’Allah ». (HADITH RAPPORTÉ PAR BOUKHARI, (Vol.4, livre 52,189)

Ses éléments renvoient aux premiers âges de l’Hégire, ceux des pieux ancêtres contemporains de Mohammed, les salafs, dont les modernes salafistes cherchent à imiter la vie et les mœurs idéalisées. La calligraphie anguleuse, de style koufique, est celle des premiers écrits de l’Islam. Quant au « logo », ce rond blanc malhabilement tracé aux trois inscriptions, il s’agit en fait de l’empreinte du sceau de Mohammed, le Messager dont le Coran révèle qu’il est lui-même « le Sceau des Prophètes. » (Coran XXXIII.40). Bien qu’il porte les mêmes mots dans la même calligraphie, ce n’est pas celui, rectangulaire, qui est conservé avec d’autres saintes reliques au palais de Topkapi, à Istanbul. Le sceau figurant sur la bannière est plutôt celui, circulaire, que l’on retrouve au bas de rares lettres attribuées à Mohammed, et qui enjoignent d’embrasser l’islam aux grands rois voisins de l’époque, ceux de Byzance, de Perse et d’Éthiopie mais aussi au roi de Bahreïn et au gouverneur d’Égypte. Il fait référence à la bague sigillaire que portait le Prophète, évoquée par son compagnon Anas Ibn Malik dans un hadith rapporté par Boukhari (Vol.4, livre 52,189) « Quand le Prophète eut l’intention d’écrire une lettre au souverain des Byzantins, on lui dit que ces gens ne la liraient pas si elle n’était pas cachetée d’un sceau. Alors le Prophète se fit faire un anneau d’argent (…) et fit graver dessus « Mohammed, Messager d’Allah » ».

Un message aux gouvernants muslmans ?

Sous cette forme, la bannière noire est en fait apparue en Irak dans la deuxième moitié des années 2000, adoptée par les troupes d’Al-Qaïda et alliés après leur proclamation de l’État islamique d’Irak, avatar de l’« Organisation d’Al-Qaïda au pays des deux fleuves ». En 2007, ses représentants ont émis un communiqué pour justifier le choix de l’étendard et en expliquer la symbolique. Le texte au sommet du drapeau, « il n’y a de dieu que Dieu », est la shahada, premier pilier de l’islam et profession de foi des musulmans que, explique le communiqué, le Prophète arborait dans les batailles, en blanc sur fond noir et en noir sur fond blanc, et qu’il a transmise aux générations postérieures. Le cercle blanc est effectivement l’empreinte du sceau du Prophète, et il ne faut pas lire l’inscription qui y est gravée de haut en bas, ce qui donnerait « Allah, le Prophète de Mohammed ». Elle doit être lue de bas en haut « Mohammed le Prophète d’Allah » et la position « en chef » du nom de Dieu unique indique sa suprématie. En brandissant précisément le sceau dont Mohammed signait ses appels à la conversion des dirigeants voisins, les salafistes cherchent-ils à rappeler aux gouvernants de pays musulmans l’apostasie qu’ils leur attribuent, tout en enjoignant aux autres de rallier l’islam ?

Il s’agit donc à l’origine du drapeau d’Al-Qaïda en Irak que les salafistes du monde entier semblent de plus en plus adopter.

Il s’agit donc à l’origine du drapeau d’Al-Qaïda en Irak que les salafistes du monde entier semblent de plus en plus adopter. On le retrouve en grand nombre particulièrement en Tunisie : c’est d’ailleurs celui qui avait été dressé à la place du drapeau tunisien à l’université de la Manouba en mars 2012, celui que les étudiants ont découvert, le 28 janvier, flottant à la place des couleurs nationales au lycée Slimane Ben Slimane à Zaghouan… Ironie de l’histoire, l’empreinte de sceau représentée sur le drapeau est issue d’une pieuse relique, type d’objet honni par les salafistes qui y voient des supports d’idolâtrie.

