Suite du feuilleton de « La Secte » (http://sitedelasecte.free.fr) et de Jean-Paul Ney (entre autres)… Pour ceux d’entre vous qui ne vont pas/plus sur Usenet, c’est une histoire qui remonte à…. combien déjà ? Dix ans ?
En tout cas, c’est rassurant de constater qu’il y a encore des juges intelligents… la lecture du jugement est un vrai régal !
Hé Thierry, la prochaine fois, réfléchis..
[Legalis.net – 29/12/2010]
Quand des « usenautes » s’affrontent devant le juge après s’être étripés en ligne, cela donne une décision de justice riche en enseignement sur le droit de la diffamation et de l’injure sur internet. Le jugement du 17 septembre 2010 de la 17ème du TGI de Paris montre bien que ces infractions sont affaire de contexte. Et celui de cette espèce est particulier puisque les propos reprochés sont tenus dans le cadre d’un usenet dédié à « l’engueulade ». Le juge a donc tenu compte du genre de support en cause, un forum de discussion non modéré où une grande licence dans l’expression était de rigueur, pour rejeter les demandes de la partie civile, qui n’a pas comparue et n’a pas davantage été représentée.
Le forum.misc.enguelade, particulièrement actif entre 2002 et 2004, permettait à une « meute » d’internautes de mettre en pâture une victime, souvent une novice sur usenet qui « refuse catégoriquement d’en comprendre et accepter les règles ». La partie civile, plus vindicative et probablement plus procédurière que ses « camarades », a choisi de clore la discussion sur le terrain judiciaire en portant plainte contre neuf d’entre eux.
Le tribunal a fait une distinction entre deux internautes qui s’exprimaient dans le but d’informer les « usenautes » contre les agissements du groupe en cause. Le premier avait créé un site pour répondre, de manière rigoureuse et sérieuse, aux diffamations et injures dont il prétendait faire l’objet. Il avait également constitué une « trousse-à-outils » très documentée, destinée à être utilisée pour se défendre en justice. Le tribunal lui a reconnu le bénéfice de la bonne foi.
Quant à l’utilisation des termes « nuisibles » ou « lâches », le tribunal a estimé qu’elle ne dépassait pas, dans ce contexte, les limites admissibles de la liberté d’expression.
Le second mis en cause est un journaliste (NdL&I : Jean-Paul Ney) qui avait pris soin de ne pas désigner ou de ne pas associer la partie civile aux propos tenus. L’action a donc été reconnue irrecevable. Les autres internautes s’étaient simplement mais agressivement exprimés sur ce forum.
Le tribunal a examiné les messages en cause mais ne les a pas considérés comme diffamatoires ou injurieux, notamment en raison du comportement provocateur de la partie civile, même si les prévenus ont répondu à la provocation. Trois d’entre eux ont obtenu une indemnisation de 300 euros pour procédure abusive. La décision a été frappée d’appel.
Quelques extraits du jugement :
La plupart des messages incriminés ont été mis en ligne sur le réseau Usenet, soit l‘archéologie du réseau internet qui repose sur un protocole technique distinct du http, et offre aux internautes une arborescence de forum de discussion dont l’indexation technique révèle le thème. Les messages sur Usenet sont généralement courts et le fait d’habitués qui organisent la police de ce réseau, selon le principe un internaute une voix, en décidant par exemple de soumettre à référendum la création d’un nouveau forum, la suppression d’un forum déviant, l’exclusion de tel internaute, etc. Par nature, aucun de ces forums n’est modéré et la plus grande liberté de ton y règne ; la licence y est quasiment totale, la modération considérée comme une censure, et la plupart de ses fidèles s’y exprime sous pseudonyme. Les facilités d’échanges entre internautes comme l’idéologie libertaire qui a présidé à la naissance d’Usenet, initialement très affectionné par les universitaires et les informaticiens, en expliquent le succès d’origine.
Quoique parfaitement publics et accessibles à tous, les messages sur Usenet -dont certains forum de discussion ou “news group” sont, pour partie au moins, à internet ce que le “ça” est en psychanalyse- ont donné lieu à très peu de contentieux ou de plaintes, ses utilisateurs les plus orthodoxes répugnant ordinairement à saisir un tiers étranger à leur milieu, et ceux qui n’en sont pas familiers les tenant, à tort ou à raison, pour le fait d’addicts aux échanges interminables ou stériles.
II est cependant advenu que certains utilisateurs d‘Usenet se soient fait un nom en justice en s’attaquant les uns les autres dans d’interminables procès, à la suite d’échanges de messages sur un forum dédié, accessible à l’adresse “fr.misc.engueulades.html”, qui, comme son nom l’indique, est un défouloir auxquels les plus masochistes des internautes ne manquaient pas de se connecter dans les années 2002-2004. Les fidèles de ce forum ont coutume de le désigner sous l’acronyme FME (pour « forum misc.engueulade »).
Une parfaite compréhension des termes du litige suppose encore qu’un mot soit dit du site de « La Secte”, accessible à l’adresse http://sitedelasecte.free.fr, qui se présente en ces termes sur sa page d’accueil. Seul un choix d’extraits significatifs en sera donné :
“La charte de FME veut qu’on n‘initie pas un fil [de discussion]. Ce groupe est destiné aux engueulades, comme son nom l’indique, connard. Il se divise en deux catégories de participants : la victime, et la meute, […] On les appelle les connards de FME. Le pauvre hère de victime se voit immédiatement jeté en pâture à toute la meute féroce liguée comme un seul homme contre lui sans aucune raison valable. […] Un vote est organisé chaque mois, pour l’élection de la plus méritante victime, qui se voit décerner le Mimile d’or du mois. […] Un prix spécial est en cours d’établissement pour les petits êtres : “méprisables, haineux, lâches, veules, couards, mythomanes, calomniateurs, sans honneur, xénophobes, racistes, antisémites, homophobes, scatos, incultes, vulgaires, idiots, bêles et méchants » […] On en recense deux exemplaires sur Usenet. […] La vivacité du groupe dépend de la qualité des victimes, et parfois les fils [de discussion] sont tellement longs qu’il est impossible de les comprendre autrement qu’en lisant au moins deux fois par jour. […]
La victime est, en général novice sur Usenet et refuse catégoriquement d’en comprendre et accepter les règles. La meute possède un équipement de détecteurs à victimes personnalisés et surpuissants. […] Les menaces de violences physiques à l’encontre des spectateurs de la meute sont particulièrement appréciées, de même que les insultes envers les membres de leur famille. Les propos racistes, sexistes, homophobes, xénophobes et l’apologie de groupuscules d’extrême droite sont des plus appréciés. […]. Quelques victimes consentantes ou non (rien ne les oblige à rester) se voient vite attribuer un surnom avant que d’être sauvagement déchiquetées par “la meute des connards de fme “. […]
Le membre n°1 de la secte est Monsieur Titi “régulièrement zusurpé par d’horribles husurpateurs qui zusurpent“. On compte “certain” nombre de Monsieur Titi, qui se battent tous pour être le vrai. […] Inutile de choisir votre camp avec circonspection, le choix se fait selon de mystérieuses accointances, les nuits de pleine lune, au cours de réunions secrètes de la secte dans les forêts de bretagne ou dans le maquis corse…”
Le 1er avril 2004, “La Secte” a été remplacée par “La Neuf » (Nouvelle Eglise de l‘Usenet Francophone) dont la liste de membres affichée sous pseudonyme est très semblable. Un même trophée du “Mimille du mois” est également attribué. Enfin, à suivre la présentation qu’elle en fait elle-même, “La Neuf » comporte un “Grand Patriarche”, des “Dignitaires”, un « Clergé séculier” et un “Clergé régulier”.
Rarement évoquée dans les médias, la complexe fratrie Sarközy ne manque pas d’intérêt. On y trouve en effet deux frères, Guillaume et François, mais aussi un demi-frère, Pierre-Olivier (dit Olivier) Sarközy, et une demi-soeur, Caroline Sarközy, épouse Fournier. Ils occupent, en général, des positions éminentes, voire d’exception. Voici l’étonnante saga d’une famille très cosmopolite.
À l’origine, il y a Pal Sarközy de Nagy-Bocsa (cf, avec plus de précisions, nos portraits de Nicolas Sarközy dans F&D et dans l’Encyclopédie politique française, tome II). Né le 5 mai 1928 à Budapest et déclaré comme protestant (mais sa mère était catholique), ce hobereau, issu d’une famille de petite noblesse (anoblissement le 10 septembre 1628) devait s’enfuir de Hongrie dans des circonstances mal connues. En 1948, il s’engagea dans la Légion étrangère à Baden-Baden, pour venir en France, et devait réussir à se faire rapidement exempter pour de fausses raisons médicales (grâce à un médecin hongrois, ami de son père).
Il épousa, en premières noces, Andrée (dite Dadu) Mallah, avocate au barreau de Nanterre, née à Paris, le 12 octobre 1925, civilement à Paris XVIIe, le 8 février 1950. Elle est la fille du chirurgien urologue Benedict Mallah, juif de Salonique converti au catholicisme peu avant son mariage, le 19 octobre 1917, avec Adèle Bouvier, infirmière catholique (mariée en premières noces avec un infirmier militaire, René Prost, mort pour la France le 2 mars 1916). Le mariage de Pal Sarközy et d’Andrée Mallah aurait été suivi d’un mariage religieux à St-François-de-Salles, mais il n’en a pas été retrouvé trace semble-t-il.
Pal Sarközy quitte le domicile conjugal en 1959 et le couple divorcera rapidement. Il se remariera, à une date non définie, avec Mélinda d’Eliassy, née à Budapest le 16 avril 1942 (semble-t-il), fille d’Ivan Eliassy et de Véronique Mallet (descendante des barons Mallet de Chalmassy), décédée le 15 décembre 2004. Le couple, qui n’aura pas d’enfant, divorcera également, et Pal Sarközy se remariera, en 1964 ou 1966 (les dates divergent) avec Christine de Ganay, fille de Philippe de Ganay et de Marie- Hélène Blanchy. Pal Sarközy divorcera à nouveau et se remariera une quatrième fois (il est maintenant marié avec la même femme depuis 40 ans). Après l’élection de son fils à l’Élysée, ce séducteur patenté a publié un ouvrage aussi graveleux que hâbleur sur son itinéraire, Tant de vie (Plon, 2010).
Pierre-Olivier Sarközy de Nagy-Bocsa, dit Olivier Sarközy (voire Oliver Sarközy, comme souvent écrit outre-Atlantique) est un demi-frère de Nicolas Sarközy. Né en 1969, il est le fils de Pal Sarközy de Nagy-Bocsa, le père de Nicolas Sarközy, et de sa troisième épouse, Christine de Ganay. Sept ans après la naissance de Pierre- Olivier, sa mère, qui avait rapidement divorcé de Pal Sarközy, se remariera, le 28 juin 1976, avec un important diplomate américain, Frank G. (George) Wisner, qui deviendra alors le beau-père de Pierre- Olivier Sarközy.
