Fascisme d’aujourd’hui



Mourez pour rien, chers soldats
[Michèle OuimetÉditorial – La Presse – mardi 3 mars 2009]

La déclaration du premier ministre Stephen Harper est limpide : Oubliez ça, les boys, la guerre en Afghanistan est perdue d’avance.

C’est à un journaliste de CNN que Stephen Harper a fait cette renversante déclaration. « Nous ne remporterons pas cette guerre seulement en restant là, a-t-il dit. (…) Jamais nous ne battrons les insurgés. »

Stephen Harper n’a pas été piégé par un méchant journaliste qui lui aurait posé 43 fois la même question dans l’espoir de lui arracher une déclaration controversée. Bien au contraire.

Stephen Harper aurait pu corriger le tir, car le journaliste a poursuivi : « Comme ça, nous ne battrons jamais les insurgés. Le mieux qu’on puisse faire, c’est d’entraîner les troupes afghanes pour prendre la relève, puis de nous retirer ? »

« Exactement », a répondu Stephen Harper.

Clair et limpide.

Pourquoi envoyer des soldats mourir dans le fin fond de l’Afghanistan si tout est perdu d’avance ? Quel soldat sera prêt à prendre le risque de sauter sur une mine s’il sait que le Canada a jeté l’éponge ? Les 1400 soldats québécois qui s’apprêtent à partir pour Kandahar doivent avoir le moral dans les talons.

Et pourquoi rester encore deux ans si les jeux sont faits ? Pourquoi continuer à engloutir des milliards dans une guerre de plus en plus sanglante ? Pire que l’Irak, ce qui n’est pas rien. Depuis 2005, la violence a augmenté de 550% en Afghanistan.

Mourez pour rien, chers soldats. C’est ça que Stephen Harper leur a dit dimanche.

Autre question troublante : pourquoi M. Harper a-t-il fait une déclaration aussi controversée aux États-Unis ? Pourquoi pas au Canada ? Voulait-il envoyer un message à Barack Obama ? Si oui, pourquoi passer par CNN, alors qu’il aurait pu appeler la Maison-Blanche ?

Bizarre.

Hier, à la Chambre des communes, l’opposition a demandé des comptes au premier ministre. Pourquoi cette volte-face ? Stephen Harper a répondu avec des mots creux, en brassant deux ou trois évidences. Il a conclu en disant : « Nous sommes fiers du travail de nos troupes. »

Merci, M. Harper. Très éclairant.

Stephen Harper a dit la vérité. Oui, la force internationale ne peut pas gagner cette guerre. Oui, le Canada s’enlise dans un conflit qu’il ne peut que perdre. Les Afghans n’ont jamais accepté d’être dominés. Les Russes et les Britanniques n’ont pas réussi à s’imposer dans ce pays mille fois plus complexe que l’Irak.

Pourtant, les Russes se sont accrochés pendant 10 ans et ils y ont mis le paquet. L’OTAN, avec ses 70 000 soldats, ne fait pas le poids.

Stephen Harper n’est pas le premier à baisser les bras.

En octobre, le chef de l’armée britannique en Afghanistan, le général Mark Carleton-Smith, a dit : « Nous n’allons pas gagner cette guerre. »

L’automne dernier, le New York Times a publié un rapport des services secrets américains qui confirmait que l’OTAN a très peu de chances de battre les talibans.

Le chef des troupes américaines en Afghanistan et en Irak, le général David Petraeus, en a rajouté en déclarant qu’il fallait négocier avec les talibans. Le président afghan, Hamid Karzaï, a même amorcé des négociations avec le chef des talibans, le mollah Omar.

Alors, si tout le monde se doute que la communauté internationale court vers la défaite, pourquoi s’offusquer devant la déclaration de Stephen Harper qui a dit tout haut ce que bien des gens – et pas des moindres – pensent tout bas ?

Parce qu’un chef d’État engagé dans une guerre ne peut pas concéder la victoire au milieu de la bataille. S’il le fait, il doit agir en conséquence, c’est-à-dire se retirer ou négocier avec l’ennemi. Il ne peut pas continuer à envoyer des soldats au front, mine de rien, en sachant que leur mort ne rimera à rien. La guerre tournera à vide, car elle n’aura plus d’objectifs. Si l’OTAN ne peut pas gagner, le premier ministre sacrifie des vies inutilement.

Les morts ne serviront qu’à remplir une promesse faite aux Américains. Ça frise l’indécence.

La guerre n’est pas une partie de plaisir. J’ai passé quatre jours avec des soldats canadiens dans une base avancée dans la province de Kandahar. J’ai mal mangé – des rations, des rations et des rations -, j’ai mal dormi – sur un lit de camp, dans un dortoir poussiéreux avec une dizaine de soldats et autant de souris -, je me suis baladée dans un blindé, la peur au ventre, et j’ai patrouillé avec une tonne d’équipement sur le dos en m’imaginant voir des talibans derrière chaque arbre, chaque maison. La galère, la vraie, celle qui transforme quatre jours en éternité.

M. Harper a lancé sa bombe aux États-Unis. Pourtant, on ne confie pas une telle énormité à un journaliste étranger entre deux recettes sur l’économie canadienne. Et on ne lance pas un tel ballon pendant que des soldats risquent leur vie. On assume.

Mais M. Harper n’a jamais assumé grand-chose dans cette guerre, en commençant par la torture des prisonniers afghans capturés par les soldats canadiens. Il a toujours nié que la torture existait jusqu’à ce qu’on lui mette le nez dans ses mensonges.

Aujourd’hui, qui a envie de croire M. Harper ?

Pour joindre notre chroniqueuse : michele.ouimet@lapresse.ca

Source
http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/michele-ouimet/200903/03/01- (…)


Samer Lahmar avait été reconnu innocent par un tribunal. Les Etats-Unis se le sont quand même fait livrer et l’ont torturé pendant HUIT ANS à Guantanamo juste histoire de pouvoir faire croire que leur Guerre Antiterroriste obtenait des résultats. Reconnu a nouveau innocent, par un juge US cette fois-ci, il a encore du attendre UN AN DE PLUS avant d’être enfin libéré. Et ce déni de justice ne sera jamais puni, puisque le gouvernement US peut agir en toute impunité…

Et on se permet de donner des leçons de justice, de démocratie et d’Etat de droit à des pays comme l’Iran et la Chine ? Que l’Occident Civilisé commence donc par balayer devant sa propre porte avant d’aller jouer au chevalier blanc chez les barbares…

[Radio France Internationale – 01/12/2009]

Après huit ans de détention à Guantanamo, l’Algérien Saber Lahmar a été libéré lundi et transféré vers la France. Pour son avocat, les «fortes relations» entre la France et les Etats-Unis expliquent le transfert de l’ancien prisonnier vers l’hexagone.

Ces huit ans de détention faisaient de Samer Lahmar l’un des plus anciens prisonniers de Guantanamo. Il avait été arrêté en Bosnie en 2001, accusé d’avoir projeté un attentat contre l’ambassade américaine de Sarajevo. Reconnu innocent par un tribunal bosniaque, il avait tout de même été livré aux Etats-Unis à la suite de fortes pressions diplomatiques.

Depuis 2004, ses avocats américains ont contesté jusqu’à la Cour suprême la légalité de la détention de leur client. L’un des avocats, Robert Kirsh, joint par RFI s’est félicité qu’un juge fédéral pourtant nommé par le président Bush ait finalement ordonné, il y a un an, la libération de son client. Il souligne qu’il appartient désormais à Saber Lahmar de décider s’il entend poursuivre le gouvernement américain afin d’obtenir des compensations financières pour son emprisonnement illégal. L’avocat souligne que les chances de remporter un jugement face au gouvernement américain sont minces. Mais, ajoute-t-il, mon client a été traité de manière inhumaine pendant huit ans et emprisonné illégalement. C’est donc un cas exceptionnel.

Pour l’heure, cet Algérien de 39 ans a fait savoir qu’il souhaitait trouver du travail et reprendre une vie normale. Son avocat américain espère, lui, que son gouvernement va définitivement fermer Guantanamo et effacer ainsi la «souillure» que représente ce camp dans l’histoire des Etats-Unis.

http://www.rfi.fr/contenu/20091201-algerien-libere-guantanamo-route-france?ns_campaign=nl_monde011209&ns_mchannel=newsletter&ns_source=emailvision&ns_linkname=lire-2&ns_fee=0


Des identités étroitement surveillées ou Marche arrière, toute !

[Christine Delphy – MIR – mardi 24 novembre 2009]

Identité égale Unité égale Unicité égale Conformité

L’émission « C’est-à-dire » de Yves Calvi du (date de la semaine dernière) prétendait, comme toutes les émissions de débat, confronter des positions diverses sur la campagne du gouvernement, lancée par le ministre de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale, sur cette dernière. Invités : Fadela Amara, Elisabeth Lévy, Dominique Voynet, Ivan Rioufol, Hervé Le Bras.

L’impression globale qu’on peut retenir de cette discussion est que cette identité nationale est menacée par les vagues « récentes » d’immigration d’Afrique, en dépit de quelques tentatives de faire remarquer que les gens dont on parle — les Arabes et les Noirs, comme le dit Elisabeth Lévy avec l’air fanfaron d’une audacieuse qui tord le cou à la langue de bois — sont dans leur plus grande majorité des citoyens français, nés en France, de parents également nés en France. Non, tout cela ne leur enlève pas la qualité d’étrangers, cela leur vaut au contraire le qualificatif surréaliste « d’immigrés de la seconde —ou troisième — génération ». « Immigré » est donc une caractéristique génétique qui se transmet par le sang ? Euh, oui… non ! Pas tout le temps ! Sarkosy n’est jamais traité (pas plus que des milliers d’autres Zélensky, Lopès et Moreno, d’ascendance polonaise, portugaise ou espagnole) d’ « immigré de la deuxième génération ». Ce qui se transmet « par le sang », la qualité d’immigré, dépend donc de l’origine du « sang ». Car dès le début, le débat sur l’identité française se situe franchement, carrément, dans l’optique suggérée par l’intitulé du ministère ; ce n’est pas seulement, comme on le lit sur un immense écran sur le plateau, la burqa qui « est contradictoire avec l’identité nationale » ; c’est toute cette immigration-là qui s’oppose à cette identité nationale-ci.

Nous apprenons ainsi que bien que tous les sangs soient rouges, ils ne comportent pas tous le même potentiel d’assimilation à léguer à ceux qu’ils irriguent pour les siècles des siècles. Car pour la majorité des débatteurs (faiblement contredits par moments par Voynet et encore plus faiblement par Le Bras), et conformément aux déclarations du ministre Besson, le « modèle français d’intégration » est en fait un modèle d’assimilation, qui exige que les personnes étrangères par nationalité ou par hérédité se « dépouillent » comme le dit le philosophe Eric Zemmour, de toute trace de leur identité ou culture antérieure, et se « soumettent » à l’identité ou à la culture française. C’est ce qu’auraient fait, prétend-on, les immigrés non nationaux précédant les « vagues » néfastes, mais aussi les immigrés de l’intérieur. Car Yvan Rioufol n’admet même pas les cultures régionales ; quand on lui parle d’identité bretonne, ou corse, sa bouche se tord. Il est pour une France Eraserhead : non seulement l’identité française doit l’emporter sur toute autre identité ou appartenance, mais elle doit effacer la première. On ne comprend plus : n’est-ce pas le patriote Jean-Pierre Pernaud en personne qui inlassablement, au journal télévisé de TF1, nous abreuve de spécificités régionales, le dernier maréchal-ferrand du Puy de Dôme, le dernier souffleur de verre du Béarn, le dernier farci poitevin (touillé avec les mains jusqu’aux coudes) ? Chaque jour voit une province française et une façon de faire régionale célébrée. Comment concilier ces éloges avec le jacobinisme effréné de nos invités ? En soulignant que ces coutumes sont en voie de disparition (et pour certaines, ce n’est pas dommage). Mais d’autres spécificités restent menaçantes : pas de « sujet » sur les Antilles, la Réunion, encore moins sur les façons d’être apportées (ou pas) par les Africains ; ces dernières ne sont pas de charmantes façons archaïques, de touchantes photos de famille ; elles n’apparaissent que dans des reportages inquiétants sur les ennemis de l’extérieur ; la parenté supposée de nos concitoyens dits « de papier » avec ces terroristes expliquerait bien des choses, et réciproquement…

Comment peut-on être français ?

Le racisme se lie avec l’obsession française de la conformité : le citoyen est « universel » disent les idéologues républicanistes ; ce qu’il faut traduire par le dicton militaire : « je ne veux voir qu’une seule tête ». Heureusement, ce danger a été écarté dans l’hexagone profond. Ce n’est pas le dernier locuteur du dernier parler normand qui mettra en danger l’unité, que dis-je, « l’unicité » de la France. Jusqu’où iront ces tentatives d’homogénéisation, qui utilisent le vocable étrange : « unicité », pour signifier en réalité l’exigence d’uniformité ?

Mais d’un autre côté, que peuvent ces tentatives contre l’émergence permanente de nouvelles façons de faire, de penser, de danser, de chanter, et même de parler, qui n’étaient pas là hier, mais le sont aujourd’hui ? Que faire contre le passage du temps, contre l’évolution de la société française, qui change, comme tous les groupes humains ont changé, changent et changeront ? Et comment ne changerait-elle pas, cette société française, sauf à être morte ? Et que nous proposent nos invités pour lui éviter d’être emportée par le fleuve impétueux de l’histoire ?

De nous arrimer à une histoire qui a été paradoxalement figée, arrêtée dans le temps, « L’Histoire de France » républicaine ; dans une version (très) abrégée par E. Lévy, qui comme son mentor Alain Finkielkraut, fait une fixette sur Clovis (sans le nommer, ça rendrait l’examen de françitude trop facile) mais en mentionnant sans relâche le mot de code « Reims ». Reims, quoi Reims ? Les championnats de première division ? Mais non voyons : « le sacre de Reims ». Ah le sacre de Reims ! Sacré sacre, va ! Où serions-nous sans toi ! Qu’importe qu’il n’ait jamais eu lieu, comme le démontre Suzanne Citron dans Le mythe national ; ce qui compte, c’est que nos immigrés et leurs descendants en parlent de façon compulsive, qu’ils sachent que c’est cela qui les distingue, en bien, de leurs propres ancêtres ; ce qui compte, c’est qu’ils imitent Finkielkraut, qui « l’a fait sien ». A quoi répond l’exigence de cette démarche pathétique, borderline, qui semble issue d’un croisement Katmandou 68- Profiler 2007 ?

Sinon au sentiment obscur des anciens colonisateurs qu’il coule dans les veines de certains de nos concitoyens « de papier » un sang impur dont, à défaut de le répandre dans nos sillons (comme le prescrit l’hymne national mais le proscrivent les conventions internationales), il faut exorciser les effets, par exemple par une identification magique à un événement lui-même imaginaire ?

N’est-ce pas pour cela que Fadela Amara ne peut pas prononcer une seule phrase sans répéter trois fois, comme une prière, l’expression « les valeurs de la république » ?

Mais alors, quelles sont-elles, ces valeurs « éternelles » ? Le sont-elles, d’ailleurs, éternelles ? Dans le « lévaleurdelarépublique » d’Amara figure l’égalité des sexes ; Hervé le Bras signale timidement qu’elle n’aurait pas été considérée comme faisant partie de l’identité française, mais au contraire comme contrevenant à cette identité il y a seulement 64 ans. Personne ne remarque en revanche qu’il s’agit d’une injonction, pas d’une réalité de la société française, et qu’attribuer le refus de cette injonction à la seule population d’origine africaine, quand il est le fait de la majorité des Français, c’est se moquer du monde. A part cet ajout tardif, qui ne fut accepté que pour introduire une nouvelle ligne de partage entre vrais Français et vrais barbares, et à condition que la dite égalité ne reste qu’un vœu pieux, toutes les pierres de l’identité française appartiennent à un passé qui s’arrête aux portes du 20è siècle : Reims (sacre de), Montaigne, Molière, Renan, et puis, plus rien… Seuls les grands noms qui permettent depuis des lustres le cocorico, que Fadela Amara a insisté pour pousser en direct live. Là où les autres auraient peut-être été plus circonspects, elle nous a ressorti tous les clichés nationalistes qui nous font ressembler aux Soviétiques de l’époque Lyssenko : la France a tout inventé, si, si, la liberté, la bombe atomique, l’égalité, l’électricité, la fraternité, le TGV, la laïcité, l’eau tiède…

Dominique Voynet a été la seule à tenter d’apporter un peu de réalisme à ce débat — on est en 2009, pas en 600, et puis on est aussi en Europe, il faudrait que les jeunes apprennent les beautés non seulement de la littérature française, mais aussi de la littérature polonaise, anglais, espagnole, et d’autres. Elisabeth Lévy, qui estime que la France possède « l’une des plus belles littératures du monde », trouve inutile d’aller voir ailleurs. (Remarquez que, entre Montaigne et littérature polonaise, l’identité a l’air d’être circonscrite au domaine littéraire).

Et quand Voynet dit que la France est perçue comme arrogante par le reste du monde, Lévy fait un geste qui signifie : « Que nous importe le reste du monde ? ». Oui, c’est vrai. Si les gens qui veulent venir en France, ou y rester, doivent commencer par s’arracher la peau, comme on a vu, c’est que cette peau n’a rien à nous apporter. Mais rien. Car nous sommes les meilleurs du monde, depuis longtemps, depuis toujours en fait, et ce n’est pas difficile, car nous sommes aussi seuls au monde (grâce à Lévy qui a balayé de la mappemonde toute cette humanité inutile et étrangère, inutile parce qu’étrangère). Cette petite assemblée voit clairement comme un atout ce que le reste du monde, s’il existait, verrait comme un handicap — non pas être seuls au monde, mais se croire seuls au monde. Et quand Voynet propose que l’identité française soit définie comme le projet d’avenir que les citoyens construisent en commun, les autres participants se regardent, gênés, devant cette référence malvenue, presque impolie, au futur. Nous avons un si beau passé ! Restons-y.

http://www.indigenes-republique.fr/article.php3?id_article=796&var_recherche=Delphy


Fantasme alimenté par la propagande néo-con, le musulman est devenu le repoussoir universel, il a pris la place du juif dans les années 1900-1940. Des milliers de petites et grandes stratégies opportunistes s’appuient sur cette xénophobie afin de faire avancer leurs propres pions… que ce soit la guerre pétrolière ou la peur du chômage.

La Suisse n’échappe pas au débat sur la visibilité de l’islam
[LE MONDE | 28.11.09 – Propos recueillis par Stéphanie Le Bars]
Patrick Haenni, chargé de recherche à l’Institut Religioscope basé à Fribourg (Suisse) a codirigé Les Minarets de la discorde (Infolio éd., novembre 2009), analyse l’interdiction de construire des minarets, une des questions posées par le référendum populaire du 29 novembre en Suisse.

Cette interrogation sur la visibilité de l’islam en pays non musulman est-elle typiquement suisse ?
La spécificité suisse repose sur la votation : ce dispositif impose aux citoyens de se prononcer sur des questions que l’on ne pose pas en ces termes ailleurs ; on crée un effet d’opinion sur un agenda imposé par des groupes particuliers. En Suisse, l’alliance des opposants aux minarets est circonscrite à la droite nationaliste et à une partie des courants évangéliques, liés aux chrétiens sionistes. Mais même au sein de l’Union démocratique du centre (UDC), qui porte le débat, certains sont opposés à ce vote, car ils redoutent les effets économiques, dans les pays arabes, d’une éventuelle interdiction.

Cela dit, la question des minarets s’inscrit dans une dynamique plus large. On la retrouve aussi en France, avec le débat sur l’interdiction de la burqa. La nouveauté de ces mobilisations est qu’elles se font sur la visibilité de l’islam et sur la dimension idéologique de cette religion. L’Union démocratique fédérale, qui est l’expression des évangéliques en Suisse, défend le côté chrétien du pays ; à leurs yeux, l’islam ne représente pas une menace en termes d’immigration, – même si la population musulmane connaît une croissance rapide, avec 400 000 personnes et 5 % de la population – mais porte le risque d’un clash des religions. D’ailleurs, que ce soit en France avec 367 burqas ou en Suisse avec quatre minarets, on est bien dans des logiques de combat symbolique plus que sur des problèmes touchant la société réelle.

Comment se positionnent la population et les associations musulmanes dans ces débats ?

De manière dominante, elles sont en retrait et préfèrent ne pas jeter d’huile sur le feu. D’autant que ces sujets ne font pas forcément consensus dans la communauté musulmane. En Suisse, le débat sur les minarets se déroule principalement entre forces politiques, à l’exception d’interventions de l’universitaire suisse Tariq Ramadan.

Quelle est votre réponse de sociologue face aux peurs « d’expansion de l’islam », qui, pour certains, constituent la toile de fond de ces débats ?

L’islam, en tant que fait théologique, est bien prosélyte et universaliste. Mais quand on s’intéresse au réel, c’est la sociologie qu’il faut mobiliser : l’expansionnisme d’une religion se fait soit par un projet politique ou militaire, soit par les conversions, soit par la démographie. Or, en Europe, les porteurs d’un projet politique, les Frères musulmans, n’arrivent pas à l’articuler dans une situation de minorité. Ils oscillent entre la représentation communautaire (mais l’échec de l’appel au calme de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) lors des émeutes des banlieues en 2005 a montré qu’ils ne contrôlent pas les banlieues) et le retour à la prédication.

