avril 2011



… si vous êtes un garçon. Pour les filles, il y a le Go-Girl : http://www.amazon.com/Go-Girl-Female-Urination-Lavender/dp/B003BEDUS6 – qui permet de faire la même chose.

Le coup du journal roulé est du génie à l’état pur ! J’ai testé pour vous l’autre soir au nez et à la barbe des videurs du Balajo, au milieu de la foule, p-e-r-s-o-n-n-e ne s’est rendu compte de rien !


Excellent !


[Filippo Fortunato Pilato – terrasantalibera.org – Mondialisation.ca,  15 avril 2011]

La sentence de mort émise par le Mossad à l’encontre de Vittorio Arrigoni depuis « Plomb durci » a finalement été exécutée. Vittorio, à la différence d’autres militants britanniques, Français, ou autres, était le seul Italien témoin de « Plomb Durci » : il avait vu trop de choses, il était en train de témoigner de trop de choses, en italien. Ses chroniques étaient rapportées dans les journaux et revues, Internet et presse écrite.Mais surtout une condamnation à mort avait été émise contre lui par les milices sionistes, qui en avaient diffusé la communication en ligne dès le début de l’année 2009, assorties de menaces et proclamations sionistes folles.

Personne en effet ne nous enlèvera la conviction, même si nous n’avons pas actuellement de preuves, mais elles sortiront, que la mort de Vittorio est l’œuvre des services israéliens infiltrés dans l’inexistant « réseau fantôme » d’Al Qaeda : parce que, sachons-le, quand est écrit Al Qaeda, il faut lire Cia et prononcer Mossad.

Son corps sans vie a été trouvé aujourd’hui à l’aube, vendredi 15 avril, dans une maison abandonnée de la Bande de Gaza.

Trois hommes armés, du groupe jihadiste salafiste auto dénommé  « The Brigade of the Gallant Companion of the Prophet Mohammad Bin Muslima », avaient enlevé dans le centre de Gaza le militant pacifiste du Free Gaza Movement, membre aussi de l’International Solidarity Movement : les ravisseurs demandaient comme rançon au Hamas, qui est en charge du gouvernement à Gaza, la libération de certains salafistes détenus dans les prisons du Hamas (de l’administration carcérale du gouvernement élu, NdT), parmi lesquels aussi Cheikh Al Saidani (plus connu comme Abou Walid al Maqdisi), leader des groupes Tawid et Jihad, affiliés à Al Qaeda.

Hamas dans la Bande de Gaza a la main lourde avec les terroristes, les vrais, qui sentent à plein nez les « services israéliens », et dont les gestes inhumains sont exploités comme excuse pour les représailles sionistes aux dépens de la population de Gaza.

En cas de non acceptation des requêtes des ravisseurs, Vittorio aurait été tué avant 17h. (Heure locale) à Gaza.

Les groupes dirigés par Al Maqdisi/Al Saidani ont fait des dizaines de victimes dans des attaques contre des objectifs civils et Al Maqdisi/Al Saidani a été arrêté par les forces égyptiennes (voir rectification en fin de texte, NdT) il y a à peine plus d’un mois avec l’imputation de divers attentats terroristes, parmi lesquels celui contre un hôtel du Sinaï où une vingtaine de personnes avaient été tuées en 2006. (suite…)


On citera encore une fois : la totalité de l’appareil industriel nucléaire est construit sur l’opacité, le mensonge, le déni du danger, le refus de la stratégie à long-terme… et sur l’exploitation humaine. Elle est incompatible avec une société démocratique…

Japon: les « intouchables » de Fukushima

[Régis Soubrouillard – Marianne | Vendredi 15 Avril 2011]
Considérée au temps du japon féodal comme une minorité d’intouchables employés dans les métiers impurs, la communauté burakumin compte près de 3 millions de personnes. Si toute discrimination officielle a disparu, des discriminations sociales, familiales ou professionnelles subsistent. Les sous-traitants de l’industrie nucléaire ont largement employé des burakumin pour les tâches les plus exposées à la radio-activité. Une pratique qui semble perdurer à Fukushima.

Ce sont les héros irradiés de Fukushima baptisés les « Fukushima 50 » par la presse internationale. Les 50 liquidateurs kamikazes restés sur le site le 15 mars 2011, le jour où l’incendie dans l’unité 4 a forcé à l’évacuation des travailleurs de la centrale.

Ils sont en fait plus de 700, selon des révélations récentes du Asahi Shimbun, le plus grand quotidien japonais, engagés dans une bataille quotidienne contre un « ennemi invisible ».
« Immédiatement après le séisme du 11 mars, le nombre d’employés de Tepco et de ses sous-traitants, Toshiba et Hitachi sur le site de Fukushima s’est élevé à plus de 700 personnes » travaillant dans des groupes de « secours », « information », « service médical » et « sécurité ». Ils se relaient par groupe de 50 travaillant sur le site pendant 2 jours avant d’aller subir des tests à l’Institut de radiologie de Tokyo. Combien sont ils vraiment ? Sont ils protégés ? Payés ? D’après un recoupement disponible sur wikipedia, plus de 1800 personnes (fourchette basse) auraient travaillé sur le site depuis le 15 mars, si l’on compte toutes les filiales, sous-traitants, pompiers et techniciens etc. 

Derrière les louanges à ces intrépides, une autre réalité, la face cachée de la société japonaise : les burakumin, assimilables aux « intouchables » en Inde, des marginaux, condamnés depuis la nuit des temps à exercer des métiers dégradants.
Et à Fukushima, les agences de travail temporaire avouent avoir de plus en plus de peine à recruter des ouvriers qui acceptent d’aller travailler dans la centrale nucléaire.