Né en 1938, Wisner fut plusieurs fois ambassadeur (Inde de 1994 à 1997, aux Philippines en 1991-1992, en Égypte de 1986 à 1991, en Zambie de 1979 à 1982), sous-secrétaire d’État à la Défense (1993-1994), membre du conseil d’administration d’Enron, du Council on Foreign Relations, de la Rand Corporation. Il était encore en poste durant les années 2000 puisqu’il fut alors le représentant spécial des États-Unis au Kosovo. Son père, Franck Wisner, fut l’un des fondateurs de l’OSS puis un haut responsable de la CIA en Europe durant la Guerre froide, qui participa notamment à la création des fameux réseaux « Stay Behind » (dont le Gladio italien fonctionna jusque dans les années 1980). (NdL&I: sa belle fille, Christine de Ganay, est d’ailleurs l’ancienne secrétaire d’Achille de Peretti, garde du corps de De-Gaulle, fondateur du SAC, homme de confiance du réseau Stay-Behind… et parrain de la mafia corse) (suite…)
Naomi Wolf et Jaclyn Friedman débattent les accusations de viol contre Julian Assange
La semaine dernière, Naomi Wolf a publié une lettre ouverte à Interpol qui a suscité la colère de certaines féministes.Sous le titre ‘Julian Assange capturé par la police mondiale du flirt,’ elle semblait vouloir écarter les accusations contre Assange — et donc ses accustratices — comme étant une banale affaire de dispute entre deux amants . Jaclyn Friedman, directrice du groupe de pression « Women, Action and the Media », a été l’une des critiques les plus actives de cette initiative de Naomi Wolf – qui a de son côté reçu le soutien du groupe féministe « Women against Rape ». Hier matin, dans l’émission de télévision « Democracy Now! » elles ont échangé leurs arguments :
[Jean Tosti – CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde) – 16/12/2010]
Depuis le samedi 27 novembre, l’Islande dispose d’une Assemblée constituante composée de 25 simples citoyens élus par leurs pairs. Son but : réécrire entièrement la constitution de 1944 en tirant notamment les leçons de la crise financière qui, en 2008, a frappé le pays de plein fouet.
Depuis cette crise dont elle est loin d’être remise, l’Islande a connu un certain nombre de changements assez spectaculaires, à commencer par la nationalisation des trois principales banques, suivie de la démission du gouvernement de droite sous la pression populaire. Les élections législatives de 2009 ont amené au pouvoir une coalition de gauche formée de l’Alliance (groupement de partis composé des sociaux-démocrates, de féministes et d’ex-communistes) et du Mouvement des Verts de gauche. C’était une première pour l’Islande, tout comme la nomination d’une femme, Johanna Sigurdardottir, au poste de Premier ministre.
Très vite, le nouveau gouvernement se trouve face à un problème épineux : le règlement aux Pays-Bas et au Royaume-Uni d’une dette de 3,5 milliards d’euros suite à la faillite d’Icesave, banque en ligne dont les opérations étaient tournées principalement vers ces deux pays. Sous la pression de l’Union européenne, à laquelle les sociaux-démocrates souhaiteraient adhérer, le gouvernement fait voter en janvier 2010 une loi autorisant ce remboursement, ce qui reviendrait, pour chaque Islandais, à débourser pendant huit ans une somme d’environ 100 euros par mois. Mais le président de la République refuse de ratifier la loi, dont le texte est alors soumis à un référendum. À plus de 93%, les Islandais votent contre le remboursement de la dette (6 mars), et depuis le problème reste en suspens.
C’est dans ce contexte que l’Islande décide de modifier sa constitution, qui en fait n’a jamais été vraiment rédigée : lorsqu’en 1944 la république avait été proclamée, on s’était contenté de recopier dans les grandes lignes la constitution du Danemark, pays dont l’Islande dépendait depuis plusieurs décennies, en remplaçant simplement le terme de “roi” par celui de “président de la République”. C’est donc une nouvelle constitution qu’il s’agit d’écrire entièrement, et pour cela on a décidé de faire confiance au peuple souverain. Il y a eu d’abord un appel à candidatures (tout le monde pouvait se présenter à l’exception des élus nationaux, à condition d’avoir dix-huit ans révolus et d’être soutenu par au moins trente personnes) auquel ont répondu 522 citoyennes et citoyens. C’est parmi eux qu’ont été élus les 25 constituants.
Ces derniers commenceront à se réunir à la mi-février et rendront leur copie avant l’été. Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif.
Certes, l’Islande n’est qu’un petit pays d’environ 320 000 habitants. Elle donne cependant là une belle leçon de démocratie aux grands États dont la France : songeons que, dans notre pays, la réforme constitutionnelle de 2008 a été entièrement rédigée à l’Élysée, et que les parlementaires ne l’ont adoptée qu’à deux voix près après avoir été soumis pendant des semaines à des pressions intolérables de la part du chef de l’État.
Chez Philippe de Villiers, c’est « Festen », « Santa-Barbara » et « Desperate Housewives » tous les jours… Et on admirera encore une fois la magnifique omerta de la presse française dans ce domaine… de toute évidence, le taliban du Puy-du-Fou a les moyens de faire taire les fâcheux… et faire annuler les procès.
[Interview d’Anne de Kervenoael, cousine de Phillippe de Villiers, par Bérénice Rocfort-Giovanni – Nouvelobs.com – 15/12/2010]
Interrogée par Nouvelobs.com, Anne de Kervenoael, est la seule membre de la famille Villiers à soutenir Laurent de Villiers, qui accuse son frère de viol. Elle espère un renvoi de l’affaire devant les assises.
Dans quel état d’esprit se trouve Laurent de Villiers à l’approche du 17 décembre, jour où la justice va décider du renvoi ou non devant les assises des mineurs de son frère, Guillaume de Villiers ?
– Laurent est à la fois confiant et inquiet. Son père, Philippe de Villiers, a répété à l’envi qu’il y aurait un non-lieu. Mais Laurent est serein, car il y a de nombreux éléments dans le dossier : le mail de Guillaume [datant du 2 septembre 2006, dans lequel il demande pardon à son frère, NDLR], les enregistrements réalisés lors de la visite de son frère Nicolas aux Etats-Unis en 2008….
Qu’envisage-t-il de faire en cas de non-lieu ?
– On ne pourra plus rien faire. Nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer. Un non-lieu serait un grand drame pour Laurent, comme pour moi. Tout ce que veut Laurent, c’est être reconnu comme victime. C’est un martyr. Il a subi tous ces viols, et en plus, il a été trahi par sa famille.
Sa famille lui a tourné le dos. Vous êtes la seule à être restée en contact avec lui. Pourquoi le soutenez-vous ?
– Je suis la seule personne qui s’en occupe. Philippe de Villiers a voulu isoler Laurent. C’était une machination. J’ai ramassé les morceaux. Quand Philippe de Villiers a dit devant la presse que Laurent avait été manipulé par les islamistes (sic ! NdL&I) , j’ai tout de suite compris que mon cousin prenait un mauvais chemin. Soit cette histoire d’inceste était vraie, soit elle était fausse, mais dans tous les cas, il fallait aider Laurent. Or, il a été flanqué à la porte de chez lui. On lui a fait savoir qu’on ne voulait plus de lui. Cet enfant s’est retrouvé seul. Je lui ai alors tendu la main. J’étais sûre qu’il disait la vérité. Il m’a montré le mail envoyé par Guillaume. En 2009, Laurent est venu habiter chez moi quelque temps. Il faisait des cauchemars et hurlait toutes les nuits. Il ne pouvait pas jouer la comédie à ce point-là. Après la réconciliation familiale en 2007, Laurent est venu dîner avec son père. Je lui ai demandé: « Qu’allez-vous faire pour Guillaume ? » Il s’est mis en colère et a crié : « Je ne veux pas que Guillaume aille en prison ». Il a essayé de monter Laurent contre moi. Pendant un temps, nous n’avons plus été en contact. Mais finalement, Laurent est revenu vers moi et s’est reconstitué partie civile.
Avez-vous gardé des liens avec le clan Villiers ?
– Non. Tout le monde a peur de Philippe de Villiers, moi y compris. Avant que l’affaire n’éclate, j’étais pourtant très proche de lui.
De quelles natures sont les relations familiales chez les Villiers ?
– Je ne comprends pas cette famille, où règne l’hypocrisie et le mensonge. La mère de Laurent, Dominique de Villiers, dit que ce qui la tracasse le plus, c’est que Laurent n’aille pas au Paradis tant il a menti. Elle savait avant Philippe de Villiers ce qu’avait fait Guillaume. Je ne pouvais pas imaginer qu’ils gèreraient cette affaire aussi bêtement. Dès qu’on n’est pas d’accord avec eux, ils vous accusent de mythomanie. Je suis extrêmement malheureuse, car un enfant souffre au Nebraska. Il mettra très longtemps à s’en sortir.
Philippe de Villiers a donc cru son fils, lorsque celui-ci a affirmé avoir été victime d’abus sexuels de la part de son frère.
– Quand Philippe de Villiers m’a appelée en 2006 pour me parler de l’affaire, il m’a expliqué que cela faisait dix ans qu’il savait. Mais tout ce qu’il disait à Laurent, c’était : « C’est entre ton frère et toi ».
* Sollicité par Nouvelobs.com via son parti, le Mouvement pour la France (MPF), Philippe de Villiers n’a pas souhaité répondre à nos questions.
(Comemntaire de Diarra) Un socialiste nationaliste qui tire sur la foule des « musulmans » pour défendre son pays contre les « autres »… ça ne peut que faire triquer des jacobinistes admirateurs de Thiers et de Gambetta… comme Mélenchon, Emmanuelli, Chevènement et Le Guen…
Une raison de plus pour leur cracher à la gueule, la prochaine fois qu’ils viendront nous faire des risettes sur les marchés…
[Antoine Sarawi – La revue Afrikinfo – 10/12/2010]
(…) Peu avant pourtant, il s’est trouvé plusieurs membres du Parti socialiste français, Henri Emmanuelli en tête, pour venir à la rescousse du président sortant. Et ainsi implicitement avaliser la décision du Conseil constitutionnel ivoirien, dominé par ses proches, de proclamer Gbagbo élu avec plus de 51% des suffrages.
Ami personnel de ce dernier, le président du Conseil général des Landes a cru bon de fustiger « les donneurs de leçon » engagés dans « une campagne de suspicion et de dénigrement à sens unique dirigée contre les autorités ivoiriennes. » Si l’on mène à son terme la logique intellectuelle du « vrai homme de gauche » qu’ Emmanuelli a toujours prétendu être, Alassane Ouattara le serait donc l’illégitime gagnant choisi, pour ne pas dire « coopté », par une sorte de parti de l’ étranger, en clair l’Occident (Francafrique comprise bien sûr) et les élites mondialisées. Et tant pis si rien n’est venu sérieusement étayer les accusations de fraudes dans les provinces du Nord, plutôt favorables à Ouattara, martelées par le camp Gbagbo.
S’il faut probablement s’interroger sur les raisons profondes qui poussent plusieurs caciques socialistes (Jean-Christophe Cambadélis, Jack Lang, Jean-Marie Le Guen entre autres) à soutenir envers et contre tout un homme que François Hollande avait déclaré en son temps « infréquentable », l’angle d’attaque d’Emmanuelli risque hélas de trouver un écho bien plus dramatique sur place.
S’il entend coûte que coûte garder le pouvoir, le boulanger d’Abidjan, comme on surnomme Gbagbo pour son habileté à rouler amis comme adversaires dans la farine, pourrait bien jouer la carte du « nationalisme » et dénoncer l’intrusion des « puissances étrangères » dans les affaires du pays. A demi-mot, ce discours est déjà sur les lèvres de certains responsables de son parti et des « escadrons de la mort » réactivés depuis quelques jours.