Mais, sur ce terrain, le courant qui est vraiment efficace aujourd’hui, c’est le salafisme. Or pour ce courant, certes radical au niveau du dogme, l’idéal c’est la « hijra », le retour dans les terres d’islam. Ses membres s’inscrivent dans du religieux pur, et la perspective du départ provoque un désinvestissement du champ politique. Le fondamentalisme qui marche est donc apolitique. Quant à sa frange djihadiste, elle poursuit un but de destruction sans véritable projet politique. Plus généralement, le « retour de l’islam » se fait non par un projet militant mais par l’individu. Il vise plutôt une normalisation culturelle de l’islam dans le cadre de la culture de masse globalisée (rap islamique, Hallal Fried Chicken, streetwear islamique…)

Restent la natalité et les conversions. Dans les pays musulmans, à l’exception du Pakistan et de l’Afrique noire islamique, la démographie est en chute libre. Quant aux conversions, elles existent, mais fonctionnent dans les deux sens.

http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/11/28/la-suisse-n-echappe-pas-au-debat-sur-la-visibilite-de-l-islam_1273437_3214.html


Identité nationale : les Français voient le débat comme une « stratégie » électorale
[LEMONDE.FR | 29.11.09]
Un nouveau sondage, réalisé par l’IFOP et publié dimanche 29 novembre dans le JDD, rapporte que pour une majorité de Français (72 %) le débat sur l’identité nationale voulu par le gouvernement constitue avant tout « une stratégie pour gagner les élections régionales » de mars 2010.
Parmi les sondés se déclarant de droite, ils sont 53 % à l’estimer, 48 % pour ceux qui se réclament de l’UMP et 72 % pour ceux qui se réclament du Front national. A gauche, 82 % des personnes interrogées pensent également qu’il s’agit d’une stratégie électorale, avec des pourcentages sensiblement similaires chez les sympathisants du PS (82 %), de l’extrême-gauche (83 %), du PCF-Parti de gauche (80 %) et des Verts (83 %). Enfin, 75 % des personnes sondées proches du MoDem sont du même avis.Cette étude constate également qu’une majorité de Français – 57 % – estiment que le sujet intéresse les Français, avec une majorité nette à droite (77 %). 47 % des sympathisants de gauche interrogés et 44 % de ceux du MoDem pensent la même chose.

57 % PENSENT QUE CELA NE FAVORISERA PAR LE RETOUR DU FN

Des précédents sondages laissaient déjà apparaître ces enseignements, à savoir que les Français reconnaissent la tactique électorale mais approuvent dans le même temps le débat. Ainsi, une enquête BVA pour Canal+, réalisée par Internet les 27 et 28 octobre, rapportait que 64 % considèrent que l’objectif principal du gouvernement est « de mobiliser les électeurs de droite en vue des élections régionales ». Un autre sondage – réalisé par CSA et publié dans Le Parisien du 1er novembre – montrait qu’une proportion quasi identique (60 %) approuve l’organisation d’un tel débat.

Le sondage de l’IFOP cherchait également à savoir si la tenue de ce débat allait se traduire par un retour du Front national sur les devants de la scène politique. Ils sont 43 % à juger que cela sera le cas, contre 57 % qui estiment le contraire. Seuls les sympathisants du FN (77 %), PCF-Front de gauche (62 %) et d’extrême-gauche (53 %) estiment majoritairement que ce constat est vrai.

Samedi, devant le conseil national de l’UMP, Nicolas Sarkozy avait accusé le PS et Martine Aubry « d’agiter le chiffon rouge, à trois mois des élections régionales, pour faire remonter le Front national ». Il avait reproché à la première secrétaire socialiste d’approuver une régularisation massive des sans-papiers. « Est-ce que vous croyez que je n’ai pas compris la manœuvre ? », avait alors lancé le chef de l’Etat devant ses troupes.

 


Méthodologie
Le sondage a été réalisé les 26 et 27 septembre auprès d’un échantillon de 955 personnes représentatif de l’ensemble de la population française de plus de 18 ans, interrogées par téléphone à leur domicile.

 


Le véritable objectif de Tarnac n’était pas de se faire mousser auprès du bon peuple « tremblez braves gens, on va vous défendre contre le vilain anarchiste »… le véritable objectif était d’envoyer un message au mouvement social, aux possibles dissidents de tout poil en ces temps de crise:

<<on peut vous faire chier, on peut vous foutre en l’air vos vies, vous prendre vos enfants, vous jeter en prison longtemps alors que vous n’avez rien fait… et tout cela on peut le faire impunément. Alors réfléchissez-y à deux fois avant d’aller manifester ou formuler une opinion dissidente.>>

A Tarnac et ailleurs, le message à été reçu 5/5. Merci Alain Bauer !

Tarnac : la défense dénonce « un scandale d’Etat »
[Isabelle Mandraud et Caroline Monnot – LE MONDE | 26.11.09]
Changement de ton, changement de stratégie, changement d’avocats. Un an après l’interpellation et la mise en examen de neuf personnes dans l’affaire des sabotages de voies SNCF, leurs conseils ont décidé à leur tour de se muer en accusateurs. Et de cogner fort. « On est au-delà du fiasco judiciaire, on est dans le scandale d’Etat », a lancé, mercredi 25 novembre, Me William Bourdon.Les neuf de Tarnac ont voulu et ont joué un rôle actif dans cette stratégie plus agressive. Les avocats se sont ainsi relayés lors d’une conférence de presse, dans les locaux de l’Assemblée nationale, en présence de plusieurs élus de gauche dont le Vert Noël Mamère et les socialistes François Hollande et André Vallini. « Le gouvernement a pris la responsabilité d’ordonner des enquêtes en incitant les policiers et les juges à se montrer peu scrupuleux afin de donner consistance à quelque chose qui n’existe pas », a affirmé Me Thierry Lévy. « Les policiers ont inventé, c’est le fruit de leur imagination « , a renchéri son confrère Jérémie Assous.

L’accusation n’est pas mince. « On est dans la présomption très sérieuse de falsification de preuves », a asséné Me« opération qui disqualifie et déshonore gravement la démocratie française« . Les avocats qui réclament dans la foulée un « non-lieu rapide », ont adressé coup sur coup deux notes au juge du pôle antiterroriste Thierry Fragnoli. Dans la première, datée du 29 octobre, ils dénoncent des « incohérences » et des « anomalies » Bourdon, en décrivant une contenues, selon eux, dans le procès-verbal D104 établi par la police de lutte antiterrorisme (SDAT). Ce procès-verbal est relatif à la filature du couple Julien Coupat, Yildune Lévy dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 au cours de laquelle a eu lieu un sabotage sur une caténaire de la ligne TGV Est. Dans la seconde note, du 25 novembre, les avocats réclament l’audition, en leur présence, du témoin sous X…, dont ils estiment que les déclarations fondent, pour l’essentiel, l’incrimination terroriste.

Mercredi, à l’Assemblée, ils ont brocardé le juge d’instruction en dénonçant, son « comportement très inhabituel ». « C’est quelqu’un enfermé dans son bunker, qui refuse tout contact physique et tout dialogue », a affirmé Me Lévy.

Le témoin sous X a-t-il été manipulé ?

L’identité de ce témoin a été rendue publique malgré lui, notamment par les médias. Il s’agit de Jean-Hugues Bourgeois, 30 ans, le chevrier du Teilhet (Puy-de-Dôme) aujourd’hui installé en Loire-Atlantique. Cet éleveur bio avait fait irruption dans l’actualité au printemps 2008 après que dix de ses chèvres avaient été tuées et sa grange incendiée. Il affirmait à l’époque être le destinataire de courriers de menaces de mort. Depuis, il a été mis en examen après qu’une expertise graphologique, contestée par son avocat Jean-Louis Borie, l’a désigné comme l’auteur de ces lettres.

Depuis des semaines, son nom avait commencé à circuler comme le probable témoin sous X… dans l’affaire Tarnac. Le 11 novembre, lorsque TF1 l’interroge en caméra cachée, le visage flouté il dit avoir signé un procès-verbal dont il n’a pas maîtrisé le contenu.

La gendarmerie, qui l’a reçu la première à Riom, certifie que ce témoin s’était présenté « spontanément ». C’est « du spontané qui n’en est pas, rétorque son avocat, Me Borie. Jean-Hugues Bourgeois était sous écoute comme victime dans l’affaire du Teilhet, et ses liens avec Tarnac étaient connus. Il était dans une situation de grande fragilité » Sans être un familier de Julien Coupat et des habitués de Tarnac, à l’exception de l’un d’entre eux, il a fréquenté plusieurs rendez-vous altermondialistes, se situant dans la gauche alternative.

Le dossier judiciaire contient une deuxième déposition de l’agriculteur, sous son nom. S’agissait-il, alors, pour la police, de le protéger en le faisant déposer une seconde fois sous son nom ?

La filature du couple Coupat-Lévy a-t-elle été entachée d’irrégularités ?

Les avocats contestent désormais point par point le minutage de la filature du véhicule dans lequel se trouvaient Julien Coupat et Yildune Lévy à partir de 3 h 50, le 8 novembre, nuit du sabotage Ils relèvent que les traces de pneumatiques et de semelles analysées par la gendarmerie sur place ne sont pas celles de leurs clients ; ils s’interrogent sur le fait que les policiers n’ont rien vu du sabotage lui-même, ce qu’ils jugent impossible étant donné la configuration de la voie ferrée à Dhuisy. « Ni les suivis, ni les suiveurs n’étaient présents sur les lieux », avance Me Assous.

La police admet qu’il y a peut-être eu « des erreurs techniques » dans le relevé horaire du procès-verbal de filature et continue d’attester de la présence du couple au kilomètre 45, lieu du sabotage. « Notre bonne foi ne peut pas être mise en cause, s’offusque un responsable. Si on avait voulu tricher, on aurait dit qu’on les avait vus saboter, ce qui n’est pas le cas ».

 

Les dépositions très contradictoires d’un agriculteur, ex-témoin sous X…
[LE MONDE | 26.11.09 ]

En l’espace de deux mois, Jean-Hugues Bourgeois a été entendu à deux reprises par les policiers de la sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT), la première fois en tant que témoin sous X…, la seconde sous son identité. Et les deux versions n’ont rien à voir.

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Cet agriculteur de 30 ans, qui résidait alors dans le Puy-de-Dôme, à environ deux heures de route de Tarnac en Corrèze, se serait présenté spontanément à la gendarmerie de Riom. Son premier témoignage est recueilli le 14 novembre 2008 à 9 heures, selon le procès-verbal (PV) établi par la police, soit trois jours après l’interpellation des neuf personnes mises en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. La veille, le juge des libertés et de la détention a donné son autorisation pour lui accorder le statut protecteur de témoin sous X…, qui devient dans le dossier le « témoin 42 ». Il livre alors ses impressions sur Julien Coupat et un « groupe constitué » autour de lui, mais ne dit pas un mot sur les sabotages des lignes SNCF qui leur sont reprochés

« Fantasme collectif »

A propos de Julien Coupat, dépeint comme le « leader charismatique et l’idéologue (qui) tient l’ensemble des membres sous son charme à la façon d’un gourou de secte », il déclare : « A plusieurs reprises, lors de réunions avant 2007, il exprimait le fait que, même si le moment n’était pas encore venu, il pourrait être un jour envisagé d’avoir à tuer car la vie humaine a une valeur inférieure au combat politique ». Selon ce PV, coté D43, les policiers présentent un « album photos » qu’il commente désignant ici un « responsable de la branche des relations sociales » (Benjamin Rousoux, mis en examen), là un « responsable de la branche armée » (Raphaël M., non mis en examen), tout en ajoutant qu’il « croit que cela relève d’un fantasme collectif « . Tout change le 11 décembre 2008, lors de sa deuxième audition à 14 h 30, cette fois sous son identité, dans les locaux de la police judiciaire de Clermont-Ferrand. Là, il parle de Raphaël M. comme d’un ami et d’une communauté répondant « avant tout à un projet de vie en commun se développant sur des activités agricoles, artisanales, commerciales ». « Je les conseillais notamment pour leur élevage de bêtes et leurs récoltes« , souligne-t-il.

Le témoin explique que son numéro de téléphone portable apparaît sur la facturation détaillée de la ferme de Tarnac, car il souhaitait « leur emprunter leur bouc pour la reproduction de (son) élevage » – bouc qu’il dit avoir été cherché « à la fin août 2008 ». Sur ce PV, il refuse de répondre à une interrogation sur le « projet politique » du groupe, car cela relève des « opinions privées de chacun ». Et à la question « les résidents de Tarnac vous ont-ils jamais fait part de projets violents ? », il répond : « Non, jamais. »

On lui présente à nouveau un album de « 38 individus » : il affirme, cette fois, n’en reconnaître que quatre. A propos de Julien Coupat, Jean-Hugues Bourgeois dit : « J’ai un peu de mal à croire qu’il est celui que les autorités présentent comme un terroriste. »

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/11/26/les-depositions-tres-contradictoires-d-un-agriculteur-ex-temoin-sous-x_1272456_3224.html#ens_id=1272079


Bible Warning Label

Autocollant d'avertissement sur la Bible : attention contenu dangereux

Traduction : LA BIBLE – Ceci est une oeuvre de fiction. Ne la prenez pas pour la réalité.

Attention contenu de nature à choquer : contient des versets décrivant ou faisant l’apologie du suicide, de l’inceste, de la bestialité, du sadomasochisme, d’activités sexuelles dans un contexte violent, du meurtre, de la violence morbide, de l’usage de drogues ou de l’alcool, de pratiques homosexuelles, du voyeurisme, de la vengeance, de la destruction de figures d’autorité, de la violations des lois et d’atrocités.

Mise en garde : L’exposition au contenu de ce livre sur une durée prolongée ou lors des années formatives des enfants peut provoquer des troubles de perception de la réalité, des déllusions, des hallucinations, une réduction significative des capacités de raisonnement et d’analyse objective et dans des cas extrêmes des désordres pathologiques, des sentiments de haine, d’intolérance et de violence pouvant mener, entre autres, à des actes de fanatisme, de meurtre et de génocide.

Note de Libertes & Internets : pour une sélection de passages croustillants de la Bible, vous pouvez aller voir nos amis de Landover Baptist Church : http://www.landoverbaptist.org/wallpapers/


Villiers-le-Bel, Tarnac… « Fallait pas nous mettre dans la même prison ! », par Maka Kanté et Benjamin Rosoux
[LE MONDE | 23.11.09 ]
Je suis Maka, j’ai 22 ans, je suis en détention préventive depuis le 23 février 2008. Je suis mis en examen pour « tentative d’homicide volontaire sur agents des forces de l’ordre » depuis le grand baroud policier qui avait suivi les émeutes de novembre 2007 à Villiers-le-Bel. Des centaines de jeunes ont affronté la police suite à la mort de deux adolescents, dans une collision avec un véhicule de police.Je suis Benjamin, j’ai 31 ans, je suis sous contrôle judiciaire, mis en examen pour participation à « une association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste » suite aux opérations de police menées sur tout le territoire, notamment à Tarnac, en réaction aux sabotages simultanés de l’alimentation électrique de plusieurs voies TGV en novembre 2008.

Un Blanc. Un Noir. Cité du Val-d’Oise. Petit village de Corrèze. Parents immigrés africains de première génération. Classe moyenne de province. Diplôme universitaire. Déscolarisation précoce. Nos histoires se croisent au hasard d’une désertion des voies tracées pour nous dans le grand cirque de la reproduction sociale. (suite…)


C’est parodique… mais pas loin de la réalité !

[Groland 10/9/2009]


Si vous ne connaissez pas encore la RiLI, il est temps de vous y précipiter et vous abonner (http://revuedeslivres.net/index.php) … (greg)

(Note de Dov : ) Je comprends enfin ce qui me paraissait si nauséabond dans le discours de Finkielkraut, Adler et consorts ; « Ivan Segré montre comment les polémiques biaisées d’Alain Finkielkraut et d’Éric Marty contre le philosophe Alain Badiou relèvent précisément de cette absorption de l’histoire juive singulière dans le grand récit de l’odyssée civilisatrice occidentale, en parfait accord avec l’européanisation du Juif face à l’Orient arabe dont était porteur le projet sioniste initial de Herzl. » C’est tout à fait cela, le sionisme comme dernière émanation de cette « mission civilisatrice de l’Occident Blanc » vis à vis des peuples sauvages et « inférieurs », vision qui est à la racine de toutes les horreurs du colonialisme et de la terreur stalinienne et nazie. Le romancier à succès Léon Uris le disait déjà, crument, en faisant l’apologie des juifs blancs et européens, supérieurs vis à vis des arabes basanés et dégénérés, appelés à disparaître.

Finalement Herzl est l’enfant de son époque et avait totalement intériorisé le discours qui allait mener, 30 ans plus tard, aux théories raciales des Nazies sur les « Untermenschen » et le « Lebensunwert » (qui ne mérite pas de vivre)… Finalement, le sionisme n’est rien d’autre qu’une parmi les théorie racistes « de gauche » du 19è Siècle – au même titre que le « Own State » de Rhodes, l’Apartheid de Smith, le « Volksrein » de Heydrich… Il faut la considérer comme telle, elle et tout l’artifice israélien.

Et quelle perversion des valeurs universalistes que m’enseignaient mes oncles kabbalistes, des vraies « Mensch » que ceux là, quand on entend cet imbécile pompeux de Finkielkraut (en jiddish, « ein Winkelkraut » c’est une petite personne qui végète toute seule, aigrie, dans son coin) dire : Son apologie des valeurs occidentales l’a ainsi conduit, dans son fameux entretien au quotidien Haaretz sur les révoltes des banlieues en 2005, à réhabiliter «le projet colonial» qui «se proposait d’apporter la culture et l’éducation aux sauvages» et à prétendre que, par rapport au mal que la France a pu faire aux Juifs sous Vichy, ce pays n’a fait «que du bien aux Africains (5)!»

Rien que pour cela, Finkielkraut mérite d’être relégué au placard des vieux cons obtus…

Une thèse à scandale : La réaction philosémite à l’épreuve d’un juif d’étude

à propos de Ivan Segré, Qu’appelle-t-on penser Auschwitz ? et de La Réaction philosémite
[ Daniel Bensaïd – La Revue des Livres et des Idées – Novembre 2009]
Faut-il vraiment rapprocher le 11 septembre d’Auschwitz? Peut-on être juif sans être sioniste? À ces questions brûlantes, Ivan Segré apporte des réponses différentes de celles que défendent les tenants de la «réaction philosémite». Il redevient dès lors possible de saisir la singularité de l’histoire juive, contre sa dissolution dans une apologie militante de «l’Occident».

Les éditions Lignes ont publié en mai, en deux volumes, des extraits remaniés d’une thèse soutenue à l’université Paris 8 par Ivan Segré sous le titre «La réaction philosémite européenne à l’épreuve de l’histoire juive». Cette parution a été accueillie par un silence guère surprenant, auquel s’est ajoutée une rumeur insidieuse selon laquelle Ivan Segré ne serait que le prête-nom ou le faux-nez d’un philosophe controversé, Alain Badiou. Pourtant, Ivan Segré existe. Je l’ai rencontré, j’ai été son directeur de thèse. Dans l’envoi du premier volume, il me remercie de «l’asile institutionnel» que je lui aurais accordé «au regard des vicissitudes qui ont scandé [s]on travail de recherche, de l’indifférence et de l’hostilité rencontrées». Notre premier contact fut toutefois de surprise et de circonspection réciproques. Le chemin de la soutenance et du doctorat fut ensuite un véritable parcours du combattant, semé de tracasseries bureaucratiques sans doute inspirées par la crainte du scandale: une thèse soutenue devant un jury présidé par Alain Badiou, composé de Charles Alunni, Michaël Löwy, et moi-même, assistés de René Lévy, directeur de l’Institut d’études lévinassienne, cela sentait sans doute le souffre. Ce fut pourtant un beau moment de controverse philosophique devant une assistance passionnée où dominaient les têtes coiffées de kippas. Un beau moment d’humour juif aussi, dont, à la différence d’Ivan Segré qui en est généreusement doté, le tourmenté Finkielkraut ou l’austère Milner semblent fort dépourvus.

Pourquoi, et aux yeux de qui, la thèse d’Ivan Segré peut-elle faire scandale? Le premier volume publié reprend une discussion sur les interprétations d’Auschwitz dans le sillage de la pensée de Lacoue-Labarthe. Le second développe une critique serrée du discours philosémite européen aboutissant à dissoudre la singularité de l’histoire juive dans une apologie militante de l’Occident (qui, rappelle l’auteur, fut, il n’y a pas si longtemps, le nom d’une organisation d’extrême-droite). À lire le petit livre d’Yitzhak Laor, critique au grand journal israélien Haaretz, ce thème semble au demeurant moins tabou en Israël, où Ivan Segré lui-même se consacre désormais aux études juives et à Maïmonide, qu’il ne l’est aux yeux d’un certain establishement universitaire français1.

Ce qui fait la force tranquille et souriante de sa thèse, c’est la rigueur logique de sa lecture des textes, que j’imagine être celle d’un yeshiviste studieux. Comme l’écrit Alain Badiou dans sa préface, il «travaille presque toujours à l’échelle de la phrase», se contentant de «laisser parler les phrases avec un toucher doux, en même temps qu’une inflexibilité toute particulière de la pensée».

Déterminations du crime nazi

Le premier volume prolonge l’effort de Lacoue-Labarthe pour penser le nazisme au lieu d’en proclamer l’irréductibilité à toute pensée. Il s’agit notamment de dépasser l’interrogation quant à savoir si le crime nazi est déterminé par sa fin (l’anéantissement des Juifs) ou par ses moyens techniques (les chambres à gaz), une alternative problématique, comme le mettent en évidence les très rares références de Heidegger aux chambres à gaz. Avant la publication tardive de sa quatrième conférence de Brême en 1949, en effet, une seule de phrase de lui faisait mention «des chambres à gaz et des camps d’anéantissement». Cette publication a depuis mis au jour une seconde occurrence «des camps d’anéantissement» où Heidegger retient exclusivement de cette extermination que son caractère industriel prive «ces milliers qui meurent en masse» du sens de leur propre mort: «Meurent-ils?» [«Sterben sie?»]. Ou périssent-ils seulement, de même, ajoute-t-il en relativisant le crime, que «des millions de Chinois périssent aujourd’hui de faim en Chine».

Dans son livre de 1987, La Fiction politique, Lacoue-Labarthe reproduisait le seul passage de la conférence alors connu: «L’agriculture est maintenant une industrie alimentaire motorisée, quant à son essence la même chose que la fabrication de cadavres dans les chambres à gaz et les camps d’extermination, la même chose que la réduction de pays à la famine, la même chose que la bombe à hydrogène.». Il la jugeait «absolument juste» quant au rapport entre la technique et l’extermination de masse, mais «scandaleuse et piteusement insuffisante», en ce qu’elle réduit la détermination du crime à son moyen et omet que cette extermination fut «essentiellement» (non exclusivement) celle des Juifs. Cela fait «une différence incommensurable» avec les dégâts de l’agriculture motorisée. Selon Heidegger, l’utilisation massive des chambres à gaz comme procédé de mise à mort aurait donc seulement exigé de «penser le nazisme dans les termes spéculatifs d’une réflexion sur la technique2».