Trop dangereux, trop exposé. Résultat, des travailleurs sans formation, itinérants réalisent l’essentiel des travaux dangereux –mais essentiels- dans les centrales. « C’est la face cachée de l’industrie nucléaire » déclare au New-York Times, un militant de l’amélioration des conditions de travail dans ce secteur d’activités. Parmi eux, des burakumins.
Associés à la misère, au chômage, et à la criminalité, ils exécutent les tâches que personne ne souhaite faire. (suite…)


 

Génial !

http://clementvalla.com/index.php?/work/bridges/


[Slate.fr – Marc de Boni -05/04/2011]

Le porno en ligne fait aujourd’hui partie des habitudes des Français, mais des habitudes toujours pas assumées, et souvent incomprises.

Vous êtes né après 1976 et disposez d’une connexion web digne de ce nom? Vous consommez très probablement du porno seul ou en couple, et souvent sur des plateformes de vidéos en streaming. Inutile de nier, c’est statistique. Et si ce n’est pas vous, c’est donc que votre conjoint consulte pour deux. Si le phénomène n’est en lui-même pas nouveau, le temps de la découverte semble bien révolu. Place aux habitudes –pas toujours assumées.

Avec Internet, la démocratisation de l’accès au porno s’est considérablement accélérée ces dix dernières années. Selon l’outil de classement des sites les plus consultés Alexa, la plateforme de partage vidéo en streaming Xvideo se classe au 53e rang mondial, devant CNN, eBay ou Myspace. Selon un sondage Ifop de 2009 commandé par les productions Marc Dorcel, 43% des hommes de moins de 35 ans sont des consommateurs réguliers de porno: la pornographie fera désormais totalement partie de la vie quotidienne des foyers types du futur.

Youporn Génération

Selon ce même sondage Ifop, 89% des Français interrogés affirment avoir déjà regardé un film porno. En France, près d’un contenu pornographique consulté sur deux est hébergé sur une plateforme de streaming comme comme Xvideos, Youporn ou Redtube. Cette dernière décennie a vu naître ces «tubes», des sites de partage gratuit de contenus vidéo inspirés de YouTube et consacrés au sexe sous toutes ses formes. Ils sont gratuits, variés à l’infini, disponibles partout et tout le temps, répondent à toutes les curiosités, tous les fantasmes.

On a beaucoup discuté de leur impact moral et économique sur l’industrie porno, de la propagation des déviances que le faible contrôle opéré sur ces sites engendre, du succès évidement énorme auprès des adolescents… Et pendant ce temps, à force de vouloir se faire leur idée sur la question, les curieux impénitents que nous sommes ont pris leurs (plus ou moins discrètes) habitudes.

Se masturber devant une vidéo porno n’est plus réductible au cliché simpliste de la compulsion du mâle frustré. Selon le sondage, l’usage du porno est plus répandu chez les personnes en couples (48%) que chez célibataires (45%). Et si l’usager reste le plus souvent masculin, les femmes sont de plus en plus nombreuses à avouer, avec souvent moins de complexes, leur consommation de porno. Le sexe partout, tout le temps, sur le smartphone, à la télé, sur internet, au boulot, dans le métro, au lit, dans la voiture. C’est la norme pour nous autres «jeunes de moins de 35 ans».

Les plus âgés d’entre nous ont connu les dernières heures de la pornographie de pénurie: les rares magazines qui servaient sur des années et à plusieurs générations d’adolescents. Il fallait croiser le regard de la buraliste, feindre l’âge légal, trouver une planque. Vinrent ensuite les années 80, et les premières VHS «à papa»; les séances d’onanisme collectif, rituel quasi contraint par la rareté des films et des magnétoscopes… (suite…)


Note de L&I aux talibans de la pensée: oui, oui, nous savons qui est Christian Bouchet et nous nous sommes bien lavés les yeux avec du désinfectant après avoir visité le site Vox NR 😉

[Christian Bouchet – VoxNR – 04/04/2011]

Bien rares sont, en France, ceux qui connaissent ne serait-ce que le nom de Parag Khanna. Et pourtant ce trentenaire est sans doute actuellement le géopoliticien le plus écouté à Washington et son dernier livre, How to Run the World?, pourrait bien expliquer tant l’intervention occidentale en Libye que certaines décisions américaines récentes en Irak et les troubles qui agitent actuellement le Machrek.

Né en 1977 dans une petite ville du Nord de l’Inde, ayant acquis la citoyenneté américaine par naturalisation, Parag Khanna a fait un parcours sans faute de surdoué jusqu’à devenir un intellectuel organique de l’hyper-classe nomade et sans racines. Après des études de relations internationales à l’université de Georgetown et un doctorat à la London School of Economics effectués grâce à des bourses de plusieurs fondations yankees, notre homme est engagé, à seulement vingt-deux ans !, comme analyste par le Council on Foreign Relations. Cette première expérience décide de toute sa carrière et Parag Khanna n’a jamais cessé depuis d’être un analyste et un consultant pour des think tanks et des ONG mondialistes. Ainsi sera-il successivement employé par le Forum mondial économique de Genève et par la Brookings Institution où il aura en charge la prospective concernant la « gouvernance globale ». Il quittera ce poste pour devenir conseiller en géopolitique de l’United States Special Operations pour l’Irak et l’Afghanistan en 2007 avant d’intégrer l’équipe de campagne de Barack Obama comme conseiller pour les relations internationales.