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20130130153052/

 


Que dit Oumma.com sur ce nouvel exemple de connerie ? On va encore nous dire « Ah mais non, l’islam c’est la religion de la tolérance, gna, gna… »  Il serait vraiment grand temps que les « penseurs islamistes » et autres Tarik Ramadan arrêtent l’hypocrisie (et aident leur religion à sortir du 14è Siècle). Les chrétiens étaient tout aussi cons il y a 500 ans, mais justement, on leur a suffisamment foutu de gnons dans la gueule à la sortie des églises pour qu’ils évoluent.  (Dov)

La chrétienne soudanaise libérée vient d’être arrêtée en tentant de quitter le pays

[LE MONDE – 24.06.2014]

A peine libérée, lundi 23 juin, Meriam Yahia Ibrahim Ishag, la chrétienne soudanaise qui avait été condamnée à mort en mai pour apostasie, vient d’être arrêtée mardi 24 juin à l’aéroport de Khartoum alors qu’elle s’apprêtait à quitter le pays, a indiqué un proche de la jeune femme, sans plus de précisions pour l’instant. « La sécurité nationale l’a arrêtée avec Daniel », a déclaré la source, en référence à son époux de nationalité américaine. Le sort de ses deux enfants, dont un nouveau-né, n’était pas connu dans l’immédiat.

Le couple a été arrêté aux environs de 11 heures GMT (12 heures, heure française) alors qu’il tentait de quitter le pays et emmené dans des locaux du puissant Service national de renseignement et de sécurité (NISS), a ajouté la source. « C’est son droit de quitter le pays », s’est insurgé ce proche, sans être en mesure de donner plus de détail.

La veille, l’annulation par une cour d’appel de sa condamnation à mortpour « apostasie » avait suscité une vague de soulagement après que la communauté internationale se fut fortement mobilisée pour sa libération. Washington s’était alors félicité de cette nouvelle, tout en demandant une nouvelle fois à Khartoum d’abroger sa loi islamique qui interdit les conversions religieuses.

L’avocat de la jeune femme qui avait annoncé sa libération, Me Mohannad Moustafa, avait précisé que les autorités de Khartoum s’expliqueraient, mardi, sur les raisons de cette libération, ce qu’elles n’ont toujours pas fait.

ACCOUCHEMENT EN PRISON

Née d’un père musulman, Meriam Yahia Ibrahim Ishag a été condamnée à mort en vertu de la loi islamique en vigueur qui interdit les conversions. Mariée à un chrétien et déjà mère d’un garçon de 20 mois, qui avait été emprisonné avec elle, la jeune femme a également été condamnée à 100 coups de fouet pour « adultère », car selon l’interprétation soudanaise de la charia, toute union entre une musulmane et un non-musulman est considérée comme un adultère.

Enceinte au moment de sa condamnation, elle a accouché d’une fille en prison douze jours après le verdict. Elle avait ensuite quitté la cellule qu’elle partageait avec d’autres femmes et avait été transférée à la clinique de la prison.
M. Moustafa et quatre autres avocats spécialisés dans les droits de l’homme s’étaient alors chargés de sa défense gratuitement. Ils avaient fait appel de la condamnation, appel qui était examiné par un comité de trois juges depuis début juin.

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/06/24/la-soudanaise-liberee-vient-d-etre-arretee-alors-qu-elle-tentait-de-quitter-le-pays_4444325_3212.html


La barbarie, il ne faut pas la cacher… ce n’est qu’en montrant le vrai visage que les gens comprennent l’horreur. Comme le disait si bien le regretté site Web « gore » OGRISH.COM – « Can you handle life ? »

Roma boy attacked in Paris: the picture that will shock France (graphic content)

[Daily Telegraph – UK – 19/06/2014]

François Hollande calls brutal gang assault on 16-year-old Roma boy ‘unspeakable and unjustifiable attack on all the principles on which our republic was founded’ Warning: graphic image readers may find distressing