Pour Segré comme pour Lacoue-Labarthe, la question est donc de savoir «en quoi la proportion des victimes juives d’Auschwitz (plus de neuf sur dix) relève de l’observation empirique, et en tant que telle contingente, alors que le fait qu’elles furent assassinées dans des chambres à gaz relève d’une détermination essentielle, en d’autres termes saisit la nature propre et singulière du crime nazi pour la pensée». La réponse de Lacoue-Labarthe est que Heidegger a manqué, sous le nom d’Auschwitz, «l’événement», la «dimension historiale», qui «fait la différence entre l’extermination[qui fut «pour l’essentiel» celle des Juifs]et n’importe quel autre phénomène technique». Ce manquement à l’essentiel et à la pensée interdit de voir «l’événement, l’Extermination», comme la «terrible révélation de son essence à l’égard de l’Occident»3.

Souligner la singularité du crime nazi comme crime occidental ou européen en ce qu’il applique une technique de massacre industrielle essentiellement à l’anéantissement des Juifs interdit de la dissoudre dans les généralités sur les droits de l’homme ou sur le crime contre l’humanité. Cela interdit surtout de célébrer le génocide à la manière d’un Finkielkraut, pour qui «l’Amérique démocratique et l’Europe démocratique ressourcent leurs principes communs dans la commémoration de la Shoah4». Son apologie des valeurs occidentales l’a ainsi conduit, dans son fameux entretien au quotidien Haaretz sur les révoltes des banlieues en 2005, à réhabiliter «le projet colonial» qui «se proposait d’apporter la culture et l’éducation aux sauvages» et à prétendre que, par rapport au mal que la France a pu faire aux Juifs sous Vichy, ce pays n’a fait «que du bien aux Africains5!» (suite…)


La Cour des droits de l’homme révolutionne les garde-à-vue

[Bakchich / lundi 9 novembre par Xavier Monnier]Un arrêt de la cour européenne des droits de l’homme met à mal le régime des gardés-à-vue français. Pluie de recours à prévoir. Les magistrats vont devoir se couvrir.

A l’Est du nouveau. Et pas parce que le mur a chu il y a vingt ans. C’est un peu moins loin vers l’Orient qu’une mini révolution pour le monde judiciaire français est en train de se tramer. Du côté de Strasbourg où siège la Cour Européenne des droits de l’homme.

Le 13 octobre dernier, la malicieuse assemblée a rendu un arrêt dans une assez obscure affaire turque, Denayan contre la Turquie. Et au détour de ce dossier, claque une phrase qui risque de soulever la commission Leger, qui a zappé le sujet…

Les juges européens rappellent simplement « le droit de tout accusé à être effectivement entendu par un avocat, au besoin commis d’office, figure parmi les éléments fondamentaux du procès équitable ». Douce remarque, qui rappelle tout bonnement l’article 6 de la convention européenne des droits de l’homme, à laquelle la France, patrie desdits droits, a souscrit.

Le régime des gardés-à-vue français illégal

Et qui change profondément la donne. A savoir que les gardés à vue doivent bénéficier, dès les premiers temps de leur mise à l’ombre, être assisté d’un baveux pour que leurs droits soient respectés. « Un accusé doit, dès qu’il est privé de liberté, pouvoir bénéficier de l’assistance d’un avocat », énonce l’arrêt que Bakchich a pu dépiauter.

Or, dans le droit français, la présence d’un avocat en garde-à-vue n’est que symbolique et ponctuelle. Le conseil n’a alors pas accès aux pièces du dossier et n’assiste pas aux interrogatoires. En certains domaines, notamment le trafic de stupéfiants ou le terrorisme, l’avocat n’intervient souvent qu’après la 72e heure de Gav.

« L’équite de la procédure, enfonce la Cour, requiert que l’accusé puisse obtenir toute la vaste gamme d’intervention qui sont propres aux conseils. A cet égard, la discussion de l’affaire, l’organisation de la défense (…) sont des éléments fondamentaux que la défense de l’avocat doit librement exercé ».

Des recours à foison

En somme, les aveux en garde à vue d’un prévenu, non assisté d’un avocat pourraient être écartés des dossiers, puisqu’en violation du droit fondamental à être assisté par un conseil dès la première minute de garde à vue. Bref finies les aveux en garde à vue d’un Francis Evrard ou d’un Manuel Da Cruz.

Et tout nouvelle loi qui viendrait réformer la procédure judiciaire française actuelle devra prendre en compte l’assistance obligatoire d’un avocat, dès le début de la Garde à vue. Sans quoi la Cour européenne pourrait la déclarer illégale.

Ephéméride d’un pénaliste. « Les recours en annulation de procédure vont pleuvoir dans les prochains jours ».

http://www.bakchich.info/La-Cour-des-droits-de-l-homme,09206.html


[Veilleur de Jour – 06 novembre 2009]

Camp Bucca, camp de concentration US en Irak

Le Soir de Bruxelles (voir le 2 novembre sur ce blog) et Le Temps de Genève viennent de publier un article d’Alain Lallemand sur le Camp Bucca de l’armée américaine en Irak. Lorsque ce site a été contraint de fermer ses portes le 17 septembre dernier, l’événement a reçu peu d’écho sauf sur quelques sites comme le Huffington Post. Pourtant, il s’agissait, dans l’histoire contemporaine, du plus vaste centre de rétention géré par l’armée américaine. “Sans jugement, sans avocat, sans même un mandat d’arrêt, quelque 2000 à 3000 personnes y étaient retenues en 2005″, écrit Alain Lallemand qui précise : “elles étaient 9.000 début 2006. Et début 2008, un record de 28 000 personnes y a été atteint: un authentique camp de concentration, au plein sens du terme.”

L’article repose sur le témoignage d’un contractant extérieur qui y a traCamp Buccavaillé de manière régulière durant des années. En plein territoire chiite, entouré d’un désert qui éteignait tout projet d’évasion, une population à 80% sunnite s’est retrouvée logée sous tentes, en conteneurs maritimes, puis en conteneurs de chantier. « Ici, la température atteint les 60º centigrades en été, – 10º C en hiver », note la source.
Tous les internés ne sont pas égaux : ils sont triés en trois niveaux de dangerosité. « Pour les “hauts risques”, ceux qu’ils appellent les “salafistes”, soit 7 à 800 détenus, a été constitué un “quartier rouge”. Ceux-là vivent par groupes de dix à quinze, logés à chaque fois dans deux conteneurs maritimes de 40 pieds (12 mètres) mis côte à côte, soudés l’un à l’autre et dans lesquels ont été ouverts à la meule des fenêtres et aérations. Les soldats meulent aussi la cloison intérieure, pour former un seul espace. En gros, l’équivalent d’un conteneur permet aux dix à quinze prisonniers de dormir, l’autre conteneur abritant une arrivée d’eau avec lavabo et, derrière un rideau, un WC à la turque. Et c’est là-dedans que certains ont vécu plus de 4 ans, ne pouvant en sortir qu’une heure par jour… »

“DuraCamp Buccant quatre ans, les délégués du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont régulièrement visité le Camp Bucca pour en vérifier les conditions de détention et le respect des garanties judiciaires”, indique Frédéric Koller dans Le Temps . Au nom de la clause de confidentialité qui lui ouvre les portes à de tels camps, le CICR se refuse toutefois à tout commentaire. Dorothea Krimitsas du CICR souligne cependant que le camp a été le théâtre de grèves et de révoltes à plusieurs reprises.


[Samuel Dixneuf – A l’ Heure Suisse – 23 Octobre 2009]
C’est vrai, on entend qu’eux. Les affichettes des partisans du ‘Non’ ne font parler personne. Pourquoi ? Trop gentilles, trop mièvres ? Pas assez nombreuses ? Les deux.

D’une part, les partisans du ‘Non’ auraient moins de moyens que les autres : « Les adversaires de la xénophobie ont de l’humour, mais peu de moyens » glisse Michel Audétat toujours dans 24 heures. Ah bon ? On sait que l’UDC a de la thune mais quand même… On s’en fout un peu des recommandations du Conseil fédéral et du Parlement mais dans ce cas précis « le Conseil national a rejeté l’initiative par 131 voix contre 63 sans abstention, le conseil des Etats par 35 voix contre 7 et 3 abstentions », soit une écrasante majorité.

Une écrasante majorité qui n’aurait pas le sou pour faire une campagne digne de ce nom : informative, touchant la raison et non l’émotion. Vaste blague.

D’autre part, la mesure, la raison n’ont jamais ému les foules. Ce qui fait vendre, on le sait, c’est le cul et la violence. C’est le cas des campagnes UDC. Du choc, toujours du choc, flattant les instincts les plus primaires. Les campagnes successives de l’UDC relèveraient donc de la pornographie politique. Elles combinent obscénité et violence, d’où leur succès.

Mais nous n’avons toujours par répondu à cette question : Pourquoi les « extrémistes » sont ceux qui parlent le plus ? Question qui faisait hier le titre d’un article du Monde.fr, article se basant sur une étude américaine pour y répondre.
http://researchnews.osu.edu/archive/majopinion.htm

Voilà en substance ce que l’on peut retenir :

« Le phénomène [de l’extrémisme] s’auto-entretient : persuadés qu’ils représentent l’opinion majoritaire, les plus extrémistes s’expriment plus volontiers que les modérés, renforçant l’impression qu’ils sont majoritaires, ce qui les incite à prendre plus facilement la parole. Les résultats de l’étude, estiment ses auteurs, expliquent en partie pourquoi les éléments les plus radicaux des partis politiques américains sont souvent perçus comme représentant l’opinion dominante de leur famille politique. »

Pour résumer, l’extrémiste, refoulant sa position minoritaire qui met en péril sa toute puissance fantasmée, noie ses doutes sous un déluge de vociférations qui entretiennent son illusion de domination et sa sensation d’être accepté. Un phénomène qui relève donc de la psychiatrie.

Prolonger :

http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/10/22/pourquoi-les-extremistes-sont-ceux-qui-parlent-le-plus_1257272_651865.html

http://www.mediapart.fr/club/edition/l-heure-suisse/article/231009/je-vocifere-donc-je-suis


[Claude Courrouve – 29/09/2009]

Orwell dénonçait le totalitarisme et les atteintes aux libertés, notamment à la liberté d’expression. Aujourd’hui, le politiquement correct incarne ce Big Brother, grand surveillant des paroles et grand vigilant. La Gayssot attitude, initiée dès 1986 par des députés socialistes au nom de la défense de la vérité, bloque la marche du savoir, selon l’expression de l’historien François Furet[1], car elle empêche la confrontation des arguments. Ce que l’on appelle « loi Gayssot », en son article 9, est l’article 24 bis de la loi de juillet 1881 sur la liberté de la presse. En voici le premier alinéa :
« Seront punis des peines prévues par le sixième alinéa de l’article 24 ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l’article 23, l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de l’article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale. »
Article 6 (c) de ce statut : ’ Les Crimes contre l’Humanité ’: « c’est-à-dire l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime. »
On notera que l’expression « chambres à gaz » ne figure dans aucun de ces textes. Une société de connaissance ouverte peut difficilement accepter une telle disposition qui soumet le débat public aux décisions d’un tribunal militaire. La loi du 26 janvier 1884, article 3, alinéa 1, énonçait un « principe fondamental reconnu par les lois de la République (PFRLR) : « Le service public de l’enseignement supérieur est laïc et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ; il tend à l’objectivité du savoir ; il respecte la diversité des opinions. Il doit garantir à l’enseignement et à la recherche leurs possibilités de libre développement scientifique, créateur et critique. »
La mécanique du politiquement correct va-t-elle si vite que ces mots ne veuillent plus rien dire aujourd’hui ? Dans la culture occidentale, on doit, pour la qualité de l’instruction publique, pouvoir fournir en permanence les éléments objectifs établissant les faits scientifiques ou historiques, justifiant les diverses théories ou politiques élaborées à partir de ces faits. On ne peut s’en tenir à la position irréfléchie de 34 historiens français qui eurent ce que Paul Thibaud a appelé par la suite « un réflexe de cordon sanitaire » ; ils annoncèrent publiquement leur refus de débattre :
« Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été techniquement possible puisqu’il a eu lieu. […] Il n’y a pas, il ne peut pas y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz. » (Le Monde, 21 février 1979).
Plusieurs d’entre eux furent d’ailleurs par la suite opposés à cette « loi Gayssot », et aucun historien spécialiste de la deuxième guerre mondiale (Henri Amouroux, Henri Michel, René Rémond) ne figurait parmi les signataires. Comme l’écrivait le philosophe Jean-François Lyotard, « Comment savoir que l’adversaire est de mauvaise foi tant qu’on n’a pas cherché à le convaincre et qu’il n’a pas manifesté par sa conduite son mépris des règles scientifiques? ».[2] La « Gayssot attitude » s’était heurtée à l’opposition du Sénat ; cette loi du 13 juillet 1990 ne fut pas contrôlée par le Conseil constitutionnel[3] ; elle fut déplorée par la majorité des historiens et de juristes, de même que l’ensemble des lois mémorielles (colonisation, esclavage, Arménie) :
Appel du 12 décembre 2005 de « Liberté pour l’histoire » :
« Émus par les interventions politiques de plus en plus fréquentes dans l’appréciation des événements du passé et par les procédures judiciaires touchant des historiens et des penseurs, nous tenons à rappeler les principes suivants :L’histoire n’est pas une religion. L’historien n’accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de tabous. Il peut être dérangeant.L’histoire n’est pas la morale. L’historien n’a pas pour rôle d’exalter ou de condamner, il explique.L’histoire n’est pas l’esclave de l’actualité. L’historien ne plaque pas sur le passé des schémas idéologiques contemporains et n’introduit pas dans les événements d’autrefois la sensibilité d’aujourd’hui.L’histoire n’est pas la mémoire. L’historien, dans une démarche scientifique, recueille les souvenirs des hommes, les compare entre eux, les confronte aux documents, aux objets, aux traces, et établit les faits. L’histoire tient compte de la mémoire, elle ne s’y réduit pas.L’histoire n’est pas un objet juridique.
Dans un État libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique. La politique de l’État, même animée des meilleures intentions, n’est pas la politique de l’histoire. C’est en violation de ces principes que des articles de lois successives – notamment lois du 13 juillet 1990, du 29 janvier 2001, du 21 mai 2001, du 23 février 2005 – ont restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites. Nous demandons l’abrogation de ces dispositions législatives indignes d’un régime démocratique. »
Les signataires : « Jean-Pierre Azéma, Elisabeth Badinter, Jean-Jacques Becker, Françoise Chandernagor, Alain Decaux, Marc Ferro, Jacques Julliard, Jean Leclant, Pierre Milza, Pierre Nora, Mona Ozouf, Jean-Claude Perrot, Antoine Prost, René Rémond, Maurice Vaïsse, Jean-Pierre Vernant, Paul Veyne, Pierre Vidal-Naquet et Michel Winock. »
http://www.lph-asso.fr/
Prise sous le coup de l’émotion de la profanation de Carpentras, Jacques Toubon jugeait cette disposition en ces termes : « Je suis contre le délit de révisionnisme, parce que je suis pour le droit et pour l’histoire, et que le délit de révisionnisme fait reculer le droit et affaiblit l’histoire [4] ».
Le 7 octobre 1996, l’Académie des Sciences Morales et Politiques, à l’unanimité, avait souhaité que l’on revienne sur cette disposition (Le Figaro, 18 octobre 1996). Plusieurs juristes français avaient rapidement exprimé leurs réticences, leurs inquiétudes face à cette disposition d’inspiration totalitaire. Selon François Terré, professeur agrégé de philosophie du droit à Paris-II,
« En érigeant le révisionnisme – lequel est aberrant – en infraction pénale, on porte atteinte: a) à la Déclaration de 1789 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions […] » b) à la libre recherche scientifique, consacrée par les lois de la République, et dont la liberté d’expression est une illustration. » (Le Figaro, 29 juin 1990, p. 2)
Des affaires récentes (invitation de Dieudonné, Mgr Williamson, « point de détail » de Le Pen) ont montré que cette disposition est devenue, au nom de la lutte contre l’antisémitisme, la clef de voûte de la police de la parole. Je m’étonne que Mathieu Kassovitz, dans la plainte pour diffamation qu’il vient de déposer, mette sur le même plan Joseph Goebbels, auquel l’assimile le site Internet du JDD, et Robert Faurisson qu’évoque à son sujet L’Express (« Kassovitz en Faurisson du 11-Septembre ») ; il me semble que l’un a un palmarès largement différent de celui de l’autre.
Cette égalisation montre que pour Kassowitch, comme avant lui pour Val et Siné, la seule liberté d’expression qui compte, c’est la sienne ; rares sont ceux qui comprennent que la liberté d’expression est une liberté, que la liberté est le premier droit fondamental et que le principe d’attribution des droits est l’égalité. La liberté d’expression doit donc valoir pour tous et pour tous les sujets, sinon elle se réduit à un privilège. Cette liberté d’expression est constitutionnellement la première des libertés[5] . La démocratie, ce n’est ni « Ferme ta gueule », ni « Cause toujours », mais cette esprit voltairien qui fait suivre le désaccord d’une argumentation, d’une réfutation si nécessaire :
« En général, il est de droit naturel de se servir de sa plume comme de sa langue, à ses périls, risques et fortune. Je connais beaucoup de livres qui ont ennuyé, je n’en connais point qui aient fait de mal réel. […] Mais paraît-il parmi vous quelque livre nouveau dont les idées choquent un peu les vôtres (supposé que vous ayez des idées), ou dont l’auteur soit d’un parti contraire à votre faction, ou, qui pis est, dont l’auteur ne soit d’aucun parti : alors vous criez au feu ; c’est un bruit, un scandale, un vacarme universel dans votre petit coin de terre.
Voilà un homme abominable, qui a imprimé que si nous n’avions point de mains, nous ne pourrions faire des bas ni des souliers [Helvétius, De l’Esprit, I, 1] : quel blasphème! Les dévotes crient, les docteurs fourrés s’assemblent, les alarmes se multiplient de collège en collège, de maison en maison ; des corps entiers sont en mouvement et pourquoi ? pour cinq ou six pages dont il n’est plus question au bout de trois mois.
Un livre vous déplaît-il, réfutez-le ; vous ennuie-t-il, ne le lisez pas. » Voltaire, Questions sur l’Encyclopédie, article « Liberté d’imprimer ».
Il faut rétablir une liberté d’expression globale, comme le souhaita le Fondateur d’Agoravox au Forum « Liberté de la presse et concentration dans les médias, site du Nouvel Obs, 21 février 2007 :
Question [la mienne en fait] : « L´omerta autour du 11 septembre est un autre cas intéressant à étudier » [réponse à une question précédente] Parleriez-vous aussi d’omerta autour de l’Holocauste ?» Réponse de Carlo Revelli à ma question : «Je ne pense pas que j’associerais ces deux termes entre eux… En revanche, je pense que le fait qu’on puisse mal discuter de l’Holocauste tend à favoriser l’essor « underground » des thèses négationnistes. Je suis pour une liberté d’expression globale.»
À la question de Montaigne : « Est-il chose qu’on vous propose pour l’avouer ou refuser, laquelle il ne soit pas loisible de considérer comme ambiguë ? » (Essais, II, xii, p. 503 de l’édition Villey), Immanuel Kant répondait : « Chacun est, qu’il le veuille ou non, forcé de croire à un fait tout autant qu’à une démonstration mathématique, pourvu que ce fait soit suffisamment avéré[6]. » D’où la nécessité de pouvoir examiner librement si le fait est, ou non, avéré.
À défaut de ce libre examen, on porte tort, comme le notait John Stuart Mill[7] , au développement mental de ceux que l’on intimide par la crainte de l’hérésie. Il y a là un interdit public, de type religieux, défavorable à la fonction intellectuelle (ce que Sigmund Freud aussi notait), et contraire, par son aspect religieux, à la laïcité, prise sous l’angle de la liberté de conscience.

http://laconnaissanceouverteetsesdetracteurs.blogspot.com/2009/09/pourquoi-il-faut-abroger-larticle.html

[1] Dans Commentaire, n° 80, hiver l997-98, Ernst Nolte et François Furet s’accordaient sur la légitimité du débat sur ce sujet. Leur correspondance a depuis été publiée en volume (Plon, 1998 ; Hachette Littératures, coll. Pluriel, n° 971, 2000). Le 5 septembre 1996, Ernst Nolte écrivait à François Furet : « Il faut répondre aux arguments révisionnistes par des arguments et non en engageant des procès. […] Je me sens provoqué par [le révisionnisme], et je ne me vois pourtant pas m’associer à ceux qui veulent mobiliser les procureurs et la police contre lui. […] Je considère comme fondamentalement fausse l’affirmation selon laquelle, si l’essentiel est incontestable, aucune affirmation particulière n’aurait plus besoin d’examen, et tous les doutes ne pourraient provenir que d’intentions mauvaises. Je crois qu’on menace au contraire le noyau de la chose lorsque on veut soustraire l’écorce à la discussion, non pas certes le caractère factuel de ce noyau mais le rang et l’importance qu’on lui accorde. » Ce à quoi François Furet répondait le 30 septembre 1996 : « Rien n’est pire que de vouloir bloquer la marche du savoir, sous quelque prétexte que ce soit, même avec les meilleures intentions du monde. C’est d’ailleurs une attitude qui n’est pas tenable à la longue, et qui risquerait d’aboutir à des résultats inverses de ceux qu’elle prétend rechercher. C’est pourquoi je partage votre hostilité au traitement législatif ou autoritaire des questions historiques. L’Holocauste fait hélas partie de l’histoire du XXe siècle européen. Il doit d’autant moins faire l’objet d’un interdit préalable que bien des éléments en restent mystérieux et que l’historiographie sur le sujet n’en est qu’à son commencement. »
À noter que dans leurs mémoires, ni Churchill, ni de Gaulle, ni Eisenhower, ni le maréchal Joukov, n’ont mentionné les chambres à gaz nazies. Par ailleurs les contradicteurs de Faurisson restent partagés entre ceux qui disent qu’il y a abondance de preuves et ceux qui disent que toutes les preuves ont été effacées ; il faudrait choisir.