En parallèle Parag Khanna, par ailleurs devenu membre de la direction du Council on Foreign Relations, sera aussi un des animateurs des Independent Diplomat, une ONG dont une des fonctions est de « fournir des diplomates free-lances à des États non-internationalement reconnus ». À ce titre, il jouera un rôle dans l’accession à l’indépendance du Kossovo, ainsi que dans l’évolution de la situation diplomatique du Somaliland, de la république turque de Chypre et du Sahara occidental. Dans le même temps, il publia The Second World: Empires and Influence in the New Global Order où il annonçait un monde dominé par trois grandes puissance – les USA, la Chine et l’Europe – rivalisant entre elle pour le contrôle des ressources de la planète.

Ces multiples activités et engagement firent que, toujours en 2008, le magazine Esquire le cita parmi les soixante-quinze personnalités les plus influentes au monde et que le mensuel libertarien Wired l’inclut, quant à lui, dans sa liste des quinze hommes de l’année. En 2009, c’est le Forum mondial économique de Genève qui le distingua en le nommant Young Global Leader…

En janvier 2011, l’éditeur Random House a publié son deuxième livre : How to Run the World? Parag Khanna y explique comment le nombre d’État représentés à l’ONU devrait croître à court terme de manière très importante (passant de 200 à 300) par la remise en cause des accords diplomatiques qui ont décidé de la partition du Proche-Orient (accords Sykes- Picot de 1916) et de l’Afrique (traité de Berlin de 1884). De la nouvelle carte du monde devraient disparaître les États artificiels au profits de territoires uniformes d’un point de vue ethnique ou religieux.

Si l’hypothèse n’est pas réellement nouvelle et recycle beaucoup d’idées déjà présentes dans les diverses stratégies suivies ces dernières décennies par le Département d’État, elle a cependant l’avantage de les formaliser clairement. Quant à sa mise en œuvre, elle a débuté au Soudan avec sa partition et en Irak avec les diverses tentatives de le « libaniser » (voir notre article sur l’Assyristan dans Flash n° 54). Rien ne dit qu’elle ne va pas continuer avec un éclatement de la Libye, et pourquoi pas du Machrek tout entier comme l’ont évoqué très récemment aussi bien Aluf Benn, le chroniqueur diplomatique du quotidien israélien Haaretz, que Thomas Friedman, du New York Times, qui tous les deux évoquent l’explosion de la Syrie, de la Jordanie, de Bahrein et de l’Arabie saoudite, tandis qu’aux États-Unis certains lobbies soutiennent l’idée d’une possible autonomie pour les coptes d’Égyptes.

Dans l’immédiat cependant les avis sont très partagés parmi les officiels et nombre de diplomates et politiques, tant yankees qu’israéliens, freinent des quatre fers craignant que du renversement des gouvernements forts actuellement existants naisse un chaos politique et religieux similaire à la situation irakienne et plus dangereux que positif au final, tant pour la survie d’Israël que pour les intérêts de l’Oncle Sam.

Cela étant, dans The Second World Parag Khanna se fait aussi l’apôtre de la mega-diplomacy situation où la fonction diplomatique n’est plus l’apanage des États mais est prise en charge aussi par les ONG, les célébrités mondiales, les groupes activistes internationaux, etc. dans une optique qui ressemble comme deux gouttes d’eaux à la gouvernance mondiale… Tout ceci permet de comprendre que Parag Khanna n’est pas qu’un brillant agent de l’impérialisme américain, mais qu’il est aussi, comme nous l’annoncions précédemment, un intellectuel organique de l’hyper-classe. Cela a une conséquence : il défend des thèses qui sont favorables à celle-ci, même si elles peuvent nuire aux États-Unis – pays dont il n’a, somme toute, que la nationalité… – qui ne sont pas, à terme et comme l’Europe, à l’abri d’un éclatement sur des bases ethniques et qui ont eux aussi beaucoup à perdre de la montée de la notion de gouvernance.

http://www.voxnr.com/cc/a_la_une/EFpEAuEkVpDDBoFzfN.shtml


La différence entre la gauche et la droite, c’est que la droite ne cède jamais rien, elle…

[Sam Smith – Undernews – 11/04/2011 – Trad. Gregor Seither]

Monsieur le Président, je suis vraiment désolé d’avoir été aussi obtus de par le passé. Maintenant, je comprends ce que vous vouliez dire. Jusqu’à l’accord obtenu de justesse sur le budget dans la nuit de vendredi dernier, je n’avais jamais vraiment compris l’importance de concepts que vous avez mis en avant pour défendre les amendements apportés au budget de la Nation. C’est vrai, comment pouvais-je ne pas saisir l’importance d’une stratégie privilégiant le débat poli entre adultes censés, le soutien bipartisan, la modération ou encore le simple fait de calmer les ardeurs d’une bande de brutes haineuses en renonçant à tout ce que vous avez promis à vos électeurs.

Je vais essayer de m’amender à l’avenir. A partir de maintenant, je vais me contenter de défendre des politiques qui ont au minimum un soutien majoritaire dans le peuple américain. J’espère que le président Obama, et les médias qui admirent tant sa capacité à s’élever au-dessus de la mêlée, se joindront à moi.

En conformité avec cette décision, je propose pour commencer que nous placions tout en haut de l’ordre du jour les points suivants, dont toutes les enquêtes d’opinion prouvent qu’une majorité d’Américains les soutiennent:

– Le droit des homosexuels à se marier
– Un retrait rapide de nos soldats du bourbier en Afghanistan
– La légalisation du cannabis
– L’abolition du statut légal permettant à une entreprise de se déclarer personne morale (et donc verser des contributions politiques)
– Une plus forte taxation des riches
– L’arrêt des coupes dans la budget de la sécurité sociale.
– L’abolition de la peine de mort.

Monsieur le Président, voulez vous vous joindre à nous, simples citoyens Américains, pour « avoir un débat poli entre adultes censés » sur ces questions?