« La photo qui va choquer la France », titre le Daily Telegraph. Choquantes, les deux photographies du jeune Rom lynché vendredi à Pierrefitte-sur-Seine, publiées mercredi 18 juin par le quotidien anglais, le sont assurément. En France, elles sont surtout interdites de publication.  Les clichés, récupérés auprès d'un des riverains qui ont découvert le corps de Darius, 16 ans, le crâne déformé par les coups, abandonné entre la vie et la mort le long de la Nationale 1 dans un chariot de supermarché, sont difficilement soutenables. Le journal Le Parisien, qui les avaient récupérés dès lundi, a décidé de ne pas les publier. L'article que le quotidien consacrait à ce fait divers sordide dans son édition de mardi débutait ainsi : « La photo est atroce... »  Le Telegraph est le plus important des journaux « sérieux » de droite en Grande-Bretagne — l'équivalent anglais du Figaro —, et, comme toute la presse anglaise, il raffole des faits divers. Le fait que ce journal de référence ait décidé de diffuser ces images dans sa version papier (qui tire à 530 000 exemplaires) comme sur son site Internet — sur lequel l'article est le plus lu et le plus partagé du jour — en dit long sur les différences de sensibilité entre presses française et anglo-saxonne.  « NOUS RESPECTONS LA LOI »  Rory Mulholland, le correspondant du Telegraph, a obtenues les deux photos mercredi auprès de ce riverain, « sans le rétribuer », précise-t-il. Avant que sa rédaction en chef lui demande de ne plus s'exprimer sur le sujet dans les médias français, il avait eu le temps de répondre à Rue89 : « Il nous a donné une photo, qui avait déjà été reprise par une chaîne de télévision roumaine, qui l'a également diffusée [mais avait choisi de la flouter]. Nous nous sommes interrogés sur le caractère authentique de la photo, mais tout concordait : la description faite par Le Parisien, les informations judiciaires, le fait qu'il portait un T-shirt rouge. »  Au siège du Parisien, la discussion avait pris une tournure très différente. Quand les deux reporters et le photographe envoyés sur les lieux du lynchage lundi soir sont rentrés avec les images, ils ont débattu avec leur rédaction en chef du conflit entre leur intérêt journalistique, leur monstruosité et l'illégalité de leur diffusion. « Dans l'excitation de ramener un document exceptionnel, on s'est posé la question, ce qui est normal. Mais on a presque immédiatement décidé de ne pas la publier », raconte l'un des deux journalistes, Timothée Boutry, avant d'ajouter : « Je constate que nous respectons la loi. »  15 000 EUROS D'AMENDE  En Grande-Bretagne, le droit à l'image est limité par une interprétation très large de « l'intérêt public ». En France, deux articles de la loi sur la presse encadrent de façon beaucoup plus stricte la dignité des victimes et l'identification des mineurs. L'article 39 bis punit de 15 000 euros d'amende « le fait de diffuser, de quelque manière que ce soit, des informations relatives à l'identité ou permettant l'identification d'un mineur victime d'une infraction ».  L'article 35 quater prévoit lui que « la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support, de la reproduction des circonstances d'un crime ou d'un délit, lorsque cette reproduction porte gravement atteinte à la dignité d'une victime et qu'elle est réalisée sans l'accord de cette dernière, est punie de 15 000 euros d'amende ».  Dès le lendemain de la diffusion des ces clichés en Grande-Bretagne, la procureure de la République de Bobigny, Sylvie Moisson, chargée de l'enquête sur le lynchage de Darius, a rappelé dans un communiqué que « le droit français s'oppose à la diffusion de la photo d'une victime mineure, qui a droit à la protection absolue de son image sous peine de poursuites pénales. Je ne doute pas que le droit et la déontologie de la presse empêcheront en France toute diffusion de cette photo qui n'a de place légitime que dans la procédure de l'enquête criminelle en cours ».

« La photo qui va choquer la France », titre le Daily Telegraph. Choquantes, les deux photographies du jeune Rom lynché vendredi à Pierrefitte-sur-Seine, publiées mercredi 18 juin par le quotidien anglais, le sont assurément. En France, elles sont surtout interdites de publication.

« La photo qui va choquer la France », titre le Daily Telegraph. Choquantes, les deux photographies du jeune Rom lynché vendredi à Pierrefitte-sur-Seine, publiées mercredi 18 juin par le quotidien anglais, le sont assurément. En France, elles sont surtout interdites de publication.