Cette stratégie du pire qui désigne l’ Autre, le musulman, le demi-ivoirien aux « origines douteuses », a longtemps exclu Ouattara de la vie politique du pays. Du temps où il était encore dans l’opposition Gbagbo l’avait dénoncée. Puis, après avoir accédé à la présidence et s’y être maintenu sans mandat pendant les cinq dernières années, il l’a reprise à son compte. Chaque fois que son trône a vacillé, Gbagbo a brandi une raison supérieure pour faire taire toute opposition : la défense des « intérêts supérieurs du peuple ivoirien ».
En 2004 il n’a pas hésité ainsi à lancer ses milices et militaires contre les soldats tricolores présents dans le cadre de l’opération de maintien de la paix et les milliers d’expatriés français lors de la crise de 2004, grandement aidé il est vrai par l’aveuglement de Jacques Chirac et Dominique de Villepin à l’époque.
Comme l’écrit François-Xavier Bourmaud :
Les socialistes connaissent Laurent Gbagbo depuis longtemps. Depuis les années 1980 en fait, lorsque, incarcéré sous Houphouët-Boigny, François Mitterrand lui rend visite en prison avant d’obtenir sa libération. Gbagbo sera ensuite expulsé vers la France où il rejoindra le PS et tissera des liens d’amitié avec de nombreux cadres du parti, Jack Lang et Henri Emmanuelli en tête, mais aussi Jean-Luc Mélenchon. À l’époque, au PS, la traditionnelle rivalité entre l’aile gauche et l’aile droite du parti se cristallise aussi autour du cas Gbagbo.
Les socialistes se souviennent encore d’une réunion «épique» du bureau national à son sujet. Éric Besson s’était alors violemment opposé à Laurent Gbagbo et à son concept d’«ivoirité », avant de le traiter de «dictateur ». «Le ton est monté et il en est presque venu aux mains avec Mélenchon », se souvient un participant. Cette amitié de certains socialistes avec le président ivoirien perdure aujourd’hui, même si en 2004, François Hollande, alors premier secrétaire du PS, le déclare «infréquentable ».
«Garantir la paix civile»
Avant les élections de décembre, Jack Lang lui a rendu visite et lui a apporté son soutien. Hier, il l’a exhorté à quitter la présidence : «Tu te grandirais en reconnaissant les résultats», a-t-il lancé. Vendredi dernier, Henri Emmanuelli avait dénoncé dans un communiqué «les donneurs de leçons » en France, qui mènent selon lui «une campagne de suspicion et de dénigrement à sens unique dirigée contre les autorités ivoiriennes ». Un soutien clair et sans faille à Laurent Gbagbo, mais qui va à l’encontre de la ligne officielle du PS, qui prend désormais ses distances.
Laurent Gbagbo «se doit de respecter le choix de son peuple », et de «tout faire pour garantir la paix civile », a tranché hier Martine Aubry. Avant le scrutin, le secrétaire national du PS aux relations internationales, Jean-Christophe Cambadélis, s’était rendu en Côte d’Ivoire pour redire la ligne officielle du parti adoptée en 2008 : «Pas d’évolution dans le statut des relations du PS avec Gbagbo sans élections. » «Je déplore aujourd’hui que l’on ne se soit pas donné les moyens pour contrôler l’élection et la rendre inattaquable », assure Cambadélis. À défaut de réussir à ramener Gbagbo à respecter les résultats du scrutin, il vient de lui écrire pour lui demander la levée des restrictions imposée à la presse.
Le gouvernement U.S. a réussi à trouver 9 000 milliards de dollars en quelques semaines pour sauver les banques… mais quand on demande plus d’argent pour les écoles, ou pour la santé, ou pour la société… alors là on vous dit « y à pas de sous, ma bonne dame ! ».
[Eric Fry – La Chronique Agora – 17/12/2010]
La vérité sur les renflouages de la Fed
Si WikiLeaks fait la une de tous les journaux, votre correspondant californien considère que les « Icky-Leaks » (les émissions dégueulasses) émises par la Réserve fédérale sont beaucoup plus intéressantes — on a en effet appris que la Fed a distribué des milliers de milliards de dollars sous le manteau en sauvetages d’entreprises et garanties au cours de la crise de 2008 et début 2009.
Grâce à une habile clause dans la loi de réforme Dodd-Frank, la Fed a été obligée de tout déballer sur ces détails embarrassants. Le 1er décembre elle a publié une liste exhaustive et détaillée d’entreprises ayant bénéficié d’un sauvetage, ainsi que des sommes que chacune a reçu.
Selon The Nation, « le document confirme que les 700 milliards de dollars du département du Trésor consacrés au sauvetage des banques… et votés dans une loi sous l’ère du président George W. Bush en 2008, n’étaient en fait qu’un petit acompte d’un ‘sauvetage déguisé’ secret qui a vu la Fed fournir environ 3 300 milliards de dollars en disponibilités de trésorerie et plus de 9 000 milliards de dollars en prêts à court terme et autres arrangements financiers ».
Bernanke s’est violemment opposé à ces révélations… pour des raisons évidentes. En effet, celles-ci révèlent la relation trop intime entre la Fed et Wall Street. Elles mettent également en lumière une sorte d’arrogance institutionnalisée : la Federal Reserve sait ce qui est le mieux pour nous même si nous ne le savons pas nous-mêmes… ou si nous ne la croyons pas. (suite…)
Julian Assange n’est pas un grand fan d’interviews, mais à sa sortie de prison il a parlé avec un certain nombre de journalistes. Parmi les entretiens les plus objectifs et moins sensationnalistes il y a celui du « Today Show ». A voir ci-dessous (en anglais)
La « Tea Party » ce n’est rien d’autre que cela… des blancs apeurés qui voient leur mode de vie laminé par la crise, ils croyaient faire partie du club, ils se font rire au nez par le 1% de riches qui s’en sort pendant que eux n’arrivent plus à payer les traites…
Et déjà les appel à l’homme fort se font entendre, on agite la croix et le drapeau, on cible les boucs émissaires, les ennemis intérieurs sur lesquels on va nous laisser nous défouler, histoire de nous distraire et nous éloigner de la vraie source des problèmes… (Tim Carr)
[Great America – le blog des correspondants de Libération aux Etats-unis – 15/12/2010]
Pour « comprendre » un peu mieux le geste de Clay Duke, voici aussi les explications de sa femme. Rebecca Duke indique qu’il prenait des médicaments, apparemment pour trouble bipolaire, et confirme qu’elle essayait, en vain, de retrouver un emploi. Selon elle, l’époux au pistolet voulait aussi faire passer un message politique: « Il essayait de dire que le monde est trop centré sur l’argent, on ne se soucie plus les uns des autres ». Elle dit aussi quelque chose qui semble essentiel et que l’on entend beaucoup ces temps-ci dans les banlieues appauvries de l’Amérique: « On voudrait récupérer notre classe moyenne, on le mérite autant que les riches ».
Ca ne devrait tarder… il suffit ensuite pour la société privée de récupérer le fichier du greffe (déjà disponible publiquement) ou de croiser avec les fichiers statistiques de la Caisse d’Assurance maladie (suffisamment mal anonymisés pour permettre de retrouver des gens nominativement) et vous verrez que le sociétés d’assurance vont vous faire payer plus cher votre assurance voiture parce que votre consommation d’alcool n’est pas dans la moyenne… Chez AXA et au GAN, ils sont prêts à payer des millions pour pouvoir mettre en places des « primes individuelles », étroitement ciblées sur les « comportements » de la personne assurée. Tu manges trop souvent chez MacDo ? Risque accru d’accident cardio-vasculaire ! Crac, ta prime d’assurance vie augmente…. Tu fumes ? Danger de cancer ! Crac, ta prime d’assurance maladie augmente ou bien tu te fais virer de ton contrat… Tu as tendance à te faire flasher en roulant trop vite ? Crac, ton malus augmente ou bien on ne veut plus t’assurer…
Quand l’Etat vend ses fichiers de carte grise… et nos coordonnées avec
[France Info 15/12/2010]
C’est une loi votée discrètement il y a quelques mois qui a ouvert la brèche : l’Etat a désormais le droit de céder à des sociétés privées, moyennant prix à débattre, tous les fichiers de carte grise, c’est-à-dire la mine d’informations livrées par les automobilistes quand ils immatriculent leur nouvelle voiture. Une information révélée par Le Parisien ce matin, alors que les députés examinent aujourd’hui un amendement qui prévoit une enquête préalable sur les acheteurs de ces fichiers.
Les entreprises intéressées par les données fournies par les automobilistes sont essentiellement les constructeurs automobiles. Les entreprises intéressées par les données fournies par les automobilistes sont essentiellement les constructeurs automobiles. C’est une gigantesque base de données que s’apprête donc à vendre l’Etat : à chaque immatriculation de véhicule, vous livrez en effet vos nom et prénom, votre adresse, date de naissance et des infos sur votre voiture (type, date de sa première mise en circulation et puissance). Des informations stratégiques pour opérer des campagnes de marketing.
De fait, cette loi, adoptée le 29 avril 2009, a trois objectifs : permettre aux constructeurs automobiles de procéder très vite à des campagnes de rappel quand la sécurité d’un modèle de voiture est en jeu, utiliser ces données également à des fins « statistiques, scientifiques ou historiques », et surtout les utiliser pour « enquêtes ou prospections commerciales ». Quant au tarif pour s’offrir ces précieux fichiers, il est à négocier, mais doit rester « raisonnable ». Aujourd’hui, cette loi n’est pas encore concrètement entrée en vigueur, mais ça ne saurait tarder.
Et le citoyen n’y pourra pas grand-chose. La loi n’oblige en rien l’administration à prévenir les usagers que leurs coordonnées ont été vendues. Seul garde-fou, cet amendement qui doit être débattu cet après-midi à l’Assemblée nationale, permettant à l’Etat d’enquêter sur la société acheteuse, pour s’assurer a minima de sa probité. (ha ha ha ! NdL&I)
Commentaire de Tim Carr: Les geeks ne se structueront jamais en force politique, parce que la caractéristique du geek s’est justement de ne pas aimer les grands mouvements où il faut faire des concessions et se salir les mains, sortir de l’isolation splendide, se coltiner des trucs chiants comme des textes de loi…
En effet, le mouvement geek fait penser aux écolos échevelés des années 70… j’espère qu’on va pas devoir attendre 40 ans avant qu’un défenseur des libertés sur Internet n’entre au parlement…
Dans une démocratie, ce ne sont pas des cyberattaques qui changent la donne, ce sont des lois… pour l’instant ce sont des crétins comme Frédéric Lefebvre et des nuisibles comme Eric Besson qui font les lois… c’est cela qu’il faut changer, pas faire des DDoS sur Paypal et Amazon
[Flore Vasseur – repris par OWNI – 14/12/2010]
J’ai interviewé jeudi dernier Evgeny Morozov, un chercheur et blogueur biélorusse, actuellement à Stanford. Il est spécialiste de l’impact d’Internet sur la politique, et de ce qu’on appelle la cyberguerre. Il contribue régulièrement à Foreign Policy et au Boston Standard. Son livre The Net Delusion : How not to liberate the world parait en janvier 2011. Ses analyses sont à retrouver sur son blog.
Voici donc l’intégralité de l’interview, dont certains passages sont repris ce jour dans le Figaro.
