juin 2008



Ce serait assez logique, vu le statut historique de cette entité politique…

[Faits et Documents n° 258 – 02/07/2008]

Le député européen communiste Francis Wurtz vient de saisir le président du Parlement européen. Dans un courrier public du 12 juin, il indique qu’il :

« apparaît que des négociations secrètes sont en cours depuis un an entre l’Union européenne et les dirigeants de l’Etat d’Israël. Non pas, hélas, pour tenter de débloquer le processus de paix avec les Palestiniens […] mais pour examiner une demande proprement inimaginable de la part de Tel Aviv : celui de conquérir les droits d’un quasi-Etat-membre de l’Union européenne.

Selon certaines sources, il semblerait qu’Israël ne demande rien de moins que sa participation à tous les niveaux aux réunions de l’UE sur les questions de sécurité et de dialogue stratégique, aux délibérations du Conseil sur le Maghreb et le Mashrek comme sur les activités de l’UE au sein de l’ONU.

Tel Aviv demanderait en outre à pouvoir participer aux Conseils traitant de thèmes comme l’économie, les finances, l’énergie, l’environnement, les transports, les médias, la jeunesse, l’enseignement supérieur, ou encore à voir constituer une structure parlementaire conjointe Union européenne-Israël. »

Le député, qui dispose de divers documents internes, précise que les demandes israéliennes ont été présentées le 5 mars 2007, qu’un groupe de réflexion s’est réuni sur le sujet le 4 juin 2007, qu’une seconde réunion s’est tenue le 9 octobre 2007. « Tout cela, sans que la moindre information n’en ait été donnée à la représentation parlementaire de l’Union. »

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Y a des vendeurs aux « puces » à côté de chez moi qui vont aller droit en taule !

[Faits et Documents – n°258 – 01/07/2008]

Une proposition de loi (proposition 362, annexée au procès-verbal de la séance du 28 mai 2008), cosignée par une cinquantaine de sénateurs UMP (et autres groupes de la droite parlementaire) vise à interdire toute vente « d’objets liés au nazisme ou à d’autres auteurs de crimes contre l’humanité » alors que jusqu’alors n’étaient interdits que le port ou « l’exhibition publique » d’uniformes, d’insignes ou emblèmes « rappelant ceux que portaient, notamment les nazis ».L’unique exception serait le tournage de films sur l’Occupation, d’un spectacle ou d’une « exposition comportant une évocation historique ».

Serait puni de six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende le fait de « proposer ou de procéder à la vente d’un uniforme, d’un insigne ou d’un emblème rappelant les uniformes, les insignes ou les emblèmes qui ont été portés ou exhibés soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de l’article 9 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945, soit par une personne reconnue coupable par une juridiction française ou internationale d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité ».

Par ailleurs, si ces offres de vente ont été faites « à destination d’un public non déterminé (par) un réseau de communications électroniques », les peines seraient portées à un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. Les personnes physiques coupables se verraient par ailleurs retirer pour une durée de cinq ans toute arme soumise à autorisation, confiscation des dites armes, et confiscation de « la chose qui a servi ou était destinée à commettre l’infraction ou de la chose qui en est le produit », plus un travail d’intérêt général d’une durée de 40 à 210 heures.

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[Faits et Documents n°258 – 01/07/2008]

Les Français étaient largement représentés, cette année, à la conférence annuelle du Groupe de Bilderberg, l’une des principales associations mondialistes (cf. p. 8). Avaient fait le voyage outre-Atlantique, Nicolas Baverez, associé de Gibson, Dunn & Crutcher, conseiller privé de Nicolas Sarközy, Henri de Castries, PDG d’Axa, Bertrand Collomb, président honoraire de Lafarge, John Elkann, vice-président de Fiat (son père est français), Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat d’ouverture aux Affaires européennes, Christophe de Margerie, PDG de Total (la hausse du pétrole a constitué l’élément essentiel des discussions), Thierry de Montbrial, président de l’Institut français des relations internationales (IFRI), Christine Ockrent, journaliste (mais surtout épouse du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner), François Pérol, (secrétaire général de l’Elysée en charge des affaires économiques), le député socialiste Manuel Valls (prétendant à la direction du PS), Hubert Védrine, ancien ministre PS des Affaires étrangères.

A remarquer que pour la première fois, un grand hebdomadaire français, L’Express (19 juin), a consacré une longue brève à cette réunion. l’un des participants lui a précisé : « L’un des principes de ces réunions consiste en l’absence de toute communication externe. Cette règle m’est applicable à l’égard des autres participants et je ne peux ni ne veux y déroger. »

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[Fait et Documents – n°258 – 01/07/2008]

Passionnant entretien à Actualité juive (12 juin 2008) du commissaire de police Jean-Pierre Pochon, longtemps en charge de la surveillance des groupes activistes (extrême droite et extrême gauche aux Renseignements généraux), auteur du livre Les Stores rouges, au coeur de l’infiltration d’Action directe (Editions des Equateurs, 2008).

Interrogé sur l’extrême droite, il explique avoir fait infiltrer de longue date la Fane, accusée d’avoir organisé l’attentat de la rue Copernic en octobre 1980. Dès l’origine, il a su que ce mouvement n’y était pour rien (c’était un militant palestinien, aujourd’hui identifié), mais fut obligé de poursuivre dans cette direction à cause des pressions politiques socialistes : « Très vite, nous nous rendons compte que nous avons affaire à des gens peu sérieux, des excités haineux mais pas vraiment de dangereux terroristes. Ces militants sont d’ailleurs très faciles à “retourner”. On se trahit beaucoup à l’extrême droite… L’un d’entre eux, particulièrement médiatisé […] offre ses services au premier venu. Il vend tout, propose tout […] il est en contact avec une multitude de correspondants, notamment des gens proches de la Licra ou encore de l’OJD, l’Organisation juive de défense. » Il s’agit évidemment de Jean-Yves Pellay, longuement décrit dans Les Guerriers d’Israël (Facta, 1995).

Jean-Pierre Pochon ajoute : « Très vite, nous avons la certitude qu’elle (NDA : la Fane) n’est pas en mesure d’avoir commis l’attentat. La DST, qui enquête de son côté, privilégie elle aussi la piste moyen-orientale. Pourtant, nous sommes contraints de poursuivre et d’exploiter toutes les informations […] qui désignent l’extrême droite […] Le nouveau pouvoir socialiste n’allait pas se déjuger, se discréditer en abandonnant la piste néo-nazie et en reconnaissant que le véritable danger, c’était le terrorisme international. C’est guidé par cette même logique qu’il libéra les militants d’Action directe que nous avions arrêtés quelques années auparavant et qui se sont empressés de commettre des attentats sanglants. »

Des propos qui rappellent ceux de l’ancien directeur central des Renseignements généraux Yves Bertrand à propos de la prétendue implication du Front national dans la profanation du cimetière de Carpentras (dans Je ne sais rien, mais je dirai (presque) tout, Plon, 2007). Toute la police savait que le FN n’avait rien à y voir mais Pierre Joxe et François Mitterrand firent tout pour exploiter l’événement.

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[CNIL 19/05/2008 ]
La mise en place, dans plusieurs maternités, de bracelets électroniques fixés à la cheville des nouveau-nés pour prévenir les risques d’enlèvement a donné lieu, le 10 avril 2008, à une communication en séance plénière et à un débat plus large sur la surveillance électronique des personnes vulnérables. Compte tenu des enjeux, la Commission a décidé de lancer une réflexion de fond sur ce thème afin de définir à quelles conditions il est ou non admissible de mettre en place de tels dispositifs.

La Commission a été saisie de la mise en place au sein de plusieurs maternités d’un dispositif consistant à attacher un bracelet électronique à la cheville des nouveau-nés afin de prévenir toute tentative de kidnapping.

Ces bracelets sont équipés d’émetteurs reliés à un ordinateur central, les récepteurs répartis dans la maternité permettant à tout moment de localiser le bébé dans le service, de détecter les sorties du service et d’alerter en conséquence le personnel par une alarme.

Dans les dossiers présentés à la CNIL, ils permettent une surveillance électronique des déplacements du nouveau-né limitée à trois jours dans un rayon qui ne dépasse pas la maternité.

Lors de l’examen de ces dispositifs, la Commission, tout en constatant que ce type de service peut répondre à une attente des parents et apparaître justifié dans certaines situations à risque, s’est interrogée sur le caractère réellement proportionné, par rapport aux risques encourus, de la généralisation du bracelet à l’ensemble des nouveau-nés.

Si l’on fonde la légitimité du dispositif sur la seule vulnérabilité de l’enfant n’aura-t-il pas vocation à s’étendre ? On équipe aujourd’hui les maternités, il faudra demain équiper les crèches et les écoles, au risque d’habituer l’individu dès son plus jeune âge à une forme de contrôle quasi-permanent dont il ne sera plus à même de percevoir le caractère intrusif.

La CNIL a donc décidé d’engager une réflexion de fond sur le sujet et plus largement sur la surveillance électronique des personnes vulnérables, en auditionnant différents acteurs impliqués dans ces enjeux. A l’issue de ces auditions, elle rendra publiques ses conclusions sur le sujet. Cette réflexion est placée sous la responsabilité d’Anne Debet.

Cette réflexion est d’ailleurs commune à l’ensemble des autorités de protection des données puisque ce thème est inscrit à l’ordre du jour de la 30ème Conférence mondiale des commissaires à la protection des données à Strasbourg du 15 au 17 octobre 2008 « L’homme assisté : ange ou démon numérique ? ».

http://www.cnil.fr/index.php?id=2431


[L’expansion 19/05/2008]

Une entreprise allemande sur deux est concernée par l’espionnage industriel, en particulier chinois, russe et iranien. L’information est donnée par Hartwig Möller, un responsable des services de renseignements allemands, cité vendredi par le Financial Times Deutschland. Les méthodes sont très diverses, allant de l’usage d’internet à celui, plus classique, d’agents infiltrés dans les entreprises. « Des étudiants et des boursiers chinois ont essayé de mettre la main sur des résultats de recherche » dans les entreprises ou institutions les accueillant, a-t-il précisé.

http://www.lexpansion.com/economie/actualite-entreprise/une-entreprise-allemande-sur-deux-est-espionnee_153240.html


[Numerama – 15 Mai 2008]
Contrairement à ce qu’affirme l’industrie du disque aux enfants, il n’est pas encore acquis qu’en France le fait de télécharger illégalement des chansons puisse conduire à la suspension de l’abonnement à Internet. En Europe, aucun pays n’a encore mis en place la riposte graduée dont le principe a été rejeté comme étant contraire aux droits fondamentaux par le Parlement européen. Mais ça y est, la première déconnexion vient d’intervenir. Elle n’a pas touché un citoyen lambda, mais le gouvernement de la Province autonome de Âland, rattaché à la Finlande.

Selon Piraattiliitto, le Centre finlandais d’Information sur le Droit d’auteur et de Lutte contre le Piratage (CIDALP) aurait pour la première fois mis en oeuvre la loi sur le droit d’auteur rentrée en vigueur le 1er janvier 2006 pour obtenir la coupure de l’accès à Internet d’un abonné suspecté de piratage. L’enquête aura ensuite déterminé que l’adresse IP utilisée pour télécharger illégalement des chansons appartenait… au gouvernement autonome de la petite île de Âland, rattachée à la Finlande.

Qu’à cela ne tienne, l’accès à Internet a quand même été coupé, touchant probablement l’activité administrative de la Province qui ne compte que 27.000 habitants.

http://www.numerama.com/magazine/9591-La-1ere-deconnexion-pour-piratage-touche-un-gouvernement.html


[Arxiv – 19/05/2008]
Une étude parue fin avril jette un pavé dans la mare afin de réveiller l’opinion publique vis à vis de la large adoption du bluetooth. Alors qu’assistants personnels, téléphones et ordinateurs portables sont maintenant presque tous équipés du bluetooth (et souvent actifs à l’insu de leurs utilisateurs), un chercheur soulève le fait que, parallèlement au RFID, le bluetooth saimal aussi …

En employant des méthodes habituellement utilisées pour le RFID (radio frequency identification), Vassilis Kostakos a traqué des milliers de téléphones et appareils numériques équipés de la technologie Bluetooth.

Un constat s’impose: Bluetooth et RFID posent un même problème de traçabilité. Pire encore pour le bluetooth, chaque émetteur est aussi un scanner potentiel, contrairement aux tags RFID.

L’étude dénommée « IEEE security and privacy, The privacy implications of Bluetooth » menée par Vassilis Kostakos fait remarquer qu’alors même que la technologie RFID et ses possibles abus ont été pointés du doigt, le bluetooth continue à être déployé à grande échelle.

Pourtant, avec un identifiant unique, une diffusion non sélective, la possibilité de suivre un bien ou une personne, Bluetooth et RFID offriraient des possibilités d’identification identiques et les mêmes risques de brêches concernant le respect de la vie privée.

The privacy implications of Bluetooth IEEE security and privacy : http://arxiv.org/ftp/arxiv/papers/0804/0804.3752.pdf


[Belga/7sur7 – 18/05/08]

Un GSM ou lecteur MP3 équipé de la technologie Bluetooth peut menacer le secret de la vie privée de l’utilisateur. Un scanner Bluetooth peut suivre l’utilisateur et intercepter des données relatives à sa localisation et aux gens qu’il rencontre, rapporte dimanche le journal flamand Het Nieuwsblad op Zondag.

La technologie Bluetooth permet d’échanger, sans fil, des données entre une série d’appareils modernes: entre un récepteur GPS et un écran GPS, entre un GSM et un autoradio, entre une oreillette ou un casque sans fil et un GSM, entre un lecteur MP3 et un ordinateur domestique, entre un PDA (un agenda électronique) et un ordinateur portable, etc. Les appareils envoient un code unique qui leur permet de se reconnaître entre eux et de « dialoguer » ensemble dans un rayon de 100 mètres.

Un chercheur de l’université anglaise de Bath, Vassilis Kostakos, a développé avec son frère Panos un réseau simple de quatre scanners Bluetooth. Les quatre scanners ont été placés en quatre endroits de passage. Après six mois de mesures, ils avaient enregistré 10.000 appareils différents. Ce nombre élevé a même surpris les frères Kostakos: cela signifie qu’un passant sur treize (7,5%) avait un appareil Bluetooth en poche.

L’analyse des données a permis aux Kostakos de dresser des schémas détaillés du comportement des passants.
http://www.7sur7.be/7s7/fr/1503/Multimedia/article/detail/280237/2008/05/18/Le-Bluetooth-menace-le-secret-de-la-vie-privee.dhtml


[Canard WIFI – 21/04/2008]
La toute nouvelle agence Rossvyazokhrankultura (Service russe de protection des médias, des communications et de la culture) souhaite contrôler le Wi-Fi en Russie en imposant l’enregistrement de chaque équipement Wi-Fi et hotspot Wi-Fi du pays.

L’enregistrement est encore plus contraignant car seul le propriétaire du matériel pourra l’utiliser – aucun partage de connexion sans fil ne sera autorisé ! Adieu Fon (qui vient tout juste de lever des fonds grâce à un investisseur russe), Whisher et autres communautés de partage Wi-Fi …

10 jours sont nécessaires pour enregistrer les réseaux personnels, les ordinateurs portables, les téléphones et les PDA Wi-Fi. L’enregistrement d’un hotspot public est bien plus long et nécessite un nombre incalculable de documents et de certifications technologiques.

http://www.canardwifi.com/2008/04/21/en-russie-le-kgb-surveille-le-wi-fi/


[Journal du Net 13/04/2008]
British Telecom va à nouveau tester la technologie controversée de ciblage comportemental développée par l’américain Phorm sur une dizaine de milliers d’abonnés. Contrairement à la plupart des technologies de ciblage comportemental, celle de Phorm ne se contente pas d’observer les actions effectuées par les internautes sur un portail donné, mais sur l’ensemble du Web. Malgré de nombreuses craintes quant au non respect par cette technologie de la confidentialité des internautes, Phorm affirme ne pas stocker d’informations personnelles.

Anciennement connue sous le nom 121 Media, Phorm avait été la cible en 2005 de plusieurs plaintes déposées devant la FTC par des association de protection des données personnelles accusant l’entreprise de fournir des logiciels espions aux annonceurs. PeopleOnPage, l’une des applications développées par L’entreprise, alors nommée 121Media, avait été considérée comme étant un spyware par l’éditeur antivirus F-Secure. (suite…)


[The Nation – 01/05/2008 – traduit par Contre Info 13/05/2008]

L’approvisionnement en pétrole et matières premières en voie de raréfaction est devenu l’enjeu géostratégique majeur déterminant la politique des grandes puissances. Dans ce deuxième volet, Michael Klare analyse la concurrence qui oppose la Chine, la Russie et les USA en Afrique et en Asie Centrale. Dénonçant le choix d’une compétition militaire aussi coûteuse que dangereuse, il appelle à la mise en oeuvre d’une politique de coopération internationale ambitieuse en faveur des énergies nouvelles, seule solution raisonnable à moyen terme.

Par Michael T. Klare, The Nation, 1er mai 2008

Aucune autre superpuissance n’est en mesure d’égaler la projection mondiale des forces armées qui permet aux États-Unis de garantir ou de protéger ses approvisionnements en matières premières vitales. Néanmoins, d’autres puissances montantes commencent à remettre en cause par leurs actions cette prééminence américaine. La Chine et la Russie livrent aujourd’hui des armes aux producteurs de pétrole et de gaz dans les pays en développement et elles renforcent leurs capacités militaires dans les principaux pays producteurs d’énergie.

C’est en Afrique que les efforts déployés par la Chine pour l’accès aux ressources sont le plus évidents. Beijing y a établi des liens avec de nombreux pays producteurs de pétrole : Algérie, Angola, Tchad, Guinée Equatoriale, Nigeria et Soudan. La Chine veut également accéder aux abondantes ressources du continent en minéraux : cuivre de Zambie et du Congo, chrome du Zimbabwe et gisements de minéraux en Afrique du Sud. Dans chaque cas, les Chinois ont courtisé les fournisseurs en pratiquant une diplomatie vigoureuse, en offrant une aide au développement et des prêts à faible taux d’intérêt, en développant des projets culturels remarquables – et, dans bien des cas, des armements. La Chine est désormais un important fournisseur de matériel militaire dans ces pays et est surtout connu pour ses ventes d’armes au Soudan – armes qui auraient été utilisés par les forces gouvernementales pour se livrer à des attaques contre des populations civiles au Darfour. En outre, à l’image des États-Unis, la Chine a complété ses livraisons d’armes par des accords de soutien logistique et de formation, ce qui conduit à une augmentation régulière du nombre des instructeurs, des conseillers et des techniciens chinois, qui sont maintenant en concurrence avec leurs homologues américains pour tenter de gagner la loyauté des officiers des armées africaines.

Un processus très semblable se déroule en Asie centrale, où la Chine et la Russie coopèrent sous les auspices de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) pour fournir des armes et une assistance technique aux forces militaires des « stans » d’Asie centrale – là encore en situation de concurrence avec les USA pour gagner la loyauté des élites militaires locales. Dans les années 1990, la Russie était trop préoccupée par la situation en Tchétchénie pour accorder beaucoup d’attention à cette région, et la Chine avait également d’autres priorités, ce qui a permis à Washington de bénéficier d’un avantage temporaire. Cependant, au cours des cinq dernières années, Moscou et Beijing ont fait des efforts concertés pour gagner en influence dans la région. De ce fait, l’environnement géopolitique y est désormais bien plus concurrentiel, et la Russie et la Chine, liées par l’OCS, gagnent du terrain grâce à leurs efforts pour réduire l’influence des USA.

L’une des preuves visible de cette situation a été fournie lors des manoeuvres militaire que l’OCS a effectuées l’été dernier, les premières du genre auxquelles aient participé tous les États membres de l’organisation.

La suite…

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1972


[The Nation – 01/05/2008 – traduit par Contre Info 07/05/2008]

L’approvisionnement en pétrole et matières premières en voie de raréfaction est devenu l’enjeu géostratégique majeur déterminant la politique des grandes puissances. C’est dans cette optique que le Pentagone reconfigure ses forces et repense sa doctrine stratégique. De l’Asie Centrale à l’Afrique en passant par les Balkans et le Moyen Orient, les USA veulent contrôler les zones de production et les voies d’acheminement des ressources vitales. Dans ce grand jeu, la Navy se voit attribuer un rôle clé, celui de s’assurer de la maîtrise des routes maritimes face au rival chinois. Des dizaines de milliards de dollars lui sont attribués pour financer cette montée en puissance.