[2] Jean-François Lyotard, Le Différend, Paris : Minuit, 1983, paragraphe 34.

[3] Les professeurs de droit public P. Avril, O. Duhamel et J. Gicquel se sont étonnés que cette « loi Gayssot » n’ait pas subi de contrôle de constitutionnalité. (Le Monde, 15-16 juillet 1990 ; Pouvoirs, n° 56, 1991. Certains parlementaires avaient alors fait état d’une intimidation qui les aurait dissuadés de déposer un recours. Lorsqu’une loi organique aura défini les conditions d’application du nouvel article 61-1 de la Constitution, il deviendra possible de contester la constitutionnalité de la « loi Gayssot »? ou plus exactement de l’article Gayssot de la loi sur la liberté de la presse.

[4] Assemblée Nationale, 3e séance du 21 juin 1991.

[5] « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. » Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, article 10, proposé par Louis de Castellane et Jean-Baptiste Gobel. « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, article 11, proposé par le duc de La Rochefoucauld d’Enville.
[6] Kant, Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ? (1786) ; traduction Pierre Jalabert, in Œuvres philosophiques, tome 2, Gallimard, 1985, coll. Pléiade.

[7] John Stuart Mill, On Liberty, chap. II, « Of the Liberty of Thought and Discussion » (1859).


Parce qu’il y a encore des gens qui doutent de cette thèse ? Pour nous, qui étions en contact avec les groupes libanais et palestiniens, pour moi, qui habitais Beyrouth à l’époque, c’était du connu ! Le contentieux Eurodif, tout le monde savait…  (Dov)

A lire : Dans l’article de VOLTAIRE sur J.L. Brugière : http://www.voltairenet.org/article13591.html
ainsi que l’article sur l’assassinat du Général Audran – abattu sur ordre pour avoir révélé les réseaux « Stay Behind » en Europe  : http://www.voltairenet.org/article147368.html#nb9

[Olivier Bailly – 15/10/2009]

Le 21 février 1987, Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani sont arrêtés par la police. Les quatre piliers d’Action Directe ont commis de nombreux attentats et des assassinats. Leur but : défendre le prolétariat, par les armes, s’il le faut, à l’instar de leurs cousins italiens des Brigades rouges et allemands de la Fraction Armée rouge.
En réalité, selon le journaliste Romain Icard qui a enquêté sur les motivations du quarteron d’activistes, Action directe a été manipulé par un état qui voulait régler ses comptes à la France. L’assassinat par haine du capitalisme est un prétexte romantique qui ne tient pas sous les coups de boutoir de l’investigation.
Mais toute la lumière n’avait pas été faite sur ce groupuscule dont l’histoire peut nous permettre de comprendre d’autres affaires, comme celle de Battisti ou de Julien Coupat.
L’Histoire secrète d’Action directe, enquête filmée de Romain Icard, est diffusée sur Canal+ vendredi 16 octobre à 22h20.
« Je suis complètement convaincu qu’Action directe a été commandité pour accomplir ces assassinats », déclare dans ce documentaire Yves Bonnet.On ne peut que souscrire à cette affirmation de l’ancien patron de la DST après avoir vu l’enquête de Romain Icard. Non seulement celui-ci nous permet de comprendre comment de jeunes jusquauboutistes aux idées bien arrêtées peuvent aller jusqu’à détruire la vie d’autrui (et la leur) mais aussi pourquoi le sommet de l’état a pu les laisser agir en toute impunité.

Ce film commence par retracer l’itinéraire de Rouillan qui avec ses camarades espagnols anti-franquistes exécuteront en 1973 un policier de l’autre côté de la frontière. Ses copains seront capturés. L’un deux, Puig Antich sera garroté. Rouillan s’en sort. A Toulouse, avec les anarchistes il créera les Groupes d’Action Révolutionnaires Internationalistes. En prison Rouillan prône la violence, les anarchistes prennent leur distance. Il y a scission.

Le film évoque le contexte de l’époque, les années 70 qui voient l’essoufflement de l’esprit de mai 68, l’auto-dissolution de la Gauche Prolétarienne dont certains membres, comme Gilles Millet (interviewé ici), fondateur de Libération, se reconvertissent majoritairement, alors que d’autres restent sur la carreau, déboussolés. C’est sur ce terrain que prospèrent généralement les déçus, les largués de tous bords, prêts à tout pour, sous prétexte de venger l’honneur du prolétariat qui n’en demande pas tant, satisfaire leur ego.

Lorsqu’il sort de prison, en 1977, Rouillan rencontre Nathalie Ménigon. Ils fondent Action directe et signent leur premier forfait le 1er mai 1979 en mitraillant le siège du patronat français. Pour l’heure ils sont entourés d’une dizaine de sympathisants. Ils multiplient les actions spectaculaires et leurs rangs grossissent. (suite…)

PALESTINE : IT IS TIME !

Clip de la Campagne Never Before For Palestine – neverbeforecampaign@gmail.com

http://www.youtube.com/watch?v=dFI4VHp0S9w


Si cette dame libanaise n’avait pas été Maronite, si c’est contre les israéliens qu’elle avait dirigé sa haine, pensez vous que le journaliste l’aurait laissé parler en lui disant « Non, mais je vous comprends » et pensez vous que la télévision française aurait diffusé de tels propos…

L’autre truc choquant est que cette dame qui est de la même génération que moi, n’a jamais été capable, 20 ans après la guerre, de sortir de sa tranchée mentale, d’aller s’informer sur l’autre côté, de voir que les atrocités et horreurs ont été tout autant le fait de son camp à elle, que la Phalange Gemayel a appliqué dans les faits ce qu’elle appelle de ses voeux… et que les Israéliens ont mille fois plus détruit son pays que les Palestiniens.

En fait, cette dame n’est jamais sortie de son Bunker. C’est triste…
(Dov)

JE DETESTE LES SYRIENS, JE VOUDRAIS VOIR LEUR PAYS EN RUINES, ET JE DETESTE ENCORE PLUS LES PALESTINIENS

[France 5 – 17/07/2009]

http://www.dailymotion.com/video/x9wipe_les-racistes-sionistes_news


Au début on se dit que c’est pas possible, c’est de l’humour… et ensuite on comprend que non, c’est de la connerie pure et simple. Ce qui est effroyable, c’est que c’est de la connerie approuvée par la société alors que, si ce gars était catholique ou musulman, il aurait déjà été cloué au pilori….

LA MINI-JUPE  DE CHRISTINE ET DE TATIANA ONT FAIT PLUS DE VICTIMES JUIVES QUE LA SHOAH

[Vidéo du cours du Rabbin Ron Chaya, sur « Comment éviter les mariages mixtes »]

Le Rav Ron Chaya est le directeur de l’association Leava.fr, qui se définit elle-même comme « une association à but non lucratif, apolitique, créée dans le but de diffuser les valeurs essentielles du judaïsme ». L’association « organise des cours menés par des conférenciers prestigieux, à Paris, à Lyon, à Marseille ». Le Rav Ron Chaya, en particulier, a enregistré de nombreux cours disponibles sur le site de l’association.


En Floride, l’éternel espoir du rebond

[Olivier Cyran – Le Monde Diplomatique – Août 2009]

(…) Depuis quelques mois, une mentalité moins arrangeante se manifeste pourtant à Miami. Dans le quartier noir de Liberty City, l’un des plus pauvres de la ville — l’un des moins intéressants aux yeux de Mme Bénichay —, un collectif baptisé Take Back the Land (« Reprendre possession de la terre – Reprends ton pays en main ») récupère des maisons saisies par les banques pour y loger des familles sans abri. A ce jour, dix habitations seulement ont fait l’objet d’une réquisition durable. Il est vrai que les obstacles sont nombreux. « D’abord, il faut qu’on trouve des maisons pas trop abîmées, indique M. Max Rameau, l’un des fondateurs du collectif. Or la plupart ont été saccagées par leurs occupants au moment de leur expulsion. Notre équipe peut effectuer des petits travaux, rebrancher l’électricité ou installer de l’électroménager de récupération, mais on n’a pas les moyens de faire du gros œuvre. Ensuite, il faut compter avec la police de Miami, l’une des plus détestables des Etats-Unis. Notre chance, c’est que la crise est si grave que les policiers n’ont pas nécessairement le temps ni l’envie d’envenimer les choses. Ils savent que le quartier est derrière nous : provoquer une émeute n’est pas leur priorité du jour. »

Né de parents haïtiens, lecteur de Frantz Fanon et des Black Panthers, M. Rameau se réjouirait presque de l’irruption de la crise, qui, dans son quartier du moins, a mis un frein provisoire à la voracité immobilière. Car, en dépit de ses vendeurs de crack et de ses trottoirs défoncés, Liberty City n’a pas été épargné par le boom du début des années 2000. A preuve, ce terrain vague clôturé de tôles à l’angle de la 17e Avenue et de la 62e Rue. « En 2006, la mairie a voulu offrir ce lopin à des promoteurs pour qu’ils y construisent des appartements de standing. Ce projet s’insérait dans le processus de gentrification (4) qui a grignoté Liberty City depuis les années 1990. La plupart des quartiers noirs, aux Etats-Unis, ont subi la même évolution : les promoteurs débarquent, achètent à bas prix, vident les lieux puis les revendent très cher. Evidemment, ils ne s’attaquent pas au cœur du quartier mais à ses bordures. Petit à petit, le quartier se rapetisse, mangé sur ses marges par une nouvelle population, généralement blanche ou noire embourgeoisée. C’est pour lutter contre cette dépossession que nous avons créé Take Back the Land. »

La suite appartient tout autant à l’histoire du quartier qu’à l’histoire des luttes. Le 23 octobre 2006, les militants de Take Back the Land s’emparent du terrain promis aux promoteurs pour y construire des cabanes en bois destinées aux mal-logés du voisinage. « On a d’abord organisé des réunions publiques pour convaincre les habitants, qui se montraient sceptiques, raconte M. Rameau. Puis on a créé un groupe plus restreint chargé de faire du porte-à-porte. Quand on est passés à l’action, les gens ont été si épatés de voir qu’on ne bluffait pas qu’ils nous ont massivement soutenus. C’est ce qui explique que la mairie ne nous a pas délogés. »

S’inspirant du Mouvement des sans-terre brésilien, le collectif met en place un lieu de vie autogéré où seuls l’alcool, la drogue et le harcèlement sexuel sont prohibés. Le « village », appelé Umoja (« unité » en swahili), va prospérer six mois, jusqu’à ce qu’un incendie le détruise une nuit d’avril 2007. « Dès le lendemain, les bulldozers avaient rasé tout ce qui tenait encore debout. Il n’y a jamais eu d’enquête (5). »

A la veille de changements sociaux majeurs ?

Depuis, la crise a pris le relais des militants pour embourber l’offensive des promoteurs. « Ils ont d’autres problèmes, à présent, ce n’est pas tout de suite qu’on va les revoir à Liberty City », note M. Rameau avec un sourire narquois, tout en s’étonnant que les foreclosures n’aient pas déclenché des mouvements de protestation plus massifs. La démarche qui consiste à reprendre aux banques ce qu’elles ont saisi épouvante nombre d’Américains, et pas seulement les agents immobiliers, comme en témoignent les commentaires indignés déversés sur le blog de M. Rameau. « Prendre des maisons qui ne vous appartiennent pas, vous ne manquez pas de culot, s’étrangle un internaute. Et pourquoi pas aller dans un hôtel et exiger qu’on vous offre une chambre gratuitement ? »

« On s’attaque au tabou de la propriété, ce qui n’est pas une mince affaire, dans ce pays, soupire le porte-parole de Take Back the Land. C’est assez curieux : la plupart des gens trouvent normal que vous saccagiez votre maison quand la banque vous éjecte, mais ils ont beaucoup plus de mal à accepter que vous la remettiez en état pour héberger des familles. »

Lui aussi pourtant se déclare optimiste, même si c’est pour des raisons autres que celles de M. Trump : « Nos actions commencent à faire des émules, à Portland, à Denver, en Californie… On est très minoritaires, pour l’instant, mais les gens n’ont pas d’autre choix que de se prendre en main. C’est une question de survie. Ça va peut-être demander dix ans, mais je suis persuadé que nous sommes à la veille de changements sociaux majeurs. »

http://www.monde-diplomatique.fr/2009/08/CYRAN/17693


El Mundo va bien plus loin que la simple question… il accuse carrément la police espagnole d’avoir monté l’opération de toutes pièces…et encore une fois, Voltaire nous révèle un débat de société qui – alors qu’il fait rage en Espagne – est totalement passé sous silence en France. Parce qu’il ne rentre pas dans les schémas de lecture de la pensée unique occidentale ?

Et pour ceux d’entre nous qui avons vécu les années 70  et la « stratégie de la tension », les faux attentats, les militants infiltrés et manipulés, les cibles « désignées » par le Ministère de l’Intérieur, les tireurs de ficelle neo-fascistes comme Licio Gelli ou Jacques Foccart, la P2, Operation Northwoods, les « Stay behind », l’orchestration de l’opinion publique par des agences qui alimentent de manière ciblée la presse imbécile…  Quand on se souvient de tout cela, rien de ce qui écrit dans cet article nous paraît incroyable… au contraire.

11 mars 2004 à Madrid : était-ce vraiment un attentat islamiste ?
[Mathieu Miquel – Voltaire – 11/10/2009]

Il y a cinq ans, une série d’attentats endeuillait Madrid. Après avoir été successivement attribuée à ETA, puis à Al-Qaïda, cette opération a été considérée par la Justice espagnole comme d’inspiration islamiste, mais sans lien avec des réseaux internationaux.
Cette conclusion, qui répondait à une nécessité politique, est contestée par une partie de la presse, El Mundo en tête. Nous revenons sur cette affaire, comme nous l’avions fait pour les attentats du 11-Septembre aux États-Unis, ou encore ceux de Bali, Casablanca et Londres.

192 tués et 1800 blessés : l’attentat de Madrid est un traumatisme pour la société espagnole, d’autant que la polémique sur les auteurs réels de l’attentat n’est toujours pas close. Le 11 mars 2004 vers 7 heures 40, dix bombes explosent dans quatre trains de banlieue en l’espace de quelques minutes. La date semble choisie soigneusement, on est à trois jours des élections générales, le Parti Populaire (droite) sortant de José-Maria Aznar en est favori. Les médias et la majorité des espagnols ont immédiatement suspecté l’ETA, le groupe nationaliste basque, contre lequel Aznar a prôné la manière forte. Mais les soupçons de l’opinion publique se retournent vers Al-Qaïda quand les premières informations filtrent de l’enquête et quand des suspects marocains sont arrêtés, à la veille de l’élection. Cette attaque pourrait être une représaille à la participation de l’Espagne dans la guerre d’Irak, même si les autopsies montrent qu’il n’y a pas eu de kamikaze. L’entêtement du gouvernement Aznar à condamner l’ETA passe pour un calcul électoral et le vote du 14 mars donne la victoire au Parti Socialiste de José Luis Zapatero. Trois semaines plus tard, le 3 avril, 7 suspects maghrébins « se suicident » en faisant exploser leur appartement alors qu’ils sont assiégés par la police. L’instruction de l’enquête dure plus de deux ans et en février 2007 le procès de l’attentat s’ouvre. Le verdict est rendu en octobre 2007 : la Justice valide la thèse de l’attentat islamiste. Mais les commanditaires présumés de l’attentat sont absouts, seul un prévenu est reconnu coupable d’avoir posé des bombes dans les trains, et la plupart des 29 inculpés sont condamnés pour leur appartenance à des groupes jihadistes et non pour leur implication dans l’attentat. Le jugement en appel confirme cette sentence en juillet 2008.

En Espagne cet attentat, désigné comme « 11-M » d’après sa date, est l’objet d’une intense polémique. La presse étrangère n’a pratiquement pas rendu compte de la polarisation des médias espagnols sur le sujet [1]. Les deux principaux quotidiens nationaux s’opposent rudement. Pour El Pais (centre gauche, atlantiste), la thèse islamiste ne fait aucun doute, tandis que pour El Mundo (centre-droit, souverainiste), cette piste est une fabrication policière. Le journaliste le plus emblématique de cette opinion est sans doute Luis Del Pino, du premier quotidien numérique d’Espagne Libertad Digital, et également auteur de plusieurs livres et documentaires de TéléMadrid [2] sur le thème. Cette position est souvent traitée de théorie du complot ou de « consparanoïa » par d’autres médias, plus soucieux de jeter le discrédit que d’entrer dans un débat argumenté. Les sceptiques sur la thèse de l’attentat islamiste sont eux-mêmes divisés : certains incriminent l’ETA, d’autres suspectent des services secrets, espagnols ou étrangers. Cet article ne rentrera pas dans la discussion des véritables auteurs de l’attentat, il s’en tiendra à démontrer que la version officielle est fausse. (suite…)


Ces morts, c’est nous qui les portons sur la conscience… nous devons nous mobiliser pour les migrants !

[Une lettre de Wahid Nawabi – Association Ensemble Pour l’Afghanistan – 10/10/2009]

Chers amis,

Je suis le président de l’association Ensemble Pour l’Afghanistan (EPA) et je rentre tout juste d’une mission sur Kaboul, ayant eu pour objet d’ évaluer le programme d’Aide au Développement que nous y menons depuis 7 ans. En parallèle à notre action sur Kaboul nous collaborons étroitement avec les associations présente sur Calais, la dernière action ayant été de solliciter MdM pour traiter l’épidémie de gale.

Pour ce qui est de l’Afghanistan, notre réseau afghan et ‘kabouli’ nous permet d’avoir une connaissance détaillée de la situation politique, économique, sociale et sécuritaire. Nous savons malheureusement tous que la situation dans l’ensemble des domaines mentionnés est tout simplement catastrophique et qu’elle n’a cessé de se dégrader fortement au cours des 4 dernières années.

Dans ce pays gangréné par le narcotrafic, la mafia et la corruption Il n’y a aucun embryon d’un État de Droit ni de capacité à assurer la sécurité de la population. Cette déliquescence est surtout marquée dans les régions de l’Est et du Sud de l’Afghanistan, pashtoune pour l’essentiel, et d’où sont originaires la plupart des migrants de Calais. Ce sont aussi les zones de conflits les plus violents où les morts civils se comptent par milliers au cours des 3-4 dernières années: victimes des frappes de l’Otan, des talibans, des seigneurs de la guerre et des trafiquants en tout genre.

Même Kaboul et sa périphérie ne sont plus épargnés comme en témoignent les récents attentats qui ont fait des dizaines de mort et de blessés, dont celui de ce matin qui aurait fait 12 morts et plus de 80 blessés.

La description ci-dessus n’est malheureusement que la face visible de l’iceberg et elle ne rend pas compte des crimes à caractère politico crapuleux dont sont victimes des individus et leur famille. Il n’y a pas un jour sans que l’on entende parler d’exécution de personnes décrites par les talibans comme collaborateur du gouvernement ou par les forces et milices gouvernementales comme talibans. A ces cas il faut rajouter les crimes purement mafieux liés aux nombreux trafics (drogue, être humain, organes, pièces archéologiques) et aux difficultés de remboursement d’un emprunt.

Lors de mon récent passage à Kaboul, j’ai pris des contacts informels avec deux fonctionnaires de l’ONU, dont un du HCR, sur le risque encouru par les afghans ayant été renvoyés de force par les pays de l’UE. Selon ces sources l’antenne de l’OIM à Kaboul dispose d’information sur les cas multiples d’ex migrants ayant été exécutés à leur retour au foyer familial. Alors qu’il n’appartiennent pas à l’OIM ils ont fait état de 2 cas d’assassinat dont l’un récemment à Paghman (25 kms de Kaboul), fief du ‘seigneur de guerre’ Rasoul Sayaf. Selon ces personnes, les motifs d’exécution sont soit l’étiquette de collaborateurs avec tel ou tel protagoniste du conflit ou bien l’incapacité de rembourser les emprunts (15-25000 $) contractés auprès des trafiquants.

En bref, les migrants ayant fui la misère pour se construire un avenir meilleur sont désormais aussi exposés à la mort que les cas politiques. Dans ces circonstances les États européens qui procèdent (GB) aux retours forcés ou ceux qui envisageraient de le faire (la France), au-delà du fait qu’ils bafouent le droit d’asile, portent une responsabilité pénale directe pour chaque cas de migrant assassiné ou subissant des violences à son retour en Afghanistan.

Dans le chaos absolu qui caractérise l’Afghanistan d’aujourd’hui personne ne peut garantir la sécurité de qui que ce soit. Tout État ou Institution internationale prétendant le contraire aurait ainsi recours aux mensonges et le propos ne serait qu’une pure propagande destiné à servir ses intérêts.

Les pays de l’OTAN reconnaissent désormais leur échec total tant sur le plan sécuritaire que sur celui de la reconstruction mais ils refusent d’admettre que ces migrants sont le triste résultat d’une stratégie défaillante déployer au cours de ces huit dernières années. C’est à ce titre que nous avons une entière responsabilité envers ces migrants qui sont sur notre sol et à qui l’on doit une protection.

Il est toutefois intéressant de noter le contraste saisissant dans le traitement des réfugiés afghans entre la période de l’occupation soviétique et maintenant. Lorsque les russes menaient la guerre en Afghanistan, l’Occident accueillait les migrants afghans (300 à 400 000) à bras ouverts. Lorsque des afghans fuient la guerre et la violence alors que l’Otan est aux commandes des opérations militaires on leur rétorque qu’ils sont indésirables et que la situation sécuritaire est suffisamment bonne chez eux pour qu’ils y restent.