Et si vous ne voulez pas, est-ce que vous pourriez nous indiquer quels sont les programmes que nous devons menacer d’abolition pour que enfin vous daignez nous prêter attention ? Désolé, nous ne sommes pas encore habitués à ce concept de « débat poli entre adultes censés », on fait de notre mieux pour comprendre…

http://prorevnews.blogspot.com/2011/04/morning-line-mending-my-ways.html


Cette loi n’avait qu’un seul objectif: harponner les voix des racistes en leur montrant qu’on savait taper sur les Arabes. Et Emmanuel Roux, du Syndicat des Commissaires de Police le confirme: non seulement la loi est inapplicable mais en plus elle ne sera pas appliquée par les policiers.

Quand à la directive Guéant qui parle du rôle « pédagogique » de la police: c’est quand la dernière fois qu’un Arabe ou un Noir ou un Djeunz de banlieue a été interpellé « pédagogiquement » par un agent de police ?

Et Emmanuel Roux fait un superbe lapsus: « Quand un policier voudra s’attaquer à une femme voilée »… tout est dit.

Depuis que Sarkozy est Ministre de l’Intérieur, la police est devenue agressive, se comportant dans les quartiers comme si elle était à Bagdad… Alors vous croyez vraiment qu’elle va pouvoir faire de la « pédagogie » ?

Cette loi est ridicule, elle est raciste, ne concerne même pas 0,0001% de la population et ne fait que participer à la stigmatisation d’un pan entier de la société française…

[Hélène Jouan – 7/9 de France Inter – Interview d’Emmanuel Roux – 11/04/2011]

5 minutes avec Emmanuel Roux, secrétaire général adjoint du Syndicat des Commissaires de la Police Nationale dans le 7/9 de France Inter. (7h50 – 11 avril 2011)

NDL&I: Dailymotion ayant la sale manie de virer les vidéos « qui déplaisent », vous pouvez également télécharger l’interview d’Emmanuel Roux (24 Mo – Format MP4) à l’adresse suivante : http://www.libertes-internets.net/archives/films/emmanuel_roux_loi_anti-burqa.mp4

http://www.dailymotion.com/video/xi26nt_emmanuel-roux_news


Wow ! Je pars m’installer en Inde !!!!


[Jean Bricmont – Investig’Action – 29/04/2011]

Divers lecteurs m’ont fait remarquer que la première version de l’interview publiée sur le site d’Investig’Action était trop rapide et procédait à des amalgames en ce qui concerne les positions de la gauche. Voyons donc plus en détail ces positions.

Le député européen Mélenchon, qui est sans doute l’homme politique le plus important à gauche du PS, appuie la guerre et refuse même d’utiliser ce terme, parce que la guerre est autorisée par l’ONU[1]. Si on adopte ce point de vue, il faudrait cesser de parler de « guerre de Corée », ou de « première guerre du Golfe » puisque celles-ci étaient aussi autorisées par l’ONU. Si Mélenchon s’appuie sur la résolution, quelle interprétation en donne-t-il (celle des Russes, de la Ligue Arabe ?) et que répond-il à ceux qui estiment qu’elle est déjà violée par les pays agresseurs ou à ceux, comme le juriste italien Danilo Zolo, qui soulignent que cette résolution viole la Charte de l’ONU[2] ?

De plus, la résolution de l’ONU permet peut-être à la France d’intervenir, mais elle ne l’y oblige nullement. L’intervention reste un choix politique purement français (même si le gros de l’effort de guerre est en fait porté par les Etats-Unis). Mélenchon pense aussi que cela permettra de sauver les révolutions arabes, menacées par la répression de Kadhafi. Se rend-il compte que ce soutien aux révolutions arabes se fait en compagnie de Sarkozy et des émirats qui, soit ne savent pas ce qu’ils font, soit se sont soudain convertis à la révolution ?

Mélenchon pense que cette intervention est dans l’intérêt de la France, à savoir « être liée avec le monde maghrébin. Il n’y a pas de futur possible pour la France si elle est opposée au sentiment majoritaire des populations au Maghreb, c’est-à-dire pour la liberté et contre les tyrans. » Bien, mais Mr Mélenchon vit dans un pays où il est illégal de prôner même un boycott pacifique à l’encontre d’Israël. Qui peut croire une seconde que l’attitude actuelle de soutien aux rebelles va être interprétée par les populations du Maghreb comme un soutien à la liberté et non comme, par exemple, une volonté de contrôler un état pétrolier tel que la Libye, ou de reprendre pied militairement et politiquement face aux révoltes arabes et les orienter autant que possible en fonction des intérêts occidentaux. ?[3]

Passons au PCF, qui exprime son « opposition totale » à toute intervention militaire[4]. Notons d’abord que Mélenchon déclare : « J’ai voté la résolution du Parlement européen en accord avec la direction du PCF et de la Gauche unitaire, en accord avec mon collègue eurodéputé communiste Patrick Le Hyaric », ce qui laisse perplexe concernant l’opposition totale du PCF à toute intervention militaire (où est passée la discipline du Parti et, si Mélenchon ment, pourquoi ne le dénonce-t-on pas ?). Certes, la déclaration de Roland Muzeau[5] (faite après mon interview) est courageuse et on peut l’approuver. Mais les arguments avancés dans d’autres déclarations laissent perplexes : lorsque le PCF exprime son opposition totale à la guerre, il déclare que « des responsables de l’insurrection populaire ont plusieurs fois exprimé leur refus d’une telle intervention. », ce qui est le plus mauvais argument possible, vu que ces responsables ont changé d’avis et que leur avis dépend évidemment principalement du rapport de force sur le terrain.