Par Michael T. Klare, The Nation, 1er mai 2008

Alors que les préoccupations au quotidien de l’armée américaine sont centrées sur l’Irak et l’Afghanistan, les stratèges militaires dirigent de plus en plus leurs regards au-delà de ces deux conflits. Ils envisagent désormais l’émergence d’un théâtre d’opération global où l’élément déterminant sera la lutte pour les ressources vitales bien plus que, comme par le passé, l’idéologie ou les politiques visant à l’équilibre des forces entre les puissances. Estimant que les États-Unis devaient repenser leur doctrine militaire et reconfigurer leurs forces afin de pouvoir l’emporter dans un tel environnement, les responsables militaires américains ont pris des mesures en vue d’améliorer tant la planification stratégique que les capacités de combat de la nation. Bien que peu d’éléments aient été portés à la connaissance du public, un certain nombre d’indications significatives de cette inflexion sont pourtant connus.

Depuis 2006, le ministère de la défense, dans son rapport annuel intitulé « Puissance Militaire de la République Populaire de Chine », met désormais sur le même plan la compétition pour les ressources et l’éventualité d’un conflit au sujet de Taiwan en tant que causes potentielles pouvant déclencher une guerre entre les États-Unis et la Chine. La préparation à un affrontement pour Taiwan reste « un facteur important » de la modernisation militaire entreprise par la Chine, note l’édition 2008 de ce rapport, mais « l’analyse des acquisitions militaires et de la réflexion stratégique chinoise suggèrent que Beijing développe également des capacités utilisables dans d’autres circonstances, telles qu’un conflit sur les matières premières. » Ce rapport suggère que les Chinois envisagent de renforcer leur capacité de « projection de puissance » dans des régions qui leur fournissent les ressources dont l’importance est critique, en particulier les combustibles fossiles, et que ces efforts constituent une grave menace pour l’Amérique en matière de sécurité.

La suite …

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1957


[01 Net 06/06/08]
Tout le monde connait l’existence des kits de construction pour logiciels malicieux. Mais beaucoup pensent encore que, pour se les procurer, il faut se plonger dans les bas-fonds du Web et trainer dans des forums douteux aggrémentés de pages pornographiques.
Ce temps est bien révolu. Les hackers se professionnalisent et adoptent les modèles économiques classiques des éditeurs de logiciels : vente de licences, support logiciel, assistance utilisateur, diffusion Saas (Software as a service), etc.
Vous n’y croyez pas ? L’éditeur d’antivirus Panda vient récemment de pointer du doigt un des fournisseurs les plus gonflés : Turkojan. Disponible en trois éditions : Bronze, Silver et Gold

http://www.01net.com/editorial/382442/un-cheval-de-troie-avec-support-24-x-7


Réformisme social au XIXe siècle, paternalisme autoritaire au XXIe

[Laurent Bonelli – Le Monde Diplomatique – Mars 2008]

Opérations policières à grand spectacle, inflation de la vidéosurveillance : à la veille des élections municipales françaises, les politiques publiques de lutte contre la délinquance prétendent « restaurer l’autorité ». Depuis 2001, au moins treize textes de loi ont renforcé l’arsenal juridique destiné à combattre l’« insécurité ». Les réformateurs sociaux, quant à eux, avaient compris dès la fin du XIXe siècle qu’un maintien durable de l’ordre impose l’amélioration des conditions d’existence.
Si l’on en juge par le nombre de candidats, de gauche comme de droite, qui ont axé leur campagne sur la mise en place de caméras de vidéosurveillance ou d’une police municipale, il semblerait que la « sécurité des biens et des personnes » occupe une place importante dans les élections municipales des 9 et 16 mars 2008. En la matière, c’est surtout sur le terrain de la « restauration de l’autorité » que les élus municipaux sont mis à contribution, notamment depuis la loi relative à la prévention de la délinquance du 5 mars 2007 (1). Au point que certains d’entre eux s’inquiètent du rôle de maire Fouettard que l’on veut leur faire endosser.

Depuis la fin des années 1990, la « crise de l’autorité » est en effet devenue un lieu commun pour expliquer les problèmes de violence ou de délinquance de la société française. C’est même l’un des thèmes favoris de M. Nicolas Sarkozy, qui déclarait en février 2007 : « A bas l’autorité ! C’était cela le programme de Mai 68. A bas l’autorité ! Le moment était venu de vivre sans contrainte et de jouir sans entrave. A bas l’autorité ! C’était, prétendaient-ils, la condition de la libération de l’homme aliéné par le travail, par la vie en société, par l’économie, par son éducation et même par sa famille. A bas l’autorité ! Cela voulait dire : l’obéissance de l’enfant à ses parents, c’est fini ! Démodé ! La supériorité du maître sur l’élève, c’est fini ! Ringard ! la soumission à la loi, c’est fini ! Dépassé ! le pouvoir de police, c’est fini ! Enfin ! (…) la morale, c’est fini ! (…), la politesse, la courtoisie, le respect pour la personne âgée, pour la femme ! C’est fini (2) ! » Il n’est pas le seul : M. Gérard Larcher, ministre délégué à l’emploi, au travail et à l’insertion professionnelle des jeunes du gouvernement Villepin, analysait les troubles d’octobre-novembre 2005 comme la conséquence d’une absence de repères liée à la polygamie des familles africaines. Et on ne compte plus le nombre d’intellectuels qui évoquent la « crise du modèle parental maghrébin (3) » et appellent la République à réapprendre à punir. (suite…)


[Bakchich – Doug Ireland – 06/05/2008]

Pendant six longues années, le Pentagone a délibérement intoxiqué et manipulé les médias qui couvraient la guerre en Irak. Objectif : influencer l’opinion publique américaine. Doug Ireland revient dans le détail sur ce scandale encore tabou aux Etats-Unis.

C’est une histoire digne d’un roman de George Orwell. Entre 2002 et la fin avril 2008, le Pentagone a fait infiltrer toutes les grandes chaînes de télévision américaines par 75 gradés de l’armée à la retraite. Tous avaient été embauchés par ces médias comme analystes et c’est l’ancien secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, qui a initié ce vaste programme d’intoxication. Si la Maison Blanche occupée par George W. Bush suivait de près le travail des taupes du Pentagone, Rumsfeld avait explicitement interdit à ses hommes de révéler aux chaînes de télévision qu’ils faisaient partie de cette opération.

C’est finalement le New York Times qui a vendu la mèche le 20 avril 2008 . Hélas, aucune des chaînes dupées par le Pentagone, y compris CNN, NBC, CBS, ABC et Fox News, n’ont pris la peine d’en faire état. Même si leurs téléspectateurs ont copieusement été bernés pendant des années. Beaucoup de ces « analystes militaires » partageaient l’idéologie des néo-conservateurs qui n’étaient autres que les plus proches conseillers de Donald Rumsfeld. (suite…)


Le Syndicat national des journalistes (SNJ), premier syndicat de la profession, a jugé lundi « particulièrement insuffisant » le projet de loi Dati sur la protection du secret des sources des journalistes qui doit être examiné jeudi par l’Assemblée natinonale.

« Si le texte actuel n’est pas très sérieusement amendé, ses dispositions seront plus dangereuses qu’utiles », a estimé le SNJ dans un communiqué publié lundi. Selon lui, « les dérogations au principe de protection du secret des sources sont très insuffisamment encadrées et très imprécises dans leur formulation. »

Le syndicat rappelle aux députés « qu’il ne demande pas la protection des journalistes mais la protection de leurs sources. A ce titre, ce sont, en plus des journalistes, tous les porteurs de ce secret qui doivent bénéficier de la même protection ainsi que tous les lieux où les journalistes exercent leur profession et pas seulement leur entreprise et/ou leur domicile », estime-t-il. (suite…)


[DataNews – Belgique 9 avril 2008]
Avec la puce intégrée entre autres au passeport belge moderne, il est possible de connaître à distance de quel pays elle provient. Voilà ce qu’ont découvert des chercheurs de l’université néerlandaise Radboud. L’information en question peut alors être exploitée pour des vols ciblés, voire pour des ‘passeports bombes.

Voilà ce qu’on pouvait lire, hier, dans le journal néerlandais Trouw et qui est publié aujourd’hui dans les journaux du groupe Corelio. Des chercheurs de l’université Radboud ont découvert qu’il est très facile de découvrir d’où provient la puce RFID pourtant fortement sécurisée. (suite…)


[Blog de David Assoulinne – 14/05/2008]
Ce billet est le premier mais certainement pas le dernier consacré aux moyens de maîtriser Internet afin de le rendre accessible au public jeune.

Une chose est certaine, on est encore loin du compte. Le dernier rapport de la Défenseure des enfants est accablant : à 14 ans, deux garçons sur trois et 36 % des filles ont vu des films pornographiques ; parmi les garçons âgés de 14 à 18 ans, un sur quatre déclare avoir vu des films ou images pornographiques au moins dix fois durant l’année écoulée. La plupart de ces contenus ont probablement été visionnés sur Internet.

Au-delà du débat sur leur impact, il faut souligner qu’une législation stricte a été mise en place afin de soustraire les jeunes à ces images sur la télévision. Ce qui m’interpelle aujourd’hui, c’est le contraste entre une télévision très largement réglementée et de l’autre l’inefficacité supposée de la plupart des filtres Internet. Quand on sait qu’un adolescent passe aujourd’hui autant de temps devant Internet que devant la télévision, les parents peuvent avoir de quoi s’inquiéter.

Voici les solutions les plus souvent évoquées :

  • – la responsabilité des fournisseurs d’accès ;
  • – la pénalisation des sites illégaux ;
  • – la mise en place de logiciels de filtrage ;
  • – la constitution de listes de sites, blanche pour les plus jeunes et noire pour les adolescents, permettant la sélection préalable des sites visités.

Pour l’instant, je n’ai exploré pleinement aucune de ces quatre pistes et n’ai aucune idée préconcue. A votre avis, l’une d’entre elle serait-elle plus efficace que les autres ?

http://blogs.senat.fr/mediasjeunesse/index.php?/archives/17-Controler-Internet-une-utopie.html


La guerre secrète en Turquie: Le coup d’Etat militaire de 1980

Le général Evren tint son engagement. Il s’empara du pouvoir lors du coup d’Etat du 12 septembre 1980 pendant que la Force mobile de l’OTAN effectuait un exercice Anviel Express. Au cours de son procès, un activiste d’extrême droite prétendit plus tard que les massacres et les attentats perpétrés dans les années 1970 avaient fait partie d’une stratégie visant à permettre l’accession au pouvoir d’Evren et de la droite militaire: «Les massacres étaient une provocation du MIT, qui avec celle de la CIA ont préparé le terrain pour le coup du 12 septembre.» On découvrit par la suite qu’au moment du putsch, le général Evren avait dirigé le Département des opérations spéciales et commandait à présent l’armée secrète contre-guérilla. Quand celui-ci troqua sa tenue de camouflage contre un costume cravate et se proclama Président de la République, tous les attentats terroristes cessèrent soudainement.
Le président américain Jimmy Carter était à l’opéra lorsque survint le coup d’Etat en Turquie. Dès qu’il apprit la nouvelle, il appela Paul Henze, l’ancien chef de station qui avait quitté Ankara juste avant le putsch pour devenir conseiller à la sécurité auprès du Président à Washington, au département Turquie de la CIA. Au téléphone, Carter lui annonça ce qu’il savait déjà: «Vos gars viennent de réaliser un coup d’Etat!» Carter avait vu juste. Le lendemain du putsch, Henze déclara triomphalement à ses collègues de la CIA: «Nos gars l’ont fait!»

Ganser, Les armées secrètes de l’OTAN, pp. 325/26.


Le «Boucher de Lyon», un protégé des USA

Erhard Dabringhaus, qui collabora avec le CIC américain en Allemagne en 1948 et 1949, a déclaré dans un documentaire consacré à Gladio avoir lui-même participé au recrutement d’anciens nazis, quoiqu’il désapprouvât fortement cette pratique. «En 1948, j’étais un agent spécial du CIC, notre service de contre-espionnage dans l’Allemagne occupée. J’étais stationné à Augsburg et étant donné que je parlais couramment la langue, on m’a confié la direction d’un réseau d’informateurs allemands dont faisait partie Klaus Barbie et Klaus Barbie était, euh … j’ai découvert plus tard qu’il était recherché pour meurtre par les Français et j’en ai fait part à mes supérieurs qui m’ont répondu de ne pas faire de vagues: «Il nous est toujours utile pour l’instant. Dès qu’on n’aura plus rien à en tirer, on le livrera aux Français.» Je pensais que je mériterais une promotion pour leur avoir parlé de Barbie et ils m’ont simplement dit de la boucler!»

Ganser, Les armées secrètes de l’OTAN, pp. 264/65.


La guerre froide en Europe

La doctrine de Brejnev pour les Etats du Pacte de Varsovie

«Nous ne pouvons pas admettre que des forces étrangères détournent leur pays de la voie du socialisme et menacent de détacher la Tchécoslovaquie de la communauté socialiste.»27 En intervenant dans les affaires intérieures des pays socialistes, les Soviétiques ont limité leur souveraineté.

La doctrine de Brejnev de Washington pour l’Europe occidentale

Concernant les pays membres de l’OTAN, les Etats-Unis ont déclaré ce qui suit:
«En cas de troubles intérieurs susceptibles d’entraver la mission des troupes américaines, tels qu’une insurrection militaire ou un vaste soulèvement populaire contre le gouvernement du pays hôte, [l’armée américaine] doit tout mettre en œuvre pour enrayer ces troubles en utilisant ses propres res­sources.»28


Créer un climat de tension

Exemple type d’une opération visant à créer un climat de tension: le 6 septembre 1955, des agents du réseau stay-behind turc25 lancèrent une bombe dans une maison de Thessalonique qui abritait un musée consacré à Mustafa Kemal et revêtait à ce titre une importance particulière aux yeux des Turcs. Les agents ne laissèrent quasiment aucun indice et accusèrent la police grecque d’avoir commis l’attentat. Cette opération de terrorisme sous fausse bannière fonctionna parfaitement et le gouvernement et la presse turque attribuèrent aux Grecs la responsabilité de l’attentat. Rapidement, les 6 et 7 septembre 1955, des mouvements fanatiques turcs galvanisés par la contre-guérilla26 détruisirent des centaines de maisons et de locaux d’entreprises grecques à Istanbul et Izmir, tuant 126 ressortissants Grecs, en blessant 32 et violant au passage environ 200 femmes grecques.

Ganser, Les armées secrètes de l’OTAN, p. 310.


Souveraineté limitée pour la Grèce

A l’été 1964, le Président Johnson convoqua l’ambassadeur de Grèce Alexandre Matsas à la Maison Blanche et lui dit que les problèmes de Chypre devaient être résolus par la partition de l’île en deux zones, l’une grecque, l’autre turque. Matsas refusa, provoquant la fureur de Johnson: «Ecoutez-moi bien, M. l’Ambassadeur. Je me fous de votre Parlement et de votre Constitution. L’Amérique est un éléphant. Chypre est une puce. La Grèce est une puce. Si ces deux puces continuent de chatouiller l’éléphant, il pourrait bien les écraser d’un coup de trompe, et pour de bon!» Comme le soulignait Johnson, le gouvernement grec devait se conformer aux ordres de la Maison Blanche. «Les Grecs profitent largement des dollars américains, M. l’Ambassadeur. Si votre Premier ministre continue à me parler de Démocratie, de Parlement et de Constitution, il se pourrait bien que lui, son Parlement et sa Constitution n’en aient plus pour très longtemps.»

Quand Matsas, outré, tenta de protester: «Je ne peux tolérer de telles manières», Johnson continua: «N’oubliez pas de répéter à votre vieux Papa-je-ne-sais-plus-quoi ce que je viens de vous dire. N’oubliez pas de lui dire, vous m’entendez?», sur quoi Matsas câbla la conversation au Premier ministre George Papandréou. Quand la NSA intercepta le message, le téléphone de Matsas sonna. C’était le Président John­son: «Vous cherchez les ennuis, M. l’Ambassadeur? Vous voulez vraiment que je me mette en rogne? Il s’agissait d’une conversation privée. Vous n’étiez pas censé répéter les termes que j’ai employés devant vous. Faites attention.» Clic. Fin de la communication.

Ganser, Les armées secrètes de l’OTAN, pp. 300/01.


L’Europe après la Seconde Guerre mondiale: Démocraties libres ou satellites des USA?

[Henriette Hanke Güttinger – Horizons et Débats – 19 juin 2008]

L’étude scientifique de l’historien Daniele Ganser intitulée «Les armées secrètes de l’OTAN – Réseaux Stay Behind, Gladio et terrorisme en Europe de l’Ouest» est parue en 2007 en français1. Dans cet ouvrage brillamment rédigé, Ganser présente les faits de manière nuancée et aisément compréhensible pour le profane. Ce qu’il nous apprend va changer fondamentalement l’historiographie de l’époque de la guerre froide. Ce livre se lit comme un roman.

Ganser montre que de la fin de la Seconde Guerre mondiale à 1990 existaient dans les pays membres de l’OTAN, à côté des troupes ordinaires de l’Alliance, des armées secrètes de l’OTAN (nommées aussi Stay-Behind ou Gladio) qui avaient été mises en place par la CIA et le MI6 britannique.2 Ces armées secrètes de l’OTAN étaient commandées et coordonnées par un bureau de la sécurité secret au sein du quartier général de l’OTAN à Bruxelles. Selon l’ex-président américain Richard Nixon, L’OTAN elle-même était soumise au Pentagone.3

Les représentants des armées secrètes se réunissaient chaque année dans l’une des capitales européennes. «Des représentants de la CIA étaient toujours présents aux réunions des armées stay-behind» se souvient le général Gerardo Serravalle qui avait commandé le Gladio en Italie entre 1971 et 1974.4

Le but de ces armées secrètes était de créer des structures clandestines pour armer l’Europe de l’Ouest contre une invasion soviétique et pour empêcher la prise de pouvoir des communistes dans les pays européens.5 La CIA et le MI6 financèrent la constitution et le fonctionnement de ces troupes de guérilla clandestines, ils les entraînèrent et aménagèrent des caches secrètes remplies d’armes et d’explosifs.

Ganser décrit les activités6 des armées secrètes de l’OTAN en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, en Italie, en France, en Espagne, au Portugal, en Belgique, aux Pays Bas, au Luxembourg, au Danemark, en Norvège, en Allemagne, en Grèce7 et en Turquie. Dans ces pays, il n’y avait que quelques représentants politiques bien choisis qui étaient informés de l’existence de ces armées secrètes. De manière générale, les parlementaires élus par le peuple ne se doutaient de rien. Ainsi ces armées de l’OTAN opéraient en dehors de tout contrôle démocratique. (suite…)


[Jean Marc Manach – LE MONDE.FR | 20.06.08]
Les pays européens ont jusqu’au 29 juin 2009 pour doter leurs ressortissants de passeports biométriques. A terme, les passeports du monde entier devront eux aussi être « lisibles par la machine » et comporter les empreintes digitales et photographies d’identité numérisées de leurs détenteurs. Les perspectives offertes par ce marché de la sécurisation des titres d’identité sont colossales.

Sagem Sécurité, qui vient de remporter l’appel d’offres (de 120 millions d’euros) des passeports biométriques en France, est le leader mondial de la gestion de l’identité sécurisée. Filiale du groupe Safran, la société revendique 80 % du marché civil des systèmes d’identification biométrique, et « la saisie des données personnelles de plus de 200 millions de personnes dans plus de soixante pays », essentiellement africains, sud-américains ou du Golfe.

Mais Sagem Sécurité peine encore à imposer ses documents d’identité sécurisés dans les pays industrialisés, qui se sont surtout intéressés à ces solutions policières, à l’image du fichier automatisé des empreintes digitales du ministère de l’intérieur ou de ceux du FBI et d’Interpol. Ce type de documents, et les technologies (biométrie, puces RFID, etc.) impliquées, est pourtant considéré comme prioritaire, depuis des années, par le gouvernement.

En 2005, Dominique de Villepin, alors ministre de l’intérieur, avait ainsi insisté sur l’importance, en termes de « souveraineté économique, industrielle et technologique », de la maîtrise, considérée « vitale pour notre sécurité », des « technologies sensibles », et notamment de la biométrie. En lui succédant, Nicolas Sarkozy avait quant à lui fait de la création de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS), chargée de la modernisation des titres d’identité et maître d’œuvre du passeport biométrique, l’une de ses priorités.

« IL N’EST PLUS POSSIBLE DE RECULER » : Depuis, la mise en place du passeport biométrique semble avoir avancé à marche forcée. En décembre, Michèle Alliot-Marie a inauguré l’ANTS en soulignant, non seulement son expertise technologique, mais aussi le fait qu’elle était « en première ligne d’une bataille politique et industrielle ». L’objectif assigné par la ministre est ambitieux : « la France doit être en mesure de proposer des solutions françaises et communiquer de manière sécurisée avec les procédures de ses principaux partenaires, sinon elle court le risque de se voir imposer leurs solutions. Ceci la priverait à la fois d’un moyen d’influence et supprimerait un levier de développement puissant ».