La destruction de la ‘jungle’ a été retransmise à Kaboul à 2 reprises et l’homme de la rue a retenu le caractère violent de l’intervention de l’État français. Les propos d’un chauffeur de taxi résumaient assez bien le ressenti local: 1) Kaboul= Calais, nous subissons le même traitement à savoir la misère et la violence ; 2) pour les migrants cherchant uniquement l’Eldorado les gros bonnets du trafic sont dans les plus hautes sphères de l’État afghan et les diplomates et généraux occidentaux les fréquentent quotidiennement. S’il veulent vraiment envoyer un message aux trafiquants ce n’est pas en s’en prenant aux victimes et aux second couteaux mais en neutralisant les chefs ; 3) que cesse la guerre et que l’on redonne un espoir de vie et de dignité dans ce pays et le problème de migration disparaîtra.

La complexité et l’ampleur croissante des flux migratoires Sud- Nord, qu’il soient au motif  politique ou économique, nécessite une approche globale, humaine et responsable du problème. On ne traite pas l’un des défis du 21ème siècle par des actions brutales et purement médiatiques, contraire à nos valeurs républicaines et démocratiques, et en se barricadant derrière le Traité de Dublin.

Nous soutenons l’appel des 33 associations demandant l’arrêt des expulsions et souhaiterions évaluer avec les signataires la possibilité de lancer un appel au ministre de l’immigration pour une table ronde. Cette concertation aurait pour but de : 1) définir les modalités de protection pour les migrants se trouvant en France ; 2) d’identifier les actions à court terme que l’on peut mener dans les pays d’origine, pour les potentiels migrants ‘économiques’ : ex. campagne d’information dans les médias ; sensibilisation dans les écoles….

Vos remarques et suggestions sont bienvenues.
Amicalement,
Wahid-Nawabi <wahid.nawabi@wanadoo.fr>  – Tel. 06.07.17.94.58


Moi, Mustapha Kessous, journaliste au « Monde » et victime du racisme

[LE MONDE | 23.09.09 ]

Brice Hortefeux a trop d’humour. Je le sais, il m’a fait une blague un jour. Jeudi 24 avril 2008. Le ministre de l’immigration et de l’identité nationale doit me recevoir dans son majestueux bureau. Un rendez-vous pour parler des grèves de sans-papiers dans des entreprises. Je ne l’avais jamais rencontré. Je patiente avec ma collègue Laetitia Van Eeckhout dans cet hôtel particulier de la République. Brice Hortefeux arrive, me tend la main, sourit et lâche : « Vous avez vos papiers ? »

Trois mois plus tard, lundi 7 juillet, jour de mes 29 ans. Je couvre le Tour de France. Je prépare un article sur ces gens qui peuplent le bord des routes. Sur le bitume mouillé près de Blain (Loire-Atlantique), je m’approche d’une famille surexcitée par le passage de la caravane, pour bavarder. « Je te parle pas, à toi », me jette un jeune homme, la vingtaine. A côté de moi, mon collègue Benoît Hopquin n’a aucun souci à discuter avec cette « France profonde ». Il m’avouera plus tard que, lorsque nous nous sommes accrédités, une employée de l’organisation l’a appelé pour savoir si j’étais bien son… chauffeur.

Je pensais que ma « qualité » de journaliste au Monde allait enfin me préserver de mes principaux « défauts » : être un Arabe, avoir la peau trop basanée, être un musulman. Je croyais que ma carte de presse allait me protéger des « crochets » balancés par des gens obsédés par les origines et les apparences. Mais quels que soient le sujet, l’endroit, la population, les préjugés sont poisseux.

J’en parle souvent à mes collègues : ils peinent à me croire lorsque je leur décris cet « apartheid mental », lorsque je leur détaille les petites humiliations éprouvées quand je suis en reportage, ou dans la vie ordinaire. A quoi bon me présenter comme journaliste au Monde, on ne me croit pas. Certains n’hésitent pas à appeler le siège pour signaler qu' »un Mustapha se fait passer pour un journaliste du Monde ! »

Ça fait bien longtemps que je ne prononce plus mon prénom lorsque je me présente au téléphone : c’est toujours « M. Kessous ». Depuis 2001, depuis que je suis journaliste, à la rédaction de Lyon Capitale puis à celle du Monde, « M. Kessous », ça passe mieux : on n’imagine pas que le reporter est « rebeu ». Le grand rabbin de Lyon, Richard Wertenschlag, m’avait avoué, en souriant : « Je croyais que vous étiez de notre communauté. »

J’ai dû amputer une partie de mon identité, j’ai dû effacer ce prénom arabe de mes conversations. Dire Mustapha, c’est prendre le risque de voir votre interlocuteur refuser de vous parler. Je me dis parfois que je suis parano, que je me trompe. Mais ça s’est si souvent produit…

A mon arrivée au journal, en juillet 2004, je pars pour l’île de la Barthelasse, près d’Avignon, couvrir un fait divers. Un gamin a été assassiné à la hachette par un Marocain. Je me retrouve devant la maison où s’est déroulé le drame, je frappe à la porte, et le cousin, la cinquantaine, qui a tenté de réanimer l’enfant en sang, me regarde froidement en me lançant : « J’aime pas les Arabes. » Finalement, il me reçoit chez lui.

On pensait que le meurtrier s’était enfui de l’hôpital psychiatrique de l’endroit : j’appelle la direction, j’ai en ligne la responsable : « Bonjour, je suis M. Kessous du journal Le Monde… » Elle me dit être contente de me recevoir. Une fois sur place, la secrétaire lui signale ma présence. Une femme avec des béquilles me passe devant, je lui ouvre la porte, elle me dévisage sans me dire bonjour ni merci. « Il est où le journaliste du Monde ? », lance-t-elle. Juste derrière vous, Madame : je me présente. J’ai alors cru que cette directrice allait s’évanouir. Toujours pas de bonjour. « Vous avez votre carte de presse ?, me demande-t-elle. Vous avez une carte d’identité ? » « La prochaine fois, Madame, demandez qu’on vous faxe l’état civil, on gagnera du temps », riposté-je. Je suis parti, évidemment énervé, forcément désarmé, avant de me faire arrêter plus loin par la police qui croyait avoir… trouvé le suspect.

Quand le journal me demande de couvrir la révolte des banlieues en 2005, un membre du club Averroès, censé promouvoir la diversité, accuse Le Monde d’embaucher des fixeurs, ces guides que les journalistes paient dans les zones de guerre. Je suis seulement l’alibi d’un titre « donneur de leçons ». L’Arabe de service, comme je l’ai si souvent entendu dire. Sur la Toile, des sites d’extrême droite pestent contre « l’immonde » quotidien de référence qui a recruté un « bougnoule  » pour parler des cités.

Et pourtant, s’ils savaient à quel point la banlieue m’était étrangère. J’ai grandi dans un vétuste appartement au coeur des beaux quartiers de Lyon. En 1977, débarquant d’Algérie, ma mère avait eu l’intuition qu’il fallait vivre au centre-ville et non pas à l’extérieur pour espérer s’en sortir : nous étions parmi les rares Maghrébins du quartier Ainay. Pour que la réussite soit de mon côté, j’ai demandé à être éduqué dans une école catholique : j’ai vécu l’enfer ! « Retourne dans ton pays », »T’es pas chez toi ici », étaient les phrases chéries de certains professeurs et élèves.

Le 21 décembre 2007, je termine une session de perfectionnement dans une école de journalisme. Lors de l’oral qui clôt cette formation, le jury, composé de professionnels, me pose de drôles de questions : « Etes-vous musulman ? Que pensez-vous de la nomination d’Harry Roselmack ? Si vous êtes au Monde, c’est parce qu’il leur fallait un Arabe ? »

A plusieurs reprises, arrivant pour suivre un procès pour le journal, je me suis vu demander : « Vous êtes le prévenu ? » par l’huissier ou le gendarme en faction devant la porte du tribunal.

Le quotidien du journaliste ressemble tant à celui du citoyen. Depuis plusieurs mois, je cherche un appartement. Ces jours derniers, je contacte un propriétaire et tombe sur une dame à la voix pétillante : « Je m’appelle Françoise et vous ? » « Je suis M. Kessous « , lui répondis-je en usant de mon esquive habituelle. « Et votre prénom ? », enchaîne-t-elle. Je crois qu’elle n’a pas dû faire attention à mon silence. Je n’ai pas osé le lui fournir. Je me suis dit que, si je le lui donnais, ça serait foutu, qu’elle me dirait que l’appartement avait déjà été pris. C’est arrivé si souvent. Je n’ai pas le choix. J’hésite, je bégaye : « Euhhhhh… Mus… Mustapha. »

Au départ, je me rendais seul dans les agences immobilières. Et pour moi – comme par hasard – il n’y avait pas grand-chose de disponible. Quand des propriétaires me donnent un rendez-vous pour visiter leur appartement, quelle surprise en voyant « M. Kessous » ! Certains m’ont à peine fait visiter les lieux, arguant qu’ils étaient soudainement pressés. J’ai demandé de l’aide à une amie, une grande et belle blonde. Claire se présente comme ma compagne depuis cet été et fait les visites avec moi : nous racontons que nous allons prendre l’appartement à deux. Visiblement, ça rassure.

En tout cas plus que ces vigiles qui se sentent obligés de me suivre dès que je pose un pied dans une boutique ou que ce vendeur d’une grande marque qui ne m’a pas ouvert la porte du magasin. A Marseille, avec deux amis (un Blanc et un Arabe) – producteurs du groupe de rap IAM -, un employé d’un restaurant a refusé de nous servir…

La nuit, l’exclusion est encore plus humiliante et enrageante, surtout quand ce sont des Noirs et des Arabes qui vous refoulent à l’entrée d’une boîte ou d’un bar. Il y a quatre mois, j’ai voulu amener ma soeur fêter ses 40 ans dans un lieu parisien « tendance ». Le videur nous a interdit l’entrée : « Je te connais pas ! » Il aurait pourtant pu se souvenir de ma tête : j’étais déjà venu plusieurs fois ces dernières semaines, mais avec Dida Diafat, un acteur – dont je faisais le portrait pourLe Monde – et son ami, le chanteur Pascal Obispo.

Fin 2003, je porte plainte contre une discothèque lyonnaise pour discrimination. Je me présente avec une amie, une « Française ». Le portier nous assène le rituel « Désolé, y a trop de monde. » Deux minutes plus tard, un groupe de quinze personnes – que des Blancs – entre. Je veux des explications. « Dégage ! », m’expédie le videur. La plainte sera classée sans suite. J’appellerai Xavier Richaud, le procureur de la République de Lyon, qui me racontera qu’il n’y avait pas assez d' »éléments suffisants ».

Que dire des taxis qui après minuit passent sans s’arrêter ? Que dire de la police ? Combien de fois m’a-t-elle contrôlé – y compris avec ma mère, qui a plus de 60 ans -, plaqué contre le capot de la voiture en plein centre-ville, fouillé jusque dans les chaussettes, ceinturé lors d’une vente aux enchères, menotté à une manifestation ? Je ne compte plus les fois où des agents ont exigé mes papiers, mais pas ceux de la fille qui m’accompagnait : elle était blonde.

En 2004, une nuit à Lyon avec une amie, deux policiers nous croisent : « T’as vu le cul qu’elle a ! », lance l’un d’eux. « C’est quoi votre problème ? » rétorqué-je. Un des agents sort sa matraque et me dit en la caressant : « Il veut quoi le garçon ? »Le lendemain, j’en ai parlé avec Yves Guillot, le préfet délégué à la police : il m’a demandé si j’avais noté la plaque de leur voiture. Non…

En 2007, la brigade anticriminalité, la BAC, m’arrête sur les quais du Rhône à Lyon : j’étais sur un Vélo’v. On me demande si j’ai le ticket, si je ne l’ai pas volé. L’autre jour, je me gare en scooter sur le trottoir devant Le Monde. Je vois débouler une voiture, phares allumés : des policiers, mains sur leurs armes, m’arrêtent. Je leur dis que je travaille là. Troublés, ils me demandent ma carte de presse, mais pas mon permis.

Des histoires comme celles-là, j’en aurais tant d’autres à raconter. On dit de moi que je suis d’origine étrangère, un beur, une racaille, un islamiste, un délinquant, un sauvageon, un « beurgeois », un enfant issu de l’immigration… Mais jamais un Français, Français tout court.

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3224,50-1244095,0.html


[Florent Pecchio – LIBÉRATION – 17/09/2009]

Pour Michèle Alliot-Marie, ce n’est qu’une «erreur matérielle». Une disposition «curieuse et contestable» pour Henri de Raincourt, ministre chargé des relations avec le Parlement. Pour Roland Muzeau, porte-parole des députés PCF, il s’agit d’une «infiltration» de la Scientologie au sein du ministère de la justice.

Au lendemain de la révélation par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) de la modification de la loi qui retire la possibilité de dissoudre un mouvement sectaire, les réactions se multiplient, à droite comme à gauche. La nouvelle a de quoi interpeller, pour deux raisons: d’abord, parce que ce fameux vote est intervenu seulement treize jours avant le procès de l’Eglise de scientologie à Paris. Ensuite, parce que ce texte est passé inaperçu pendant quatre mois, et qu’il a été validé par les personnes qui le brocardent aujourd’hui.

Loi de simplification

L’article litigieux, qui profite à la Scientologie, se trouve donc au coeur de la «loi de simplification et de clarification du droit et d’allègement des procédures». Un texte destiné à épurer certains articles de loi, parfois gangrénés de multiples détails superflus, et mis sur les rails au cours de l’été 2008. L’objet de la polémique, c’est un article de cette loi, le 124e des 140 que comprend ce texte «fourre-tout», où sont modifiés des articles du code du travail comme des collectivités territoriales.

Un alinéa de cet article 124, là encore noyé au milieu des autres, met la fameuse dissolution aux oubliettes. Elle ne figure plus parmi les moyens mis à la disposition d’un juge pour sévir face à des mouvements sectaires. (suite…)


[Solidarité Inculpés – Juin 2009]

La brochure Mauvaises Intentions 2 a été ré-imprimée à des milliers d’exemplaires. N’hésitez surtout pas à la diffuser largement. On peut vous en envoyer plein, il suffit de le demander!

Cette brochure propose une chronologie des arrestations de Janvier 2008, des lettres des camarades inculpés, ainsi que des analyses sur les tactiques policières et judiciaires, l’ADN, la lutte contre les centres de rétention, le sabotage, puis un retour sur les actions de solidarités. Dans ce dossier se trouvent archivés – de manière exhaustive – les textes, analyses, comptes-rendus d’actions glanés sur les sites d’informations « alternatifs », ainsi que les articles policiers de la « grande presse » se rapportant à l’ »outil antiterroriste » et à la « mouvance anarcho-autonome »…

Le dossier « Mauvaises intentions » a été mis en place en juin 2008 à la suite des premières inculpations sous régime antiterroriste de personnes fichées par la police comme « anarcho-autonomes ». Ce dossier constitue le principal relais rassemblant tous les textes écrits par ou pour ces personnes. En novembre 2008, une autre opération « antiterroriste » ciblant la « mouvance anarcho-autonome » a eu lieu : l’affaire dite de Tarnac. Cette affaire ayant pris énormément de place médiatiquement, nous avons cessé au cours du mois de février de répertorier exhaustivement les articles faisant référence à cette affaire.

Un site internet [http://infokiosques.net/mauvaises_intentions] très régulièrement mis à jour permet de se tenir au courant et une adresse mail [solidaritesinculpes@riseup.net] existe, notamment pour s’inscrire à une mailing-list et recevoir directement les dernières infos.

Pour payer l’impression de cette brochure, les frais de déplacements liés au contrôle judiciaire, et de photocopies (tracts,etc…), nous avons besoin d’argent. Pour cela, vous pouvez envoyer un chèque à l’ordre du C.I.C.P. à l’adresse :   Mauvaises Intentions, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris.

http://infokiosques.net/mauvaises_intentions


[De Defensa – 11/06/2009]

Il n’est plus un jour qui ne nous apporte de nouvelles indications sur le mouvement de déconstruction de l’influence israélienne aux USA, et plus particulièrement, – et ceci explique cela, on le verra plus loin, – de l’influence des extrémistes israéliens via le Lobby (l’AIPAC). Il s’agit ici d’un texte de Ira Chernus, professeur d’études religieuses à l’université du Colorado et spécialiste des questions stratégiques, nucléaires et conflictuelles considérées du point de vue théologique. Publié sur Thruthout le 9 juin 2009 <http://www.truthout.org/060909R> , ce texte présente l’intérêt d’une enquête dans les milieux parlementaires US à propos de l’influence de l’AIPAC.

Chernus décrit d’abord le processus habituel pour “endoctriner” selon les consignes de l’AIPAC les jeunes parlementaires, notamment démocrates, sans avis sur la question du Moyen-Orient, et qui subissent régulièrement un “lavage de cerveau”, venu en général de généreux donateurs commandités par l’AIPAC. La chose renvoie aux plus basses méthodes de conditionnement et de propagande des systèmes totalitaires les plus cyniques et les plus méprisables. Pas de surprise, quand on a une idée claire de l’AIPAC et de la direction israélienne actuelle, autant que des habitudes parlementaires US.

Mais les choses changent… «Now, for the first time, there are signs of a crack in AIPAC’s vaunted political edifice.» Il faut dire que la bataille, qui porte actuellement sur la résistance de Netanyahou à propos des demandes d’Obama sur la question des implantations comme si cela engageait évidemment la survie d’Israël, représente une cause d’une telle médiocrité par rapport aux véritables enjeux qu’il y a là une démarche alimentant son propre discrédit. («“Even the most conservative institutions of Jewish American life don’t want to go to war over settlement policy,” said David Twersky, who was until recently the senior adviser on international affairs at the American Jewish Congress.») (suite…)


Commentaire de Dov Lerner : Le principal but de cette loi liberticide est de contrer le succès de la liste Dieudonné : Loi contre l’antisionisme : http://www.upjf.org/detail.do?noArticle=16510&noCat=145&id_key=145&rub=7

Si c’est un délit que de critiquer le sionisme, alors les communistes pourront interdire la critique du Stalinisme et même, pourquoi pas, les Néonazis pourront demander qu’on cesse de diaboliser Hitler.

Ou alors elle officialisera le concept central du lobby Pro-Israel : Israël, au nom de la Shoah et de la mauvaise conscience européenne, a tous les droits et peut se permettre en toute impunité des comportements qui feraient hurler le plus tiède des démocrates si quelqu’un d’autre se les permettait.

Comme disait l’ancien président de l’UEJF : la défense d’Israël est plus importante que la défense de la liberté expression.

[Emmanuel Ratier – Faits et Documents – n° 280]

Une pétition vient d’être lancée, sur Internet, pour une proposition de loi finement intitulée Loi Martin Luther King.

Cette loi vise à interdire et à punir l’antisionisme qui ne serait qu’« un “faux nez” de l’antisémitisme », à l’initiative de Meyer Tangi, Yehuda Guzzi, Menehem Macina et David Tordjmann.

http://www.faits-et-documents.com


[Emmanuel Ratier – Faits et Documents – n° 280]

Tintin au Congo est désormais pratiquement interdit à la bibliothèque publique de Brooklyn. La célèbre bande dessinée d’Hergé a été placée dans un coffre-fort et il faut faire une demande écrite, avec motivation, pour l’obtenir au bout de trois ou quatre jours. En revanche, Mein Kampf est toujours sur les rayonnages en libre accès.

http://www.faits-et-documents.com


La présence de Barack Obama à la Maison Blanche fait ressortir tout un tas de phantasmes chez les racistes blancs aux Etats-unis… comme le démontre cette information complètement loufoque sur la mère de Michelle Obama.

Parce que, évidemment, on sait bien que les Nègres sont adeptes de rituels primitifs et sauvages. La presse a donc sauté sur une vague rumeur comme quoi Mme Robinson aurait fait appel à un prêtre Santero lors de la maladie de son mari… pour en faire une histoire de culte vaudou dans les caves de la Maison Blanche, avec tambours, trances, bougies et poulets égorgés. Ouuuuhhh, le frisson !!!!

[Emmanuel Ratier – Faits et Documents – n° 280]

Agée de 72 ans, Marian Robinson, la mère de Michelle Obama, habite à la Maison-Blanche où elle est censée servir de « nounou » aux filles du président américain Barack Obama, Sasha et Malia. A la mi-août, elle a été surprise alors qu’elle pratiquait un rite vaudou, la santeria, avec une prêtresse de ce culte luciférien, à l’intérieur même de la demeure présidentielle. La prêtresse de Chicago a été interdite d’entrée et la grand-mère a été priée d’être plus discrète afin d’éviter tout scandale pouvant rappeler les liens du président américain avec les cultes vaudous.

http://www.faits-et-documents.com


[Gregor Seither – IES News Service – 12/09/2009]
Nick George, étudie l’Arabe au Pomona College (Californie). Au retour des grandes vacances il s’apprêtait à rejoindre son université quand les haut-parleurs externes de son ordinateur, qu’il transportait dans son sac à dos, ont déclenché un contrôle lors de l’embarquement. En fouillant son sac, les contrôleurs sont tombés sur ses notes de cours… rédigées en Anglais et en Arabe. Cela lui a valu de passer un journée en prison et la remarque, par un agent du TSA, que « avoir des textes en Arabe dans un aéroport (la veille du 11 septembre), c’est vraiment de la provocation« . . .

Nick George reconnaît qu’il avait tout pour plaire au contrôleur de la Transport Safety Authority. Non seulement ses notes de cours étaient en Arabe, mais en plus il avait des tampons jordaniens dans son passeport, étant donné qu’il avait étudié un semestre à Amman. « Et comme je me sers d’Al-Jazira pour réviser mon vocabulaire, parmi mes 200 fiches de notes figuraient des mots comme « terrorisme » et « explosion »

« Je comprends bien que je puisse être remarqué lors d’un contrôle. Ils auraient du me faire passer dans une salle, me fouiller, vérifier que je suis un étudiant légitime, que je ne transportais rien d’illégal et me laisser repartir. » Mais ce n’est pas ce qu’à fait TSA, initiant au contraire une spirale kafkaienne d’hystérie sécuritaire.

Après avoir été retenu trois-quart-d’heures dans une pièce, une agente TSA est venu l’interroger. Sa première question a été de savoir ce que Nick pensait des évènements du 9/11.

« Est-ce que vous savez qui a organisé les attentats du 9/11? » a demandé la femme.