Depuis mercredi, le collectif « Anonymous » multiple les cyber attaques contre les sites qui ont laché ou qui font barrage à WikiLeaks. Que se passe-t-il ?
WikiLeaks appartient à un écosystème, beaucoup plus large, de groupes qui sont de plus en plus mécontents de leur gouvernement, notamment parce que ceux ci instaurent des lois strictes sur les droits d’auteur ou parce qu’ils les jugent trop opaques. Ce sont des organisations non structurées, anonymes, décentralisées qui agissent de façon très erratique. Pour eux, la façon dont Julian Assange est traité est une attaque politique, l’accusation de viol le moyen de restreindre la liberté sur Internet. Le cas WikiLeaks sert de déclencheur.
Ces groupes avaient l’habitude d’attaquer des entités comme l’Eglise de Scientologie ou des entreprises. Ils ont les moyens et l’expérience des attaques. Ils les utilisent maintenant pour une cause qui leur semble juste : attaquer les sites qui ont cessé de travailler avec WikiLeaks, le Tribunal ou le gouvernement suédois, Joe Lieberman ou Sarah Palin. Je ne pense pas que cela soit pensé de façon stratégique. C’est juste un groupe d’adolescents de plus en plus énervés. C’est de la contestation menée virtuellement. Dans le passé, ils auraient lancé des cocktails Molotov sur le parvis du Tribunal. Cela étant, ils n’aident pas la cause de WikiLeaks : que des cybergroups puissent lancer des attaques contre les sites de cartes bleus, ceux-là même qui permettent à l’économie mondiale de fonctionner, est très inquiétant pour nombre de politiciens américains. Bien plus que le fait que WikiLeaks ait des câbles diplomatiques !
Du coup, il est très probable que les attaques lancées ces jours-ci par le collectif “Anonymous” en faveur de WikiLeaks ne fassent qu’activer une réponse encore plus radicale contre WikiLeaks. D’ailleurs cette dernière vient de se démarquer par rapport à ces attaques. C’est un signe de maturité politique. WikiLeaks se professionnalise.
Assistons nous à l’émergence d’un mouvement politique alternatif mené par les pro de la technologie ?
Les “geeks” ont du pouvoir aujourd’hui car ils savent où sont les points d’inflexion et de faiblesse de l’infrastructure web. Ils savent comment bloquer ou boucher ces points si besoin. Je ne sais pas si cela correspond à une force politique, étant entendue comme la capacité à influencer les lois. WikiLeaks est l’entité la plus “romantique” de cet Internet-là mais sa vision politique n’est pas sophistiquée. Elle va bientôt découvrir que sa stratégie (révéler les données pour influencer positivement les gouvernements) n’a pas d’effet – même le fait que les diplomates soient chargés d’espionner les représentants de l’ONU n’est pas vraiment un scandale aux USA – si ce n’est des effets contraires à ce qu’elle cherchait.
En janvier 2010, Hillary Clinton était le chantre de l’Internet libre. En décembre, elle tente de faire taire l’Internet. “L’effet WikiLeaks”, c’est que tout le monde sur-réagit et s’auto-détruit. La relation entre la mise à disposition de données et le changement politique n’est pas aussi directe que WikiLeaks le pense. Pour créer le changement politique, il faut être très stratégique. La plupart des gens chez WikiLeaks n’ont aucune formation politique. Ce sont des pros de la techno avec des vues très affirmées sur le rôle de la transparence des données. Ils croient aux Lumières, que les idées ont vraiment du pouvoir, qu’exposer les idées est suffisant pour changer le monde. J’adorerais y souscrire mais, non. Ce n’est pas la technologie qui est importante mais la façon dont les gouvernements réagissent et inter-agissent. La vraie raison pour laquelle WikiLeaks émerge comme mouvement ce n’est pas grâce à la force de leurs idées mais parce que les Etats-Unis ou d’autres justement sur-réagissent. (suite…)
Anna Ardin, l’une des deux plaignantes dans l’affaire de viol contre le co-fondateur de WikiLeaks Julian Assange a quité la Suède et semblerait ne plus coopérer ni avec la justice suédoise ni avec son avocat dans cette affaire judiciare et médiatique, selon des sources proches de l’enquête. « Elle a disparu de nos radars » a expliqué un membre de l’équipe légale.
Cette « disparition » se produit au moment où Julian Assange est emprisonné en Grande-Bretagne, dans l’attente d’une éventuelle extradition vers la Suède (ou bien, comme il le craint, un « détournement d’expulsion » qui le livrerait aux Etats-unis, dont les autorités politiques ont juré de « lui faire la peau » voir de « l’envoyer à Guantanamo »). Un des candidats à l’investiture du Parti Républicain, Mike Huckabee, a déclaré Samedi dernier, au Texas, que « pour Assange, le seul traitement est l’exécution, toute autre solution serait trop douce ». Quand à la candidate Républicaine de 2008, Sarah Palin, elle a appelé « nos petits gars des Opérations Spéciales à trouver Assange et à lui régler son compte afin de restaurer l’image de l’Amérique dans le monde. »
Simutanément, la légalité des accusations de la justice est mise en question – selon les avocats d’Assange, la demande d’extradition d’Assange n’est fondée sur aucun argument juridique – mais surtout, Assange se voit recevoir un soutien inattendu : un certain nombre des grands noms du féminisme occidental ont lançé une campagne pour éclaircir les accusations portées contre Assange. Des figures respectables de la lutte contre les violences faites aux femmes comme Naomi Klein, Naomi Wolf, ainsi que l’ONG européenne « Women Against Rape », ont toutes publié des communiqués remettant en cause la procédure judiciaire enclenchée contre Assange.
Anna Ardin également connue sous le nom de Anna Bernardin, a quitté la Suède pour aller vivre dans les Territoires Occupés de Cisjordanie (Palestine) où elle a rejoint un groupe chrétien qui milite pour la réconciliation entre Palestiniens et Israéliens. Elle vit désormais dans la petite ville de Yanoun, située à deux pas du Mur de Séparation construit par Israël. La ville palestinienne est constamment attaquée et harcelée par des colons juifs radicaux et de nombreux groupes de soutien aux Palestiniens s’y rendent pour protéger les agriculteurs quand ceux-ci vont dans leurs champs.
Anna Ardin ne semble plus répondre aux appels téléphoniques ni aux emails ou messages Twitter. Son blog est néanmoins toujours alimenté (après une interruption de 3 semaines) et son profil Twitter est à nouveau actif, après un silence de plusieurs semaines…. les remarques de Mme Ardin sont empreints d’une certaine ironie d’ailleurs. Ainsi, sa dernière entrée dit:
Agente de la CIA, féministe enragée / baiseuse d’Arabes, fondamentaliste chrétienne amatrice de musulmans, mal baisée frigide & femme décue, amoureuse d’un homme, est-ce que l’on peut être tout cela en même temps …
La lecture des télégrammes diplomatiques publiés par Wikileaks continue de nous fournir notre lot de rigolade quotidienne: ainsi, dans un rapport envoyé en Mai 2009 à Washington par l’ambassadeur des Etats-unis à Jeddah, celui-ci explique que la popularité croissante de l’émission de télévision « Desperate Housewives » ainsi que d’autres émissions similaires sont un moyen efficace pour contrer la propagande anti-américaine des extrémistes musulmans auprès de la jeunesse locale.
Le télégramme, intitulé « David Letterman, agent d’influence » (du nom d’un animateur d’une émission très populaire), explique que la diffusion massive de ces programmes, sous-titrés en Arabe, via les chaînes de satellite d’Arabie Saoudite et d’autres Etats du Golfe, sont une « source d’ouverture sur le monde pour une grande partie de la jeunesse arabe » et véhiculent une vision positive des Etats-unis de manière bien plus efficace que ne le fait la station de télévision Al-Hurra, financée par le Pentagone et la CIA.
« Less jeunes saoudiens – y compris les classes les plus populaires – sont désormais extrêmement intéressés par ce qui se passe dans le monde et tout le monde ne rève que d’aller étudier aux Etats-unis s’ils le peuvent. Ils sont fascinés par la culture et le mode de vie US comme jamais auparavant. »
Des Saoudiens interrogés par l’auteur du rapport lui expliquent :
« La télévision étant une activité privée, non surveillée, même dans les parties les plus conservatrices du royaume, les familles se retrouvent pour regarder des sitcoms et des émissions TV américaines. Par exemple « Desperate Housewives », c’est de plus en plus populaire, personne ne veut rater le dernier épisode, les gens se passent les épisodes sur DVD… et cela change totalement la vision que nous avons des américains. Surtout, cela ne correspond pas du tout à l’image des américains que nous donnent les prédicateurs musulmans ou les militants jihadistes. »
In the US Army manual on counterinsurgency, the American commander General David Petraeus describes Afghanistan as a « war of perception . . . conducted continuously using the news media ». What really matters is not so much the day-to-day battles against the Taliban as the way the adventure is sold in America where « the media directly influence the attitude of key audiences. . .
Never has so much official energy been expended in ensuring journalists collude with the makers of rapacious wars which, say the media-friendly generals, are now « perpetual ». In echoing the west’s more verbose warlords, such as the waterboarding former US vice-president Dick Cheney, who predicated « 50 years of war », they plan a state of permanent conflict wholly dependent on keeping at bay an enemy whose name they dare not speak: the public.
Of course, only the jargon is new. In the opening sequence of my film, The War You Don’t See, there is reference to a pre-WikiLeaks private conversation in December 1917 between David Lloyd George, Britain’s prime minister during much of the first world war, and CP Scott, editor of the Manchester Guardian. « If people really knew the truth, » the prime minister said, « the war would be stopped tomorrow. But of course they don’t know, and can’t know. »
J’vous l’dis… l’a pas l’air net ce mec… violeur, voleur, anti-américain primaire, z’allez voir qu’on va découvrir qu’en plus il a des photos pédos ou nazos sur son disque dur ou qu’il va aux spectacles de Dieudonné. La grande campagne « essuyons nous les pieds sur Assange » est lancée… c’est super subtil, comme d’hab’…
[Gregor Seither – -IES News Service – 09/12/2010]
Dans l’affaire Wikileaks, tout le monde ne parle que de Julian d’Assange mais celui-ci ne serait rien sans le brave trouffion de la US Army, le geek-soldat Bradley Manning, agé de 23 ans, qui est enfermé depuis plusieurs mois, en quartier haute sécurité, à l’isolement, sur la base des Marines de Quantico en Virginie.
Manning – analyste militaire qui avait accès aux réseaux sécurisés – s’était vanté d’avoir fourni la plus grande partie des « War Logs » (ainsi que probablement les « Cable Logs » diplomatiques) qui ont ensuite été publiés par Wikileaks. Il a été arrêté en mai dernier et encourt plus de 50 ans de prison pour « publication de documents relevant du secret défense ».
Manning aurait prétendument expliqué à un journaliste, ainsi qu’au hacker Adrian Lamo, avec qui il avait sympathisé, qu’il aurait publié la vidéo titrée Collateral Murder du raid aérien du 12 juillet 2007 à Bagdad. Lamo ayant eu par le passé des ennuis avec la justice américaine, prit peur, craignant d’être de nouveau suspecté pour complicité. Il le dénonça alors au FBI et envoya également une copie de ses discussions par Mails avec le jeune soldat au magazine Wired, qui en publia des extraits.