Alors que le décret sur les passeports biométriques n’avait pas encore été rendu public (il ne l’a été que le 4 mai), Michèle Alliot-Marie avait également annoncé que « la distribution du premier passeport biométrique aura lieu au début du mois d’octobre 2008 », et l’organisation, le 23 octobre 2008, d’une manifestation internationale dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, « consacrée aux enjeux liés à la carte à puce pour la vie quotidienne des citoyens ».

Une note confidentielle révélée par Bakchich.info au sujet de cette manifestation souligne d’ailleurs que « la biométrie est une priorité de la France », d’autant que « l’Union européenne est la première entité au monde à développer à l’échelle de plusieurs pays des titres électroniques intéropérables ».

http://www.lemonde.fr/technologies/article/2008/06/20/la-biometrie-est-en-premiere-ligne-d-une-bataille-politique-et-industrielle-internationale_1061058_651865.html#ens_id=1061049


[Ecrans – jeudi 19 juin 2008]
C’est une première en Europe : la Suède a voté hier une nouvelle loi autorisant un organisme civil, chapeauté par le ministère de la Défense, à mettre en place de grandes écoutes des communications de tous ses citoyens. Au nom, bien entendu, de la sécurité du pays. Le projet, très contesté, est passé de justesse (143 voix pour, 138 contre et une abstention) au Parlement suédois. Fait rare : selon l’AFP, une manifestation était organisée devant le parlement pour demander le retrait du projet de loi. Un site de protestation avait également été mis en place. Sans succès.

En pratique, la loi, qui entrera en application au 1er janvier prochain, dote l’Agence d’écoutes militaires suédoise, un organisme civil qui se limitait jusqu’à présent aux écoutes radio, du pouvoir d’intercepter les emails et les communications téléphoniques entrant et sortant du pays. Mais pour être mis en place, ce système d’écoute doit s’appliquer à l’ensemble des communications, y compris celles internes au pays : c’est dans un second temps seulement que l’Agence d’écoutes militaires distinguera les communications extérieures. Autrement dit, sous prétexte de sécurité nationale, la loi pose les bases d’une surveillance globale des communications suédoises.

D’autant que l’Agence d’écoutes militaires suédoise ne semble pas particulièrement encadrée : contrairement aux écoutes policières, elle n’a pas besoin d’une autorisation de justice pour débuter sa surveillance et aucun contrôle n’est effectué sur la façon dont les écoutes ont été réalisées. « Les gens ont le sentiment que c’est une intrusion dans leurs droits et leur liberté, explique à l’AFP Anders Eriksson, ancien chef des services secrets suédois et désormais à la tête du tout récent équivalent local de la Cnil. Ils sont favorables à l’utilisation d’un tel procédé pour protéger la sécurité nationale mais cette loi va trop loin. » Le passage de cette loi est par ailleurs d’autant plus surprenant que la Suède s’était ces derniers mois distinguée dans le bon sens au sujet des droits des internautes, refusant par exemple catégoriquement le principe de riposte graduée.

Si la Suède est le premier pays européen à mettre en place des écoutes de cette ampleur, qui rappellent celles mises en place par la NSA aux Etats-Unis, elle n’est cependant pas le premier à tenter d’espionner ses citoyens en douce : en février, l’Allemagne a fait passer un texte autorisant l’espionnage, via l’implantation de virus informatiques, de présumés-terroristes.

http://www.ecrans.fr/Vie-privee-La-Suede-va-surveiller,4421.html


[Le Point 20/06/2008]
Le téléchargement illégal ? Plus miné, tu meurs ! Avisée de l’échec de son prédécesseur, Christine Albanel, la ministre de la Culture, s’est attachée, depuis son arrivée rue de Valois, à résoudre trois difficultés majeures qui rendent la loi actuelle (3 ans de prison et 300.000 euros d’amende) inapplicable et inefficace : des professionnels du cinéma et de la musique divisés, des parlementaires peu enclins à sanctionner la jeunesse (surtout quand il s’agit de leurs enfants ou petits-enfants…) et des internautes élevés dans la culture de la gratuité du Web qui n’acceptent aucune part de responsabilité dans la dégringolade de l’industrie du disque.

Quand Nicolas Sarkozy décide de faire du combat pour le droit d’auteur l’une de ses priorités, Christine Albanel sait qu’il s’agira d’une course de longue haleine. Il lui faut se réserver quelques cartouches. D’où l’idée de confier à une personnalité en vue le soin d’assembler les pièces du premier étage de sa réforme : réconcilier l’aristocratie du 7e art avec les vieux ados tapageurs du monde du disque. Les premiers, moins touchés encore par le piratage, sont très opposés aux positions des « musicos » comme Pascal Nègre, qui veut installer des radars sur le Net pour mettre des amendes aux internautes fautifs.

Olivennes, l’ancien trotskyste à la manoeuvre : Le profil du conciliateur est déterminé en petit comité autour d’Albanel : l’oiseau rare devra être rompu aux manoeuvres et suffisamment célèbre pour cristalliser sur sa personne les premiers tirs de barrage. Pendant ce temps, la ministre sera épargnée… « Seul un ancien trotskyste était capable de cette gageure », confie son entourage. Le nom de Denis Olivennes fait très vite l’unanimité. À l’époque pdg de la Fnac, auteur d’un livre intitulé La Gratuité c’est le vol , très estimé des milieux culturels, Olivennes, énarque et normalien, est un touche-à-tout, issu de la gauche, qui connaît le monde entier et qui, surtout, est prêt à composer avec un président de droite… Albanel-Olivennes, drôle d’attelage ! Plus dissemblables, tu meurs ! « L’ancien trotsko » à la chemise toujours largement ouverte, pratiquant encore régulièrement la boxe, et la « catho » bien à droite et bien comme il faut… Mais Albanel agite une carte : elle fait rapidement comprendre à Olivennes qu’elle le laissera largement communiquer et ne cherchera pas à tirer la couverture médiatique à elle. Olivennes fonce ! Enfin, à sa manière. Il s’entoure de spécialistes, auditionne, rappelle, convainc.

Albanel cajole Vivendi et Orange : Tous deux se répartissent les rôles et croisent leurs carnets d’adresses. Le charme bourgeois de la ministre opère auprès des patrons de Vivendi (Jean-Bernard Lévy) et Orange (Didier Lombard), deux fournisseurs d’accès par nature hostiles à la loi Droit d’auteur qu’elle cajole… Pendant ce temps, Olivennes provoque l’union sacrée de la musique et du cinéma en agitant le spectre d’une faillite générale des industries culturelles. En jouant sur la corde catastrophiste, en segmentant les discussions, en jouant de tous ses réseaux, en manipulant les uns et les autres, Olivennes parvient à mettre d’accord le très protestant Nicolas Seydoux (patron de Pathé) et le vibrionnant Pascal Nègre (Universal Music). Albanel admire l’artiste… Mais il reste un os : faire sortir de sa tanière Xavier Niel, le patron de Free, le plus libertaire de tous les FAI ! C’est Olivennes qui s’en charge. Il parvient à le convaincre de participer à un dîner rue de Valois (au ministère de la Culture), avec Albanel, alors qu’il ne sort jamais… Joie des agapes ministérielles, Niel glisse à son tour vers le compromis.

Les chaînes privées font blocus : Petit à petit, Olivennes parvient à rédiger un texte que tous devront signer. Mais l’astuce du patron de la Fnac consiste à négocier ce projet d’accord sans jamais laisser une copie du texte à ses interlocuteurs. À chaque fois, il reprend le texte et le range dans son cartable. Le mois de novembre file à toute allure ; les accords de principe de tous les syndicats du cinéma, de la musique et de la télévision tombent les uns après les autres. La signature des accords entre les 45 organisations est prévue à l’Élysée en grande pompe le 23 novembre. Le 20 novembre au soir, le cabinet d’Albanel reçoit un coup de fil d’un haut responsable d’une chaîne privée qui veut l’inviter à dîner pour évoquer des « choses ennuyeuses ». Le haut fonctionnaire a rendez-vous dans un restaurant discret du 20e arrondissement. Le messager annonce de mauvaises nouvelles. Denis Olivennes n’a pas suffisamment traité les grandes chaînes privées. Elles lui en veulent. Bertrand Méheut, le patron de Canal+, se souvient du passage d’Olivennes, avant lui, à Canal+, et n’accorde guère d’estime à ce manager qu’il accable en privé pour sa piteuse gestion… Bref, les chaînes privées refusent de signer le texte si le projet d’accord n’est pas modifié avant la réunion du lendemain, qui doit rassembler tous les futurs signataires. Panique à bord, rue de Valois !

La carotte publicitaire qui fait marcher TF1 : Alertée en fin de soirée, Albanel s’inquiète. Il n’y a plus moyen de se protéger ; elle doit retrousser ses manches. Elle décide alors de négocier directement au téléphone avec Bertrand Méheut (patron de Canal+), Nonce Paolini (patron de TF1) et Nicolas de Tavernost (patron de M6). Bertrand Méheut apprécie la ministre et veut bien oublier Olivennes. Entre ces deux grands timides, le courant passe suffisamment pour que Méheut se laisse convaincre. Il signera. Le Corse Nonce Paolini est plus difficile à persuader. Albanel réussit à lui faire comprendre que les enjeux majeurs pour TF1 ne sont pas là mais à venir… Une manière de lui laisser entendre que, le moment venu, quand il s’agira de déverrouiller la pub, elle saura se souvenir de son soutien. Quant à Nicolas de Tavernost, il reste égal à lui-même : après une diatribe ininterrompue de 20 minutes sur les fonctionnaires et le carcan législatif et règlementaire qui étouffe la France – refrain connu -, l’aristrocrate de M6 rend les armes face aux assauts de charme déployés par Albanel. L’essentiel était de ne pas interrompre son édito sur « la France, risée de l’Europe ».

Pascal Nègre, agent d’ambiance : L’alerte a été chaude. Le lendemain, Albanel délègue son directeur de cabinet adjoint, qui copréside avec Olivennes la réunion de tous les futurs signataires. Ambiance de plomb rue de Valois ! Les télés et les fournisseurs d’accès à Internet se toisent avec méfiance. La musique et le cinéma sont tétanisés. Seul Pascal Nègre arrive encore à plaisanter mais l’angoisse est palpable. Olivennes et le représentant d’Albanel ne lâchent rien. Au final, toutes les réticences finissent par tomber. Le soulagement se lit sur tous les visages. Le plus gros est fait. Pour éviter les fuites, comme à son habitude, Olivennes reprend lui-même le texte des accords qui avait été remis aux participants en début de réunion. Pas question de laisser traîner ce qui ferait les choux gras des Echos , surtout si le document devait être malencontreusement tronqué… Deux jours plus tard, les 46 signataires de la musique, du cinéma, de la télévision et les fournisseurs d’accès à Internet se retrouvent à l’Élysée autour du président Sarkozy pour l’officialisation du consensus arraché. En toute hâte, des artistes ont été invités par le ministère de la Culture. Dont une certaine Carla Bruni…

Sarkozy ou le petit cadeau fiscal : Sarkozy arrive tendu. Des ennuis à la SNCF sur les régimes spéciaux… Les trains ne roulent plus. Sarkozy se lance dans une tirade qui n’a rien à voir avec la choucroute : il appelle à la reprise du travail ! Les artistes invités regardent leurs chaussures et se demandent ce qu’ils font là. Puis, le Président se met à lire le discours sur le téléchargement illégal que lui a rédigé son conseiller Éric Garandeau. Il prend gentiment à partie Olivennes – qui pour une fois a mis une cravate – sur son parcours politique. Il se détend, plaisante, lance quelques formules. Garandeau, un chaud partisan du dispositif et du secteur culturel, a même ajouté l’annonce de mesures fiscales d’aide au cinéma et à la musique. Les conseillers d’Albanel jubilent. Ceux de Bercy et de Matignon font une tête de six pieds de long… À la fin de son discours, Sarkozy ajoute qu’il était très content d’être là et qu’il faudrait se revoir plus souvent. Tous les professionnels de la musique, du cinéma et des télévisions sont là et se pressent pour le féliciter. Albanel est également très entourée. Elle serre des mains, embrasse, complimente, pendant que le Président fait de même. Au bout d’une demi-heure, poussés par la pression des participants qui les entourent, ils se heurtent dos à dos. Grand sourire du Président qui a tout de même remarqué, du coin de l’oeil, la présence dans la salle des fêtes de Carla Bruni…

Bercy balance dans le dos d’Albanel : Albanel est encore loin du compte. Elle n’ignore pas que le texte de loi qui doit suivre ces accords est semé d’embûches juridiques. Le dispositif de la loi antérieure, dite DADVSI, est mort-né. Il faut trouver autre chose : la prison, c’est hors de question. Les amendes ? Exclues également. Avec le conseiller juridique d’Albanel, Olivier Henrard et des petites mains du Conseil d’État, Olivennes finit par trouver un système dans lequel les internautes recevraient des messages d’avertissement, puis une lettre recommandée, puis, si les téléchargements perdurent, une mesure de suspension d’abonnement. La mise en route du projet de loi prendra six mois. Olivier Henrard est à la manoeuvre et prend le relais d’Olivennes. Ancien maître des requêtes du Conseil d’État, aussi brillant que modeste, Olivier Henrard est un perfectionniste qui ne supporte pas le travail mal fait et qui mettra un soin tout particulier à avoir le texte le plus incontestable possible. En réunion interministérielle, le cabinet d’Albanel sera en butte à l’opposition de la Chancellerie, toujours réticente à faire évoluer la législation, et à celle plus sournoise de Bercy, qui va multiplier les fuites et les alimentations des sites Internet violemment opposés à la lutte contre le téléchargement illégal. Bonjour la solidarité !

Dati et Albanel accordent leurs violons : Un discret mais efficace coup de téléphone d’Albanel à Rachida Dati permettra de lever bien des ambiguïtés et la Chancellerie devient brutalement l’alliée du projet. Albanel et Christine Lagarde, la ministre de l’Économie, sont plutôt proches. Mais malgré la bonne volonté de Lagarde, Bercy continue de fuir. Il faudra une intervention très ferme de Serge Lasvignes, secrétaire général du gouvernement, pour faire cesser le lancer de peaux de banane… Les réunions se multiplient et, pendant ce temps, Albanel demande à son cabinet de réunir le plus souvent possible les principaux acteurs de l’accord afin de déterminer une stratégie de communication. Nicolas Seydoux, Pascal Rogard, Pascal Nègre et Denis Olivennes ouvrent leurs carnets d’adresses et entament un siège des parlementaires. Albanel, de son côté, cultive Jean-François Copé, le président du groupe UMP, et le très actif député Frédéric Lefebvre, dont le club parlementaire est un élément clef dans la perspective du débat parlementaire.

La dernière manche au Parlement : C’est la dernière manche qui se jouera à l’automne. Mais bien des questions restent en suspens. Techniquement, la suspension de l’abonnement sera-t-elle faisable ? Qui paiera ? Comment concrètement éviter la double peine ? Et l’Europe, plutôt acquise aux télécoms, ne fera-t-elle pas sauter le dispositif français ? Albanel n’a pas encore crié victoire. Elle a bien manoeuvré les industries. Elle s’est mise les parlementaires de son camp dans la poche. Mais les internautes continuent à crier « Liberté, liberté »… Un malentendu irréparable.

http://www.lepoint.fr/actualites-medias/exclusif-loi-antipiratage-un-an-de-tractations-secretes/1253/0/254615


[NOUVELOBS.COM | 21.06.2008 ]
L’accès aux informations sur les données du passe Navigo a été refusé à la police judiciaire par la RATP au nom de la protection des libertés individuelles, révèle Le Parisien.

Des policiers parisiens ont tenté, en vain, d’obtenir de la RATP l’autorisation de consulter les données privées enregistrées par le passe Navigo afin de retracer les déplacements d’un suspect, rapporte le Parisien dans son édition du samedi 21 juin.

Selon les informations du quotidien, des policiers de la deuxième division de police judiciaire ont en effet demandé à la RATP de lui fournir les données de la carte de transport du suspect d’une agression commise dans le métro parisien.

Le 22 mai dernier, une danseuse russe de 30 ans avait eu la gorge lacérée par un homme que la victime identifie comme étant « Joël A. », un ex-ami connu des services de police, et titulaire d’un passe Navigo. Afin de retrouver la trace du suspect, les policiers ont donc transmis une demande à la RATP afin de pouvoir utiliser les données transmises par la puce de la carte de transport et censées permettre, en théorie, de retracer tous les déplacements du titulaire.

« Protection de la vie privée »

La régie oppose une première fin de non recevoir à la requête des enquêteurs au motif que celle-ci serait contraire à la « protection de la vie privée ». La RATP rejettera peu de temps après une deuxième demande des policiers, en affirmant que les données en questions ne sont « pas disponibles ».

Cette affaire intervient alors que de nombreux usagers ont fait part de leurs craintes quant aux dangers que fait peser le passe Navigo sur la protection de la vie privée. Le syndicat Alliance Police nationale a de son côté réagi en demandant une « position claire sur l’exploitation des données informatisées ». « Comment expliquer qu’une police moderne ne puisse obtenir de telles informations? Il y va de la protection de nos concitoyens », affirme le syndicat. Interrogée par Le Parisien, la RATP a, elle, réaffirmé son opposition à une utilisation policière de ses données : « Nous garantissons l’anonymat des déplacements », affirme la régie. « Les seuls éléments que nous puissions transmettre sur réquisitions judiciaire, ce sont les trois dernières validations effectuées par le passé. Nous restons scrupuleusement dans les termes que la loi nous impose, conformément à la délibération de la Cnil (Commission nationale de l’information et des libertés) ».

Concernant l’enquête, l’agresseur présumé de la danseuse a finalement été interpellé sans l’aide de la RATP, précise le Parisien.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20080621.OBS9497/la_police_veut_acceder_aux_donnees_de_navigo.html?idfx=RSS_societe


[BELGA – 25/06/2008]
Les données confidentielles concernant quelque 500.000 citoyens d’Allemagne ont été accessibles pendant plusieurs mois sur internet à la suite d’une erreur de configuration sur le mot de passe d’un programme des autorités, rapporte la chaîne publique ARD lundi soir.

L’entreprise HSH, chargée de la sécurisation de ces données informatiques, a en effet laissé affichés sur une page internet le nom d’utilisateur et le mot de passe prévus pour un programme donnant accès à ces données, rapporte la chaîne. Les noms, adresses, photos d’identité et appartenances religieuses des citoyens d’une quinzaine de villes et de 425 communes allemandes se sont ainsi retrouvées accessibles depuis le 15 mars et jusqu’à vendredi dernier.

Ces villes et communes étaient censées modifier le mot de passe fourni au départ par l’entreprise HSH, afin d’en choisir un « personnalisé », mais la plupart ne l’ont jamais fait, ce qui a rendu les données de leurs citoyens accessibles, rapporte ARD. Interrogé par la chaîne, un porte-parole de l’entreprise HSH a évoqué « un lapsus », mais affirmé que seules les données de trois villes, toutes dans le Brandebourg (est), avaient été accessibles sur internet.

Des journalistes du magazine Report aus München d’ARD ont fait le test et affirment, eux, avoir eu accès aux données d’au moins cinq villes, dont celles de Plauen, en Saxe (est). Selon le site internet de l’hebdomadaire Spiegel, la personne chargée de la protection des données pour le Brandebourg, Dagmar Hartge, a annoncé qu’une enquête allait être ouverte, en concertation avec le ministère régional de l’Intérieur, pour déterminer les circonstances et les conséquences éventuelles de la panne.

http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/324341/2008/06/23/Les-donnees-confidentielles-de-500-000-Allemands-par-erreur-sur-internet.dhtml


[Editorial – LE MONDE | 24.06.08]
Nicolas Sarkozy défend l’ordre et la sécurité. Ce n’est pas une surprise. Quatre ans ministre de l’intérieur entre 2002 et 2007, il avait fait de ce credo son fonds de commerce, n’hésitant pas à bousculer la justice et à donner aux policiers et aux gendarmes davantage de moyens pour surveiller et punir, sans gêne ni tabous.

Il n’a pas changé de philosophie depuis qu’il est président de la République. Promise durant la campagne de 2007 pour prolonger et compléter celle de 2002, une nouvelle loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Lopsi) est en préparation. Encore en phase d’arbitrage, ce texte témoigne à nouveau d’une conception sécuritaire de la société.

Qu’on en juge ! Ce projet autoriserait, par exemple, les perquisitions en ligne sur les ordinateurs de n’importe quel citoyen et « sans le consentement des intéressés », pendant une durée de quatre mois renouvelable une fois. Certes, de telles « captations informatiques » ne pourraient être effectuées qu’à la demande d’un juge d’instruction. Mais l’on sait que des règles similaires ont aisément été transgressées pour les écoutes téléphoniques, au mépris du respect élémentaire de la vie privée des individus.

De même, le projet de fichier informatique Périclès, préconisé par cet avant-projet de loi, permettrait d’étendre de manière extrêmement large les pouvoirs d’investigation des forces de police. Si un tel fichier voyait le jour, il permettrait de croiser de nombreuses données sur la vie privée des citoyens (numéro de carte grise, de permis de conduire, de puce de téléphone portable ou factures…). Enfin, dans un autre registre hautement symbolique, les juges d’instruction verraient encadré de façon drastique leur pouvoir de perquisition dans des lieux protégés, comme les ministères.