La question à poser mais qui ne l’est pas, vu « l’urgence », est de savoir si c’est le rôle des troupes françaises d’intervenir partout où on le leur demande (à Gaza, du côté palestinien, par exemple, si la demande était formulée) ? Dans un autre communiqué, le PCF réitère « son plein soutien aux forces qui agissent pour la démocratie en Libye, avec le Conseil National de Transition[6] ». Mettons de côté le fait que personne ne sait vraiment si les rebelles agissent pour la démocratie (au sens où nous l’entendons) et que les documents de Wikileaks jettent un doute sur cette question[7].

Mais il est incohérent d’accorder son « plein soutien » à des forces politiques et de refuser en même temps leur principale exigence, à savoir des bombardements sur les troupes qui leur sont opposées. Les rebelles n’ont évidemment pas besoin de grandes déclarations de solidarité faites à Paris, mais d’armes, d’avions, de bombes etc. Notons au passage que cela vaut également pour les combattants afghans, palestiniens, bahreinis etc. Personne n’a besoin d’une « solidarité » purement verbale et n’impliquant aucune action politique concrète.

Le sommet dans ce genre de déclaration de « solidarité » a sans doute été atteint par «  l’Appel du Collectif de solidarité avec le peuple libyen »[8] qui dénonce « la complicité des gouvernements occidentaux » au moment (19 mars) où ceux-ci sont déjà en train de bombarder la Libye, probablement en violation de la lettre de la résolution, exige la « Reconnaissance du Conseil national de transition intérimaire, 
 seul représentant légitime du peuple libyen » ainsi qu’une « justice exemplaire contre les crimes de Kadhafi ». Et comment va-t-on accomplir toutes ces belles choses sans une guerre totale ? L’appel est signé, entre autres, par ATTAC, la LDH, le NPA, le PCF, le PG et le PIR. Difficile après cela de ne pas faire d’amalgame entre les positions de la gauche.

On retrouve évidemment le même genre de raisonnement dans les groupes issus du trotskisme. Le NPA « réaffirme son soutien aux insurgés libyens contre la dictature »[9], tout en s’opposant à l’intervention occidentale, mais sans expliquer ce que signifie son soutien s’il refuse à cette insurrection ce qu’elle souhaite le plus (une intervention armée). La LCR belge parle carrément de « faillite du chavisme »[10],à cause des propositions de solution négociée avancées par l’Alliance bolivarienne (notons au passage que l’opposition à cette guerre ne vient pas seulement de Chavez mais de 42 partis de gauche en Amérique Latine[11]).

Ce genre de discours, que l’on retrouve dans toutes les guerres, est la version adaptée à la crise actuelle du « ni-ni » (ni Otan ni Milosevic, ni Bush ni Saddam, ni Hamas ni Netanyahu)[12]. D’une part, on accepte tous les arguments de la propagande de guerre sur les crimes de l’ennemi, aujourd’hui de Khadafi, mais hier de Milosevic ou de Saddam, sans jamais s’intéresser à des sources d’informations alternatives[13], et on affirme son soutien total à la cause au nom de laquelle la guerre est menée (les Albano-Kosovars, les Kurdes, les femmes afghanes, ou l’opposition libyenne). Ensuite, on refuse l’intervention militaire « impérialiste », qui est justement ce que réclament ceux que l’on « soutient », sans proposer d’alternative autre que verbale. On parle d’armer les rebelles (qui le sont déjà), ce qui est une forme d’ingérence (et que fait-on si cet armement ne suffit pas ?). On lance des paroles en l’air sur les brigades internationales (qui va les organiser ?). Il est évident que ce type d’argumentation « contre » les guerres ne convainc presque personne et ouvre un boulevard aux contre-arguments de la gauche interventionniste ; il y a d’ailleurs fort à parier que la France sera le pays où les manifestations contre la guerre seront les plus faibles (comme c’est systématiquement le cas, sur les questions de guerre et de paix, depuis la crise des missiles dans les années 1980).

Le problème de fond est qu’il n’y a aucune réflexion alternative à la doctrine de l’ingérence humanitaire. Aucune réflexion sur le militarisme et sur ce que serait une politique de paix et de désarmement, aucune réflexion sur le monde multipolaire qui se met en place et sur ce qu’un véritable internationalisme signifierait à l’intérieur de celui-ci, et aucune réflexion sur les effets désastreux des politiques impériales américaines. A chaque crise, on réagit dans l’urgence, « pour sauver les civils », en disant qu’on réfléchira après. Mais comme la réflexion ne vient jamais, on reste éternellement « dans l’urgence », c’est-à-dire à la traîne du discours dominant.

Tout le monde, surtout à gauche, adore se moquer de BHL, mais en réalité la victoire de la révolution (ou de la contre-révolution) dans la pensée française accomplie par les nouveaux philosophes dans les années 70-80 a été totale. A partir de cette époque, la pensée politique a été remplacée par une sorte de religion de la culpabilité. La France et les Français sont éternellement coupables, en mode majeur, du régime de Vichy et des déportations, et en mode mineur, du colonialisme et de la guerre d’Algérie ; les nombreux « ex », communistes, maos etc. sont, eux, « coupables » des crimes de Staline, Mao ou Pol Pot. Ce climat engendre, sur le plan intérieur, une extraordinaire volonté de contrôle de toute pensée ou parole hétérodoxe, qui soi-disant nous ramèneraient « aux heures les plus sombres de notre histoire », pour utiliser la formule consacrée. Ceci empêche toute pensée indépendante du discours dominant, en tout cas sur des sujets comme la souveraineté nationale. Sur le plan extérieur, le discours de la culpabilité implique que la France a l’obligation de « venir au secours des victimes », par analogie, en mode majeur, avec les Juifs victimes des Nazis et, en mode mineur, des républicains espagnols contre Franco. Face à cette pensée quasi-religieuse, aucune réflexion sur le droit, le militarisme ou l’impérialisme n’est possible.