L’organisation de soutien à Bradley Manning (http://www.bradleymanning.org/fr) ‘a rassemblé plus de 90,000 US$ pour financer sa défense… mais pas un centime de cette somme ne provient de Wikileaks – contrairement à ce qui avait été promis. Le comité légal de Manning vient de le confirmer dans une déclaration:
« Immédiatement après l’arrestation de Bradley, soit en juin 2010, le réseau de lanceurs d’alertes Wikileaks avait publiquement lancé des appels aux dons pour financer la défense légale de Bradley Manning. En Juillet 2010, l’organisation Wikileaks elle-même s’est engagée à contribuer une ‘somme substantielle’ afin d’aider Bradley a assurer sa défense et embaucher des avocats
Depuis que Bradley a choisi David Coombs comme avocat, en aout 2010, l’association Bradley Manning Support Network n’a pas été en mesure d’obtenir de la part de l’organisation Wikileaks qu’elle concrétise son engagement.
Nous nous voyons donc obliger de clarifier aujourd’hui que – à l’heure actuelle – nous n’avons pas reçu le moindre argent de la part de Wikileaks en soutien à Bradley Manning. Nous serions ravis de recevoir toute contribution que Wikileaks voudra bien nous faire, mais nous nous devons d’informer nos supporters que celle-ci ne nous est pas encore parvenue et que nous n’avons reçu aucune assurance de la part de Wikileaks quand au versement d’une telle contribution. Bradley a donc besoin de votre soutien et de vos contributions financières, cela est crucial pour lui. »»…
et téléchargez la dernière version du programme LOIC. Lancez le programme, configurez le serveur en loic.AnonOps.net sélectionnez le canal #loic et le mode « hivemind mode ». Allez vous faire une tasse de thé, c’est parti !
WikiLeaks : LOIC, l’outil clé en main de l' »Opération riposte »
[Le Monde – 09/12/2010]
Attaques contre le blog du service de paiement en ligne, PayPal, ou contre les sites de Visa et MasterCard. Pour protester contre le gel des comptes de WikiLeaks, des pirates informatiques ont lancé une « Opération riposte » sur le Web. Certaines de ces attaques semblent avoir été facilitées par un nouveau logiciel, mis à disposition par un groupe de pirates se faisant appeler Anonymous.
Baptisé LOIC (Low Orbit Ion Cannon), en référence au film La Guerre des étoiles, le programme, dont la première version était disponible dès la fin 2009 en téléchargement, est pensé comme un outil, clé en main, permettant de participer à une cyber-attaque, sans la moindre compétence informatique. Dans l’interface du programme, l’utilisateur n’a qu’à indiquer l’adresse URL « cible » du site Web qu’il compte attaquer.
LOIC est même disponible sur toutes les plates-formes informatiques, qu’il s’agisse de Windows, de Mac ou de Linux. Sur certains sites où LOIC est disponible, le logiciel a été téléchargé plusieurs centaines de fois.
Pour faire aboutir des attaques de « déni de service » (DDOS), qui visent à saturer de requêtes les serveurs des sites visés par l’attaque, les pirates informatiques utilisent un « serveur maître » commandant à des « réseaux de robots » (« botnets ») parfois composés de centaines de millions d’ordinateurs. Les pirates réunissent généralement cette cohorte de machines « zombies » en infectant les machines mal protégées, par des programmes malfaisants. D’après les observations de l’éditeur d’antivirus Symantec, aucun réseau de robots d’envergure n’a été utilisé dans les attaques récentes.
Avec LOIC, ce sont les utilisateurs du programme eux-mêmes qui constituent « ‘un réseau de robots’ volontaires », permettant une attaque coordonnée. Avec la fonctionnalité « hive mind » (« esprit de ruche »), ceux qui installent LOIC consentent à ce que leur ordinateur soit contrôlé à distance.
Les internautes qui utilisent ce programme encourent-ils des risques vis-à-vis des autorités ? « Les chances de se faire prendre sont proches de zéro », assurent les concepteurs. En cas d’éventuel problème, Anonymous invite les utilisateurs de LOIC à déclarer que leur machine a été infectée par un virus.
En son temps, la Farm Security Administration avait engagé des photographes pour documenter les effets de la Grande Dépression américaine des années 1930. Des grands noms de la photographie comme Dorothea Lange ou Walker Evans en avaient tiré un portrait devenu iconique de la crise et de ses victimes. Cette période a grandement influencé les photographes américains jusqu’à aujourd’hui et les a poussés à se pencher avec acuité sur les problèmes sociaux de leur pays.
Un collectif de photographes de renom (Anthony Suau, Danny Wilcox Frazier, Stanley Greene, Brenda Ann Kenneally, David Burnett…) s’est lancé sur la trace de ces glorieux aînés pour dresser le portrait d’une Amérique où les effets de la crise financière se font toujours sentir. Deux ans après la chute des grands noms de Wall Street, les anonymes de “Main Street” (la classe moyenne, les petits commerçants, les ouvriers…) souffrent encore, disent leurs photos.
Le nom du collectif, Facing Changes, a des accents prophétiques. Il semble dire que plus rien ne sera comme avant en Amérique, que même ceux qui se relèveront de cette crise ne seront plus les mêmes, car entretemps ils auront vendu leur maison ou seront passés par de longues périodes de chômage.
D’apparence durs, les sujets sont en réalité souvent traités avec beaucoup de délicatesse, selon le style de chaque artiste. Ainsi Brenda Ann Kenneally dresse-t-elle des portraits forts mais sensibles de familles de marginalisés par la crise, comme celle des Rubert en Louisiane. A Detroit, Anthony Suau se penche lui surle travail de la Banque alimentaire dans un très classique noir et blanc, quand Lucian Perkins propose une approche très artistique, presque plasticienne, de l’obésité.
WikiLeaks: site web de Postfinance victime de pirates informatiques
[Romandie.com – 7/12/2010]
Les sympathisants du fondateur de Wikileaks Julian Assange, arrêté à Londres, ont bloqué mardi la page internet du site Postfinance. Les « hackers » ont réagi ainsi à la décision prise lundi par l’entreprise de fermer le compte de M. Assange.
La page internet de Postfinance est en dérangement depuis lundi soir à 22h30. Mardi en début de soirée, l’accès ne fonctionnait que très partiellement, a déclaré à l’ATS, Alex Josty, porte-parole.
Il ne s’agit pas d’un problème de sécurité. Les paiements ne sont pas menacés car les hackers n’ont aucun accès aux comptes, a ajouté le porte-parole de Postfinance qui a dû faire face à de nombreuses réactions de clients mécontents.
Postfinance se console en disant que l’attaque intervient en début de mois alors qu’en décembre, la majorité des paiements a lieu entre le 25 et 30 décembre. Qui a des paiements urgents peut toujours se rendre dans un bureau de poste ou faire des ordres de paiement par écrit, précise l’établissement.
Dès le début des perturbations, la filiale bancaire du géant jaune a augmenté les capacités de son site mais cela n’a pas suffi, a précisé le porte-parole. La fin du dérangement n’est pas prévisible, car il y a toujours des vagues d’attaques.
Les paiements déjà enregistrés sur le web ne sont pas concernés par les attaques des hackers. Le Parti pirate suisse s’est distancié, dans un communiqué publié sur sa page Internet, des attaques contre Postfinance.
Postfinance a décidé lundi de bloquer le compte de Julian Assange après avoir découvert des données incorrectes sur son domicile. Le fondateur de Wikileaks, détenteur d’un passeport australien, avait déclaré habiter Genève.
Quelles sont les chances de mourrir dans un crash d’avion causé par une attaque terroriste ? Selon le Prof. Paul Campos, juriste à l’Université de Colorado (Boulder, Co.) elles sont de 1 sur 25 millions, soit quasiment proches de zéro.
En comparaison, les chances de mourir dans un accident d’avion « standard » sont de une sur 9,2 millions, selon les données compilées par la base de données « OAG Aviation Database » aux Etats-unis. Cela signifie que, en moyenne, un pilote d’avion tue bien plus de personnes qu’un terroriste.
Dans la même veine, aux Etats-unis, vous avez 87 fois plus de chances de mourir par noyade que dans un attentat terroriste et 50 fois plus de chances de mourir en étant frappé par la foudre. Quand aux victimes des bavures policières, elles sont 8 fois plus nombreuses que celles des terroristes, si l’on en croit les chiffres pour 2004 du National Safety Council. Aux Etats-unis, la police tue donc huit fois plus de personnes que ne le font les terroristes – et ces chiffres incluent les morts du 11 septembre 2001!
Pour le professeur Campos, le risque d’une attaque terroriste est donc tellement infinitésimal et son impact tellement insignifiant d’un point de vue relatif, qu’il n’y a aucune justification rationnelle d’accepter une violation de nos libertés civiques à un degré comme celui que nous voyons ces 10 dernières années, simplement pour tenter d’éviter l’occurence d’une anomalie statistique.
A l’heure où les gouvernements investissent des milliards de l’argent du contribuable dans des technologies de surveillance toujours plus sophistiquées, au nom de notre « protection », il est bon de poser la question pour savoir quelle est exactement la réalité de cette menace, contre laquelle on affirme nous protéger… un peu comme les batteries anti-missiles que les Etats-unis installent en Europe afin de prévenir une attaque de la part de l’Iran…. qui n’a pas de missiles capables d’atteindre l’Europe !
L’information commence à circuler, lesanonymous seraient en train de préparer une attaque coordonnée de représailles envers ceux qui veulent la tête de Julian Assange. Le site de Wikileaks est toujours victime d’attaques par déni de service, on se doute bien que les anonymous utiliseront donc la même méthode que les personnes qui cherchent à faire taire Wikileaks.
AVENGE ASSANGE : LES ANONYMOUS S'APPRETENT A VENGER JULIAN ASSANGE
On se doutait bien que le gouvernement américain, Amazon, Paypal, ou EveryDNS, et surement aussi un peu Éric Besson, en France, avaient émis des signaux assez négatifs. Pierre Chappaz parled’infowar, on est en plein dedans. Reste maintenant à savoir quelles seront les cibles effectives des anonymous et plus globalement d’une population d’internautes qui pourraient, à la veille des fêtes de Noel, se passer le mot pour boycotter Amazon qui ne fait pas que du cloud. La censure de Wikileak va être complexe, on le savait, voici maintenant la seconde phase de l’effet Streisand : la guerilla numérique.
Julian Assange, cofondateur et porte-parole du site Wikileaks, spécialisé dans la publication de documents confidentiels, a été arrêté par la police britannique, mardi 7 décembre à 9 h 30, alors qu’il se rendait à une convocation. Il devrait être entendu aujourd’hui par un juge qui décidera de son éventuelle extradition en Suède, où une plainte pour viol à son encontre a été déposée. (NdL&I : à noter que le « viol » commis par Assange est en fait une relation sexuelle entre adultes consentants au cours de laquelle le préservatif s’est déchiré, ce qui, en Suède, est catégorisé comme « viol ». La justice suédoise s’est précipité sur cette aubaine (et on s’interroge sur les motivations de la plaignante dans cette affaire qui aurait du se résoudre à l’amiable entre deux partenaires sexuels) pour mettre le grappin sur Assange, à la demande des Etats-Unis, qui rèvent de le mettre en prison pour 25 ans, aux côtés de Bradley Manning, voir de le traiter comme « combattant ennemi », si l’on en croit les différents hommes politiques US qui se sont exprimés sur ce sujet les derniers jours).