C’est la mission de l’Etat de garantir la « sûreté » des citoyens. C’est aussi sa responsabilité d’adapter ses moyens de police à l’évolution technologique de la délinquance ou de la criminalité. Cela ne suffit pas à justifier que l’on veuille introduire dans le droit commun des dispositions d’exception, ni que l’on porte atteinte, peu ou prou, aux libertés publiques et à la vie privée. En République, la fin ne justifie pas tous les moyens.

http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/06/24/fichiers-ecoutes-pouvoir-des-juges-les-points-durs-de-la-loi-securite-interieure_1062178_3224.html#ens_id=1062283


[LE MONDE | 24.06.08]
La préparation de la future loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Lopsi), que le gouvernement souhaiterait soumettre au conseil des ministres à l’automne, oppose deux camps. D’un côté, les tenants d’un arsenal judiciaire toujours plus développé, de l’autre, ceux qui reconnaissent l’efficacité des nouveaux instruments, mais s’inquiètent pour les libertés publiques. Trois chantiers prioritaires illustrent les crispations.

Le fichier Périclès. La direction de la gendarmerie nationale a fait procéder, depuis quelques mois, à de discrets essais liés à la mise en place d’un fichier informatique, dénommé « Périclès ». Ce système d’analyse sérielle permet d’effectuer des rapprochements entre affaires et de lutter contre tout type de délinquance.

Mais ce type de fichier contient de nombreuses données liées à la vie du citoyen : numéros de cartes grises, de permis de conduire, de puces de téléphone portable, factures, autant de détails qui ne figurent jamais dans les procédures judiciaires. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) n’a pas encore été saisie du dossier.

Les gendarmes assurent, en mettant en avant onze garanties autour de Périclès, que cet arsenal demeurera sous contrôle judiciaire. Reste que dans la dernière version de la Lopsi, dont Le Monde a eu connaissance, on parle de « traitements automatisés de données à caractère personnel concernant toute infraction commise contre les personnes ». Ces données ne seraient plus « collectées au cours de procédures judiciaires pénales », comme cela apparaissait dans le texte initial. Il faut voir là le résultat d’un intense lobbying des gendarmes.

Dans un courrier daté du 3 juin adressé au ministère de l’intérieur, le général Guy Parayre, directeur général de la gendarmerie nationale, avait réclamé la suppression de cette mention qui, selon lui, conduisait « à priver de tout effet la réforme envisagée ». Conclusion du général Parayre, au cas où sa missive ne serait pas suivie d’effet : « Il me paraît imprudent dans ces conditions d’exposer la ministre (Michèle Alliot-Marie) sur ce sujet sensible lors d’un débat parlementaire sans doute délicat, pour un résultat final qui ne procurera aucun progrès… » Manifestement, il a été entendu.

Les pouvoirs des juges. Le secrétaire général de la défense nationale (SGDN), Francis Delon, milite pour limiter l’accès des juges d’instruction aux lieux de pouvoir tels que les ministères ou les services secrets.

Si l’avis du SGDN est suivi, ce qui paraît être le cas, les perquisitions dans des lieux protégés ne seront plus possibles que sous certaines conditions. Le projet d’article est ainsi rédigé : « Lorsqu’un magistrat envisage de procéder à une perquisition dans des lieux classifiés ou abritant des secrets de la défense nationale, il remet à l’autorité administrative compétente une décision écrite et motivée indiquant la nature de l’infraction, (…) les raisons justifiant la perquisition et l’objet de celle-ci. »

L’effet de surprise disparaîtrait de fait. D’autant que l’autorité administrative est alors censée transmettre cette « décision » du juge au président de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), seul habilité à déclarer une  » déclassification temporaire, totale ou partielle » du lieu visé par le magistrat. La perquisition, si elle est autorisée, se ferait alors en sa présence. Par ailleurs, « les saisies et les mises sous scellés » ne pourraient  » porter que sur des documents non classifiés ou déclassifiés ». Seul le président de la CCSDN pourra prendre connaissance des « informations classifiées » et décider, ou non, de les transmettre au magistrat instructeur. Le ministère de l’intérieur ne souhaite pas inclure ces dispositions dans la future Lopsi.

Les « captations » informatiques et sonores. La loi devrait permettre, à l’avenir, d’introduire dans les ordinateurs des citoyens un « cheval de Troie » informatique. Il sera possible, avec l’aval d’un juge, « sans le consentement des intéressés, d’accéder à des données informatiques, de les observer, les collecter, les enregistrer, les conserver et les transmettre, telles qu’elles s’affichent pour l’utilisateur ou telles qu’il les y introduit par saisie de caractère », et ce pendant une durée de quatre mois, renouvelable une fois. Le dispositif technique pourra être mis en place à toute heure, en s’introduisant dans tout lieu, ou via « la transmission par un réseau de communications électroniques ».

Par ailleurs, les enquêteurs pourront plus facilement placer des micros afin d’intercepter les conversations.

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/06/24/securite-contre-liberte_1062130_3232.html#ens_id=1062283


[ContreInfo – 18 juin 2008 Par Ambrose Evans-Pritchard]

La Royal Bank of Scotland a averti ses clients de se préparer à un krach majeur des bourses mondiales et des marchés du crédit dans les trois prochains mois, au moment où l’inflation paralyse les possibilités d’action des grandes banques centrales.

« Une période très dangereuse se rapproche rapidement – soyez prêts », met en garde Bob Janjuah, l’analyste stratégique de la banque écossaise.

Un rapport rédigé par une équipe de la banque estime que l’indice boursier de Wall Street S&P 500 est susceptible de perdre plus de 300 points, pour atteindre environ 1050 en septembre, lorsque se solderont les excès de l’envolée des prix sur les marchés mondiaux, entraînant une contagion dans toute l’Europe et les marchés émergents.

Une telle chute des bourses mondiales bourses créerait l’un des pires de marché baissier depuis un siècle.

RBS déclare que l’indice iTraxx qui mesure la qualité du crédit des entreprises bien notées pourrait grimper à 130/150 points de base tandis que l’indice « Crossover » qui reflète le risque associé aux obligations spéculatives pourrait atteindre 650/700 pb en un nouvel épisode de panique sur les marchés des obligations.

« Je ne crois pas que je puisse être beaucoup clair : si vous devez être engagés sur les marchés du crédit, mettez l’accent sur la qualité, les durées courtes, les investissements défensifs et non-cycliques. »

« Le cash constitue la principale protection. Il s’agit de ne pas perdre votre argent, de ne pas perdre le résultat de votre travail », observe M. Janjuah, qui est devenu une star de la City après que ses sombres prévisions de l’année dernière sur la crise du crédit se soient avérées on ne peut plus justes.

La RBS s’attend à ce que Wall Street monte encore un peu au début juillet avant que l’élan de courte durée donné par les crédits d’impôts aux USA ne s’évanouisse, et que l’effet retard de la flambée des cours du pétrole ne provoque des dégâts.

« La mondialisation a toujours fait courir le risque que les banquiers du G7 se retrouvent pris dans une situation dangereuse à un moment donné. Nous y sommes. », juge-t-il.

La Réserve Fédérale américaine et la Banque Centrale européenne n’auront plus le choix lorsque les salariés commenceront à perdre leur emploi et que les prêteurs fermeront les robinets du crédit.

Les autorités ne pourront pas répondre par un assouplissement de la politique monétaire car le coût de l’énergie et de l’alimentation continuera à pousser l’inflation à des niveaux qui déstabilisent les marchés. « Le piège, c’est que nous pourrions avoir besoin d’une croissance mondiale plus faible pour provoquer une baisse de l’inflation », note-t-il.

« La Fed est en mode panique. La perte massive de crédibilité que la Fed et peut-être même la BCE subiront lorsqu’elles ne pourront pas remonter les taux dans ce contexte inflationniste se conjugueront et déclencheront une vente massive des actifs à risque », déclare-t-il.

Kit Jukes, responsable des marchés du crédit à la RBS, déclare que l’Europe ne sera pas immunisée. « Le ralentissement économique se propage et les données les plus récentes sur la demande des consommateurs et la confiance sont catastrophiques. La BCE est fermement décidée à relever ses taux.

« Les conséquences au plan politique pourraient être importantes lorsque les ministres des Finances des économies les plus faibles s’en prendront à la BCE. Un élargissement des différences de rendements entre les Bons du Trésor Allemands et ceux des marchés périphériques semble assuré », affirme-t-il.

En fin de compte, la banque prévoit que la flambée des prix du pétrole devrait diminuer d’intensité lorsque le puissant mécanisme de la déflation du crédit se fera sentir durant l’année prochaine.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2077


[Alain Gresh – Blog du Monde Diplo – 20/06/2008]

Je n’ai pas l’habitude de réagir rapidement à une information. Pourtant, celle
révélée par Isabelle Mandraud dans Le Monde du 20 juin, dans son article « Les
surprises de la fusion entre les Renseignements généraux et la DST » mérite
d’être largement diffusée.

Evoquant la fusion entre les renseignements généraux et la Direction de la
sécurité du territoire, la journaliste écrit : « Comme prévu, les
Renseignements généraux (RG) se scindent en deux : une partie de leurs
effectifs fusionne avec la DST pour former le renseignement intérieur (RI),
une autre rejoint la nouvelle sous-direction de l’information générale (SDIG)
au sein de la sécurité publique. Doucement, le partage des missions et des
effectifs s’opère, dans le cadre de la réforme mise en oeuvre par Michèle
Alliot-Marie, ministre de l’intérieur. Aux uns, le renseignement en milieu
« fermé », la lutte contre terrorisme et la protection des intérêts économiques,
aux autres, la surveillance, en milieu « ouvert », des violences urbaines, les
sans-papiers, l’environnement, les voyages officiels… »

Mais la surprise est ailleurs :

« Deuxième innovation : si l’islam traditionnel, comme toutes les religions,
reste du domaine de la SDIG, tandis que l’islam radical est du ressort du RI,
la future direction centrale du renseignement intérieur pourra, quand elle
l’estime nécessaire, et sans prévenir, intervenir dans tous les domaines. »

Si l’on comprend bien, le Renseignement intérieur (c’est-à-dire l’ancienne DST
renforcée) pourra, quand il l’estime nécessaire, surveiller, infiltrer,
interroger des musulmans ou des organisations ou des mosquées dont la pratique
pourrait lui déplaire. Si cette interprétation était avérée, elle marquerait
un tournant dans les pratiques sécuritaires en France. Cela n’est peut-être
pas si étonnant à l’heure où le Livre Blanc brouille les frontières entre
défense nationale et sécurité intérieure.

http://blog.mondediplo.net/2008-06-20-Les-musulmans-francais-sous-surveillance


[Le Figaro 24/06/2008]

Pendant deux semaines, Tim Joyce, Jenny Paton et leurs enfants ont fait
l’objet d’une surveillance poussée, avec caméras de surveillance et filatures
par un agent en civil. Ce qu’on leur reprochait ? D’avoir menti sur l’adresse
de leur domicile pour obtenir une place dans une maternelle réputée pour leur
fille de trois ans. L’histoire, qui s’est déroulée en avril dernier, avait
montré que la famille n’avait pas menti mais surtout que la ville de Poole,
sur la côte du Dorset, avait utilisé en toute légalité des pouvoirs qui lui
sont attribués par une loi de 2000 visant à aider la recherche d’informations
dans le cadre d’enquêtes antiterroristes et criminelles. Ce texte permet à de
nombreux organismes de mener des écoutes et des enquêtes sur des personnes
sans avoir besoin de l’autorisation d’un juge.

Sir Simon Milton, le président de la Local Government Association (LGA) a
envoyé hier une lettre aux 500 councils (les «conseils locaux» de
Grande-Bretagne, l’équivalent des mairies en France) pour leur demander de ne
pas abuser des lois antiterroristes afin de résoudre «des affaires
insignifiantes». Le cas de cet espionnage pour carte scolaire dans le Dorset
est loin d’être isolée. On a récemment appris que le quartier londonien de
Chelsea avait utilisé des caméras de surveillance pour une banale affaire de
fausse carte de stationnement pour handicapé. À Newcastle, la municipalité a
réalisé des enregistrements secrets dans des immeubles pour constater des
nuisances sonores. Les villes de Bolton et Derby ont admis avoir utilisé des
caméras cachées pour piéger des promeneurs qui ne ramassaient pas les
déjections de leurs chiens…

D’après une enquête réalisée par l’agence Press Association, peu de temps
après l’histoire de Poole, sur 97 conseils interrogés, 46 ont admis avoir
recours à des techniques de surveillance exceptionnelles, et 35 n’ont pas
voulu répondre. En extrapolant les chiffres de l’enquête, les collectivités
locales britanniques mènent environ mille affaires de surveillance
individuelles chaque mois !

Libertés individuelles

La loi de 2000 qui permet ce genre d’enquête a au départ été rédigée pour
encadrer la manière dont la police réalise des écoutes téléphoniques,
intercepte des e-mails et utilise des caméras. Le gouvernement de Tony Blair
avait défendu ces nouveaux pouvoirs au nom de la lutte contre le terrorisme et
la cybercriminalité. Au départ, seules neuf organisations, dont la police et
les services secrets, avaient le droit d’appliquer cette loi. Mais en 2003, le
spectre d’application a été étendu, et un total de 790 organismes, dont 474
collectivités locales, peuvent désormais y faire appel.

Sir Simon Milton a lancé son appel à la modération non pas pour réduire le
pouvoir des élus locaux, mais au contraire pour éviter que des abus ne
finissent par entraîner une révision de la loi avec des critères d’utilisation
plus contraignants. C’est pourtant exactement ce que demande Shami
Chakrabarti, la directrice de l’association Liberty, militant pour la défense
des libertés individuelles : «Il faut changer la loi pour que des juges soient
impliqués dans l’autorisation des pouvoirs les plus intrusifs, afin qu’ils ne
soient utilisés que pour des crimes sérieux.»

Moins de deux semaines après l’extension très contestée de la garde à vue à 42
jours par Gordon Brown, l’opposition conservatrice a sauté sur cette nouvelle
affaire touchant aux libertés individuelles pour exiger des contrôles sérieux
sur les localités qui enquêtent sur la vie privée de leurs habitants.

http://www.lefigaro.fr/international/2008/06/24/01003-20080624ARTFIG00383-les-mairies-anglaises-espionnent-leurs-administres.php


[Marie-Thérèse Chedeville – 03/04/2008]

Excellent colloque, vendredi 11 et samedi 12 avril au Palais de Tokyo sur les merveilles et les dangers des nouvelles technologies. En introduction, l’organisateur Eric Sadin, philosophe et poète, s’inquiète du contraste entre la prolifération accélérée des technologies de communication de plus en plus performantes et l’indifférence de l’opinion publique en grande partie ignorante des enjeux en terme de liberté et de vie privée.

Pour Eric Sadin, trois causes expliquent la rapidité des évolutions en cours. 1° : l’existence depuis peu d’une véritable architecture de communication avec interconnexion généralisée, géolocalisation fine, vidéosurveillance, biométrie, nanotechnologies et puces RFID. 2° : Une instabilité géopolitique chronique causée par des menaces terroristes diffuses qui justifieraient une surveillance qui va jusqu’à l’anticipation d’actions violentes par des groupes armés. 3° : Une agressivité commerciale du marketing qui utilise toutes les technologies pour comprendre les besoins des consommateurs et leur faire des propositions pertinentes. Arme ultime, les bases de données, véritables ombres digitales de nos comportements qui permettent de rendre le consommateur transparent. Pour limiter les abus, il importe d’informer les utilisateurs et de s’assurer que la loi encadre les évolutions en cours.

Seconde intervenante : Sophie Vulliet-Tavernier rappelle les principes fondateurs de la Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL) et constate que l’opinion publique reste relativement indifférente. L’explication en est simple, tous ces process de surveillance s’installent sournoisement par petits modules, un empilement de « little brothers » dont il est difficile d’avoir une vue globale. Michel Alberganti, du journal Le Monde, a exposé le fonctionnement des dispositifs de micro-émissions RFID (exemple le pass Navigo de la RATP) et les dérives qui en découlent. Les sociétés commerciales en exploitent les informations comportementales alors qu’elles tiennent des discours lénifiants sur la simplification des activités domestiques que permettent ces technologies. Michel Alberganti vient de publier « Sous l’œil des puces, la RFID et la démocratie », un ouvrage passionnant. François Deneuil, patron du Labo Espaces Intelligents nous a projetés dans la « Société de l’Intelligence » où objets et espaces évoluent, se modifient au gré de nos souhaits. La ressource rare, c’est notre capacité d’attention qui est soulagée de toute une série de tâches ennuyeuses du type consulter une carte pour retrouver son chemin.

Alexei Grinbaum, Larsim-CEA, a fait une intervention passionnante sur  » la veille nanotechnologique à l’intérieur du corps » et les problématiques totalement inédites de ces nouvelles applications. Il a accepté de mettre son intervention sur le Blog Invité du 11ème Blog.

A retenir également, les travaux de Didier Bigo sur la sécurité et la libre circulation des personnes que l’on trouve notamment dans la revue « Culture et Conflits » entièrement en ligne. Et l’intervention de Michel Riguidel sur la sécurité des réseaux numériques et les nouvelles solutions qui pourraient réintroduire des capacités de protection de l’individu. Antoine Rebiscoul, directeur de la Stratégie de Publicis, fait la synthèse de ce qu’apportent les nouvelles technologies au marketing contemporain. Publié par M-T Chedeville à 18:04

http://www.palaisdetokyo.com/fo3/low/programme/index.php?page=evecourt.php&id_eve=1948&session=&agenda=yes

Colloque Globale Paranoïa – Formes et puissance de la surveillance contemporaine 11 avril 2008 – 12 avril 2008

barre De 14h à 20h : Globale Paranoïa est une manifestation organisée par Éric Sadin & Cellule éc/artS, soutenue par la DRAC Centre et le Palais de Tokyo. Un colloque sur les technologies de surveillance avec : Sophie Vulliet-Tavernier, Michel Alberganti, François Deneuil, Alexei Grinbaum, Bernadette Dorizzi, Pierre Piazza, Gérard Haas, Xavier Raufer, Michel Riguidel, Anastassia Tsoukala, Didier Bigo, Antoine Rebiscoul, Stéphane Degoutin, Eric Sadin + fabric I ch, Emmanuel Mahé, Bernard Benhamou.

Pour connaître le programme détaillé, cliquez ici

« L’accélération technologique, la menace terroriste, l’agressivité marketing forment une nouvelle et implacable triade favorable à la formation d’un “continuum” ininterrompu de dispositifs de surveillance. L’entrecroisement récent et toujours plus dynamique de facteurs hétérogènes produit une sorte de “bouillon de culture” composé “d’ingrédients idéaux”, qui ne cesse de resserrer les mailles de la matrice globale. Ces éléments peuvent être décomposés et précisément identifiés : généralisation de l’interconnexion, de la géolocalisation, de la vidéosurveillance ; expansion de bases de données ; développement de la biométrie, de logiciels d’analyses comportementales ; miniaturisation des dispositifs ; présence de plus en plus fréquente de capteurs et d’étiquettes radio (RFID) ; traque informationnelle contre le terrorisme ; stratégies marketing fondées sur le tracking et l’individualisation des profils. C’est l’ensemble de ces couches que nous examinerons au cours de notre rencontre, chacune envisagée dans ses spécificités, autant que dans leurs complexes interactions. Ce sont notamment la nature de leur extension, leur structuration technique, leur efficacité et leur précision, les cadres légaux qu’elles perturbent, le droit à la vie privée qu’elles peuvent menacer, qui constituent autant de questions que nous envisagerons. Les formes actuelles et en devenir de la surveillance se situent au coeur de nombreuses interrogations et problématiques actuelles ; elles appellent de saisir la nature composite des dimensions en jeu, d’ordre technique, économique, politique, social, juridique, éthique, culturel, esthétique. Un des objets de ce colloque consiste encore à développer une posture active, à encourager des effets de conscience et de lucidité relativement aux puissances computationnelles de captation et d’analyse des comportements quotidiens. Notre entreprise envisage l’exploration du champ de la surveillance comme un prisme d’observation privilégié de notre environnement contemporain, en la tenant comme un enjeu anthropologique majeur de notre temps.» Éric Sadin

img : « Globale_Surveillance » / Prototype théâtral : Éric Sadin + fabric | ch

http://www.paris-art.com/agenda/evenements/d_evenement/Globale-Paranoia-Formes-et-puissance-de-la-surveillance-contemporaine-10774.html

Eric Sadin Globale Paranoïa. Formes et puissance de la surveillance contemporaine 11 avr. – 12 avr. 2008 Paris. Palais de Tokyo Dans le cadre des événements organisés par le Palais de Tokyo, Eric Sadin et cellule éc/artS, proposent une réflexion autour de la multiplication, dans le contexte actuel d’insécurité et de mondialisation, des dispositifs de surveillances. INFOS PRATIQUES

Communiqué de presse Eric Sadin Globale Paranoïa. Formes et puissance de la surveillance contemporaine

Le colloque organisé par Eric Sadin dans les murs du palais de Tokyo aborde des problèmes contemporains. Eric Sadin définit ainsi la démarche de cette manifestation: «L’accélération technologique, la menace terroriste, l’agressivité marketing forment une nouvelle et implacable triade favorable à la formation d’un “continuum” ininterrompu de dispositifs de surveillance. L’entrecroisement récent et toujours plus dynamique de facteurs hétérogènes produit une sorte de  “bouillon de culture” composé “d’ingrédients idéaux”, qui ne cesse de resserrer les mailles de la  matrice globale.