 

http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/france/10908942/Roma-boy-attacked-in-Paris-the-picture-that-will-shock-France-graphic-content.html


L’article date de 2010, la carte date de 2006… mais pas plus tard qu’hier, le « Monde » (journal atlantiste) écrivait :

« En Irak, tout comme en Syrie où le groupe est présent, l’EIIL est le premier à avoir tiré les leçons de l’explosion des frontières coloniales. Une dislocation due à l’effet conjugué des théories néoconservatrices – qui n’ont voulu voir dans le monde arabe qu’une addition de tribus et de confessions – en vogue à Washington sous l’administration Bush et des révolutions arabes qui ont affaibli la souveraineté des Etats.

Implanté dans ces deux pays, l’EIIL est en train de s’y tailler un « Sunnistan », entre le Nord kurde et le Sud chiite de l’Irak. » (http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/06/12/le-nord-sunnite-de-l-irak-aux-mains-de-l-eiil_4436797_3218.html?)

LA RECOMPOSITION GÉOPOLITIQUE PROGRAMMÉE DU MOYEN-ORIENT

[Pierre Hillard – Mecanoblog – 18 avril 2010]

Les tensions et les violences qui secouent le Moyen-Orient depuis l’intervention israélienne au Liban, le 12 juillet 2006, ne sont que la partie visible d’un immense enjeu politique, économique, religieux et philosophique opposant l’Occident aux Etats islamiques de la région. L’occupation américaine de l’Irak en mars 2003 a permis le lancement d’un projet révolutionnaire en vue de remodeler une vaste zone géographique allant du Maroc au Pakistan: le Grand Moyen-Orient. Derrière cette appellation, c’est une recomposition profonde qui attend ces pays musulmans. Beaucoup de théories et de supputations courent sur les ambitions des Etats-Unis et d’Israël au sujet de la politique poursuivie par leurs dirigeants. Cependant, des signes avant-coureurs apparaissent et permettent d’apercevoir concrètement les plans en cours. C’est tout l’enjeu des cartes ci-jointes appelant à recomposer le Moyen-Orient.

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Ces cartes (« before » : situation en 2006 (ci-dessus) et « after » : situation après recomposition (ci-dessous)) sont parues dans une revue militaire américaine, AFJ (Armed Forces Journal), en juin 2006 sous la plume d’un lieutenant-colonel américain à la retraite, Ralph Peters. Ce dernier s’est illustré dans une division d’infanterie mécanisée à partir de 1976 pour, ensuite, poursuivre ses activités dans le renseignement militaire en 1980. Auteur de nombreux ouvrages traitant de la stratégie et des relations internationales, Ralph Peters s’est retiré officiellement de l’armée en 1999. Cependant, ses contacts restent étroits avec ce milieu puisqu’il fait partie de l’équipe dirigeante d’AFJ. Cette revue n’est qu’une partie d’un véritable empire de la presse militaire américaine. (suite…)


[JulieM – Infos Utiles – 11/06/2014]

Douze mois après les premières révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden sur les méthodes de surveillance globales des autorités américaines, avec souvent l’assentiment et la complicité de ses alliés, quels ont été les principaux enseignements du point de vue des libertés individuelles et collectives ?  Un rapport indépendant publié le 10 juin analyse les mesures prises dans de nombreux pays dont le système légal interdit toute immixtion disproportionnée dans la vie intime des individus.

Tout ceux qui ont pu suivre de près les conséquences des révélations d’Edward Snowden dès le 5 juin 2013, seront pardonnés d’avoir pu penser que les divulgations allaient avoir un impact énorme pour les services de renseignement et de sécurité du monde entier.

Les États-Unis, pourtant, se sont engagé dans un débat national d’assez haut niveau pour s’attendre à ce que les organes de renseignement étasuniens devront, à l’avenir, rendre des comptes de manière plus significative — malgré le fait qu’il n’y aura que très peu d’effets tangibles pour les non-citoyens des USA.

Néanmoins, bien que la grande majorité des éléments apportés par Snowden mettent en cause les États-Unis, ce constat ne saurait être partagé dans le reste du monde. Pour illustrer au mieux la réponse-type des gouvernements occidentaux, rien de plus parlant que la réaction du gouvernement britannique — qui reste leur meilleur partenaire opérationnel et diplomatique en matière de sécurité intérieure.