M. Assange a suscité la colère des Etats-Unis et de plusieurs pays en donnant accès à cinq journaux, dont Le Monde, à 250 000 télégrammes diplomatiques américains et en en publiant une partie sur son site. Mais c’est une affaire de moeurs qui lui vaut aujourd’hui l’intérêt d’Interpol. En août, alors que M. Assange séjournait en Suède, où il avait déposé une demande de permis de séjour, une jeune femme avait porté plainte contre lui pour viol. Julian Assange, qui a depuis quitté la Suède après le rejet de sa demande de permis de séjour, n’a pas été inculpé, mais ne s’est pas présenté à une convocation de la justice suédoise. Cette dernière a alors décidé de saisir Interpol pour que M. Assange soit interpellé en vue d’un interrogatoire.
RENCONTRE « VOLONTAIRE »
Depuis, après un passage en Suisse, le cofondateur de WikiLeaks est en Grande-Bretagne, où ses soutiens expliquaient au Guardian qu’ils avaient entamé des discussions avec la police pour négocier une rencontre. « Il n’a pas été inculpé. Nous sommes en train d’arranger une rencontre volontaire avec la police », affirmait lundi l’un de ses avocats.
La police britannique a arrêté ce matin M. Assange lorsqu’il s’est présenté pour être interrogé. Il devrait être présenté devant un juge pour statuer sur son extradition, son placement en détention ou son maintien en liberté. Ses proches affirment que dans ce cas, il devra fournir une caution d’au moins 100 000 livres (120 000 euros) et fournir six garants pour éviter d’être placé en détention provisoire.
Or, plusieurs comptes en banque de M. Assange ou liés à WikiLeaks ont été bloqués ces derniers jours : le compte PayPal de l’organisation, un compte auprès de la banque postale Suisse, et la carte de crédit Mastercard liée à un compte islandais ont été bloqués, les entreprises concernées arguant du caractère illégal ou lié à des activités illégales de ces comptes en banque. M. Assange a lancé un appel aux dons pour financer sa défense, une pratique couramment employée par l’organisation et qui avait soulevé des interrogations, y compris au sein de WikiLeaks, sur la manière dont les fonds collectés étaient gérés et utilisés. Les sites des établissements bancaires concernés ont fait l’objet d’attaques informatiques ces derniers jours.
Julian Assange affirme que la Suède a engagé la procédure à son encontre à la demande des Etats-Unis. Il reconnaît avoir eu une relation sexuelle, consentante, avec la jeune femme qui a porté plainte. Cette dernière ne nie pas que la relation était initialement consentie, mais affirme que le cofondateur de WikiLeaks l’a contrainte à avoir cette relation sans préservatif, ce qui constituerait un viol en droit suédois.
▪ Le problème, avec le système financier actuel, avons-nous dit à un reporter de Bloomberg, c’est qu’il est basé sur la fraude.
A la base, on y trouve la devise papier — qui est elle-même une forme de tromperie. Elle fait semblant d’être de l’argent réel. Ce qui est vrai — dans le sens où on peut l’utiliser pour acheter des choses. Mais elle a tendance à mentir. Tout ce que les autorités ont à faire, c’est d’actionner la planche à billets : elle vous dira que vous êtes bien plus riche que ce que vous êtes vraiment.
Cette sorte de sottise dure depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les autorités américaines, entre autres, ont systématiquement augmenté la quantité de devise papier… menant les gens à croire qu’ils avaient plus de pouvoir d’achat qu’ils n’en avaient vraiment. Aujourd’hui, un dollar ne vaut plus que 3% de ce qu’il valait il y a 100 ans.
Mais ce n’est que le début de l’escroquerie. Les autorités ont également systématiquement sous-valorisé le crédit — convaincues que la clé de la prospérité réside dans le crédit et les dépenses de consommation, plutôt que dans l’épargne et la production.
Le système a ses architectes et ses opérateurs — tous des escrocs et des charlatans. Ils font semblant de pouvoir gérer la devise et l’économie. Pourtant, ils ne comprennent pas comment fonctionnent les éléments les plus basiques d’une vraie économie. La richesse ne naît pas de la consommation… elle naît de la production.
Les gestionnaires affirment pouvoir manipuler si bien l’économie qu’ils peuvent améliorer ses performances… En d’autres termes, selon eux, ils peuvent faire en sorte que l’économie se comporte mieux qu’elle ne le ferait seule… mieux qu’elle a fonctionné naturellement ces 2000 dernières années. En éliminant les retournements cycliques, les autorités nous ont dit que nous serions tous plus riches… et libres de la volatilité qui nous affligeait jusqu’à maintenant.
▪ Les dirigeants bidouillent et simulent donc… improvisant… et inventant au fil des événements. Ils augmentent les taux… puis les baissent. Ils introduisent plus de devise papier quand ça leur convient, et changent les règles bancaires selon ce que suggèrent leurs théories.
Quand il se passe quelque chose de « mauvais » — défini comme une chose qu’ils n’apprécient pas, ils se précipitent pour régler le problème. Mais avec quoi peuvent-ils le faire ? Un peu de sparadrap monétaire. Un peu de fil de fer budgétaire, aussi.
Leurs remèdes ne sont pas entièrement aléatoires ou hasardeux. Ils sont biaisés — vers plus de crédit, plus de dépense, plus de liquidités et plus de spéculation. S’ils resserrent les taux un mois, ils les desserrent ensuite pendant deux mois. S’ils enregistrent un surplus dans les comptes de la nation une année, ils enregistrent des déficits durant les cinq suivantes.
Peu à peu, de plus en plus de dette, d’erreurs, de mauvais jugements et de spéculations insensées s’accumulent. Puis les autorités se retrouvent sous pression… passant d’une crise à une autre… fournissant du crédit à un zombie… un renflouage à un autre… et de la viande crue à un troisième.
Puis, soudain, la discipline et les contraintes qu’elles s’imposaient cèdent comme une corde usée. Les banques centrales et les autorités financières prennent alors le mors aux dents… s’abandonnant aux trucages et à la fraude inhérents à leur profession. La Banque centrale européenne annonce qu’elle fournira « des liquidités illimitées » à ceux qui en ont besoin pour lutter contre une crise de la dette sur le Vieux Continent. Dans le Nouveau Monde, la Banque de Ben Bernanke renfloue déjà des grandes banques en Amérique du Nord en plus de celles de l’Europe. Et partout, les autorités sont prêtes à se soutenir les unes les autres… et à financer le FMI… avec encore plus de monnaie papier et de crédit…
… tous tentant désespérément de maintenir l’intégrité du système.
Et les voilà bras dessus-bras dessous — la Fed, la BCE, l’Europe et les Etats-Unis… sans oublier le Japon et la Bank of Japan. En route… vers le précipice.
La diffusion massive, par WikiLeaks, d’informations “confidentielles Défense” provenant de la diplomatie américaine continue d’avoir des répercutions inattendues. En cherchant – et en réussissant en grande partie – à neutraliser les hébergeurs de serveurs, véhiculant ces données “brûlots”, l’administration américaine a montré combien il était facile pour les hébergeurs de services de ‘cloud computing‘ de prendre leurs distances et se défaire, en un clin d’oeil, de leurs responsabilités et engagements sur la sécurisation des données. Cf notre article : ‘Amazon boutte WikiLeaks hors des Etats-Unis‘
Le site WikiLeaks.org ayant été fermé, ses fondateurs continuent de faire héberger les informations sur divers sites, dont au moins un en France (il s’agirait d’OVH, selon la presse américaine) mais également en Allemagne (.de), en Finlande (.fi) et aux Pays-Bas (.nl). Et à noter que le serveur en Suisse (.ch) reroute en réalité vers la Suède…
Cette affaire WikiLeaks soulève à nouveau la question du rôle de l’enregistrement non contrôlé auprès du ministère du Commerce américain, sur une liste appelée ‘Safe Harbor‘. Une récente mission de contrôle a montré, il y a quelques mois, que sur les 1.597 inscrits sur cet enregistrement Safe Harbor, seuls 348 seraient effectivement légitimes et conformes aux critères exigés.
A Bruxelles, la commissaire européenne Neelie Kroes a annoncé la semaine dernière, que de nouvelles règles allaient être mises en place concernant la protection des données et le “cloud computing”. Les spécialistes du sujet estiment qu’il faudrait que les Etats-Unis et l’U.E. trouvent un terrain d’entente sur le rôle et la finalité de cet enregistrement comme “Safe Harbor”. Ce qui n’est pas gagné d’avance, vu l’écart d’appréciation qui existe entre l’Amérique et l’Europe sur la notion de “vie privée” (’privacy’).
En France, outre la réaction du ministre Eric Besson, qui croit possible d’empêcher tout hébergement d’informations diplomatiquement indésirables, certaines instances s’interrogent depuis quelque temps déjà sur le fonctionnement et la sécurisation du ‘cloud computing‘. Ainsi, l’ANSSI (Agence nationale pour la sécurité des systèmes d’information) vient de publier un guide à ce sujet. Il prévient les administrations et les entreprises sur les risques du ‘cloud computing’ et sur l’externalisation informatique en général.
Ce rapport de synthèse met en garde. Il invite les intéressés à “demeurer prudent”, constatant que l’offre actuelle n’apporte pas toujours « garanties suffisantes en matière de sécurité». L’instance indépendante recommande d’élaborer avec les prestataires un PAS ou “plan d’assurance sécurité“. Un tel document doit permettre, selon elle, d’établir contractuellement les engagements des hébergeurs s’agissant de la sécurisation des données qui leur sont confiées.
Certaines parties du réseau Internet commencent logiquement à accuser leur âge. Mais l’une des plus centrales, l’adresse IP dans sa version 4 (IPv4), n’en a plus que pour quelques semaines. Son remplaçant, l’IPv6, est théoriquement prêt depuis près de 10 ans. Mais faute de préparation de la part des opérateurs, on se dirige vers l’IPcalypse : une pénurie d’adresses IP.
Petit rappel : une adresse IP est attribuée à tout appareil qui se connecte a Internet. Il en existe deux types : les adresses publiques, qui sont uniques et utilisées pour communiquer avec Internet et les privées qui sont employées sur un réseau local. Dans l’objectif de limiter l’usage d’adresses publiques, une technique nommée routage NAT a été développée. Elle permet à plusieurs adresses privée de partager une adresse publique unique. (suite…)
Deux points particulièrement intéressants dans cet article de Eric Scherer: tout d’abord le point de vue de Jay Rosen qui dit que si la presse faisait son boulot correctement, les révélations de Wikileaks n’en seraient pas, puisque les informateurs refileraient leurs tuyaux à la presse, plutôt qu’à un site Web. Le deuxième c’est en effet la réhabilitation de la presse écrite grâce à Wikileaks. La lecture du « Guardian », du « Monde » ou du « Spiegel » a rarement été aussi instructive que depuis qu’ils sont attelés à publier des analyses détaillées des télégrammes diplomatiques. Cette fonction de tri et de commentaire est précisément le travail du journaliste, c’est la raison pour laquelle j’achète un journal au lieu de simplement suivre le fil des dépèches de l’AFP...
Wikileaks et la révolte du clergé
[Eric Scherer – OWNI – 05/12/2010]
Quand j’entends, depuis une semaine, les cris d’orfraies, le dénigrement, le mépris, l’inquiétude qui émanent du clergé médiatique face aux nouvelles fuites de WikiLeaks, je vois, hélas, une profession minée par des forces conservatrices et protectrices d’un ordre ancien, hostile à l’évolution de ses pratiques, qui veut se cramponner à des comportements d’un autre âge.