Ces éléments peuvent être décomposés et précisément identifiés : généralisation  de l’interconnexion, de la géolocalisation, de la vidéosurveillance ; expansion de bases de données ; développement de la biométrie, de logiciels d’analyses comportementales ; miniaturisation des dispositifs ; présence de plus en plus fréquente de capteurs et d’étiquettes radio (RFID) ; traque informationnelle contre le terrorisme ; stratégies marketing fondées sur le tracking et l’individualisation des profils. C’est l’ensemble de ces couches que nous examinerons au cours de notre rencontre, chacune envisagée dans ses spécificités, autant que dans leurs complexes interactions.

Ce sont notamment la nature de leur extension, leur structuration technique, leur efficacité et leur précision, les cadres légaux qu’elles perturbent, le droit à la vie privée qu’elles peuvent menacer, qui constituent autant de questions que nous envisagerons. Les formes actuelles et en devenir de la surveillance se situent au cœur de nombreuses interrogations et problématiques actuelles ; elles appellent de saisir la nature composite des dimensions en jeu, d’ordre technique, économique, politique, social, juridique, éthique, culturel, esthétique. Un des objets de ce colloque consiste encore à développer une posture active, à encourager des effets de conscience et de lucidité relativement aux puissances computationnelles de captation et d’analyse des comportements quotidiens. Notre entreprise envisage l’exploration du champ de la surveillance comme un prisme d’observation privilégié de notre environnement contemporain, en la tenant comme un enjeu anthropologique majeur de notre temps.»

http://www.mtchedeville.com/2008/04/globale-paranoa.html


[Homo Numericus – 13/05/2008]

Riche actualité cette semaine concernant la mise en place d’une société de surveillance, objet de craintes de plus en plus nombreuses et vives. On peut signaler pour commencer une parution, celle d’un petit ouvrage intitulé Sous Surveillance ! écrit par une géographe spécialiste des technologies de l’information et un consultant en observation spatiale. Il s’agit, pour les deux auteurs, de tenter de démêler le mythe de la réalité concernant un sujet qui provoque peurs et fantasmes.

Le glissement progressif de notre époque vers une paranoïa globale fait justement l’objet d’un colloque en ce moment même au Palais de Tokyo. Très intéressant, le programme incite en effet à mettre en relation tous les éléments qui la nourrissent : vidéo-surveillance, environnements intelligents, puces RFID, bases de données biométriques, etc.

Sur un plan plus concret, c’est le déploiement programmé d’un nombre toujours plus important de caméras de surveillances dans nos rues qui a fait l’objet d’une actualité des pouvoirs publics cette semaine. Le Ministre de l’intérieur Michèle Alliot-Marie avait en effet déclaré il y a quelques mois vouloir tripler le nombre de caméras en fonctionnement dans les deux prochaines années. Cette semaine, la CNIL lui répond. En réclamant en effet par une lettre publique envoyée au Ministre, que le vidéo-surveillance tombe désormais dans son domaine de compétence la commission Informatique et Libertés affirme fermement que la généralisation des systèmes de surveillance ne peut de faire sans une certaine….surveillance. Bref, c’est le classique « qui gardera les gardiens eux-mêmes » de Juvénal qui revient en force.

Peurs d’un côté, généralisation du système de surveillance de l’autre, inquiétudes par rapport à ce mouvement ; le tableau ne serait pas complet s’il ne faisait état d’un phénomène assez étrange et qui est assez peu évoqué : c’est l’acceptation et la demande par les populations elles-mêmes de ces systèmes de surveillance. Ainsi, selon l’enquête d’opinion commandée par la CNIL, près de 71% des Français se déclareraient favorable au déploiement de caméras de vidéo-surveillance. Ce sondage fait écho à une autre enquête, très curieuse, présentée récemment par le Pew Internet & american life Project, montrant qu’une majorité de chinois approuvent la surveillance de l’Internet par leur gouvernement, contrairement à ce qu’on pourrait croire (avec toutes les réserves d’usage concernant ce type d’enquête mené dans un pays où la liberté d’expression n’est pas respectée).

Mais si les Chinois sont bien confrontés à un système de surveillance de type Big Brother, il n’en va pas forcément de même dans des pays plus démocratiques. Ainsi, pour Jan Chipchase dont Internet Actu rapporte les propos, il faudrait moins se méfier des méfaits d’un éventuel Big Brother que de ceux d’une « little sister ». Une société non pas de sur-, mais de sous-veillance ; c’est ce qui nous attend si nous continuons à céder à la pression sociale et technologique qui nous encourage à rendre public chacun de nos actes de notre vie quotidienne. Les logiciels sociaux, le développement du « micro-blogging » et du « lifecast » que Fred Cavazza a récemment analysé sur son blog sont autant de vecteurs de cette société très particulière qui nous attend…pour notre plus grand contentement à ce qu’il semble.

http://www.homo-numericus.net/spip.php?page=forum&id_breve=956


[Abdelkader Hadj Sadok – Bulletins Electroniques – 07/05/2008]
Une nouvelle technologie a été développée au sein de l’Université de Leeds qui pourrait mettre fin aux vols de bicyclettes. Cette technologie permettrait aussi de diminuer tous les actes « suspects » dans les endroits publics.

Dima Damen, Doctorante de la faculté, a développé un système informatique capable d’identifier les individus qui rangent leurs vélos et qui prévient automatiquement la sécurité si quelqu’un d’autre essaye de reprendre le vélo. « C’est difficile d’effectuer ce type de surveillance grâce aux caméras habituelles car les personnes qui s’occupent de la sécurité doivent regarder de nombreux écrans en même temps. […] Cette situation donne souvent lieu à des vols de vélo, même si cela se passe juste devant une caméra », explique Dina Damen.

Plus de 500.000 vélos sont volés chaque année au Royaume-Uni et moins de 5% sont restitués à leur propriétaire. Le premier prototype du système de Mlle Damen consiste à fournir des informations en couleurs à partir des images données par les caméras depuis le moment où un vélo est déposé et rangé jusqu’au moment où il est récupéré. Puis il compare les images entre le moment où l’on a déposé le vélo et le moment où il a été récupéré. S’il y a beaucoup de différences, une alerte peut être donnée à l’agent de sécurité. Lors d’une simulation à l’Université de Leeds, onze vols sur treize ont pu être signalés. Le but de ce système est d’aider les agents de sécurité à visualiser le bon écran au bon moment.

Dina Damen s’est trouvé un nouveau défi : elle souhaite maintenant développer sa technologie pour repérer des événements suspects dans les endroits publics comme par exemple les colis abandonnés dans les aéroports. « Si quelqu’un essaye de laisser un colis suspect, il ne va pas le faire devant les caméras mais plutôt dans des endroits à l’abri des regards comme les toilettes [..]. Nous pensons que nous pouvons adapter cette technologie pour reconnaître les personnes qui entrent dans certains endroits avec des paquets ou des sacs, mais qui en ressortent sans, et dans ce cas alerter les agents de la sécurité », explique-t-elle.

Complément d’information : Dima Damen est doctorante au sein du département informatique de l’Université de Leeds. Elle fait partie de l’équipe du laboratoire Computer Vision Group qui a été créée il y a quinze ans. Le Groupe se concentre sur des méthodes générales de la reconnaissance d’objets, la segmentation et l’analyse vidéo, et sur les applications de vision par ordinateur pour l’imagerie médicale, la recherche biologique, la surveillance, le sport et les divertissements. C’est l’un des plus grands centres de recherche en vision par ordinateur au Royaume-Uni. Les activités de ce groupe sont présentées sous trois rubriques : le comportement et le suivi, l’imagerie médicale et la bioinformatique.

Source :
– Site de Dima Damen :
http://www.comp.leeds.ac.uk/dima/
– The engineer online, 02/01/08 : http://www.theengineer.co.uk/Articles/303808/Arresting+bike+theft.htm
– Image :
http://www.eurekalert.org/multimedia/pub/6364.php?from=106843

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/53082.htm


[ContreInfo – 09/05/2008]

Il est impossible de comprendre les actions de l’administration américaine si l’on ne garde pas en tête sa volonté d’en découdre avec l’Iran, qui occupe dans la vision néoconservatrice la place de l’ennemi principal, de la clé de voute dont la suppression dégagerait d’un coup l’horizon.

Quel que soit l’avis que l’on puisse avoir sur la stratégie de l’opposition libanaise et le blocage persistant depuis 2006 de tout processus institutionnel, les derniers évènements de Beyrouth conduisent inévitablement à s’interroger sur les causes de cette nouvelle flambée de violences.

La décision soudaine prise par le gouvernement de déclarer hors la loi le réseau de communication de la résistance chiite, de limoger le directeur de la sécurité de l’aéroport et de contester la présence de quelques caméras vidéos sur le pourtour de l’aéroport de Beyrouth ne pouvaient être ressenties que comme des provocations par le Hezbollah et ses alliés, le mouvement Amal et les partisans du général Aoun.

Le réseau téléphonique du Hezbollah, partie intégrante de la chaine de commandement de la branche armée de la milice chiite, lui permet de garantir la confidentialité de ses communications – en temps de guerre comme en temps de paix – au grand dam, on s’en doute, des services israéliens et américains qui rêvent de casser ce mouvement de résistance qui persiste à s’opposer à leur vision d’un Grand Moyen Orient réduit à un ensemble d’états-clients dociles ne songeant pas à remettre en cause la suprématie et les intérêts de Washington et de son allié indéfectible dans la région.

Vouloir s’en prendre à ce dispositif stratégique pour l’organisation chiite ne pouvait que provoquer sa réaction et conduire aux affrontements auxquels nous assistons depuis trois jours. (suite…)


[Le Figaro – 06/05/2008]

Quatre scandales ont impliqué des «officines» depuis le début de l’année. Ecoutes sauvages dans l’univers du luxe par une société anglo-saxonne équipée de «mouchards» dernier cri achetés au marché noir en Angleterre, approche d’un ingénieur d’une grosse société agroalimentaire française par un faux chasseur de têtes désireux de percer le secret d’une licence, corruption de la secrétaire d’un dirigeant du secteur de la défense afin de connaitre le calendrier de ses déplacements à l’étranger..

Si elles ont toujours fait partie du paysage, ces méthodes inavouables n’ont jamais tant fait parler d’elles. Elles débouchent parfois sur des secrets d’alcôve ou des secrets d’Etat. Souvent enfouies, comme tout ce qui sent le soufre, elles éclatent parfois au grand jour. Depuis le début de l’année, pas moins de quatre scandales ont mis sur le devant de la scène des cabinets de sécurité privés ou des agences d’intelligence économique…œ En un mot qu’ils n’apprécient guère , des «officines».

L’affaire la plus récente concerne le candidat à la présidentielle de la Ligue communiste révolutionnaire, Olivier Besancenot. Sa vie familiale aurait été «épiée, disséquée et mise en fiches» d’octobre 2007 à janvier 2008, avec plan d’accès à son appartement et détails de ses comptes bancaires. Une plainte contre X vient d’être déposée.

Mais c’est surtout l’épisode Moigne qui a provoqué les secousses les plus fortes au sein de l’institution policière. Et les conséquences judiciaires les plus spectaculaires.

http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/05/07/01001-20080507ARTFIG00710-operation-mains-propres-dans-la-securite-privee.php


[Le Monde – 05/05/2008]

Il ne s’écoule plus un jour sans que la police n’apporte la preuve de l’efficacité de ses fichiers. Le 11 avril 2008, la cour d’assises du Gard a condamné un ancien pompier à la réclusion criminelle à perpétuité pour le viol et le meurtre, en 1987, d’une lycéenne de 16 ans. L’homme a été confondu par son empreinte ADN prélevée dix-neuf ans après les faits et comparée à celles, archivées, qui avaient été trouvées sur sa jeune victime.

Pour les policiers, l’ADN est un précieux auxiliaire pour traquer les criminels – ou pour innocenter une personne. Mais depuis 2003, le prélèvement d’ADN a été généralisé à la quasi-totalité des délits. Et les récalcitrants s’exposent à des poursuites en cas de refus. Résultat : près de 30 000 empreintes s’ajoutent chaque mois, faisant naître des inquiétudes.

A quelques jours d’intervalle, les fichiers de police et de gendarmerie se sont trouvés au coeur de vifs débats. Le 22 avril, la ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, a décidé la mise en sommeil, puis la modification du logiciel Ardoise destiné à alimenter les fichiers de police. Alertées sur la présence de mentions telles que « homosexuel », « permanent syndical » ou « SDF », des associations avaient saisi la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde).

Le 18 avril, ces fichiers ont fait parler d’eux au plan européen : moyennant la levée de visas auxquels sont toujours soumis les ressortissants de certains pays européens, les Américains demandent un accès au Système d’information Schengen (SIS) qui comprend les empreintes digitales des demandeurs d’asile, ainsi que les fichiers des personnes recherchées et des véhicules volés. Les Européens, dont les Français, ont réclamé la réciprocité.

FUSION DES DEUX PRINCIPAUX FICHIERS

Tous fichés ? En France, les fichiers, nombreux, existent dans tous les domaines, administratifs, judiciaires, immigration… Ils croissent chaque jour un peu plus au rythme des développements informatiques, et des réformes. Le rapprochement de la police et de la gendarmerie, prévu au 1er janvier 2009, aboutira à la fusion des deux principaux fichiers, du STIC (police) et du Judex (gendarmerie).

La création, le 1er juillet, d’une nouvelle direction centrale du renseignement intérieur donnera lieu aussi à de nouveaux fichiers, issus de la fusion entre la DST et les RG. Tout ce qui a trait au terrorisme, et à la protection des intérêts vitaux de la France ira dans un fichier RI protégé par le secret défense ; tout le reste, en gros tout ce qui concerne le renseignement en milieu « ouvert », sera versé dans un nouveau fichier joliment baptisé Edvige (Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale).

Les durées de conservation de ces informations ne sont pas mineures. Dans le cas du STIC et du Judex, les données concernant les personnes majeures sont en principe conservées vingt ans (quarante ans en cas d’infractions graves), cinq ans pour les mineurs (dix à vingt ans selon la gravité des faits), et quinze ans pour les victimes. Le délai, dans le FNAEG, est de quarante ans pour les personnes condamnées, mortes et disparues ; vingt-cinq ans pour les mis en cause et la parentèle des disparus.

Un rapport sur les fichiers de police et de gendarmerie, commandé par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, soulevait la question de leur mise à jour. « Certaines fiches du STIC ou du Judex ne sont pas toujours actualisées. (…) Il peut par conséquent arriver que dans le cadre d’une enquête administrative, un emploi soit refusé à une personne sur la base d’une information concernant sa mise en cause dans une infraction, alors même que celle-ci a fait l’objet d’un non-lieu… »

Dans ce rapport, qui reste un ouvrage de référence en la matière (Fichiers de police et de gendarmerie. Comment améliorer leur contrôle et leur gestion ?, La Documentation française, 2007), les auteurs Alain Bauer et Christophe Soullez plaidaient pour une plus grande transparence.

Isabelle Mandraud La première banque de données génétiques est britannique

Quatre millions et demi de Britanniques, soit 5,2 % de la population, sont fichés génétiquement, ce qui fait de cette banque de données génétiques la première du monde. Depuis quatre ans, la loi autorise la police britannique à prendre l’empreinte génétique des personnes qu’elle arrête, même si elles sont relâchées sans inculpation. Cette loi de 2004, condamnée par les organisations de défense des droits civiques, autorise aussi le stockage, sans limitation de durée, des données dans une base créée en 1995. En Allemagne, le fichier d’empreintes ADN, créé en 1998, comprend plus de 672 000 références. Près de 10 000 nouvelles empreintes y sont enregistrées chaque mois.

Au total, les polices d’au moins trente pays, dont vingt en Europe, ont constitué ce type de fichiers, en théorie à partir de segments dits « non codants » de l’ADN, sur lesquels on ne peut extraire d’informations physiologiques ou morphologiques, hormis le marqueur du sexe.

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3224,50-1041307,0.html


[La Chronige Agora – 08/05/2008]

Nous évoquions mardi les nouveaux records absolus battus par le baril de pétrole (122,7 $). La publication hier d’une hausse des stocks de brut aux Etats-Unis fin avril ne parvient pas à le faire retomber sous les 121 $. Quoi qu’il advienne, son cours a doublé en 12 mois jour pour jour, et la hausse atteint 250% par rapport au 18 janvier 2007, 600% par rapport à janvier 2002, et 700% tout rond en 10 ans.

Tous ces chiffres, tous ces ratios qui donnent le tournis, vous y êtes accoutumés à force de nous subir (de nombreuses Chroniques ont traité du Peak Oil et de ses effets induits sur l’ensemble des matières premières)… mais il faut maintenant vous familiariser avec de nouvelles problématiques, bien plus dramatiques qu’une simple amputation plus ou moins douloureuse du pouvoir d’achat des consommateurs des pays développés.

Alors que le cours du baril s’est fermement installé au-dessus des 100 $ depuis le 8 avril dernier, après une première incursion à la mi-mars, le développement d’énergies alternatives — et en particulier de biocarburants — semble prendre un essor d’une ampleur comparable au lendemain du premier choc pétrolier de 1973.

L’essentiel des efforts devraient être concentrés sur les moyens d’économiser la précieuse ressource — ce qui impliquerait de la part de pays gros consommateurs de fuel et d’essence sans plomb de changer leurs (mauvaises) habitudes… mais le virage industriel le plus remarquable consiste dans le développement de carburants de synthèse à base d’amidon végétal, qu’il provienne de la canne à sucre ou du maïs — le plus célèbre et le plus disponible d’entre eux étant l’éthanol.

La question demeure encore et toujours « comment remplir les réservoirs » au meilleur coût — et non comment réduire radicalement la consommation des véhicules… ou même comment transporter différemment ceux qui doivent rejoindre leur lieu de travail et faire un crochet par le centre commercial le plus proche.

** La conséquence du développement de carburants tirés de la masse végétale, c’est l’allocation d’une part croissante des surfaces cultivables au profit de cultures non vivrières.
En Amérique du Nord, un quart des surfaces plantées de maïs sont destinées à l’industrie de l’éthanol (contre 10% trois ans auparavant). Les agriculteurs qui se lancent dans l’aventure, encouragés par des subventions fort incitatives, font pourtant un pari des plus risqués.

Voici ce qu’écrivait à ce sujet Kevin Kerr il y a tout juste un an dans une Chronique intitulée Jouons à la roulette météo : « pour beaucoup d’entre eux, les coûts entraînés par les semailles sont vertigineux. Semences, carburant, nouvel équipement, retards, engrais… la liste continue ».

« Toutes ces dépenses semblent justifiées par la ‘promesse’ d’un trésor lorsque cette précieuse récolte sera amenée jusqu’à l’usine d’éthanol la plus proche. Mais ce rêve pourrait se transformer en cauchemar pour bon nombre de fermiers si la météo ne coopère pas. En voyant les vastes champs de maïs et de soja, j’ai remarqué que la majeure partie des exploitations les plus grandes avaient des systèmes d’irrigations — de gigantesques arroseurs circulant dans les champs. Cependant, les fermes plus petites n’ont pas un tel équipement. Lorsque les températures de juillet atteindront leur sommet, l’irrigation sera nécessaire 24h/24. Or ces systèmes d’irrigation ne s’ouvrent pas simplement comme le tuyau d’arrosage de votre jardin — il leur faut du carburant. Beaucoup de carburant ».

Les surcoûts prévisibles avec un gallon de fuel à quatre dollars — et même au-delà — pourraient alourdir considérablement les frais associés aux prochaines récoltes et réduire d’autant leur rentabilité. Et que dire du bilan écologique dont les coûts sont difficiles à quantifier… voire carrément niés par le lobby de l’éthanol.

Saviez-vous qu’il faut un quart de tonne de maïs sur pied pour produire de quoi remplir un réservoir d’essence de 60 litres ?

Et il faut déverser 2 000 000 à 3 000 000 litres d’eau (oui, deux à trois millions de litres) pour produire une tonne d’amidon tiré du maïs ou de la canne à sucre. Autrement dit, chaque plein d’éthanol représente l’équivalent de 150 à 180 mètres cubes d’eau, soit la consommation annuelle d’un couple avec enfant en zone urbaine.