Contrastons finalement la position de la gauche et celle du Front National. Eux, contrairement à Mélenchon, parlent de guerre à la Libye (ce qui revient à appeler un chat un chat), et ils sont presque les seuls à mentionner la souveraineté nationale et le droit international[14]. Leur opposition se fait au nom des intérêts des Français, tels qu’ils les perçoivent (surtout empêcher les flux migratoires). Et bien sûr, en bons « patriotes », ils soutiennent les forces armées une fois qu’elles sont engagées dans le combat. Mais si les choses tournent mal pour la coalition (ce qui est peu probable, mais on ne sait jamais), il y a fort à craindre que c’est ce genre d’opposition, et non celle de la partie de la gauche qui s’oppose mollement à la guerre, qui recueillera la faveur des Français. Dans le temps, le PCF aurait sans doute condamné la guerre au nom des intérêts du « peuple » ou des « travailleurs » français, mais la version actuelle de l’internationalisme (qui revient en pratique à accepter la doctrine de l’ingérence humanitaire) interdit ce genre de langage. Tout se passe comme si le monde médiatique passait avant le monde du travail. Le FN en profite, hélas, pour s’adresser au « peuple » oublié.

Le plus comique, si on peut dire, c’est que la gauche n’a à la bouche que des mots comme antiracisme et multiculturalisme, ce qui l’amène à vénérer les cultures de l’ « Autre » (et souvent, à travers celles-ci, les religions) mais est incapable de comprendre le discours politique des « autres » réellement existants, quand ceux-ci sont Russes, Chinois, Indiens, Latino-américains ou Africains.

http://www.michelcollon.info/Post-scriptum-Sur-la-gauche.html


[3] Si on en juge par http://www.aloufok.net/spip.php?article3777, le réaction en Tunisie et en Algérie est pour le moins mitigée.
[9] http://www.npa2009.org/content/comm…;;-du-npa-soutien-au-peuple-libyen-contre-la-dictature
[10] http://www.lcr-lagauche.be/cm/index…;;id=1981:lamerique-latine-et-la-revolution-arabe-faillite-du-chavisme&option=com_content&Itemid=53
[12] Voir http://www.monde-diplomatique.fr/2006/08/BRICMONT/13824 pour une critique de cette idéologie.
[13] Pour un témoignage alternatif concernant la Libye, voir par exemple http://www.countercurrents.org/mountain220311.htm. En français, http://www.legrandsoir.info/Bombard….
[14] http://www.frontnational.com/?p=6639

Le dilemme qui frappe en ce moment le discours anti-impérialiste, c’est que – s’il a raison de s’opposer aux maneuvres médiatiques qui servent l’impérialisme – il ne propose rien pour résoudre la contradiction du « Que faire ? ». Si on s’en tient aux positions de Jean Bricmont, les Brigades Internationales de 1936 en Espagne étaient de l’impérialisme humanitaire…

[Investg’Action – Site de Michel Collon – 23/04/2011]

Pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste l’impérialisme humanitaire ?
C’est une idéologie qui vise à légitimer l’ingérence militaire contre des pays souverains au nom de la démocratie et des droits de l’Homme. La motivation est toujours la même : une population est victime d’un dictateur, donc il faut agir. On nous sort alors les références à la Deuxième Guerre mondiale, à la guerre d’Espagne et j’en passe. Le but étant de faire accepter l’intervention. C’est ce qui s’est passé pour le Kosovo, l’Irak ou l’Afghanistan.
Et aujourd’hui, c’est le tour de la Libye ?
Il y a une différence car ici, une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies l’autorise. Mais cette résolution a été votée à l’encontre des principes-mêmes de la Charte des Nations Unies. En effet, je ne vois aucune menace extérieure dans le conflit libyen. On a évoqué la notion de la « responsabilité de protéger » les populations, mais en brûlant un peu les étapes. De plus, il n’y a pas de preuves que Kadhafi massacre la population dans le simple but de la massacrer C’est un peu plus compliqué que cela : il s’agit plutôt d’une insurrection armée et je ne connais pas de gouvernement qui ne réprimerait pas ce type d’insurrection. Evidemment, il y a des dommages collatéraux et des morts parmi les civils. Mais si les Etats-Unis savent comment éviter de tels dommages, qu’ils aillent l’expliquer aux Israéliens et qu’ils l’appliquent eux-mêmes en Irak et en Afghanistan. Nul doute également que les bombardements de la coalition vont aussi provoquer des pertes civiles.
Je pense donc que d’un point de vue strictement légal, la résolution du Conseil de Sécurité est discutable. Elle est en fait le résultat d’années de lobbying pour faire reconnaître le droit d’ingérence qui se trouve ici légitimé.
Pourtant, même dans la gauche, beaucoup pensent qu’il fallait intervenir en Libye pour arrêter le massacre. C’est une erreur de jugement selon vous ?
Oui et pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cette campagne établit le règne de l’arbitraire. En effet, le conflit libyen n’a rien d’exceptionnel. Il y en a beaucoup d’autres dans le monde, que ce soit à Gaza, à Bahreïn ou, il y a quelques années, au Congo. Dans ce dernier cas, nous étions dans le cadre d’une agression extérieure de la part du Rwanda et du Burundi. L’application du droit international aurait permis de sauver des millions de vie mais on ne l’a pas fait. Pourquoi ?
Ensuite, si on applique les principes de l’ingérence qui sous-tendent l’attaque contre la Libye, cela veut dire que tout le monde peut intervenir partout. Imaginons que les Russes interviennent à Bahreïn ou les Chinois au Yémen : ce serait la guerre généralisée et permanente. Une grande caractéristique du droit d’ingérence est donc le non-respect du droit international classique. Et si on devait modifier le droit international par de nouvelles règles légitimant le droit d’ingérence, cela déboucherait sur la guerre de tous contre tous. C’est un argument auquel les partisans du droit d’ingérence ne répondent jamais. (suite…)

<< Ah merde, c’est protégé par un code très puissant… Doubleuh-vé-pé-ah… on peut pas craquer ça… c’est du lourd !!!>>
Trop forts les nouveaux pirates de l’informatique !!!!