Je ne veux pas dire qu’Assange est un héros. Beaucoup de questions sur ses motifs, son agenda, ses choix, ses critères, ses financements restent en suspens.
C’est vrai, WikiLeaks, organisation apatride, fille d’un Internet mondialisé, n’obéit à aucune des règles du journalisme professionnel. Mais elle a l’avantage de bousculer le statu quo, de faire bouger les lignes de partage des pouvoirs, de permettre à des gens qui savent des choses –et qui n’ont plus confiance en nous les journalistes–, de les révéler, d’assurer une plus grande diversité de l’information !
Le procès de WikiLeaks se fait sur les thèmes : « ce n’est pas du journalisme », « il n’y a aucune révélation », « trop de transparence tue la démocratie », « attaquez-vous à la Chine », etc. En passant, la position qui surprend le plus est la défense des diplomates qu’il faudrait protéger et laisser travailler dans le secret. Un vrai bel exemple du journalisme de connivence, qui nous mine depuis si longtemps et alimente la défiance du reste de la société à notre égard ! Laissons les diplomates faire leur travail et protéger eux-mêmes la confidentialité de leurs discussions. Ce n’est quand même pas aux journalistes d’y veiller ! L’autre critique qui me choque, c’est de balayer les contenus des télégrammes d’un revers de main : « on n’apprend rien. » Les journalistes et initiés peut-être pas ; mais le public, lui, découvre d’un coup comment fonctionnent les rouages des relations internationales. D’autant que 3 millions d’Américains avaient déjà accès aux documents classifiés ! [en]
« Internet, c’est la Stasi en pire », Catherine Nay
Vendredi soir, lors du Grand Journal de Canal Plus, quatre éditorialistes de la « grande presse » (RTL, Marianne, France Inter) ont passé leur temps à « flinguer » WikiLeaks sur ces thèmes (même si Thomas Legrand fut plus mesuré que les autres). Europe1 est monté d’un cran samedi matin :« Internet, c’est la Stasi en pire », y a déclaré Catherine Nay. Plus tôt dans la semaine, nous avons pu lire Le Canard Enchaîné (« le caviar devient moins bon à la pelle qu’à la petite cuillère ») se retrouver sur la même ligne que l’éditorialiste du Figaro, Alain-Gérard Slama (WikiLeaks,« entreprise de subversion abritée derrière un mythe, la transparence »).
Quand on pense que ce sont les mêmes, ou presque, qui allaient jouer au tennis avec Jospin, sont mariés à des ministres, protégeaient les doubles vies de nos Présidents de la République, gardent leurs infos pour eux avant d’en lâcher quelques-unes – mais après les élections– et dans des livres lucratifs, « dînent en ville » chuchotant confidences, rumeurs et malveillances qui n’ont rien à envier aux contenus des télégrammes diplomatiques, très officiels documents de travail.
La grande différence, c’est que les premières restent confinées dans le cercle fermé de l’establishment, alors que les secondes sont mises sur la place publique.
Il n’est guère surprenant de voir aussi les nouvelles générations, les « digital natives », qui baignent depuis des années déjà dans l’open source, le collaboratif, le bottom-up, le partage, estimer qu’il est plus que temps de voir ces forces-là l’emporter sur les logiques de connivences, de fermetures, d’initiés, de top down. J’espère aussi que des journalistes dans les rédactions contestent les voix officielles que nous entendons sur les plateaux de télévision.
Tout ça c’est de votre faute !,résume bien Jay Rosen [vidéo, en] à l’adresse des journalistes américains. Si vous aviez fait votre boulot de chien de garde avant la guerre en Irak sous la présidence Bush, les sources n’auraient pas besoin de donner aujourd’hui leurs infos à WikiLeaks, précise ce professeur de journalisme à l’Université de New York, qui déplore « l’échec spectaculaire de la presse traditionnelle à remplir son rôle de chien de garde au cours des récentes décennies ». Pour lui, la presse d’investigation « est morte sous George Bush ».
Avec WikiLeaks, les journalistes sont une nouvelle fois désintermédiés, court-circuités dans le cheminement classique de l’information entre les sources et le public. WikiLeaks s’est intercalé. Et, déjà bousculés par les nouvelles manières du public de s’informer, par sa prise de parole, confrontés à une double crise de légitimité et de confiance de la part du reste de la population, ils n’apprécient guère.
Une chance aussi
Mais tous ne réagissent pas de manière négative. Ces masses de documents bruts sont aussi une chance pour le journalisme de faire valoir sa valeur ajoutée, dans le tri, la vérification, la contextualisation, la mise en perspective, la hiérarchisation des infos données par WikiLeaks. Cette contextualisation est éditoriale et, de plus en plus, associée à une dimension technologique qui permet de visualiser les données, pour les présenter de manière instructive et attrayante C’est tout le sens du journalisme de données, qui se développe aujourd’hui rapidement. « Une passerelle entre le producteur d’information et le lecteur », comme le dit Patrice Flichy dans Le Monde, qui salue, via WikiLeaks, « la réhabilitation du journalisme d’experts ».
Un autre aspect très positif pour le journalisme réside dans la coopération inédite entre des dizaines de journalistes de rédactions et de pays différents des médias qui ont publié ces câbles diplomatiques (New York Times, Guardian, Spiegel, Le Monde…).
WikiLeaks, qui, dit-on, pourrait s’attaquer très prochainement à « Corporate America » pourrait vite fournir des indications précieuses sur les turpitudes des dirigeants financiers et économiques des plus grandes entreprises. Il est temps que quelqu’un le fasse, non ? Comme le dit le NiemanLab d’Harvard [en], c’est le public qui est gagnant.
Enfin quelqu’un qui couche par écrit ce qu’on se dit depuis le départ à propos de Wikileaks…
LA TRAGÉDIE WIKILEAKS
[Christian Fauré – OWNI – 05/12/2010]
Des problèmes de DNS aux crises de confiance que WikiLeaks met en évidence, quelques remarques de Christian Fauré sur la « tragédie Wikileaks » qui est selon lui en train de se dérouler sous nos yeux.
Sept remarques sur WikiLeaks.
Première remarque : « single point of failure » dans l’architecture distribuée
C’est peut-être la première fois que j’écris une note en me demandant comment je vais faire un lien vers l’organisation dont je parle, à savoir WikiLeaks.
Voilà le premier problème que pose WikiLeaks, site chassé du web par des hébergeurs, puis par le DNS qui apparaît comme single point of failure du web, une clé de voûte du système trop centralisée pour susciter un intérêt renouvelé pour des DNS en p2p.
Deuxième remarque : une divulgation numérique de masse
Outre ce débat sur les DNS et l’architecture du web, on parle également de liberté d’expression à propos de l’affaire WikiLeaks. En l’occurrence je ne vois pas trop bien pourquoi car il ne s’agit pas tellement de l’expression d’une thèse ou d’une idée mais d’une « divulgation numérique de masse », sans commentaires, et rendue possible par l’évolution du système technologique. Quoi qu’il en soit les discussions les plus fréquentes se posent en terme de droit et de légalité.
Troisième remarque : une sélection
Nous n’avons pas à faire à des micros divulgations faites par des milliers de personnes grâce au travail d’autres milliers de personnes organisant des copies et des fuites d’information. Nous avons plus vraisemblablement quelques personnes, peut-être une seule, qui dévoile des données qui sont ensuite sélectionnées, organisées et divulguées par une seule organisation. Aussi, ce ne sont pas les données d’un petit pays africain qui sont divulguées ; ce sont les données de l’administration américaine. Et que se serait-il passé si cela avait été les données de l’administration russe, chinoise ou iranienne ? Il y aurait eu a minima un problème de traduction d’une part, et d’autre part les moyens technologiques mis en œuvre pour pousser WikiLeaks hors du web n’aurait probablement pas été aussi importants.
La démarche de WikiLeaks est dirigée contre les États-Unis, même si c’est tout le monde qui est arrosé par effets de bord.
Quatrième remarque : une tragédie numérique
Outre que WikiLeaks fasse un choix, c’est-à-dire sélectionne les données, tout ceci s’accompagne d’une mise en scène : les annonces sont faites avant les divulgations, la figure de Julian Assange est mise en avant, des stratégies de diffusion se font avec la complicité des grands journaux nationaux. Tout sauf une fuite accidentelle relayée anonymement sur Internet de manière improvisée, à la manière du piratage des œuvres dites « culturelles ». La mise en scène et la théâtralisation de l’affaire WikiLeaks en font une tragédie numérique.
Comme toute tragédie grecque, il y a un public mais aussi un chœur, peut-être joué par les journalistes, ou tout du moins par un certain journalisme d’investigation que l’on croyait en voie de disparition.
Cinquième remarque : le principe de vérité
Ce que WikiLeaks révèle est vrai. Aucune personne n’a, à ma connaisse, contesté la véracité des documents.
On ne parle pas de rumeurs, les documents sont vrais et il est difficile de s’opposer à la diffusion de la vérité. Quel principe, dans notre civilisation occidentale, peut-on placer au dessus de la vérité ? La justice elle-même recherche la vérité pour juger.
Sixième remarque : une fonction cathartique
Il a été argué que la divulgation de ces documents mettait en danger la sécurité et la vie de certaines personnes. Mais, en même temps, l’état du monde est aujourd’hui tel qu’on ne peut s’empêcher de penser que ces divulgations ne peuvent qu’être bénéfiques car la manière dont fonctionne le monde aujourd’hui ne fait pas que menacer la sécurité ou la vie de quelques personnes. De la à ce que WikiLeaks endosse une fonction cathartique, une fonction de purification et de libération, il n’y a qu’un pas. D’ailleurs, le logo de WikiLeaks l’illustre et le revendique parfaitement.
Septième remarque : crise de confiance
Cette tragédie numérique témoigne d’une crise de confiance sans précédent, non seulement entre les gouvernements eux-mêmes, mais également entre les gouvernements et les citoyens. Situation renforcée par le fait que, finalement, la seule chose sur laquelle le consensus se fasse entre les gouvernements, c’est la mise à l’index de WikiLeaks. Les gouvernements font bloc et exercent une pression énorme sur tous les acteurs privés pour fermer le robinet : hébergement, DNS, mais aussi solution de paiement avec Paypal qui jette l’éponge.
WikiLeaks, peut jouer le rôle d’un déclencheur, mais sera-t-il pour autant cathartique ?
Le Département d’Etat U.S. conseille aux étudiants de ne pas aller lire les télégrammes diplomatiques publiés sur Wikileaks
[Gregor Seither – IES News Service – 04/12/2010]
Un email circule dans les universités U.S. parmi les étudiants travaillant sur les relations internationales et envisageant d’aller travailler pour les agences d’Etat. Il semblerait que le Département d’Etat, mais aussi le Pentagone et autres agences officielles avertissent ouvertement leurs recrues potentielles : si on découvre que vous avez lu les télégrammes publiés par Wikileaks, si vous les avez commentés ou publié des liens vers ces télégrammes, alors vous mettez sérieusement en péril vos chances d’être employé par le gouvernement fédéral
Le même type d’avertissement a également été envoyé aux soldats et employés du Pentagone qui accèdent à des sites d’information tandis que la Bibliothèque du Congrès ainsi que le Ministère U.S. de l’Education ont bloqué tout accès à Wikileaks sur leurs propres réseaux.