Pensez-vous que sans les subventions, la production d’éthanol puisse être rentable ?

** Beaucoup de consommateurs s’étonnent également de la flambée du prix des denrées alimentaires de base… parce qu’ils ne font pas le lien avec le coût de l’énergie. Le problème est un peu plus complexe que ne l’expliquent les distributeurs pointés du doigt dans la valse des étiquettes : certes, les coûts de transport des marchandises augmentent à cause du prix du fuel, le refroidissement des entrepôts frigorifiques également — mais c’est marginal, car l’électricité fait très bien l’affaire, à la place du pétrole… tout du moins en France.

L’un des facteurs inflationnistes trop peu souvent évoqué dans la presse — et les émissions grand public qui cherchent à désigner des coupables visibles plutôt que des facteurs remettant en cause notre mode de consommation — c’est l’eau !

Elle se fait de plus en plus rare dans les nappes phréatiques, elle est polluée, elle nécessite de plus en plus de traitements biochimiques pour pouvoir être consommée… et avec la flambée du pétrole, le coût de son acheminement explose.

L’effet de levier d’une infime variation du tarif de l’eau est impressionnant : les consommateurs que nous sommes se représentent rarement ce que chaque kilo de nos aliments favoris nécessite de mètres cubes d’eau avant de parvenir dans nos assiettes.

Fred Pierce, un des plus grands spécialistes mondiaux en la matière et auteur d’une étude sur la disparition des fleuves nous livre des éléments de réflexion étourdissants : « il faut entre 2 000 et 5 000 litres d’eau (5m3) pour produire 1 kg de riz, 3m3 pour 1 kg de blé, 500 litres pour 1 kg de pommes de terre ».

Et quand on commence à donner du grain au bétail, afin que ce dernier nous fournisse de la viande et du lait, les chiffres deviennent carrément surréalistes : il faut 11 000 litres d’eau pour produire ce qu’il y a de viande de bœuf dans un T-Bone (350 à 400 grammes de viande), de 2 000 à 4 000 litres d’eau pour que les mamelles d’une vache puissent produire un litre de lait. Le fromage ? Comptez une tonne d’eau par camembert de 250 grammes.

Et Fred Pierce d’enfoncer le clou : « vous estimez que votre panier à provisions devient quelque peu encombrant. Au point où nous en sommes, vous feriez mieux de laisser ce kilogramme de sucre sur son rayonnage : il a fallu pour l’obtenir environ 3 000 litres d’eau ».
« Et la boîte de 1 kg de café fait monter l’addition à 20 000 litres, ou 20 tonnes d’eau : imaginez un seul instant qu’il vous faille transporter toute cette eau jusque chez vous à la fin de vos courses ! »

« Convertissez ces statistiques à l’échelle d’un repas, vous obtiendrez plus de 100 litres pour une portion de riz, 150 litres pour le pain de votre sandwich, 500 litres pour une omelette de deux œufs ou une salade mixte, 1 000 litres pour un verre de lait, 1 500 litres pour une glace, 2 000 litres pour une côte de porc, 3 000 pour un hamburger et 5 000 litres pour un malheureux steak haché »…

« Vous avez un faible pour les sucreries ? C’est encore pire. Chaque cuillerée de sucre ajoutée à votre café correspond à 50 tasses d’eau. Ce qui est beaucoup, mais peu comparé aux 140 litres d’eau (ou 1 120 tasses) qu’il aura fallu pour produire le café lui-même. Vous préférez l’alcool ? Un verre de vin ou une pinte de bière demande 250 litres d’eau, un verre de digestif pas moins de 2 000 litres ».

** Vous nous pardonnerez de vous avoir noyé sous ces chiffres… mais c’était une étape nécessaire afin que vous touchiez du doigt à quel point nos modes de production sont totalement inaccessibles aux pays pauvres en ressources en eau.

Peut-être gaspillons-nous beaucoup de ce précieux liquide… mais nous en recyclons la majeure partie (celle qui ne s’évapore pas), ce qui a un coût — très supportable au demeurant.

Il est sans commune mesure, cependant, avec l’amortissement des infrastructures d’irrigation et de drainage, ainsi que celui du matériel agricole et de stockage. Et que faire lorsque l’eau n’existe qu’en quantité extrêmement limitée tandis que les populations qui vivent autour des rares puits connaissent une croissance exponentielle ?

Dans l’urgence où se trouvent les pays qui connaissent des émeutes de la faim, la seule solution consiste à remettre en culture des surfaces en jachère, arbitrer massivement la production d’éthanol au profit du soja, du blé, du mil, etc.

Nous possédons l’outil industriel adéquat pour accroître la production de céréales en quelques mois… mais si rien ne se passe, c’est tout simplement parce que les lois du marché jouent à l’encontre des initiatives en faveur des pays frappés par la famine.

En effet, les agriculteurs, les céréaliers, l’industrie agro-alimentaire ne produisent et ne conditionnent que ce qui est susceptible d’être vendu : avec le quintuplement du prix du riz en cinq ans (et son doublement en quelques mois), des centaines de millions de consommateurs ne peuvent plus l’acheter.

L’équation est simple : moins d’acheteurs solvables = moins de production = rareté relative = des prix plus élevés = encore moins d’acheteurs (comprendre des centaines de milliers de morts)… et cette spirale infernale paraît sans fin.

A moins que les gouvernements des pays développés n’interviennent en planifiant un surcroît de production au profit des pays en perdition économique, via des subventions… un mécanisme qui ne devrait guère changer nos vieilles habitudes occidentales.

Sauf que d’un point de vue culturel, il existe une résistance du monde à toute forme d’interventionnisme… sauf si cela aboutit à l’accroissement des profits d’une catégorie de producteurs disposant de lobbys assez puissants pour influencer les politiques (en faveur de l’éthanol par exemple).

De quels moyens de pression les ONG disposent-elles pour influencer les gouvernements, afin de court-circuiter la spéculation et réorienter les fameuses subventions agricoles en faveur de cultures vivrières ? Un rapide tour d’horizon de la presse économique vous permettra de constater que beaucoup de gens vont continuer de mourir sur la planète avant que les spéculateurs ne se détournent des contrats à terme sur les commodities.

Certains golden boys font cependant preuve de générosité et offrent une partie de leurs gains aux ONG qui luttent contre la faim dans le monde. Le problème, c’est que même si l’argent devenait suffisamment abondant, les céréales pour nourrir ceux qui en ont besoin n’existent tout simplement pas… même à prix d’or !

Il faudra de toute façon attendre la prochaine récolte en Birmanie et dans une large portion côtière de l’Asie du Sud-est : celle du printemps est détruite et les greniers du monde sont vides ! C’est tout le système agro-économique qui est à revoir ; la spéculation ne constitue qu’un facteur aggravant, elle n’est pas la cause de tous nos maux.

http://www.la-chronique-agora.com/articles/20080508-867.html


[Larry Chin, – Online Journal – 6 mai 2008]
Le Ministère de la Sécurité Intérieure de l’administration Bush-Cheney avec les Centres de Contrôle et de Prévention des Maladies (CDC) et le Ministère de la Santé et des Services Sociaux (HHS), ont fixé en commun des directives qui recommandent, en cas de « pandémie » ou de crise de masse, de refuser tout traitement médical qui sauve la vie aux gens âgés, aux malades, aux blessés graves, et aux pauvres.

Les détails sont discutés dans ce rapport d’Associated Press :

Qui les médecins devront laisser mourir dans une pandémie ? Un rapport propose la réponse.
Les directives proposées, devant servir de modèle à suivre dans les hôpitaux du pays, recommandent en particulier que les personnes jugées en « grand danger de mort » avec de « minces chances de survie » se voient dorénavant refuser les services et les « ressources rares, » tel que l’imposent les responsables désignés.

Ceux qui se verront refuser assistance sont en particulier les gens :

  • – Agés de plus de 85 ans.
  • – Souffrant de traumatisme grave, comme de blessures dues aux accidents d’automobiles et aux fusillades.
  • – Gravement brûlés.
  • – Souffrant de déficience mentale (maladie d’Alzheimer).
  • – Souffrant de maladies chroniques, notamment des poumons, du cœur et de diabète.

Dit autrement, les plus défavorisés seront laissés mourir.

Nous assistons depuis des années au vidage et à la militarisation des États-Unis, et à la marche inexorable vers le contrôle total de la population : création du Ministère de la Sécurité Intérieure ; destruction du droit et des libertés civiques ; élections truquées ; espionnage interne ; et réductions et rationnement de plus en plus résolus des services sociaux et de santé.

Avec le monde s’enfonçant toujours plus profondément dans la crise (fabriquée et naturelle) : guerre mondiale sans fin, bouleversements économiques, pénurie énergétique et alimentaires, ce nouveau plan à glacer le sang prouve une nouvelle fois que les pouvoirs en place sont en train de préparer (et/ou de comploter) une élimination de populations.

Ce n’est rien de moins que de l’eugénisme (le « nettoyage des inaptes » dont Hitler et ses semblables ont seulement rêvé) délivré par les Bush-Cheney, docilement effectué par les légions de suppléants, et auquel peu s’opposeront.

Original : http://onlinejournal.com/artman/publish/article_3258.shtml

http://www.alterinfo.net/index.php


[Hervé Le Crosnier – ReOpen911 –  22 avril 2008]

Dans l’édition de dimanche du New York Times, un long, très long et passionnant article décrivait les méthodes du Pentagone pour manipuler les médias. Et soulignait la responsabilité des médias dans ce cadre.

Au coeur de cette nouvelle démonstration des méfaits de l’industrie de l’influence (qui regroupe la publicité, mais aussi les « public relation », l’infowar et les pouvoirs militaro-industriels) on trouve les « analystes » des médias. Une catégorie particulière : les analystes et commentateurs ne sont ni totalement journalistes liés par un code de déontologie, ni totalement propagandistes patentés dont on pourrait relier les paroles aux idéologies et aux conflits d’intérêts.

L’article du New York Times résume une enquête approfondie, une spécialité qui reste la gloire des journaux étatsuniens, et dont on aimerait tant avoir l’équivalent par ici. Cette enquête s’appuie sur l’examen de 8000 pages de documents et d’e-mails obtenus par une plainte pour déclassifier des sources. Il démontre que les « analystes militaires« des grands médias, qui viennent donner la »bonne parole », faire des conjectures et assommer le bon peuple de leur « expertise » étaient en réalité des pions au service du Pentagone d’une part et des « consultants » auprès des entreprises du complexe militaro-industriel d’autre part. A ce titre, les « analyses » et « commentaires » qu’ils délivraient sur les ondes étaient à mettre en relation avec les immenses marchés à gagner ou à perdre pour leurs commanditaires.

C’est ici le « médiagate » qui s’installe. Car, bien loin des quelques lignes éparses publiées dans la presse française sur ce sujet majeur, le NYT dénonce la complicité et l’aveuglement des médias qui avaient engagés et payaient ces analystes. Y compris le NY Times lui-même qui regrette certains éditoriaux de ces malfaisants.

Il n’y a pas de domination sans complices, et ceux qui aujourd’hui rejettent toute la faute sur « le Pentagone » cherchent en réalité à dédouaner leur responsabilité.

La « guerre psychologique » (psy-ops) est une stratégie pourtant connue, commentée, on trouve même des manuels militaires, des documents émanant du Pentagone pour la décrire. Dont ce fameux rapport « Information Operations Roadmap » signé par Donald Rumsfeld, ministre des armées de 2001 à 2006. Rédigé en 2003 et rendu public en 2006 après une demande au titre du « Freedom of Information Act » (on peut le lire à http://www.gwu.edu), ce document prévoyait de bloquer l’internet pour éviter la diffusion d’informations contradictoires. Le même Rumsfeld n’hésitait pas à menacer les médias en 2006 (« Any kind of moral and intellectual confusion about who and what is right or wrong can severely weaken the ability of free societies to persevere. » The Washington Post, 30 août 2006 – http://www.washingtonpost.com)

Et pourtant, malgré cette connaissance des enjeux de la guerre psychologique et des opérations ideologiques de l’armée, les médias engageaient des « analystes », des « experts » sans se poser la question de leurs liens avec l’appareil militaire et industriel. On leur demandait de signer un simple document de « disclosure », sans enquêter sur leurs employeurs et les intérêts en conflit avec la place propagandiste déterminante qui leur est offerte.

Car ces « experts » ne sont pas ceux qui apportent des « informations », mais qui émettent le « discours » idéologique global, qui « interprètent » les événements, du haut de leurs « connaissances », en général longuement vantées auparavant par les présentateurs…

Mais qui sont ces expert(e)s ?

Ces experts, nous les connaissons aussi en France, ancien militaires spécialistes de l’armée, consultant en sécurité spécialistes de la tolérance zéro, « spécialiste » de ceci ou cela… Toujours les mêmes, faisant la tournée des rédactions, ils ou elles interviennent dès qu’il se passe un événement. On leur déroule le tapis rouge et on les laisse pérorer. Mais qui sont-ils(elles) ? Qui les paye vraiment ? quels sont les intérêts croisés entre leur domaine d’expertise, leurs sources de revenus et le discours qu’ils prononcent ? Nous ne le savons jamais… et pire, ce que semble montrer l’enquête du New York Times, c’est que les médias ne se posent pas la question. Eux si prompt à salir les militants et les activistes n’enquêtent même pas sur les « experts » qu’ils commanditent ?

Oui, c’est un véritable « médiagate » qui s’ouvre sous nos yeux. Et c’est maintenant qu’il faut porter le fer : qui sont les « experts » ? A quel degré pouvons-nous croire ce qu’ils(elles) disent ? Pourquoi sont-ce toujours les mêmes « experts », avec le même angle d’analyse ? Pourquoi n’y a-t-il jamais deux « analystes » opposés ?

La guerre qui s’est installée en Irak a été le produit des mensonges médiatiques (la fameuse affaire des « armes de destruction massive ») et des commentaires récurrents par des analystes pousse-au-crime dont les petites affaires dépendaient de leur pouvoir de conviction. C’est encore et toujours « Tintin et l’Homme à l’oreille Cassée » ! Tintin reporter, et nous sommes pourtant au 21ème siècle.

Mais que n’avez-vous encore rien dit messieurs les grands éditorialistes de nos médias hexagonaux ! Où sont vos messages pour regarder devant votre porte, examiner de près les intérêts de vos analystes extérieurs ?

Car ce qui est vraiment en jeu, c’est le basculement de l’industrie de l’information aux mains de l’industrie de l’influence.

Et ce n’est pas un mince enjeu, compte tenu des puissances inégalées des « technologies de l’information et de la communication » et des méthodes de l’influence. Le fameux « mur » entre les rédactions et les services de pub est définitivement effondré, et la « connaissance fine des usagers » transforme tout média en moyen de manipuler des lecteurs plus ou moins consentants. Nous sommes au régime de la « publicité comportementale », et nous voyons avec ce militaro-médiagate que l’influence touche tous les terrains de la vie sociale, du nucléaire à l’agriculture, de la gouvernance des villes à l’éducation, et jusqu’à la question centrale de la guerre et de la paix.

Oui Messieurs des grands médias, nous attendons votre coup de projecteur sur les conséquences de ces révélations du New York Times. Qu’allez-vous faire ? Comment allez-vous rendre public les conflits d’intérêts de vos analystes et experts ? Allez-vous chercher des experts indépendants, des universitaires dont les laboratoires ne sont pas en marché avec tel ou tel acteur du domaine d’expertise ?

Ou allez-vous à nouveau fermer les yeux ? Manier le cynisme de ceux qui savent cela depuis si longtemps… ce cynisme qui n’est aujourd’hui que le dernier rempart de celles et ceux qui ne veulent surtout rien changer.

Le cynisme n’est pas de mise : nous passons avec l’enquête du New York Times de l’hypothèse à la démonstration… et ce n’est pas rien. Nous laisserons-nous entraîner dans la prochaine guerre par ce même type d’expert et d’analyste aux intérêts croisés ? Allez-vous, allons-nous, rester complices de la désinformation et des opérations de guerre psychologique ?

Il est temps de sortir le balai et de nettoyer, car les temps qui viennent vont être difficiles. Nous avons besoin d’une information crédible. Ce n’est pas le moment de démissionner devant l’industrie de l’influence, mais celui de relever la tête.

http://www.reopen911.info/News/2008/04/23/le-%c2%ab-mediagate-%c2%bb-analystes-experts-medias-et-industrie-de-linfluence/


[Par Sébastien BOUSSOIS – Préface de Dominique Vidal –  Khaled Hroub – Traduit de l’anglais par Laurence Decréau –  Demopolis 240 pages, Paris, Avril 2008]

On ne parle que du Hamas depuis que le mouvement islamiste a gagné les élections législatives en janvier 2006, au détriment d’un Fatah déphasé après les échecs des négociations de Camp David en 2000, la seconde Intifada et la mort de Yasser Arafat. Ayant pris la tête du gouvernement à dominante islamiste, puis, en avril 2007, d’un gouvernement d’union nationale avec son rival, le Hamas a fini par s’emparer violemment de tout le pouvoir à Gaza en juin 2007. Bien que placé sous les feux de l’actualité palestinienne et alors que sa percée s’inscrit dans une vague régionale, le mouvement de résistance, qui figure plus que jamais sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne, des Etats-Unis et d’Israël, n’a pas suscité, jusqu’ici, de livre de fond.

Comme l’écrit Dominique Vidal, historien et journaliste, dans sa préface, « le mouvement a progressivement plongé ses racines au plus profond de la société palestinienne ». Né sur les décombres de 40 ans de frustrations palestiniennes, en 1987, lors de la première Intifada, créé par le Cheikh Ahmed Yassine mort assassiné depuis, le « mouvement de résistance islamique » s’inspire des Frères musulmans dont il est issu afin de mener un combat nationaliste et religieux pour la libération de la Palestine. On retient, à juste titre, les attentats-kamikazes dont le mouvement s’est rendu coupable en Israël, son refus de négocier avec ce dernier et les atteintes aux libertés auxquelles il se livre à Gaza contre ses adversaires.

Mais, comme l’explique l’intellectuel palestinien Khaled Hroub dans son ouvrage du même nom, le Hamas ne se réduit pas, loin de là, à ces seules dimensions. Historiquement, politiquement, culturellement, religieusement et socialement, c’est à la fois le principal mouvement islamiste palestinien mais surtout une formidable alternative aux failles du Fatah, décrédibilisé par son échec stratégique, sa gestion corrompue et son absence de vie démocratique interne.

Le Hamas était idéologiquement le mieux placé pour faire face à l’impasse des accords, processus de paix devenu processus d’occupation : doublement du nombre de colons, désarabisation de Jérusalem-est, transformation de la Cisjordanie en bantoustans, multiplication des check-points, incursions israéliennes et contrôle effectif des Territoires face à une Autorité palestinienne impuissante.

Très présent sur le terrain social local depuis 20 ans, le Hamas – même si, comme l’écrit l’auteur, « il ne souhaitait pas gagner les élections » – a dû faire face à ses responsabilités à l’annonce des élections. Au lieu de négocier avec le vainqueur des premières élections démocratiques réalisées dans un pays arabe du Proche-Orient, l’Occident a imposé des sanctions à une population déjà frappée pour moitié par le chômage et vivant aux deux tiers avec moins de deux dollars par jour. L’instauration d’un gouvernement d’unité nationale s’inscrivant explicitement dans la perspective de deux Etats n’y a rien fait : l’embargo des Etats-Unis et de l’Europe a accéléré la radicalisation des éléments islamistes. En « punissant » les Palestiniens, l’Occident les a poussés un peu plus dans les bras de l’aile la plus radicale du Hamas.

Sur le fond, le livre revient dans un jeu de questions-réponses sur la structure, l’idéologie, la stratégie, les soutiens, les attentats kamikazes, l’enracinement progressif du Hamas dans l’histoire et le présent de la société palestinienne. Khaled Hroub a rencontré et interviewé les principaux dirigeants du mouvement pour mener son enquête et écrire son livre. C’est déjà une gageure.

Résumer le contenu du livre en quelques lignes est impossible et des choix s’imposent. Hroub commence par évoquer la Charte du mouvement, rédigée en 1988, et dont les dirigeants se sont petit à petit éloigné ; il revient sur les éléments les plus dérangeants du corpus idéologique du Hamas, à savoir la légitimité d’Israël, la conspiration faite contre les Arabes lors de la création de l’Etat hébreu en 1948, le caractère religieux du combat nationaliste. L’auteur revient ensuite sur ce qui fâche : le présupposé antisémite du mouvement, le présupposé anti-sionisme de ce dernier, l’avenir de la présence juive au Proche-Orient.