Nick lui a répondu que c’était Osama ben Laden. La femme lui a alors répondu d’un air arrogant : « Et quelle langue parle-t’il, Osama Ben Laden ? »

Peu de temps après, des agents de police sont arrivés et ont ordonné à Nick de se tourner afin qu’ils lui passent les menottes. « Je leur ai demandé à plusieurs reprises pourquoi on m’arrêtait, on ne m’a jamais répondu« . Il a été enfermé – toujours menotté – dans une cellule du poste de police.

« J’avais lu plusieurs articles de gens qui – arrêtés sans raison – avaient aggravé leur cas à cause de leurs protestations. J’ai donc décidé d’être un prisonnier modèle et d’attendre sagement qu’on vienne s’occuper de moi. »

Après plusieurs heures d’attente, toujours menotté, deux agents du FBI sont venus le chercher et l’ont fait asseoir dans une salle d’interrogation. « Ils étaient très polis. Ils voulaient savoir pourquoi j’apprenais l’Arabe alors que ma spécialité d’études était la physique. Pourquoi je m’intéressais au Moyen-Orient, pourquoi j’étais allé y vivre. Est-ce que quelqu’un m’avait proposé de rejoindre un groupe terroriste. Est-ce que j’étais « islamique » ou bien est-ce que, dans le cadre de mes études, j’avais rejoint des groupes « islamiques » ou bien « communistes » (sic).

Le FBI a également expliqué plus tard, interrogé par la presse, que ce qui avait attiré l’attention des « filtreurs » était le « comportement suspect » de Nick George. Les notes en Arabe, sa carte d’étudiant de l’université d’Amman avec son nom écrit en Arabe et en Anglais… tout cela le rendait suspect.

Mais aussi le fait que, sur la photo de son permis de conduire, il avait les cheveux longs alors que maintenant il les portait courts. Pour le Lieutenant Louis Liberati, du FBI, « Ca c’est un indicateur d’une personne qui a pu passer par une phase de radicalisation et qui tente de le dissimuler« . Un autre élément suspect : « il était trop poli, il ne s’est pas énervé, il n’a presque pas protesté » a expliqué Liberati. « Comme s’il ne voulait pas attirer l’attention. C’est louche« .

« Ils m’ont expliqué que leur travail était plus intuitif que scientifique. » raconte Nick George. « Que leur travail était d’évaluer si je posais un danger ou pas et que, dans mon cas, il avaient finalement décidé que je ne posais pas de danger« .

C’est ainsi que, plusieurs heures après avoir voulu prendre son avion, Nick George a été libéré. En repartant, il a croisé la femme agente du TSA qui l’avait interrogé au départ. « Elle m’a dit, d’un air réprobateur, que je n’avais qu’à m’en prendre à moi-même. Venir dans un aéroport, avec des papiers écrits en Arabe, c’était une provocation… »


[DegenereScience, août 2009]

Devant l’évidence de la catastrophe, il y a ceux qui s’indignent et ceux qui prennent acte, ceux qui dénoncent et ceux qui s’organisent. Nous sommes du côté de ceux qui s’organisent. (Anonyme, Appel « L’insurrection qui vient » –  Comité Invisible)

En pratique, le Contre-Net et la TAZ peuvent être considérés comme des fins en soi – mais, en théorie, ils peuvent aussi être perçus comme des formes de lutte pour une réalité différente.  (Hakim Bey, TAZ : zone d’autonomie temporaire, 1991)

I – La contre-culture hacker

Il n’a jamais été question d’être méchants ou destructeurs, même quand nous combattions les contre-vérités diffusées par les média de masse. Nous formions un ensemble de gens bizarres, qui exploraient un univers nouveau et partageaient leurs découvertes avec qui voulait bien l’entendre. Nous étions dangereux.  (Emmanuel Goldstein, The Best of 2600: A Hacker Oddyssey, 2008)

Oui, je suis un criminel. Mon crime est celui de la curiosité. Mon crime est celui de juger les gens par ce qu’ils pensent et disent, pas selon leur apparence. Mon crime est de vous surpasser, quelque chose que vous ne me pardonnerez jamais. (The Mentor, The Conscience of a Hacker, 1986, paru dans le numéro 7 du magazine électronique Phrack)

Les préjugés sur le mouvement hacker sont si profondément ancrés dans l’inconscient collectif qu’ils se suffisent à eux-mêmes. Le grand public oscille entre d’une part l’image terroriste véhiculée par le complexe médiatico-policier, etd’autre part celle d’un explorateur des frontières du cyber-espace transmise par la mauvaise science-fiction. À tel point que très peu connaissent le sens réel du mot hacker, et moins encore ont une vue globale de ce dont il s’agit. (suite…)


Le récent incident avec le Professeur Gates, ami de Barack Obama, qui s’est fait tabasser par la police dans sa propre maison a soulevé la question du racisme… mais ce n’était pas une question de racisme. C’était une question d’autorité.

Blanc ou Noir, peu importe : ce qui importe c’est que le policier attend de vous une soumission totale et un abandon de tous vos droits civiques. Vous n’avez aucun droit tant que vous n’aurez pas reconnu que le policier a tous les droits. Si vous dites « Non », si vous l’ignorez, si vous ne faites pas ce qu’il vous dit de faire, ou si vous n’êtes pas en mesure de faire ce qu’il vous dit de faire, ou si vous êtes une tierce personne innocente qui se met en travers de son trip de pouvoir…  et bien il décidera de vous punir. « If you don’t do what we ask you to do, we will taze you ».

Et depuis que les policiers sont équipés de Tazer, ils n’ont même plus besoin d’avoir d’appréhensions. Et dans 99% des cas, ils  savent qu’ils agissent en totale impunité, car il y aura toujours une autorité pour les défendre, un Fox News pour dire que la victime l’avait bien cherché… voire un témoignage mensonger pour inventer une accusation. Et l’Omerta maffieuse – « Code of Silence » – de la police les protégera.

Et au pire, on vous bouclera pour « Failing to comply », « Resisting arrest ou « Failing to identify »… des accusations qui permettent à n’importe quel policier de vous boucler pour avoir osé l’importuner en mettant en doute son autorité.  Pour avoir osé être un tant soit peu autre chose qu’un mouton qui passe son chemin en baissant les yeux…

Ce film dérangeant, intitulé « LE PLUS IMPORTANT GANG DE RUE EN AMÉRIQUE » illustre parfaitement cette maxime à travers de nombreux témoignages et preuves vidéo filmées.

Les violences de Abu Ghraib, les tortures de Guantanamo, l’inhumanité des traitements des prisonniers ne sont rien d’exceptionnel. C’est le traitement accordé chaque jour à des citoyens ordinaires (et souvent innocents) par des officiers de la force publique.

Parce que eux ont le pouvoir de vous faire chier, de vous faire mal et de vous tuer… en toute impunité.

…tandis que vous n’avez aucun droit face à eux. Et que vous n’oserez jamais les affronter… ou ne pourrez jamais le faire.

Exactement comme les prisonniers d’Abu Ghraib, de Guantanamo et de Baghran.

The Largest Street Gang in America

[Boiling Frogs – Myspace – 16/03/2009]

http://vids.myspace.com/index.cfm?fuseaction=vids.individual&videoid=54162036


Ne pas penser comme le veut la « ligne », oser se poser des questions, avoir le culot de toucher aux vaches sacrées de la pensée établie… faites l’essai. Vous verrez bien les retours de bâton que vous allez vous prendre. Et ce de la part de gens qui vous glorifient à longueur de journée les vaillants résistants, les braves guerilleros, les héros de le pensée… Durutti, Giordano Bruno… bref tous ceux dont la dissidence est si ancienne qu’elle ne risque pas de mettre en danger les équilibres de pouvoir actuels. En ce sens, la pensée critique vis à vis d’Israël et la lecture sceptique du 9/11 est bien le nouveau tabou occidental… « Et pourtant elle tourne »

[Hugues Wagner – Afrique-Asie – Juin 2009]

Hugues Wagner : On vous a accusé d’être un partisan de la théorie du complot alors que vous n’êtes pas réputé comme tel. Que s’est-il passé ?

Aymeric Chauprade : Tout est parti d’un article de Jean Guisnel dans l’hebdomadaire français Le Point du 5 février 2009, qui a demandé ma tête au ministre de la Défense parce que j’ai osé faire écho aux théories non conformistes sur le 11 septembre 2001. Mon dernier ouvrage commence en effet par un chapitre sur le 11-Septembre. J’ai voulu montrer que le choc des civilisations, c’est d’abord le fait qu’une immense partie de l’humanité, en dehors du monde occidental, ne croit pas à la version officielle de cet événement donnée par le gouvernement américain et qui est devenue la version obligatoire des médias occidentaux. Dans « Chronique du choc des civilisations » – qui est un atlas de géopolitique mondial et pas du tout un livre limité au 11 septembre –, je propose la synthèse, à ma connaissance la plus aboutie qui existe à ce jour, de ce qui pourrait être un scénario alternatif à la version officielle. Je ne prends pas parti. J’expose les arguments des tenants de cette théorie dite du complot et je ne conclus pas. Je reste prudent. Mais mon « crime » est d’avoir osé présenter de manière crédible et donc convaincante ces éléments de contestation de la version officielle.

Je suis un scientifique, j’ai une première formation de sciences mathématiques et physiques avant d’être passé à la science politique. Pour avoir creusé le sujet (surtout aux États-Unis) et pour avoir beaucoup parlé de cela avec des experts français du renseignement (qui eux ne parlent pas mais n’en pensent pas moins), je peux vous dire que j’ai des doutes plus qu’importants quant à la version officielle. En tout cas, je ne vois pas au nom de quoi il serait interdit de penser sur ce sujet. On aurait le droit d’imaginer des choses horribles sur les musulmans ou sur n’importe quelle civilisation, mais dès que cela touche aux Américains, et plus encore à Israël, c’est quasiment un crime contre l’humanité que d’imaginer que des cyniques aient pu concevoir un tel crime.

Hugues Wagner : Vous venez de faire suspendre, par le tribunal administratif, la décision du ministre. Pouvez-vous à nouveau donner des cours ?

Aymeric Chauprade : Après un premier référé, nous en avons fait un deuxième en montrant que la décision menaçait mon économie personnelle. Le juge des référés a jugé qu’une liberté fondamentale, celle des droits de la défense, avait été gravement bafouée. Je suis tombé sur un juge indépendant et juste, dans une France de plus en plus verrouillée médiatiquement et politiquement. Même quand tout est verrouillé, il faut toujours croire en la France. Conséquence : théoriquement je peux reprendre mes cours. Évidemment, dans la pratique c’est plus compliqué. Le ministère de la Défense va devoir dire clairement quelle faute j’ai pu commettre. En réalité, tout le monde sait que la vraie raison de mon éviction est que j’étais le dernier représentant, dans les institutions de défense, de la ligne gaulliste en politique étrangère. Je suis pour un monde multipolaire et non pour cette folle politique de « l’Occident contre les autres » que représentent ceux qui sont au pouvoir maintenant en France.

Hugues Wagner : Quelles ont été les réactions de vos élèves et collègues, notamment du Collège royal militaire supérieur du Maroc, où vous enseignez ?

Aymeric Chauprade : Je suis extrêmement touché par les très nombreuses manifestations de solidarité que j’ai eues. Pas seulement l’immense majorité des officiers français de l’École de guerre, mais aussi les étrangers. Les stagiaires africains étaient très en colère notamment, ceux des pays arabes aussi. J’ai reçu, plus discrètement des témoignages d’amitié venant de pays asiatiques. Mon éviction est interprétée, à juste titre, comme la manifestation évidente de la rupture de la France avec les fondamentaux de sa politique étrangère d’équilibre. J’attends de voir ce que va faire le Collège des forces armées Royales du Maroc. J’y enseigne depuis six ans et j’ai toujours donné satisfaction. On aimait à Rabat ma liberté d’expression. Je suis employé directement par les Marocains et non par la partie française. Normalement, le Maroc n’étant plus un protectorat, je m’attends à ce que rien ne change, malgré les pressions.

Hugues Wagner : Que pensez-vous de la réintégration par la France du commandement de l’Alliance atlantique (Otan) ?

Aymeric Chauprade : Elle est contraire à l’intérêt de la France et nous n’avons pas eu de véritable débat sur ce sujet à l’échelle nationale. Je suis frappé de constater à quel point les médias français sont verrouillés par les relais d’influence américain et israélien qui ont totalement neutralisé toute possibilité de débat. Depuis la sortie de ce commandement en 1966, il y avait un consensus de droite et de gauche. La « valeur ajoutée » de la France sur la scène internationale tenait en partie à cette position singulière, à cet héritage de la troisième voie, j’ose dire de non-alignement, car si la France est bien d’Occident, elle ne doit pas pour autant réduire sa politique mondiale à une politique occidentale. Sa vocation est de défendre l’équilibre multipolaire, pour que toutes les civilisations aient leur place dans l’Histoire.

Hugues Wagner : Une alliance est-elle dirigée contre un objectif. la Russie, la Chine, l’Iran, le terrorisme ?

Aymeric Chauprade : Les Américains ont remplacé la lutte contre le communisme par celle contre le terrorisme. Cette nouvelle idéologie vise à coaliser les anciens alliés de la guerre froide. Logiquement, il aurait dû y avoir une Europe puissante après la guerre froide. Or, qu’avons-nous aujourd’hui ? Une Europe certes économique, mais géopolitiquement parlant composante d’un bloc transatlantique dominé par les États-Unis. Le président Chirac a tenté de s’opposer à cela avec son acte courageux en 2003 avec l’affaire d’Irak. Je suis convaincu que ce qui se passe aujourd’hui est le retour de bâton de 2003. Les Américains se sont dits : « ces Français se sont opposés sur l’Irak ; c’est un raté, changeons les choses en France et ils ne s’opposeront pas demain sur l’Iran ».

Hugues Wagner : L’ancien premier ministre français Dominique de Villepin a déclaré que l’Otan était « totalement sous contrôle américain ». Est-ce votre avis ?

Aymeric Chauprade : Il a raison. Villepin a été l’honneur de la France à la tribune de l’Onu en 2003. Aujourd’hui, comme d’autres, il a raison de rappeler cette évidence : après la disparition du Pacte de Varsovie, l’Otan aurait dû disparaître. Elle n’a pas disparu parce que cela a été, dès 1990, une priorité des États-Unis de l’étendre et de la renforcer. L’organisation de l’Europe centrale et orientale va de pair avec l’élargissement de l’Union européenne. Et les Américains, voyant que l’Allemagne poussait pour reconstruire son espace d’influence à l’éclatement de la Yougoslavie, ont compris qu’il y avait là un potentiel de guerre susceptible de redonner une raison d’exister à l’Otan. Avec la Yougoslavie, l’Otan a glissé vers la guerre d’ingérence manichéo- humanitaire…

Hugues Wagner : Est-il vrai que vous défendez une théorie du choc des civilisations, notamment au travers d’une opposition entre l’Europe (Russie incluse) et l’islam ?

Aymeric Chauprade : Les civilisations sont un facteur important de l’Histoire mais je ne réduis pas l’Histoire au choc des civilisations. Les civilisations existent, on ne peut le nier. Et dans la longue durée, la problématique de la hiérarchie de puissance entre les civilisations est une réalité. L’Occident européen est devenu moteur de la mondialisation au XVIe siècle et a supplanté l’islam en le contournant grâce à l’ouverture des grandes routes maritimes qui ont permis d’atteindre l’Asie. Aujourd’hui, peut-être que l’Asie est en train de prendre la tête de la mondialisation et que ce qui nous menace est une guerre de l’Amérique n’acceptant pas son déclassement. Jacques Sapir soutient, très intelligemment, que si l’Amérique n’arrive plus à faire l’ordre américain elle fera le désordre… Je crois à ces réalités-là. Donc il n’y a pas que l’islam et les Européens ; ces rapports de force entre civilisations existent aussi entre Chinois et Indiens, entre Indiens hindouistes et musulmans, etc.

Je crois qu’Européens et Russes ont un destin commun à construire et qu’ils doivent bâtir un rapport équilibré avec le monde musulman. La France doit développer une politique arabe intelligente car équilibrée. Les Russes ont l’expérience de l’islam caucasien et centre-asiatique depuis le XVIIIe siècle alors que les Américains n’y comprennent rien.

Hugues Wagner : Certains prétendent que vous pourriez avoir été victime d’une « campagne d’épuration » menée par un cercle néoconservateur proche du pouvoir comme l’auraient été les journalistes Richard Labévière de RFI, ou Moktar Gaoud et Agnès Levallois de France 24…

Aymeric Chauprade : Ce n’est pas une supposition c’est un fait avéré. La France est en train de vivre une épuration douce et sourde (regardez mon cas : alors que j’ai gagné contre un ministre, aucun quotidien national n’en a fait état) de tous ceux dont la pensée va à l’encontre des intérêts d’Israël et des États- Unis. Cela peut paraître difficile à croire, mais c’est pourtant la vérité. Qu’il s’agisse de gens de gauche ou de la droite conservatrice, tous ceux qui « tombent » ont un point commun : leurs analyses ne vont pas dans le sens des intérêts américains et israéliens.

Hugues Wagner
Afrique Asie – Juin 2009


[Gregor Seither – IES News Service – 18/08/2009]
Dans son livre de mémoires à paraître, “The Test Of Our Times”, Tom Ridge, ancien directeur de la Sécurité Intérieure (Homeland Security) aux Etats-unis, dénonce la manipulation électoraliste de l’anti-terrorisme par l’Administration Bush.

Dans le chapitre « The Politics of Terrorism », il affirme que l’équipe autour du président Bush a plusieurs fois ordonné le relèvement injustifié de la cote d’alerte anti-terroriste, dans les semaines qui ont précédé les élections présidentielles de 2004.

Ainsi, fin octobre 2004, alors qu’aucun rapport des services de renseignement n’indiquait la moindre augmentation du risque d’attentat, le procureur John Ashcroft et le Secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld ont insisté pour que le Dept. of Homeland Security relève publiquement la cote d’alerte – ce qui aurait apporté de l’eau au moulin électoral des Républicains qui accusaient le candidat Démocrate, John Kerry, de ne pas être assez sécuritaire. Tom Ridge affirme avoir refusé de le faire.

L’ancien porte parole de John Ashcroft a démenti ces affirmations, conseillant même à Tom Ridge de « se coller du chatterton sur la bouche« . Mais une enquête du quotidien New York Daily News menée en 2004 montre clairement que le « Justice Department » de John Ashcroft avait l’habitude de publier des bulletins d’information alarmistes chaque fois que George Bush était en difficulté dans les sondages vis à vis de John Kerry.

Selon Tom Ridge, les conseillers politiques de Bush avaient clairement instruit les membres de l’Administration Républicaine d’entretenir la peur des attaques terroristes, la question sécuritaire étant un point important par lequel le candidat Républicain se distinguait dans la campagne électorale. « Faire peur aux gens, leur marteler l’idée que Kerry ne serait pas capable de les protéger, qu’il ouvrirait la porte aux terroristes… les sondages montraient que c’était profitable pour nous » explique Karen Asciago, ancienne chercheuses du Comité National Républicain.

En Mai 2004, la Maison Blanche avait orchestré une conférence de presse hautement médiatisée, en présence de John Ashcroft et du directeur du FBI Robert Mueller, afin d’alerter l’opinion sur la menace que posaient des « militants Américains au sein d’Al-Qaïda », citant les cas de Adam Gadahn et autres suspects. Selon Mme Asciago « le FBI était clairement mal à l’aise dans ce grand spectacle, toutes les informations révélées avec fracas étaient déjà anciennes et ne présentaient aucun caractère d’urgence. Le directeur du FBI a d’ailleurs refusé de se prêter à un nouvel exercice, quelque temps plus tard, ne réapparaissant qu’une seule autre fois aux côtés de John Ashcroft. »

Selon le New-York Daily News, cette « politique de la peur » allait d’ailleurs très loin. L’équipe autour de John Ashcroft avait prévu de cibler les états cruciaux pour les élections et d’y organiser des annonces publiques dans lesquelles on aurait alerté les citoyens de ces états d’un danger imminent, leur demandant de « rester vigilants » et d’aider les autorités à traquer les personnes soupçonnées d’être des terroristes. Ashcroft avait refusé, craignant des dérapages racistes.


Et encore, la STASI de l’Allemagne de l’Est avec leurs fiches et leurs classeurs, c’était des petites mains comparé à la puissance des systèmes informatiques d’aujourd’hui. Mais on va encore nous dire qu’on est des conspirationistes, paranos et pas cool…

Quand on sait le nombre de « retraités de l’Armée » qui pantouflent dans les « directions sécurité » des entreprises françaises, qu’est ce qui vous garantit que ces messieurs (voir l’Affaire Canal Plus) ne profiteront pas de leurs contacts pour consulter le fichier sur vous, à l’occasion d’un entretien d’embauche ? Et votre CV finira à la poubelle parce que, il y a 10 ans, quand vous étiez lycéen, vous avez écrit « Sarko facho » sur votre Skyblog.

Alors… toujours cool ?

(Note de copinage : on adore tout ce qu’écrit Jean-Marc Manach et son blog BugBrother vaut largement l’abonnement RSS)

[BugBrother – 19/08/2009]

Cybersurveillance : la DGA nie, mais ment

L’armée française, et ses services de renseignement, disposeront, en 2010, d’un système de surveillance des télécommunications leur permettant d’identifier très précisément toutes les fois où, dans une vingtaine de langues et par exemple, « Nicolas Sarkozy » aura été cité, à la radio, la TV ou sur l’internet, qu’il ait été qualifié de « le nouveau président français », « Monsieur Sarkozy », « le Président », « il », « celui-ci », ou « Sarko », ainsi que toutes les photos et vidéos où il apparaîtra (y compris caricaturé). Mais à en croire les ministères de la Défense et de l’Intérieur, il ne s’agit aucunement d’un système espion de surveillance.