La question qu’il faut se poser est: étant donné que la presse généraliste a publié une bonne part de ces informations « confidentielles », faut-il en conclure que la lecture et le commentaire du « New-York Times », du « Spiegel » ou du « Monde » risquent de vous couter votre emploi ? Qu’en dit Eric Besson ?
Voici l’email en question:
Nous avons reçu un appel téléphonique d’un ancien étudiant SIPA travaillant aujourd’hui au Département d’Etat. Il nous a demandé de transmettre cette information à toute personne envisageant de postuler à un emploi au sein du gouvernement fédéral, l’attribution de ces postes s’accompagnant toujours d’une recherche d’informations sur le candidat et – dans certains cas – d’une enquête de sécurité.
Les documents publiés ces derniers mois par Wikileaks sont encore considérés comme étant classés « confidentiels ». Il vous conseille vivement de NE PAS publier de liens vers ces documents ni de faire des commentaires sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. Le fait de vous livrer à ce ce genre d’activités amènerait les recruteurs à douter de votre capacité à traiter des informations confidentielles, comme vous aurez à le faire dans bon nombre d’emplois fédéraux.
Cordialement,
Service de l’emploi étudiant (Office of Career Services)
Après les Etats-Unis, le ministre de l’industrie, de l’énergie et de l’économie numérique, Eric Besson, a décidé, vendredi 3 décembre, d’engager la bataille contre WikiLeaks, en étudiant les recours possibles contre l’hébergement en France du site qui a « violé » le secret diplomatique en publiant, depuis le 28 novembre, des centaines de documents confidentiels américains en collaboration avec Le Monde et d’autres grands titres de la presse mondiale. Le ministre de l’économie numérique a ainsi chargé, dans une lettre, le Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGIET) de lui indiquer « dans les meilleurs délais possibles quelles actions peuvent être entreprises afin que ce site Internet ne soit plus hébergé en France ». Dans la foulée, l’hébergeur OVH a annoncé, dans un message sur le forum de sa société, sa décision de « saisir le juge en référé afin qu’il se prononce sur la légalité ou pas de ce site sur le territoire français ».
« Une situation inédite », ont estimé les avocats Anthony Bem et Etienne Papin, spécialisés en droit des nouvelles technologies, qui reviennent sur les moyens légaux dont pourraient disposer le ministre et les services de l’Etat pour faire interdire l’hébergement de WikiLeaks par la société roubaisienne OVH et d’autres hébergeurs sur le territoire français.
La démarche entreprise par le ministre Eric Besson est-elle courante ?
Non, selon Me Etienne Papin, qui estime que « ce n’est pas tous les jours que le ministre s’interroge sur la légalité d’un site et saisit le CGIET ». Selon l’avocat, la question se pose de savoir pourquoi le ministère demande « un conseil juridique » au CGIET, qui « a des fonctions uniquement consultatives et est chargé dans certains domaines technologiques de formuler des avis pour les pouvoirs publics ». « Ce n’est pas totalement illogique », commente-t-il, bien que « curieux », dans la mesure où le CGIET réalise davantage des enquêtes de fond, sur la durée.
Circonspect sur l’issue de la démarche du ministre, Me Anthony Bem y voit toutefois des aspects politique et juridique positifs. « C’est positif de faire avancer le débat politique sur la question de la responsabilité sur Internet et de la responsabilité des sites, car il y a un grand contentieux et un défaut de règles légales, un vide juridique. Il faut organiser et fixer les procédures », estime-t-il. (suite…)
Dans la nuit, PayPal aurait suspendu le compte de Wikileaks en raison d’une « violaton des conditions d’utilisation » qui stipule que le service de paiement ne peut être utilisé pour « aucune activité qui encourage, facilite ou éduque les autres à mener des activités illégales ». « Ce destinataire n’est pas en mesure actuellement de recevoir de l’argent », lit-on quand on tente de se connecter. « PayPal a banni Wikileaks à la suite de pressions du gouvernement américain« , affirme Wikileaks sur Twitter.
Après les supports techniques, ce sont donc les moyens financiers qui sont attaqués. Pour faire le point sur toutes les attaques dont Wikileaks est la cible, lire « Haro sur Wikileaks et Assange. »
Après les rafles contre les étrangers, maintenant c’est la chasse à la liberté d’expression.
Quand il y a un sale coup à faire, on peu compter sur Eric Besson. Quand il faut lécher le cul des Etats-Unis, on peut compter sur Eric Besson…
Les élections c’est dans quelques mois… souvenez vous-en !
Note de Hichem: est-ce que Besson va également faire interdire les journaux (Le Monde, The Guardian, Der Spiegel, El Pais…) qui ont publié les télégrammes révélés par Wikileaks ?
Eric Besson demande l’interdiction de l’hébergement de WikiLeaks en France
[AFP 03/12/2010]
Le ministre de l’industrie, de l’énergie et de l’économie numérique, Eric Besson, a demandé vendredi au Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies de mettre fin à l’hébergement du site WikiLeaks en France.
Espionnage AEF : pourquoi Christine Ockrent est mise en cause
[Marianne 2 – Vendredi 3 Décembre 2010 ]
Directrice déléguée du groupe Audiovisuel extérieur de France, Christine Ockrent est mise en cause dans la découverte d’un système d’espionnage interne mis en place par un prestataire très proche du couple qu’elle forme avec Bernard Kouchner. Marianne publie dans son édition papier du 4 décembre des documents qui désignent Christine Ockrent.
Mardi 30 novembre à 23 heures, lepoint.fr, sous la plume d’Emmanuel Béretta, publiait un article révélant la plainte contre X au pénal pour « intrusion et vol de données dans un système automatisé informatique », déposée officiellement par la direction du groupe Audiovisuel de France, qui chapeaute France 24, RFI et TV5. Marianne est aujourd’hui en mesure de le dire : non seulement cette plainte est tout ce qu’il y a de plus sérieuse, mais encore l’enquête qui progresse désigne directement, et pour plusieurs raisons, l’épouse de Bernard Kouchner comme étant au coeur du système de piratage informatique interne découvert dans les ordinateurs de la holding du groupe « l’Audiovisuel extérieur français ». (…)
Constatant le peu de réactivité de la police, Alain de Pouzilhac, le Président du groupe contre lequel Christine Ockrent, directrice déléguée, mène une guérilla depuis cet été, a confié le 19 novembre une enquête au cabinet Forensic & Legal Services, expert de justice près de la Cour d’appel de Paris. Lequel a remis deux rapports au PDG de AEF. Le premier rapport concerne Thibault de Robert, un cadre spécialisé dans la sécurié informatique, salarié de Lagardère Active, mais qui oeuvrait en l’occurence pour AEF depuis l’été 2008, à la demande de Christine Ockrent. Ce premier rapport est accablant pour Thibault de Robert, un ami de longue date du couple Kouchner-Ockrent.
Le deuxième rapport concerne Candice Marchal, une vieille connaissance de Chrisine Ockrent avec laquelle elle collaborait à France 3. Les informaticiens travaillant sur cette enquête n’ont pas encore dépouillé toutes les données trouvées dans l’ordinateur de Candice Marchal, soit 2,5 millions de documents. Mais les échanges montrent sa proximité avec Christine Ockrent. Certains de ces mails, dont les enquêteurs ont pris connaissance, indiqueraient que Christine Ockrent n’ignorait pas ce système de piratage interne.
Marianne publiera samedi 4 décembre, et vendredi 3 décembre sur Internet, l’ensemble de l’enquête de Pierre Péan et Philippe Cohen. On y apprendra pourquoi, au sein du staff d’Audiovisuel extérieur de France (AEF), les principaux dirigeants du groupe suspectent la directrice déléguée d’avoir organisé ou au moins toléré la mise au point de ce système de piratage interne. Depuis que le scandale a éclaté, Christine Ockrent s’est bornée à indiquer qu’elle n’était pour rien dans cette affaire. Il reste à savoir ce que diront ses deux amis lorsqu’il seront interrogés par la police, qui vient de récupérer le rapport d’expertise du cabinet mandaté par la direction d’AEF.
Expulsé d’Amazon, WikiLeaks trouve refuge en France
Le site spécialisé dans les fuites d’informations fait désormais appel à OVH, un hébergeur de Roubaix.
[Guerric Poncet – Le Point – 03/12/2010]
Un hébergeur français, OVH, a accepté de combler la brèche ouverte par la défection d’Amazon pour l’hébergement de wikileaks.org, ainsi que le relève Gizmodo, preuves à l’appui. L’adresse du site spécialisé dans les fuites d’informations pointe désormais vers Roubaix et les serveurs du groupe français. Grand acteur de l’hébergement en France, OVH a fait preuve par le passé d’un engagement fort pour la liberté d’expression. Contactée par Le Point.fr, une porte-parole a refusé de commenter cette information « pour le moment ».
Depuis la mise en ligne de câbles américains confidentiels, dimanche, wikileaks.org est accessible de manière sporadique. Sur Twitter, le site a dénoncé des cyberattaques dirigées contre ses serveurs, alors que ceux qui acceptent de l’aider sont la cible de pressions de la part des gouvernements, presque tous concernés par les révélations.
Amazon cède aux pressions et lâche WikiLeaks
Avant de publier de nouveaux documents, WikiLeaks avait pris ses précautions : dimanche, le site disposait de deux hébergeurs distincts, aux reins solides. Le premier, Bahnhof, est un groupe suédois célèbre pour être partenaire du très controversé The Pirate Bay. Bahnhof a installé ses serveurs dans un ancien abri anti-atomique, ce qui garantit une grande sécurité contre les intrusions physiques. Le second hébergeur n’était autre que le géant américain du livre, Amazon, qui propose un service d’hébergement en mode « cloud », partagé entre de nombreux serveurs. Ce type d’hébergement a la particularité de bien résister aux attaques DDoS (déni de service), dont WikiLeaks a justement été la cible dès dimanche soir.
Mercredi, Amazon a coupé l’accès de WikiLeaks, apparemment sous la pression des autorités américaines. L’hébergeur suédois Bahnhof s’est alors retrouvé seul pour assurer la disponibilité du site, ce qu’il n’est pas parvenu à faire. Très énervé par la défection d’Amazon, WikiLeaks a publié un message assassin sur Twitter : « Si Amazon est si mal à l’aise avec le premier amendement » de la Constitution, qui concerne la liberté d’expression et la liberté de la presse, « il devrait arrêter de vendre des livres ». Aux États-Unis, WikiLeaks est largement perçu comme un traître qui mettrait en danger la vie des agents et des soldats sur le terrain. « J’aurais aimé qu’Amazon prenne cette mesure avant, étant donné les précédentes publications d’informations classifiées entreprises par WikiLeaks », a expliqué le sénateur indépendant Joe Lieberman, président de la commission de la Sécurité intérieure et des Affaires gouvernementales. C’était sans compter sur le secours du français OVH.
PRÉSENTATION : Une revue de web sans prétention et sans régularité, fruit des déambulations quotidiennes d'une équipe informelle d'agrégateurs d'informations et de veilleurs d'IES... qui s'intéressent aux questions de censure, de liberté d'expression, de manipulation, de propagande et de défense des libertés à l'heure des réseaux et des technologies de surveillance. "Ceux qui sont prêts à abandonner un peu de leur libertés fondamentales en échange d'un peu de sécurité illusoire ne méritent ni l'une ni l'autre" Benjamin Franklin