Hroub ne manque pas de signaler que le Hamas reste délibérément flou sur certains aspects des rapports entre Juifs et Musulmans, entre Israéliens et Palestiniens. Et évidemment sur la question de la reconnaissance d’Israël, clé de l’affaire. Ce n’est pas « inenvisageable » selon lui. Parce que « le pragmatisme et le réalisme dont font preuve ce mouvement face aux problèmes laisse la porte ouverte à un tel dénouement ». C’est peut être aller vite en besogne mais « il faudrait [quand même] que le climat se prêt à un pas aussi décisif ». On en est loin autant pour Israël que pour la Palestine. Longuement, Hroub démontre brillamment l’évolution « pragmatique » du Hamas entre 1988 et 2008, sa place dans le coeur meurtri des Palestiniens et dans le coeur blessé des Arabes. Et vingt années de lutte, cela compte.

Voilà pour le présent. Mais quel sera l’avenir dans la bande de Gaza du Hamas et la Cisjordanie du Fatah… Et du Hamas ? Quel est l’avenir des relations du Hamas avec le monde arabe ? Avec l’Occident ? Difficile de le dire comme toujours au Proche-Orient. Tout peut basculer d’un jour à l’autre. Interrogeant une personne à Gaza sur les raisons de son vote pour le Hamas, il obtint cette réponse « Quand je vote pour le Hamas, je vote pour Allah ».

Est-ce à dire que la prochaine étape, après la prise de Gaza par Haniyeh, sera l’implantation radicale et dangereuse d’Al Quaida ? L’auteur ne cache pas sa crainte, même si le Hamas veille. C’est dire qu’il lui faut se normaliser, et passer du statut de mouvement de résistance Ne reculant pas devant des méthodes terroristes (c’est à dire ciblant des civils innocents) à celui de mouvement politique « fréquentable ». On rachète tout le monde dans le monde d’aujourd’hui. Mouammar Kadhafi le sait bien. Alors, pour rassurer, s’il le peut, le Hamas a tendance – mais est-il crédible ? – à répéter : « We are Erdogan, not Taliban ». Un Hamas plutôt tendance Erdogan, du nom du premier ministre turc « islamo-démocrate conservateur », comme on dit à Ankara, que tendance « Fous de Dieu » comme à Kaboul.

Beaucoup d’incertitudes subsistent, l’auteur le reconnaît. Mais laissons lui le mot de la fin : « Les différences entre ces deux mouvements sont considérables, jusque dans leur nature. C’est pour cette raison que le Hamas tient absolument à garder ses distances avec Al Qaida et ne veut surtout pas s’engager dans une coopération ».

A la bataille mondiale de l’organisation d’Oussama Ben Laden, terrorisme inclus, contre les nouveaux croisés de l’Occident, le Hamas oppose une lutte visant à rendre un territoire aux Palestiniens, un pays à part entière où ils puissent vivre libres. Et l’on ne compte plus les déclarations de ses dirigeants, Ismaïl Haniyeh en tête, selon lesquelles ce territoire pourrait se trouver aux côtés d’Israël, et non prendre sa place…Encore faut-il que s’ouvre l’espace d’un dialogue politique, auquel Khaled Hroub, avec son livre, entend contribuer avec conviction, sans préjugés et en respectant le recul nécessaire face à l’actualité.

http://oumma.com/Le-Hamas

Khaled Hroub est né dans un camp de réfugiés palestiniens à proximité de Bethléem. Universitaire et journaliste, il dirige le programme d’études des médias arabes de l’Université de Cambridge, en Grande-Bretagne. Il écrit ponctuellement dans les colonnes de Al Hayat, Herald Tribune, Middle-East Journal et la Revue d’Etudes Palestiniennes et est membre du Queen’s college à Oxford.

Sébastien BOUSSOIS
Journaliste français et chercheur. Docteur en sciences politiques, il s’intéresse plus particulièrement au conflit israélo-palestinien et au monde arabe. Il a collaboré à l’ouvrage de Dominique Vidal, Comment Israël expulsa les Palestiniens ? (1947-1949), aux éditions de l’Atelier, et dirige par ailleurs la collection politique « Reportages » aux Éditions du Cygne. Il a publié cette année Israël confronté à son passé, essai sur l’influence de la nouvelle histoire, chez l’Harmattan et publie en septembre prochain un ouvrage sur Maxime Rodinson. Il écrit enfin ponctuellement dans différentes revues et est l’auteur de romans.


[Stefan Steinberg – World Socialist Website – 28 avril 2008]

Une série de rapports publiés dans la presse internationale a attiré l’attention sur le rôle joué par les spéculateurs professionnels et les hedge funds (fonds spéculatifs internationaux) dans la hausse des prix des denrées de première nécessité, notamment, des produits alimentaires. La forte augmentation des prix alimentaires ces derniers mois a provoqué des protestations et des émeutes dans de nombreux pays de par le monde.

Le mardi, 22 avril, un porte-parole de l’ONU a parlé d’un « tsunami silencieux » qui menace de plonger plus de 100 millions de personnes de tous les continents dans la famine. Josette Sheeran, directrice générale du Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a remarqué : « C’est le nouveau visage de la faim – les millions de personnes qui n’étaient pas dans une catégorie urgente il y a six mois le sont désormais. » Un récent article publié dans le magazine britannique New Statesman et intitulé « La folie commerciale à l’origine de la flambée des prix » indique que l’augmentation de la population mondiale et le passage au biocombustible sont des facteurs importants de la hausse des prix des produits alimentaires, mais précise ensuite : « Ces facteurs à long terme sont importants, mais ne sont pas les raisons véritables pour lesquelles les prix alimentaires ont doublé ou pourquoi l’Inde rationne le riz ou pourquoi les éleveurs britanniques tuent les cochons pour lesquels ils ne peuvent plus payer la nourriture animale. C’est la crise du crédit. »> L’article rapporte que la crise alimentaire s’est développée au cours « d’un laps de temps incroyablement court, en essence au cours de ces 18 derniers mois. » Il poursuit : « La raison de la « pénurie » alimentaire est la spéculation sur le marché à  termes de marchandises, suite à l’effondrement des marchés à termes des instruments financiers. En désespoir de cause d’obtenir un rendement rapide, les courtiers ont retiré des millions de dollars investis en actions et dans des prêts immobiliers pour les placer dans les denrées alimentaires et les matières premières. A Wall Street, on parle alors de « super cycle des matières premières » et il est probable que cela conduise à une famine à une échelle épique. » Les prix mondiaux des aliments de base tel le blé, l’huile de table et le lait augmentent de façon continue depuis 2000, mais ils montent de façon remarquable depuis 2006, date à laquelle la propagation de la crise financière aux Etats-Unis a commencé à se faire sentir sérieusement. Depuis le début de l’année 2006, le prix mondial moyen du riz a augmenté de 217 pour cent, celui du blé de 136 pour cent, du maïs de 125 pour cent et du soja de 107 pour cent.Dans des conditions où le non-remboursement des dettes se multiplie en raison de la crise hypothécaire américaine, les spéculateurs et les groupes de hedge funds détournent de plus en plus fréquemment leurs investissements des valeurs adossées à des créances « regroupés à d’autres prêts » contenant des subprime à haut risque, en faveur de valeurs allant de l’or et de l’huile pour inclure des « produits agricoles de base » tel le maïs, le cacao et le bétail ou autres. L’article du New Statesman signale que les « spéculateurs parient même sur le prix de l’eau » pour ensuite conclure :

« Tout comme le boom dans l’immobilier, l’inflation des prix des marchandises se nourrit d’elle-même. Plus les prix augmentent et plus les profits gonflent, plus d’autres investiront dans l’espoir de récolter des bénéfices. Consultez les sites internet financiers : quasiment tout le monde se rue sur les marchandises… Le problème, c’est que si vous faites partie des 2,8 milliards de personnes, ce qui représente presque la moitié de la population mondiale, qui vivent de moins de deux dollars par jour, vous risquez de payer de votre vie pour ces profits. »

Pour l’heure, les investissements dans des « produits agricoles de base » sont hautement recommandés par des analystes financiers en vue. C’est ainsi que Patrick Armstrong, cadre chez Insight Investment Management de Londres, écrit : « Les matières premières peuvent se révéler être le meilleur investissement pour les hedge funds parce que le marché est tellement inefficace. Ce qui entraîne une plus grande chance de profit. »

La majeure partie des spéculations internationales sur les denrées alimentaires a lieu à la bourse de Chicago (CHX) où plusieurs hedge funds, des banques d’affaires et des fonds de pension ont sensiblement renforcé leur activité ces deux dernières années. Rien que depuis janvier dernier, l’activité d’investissement dans le secteur agricole a augmenté d’un quart à la bourse de Chicago et, selon la firme Cole Partners dont le siège est à Chicago, l’implication des hedge fonds dans le secteur des matières premières a triplé au cours de ces deux dernières années en totalisant 55 milliards de dollars.

Des gros investisseurs tels les hedge funds et les fonds de pension achètent des contrats à terme, dits futures qui sont des actions de la bourse dans le futur portant sur des matières premières et des produits alimentaires dont la livraison est différée à une date future donnée. Si le prix de la marchandise augmente considérablement entre le temps de l’investissement et celui de la livraison, l’investisseur peut en tirer un profit juteux.

Au vu de la présente crise alimentaire, des rendements énormes sont garantis. Selon les chiffres de la CHX, les futures sur le blé (livraison en décembre) augmenteront probablement d’au moins 73 pour cent, le soja de 52 pour cent et l’huile de soja de 44 pour cent.

Des catastrophes écologiques majeures, telle la récente sécheresse en Australie qui a affecté la production alimentaire et qui a fait grimper les prix des aliments de base, sont d’excellentes nouvelles pour les gros investisseurs.

Cette année, les mauvaises récoltes en Australie et au Canada ont entraîné une forte augmentation des prix du blé. La Deutsche Bank a estimé que le prix du maïs allait doubler tandis que le prix du blé augmentera de 80 pour cent à court terme.

De tels catastrophes écologiques qui peuvent ruiner les agriculteurs moyens et jeter des millions de personnes dans la pauvreté en raison de l’augmentation des prix alimentaires, sont un aspect de « l’inefficacité » du marché de matières premières cité plus haut et qui font que les « produits agricole de base » sont tellement attrayants pour les gros spéculateurs.

Une avidité mortelle

Un article intitulé « Une avidité mortelle » paru dans l’édition actuelle du magazine allemand Der Spiegel donne quelques détails sur l’activité spéculative des hedge funds sur le marché alimentaire. Le magazine cite l’exemple du hedge funds Ospraie qui en général est considéré être le plus important des fonds d’investissement opérant présentement dans les aliments de base.

Le gérant du fonds, Dwight Anderson, a été surnommé « le roi des matières premières ». En été 2006, Anderson recommandait déjà à ses actionnaires « l’extraordinaire rentabilité » des récoltes agricoles. Alors qu’Ospraie rechigne à publier ses profits tirés de la spéculation sur les aliments de base, un grand investisseur allemand est bien moins réticent.

Andreas Grünewald avait démarré son Münchner Investment Club (MIC) en 1989 avec un capital initial requis correspondant tout juste à 15.000 euros. MIC gère à présent un volume de 50 millions d’euros dont 15 millions proviennent d’investissements dans les matières premières.

Selon Grünewald, « les matières premières représentent la méga-tendance de cette décennie » et son entreprise à l’intention d’intensifier son implication à la fois dans le secteur de l’eau et des produits agricoles. Les investissements de MIC rien que dans le blé ont déjà généré des taux de profit de 93 pour cent pour les 2500 membres de son club.

L’article du Spiegel remarque que MIC et ses membres ne pensent pas un seul instant aux conséquences catastrophiques que leur politique spéculative d’investissement a pour les pays en voie de développement. « La plupart de nos membres sont plutôt passifs et tournés vers le profit, » a remarqué Grünewald.

Avec ses 50 millions d’euros, MIC fait plutôt partie des petits groupes comparés au géant de la finance, ABN Amro qui a acquis dernièrement un certificat lui permettant de spéculer à la bourse de Chicago pour le compte d’investisseurs plus petits.

Peu de temps avant que n’éclatent les émeutes de la faim il y a quelques semaines, ABN Amro avait publié un prospectus dans lequel on pouvait lire que l’Inde avait imposé une interdiction d’exporter du riz, ce qui additionnée aux mauvaises récoltes enregistrées dans plusieurs pays, a résulté en une pénurie mondiale de riz. « A présent », dit le prospectus d’ABN Amro, « il est possible pour la première fois d’avoir des parts du premier marché alimentaire de l’Inde. »

Selon l’article du Spiegel, ceux qui s’étaient ralliés à l’appel d’ABN Amro ont pu réaliser un taux de profit de 20 pour cent en l’espace de trois semaines, période durant laquelle on a assisté à une augmentation énorme des investissements dans le riz à Chicago et dans d’autres grands centres.

Investissements dans les biocarburants

Un autre secteur d’investissement particulièrement lucratif et qui a largement contribué à l’actuelle crise alimentaire mondiale est celui des biocarburants. Considéré au départ comme un moyen de protéger l’environnement, les biocarburants sont devenus pour les grands groupes une alternative rentable au pétrole très cher. En l’espace de quelques années, les biocarburants sont devenus une industrie privée florissante capable de générer d’énormes taux de profit.

De vastes terres de par le globe sont passées ces dernières années de la culture de récoltes alimentaires à la production d’éthanol ou de biocarburant destinée en premier lieu à compléter l’essence de pétrole. L’année prochaine, on prévoit que l’emploi du maïs américain en lieu d’éthanol augmentera de 114 millions de tonnes, soit près d’un tiers de la récolte américaine totale escomptée.

Pour employer les mots de Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, le passage aux biocarburants aux dépens des formes traditionnelles d’agriculture n’est rien moins qu’un « crime contre l’humanité. »

Bien que la production du maïs augmente partout dans le monde, cette augmentation est plus qu’absorbée par la diversification du biocarburant. Selon la Banque mondiale, la production mondiale de maïs a augmenté de 51 millions de tonnes entre 2004 et 2007. Durant ce temps, la production de biocarburants aux Etats-Unis à elle seule (surtout de l’éthanol) a augmenté de 50 millions de tonnes, en absorbant presque entièrement l’ensemble de l’augmentation mondiale.

Subventionnés par le gouvernement américain, les cultivateurs américains ont détourné 30 pour cent de leur production de maïs en production d’éthanol, faisant monter les coûts d’autres céréales, plus chères, et qui sont achetées à la place de nourriture animalière.

L’Union européenne, l’Inde, le Brésil et la Chine ont tous fixé leur propre objectif pour une augmentation des biocarburants. L’Union européenne a déclaré que d’ici 2010, 5,75 pour cent de l’ensemble de l’essence vendue aux automobilistes européens devra provenir de la production des biocarburants. Ce mois-ci, une loi britannique a imposé la vente d’un mélange d’essence comprenant 2,5 pour cent de biocarburant aux automobilistes. Une loi identique stipulant une adjonction de 10 pour cent de biocarburant à l’essence a récemment été retirée en Allemagne suite à une opposition de l’industrie automobile ainsi que de propriétaires de voitures qui seraient obligés d’acheter une nouvelle voiture pour pouvoir s’adapter au nouveau carburant.

En plus de l’augmentation rapide des prix des denrées de première nécessité et qui est due à la baisse de la production céréalière destinée à l’alimentation, le passage à la récolte qui est destinée à la production de biocarburant a fait que les prix alimentaires se sont orientés sur les prix élevés du pétrole. Une équivalence est en train d’apparaître entre les prix alimentaires et le prix du pétrole.

Josette Sheeran du Programme alimentaire mondial a écrit : « Dans de nombreuses parties du monde nous trouvons que les prix alimentaires atteignent le niveau des prix du carburant », avec des quantités de plus en plus importantes de nourriture « étant achetées par des marchés énergétiques » pour la production de carburant.

Le prix du baril de pétrole dépassant entre-temps les 100 dollars, le secteur du biocarburant est actuellement considéré être une éventuelle source de profits pour les investisseurs. La chasse au profit maximum de la part du secteur du biocarburant est clairement résumée dans une publicité faite pour un congrès qui s’était tenu en 2006 et qui disait :

« Biofuels Finance and Investment World est le plus important congrès d’investisseurs en Europe et qui se consacre exclusivement à la chaîne de valeur de la nouvelle industrie des biocarburants. Les investisseurs et les institutions financières rencontreront des parties prenantes (stakeholders) des industries clé afin de discuter des possibilités d’investissements futurs, des risques et des domaines à fort potentiel de profit. »

L’édition du 22 avril de Money Week recommande à tous les investisseurs lésés par la crise des subprime de transférer leur fonds au marché lucratif des biocarburants.Money Week au même titre que le magazine Fortune considère que le groupe pétrolier Royal Dutch Shell est un garant de hauts profits : « Nous l’aimons parce qu’il fait de gros profits et qu’il est très bon marché, mais apparemment il détient aussi une bonne part d’Iogen, l’entreprise canadienne qui dispose d’un intéressant « potentiel de percée dans le domaine des technologies de l’éthanol ». »

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=STE20080428&articleId=8834


[Philippe Errembault – Desinformations & Mediamensonges – 27/04/2008]

Autour des événements du 11 septembre, je suis frappé de constater la distinction en entre des thèses du type « organiser » (MIHOP = Make It Happen On Purpose) et « Laisser faire » (LIHOP = Let It Happen On Purpose). Plus particulièrement, dans la mesure où certains documentaires sur le sujet, semblent se focaliser sur « l’incompétence » et le refus de faire la lumière sur les événement, ce qui tend à jeter un nuage de fumée sur la gravité des faits et aurait pour objectif de chercher des coupables à la vindicte populaire, sans pour autant remettre en cause les conséquences politique de ces événements.

Personnellement, s’il y a une contribution que j’ai envie de faire dans cette histoire, c’est que même s’il peut y avoir un doute entre la thèse LIHOP et MIHOP, en réalité, la nuance n’a pas beaucoup de sens car la frontière entre les deux est réellement très floue. Concrètement, on peut se demander à quel degré les différents camps ont joué un rôle actif ou passif dans les événements du 11 septembre 2001, mais il est difficile d’aller plus loin. Pour formuler les choses autrement : La nuance entre LIHOP et MIHOP est insoutenable car il est très facile de passer de l’un à l’autre en changeant simplement le point de vue de l’observateur. Certains seraient tentés de trouver inconcevable que des américains aient activement provoqué les attentats, avec quelque part le sentiment sous-jacent que LIHOP est finalement moins criminel que MIHOP. L’analyse qui suit montre qu’il n’en est rien et que la distinction entre les deux n’est qu’une façon de diminuer l’apparence des responsabilités aux yeux du public.

(Je rappelle parce que j’ai horreur qu’on me fasse dire ce que je n’ai pas dit : Contrairement à ce que semblent penser d’aucuns – ils se reconnaitront – qui auraient lu trop vite la version précédente de ce texte, il ne s’agit aucunement de montrer qu’on doit envisager plus de cas de figure que les 3 classiques, mais bien de montrer que la distinction entre LIHOP et MIHOP est arbitraire et intenable. La liste des exemples de cas de figure, plus bas, n’a pour objectif que de construire une démonstration par l’absurde et pas de montrer que j’ai beaucoup d’imagination, merci de votre attention ! –  non mais ! 😉 )

ÉNUMÉRATIONS DES « CANDIDATS RESPONSABLES » :

Du coté américain, il peut s’agir de gens en poste au gouvernement, mais aussi de neocons sans lien apparent avec le gouvernement, de personnes liées au lobby militaro industriel, ou même d’autres personnes pas vraiment identifiées sur la place publique. Pour cette raison, Il peut même être envisagé (même si c’est quand même vachement suspect) que des gens comme Bill Klingon 😉 soient sincères lorsqu’ils prétendent croire dur comme fer que le 11 septembre est le fait d’Al Qaeda.

Comme je l’ai fait remarquer à quelqu’un récemment, les gens peuvent être dans deux situations différentes :

  • a.. Soit ils sont au courant de choses que nous ne savons pas, et alors ils dissimulent de l’information et ont probablement un lien de complicité avec ces événements,
  • b.. Soit, ce n’est pas le cas, et même quand ils sont des officiels américains, ils ne sont en aucun cas en position de force pour dire que leur vérité vaut plus que les autres.

De ce fait, défendre haut et clair la position officielle, alors qu’on sait qu’elle est avant tout étayée par des manipulations politiques, et alors qu’on sait qu’elle est complètement bancale, est nécessairement une position suspecte d’être, au minimum, hautement prétentieuse.

Du coté non-américain, il pourrait y avoir, n’importe quel service secret ou organisation qui aurait des objectifs propre éventuellement inconnus,

Et enfin, il y-a, bien sûr la filière islamiste, puisque c’est quand même celle là qui est en premier accusée par la thèse officielle, qui peut-être subdivisée en toute sortes de cas de figure différents :
a.. Soit, il s’agit de petits groupes représentant plus une mouvance qu’une organisation
b.. Soit, il s’agit d’une grande organisation
qui sont

  • a.. soit, indépendants,
  • b.. soit téléguidés par un service secret (américain, autre pro américain, autre anti américain, ou autre avec des objectifs cachés),
  • c.. soit manipulés/influencés de loin par un ou des service secrets de la liste ci dessus,
  • et puis, il y a la possibilité d’une organisation fantôme insaisissable, fabriquée de toute pièces pour terroriser le monde et justifier les actions militaires futures.