[Ecrans.fr – 09/04/2011]

Quand les médias s’emparent du Net et des technologies, c’est souvent très drôle à force de caricature. Exemple avec un reportage de Canal+ qui met en scène un petit groupe de pseudo pirates pas particulièrement doués. C’est la rubrique «Internet Bullshit» de la semaine, extraite de l’émission d’Ecrans.fr, à retrouver en intégralité ici.

http://www.liberation.fr/medias/06013422-vu-a-la-tele-les-pirates-de-tous-les-cliches?xtor=EPR-450206


[Olivier Chicheportiche, ZDNET France – 7/04/2011]

Les temps sont durs pour Google. Après avoir été sanctionné il y a quelques jours en Suisse pour Street View, le moteur est aujourd’hui à nouveau condamné pour son service Suggest, cette fois en Italie.

Pour rappel, cette fonction soumet à l’internaute, en cours de saisie, une liste de mots clés potentiellement pertinents, associés sa requête sur le moteur de recherche.

Reste que ces associations sont parfois douteuses. Ainsi, un entrepreneur italien (dont le nom demeure anonyme) s’est aperçu que son nom était associé aux mots clés « escroc » et « escroquerie ».

Le tribunal de Milan a reconnu en appel le caractère diffamatoire de ces suggestions automatiques et demande donc à Google de retirer au plus vite ces associations.

Comme souvent, Google met en avant le fait que ces associations sont générées automatiquement et issues des requêtes globales des internautes. Traduction, il n’a pas la main sur ces suggestions.

Selon Google, les suggestions étant le fruit d’un résultat d’algorithme et non le fait de la pensée consciente, l’affichage des expressions litigieuses ne saurait caractériser une allégation diffamatoire. En fait, le moteur n’a jamais réussi à prouver que les suggestions s’opéraient sur la base des chiffres bruts des requêtes, sans intervention humaine. (suite…)


Même pas besoin d’une commission rogatoire ! Le mouchard est activé en permanence grâce à votre opérateur téléphonique. Il suffit ensuite de se procurer les logs (soit légalement, soit par le biais d’une human backdoor) et le tour est joué. Et nos « amis » dans la maison UMP nous affirment que , chez Guéant et Sarkozy, on s’en sert déjà pour garder un oeil sur les petits copains de la majorité présidentielle…

Dès que l’heure de calcul informatique aura atteint un prix intéressant, les services de police pourront – en toute discrétion et d’un simple clic de souris – établir des profils de déplacements de centaines de milliers de personnes…

Et comme la sécurité des antennes-relais est rudimentaire, il est extrèmement simple d’intercepter les « logs » de chaque antenne – permettant, à l’aide d’un ordinateur, d’un script et de Google Maps, de savoir à tout instant qui se trouve dans le quartier, qui marche dans quelle rue, qui est dans quelle maison… ce que que font les petits malins de Aka-Aki à Berlin ou des flicages Bluetooth de Alex Van Es à Amsterdam…

Le téléphone portable, un truc dont la StaSi et le KGB avaient révé… La vie privée ? Un concept du passé qui n’a plus aucune validité aujourd’hui.

Dès demain, ceux qui éteindront leur portable ou n’en auront pas seront automatiquement suspects…

Pisté par son portable, un politicien allemand se rebelle

[François Krug | Eco89 | 31/03/2011]

En Allemagne, Malte Spitz, un responsable des Verts a poursuivi son opérateur téléphonique en justice pour obtenir toutes les données récoltées grâce à son portable. Le résultat ? Une carte interactive à la fois fascinante et effrayante, puisque les données ont permis de reconstituer une bonne partie de sa vie. La démonstration est encore plus frappante avec cette vidéo réalisée par le site Future Journalism Project. Elle ne porte que sur deux jours dans la vie de Malte Spitz, bien assez cependant pour démontrer qu’un portable permet de suivre toutes vos allées et venues.

Malte Spitz, 26 ans, est membre de l’exécutif des Verts allemands. Sa spécialité : dénoncer les atteintes à la vie privée. Et notamment, les risques liés aux données de localisation transmises automatiquement par les téléphones portables, et conservées ensuite par les opérateurs.

Comme il le raconte sur son blog, Malte Spitz a voulu tenter une expérience. Il a réclamé les données le concernant à T-Mobile, filiale du géant Deutsche Telekom. Refus catégorique. La justice lui a finalement donné raison en mars 2010 : l’opérateur a dû lui transmettre les données portant sur les six mois précédents.
Localisé plus de 35 000 fois en six mois

Sur le fichier Excel fourni par T-Mobile, Malte Spitz a découvert qu’il avait été localisé au total 35 831 fois entre août 2009 et février 2010. Il a ensuite confié ces données brutes au site de l’hebdomadaire Die Zeit, qui en a tiré une carte interactive impressionnante : on peut y suivre tous les déplacements de Malte Spitz, du moins tous ceux au cours desquels son portable était allumé (suite…)


En 1985, quand Günther Wallraff, dans « Tête de Turc », avait raconté un scénario similaire, l’embauche d’ouvriers immigrés analphabètes en intérim pour une « mission suicide » à leur insu, afin d’aller déloger un robot dans une tuyauterie irradiée, tout le monde avait crié à l’affabulation…

Chaque jour, le caractère profondément anti-démocratique de la technocratie nucléaire apparaît un peu plus au grand jour…

Japon: les clochards du nucléaire
[L’Express – Mathieu Gaulène, –  02/04/2011]

80% des travailleurs du nucléaire au Japon sont en fait des sous-traitants, recrutés parmi les couches les plus paupérisées de la population japonaise. Enquête sur les « gitans nomades du nucléaire ».