En juillet 2008, un internaute anonyme postait, en commentaire d’un billet que j’avais consacré aux problèmes posés par les fichiers des services de renseignement, une information que je regrette de n’avoir pu alors recouper :

On peut également se demander ce qu’il adviendra des innombrables données collectées par le HERISSON (Habile Extraction du Renseignement d’Intérêt Stratégique à partir de Sources Ouvertes Numérisées), un outil informatique commandé par le Ministère de la Défense et la DGA (Délégation Générale pour l’Armement) afin de “pomper” tout média imaginable (des émissions de télévision aux transferts P2P en passant par les réseaux sociaux, les moteurs de recherche ou les tracts sur papier), en extraire les informations pertinentes (identification photographique et vocale de personnes, traduction automatisée…) et les croiser.

Suivait un lien vers l’appel d’offres. Faute de pouvoir accéder au cahier des charges du projet, je n’en faisais rien.

Mars 2009, mon (excellent) confrère Marc Rees met la main dessus, et publie sur PC Inpact un article truculent, qui “laisse entrevoir un système de collecte automatisée, de recherche d’informations et de surveillance de tout ce qui transite sur les réseaux” (radio, TV et internet), et fait le parallèle avec le système de surveillance anglo-saxon Echelon des télécommunications :

Exemple piquant, « Le système offre la possibilité de reconnaître l’entité elle-même de plusieurs manières différentes: Soit par mention explicite. Exemple : « Nicolas Sarkozy », Par mention relative (« le nouveau président français »), par mention partielle (« Monsieur Sarkozy », « le Président »), par anaphore (« il », « celui-ci »), par surnom (« Sarko ») ».

Le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) détaille ainsi comment Herisson doit être capable de glaner à peu près tout ce qui passe sur les réseaux, qu’ils transitent sur les chats IRC, mailings listes, forums, réseaux sociaux, newsgroups, flux RSS, blogs, podcasts, flux vidéo, systèmes P2P, FTP… Il doit également être “calibré pour accéder à n’importe quel contenu (texte, image, son et vidéo), quels que soient les langages utilisés (HTML, PHP, ASP, javascript, Flash…), et en prenant en compte la problématique des liens cachés“. (suite…)


Plein de choses dans ce film nous sont familières : à commencer par notre vision de « l’Etranger », de l’Autre, du Bougnoule, du Sans-Papier, du Pauvre, du Migrant, du Manouche…. mais aussi le paternalisme bureaucratique et l’impossibilité de percevoir les relations autrement que par la domination. Ce film laisse une sensation étrange, presque de dégoût… A voir absolument !

[Sonia Sarfati – Cyberpresse.ca – 13/08/2009]

Et si la rencontre du troisième type si souvent imaginée en littérature et au cinéma s’avérait n’être ni une confrontation ni l’occasion de formidables avancées technologiques? Ni Independance Day ni Star Trek, quoi… C’est sur cette autre avenue qu’a été bâti District 9, le surprenant film de science-fiction produit par Peter Jackson, réalisé et coscénarisé par Neill Blomkamp après que leur projet d’adaptation du jeu vidéo Halo soit tombé à l’eau.

District 9 est donc ce qu’on pourrait appeler un «projet ricochet», à petit budget en plus (30 millions). Il était difficile d’imaginer que, conçu dans de telles circonstances, il soit d’une telle qualité, en fond comme en forme.

On pense à Blair Witch Project pour la caméra à l’épaule, on pense à Cloverfield pour la campagne publicitaire «larvée», on pense aux deux pour le style pseudo-réalité, mais on ajoute une solide couche dans le propos. On n’est pas ici qu’en présence de gens qui tentent d’échapper à la mort. Il y a de cela, bien sûr. Mais il y aussi cette formidable – et percutante – métaphore sur l’Apartheid (d’autant que le réalisateur, Sud-africain, a installé ses extraterrestres à Johannesburg), et sur les camps de concentrations nazis… et, en fait, sur tous les camps de réfugiés de la planète. (suite…)


Allez vous balader sur les forums du genre « Free Republic », regardez les chaines de télé de droite et leurs animateurs bavant de haine comme Sean Hannity ou Glenn Beck, écoutez les « Shock Jocks » dans les radios et même les « respectables » Républicains comme Gingrich ou Cheney… tout le monde alimente une hystérie propagandiste à coups de mensonges, de démagogie et de racisme à peine voilé. La vue d’Obama le nègre est insupportable à ces gens là. Tôt ou tard ce poison distillé quotidiennement agira sur le cerveau d’un ras du bulbe qui fera ce qu’il pense avoir à faire… et tout le monde lèvera les bras d’un air navré ! La société post-raciale, aux Etats-unis, c’est pas pour demain…

[Nouvel Obs – 18/08/2009]

Alors que le débat sur la réforme du système de santé américain fait rage, de plus en plus de participants aux réunions publiques organisées par la Maison Blanche arborent ostensiblement des armes à feux.

Plusieurs hommes armés de fusils d’assaut attendaient le président américain Barack Obama lors d’une réunion consacrée à la réforme du système de santé du pays, lundi 17 août à Phoenix en Arizona.
Sur les images diffusées par la chaîne CNN, on peut voir un homme portant un fusil AR-15 interviewé par un journaliste. Il n’était pas précisé si l’homme faisait partie des « pro » ou des « anti » Barack Obama. Le journaliste de CNN précise avoir aperçu peu de temps auparavant un autre homme portant le même type d’arme et se revendiquant comme un opposant au président américain. La législation de l’Etat d’Arizona permet à ses citoyens de porter des armes dans des lieux publics.

Cette nouvelle affaire survient dans un climat déjà particulièrement tendu entre partisans et opposants à la réforme du système de santé proposée par Barack Obama. Pour promouvoir celles-ci, le président américain a organisé une série de meetings qui sont régulièrement perturbés par des manifestants conservateurs.
Ainsi, le 11 août dernier, la chaîne NBC avait filmé un autre homme armé qui menaçait, à demi-mots, Barack Obama lors d’une de ces réunions à Portsmouth, dans le New Hampshire.
Dans la foule des manifestants qui attendaient le président américain, le reporter de NBC avait repéré un homme portant ostensiblement un révolver et brandissant une pancarte proclamant : « It is time to water the tree of liberty », »Il est temps d’arroser l’arbre des libertés » en français. Ce slogan est une référence explicite à une citation d’un des pères fondateurs des Etats-Unis, Thomas Jefferson, justifiant le recours à la violence pour les citoyens : « Que signifie la perte de quelques vies sur un siècle ou deux ? L’arbre de la liberté doit être rafraîchi de temps en temps avec le sang des patriotes et des tyrans« .
La vidéo a évidemment fait scandale. L’homme s’est depuis justifié dans une interview accordé à MSNBC (voir la vidéo ci-dessous) en affirmant qu’il n’appelait pas à la violence mais qu’il souhaitait juste défendre son droit constitutionnel à porter une arme.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/20090818.OBS8049/des_fusils_dassaut_lors_dun_meeting_dobama.html?idfx=RSS_notr&xtor=RSS-17


[Planète Non-Violence – Trad. d’un Article de Sue Reid dans le Daily Mail – 03/07/2009]

Le Gouvernement Britannique Accusé D’avoir Organisé Les Attentats du 7 Juillet 2005 : 4 Ans Après, Les Victimes Demandent Une Enquête Independante

Un article de Sue Reid publié le 3 Juillet dans le Daily Mail et intitulé  » Conspiracy fever: As rumours swell that the government staged 7/7, victims’ relatives call for a proper inquiry », repose la question de savoir qui était réellement responsable de cette vague d’attentats à Londres.

Tony Blair, alors premier ministre, qui s’était ce jour même déplacé en Ecosse à Gleneagles pour une réunion du G8 portant sur la pauvreté mondiale, avait alors déclaré de retour à Downing Street que l’attaque était un acte commis au « nom de l’Islam ».

La version officielle veut que, selon le chef de la police anti terroriste londonienne, Andy Hayman, ce sont des kamikazes qui sont responsables de ces attentats. 4 britanniques musulmans, Mohammad Sidique Khan, 30 ans , Shehzad Tanweer, 22ans , Jermaine Lindsay, 19 ans , and Hasib Hussain, 18 ans se seraient faits exploser avec des bombes artisanales fabriquées chez eux, tuant 56 personnes et en blessant 700 autres dans trois rames de métro et un bus.Cette version a même été endossée par un rapport d’une commission d’enquête parlementaire et un rapport du gouvernement, tous deux publiés 10 mois après le drame, sur la base de 12500 déclarations, l’examen par la police de 142 ordinateurs et 6 000 heures de visionnage d’enregistrement de vidéos surveillance. Selon le rapport, les kamikazes auraient agi pour leur propre compte sans qu’il n’y ait de « cerveau » derrière tout cela, en s’inspirant de l’idéologie d’al Qaeda.

Mais des familles de victimes affirment qu’il y a de sérieuses inconsistances et des erreurs grossières dans la version officielle et demandent une enquête publique indépendante. Elles viennent d’engager une action devant la Haute Cour de Justice, pour obliger le ministre de l’intérieur, Alan Johnson, à autoriser une telle enquête afin notamment d’avoir accès aux informations dont disposaient les services de renseignement britanniques et la police avant les attentats. Le gouvernement britannique semble peu disposé à ce qu’une enquête indépendante soit engagée, ce qui ne fait qu’ajouter aux soupçons qui circulent à Londres sur une possible implication du gouvernement de Tony Blair dans ces attentats. L’une des raisons avancées c’est que ce dernier avait besoin que l’opinion publique britannique soit en état de choc afin d’obtenir son accord pour le soutien militaire britannique aux US en Irak. Pour les survivants et les familles des victimes tuées, c’est les citoyens et non les politiciens qui ont subi de plein fouet cette tragédie et par conséquent il est normal qu’ils exigent de connaître toute la vérité sur ces attentats.

Dans cette affaire il est essentiel de savoir quel train ces 4 jeunes ont pris pour venir de Luton à Londres le matin des attentats sachant que les trois explosions dans le métro à Edgware Road, Aldgate et King’s Cross se sont toutes produites à 8h50 suivies une heure plus tard par celle dans le bus près de Tavistock Square. (suite…)


[1001 Livres – 24/07/2009]

Titre : Le coup de Tarnac | Auteur : Marcel Gay | Florent Massot | Parution : 21/03/2009 | 180 pages | 130 x 210 x 17 mms mm | ISBN : 9782916546346 | Prix : 14 €
Marcel Gay, journaliste à L’Est républicain, chargé de la rubrique judiciaire nous plonge dans une contre-enquête sur l’affaire de Tarnac. De quoi nous éclairer notre lanterne. Alarmant !

Nos libertés individuelles seraient-elles en danger ?

Le travail d’investigation du journaliste part d’une question toute simple : est-ce qu’il y a vraiment des terroristes en Corrèze ? D’allure générale, sans lire le livre, cette affaire semble étrange. En effet, au cours du récit, on découvre que les preuves ne tiennent pas et qu’elles ne sont donc pas recevables. Donc en aucun, il ne s’agit de terrorisme. A la fin de cette enquête, on reste sans voix sur le fait qu’il n’y a rien de concret à retenir contre Julien Coupat et les autres. Néanmoins, la vie de ces jeunes a tout de même été entachée.

L’enquête aussi sabotée que les lignes TGV ?

Le doute subsiste.

La piste allemande évoquée plus en détail dans le livre est d’après le journaliste une piste qui n’a pas été exploitée en sa totalité. De nombreux faits concordent. Cette affaire a des relents politique où la communication a pris le dessus sur la vérité. Comme par hasard, cela intervient dans un contexte de crise économique et frapper fort sur des questions de sécurité reste un classique. N’arrivant pas à juguler les problèmes économiques du pays et devant de nombreux mouvements de contestation en France (et aussi en Guadeloupe et en Grèce), craignant peut-être des débordements en France, la politique du gouvernement privilégie la sévérité et l’autorité avec les forces de l’ordre. Ex : opération commando pour interpeler en pleine nuit les 9 de Tarnac. Bref, taper fort pour faire de ces jeunes instruits et n’ayant pas la même vision du monde qu’eux, un exemple symbolique de discipline.

Menace sur la liberté d’expression ?

Certainement.
C’est la plus grande réflexion qui viendra au lecteur lors de sa lecture. De nombreux détails et parfois techniques de l’affaire nous démontrent bien les imperfections du système. Ce dernier imparfait conduit la liberté d’expression à être en danger.
Lisez ce livre par curiosité, vous ne serez pas déçu.

http://www.1001-livres.fr/1047-Le%20coup%20de%20Tarnac


Hmmm… quel suspense ! Le Nord riche va avoir besoin de « biomasse » pour faire tourner les moteurs de ses voitures et camions (afin de maintenir son niveau de vie confortable), tandis que le Sud pauvre en aura besoin pour ne pas mourir de faim… à votre avis (et au vu de ce que nous enseigne l’Histoire) – qui va gagner ?

Manger ou conduire : il va falloir choisir
[Ingrid Labuzan – MoneyWeek – 17/08/2009]
L’urbanisation continue de galoper. Pour la première fois de l’histoire de l’humanité, le nombre de personnes vivant en milieu urbain a dépassé celui vivant en zone rurale. Résultat, non seulement les agriculteurs fuient les campagnes, mais l’urbanisation ne cesse de grignoter les anciennes terres cultivées : zones industrielles ou résidentielles, réseaux de transport, autant de nouvelles constructions qui mordent sur les surfaces arables.

Je sais bien que trop de chiffres finissent par nuire à la clarté de l’information, mais en l’occurrence, je vous demande un peu d’attention sur ces statistiques qui prouvent à quel point l’équilibre précaire qui nous permet de nous nourrir pourrait bientôt se rompre. Il existe un rapport entre la surface de zones construites et celle des terres agricoles. Ce rapport était de 3,5% en 2000. En 2050, il devrait être de 7%. Concrètement, cela signifie que nous allons perdre 0,67 million de km2 de terres agricoles au détriment des zones urbaines. N’oubliez pas que parallèlement à ces pertes, la population (et donc ses besoins) continue d’augmenter.

Voilà pourquoi, dès 2030, 1,2 million de km2 supplémentaires (soit un tiers de l’Inde !) seront nécessaires pour répondre à la hausse de la demande en nourriture.

Nos cultures nourriront nos voitures

L’écologie a le vent en poupe, il suffit pour cela d’observer les résultats du parti de Daniel Cohn-Bendit en France aux dernières élections européennes, ou le programme de Barack Obama. Le président américain a en effet décidé de donner la priorité aux biocarburants. Puisque de plus en plus de voitures tolèrent une essence composée en partie de biocarburants, autant en profiter et accélérer la production d’un tel produit, voilà en substance son idée.

Aujourd’hui, la part de biocarburants qui peut être incorporée dans l’essence est de 10%. Dès l’année prochaine, elle devrait être portée à 12% aux Etats-Unis. Cela représente 20 millions de tonnes de maïs en plus de ce qui est déjà consacré aux agro-carburants. De plus, c’est une tendance de fond, puisque d’ici 2020, l’objectif est d’atteindre un taux d’incorporation de 20%.

Or, la production américaine de maïs est la plus importante au monde. Elle représente deux fois celle de la Chine. Imaginez les conséquences pour les pays qui importent le maïs américain : pas sûr que les exportations soient une priorité encore longtemps pour les Etats-Unis.

Cela pourrait aussi contribuer à faire exploser les cours du maïs. Aujourd’hui, le prix du maïs est à environ 3$ le boisseau, mais les experts s’attendent à ce qu’il grimpe à 4 ou 5$ lors de la reprise économique. Soit entre 33% et 66% de hausse.

L’autre grand producteur de biocarburants est le Brésil. A eux deux, le Brésil et les Etats-Unis fournissent 70% de la production mondiale de bioéthanol. Si l’Europe n’est pas encore la championne des biocarburants, un chiffre fait cependant froid dans le dos (enfin, tout est une question de point de vue, car il est vrai que c’est bon signe pour l’air que nous respirons) : leur utilisation y a plus que triplé depuis 2005 !

Pour suivre les biocarburants, regardez le pétrole
Vous l’aurez compris, utiliser moins de pétrole pourrait donc aussi signifier manger moins. Les biocarburants sont désormais une réelle composante dans la diminution des terres consacrées à la production de denrées alimentaires. D’ailleurs, l’OCDE prévoit que la part des surfaces agricoles destinées aux biocarburants passera de 0,5% en 2008 à 5% en 2050.

Des chiffres qui pourraient encore augmenter avec la reprise de la croissance économique ou une nouvelle hausse des prix du pétrole.

Merrill Lynch se montre d’ailleurs très inquiet sur ce sujet : « Une reprise globale de la demande de pétrole l’année prochaine pourrait faire glisser des millions de tonnes de maïs, de sucre et de blé des réserves de nourriture vers les moteurs. (…) Le deuxième round entre la nourriture et l’essence pourrait débuter dès l’année prochaine« . Inquiétant.

http://www.moneyweek.fr


Le jour où le président est (re)devenu Noir
(Mais est-il revenu à lui même?)

[Greg Palast – The Huffington Post – 29 juillet 2009 – Trad. Gregor Seither]

Aille ! Aille ! Aille ! Il s’est fourré dans de beaux draps ! Pendant un bref instant, devant les caméras de télévision, le Président des Etats-unis est devenu Noir !

La semaine dernière, quand son pote « Skip » Gates s’est fait embarquer par les flics pour avoir osé être Noir dans un quartier huppé de Boston, Barack Obama a oublié son rôle officiel: celui du pacificateur des consciences américaines qui leur raconte la belle histoire comme quoi son élection marque la fin du racisme aux USA.

Au lieu de cela, Obama, ce Président qui se donne un mal énorme pour toujours paraître ne pas choisir de camp, s’est effacé devant Barack, le sénateur radical du ghetto de South Side à Chicago, qui nous a rappelé que les flics embarquent tout le temps des Négros, juste pour les faire chier et leur montrer qui est le « mac » dans la rue.

Je me souviens soudain qu’il n’y a pas si longtemps [NdT. en 1992] que nous avons vu une bande de petites frappes en uniforme de police de Los Angeles s’acharner avec une violence inouïe sur un homme à terre, les mains menotées dans le dos: Rodney King, un Noir, un « Africain-Américain » si vous préférez. La seule chose inhabituelle dans le passage à tabac de Rodney King est que – cette fois là – il s’est trouvé quelqu’un pour le filmer et montrer la vidéo au monde. Des violences policières comme celles-là, il s’en produit des milliers, chaque nuit, à travers le pays.

Oui, je sais: nous avons parcouru un sacré chemin depuis. Les choses ont changé. Obama a gagné, Jessie a pleuré [NdT. Jesse Jackson – président du lobby antiraciste NAACP], Beyoncé a lancé sa propre marque de parfum et Tiger Woods joue dans des clubs où, il y a encore 30 ans, on aurait refusé de le servir.

Je suis content pour eux.

Mais que pensez vous du cas de Robert Pratt, M. le Président?

Pratt, travailleur dans l’industrie automobile, est père de cinq enfants et paye chaque mois 1 100 US$ en traites pour rembourser sa maison de Detroit – alors que celle-ci ne vaut même plus 40 000 US$. Si ses traites sont astronomiques, c’est parce qu’il paye 11% de taux d’intérêt, soit le double de la moyenne nationale. Avec un plan de financement pareil, il est quasiment certain de ne pas pouvoir rembourser et de bientôt se retrouver à la rue.

Comment en est-on arrivé là ? Pratt, dont nous avons suivi le cas dans le cadre d’une étude, a été « orienté » vers un prêt immobilier à taux « subprime » par la banque Countrywide Financial. « Orienté » est une façon polie de dire qu’on force les gens à accepter des prêts à des conditions usuraires. Et quand je dis « des gens », je ne dis pas n’importe quels gens : je dis des Noirs, comme M. Pratt. Plus de 60% des personnes Noires qui on déposé ou déposent un dossier de crédit ont été (et le sont encore) orientés vers des contrats « subprime » aux taux prédateurs.

Selon une étude exhaustive menée par le « Federal Reserve Board » et le « Center for Responsible Lending » (CRL), les Africains-Américains sont 250 plus susceptibles d’obtenir un crédit doté d’un taux « explosivement variable » que des emprunteurs à la peau blanche. Et ne venez pas nous dire que c’est parce que les Noirs sont généralement plus pauvres que les Blancs : l’étude à montré que plus on monte dans l’échelle des revenus et plus le « credit rating » est élevé, plus la discrimination devient marquante.

[NdT. Selon une étude de l’Université de Tufts, basée sur l’analyse de 28 000 dossiers dans les grandes et moyennes villes U.S., il apparaît que, à revenu et notation égales, un cadre supérieur Noir qui demande un crédit immobilier à sa banque a 250 fois plus de chances de se retrouver avec un crédit « subprime » à taux usuraire « explosif » qu’un cadre supérieur Blanc tout aussi riche et bien noté.]

En tant qu’économise, je peux vous dire sans la moindre exagération que l’échec d’Obama de se confronter à la question du racisme endémique au sein du système financier est entrain de tuer tout espoir dans le redressement économique de ce pays. Selon les études de la CLR, les « crédits à taux explosifs » qui ont majoritairement touché les communautés Noires et Hispaniques, sont à l’origine de la dévaluation de 40,2 millions d’autres propriétés, qui ont perdu leur valeur commerciale à cause de leur proximité avec des maisons qui ont été saisies et vendues aux enchères, saturant le marché immobilier.

Et malgré cela, nous n’avons pas entendu le moindre commentaire de la part de l’Administration Obama visant à mettre fin à ces pratiques de crédit dignes du Ku Klux Klan, des pratiques ciblées qui ont dévasté les quartier Noirs et ont emporté une grosse partie des valeurs immobilières de l’Amérique Blanche avec elles.

[NdT. Selon l’observatoire des prix immobiliers, dans les grandes villes comme Detroit et Chicago, dans certains quartiers, 3 maisons sur 5 sont abandonnées et ont perdu 90 à 95% de leur valeur y compris foncière. Cela dépasse les dommages causés par le cyclone Katrina à une ville comme New Orleans]

Au lieu de cela, le directeur de cabinet d’Obama, Rahm Emanuel, a été l’invité d’honneur du Directoire de JP Morgan, groupe bancaire propriétaire d’un des pires prédateurs financiers à l’origine de la crise, Washington Mutual. Comparé à Morgan/WaMu, et ses magouilles de crédit fortement teintées de racisme, le commissariat de police de Cambridge [NdT. Où a été arrêté le professeur Gates] pourrait passer pour une annexe de SOS Racisme [NdT. aux USA, le NAACP est une puissante association de lobbying anti-raciste et anti-discriminatoire].