Alors, on est donc en face d’un problème de causalité :
La recherche d’une cause unique est en général un leurre. Chaque cause à elle même ses causes, et très souvent un changement d’état est en réalité la résultante d’un changement de cercle viceux. Du coup, toutes les théories du complot existantes (y compris l’officielle) sont en réalité simplistes et – très probablement – par voie de conséquence, à coté du vrai problème, c’est à dire qu’il existe des tas de cas de figure ou les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être.

Voici quelques exemples de cas de figures ou la distintion LIHOP / MIHOP n’est pas évidente et tout le monde ne sera pas d’accord (soit parce que la causalité est à la fois LIHOP et MYHOP, soit parce que les apparences contredisent les faits) :

  • a.. Les attentats pourraient très bien avoir été mis en place par des Islamistes sincères, mais qui auraient été manipulés de loin par les néocons.
  • b.. Les Neocons pourraient très bien avoir été informés de plans islamistes, et avoir décidé, non pas seulement de laisser faire, mais de s’assurer que l’attentat réussisse, et même de mettre en place dans l’ombre l’infrastructure nécessaire pour garantir les effets sons et lumière les plus spectaculaires possibles.
  • c.. Les Néocons pourraient très bien avoir eux mêmes réalisés un plan d’origine Islamiste, mais que les islamistes eux même n’auraient pas réussi à finaliser. (Ce qui expliquerait, par exemple, que d’autres personnes disent maintenant en toute bonne foi, avoir averti les États-Unis de menace terroriste islamiste.)
  • d.. Des Neocons pourraient avoir été manipulés par un service secret étranger et menés à perpétrer les attentats.
  • e.. etc. il y a des tas de cas de figure possibles. (Je repense toujours en disant ça, à ce témoignage d’un Iraquien qui avait été engagé, comme policier je crois, et qui avait reçu comme instruction d’aller surveiller une mosquée et de faire un appel GSM quand il était sur place… qui constatant qu’il n’avait pas de réseau était sorti de la voiture pour faire l’appel, et quand il avait fait l’appel, la voiture avait explosé. – On peut trouver pleins de scénarii très pervers et se rendre compte que sont légion, les façons de noyer le poisson dans la toile des causalités.)

Pour ces raisons, je pense que même avec une enquête indépendante, on ne saura jamais ce qui s’est vraiment passé ce jour là, et qu’il est donc indispensable de maintenir, en parallèle, la pression sur les conséquences de cet événement. Indépendamment de tous les doutes et croyances qu’il pourrait y avoir sur ce qu’il s’est vraiment passé le 11/09/2001, les questions à vraiment se poser, c’est

  • a.. « À qui il a profité ? »,
  • b.. « Comment dénoncer le monde construit à partir de là ? » et
  • c.. « Quelles sont les actions qui vont réellement faire que les peuples vivent mieux ? »

Philippe Errembault


Les grands capitalistes français n’ont pas fait fortune grâce à l’économie de marché, mais grâce à l’État
Rêves de droite. Défaire l’imaginaire sarkozyste (de Mona Chollet)
[Le Grand Soir – 23/05/2008]
La science politique progresse tous les jours en France grâce à Sarkozy. Lui et sa bande s’attaquent à ce point à la République, aux fondements de notre société qu’ils suscitent des réflexions radicales, des mises en perspective originales, des questionnements dont l’urgence ne peut que stimuler les esprits lucides.

Collaboratrice du Monde Diplomatique, Mona Chollet vient de publier un ouvrage roboratif sur l’imaginaire sarkozyste (celui du président et de ceux qui le suivent), et la fascination « béate et complaisante » par laquelle répondent les médias et une grande partie de la classe politique à l’exercice de sa pratique et de son pouvoir présidentiels.

Une des raisons du succès de Sarkozy lors de la dernière élection présidentielle (on ne parlera pas ici de la faiblesse idéologique de son antagoniste) est qu’il est parvenu, relayé évidemment par un matraquage médiatique qui a pris, à persuader quantité de gens – en particulier de condition modeste – qu’ils étaient entourés de cossards et de parasites. En outre, et sans que ce soit jamais explicite, il s’est arc-bouté sur le slogan des années quatre-vingt de Margaret Thatcher selon lequel « la société n’existant pas », le salut ne peut être qu’individuel, dans l’acceptation des règles et de l’organisation socio-économique telle qu’elle est. La vie en groupe, en bande, en communauté selon Sarkozy s’inscrit dans un monde sans solidarité, un monde d’ambitions individuelles, l’univers pré-darwinien du « survival of the fittest ». D’où ce slogan de lutte des classes, de guerre civile ; «  travailler plus pour gagner plus », c’est-à-dire, pour les salariés, de « produire toujours plus de richesses qui retombent de moins en moins dans leurs poches ». Mona Chollet rappelle que, selon les chiffres de l’OCDE, la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises, après avoir augmenté de 1971 à 1983, de 57% à plus de 64%, n’a plus cessé de diminuer depuis. Les facteurs quantitatifs ne sauraient faire oublier les données qualitatives. D’après une étude du collectif Autres Chiffres du Chômage (ACDC) publiés le 29 mars 2007, 11,4 millions de salariés français occupaient en 2005 des « emplois inadéquats » (bas salaires, précarité, sous-emploi, pénibilité, dangerosité, déclassement professionnel selon les normes du BIT (http://acdc2007.free.fr/acdc4.pdf). Pour répondre aux exigences du capital financier, les entreprises flexibilisent les contrats pour pouvoir ajuster leurs effectifs en temps réel. Complices, les pouvoirs publics, de droite comme de gauche, se sont, depuis un quart de siècle, attaqués aux normes préexistantes de l’emploi. En 2008, trois embauches sur quatre se font en CDD, alors que la loi ne prévoit ce type de contrat que pour des motifs très précis. C’est pourquoi plus de quatre millions de salariés sont en situation de « travail insoutenable », c’est-à-dire dans des emplois qui ne permettent pas de préserver leur santé.

Pour faire rêver ces millions de travailleurs, les programmes de TF1 ne suffisent plus, même si Laurent Solly, directeur adjoint de la campagne de Sarkozy, pour qui « la réalité n’a aucune importance, il n’y a que la perception qui compte », fut nommé, quinze jours après l’élection présidentielle, directeur général adjoint de la grande chaîne privée. Pour alimenter le rêve, le nouveau président a propulsé, tel un metteur en scène, le spectacle de personnages qui, tels Rachida Dati, ont été capables de « forcer leur condition ». Mona Chollet écrit des pages presque aussi savoureuses que la caricature ( ?) qu’en font les Guignols sur cet ovni de la politique dont le parcours peut nous amener à nous demander « s’il ne faudrait pas encore ajouter des obstacles à l’intégration, plutôt que de chercher à les supprimer. » Qu’il y ait une Arabe au gouvernement ou, en la personne de Ramatoulaye Yade, une Noire issue de la bourgeoisie sénégalaise, cela occupe sans doute jusqu’à saturation l’espace médiatique mais, observe Chollet, permet de faire oublier que la présidentielle s’est largement gagnée à l’extrême droite, sans rien changer à la condition ordinaire des Noirs et des Arabes en France. Ce qui pose problème à propos de Rachida Dati, ce n’est pas son obstination à frapper à toutes les portes, son ambition étalée avec complaisance. Ses motivations, explique Chollet, « ne se sont jamais accompagnées de la moindre réflexion, du moindre recul critique sur le sens qu’elle voulait donner à son engagement dans le monde. » Dati dit refuser de « lire son parcours de façon ethnique », mais sa nomination a été accompagnée d’un message fallacieux de Sarkozy aux descendants d’immigrés qui ont subi les premières foudres du nouveau ministre de la Justice (abaissement de la majorité pénale à seize ans, peines plancher). Dati ne fut rien d’autre, selon l’expression de Claude Askolovitch, que son « propre projet ». (suite…)


NOUVEL AVIS DE CATASTROPHE… PAS NATURELLE ?

[La Chronique Agora – 25/06/2008]

(…) Un an plus tard, il ne se passe pas une semaine sans que des rumeurs de fermeture de fonds ou de reprises d’actifs dans les bilans — comprenez, le remboursement d’une partie de leur argent à de gros clients qui sans cela auraient tout perdu — ne circulent dans les salles de marché.

Aujourd’hui, ce sont les fonds souverains qui détiennent les cordons de la bourse planétaire. Et eux, ils n’ont pas besoin de s’endetter pour prendre possession — comme on assemble patiemment un puzzle — des vaisseaux amiraux de la finance internationale et pour décider du destin de millions de clients probablement pour des décennies.

Il leur suffit d’attendre la prochaine vague de dépréciations d’actifs et surtout l’éclatement au grand jour de la bulle des CDS. A ce propos, selon le Financial Times, généralement bien informé, les monoliners Ambac, FGIC et MBIA seraient en train de négocier rien moins que l’annulation de 125 milliards de dollars de contrats d’assurance (CDS) couvrant des CDO (paquets de dettes synthétiques constitués de tous les dérivés de crédit à haut risque imaginables).

Pour rendre cette affaire plus parlante, imaginez qu’au lendemain du passage de l’ouragan Katrina fin août 2006, les principaux assureurs de la Nouvelle-Orléans aient demandé aux habitants des quartiers inondés de renoncer volontairement au versement des primes prévues en cas de rupture des digues, au motif que si chacun réclame son dû, les rehausseurs de crédit devront mettre la clé sous la porte… et si un tel cas de figure survenait, plus personne ne toucherait un seul centime dans tout le pays en cas d’accident de voiture, de vol ou d’incendie.

Les Etats-Unis — et de nombreux pays — disposent d’une parade pour sauver les réassureurs et, par ricochet, la confiance dans le système : elle consiste à décréter l’état de catastrophe naturelle dans les zones les plus gravement sinistrées.  C’est la solidarité nationale — le budget de la nation — qui se substitue aux entreprises privées… et personne n’y trouve rien à redire car il y va du salut de dizaines, voir de centaines de milliers d’individus.

Dans le cas de négociations visant à soulager les monoliners du fardeau des CDS, il s’agirait d’épargner à de richissimes institutions financières — ayant mal calculé leurs risques — la pénible obligation de verser des sommes colossales à leurs richissimes clients. Clients qui auraient abusé leur confiance avec la complicité des agences de rating qui notaient triple A des lingots de plomb recouverts d’une mince pellicule d’or fin.

De nombreux observateurs s’étonnent que les monoliners n’aient pas eu la tentation de gratter un peu la surface alors que les masses d’or qu’ils s’engageaient à couvrir représentaient symboliquement plusieurs fois la quantité extraite sur la planète Terre depuis les premiers pharaons d’Egypte. Ils ont assuré des pyramides de dettes plus imposantes que celle de Kheops alors que la totalité des stocks d’or connus représenterait l’équivalent des 15 derniers mètres de l’édifice !

Faut-il leur pardonner un tel aveuglement au nom de l’aléa moral sous prétexte que leur faillite entraînera celle d’une cascade d’autres institutions financières, dans le cadre d’une spirale qui ne serait pas sans rappeler la crise de 1929 ?

Pensez-vous que la Fed puisse sortir de son chapeau un nouveau décret de « catastrophe pas naturelle » sur le modèle de Bear Stearns ou de Northern Rock ? Pourra-t-elle faire jouer la solidarité, c’est-à-dire en appeler au contribuable ? N’oublions pas que nombre d’entre eux sont sous le coup d’une expulsion ou d’une saisie — sans état d’âme — ordonnée par ceux-là même qui les appelleraient maintenant à la rescousse…

Et tout ceci au nom de la sauvegarde du libéralisme et de la prétendue capacité des marchés à déterminer la juste valeur des actifs ainsi que la meilleure estimation des risques !

Beaucoup doutent à présent de la possibilité d’une telle issue… et il serait imprudent de miser sur l’altruisme des fonds souverains. Les choses pourraient donc rapidement mal tourner et cela se paye cash.

http://www.la-chronique-agora.com

 


<<Guichetier de la Poste, c’est un travail particulièrement réservé aux déficients mentaux dont on a pas voulu à la Gendarmerie ou à l’Armée>> – ce n’est pas moi qui le dit, c’est Marcel Aymé il y a 60 ans… comme quoi.

 

[Blog Indociles – 24/06/2008]
Le 20 novembre, Dominique, ingénieur, en arrêt de longue maladie, est allé à la Poste pour presque rien. Un mandat de 9,50 euros à retirer. A Crecy la Chapelle en Seine et Marne.

« On m’a demandé une pièce d’identité, raconte-t-il. Je l’ai présentée. Mais cette carte a été faite, il y a six mois, quand j’étais en chimio… Je n’ai pas de cheveux sur la photo. Mes cheveux ont repoussé depuis. L’employée m’a dit: « il n’y a pas de cheveux… « . Alors j’ai sorti mon permis, et elle m’a dit la même chose :  » Mais c’est pareil: il n’y a toujours pas de cheveux ». Alors j’ai sorti la photocopie de mon ancien permis. L’employée m’a dit « ah bon, je vais voir avec ma chef si elle peut signer ».

J’ai attendu au guichet, et c’est là que j’ai vu arriver deux gendarmes. Je n’ai pas cru que ça pouvait être pour moi… Mais si: trente secondes plus tard, l’un d’eux m’a dit: « vous voulez bien nous suivre monsieur ». La poste avait appellé la gendarmerie! J’ai dit aux gendarmes que je voulais leur parler en particulier. Ils m’ont traité comme un enfant. Ils m’ont dit de me taire, et m’ont menacé de me placer en garde à vue. Il a fallu que je me taise. Et j’ai dû leur expliquer que j’avais été en chimio. Ils m’ont reproché d’avoir la photocopie de mon permis de conduire. « C’est interdit », m’ont-ils dit. J’ai écouté. Ils ont déchiré la photocopie sous mes yeux. Puis ils sont partis. Je suis retourné au guichet, et l’employée m’a dit « attendez, je vais voir »…. Elle n’avait toujours pas l’accord de sa chef. Je suis parti sans attendre. Je n’arrive pas à m’en remettre. »

Dominique a songé à porter plainte. « Abus d’autorité peut-être? », suggère-t-il. « En tous cas, si vous avez un cancer, évitez la Poste! », conclut-il. De son côté, la responsable du bureau de poste de Crécy la
Chapelle, jointe au téléphone estime, sans l’ombre d’un doute, avoir fait son « devoir ».

http://indociles.blogs.liberation.fr/laske/2007/11/vos-papiers.html


[Internet Actu – 20/06/2008]

Au Hacker Space Festival, parfois, on rigole moins : journaliste allemande, Anne Roth narra ainsi ce que cela fait d’être la femme d’un terroriste. Son mari, Andrej Holm, un sociologue allemand, a été arrêté l’an passé et accusé de participation à une organisation terroriste.

Les policiers n’avaient aucune preuve. Mais après les avoir placé sous surveillance, pendant un an, ils estimèrent avoir réuni suffisamment d’éléments indiquant des “intentions conspirationnistes” : il avait en effet effectué des requêtes sur des moteurs de recherche, et écrit des textes comportant certains “mots-clefs” suspicieux. Il avait également accès, “en tant que collaborateur d’un institut de recherche, à des bibliothèques qu’il (pouvait) utiliser en toute discrétion pour mener les recherches nécessaires à la rédaction des textes” du groupe terroriste recherché… et son bagage intellectuel et ses réseaux militants laissaient supposer qu’il pouvait en être l’auteur.

De plus, son email n’était pas de la forme prenom.nom@, et il lui arrivait de ne pas préciser (au téléphone) la raison pour laquelle il donnait rendez-vous à ses amis. Pire : il lui arrivait aussi de ne pas prendre son téléphone portable avec lui. C’est donc qu’il avait des choses à se reprocher. Libéré en novembre dernier, après près de quatre mois de détention, Andrej Holm n’a toujours pas été jugé.

http://www.internetactu.net/2008/06/20/hackers-et-sans-complexe/


Je ne pouvais pas laisser passer l’occasion de faire une pareille titraille… 🙂

A Pékin, un restaurant où l’on ne mange que des pénis
[Stefan Gates – Rubrique Gastronomique du London Times – 12/06/2008]
Le restaurant probablement le plus original de Pékin est celui où l’on ne vous sert que des plats à base de pénis et testicules cuits à la vapeur, frits, bouillis et rotis

Le restaurant Guo-li-zhuang est essentiellement fréquenté par de riches hommes d’affaires et par des cadres du Parti Communiste (ce qui revient souvent au même dans la Chine d’aujourd’hui). Vous pouvez y déguster une incroyable variété d’appendices génitaux divers et variés, préparés de mille et une façons. Le menu est impressionant…

http://www.timesonline.co.uk/tol/system/topicRoot/Travel_-_China_special/


[Sherry Ricchiardi, American Journalism Review – 05/06/2008 – Trad. Grégoire Seither]

Le déclin de la couverture médiatique de la guerre en Irak dans les médias US est incroyable. Au cours des 10 premières semaines de 2007, l’Irak représentait 23% des informations télévisées sur l’ensemble des chaines nationales U.S.. Sur la même période, enn 2008, l’Irak ne représente plus que 3% des informations télévisées. Sur les chaînes cablées, ce chiffre est passé de 24% à moins de 1%, selon une étude du « Project for Excellence in Journalism ».

La presse écrite ne fait pas mieux. Selon l’organisation ACUNA, au cours des 3 premiers mois de 2008, la couverture médiatique de l’Irak a baissé de 70% comparée à la même période en 2007. Jusqu’à l’an passé, les articles sur l’Irak étaient en tête des pages commentées par le lectorat, tant sur le Web que dans le courrier à la rédaction.

Mais vers Mai 2007, l’intérêt du public a commencé à baisser. En Mars 2008. . . seulement 28% des citoyens états-uniens interrogés savaient que 4 000 soldats U.S. sont morts depuis le début de cette guerre. . .  Huit mois auparavant, ils étaient encore 54% à connaître le chiffre correct.

http://www.alternet.org/waroniraq/86930/


[Grégoire Seither – IES News Service – 06/06/2008 ]

Selon une enquête du magazine TIME, pour la première fois dans l’histoire des Etats-unis, un nombre croissant de soldats U.S. en zone de combats prend quotidiènnement des anti-dépresseurs afin de calmer les nerfs, soumis à rude épreuve par les missions répétées et de plus en plus longues sur le terrain, en Afghanistan et en Irak.

Ces médicaments n’ont pas seulement pour but de permettre aux soldats de ne pas craquer mais également à l’Armée U.S. de préserver sa ressource la plus précieuse : les soldats déployés dans des zones des combat. Depuis 2004 l’Armée a de plus en plus de mal à mobiliser des troupes pour ses multiples engagements militaires.

Le rapport récemment publié du Mental Health Advisory Team de l’Armée U.S. indique que, en automne dernier, environ 12% des troupes combattantes en Irak et 17% en Afghanistan se voient régulièrement prescrire des anti-dépresseurs. 60% des soldats affirme prendre par ailleurs très régulièrement des somnifères « sinon la tension nerveuse constante rend le sommeil impossible« . L’escalade de la violence en Afghanistan et les missions dans des zones plus isolées expliqueraient la forte consommation de médicaments calmants parmi les troupes dans ce pays, plus forte qu’en Irak, expliquent les chercheurs militaires (…)

En soi l’utilisation de médicaments pour entretenir le moral des troupes n’est pas nouvelle . Déjà, lors du long hiver à Valley Forge, George Washington faisait distribuer de fréquentes rations de rhum aux soldats de la guerre d’indépendance afin de lutter contre la démoralisation des troupes. En 1939-45, l’armée allemande carburait aux amphétamines de cheval, la Pervitine. Lors de la guerre de Corée puis au Vietnam, des chercheurs du Pentagone ont mené plusieurs programmes d’expérimentation d’amphétamines et autres drogues « motivantes » sur les soldats au front. Les « pill-poppers » (avaleurs de pillules) faisaient partie de la panoplie standard du soldat U.S. dans les rizières… sans parler de la drogue, couramment utilisée par la troupe.

Néanmoins, à cause des effets secondaires potentiellement dangereux, les anti-dépresseurs de la dernière génération sont normalement interdits dans les zones de combat par le règlement militaire U.S. (…)

L’utilisation croissante d’anti-dépresseurs dans l’armée ne fait que suivre l’évolution de la société U.S.. Selon l’institut de recherche IMS Health, en 2004 (derniers chiffres connus), les médecins U.S. ont prescrit 147 millions d’anti-dépresseurs. « A cela viennent s’ajouter les ventes clandestines des personnes non assurées. En tout et pour tout on estime à 200 millions annuels le nombre de personnes prenant ce genre de médicaments » explique le rapport. (…)

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