En plus d’une forte radioactivité qui les condamne à mort à brève échéance, les quelques 500 liquidateurs de Fukushima doivent travailler dans des conditions atroces et inhumaines. Ils recevraient seulement deux repas par jour, des biscuits le matin et du riz le soir, un maximum d’un litre et demi d’eau par personne, et dormiraient sur des nattes de plomb, à même le sol. Dans ces conditions, un patron confiait au journal Asahi qu’il ne pensait plus « pouvoir trouver d’autres salariés qu’y accepteraient d’y aller. » Dans le journal tokyoïte Tokyo Shimbun, un ancien travailleur sous-traitant de Fukushima Daiichi ne cache pas sa colère au sujet des trois ouvriers contaminés aux jambes. Sur les trois irradiés, deux n’étaient même pas chaussés de bottes. Qui sont ces travailleurs du nucléaire et comment sont-ils recrutés?

Bien que les centrales possèdent leurs propres employés, environ 80% des travailleurs du nucléaire au Japon sont en fait des sous-traitants, recrutés parmi les couches les plus paupérisées de la population japonaise. Ces travailleurs pauvres et non qualifiés effectuent pour quelques jours, parfois quelques semaines, les tâches les plus dangereuses au coeur des centrales nucléaires. Parce qu’ils se déplacent de centrale en centrale, on les appelle au Japon les « gitans nomades du nucléaire » (genpatsu jipushi), du nom d’un livre de Kunio Horie publié en 1984.

En France, où la sous-traitance dans le nucléaire est en plein développement, l’expression utilisée dans le jargon des employés d’EDF pour les désigner est moins poétique mais plus explicite: la « viande à rems » (Acronyme de l’anglais « Röntgen Equivalent Man », le rem est une ancienne unité de mesure de dose de radiation absorbée par un organisme vivant. Il est remplacé de nos jours par le sievert – 1rem équivaut à 0,01 sievert)

Sur le modèle de Toyota, les entreprises nippones ont recours depuis très longtemps à la sous-traitance, notamment dans la construction. Et les intermédiaires servant au recrutement des travailleurs journaliers sont bien souvent les yakuzas.

Sur le site de l’ANPE japonaise « Hello Work », on trouve aisément diverses offres d’emploi de ce type, comme une offre par exemple pour travailler à la centrale de Fukushima Daiichi et Daini pour trois mois, du 3 février au 30 avril 2011. Le descriptif des travaux à effectuer est sommaire: tâches d’inspection, d’électricité et de soudure. « Aucun diplôme, aucune qualification ni aucune expérience n’est exigé », est-il précisé. L’embauche est faite au nom d’une petite entreprise de sous-traitance spécialisé dans la maintenance de centrale nucléaire. Le salaire: 10 000 yens par jour, soit 83 euros.

Un reportage d’El Mundo révélait en 2003 que la centrale de Fukushima Daiichi allait jusqu’à recruter des sans-abris dans les parcs de Tôkyô. Depuis la récession au début des années 1990, tous les parcs des grandes villes se sont transformés en véritable campement, avec de multiples abris de fortune faits de bâches bleues. C’est ici que les sociétés de sous-traitance souvent détenues par des yakuzas, envoient leurs recruteurs à la recherche de travailleurs journaliers. Dans le cas de la centrale de Fukushima Daiichi, on expliquait à ces travailleurs pauvres qu’il s’agissait d’un emploi de « nettoyeurs ». Puis envoyés à 200 km de Tokyo, ils réalisaient au dernier moment qu’il s’agissait de travailler au coeur d’un réacteur nucléaire. Depuis, des panneaux d’avertissements ont été installés dans les parcs à Tokyo: « N’accepte pas ce travail, il te tuera! ». Mais en trente ans, ce sont des milliers de travailleurs pauvres, de travailleurs immigrés et de sans-abris qui se sont relayés dans ces centrales, au péril de leur vie. Certains tentent de faire reconnaître leurs maladies dues à l’exposition à la radioactivité.

La famille Shimahashi fut la première à gagner un procès pour maladie professionnelle: leur fils, Nobuki, après 8 huit ans de travail dans la centrale nucléaire d’Hamaoka était mort à 29 ans d’une leucémie. Ce cas pourrait être l’arbre qui cache la forêt: d’après un rapport du docteur Fujita, professeur de physique de l’université de Keiô, il y aurait entre 700 et 1000 « gitans du nucléaire » qui seraient déjà morts et des milliers atteint de cancers. Dans ces conditions, les liquidateurs supposés « volontaires » de Fukushima, dont on souligne volontiers le courage, pourraient être des « héros » bien malgré eux du désastre nucléaire.

Voir aussi : LES BAGNARDS DU NUCLÉAIRE : Ils parcourent la France entière pour effectuer la maintenance des centrales et travaillent au plus près du risque. On les appelle « les invisibles », « les intermittents », les « nomades » du nucléaire. Qui sont-ils? Reportage à la centrale de Nogent-sur-Seine. : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-bagnards-du-nucleaire_974084.html

http://www.lexpress.fr/actualite/environnement/japon-les-clochards-du-nucleaire_978891.html