Le Royaume-Uni a en effet échoué à tirer les leçons de cette affaire de manières pertinente et significative. L’intransigeance du Royaume-Uni s’est ressentie jusqu’en février 2014 — huit mois après les premières révélations — lorsque le parlement a été forcé de prendre des mesures sans précédents en envoyant une convocation formelle et comminatoire à Sir Mark Waller, le porte-parole officiel des services de renseignement (Intelligence Services Commissioner), qui avait, jusqu’ici, refusé de manière répétée de se présenter devant une commission d’enquête de la chambre des Communes (Commons Home Affairs Select Committee).

Cet épisode apparaît comme symptomatique de l’état d’esprit du gouvernement britannique confronté à l’affaire Snowden. Le mois suivant, Privacy Surgeon, avec l’aide de nombreux experts juridiques, a déposé une requête devant le Procureur général (Attorney General of England & Wales), afin qu’il use de ses prérogatives afin d’ouvrir une information judiciaire contre le service de surveillance GCHQ (General Communication Headquarters) sur ce qui apparaît comme des violations criminelles de la loi sur les interceptions de correspondances.

Cette requête n’a eu aucun effet — le bureau du procureur n’a même pas daigné y répondre. (suite…)


[Serge Leblal – Le Monde Informatique – 12/06/2014]

Depuis l’arrêt brutal de TrueCrypt qui a laissé sans voix de nombreux spécialistes de la sécurité, les alternatives fleurissent en Europe. Parmi celles-ci, VeraCrypt développée par une société française Idrix.

Depuis sa disparition entourée de nombreux mystères (failles, pression de la NSA, équipe piégée ou infiltrée…) TrueCrypt a laissé de nombreux utilisateurs totalement démunis, notamment parmi les professions libérales et les nombreuses associations/ONG qui appréciaient la sécurité et la simplicité d’utilisation de cet outil de chiffrement à la volée. Il est bien sûr possible d’utiliser BitLocker Drive Encryption livré avec les versions pro de Windows 7 et 8 mais sa mise en oeuvre est vraiment fastidieuse et beaucoup n’ont pas vraiment envie de laisser leurs petits secrets à la discrétion d’un éditeur américain.

Depuis la disparition de TrueCrypt trois forks ont vu le jour : Ciphersed.org,TrueCrypt.ch (une version développée en Suisse pour échapper aux fourchettes des autorités américaines), et enfin VeraCrypt, proposé par la société française Idrix. Cette dernière a revu le code de TrueCrypt pour renforcer sa sécurité et proposer un produit capable de mieux résister au déchiffrement brut.

On retrouve le système de conteneurs propre à TrueCrypt mais sans possibilité d’ouvrir les anciens conteneurs créés avec ce dernier. Les deux formats sont malheureusement incompatibles. VeraCrypt n’est pour l’instant disponible que pour Windows mais des versions Linux et Mac OS X sont attendues dans les prochains mois. Une condition sine qua none pour pouvoir envoyer des fichiers à un utilisateur travaillant sur une autre plate-forme OS que la sienne.

http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-veracrypt-une-alternative-francaise-a-truecrypt-57737.html


[Dominique Filipponne – Le Monde Informatique – 12/06/2014]

La fin brutale du freeware Open Source TrueCrypt spécialisé dans le chiffrement de disques et de fichiers a laissé place à l’incompréhension dans le milieu de la sécurité. Entre hack massif et arrêt forcé à la Lavabit, les suppositions vont bon train.

Les développeurs à l’origine du logiciel de chiffrement Open Source TrueCrypt lancé en 2004 ont annoncé ce week-end la fin de tout développement concernant cette solution. « Utiliser TrueCrypt n’est pas sécurisé et contient des failles de sécurité qui ne sont pas corrigées », ont indiqué les développeurs sur le site de leur projet.

« Nous avons eu l’une des annonces les plus étranges de toute l’histoire de l’Open Source », a indiqué Steve Pate, architecte en chef chez HyTrust à propos de cet arrêt surprise de TrueCrypt, qui tourne sur Windows, Mac OS/X et Linux. Steve Pate indique que TrueCrypt a été développé par un groupe d’ingénieurs logiciels inconnus avec qui il n’a jamais pu entrer en contact, faute de réponses.

Des failles identifiées mais sans importance

A ce jour, TrueCrypt a été téléchargé des millions de fois ces dernières années, et jusqu’à ce jour, aucun problème de sécurité majeur n’a été publiquement identifié. Tom Ritter, ingénieur de sécurité à iSec Partners, a fait savoir de son côté que sa société a analysé les composants de TrueCrypt sans trouver de preuve de l’existence d’une porte dérobée (backdoor). « Il y avait quelques failles mais aucune d’importance », a également noté Tom Ritter. Ce dernier a aussi précisé qu’à sa connaissance il n’existait aucune alternative Open Source fiable de chiffrement de disques et de fichiers à TrueCrypt. (suite…)


[Actu Legalis.net – 10/06/2014]

Pour le TGI de Paris, la société Bêta et Compagnie qui édite le site collaboratif viedemerde.fr n’est ni titulaire de droits sur le site ni sur les anecdotes alimentées par les internautes. Dans son jugement du 22 mai 2014, le tribunal n’a donc pas considéré que l’agence de publicité Australie avait commis des actes de contrefaçon en reprenant, sans son autorisation, une anecdote figurant sur le site viedemerde.fr, pour réaliser deux publicités pour le compte de Bahlsen. En revanche, les juges ont estimé que l’agence avait commis des actes de concurrence parasitaire. Bêta et Compagnie avait cédé les droits d’adaptation du concept à la société JMD Productions. Ce format cédé correspond à une valeur économique qui a un prix sur le marché. Or, selon le tribunal, en copiant cette valeur, car elle était à la mode, Australie a voulu s’attirer un public sans en payer le prix à l’auteur de cette valeur. Elle a été condamnée à verser 5 000 € de dommages-intérêts.

Le tribunal a estimé que le site viedemerde.com ne pouvait pas être considéré comme une œuvre collective. Par conséquent, Bêta et Compagnie ne pouvait pas agir en qualité de titulaire des droits sur le site. En effet, selon l’article L 113-2 du code de la propriété intellectuelle, l’œuvre collective se définit comme l’œuvre créée à l’initiative d’une personne physique ou morale qui l’édite, la publie et la divulgue sous sa direction et son nom, et dans laquelle la contribution de chacun des auteurs participant à son élaboration se confond avec l’ensemble, de sorte qu’on ne peut attribuer à chacun d’eux un droit distinct. Or, cette définition ne correspond pas tout à fait au site viedemerde.com. D’une part, « si chaque internaute doit respecter le format élaboré par les fondateurs du site, sa contribution est publiée sous son nom, son pseudo ou en indiquant qu’elle est anonyme ce qui est encore une façon d’individualiser l’auteur. ». Et d’autre part, « les différentes contributions ne se confondent donc pas dans l’ensemble et le fait que chaque contribution ait une structure précise et similaire du fait du respect des instructions du format qui par ailleurs n’est pas original pour reprendre un site américain antérieur « the daily WTF », l’acronyme WTF signifiant en anglais : « what the fuck », interjection qui peut se traduire par « va te faire foutre » ou encore « au diable », ne peut à lui seul suffire comme instructions données aux auteurs. » [NdL&I : du gros n’importe quoi messieurs les juges, l’expression « what the fuck ? » signifie « c’est quoi ce bordel » – c’est « Go Fuck Yourself » qui signifie « va te faire foutre »]

Quant à la protection de l’anecdote en question par le droit d’auteur, le tribunal répond qu’elle n’est pas originale dans sa forme, ne révélant pas la personnalité de l’auteur ; seul l’événement relaté et l’idée qu’elle véhicule ont de l’intérêt. De toute façon, rappelle le tribunal, même si l’histoire avait été originale, le site ne pouvait prétendre bénéficier d’un droit moral puisque ce droit appartiendrait nécessairement à la personne physique qui l’a créée.
Les créateurs du site avaient formé une demande subsidiaire sur le fondement du droit d’auteur, au cas où les droits de leur société Bêta et Compagnie ne seraient pas retenus. Ils revendiquaient des droits sur le format, qui a fait l’objet d’un contrat d’adaptation, en raison du fait que les anecdotes commençaient toujours par « aujourd’hui » et finissaient par VDM. Le site est une reprise d’un site américain et le format ne répond pas à la condition d’originalité.

http://www.legalis.net/spip.php?page=breves-article&id_article=4173