(Et de fait, les hôtes de Rahm Emmanuel, la banque JP Morgan a été trainée devant les tribunaux la semaine dernière par le NAACP qui l’accuse de « racisme systématique et institutionnalisé dans l’attribution de ses crédits immobiliers »).

La vérité toute nue est que les attaques financières contre la communauté Noire se poursuivent, avec la même intensité, sous Obama comme sous Bush, malgré le pouvoir dont dispose Obama qui lui permettrait d’interdire la pratique des taux usuraires aux banques recevant des fonds de soutien de la part du gouvernement. Obama a ordonné à la FDIC de garantir les emprunts de JP Morgan, permettant à la banque d’économiser 3,1 milliards US$. Obama a également ordonné à la FDIC de garantir à M. Pratt… euh… de « ne pas perdre espoir ».

Et qu’en est-il de Thomas Johnson, M. le Président?

Johnson est un pasteur de l’église protestante qui vit en Floride. En 2000 il a été privé de son droit de vote, en même temps que 94 000 autres électeurs – tous accusés à tort d’être des délinquants privés de leurs droits civiques. La plupart de ces innocents victimes d’un déni de justice sont Noirs, y compris notre pasteur. Comment je sais cela ? Parce que j’ai vu la liste de ces « délinquants interdits de vote » établie par les autorités de l’Etat de Floride, et que à côté de leurs noms, une main zélée avait pris la peine de noter « BLA » [NdT. pour « Black », Noir, la communauté Noire étant un réservoir de votes traditionnel du Parti Démocrate, les Républicains ont tout fait pour purger au maximum les listes électorales dans les districts traditionnellement acquis aux candidats démocrates – voir les extraits de « Armed Madhouse » sur ce site (liens en bas de page)]

Quand j’ai enquêté sur cette affaire, un de mes journalistes – je ne le nommerais pas parce que sa réaction est tellement typique d’une certaine mentalité – m’a demandé pourquoi le pasteur Johnson, qui, je vous le rappelle, est Noir, n’a pas tapé du poing sur la table et EXIGE qu’on lui restitue son droit de vote injustement privé. Johnson n’est pas professeur à Harvard, il n’a pas la ligne directe du Président dans les favoris de son téléphone portable.

Mon journaliste, à la peau très blanche, fraichement émoulu de l’université de Yale, assis dans son bureau de San Francisco, n’arrivait pas à imaginer ce qui risquerait d’arriver si un pasteur Johnson, à la peau noire, s’était permis de faire un scandale dans un bureau de vote du Conté d’Alachua, au plus profond du Sud Profond. Notre pasteur a eu l’intelligence de ne pas prendre modèle sur « Skippy Gates » et s’est bien gardé de se montrer défiant envers les autorités locales: après tout, il y a seulement quelques mois, les flics d’Alachua ont déchargé leurs Tasers sur un homme Noir désarmé, « qui troublait l’ordre public », avant de lui loger sept balles dans la peau et de le tuer.

Bien sûr, vous allez me dire que la privation inique du droit de vote de M. Johnson est « une histoire qui date de l’An 2000. » Aujourd’hui c’est différent, nous sommes en 2009, nous sommes entrés dans l’ère « post-raciale ».

Mon cul, oui.

Lors des élections de l’an dernier, la Floride ne s’est pas privée de pratiquer la purge des liste électorales sur des critères racistes et électoralistes, interdisant à des milliers d’électeurs Noirs et Hispaniques de se rendre aux urnes à travers l’instauration d’une nouvelle loi limitant les documents d’identité valables pour pouvoir voter [cf Real ID].

Rien que cette nouvelle loi aura permis d’écarter tellement de Noirs et de Bronzés des urnes que les ségrégationnistes « Jim Crow » des années 1950 auraient applaudi des deux mains. (Je vous renvois à l’enquête, « Block the Vote » que j’ai réalisé avec Bobby Kennedy, paru dans l’édition d’octobre 2008 de Rolling Stone – [NdT : disponible sur L&I : COMMENT VOLER UNE ÉLECTION ?
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/10/27/comment-voler-une-election/]

Et pourtant, l’Administration Obama ne semble pas être très pressée à invalider ces pratiques électorales dignes d’un Bull Connors [NdT : chef raciste de la police de Birmingham lors de la campagne pour les droits civiques de Noirs en 1963  – également membre important du Ku Klux Klan et responsable local du Parti Démocrate (sic)].

POISON
Ce que je veux dire c’est que le poison du racisme structurel en Amérique continue à nous rendre tous malades, dans notre économie, dans nos bureaux électoraux, dans nos écoles (ne me lancez pas sur ce sujet…), dans notre système de sante, dans… choisissez un domaine au hasard, ils sont tous affectés.

Oui, bien sûr, moi aussi je me suis joint à la Parade de l’Espoir, moi aussi j’ai voté pour Obama, en espérant qu’il y aurait au moins ce changement là : une attaque directe contre les derniers bastions de politiques et pratiques racistes qui subsistent encore dans nos administrations et autorités tant locales que nationales. J’attends encore.

Cela a été un moment fort de voir apparaître – même brièvement – un homme Noir derrière le pupitre marqué du sceau présidentiel.

Malheureusement, si Obama s’est faché et a exigé que la loi s’applique à tous, sans distinction, il lne l’a pas fait pour défendre un Noir. Non, il l’a fait parce que cette fois ci le fouet s’était abattu sur une personne comme lui, quelqu’un de son milieu, quelqu’un dont le statut professionnel et la classe sociale leur faisait croire qu’ils étaient désormais à l’abri des insultes et vicissitudes quotidiennes que doivent affronter leurs « frères » moins privilégiés.

On a tellement insisté sur le fait que Gates était professeur à Harvard qu’à la fin on avait l’impression que la raison du scandale était que « il n’est pas admissible de menotter un homme Noir QUI EST PROFESSEUR A HARVARD ».
Il ne s’agissait pas d’une violence raciste, il s’agissait d’une violation des règles du privilège de classe, qui ne connait pas de distinction raciale.

On ne ressent pas en Amérique – et tout particulièrement dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche – le moindre frémissement de colère ou d’indignation face aux cruautés endémiques et systématiques, qui sont infligées chaque jour à des citoyens Noirs comme Pratt and Johnson, des citoyens qui ont le malheur de ne pas être membres du Club des anciens élèves de Harvard.


Greg Palast, expert financier et en règlementation, est l’auteur de « Armed Madhouse: Strange Tales and Sordid Secrets of a White House Gone Wild » – dont de larges pans ont été traduits ici [voir ci-dessous]. Ses documentaires d’investigation réalisés pour BBC Television et Democracy Now viennent de paraître en DVD sous le titre: Palast Investigates : From 8-Mile to the Amazon, on the Trail of the Financial Marauders.
Visitez son site pour recevoir ses enquêtes (en anglais) : http://www.GregPalast.com

Textes de Greg Palast sur Libertes & Internets :

Sur la question des élections : extraits traduits de « Armed Madhouse »

COMMENT LE PARTI RÉPUBLICAIN VA TRUQUER LES ÉLECTIONS DE 2008…
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/01/08/greg_palast_the_theft_of_2008/

U.S.A. : COMMENT EMPÉCHER LES ÉLECTEURS DU PARTI DÉMOCRATE DE VOTER ?
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/01/09/usa-comment-empecher-les-electeurs-du-parti-democrate-de-voter/

ELECTIONS USA : COMMENT FAIRE DISPARAÎTRE SIX MILLIONS D’ÉLECTEURS… SURTOUT LES BASANÉS
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/01/13/elections-usa-comment-faire-disparaitre-6-millions-delecteurs/

COMMENT VOLER UNE ÉLECTION ?
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/10/27/comment-voler-une-election/

GREG PALAST : EN MATIÈRE D’ÉLECTIONS LES ETATS-UNIS SONT UNE RÉPUBLIQUE BANANIÈRE
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/10/16/greg-palast-en-matiere-delections-les-etats-unis-sont-une-republique-bananiere/

Sur le Vénézuéla

L’ASSASSINAT DE HUGO CHAVEZ : CLÉS POUR COMPRENDRE
https://libertesinternets.wordpress.com/2007/11/23/lassassinat-de-hugo-chavez-cles-pour-comprendre/

VENEZUELA : L’ASSASSINAT D’HUGO CHÁVEZ, PAR GREG PALAST.
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/01/04/venezuela-l%e2%80%99assassinat-d%e2%80%99hugo-chavez-par-greg-palast/

Autres textes :

VOLER LES RETRAITES DES OUVRIERS POUR RENFLOUER LES BANQUES ? AVEC OBAMA C’EST POSSIBLE !
https://libertesinternets.wordpress.com/2009/06/03/voler-les-retraites-des-ouvriers-pour-renflouer-les-banques-avec-obama-cest-possible/

EXXON VALDEZ : JOHN MCCAIN SE COUCHE DEVANT LES PÉTROLIERS, AU POINT D’EN TRAHIR SES PROPRES LOIS QU’IL A FAIT VOTER…
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/03/23/exxon-valdez-john-mccain-se-couche-devant-les-petroliers-au-point-den-trahir-ses-propres-lois-quil-a-fait-voter/

GREG PALAST : COMMENT WALL STREET A LIQUIDÉ ELIOT SPITZER POUR POUVOIR CONTINUER SES PETITS BIZNESS
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/03/17/greg-palast-comment-wall-street-a-liquide-eliot-spitzer-pour-pouvoir-continuer-ses-petits-bizness/

L’ORDINATEUR MAGIQUE DE RAUL REYES, NUMÉRO DEUX DES FARC
https://libertesinternets.wordpress.com/2008/03/11/lordinateur-magique-de-raul-reyes-numero-deux-des-farc/

L’HISTOIRE D’AMOUR OUBLIEE ENTRE HILLARY CLINTON ET PERVEZ MUSHARRAF
https://libertesinternets.wordpress.com/2007/11/22/lhistoire-damour-oubliee-entre-hillary-clinton-et-pervez-musharraf/


[Maria Carmen Sarmiento – Ligue des Droits de l’Homme d’Amérique centrale – 18/07/09 – Trad. Gregor Seither]

Le 10 juillet, dans un article du Los Angeles Times se voulant « raisonnable et raisonné » Miguel A. Estrada parle d’un « non-coup d’état » au Honduras, et justifie le renversement militaire du président Zelaya par des arguments constitutionnels. Cet avis « informé » a été repris par de très nombreuses publications favorables aux putchistes et est depuis systématiquement citée comme étant « la preuve » ou « la référence » que le coup d’état était légal. Il a encore été cité hier soir par un commentateur de droite sur la chaine de télévision MSNBC afin de clouer le bec à une personne soulignant le caractère antidémocratique du coup d’état.

Estrada s’abrite derrière le paravent linguistique en conseillant aux détracteurs des putschistes de lire la Constitution du Honduras ainsi que d’autres textes légaux avant de juger la situation. L’intelligentsia U.S. (et les contributeurs aux forums de droite aux U.S.) n’étant pas très versée dans la langue espagnole, personne n’a pris la peine de se coltiner ces textes difficiles et préfère s’appuyer sur l’avis « informé » d’Estrada. Après tout, s’il le dit, c’est que ça doit être vrai, non ? Inutile d’aller vérifier.

Pour notre part, dans notre équipe, nous sommes hispanophones et avons fait des études de droit. Alors nous sommes allés consulter les documents de la Cour Suprême justifiant le coup d’état, la constitution du Honduras ainsi que les articles du code pénal et de la législation traitant des référendums et autres consultations populaires. Nous nous sommes également mis en contact avec plusieurs experts latino-américains sur la question ainsi que des collègues journalistes.

La conclusion qui s’impose est que, sur la base des informations publiées par la Cour Suprême elle même, l’argument légal justifiant le renversement de Zelaya est si tenu, tellement basé sur une manipulation linguistique, qu’il ne résiste pas à une étude approfondie.

Sur la base légale, ni la Cour Suprême ni le Congrès hondurien n’avaient le pouvoir de renverser le président élu, par contre ils auraient eu le pouvoir d’ordonner son arrestation pour conduite criminelle et de le juger par une cour spéciale composée de magistrats de la Cour Suprême. Au lieu de cela, les juges ont autorisé les putschistes à mettre Zelaya dans un avion et à le déporter, en contradiction avec le mandat d’amener qu’ils avaient eux-mêmes édictés. De toute évidence, la Cour Suprême n’avait aucune envie de juger Zelaya, elle voulait simplement qu’il débarrasse le plancher, au mépris du droit le plus basique.

MAIS VOYONS LES ARGUMENTS EN DÉTAIL :

Pour commencer, le président Zelaya n’a pas, comme l’affirme un peu partout la presse, convoqué un référendum. Il a ordonné une « encuesta« , une « enquête d’opinion publique » en vue de savoir si la population était d’accord pour qu’une convention constitutionnelle soit convoquée. Le titre officiel de cette consultation était d’ailleurs « Encuesta de Opinión Pública Convocatoria Asamblea Nacional Consituyente » et elle avait été confiée à l’Institut National de la Statistique par le biais d’un questionnaire. Il ne s’agissait donc pas d’un référendum avec urnes et bulletins de vote.

Dans son article souvent cité, M.A.Estrada prétend que le décret instituant ce « referendum » était illégal étant donné qu’il faut « une majorité des deux tiers du congrès pour convoquer un référendum« . Cet argument est faux, le congrès n’a pas autorité sur la convocation d’un référendum, uniquement sur les modalités de son organisation. La règle des deux tiers ne s’applique qu’à certains amendements « protégés » par la Constitution et qui ne peuvent être changés autrement.

La « Loi de Participation Citoyenne » votée en 2006 (entre autres par le putschiste Micheletti) donne tout pouvoir au président Zelaya avait tout pouvoir pour convoquer un référendum. L’opposition au Congrès en était d’ailleurs pleinement consciente : moins d’une semaine avant le démarrage de l’enquête d’opinion publique, le Congrès a passé une loi interdisant les référendums et plébiscites dans une période de 180 jours précédant une élection. Mais la loi ne mentionne nulle part les enquêtes d’opinion (« encuestas ») et pour cause, étant donné qu’une telle interdiction violerait la liberté de la recherche scientifique, qui fait partie des secteurs protégés dans la Constitution. Zelaya n’était donc nullement dans l’illégalité.

M.A. Estrada poursuit en affirmant que “l’article 239 stipule clairement que tout président qui entreprend une action pour assurer sa réélection doit immédiatement cesser ses fonctions« . Cet argument est tellement fantaisiste que les documents de la Cour Suprême en faveur du putsch ne mentionnent nulle part l’article 239… et à aucun moment dans le débat politique qui a précédé le putsch le président Zelaya n’a fait référence à sa réélection.

Saisissant la faiblesse de son argumentation, le camp des « pro putschistes », y compris certains grand quotidiens occidentaux, affirme que “la motivation probable derrière ce référendum était de modifier la constitution et donc de s’en prendre aux libertés du peuple hondurien.” Si le fait de vouloir modifier la constitution est attentatoire aux libertés, comment se fait il que ce document ait été modifié plus de 150 fois ces 22 dernières années, la dernière version officielle datant de 1982. Parmi les supporters de Micheletti, nombreux sont ceux qui ont voté ces modifications.

De toute façon, la question de l’extension de la durée du mandat présidentiel et de la réélection n’aurait pu être soulevée lors de la convention constitutionnelle éventuellement convoquée, étant donné que – au moment de la convocation – l’ancienne constitution aurait toujours été en vigueur.

Par ailleurs – et encore une fois, la presse occidentale fait systématiquement l’impasse sur ce point – le président Zelaya n’aurait même plus été en fonction au moment de la convention, étant donné que son mandat s’achève en Novembre 2009.

Dans le cas où le referendum proposé aurait exclu les articles qui – comme le souligne correctement M.A. Estrada – ne peuvent être modifiés, alors ce referendum aurait été parfaitement légal. Or rien dans le documents et déclarations de Zelaya ne laisse penser le contraire.

Il est intellectuellement malhonnête de justifier le coup d’état en accusant Zelaya d’actions qu’il n’a jamais engagées et dont il n’existe aucune preuve qu’il les ait même seulement envisagées.

Qu’un propagandiste partisan se permette ce genre de pirouette n’est pas surprenant, mais quand il s’agit de juristes et des garants des libertés constitutionnelles, la chose est plus grave. On s’interroge sur les motivations véritables derrière ce genre d’arguments fallacieux.

Ainsi, à la page 80-81 du dossier de la Cour Suprême on lit une argumentation assez hallucinante. Sans proposer la moindre référence constitutionnelle, la Cour affirme que – au moment de son arrestation par les militaires putschistes encagoulés, il était « communément admis » que Zelaya avait forfait son titre de Président et qu’il ne pouvait donc prétendre à la protection que lui confère ce titre. L’article 416 du code pénal hondurien prévoit en effet que, en cas de « conduite criminelle », le président de l’état peut être arrêté et amené devant une cour spéciale, composée de magistrats de la Cour Suprême, où il pourra défendre son cas avec toutes les protections légales requises. Aucune de ces garanties légales ne sera accordée à Zelaya étant donné que – par ses actions supposées – il se serait lui même « auto-destitué »… on croit réver !

Se débarrassant de leur responsabilité par une pirouette digne du meilleur casuiste, les magistrats de la Cour Suprême ont ordonné son arrestation secrète et ont confié son cas à un tribunal pénal courant, l’accusant de trahison, usurpation de pouvoirs, non-respect des décisions de la cour ainsi que d’autres crimes. L’armée a ensuite violé le mandat d’amener du tribunal et – au lieu de le livrer à un juge –  a fourré Zelaya dans un avion, le forçant à l’exil – et l’aidant en quelque sorte à fuir la justice. Cette dernière action est en elle-même déjà un crime. L’un des généraux putschistes l’a reconnu plus tard mais a expliqué que « l’urgence du moment le commandait ». L’urgence du moment ? Le but n’était donc pas de « sauver l’ordre constitutionnel » mais tout simplement de se débarrasser de Zelaya au plus vite.

Inutile de jouer avec les mots, le putsch n’a pas d’autres motivations que politiques. Manuel Zelaya est devenu un troublion dans le jeu politique Hondurien. Il a augmenté le salaire minimum contre l’avis de l’oligarchie qui l’a mis au pouvoir. Il est allé faire ami-ami avec Hugo Chàvez et Rafael Correa, deux noms qui sont vomis par la bourgeoisie latina de son pays. Et quand il est entré en conflit avec l’armée – qui est totalement sous l’influence du « Southern Command » de l’Armée U.S. – il a osé les remettre à leur place et envoyer le chef d’état major à la retraite. Enfin il a fait un doigt d’honneur à l’armée U.S elle même en insistant pour réaliser son projet d’aéroport civil sur la base militaire de Soto Cano, une base qui est une des pièces maitresses du dispositif d’intervention militaire des Etats-unis dans la région. Tout cela en faisait un candidat au renversement. Quand on est président d’un pays qui vit à 80% de l’aide U.S. et des transferts de la diaspora du « Norte », on regarde où on met les pieds… c’est aussi cela l’erreur d’Hugo Chavez, que d’avoir poussé son « ami » Zelaya à y aller franchement. Un peu plus de tact aurait probablement été plus constructif… mais le tact et Hugo Chavez, cela fait deux.

La seule surprise provient pour une fois de Washington. Il est probable que le renversement de Zelaya a été envisagé par la bourgeoisie hondurienne au moins depuis 2006 et que les néo-conservateurs au pouvoir à Washington ont plus ou moins approuvé l’opération – obsédés qu’ils le sont par l’influence grandissante de Chavez dans la région et prêts à tout pour le stopper. Mais entre temps l’administration a changé, et Barack Obama n’est clairement pas ravi d’avoir à soutenir, tout de go, une opération politique qui va totalement à l’encontre de sa stratégie affichée. En même temps, il ne peut ignorer l’appareil politico-militaire qui l’entoure et son obsession anti-chaviste. Cela explique la timidité de sa réaction, alors que, en 2002, Washington avait été parmi les premiers à féliciter les putschistes qui avaient – brièvement – renversé Hugo Chavez.

Aujourd’hui le Honduras est au bord de la guerre civile. Seuls les Etats-unis peuvent trouver une issue à cette situation. En attendant, cessons de justifier l’injustifiable à l’aide de manipulations médiatiques et d’arguties juridiques.


Il faut bien désigner quelques « classes dangereuses » à la vindicte du populo, si on veut lui faire avaler la pilule des budgets sécuritaires… et quoi de mieux pour augmenter l’efficacité de la police que de se fabriquer ses propres criminels ?

[Anaëlle Verzaux – Bakchich – 17/07/2009]

La France a peur. Et la traque des anars ultra ne s’arrête pas à Julien Coupat. Trois tagueurs anti-fascistes ont eux aussi fait les frais d’une justice et d’une police en plein revival du terrorisme d’Action directe.

En 2008, la France a peur. Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur, met le paquet sur la menace anarcho-autonome. Avec Julien Coupat et son « gang » de Tarnac en ligne de mire. Et autour, de petites affaires Coupat, passées à peu près inaperçues.

Dans la nuit du 22 au 23 mai 2008, alors que l’enquête préliminaire sur les « terroristes » de Tarnac est entamée, Jean, Emilie et Julien, trois anti-fascistes, taguent le mur de l’Asiem (Association immobilière de l’Ecole militaire), dans le 7e arrondissement de Paris, où le Bloc identitaire a prévu de se réunir. L’inscription : « Identitaires, hors de nos vies ! » De quoi faire frémir de terreur flics, militaires et ministère de l’Intérieur. Et il faut croire que la peur les a gagnés en effet. A cause de ce tag malheureux, nos trois anti-fascistes subissent tout un tintouin généralement réservé aux crimes plus graves.

Pour commencer, perquisition au domicile de chacun. Une perquisition originale, d’après Jean qui, professeur d’histoire géographie, exerce dans un lycée de la banlieue nord parisienne et habite la capitale. L’enseignant raconte :

« Un matin, dix policiers sont venus sonner chez moi. L’un d’eux s’est présenté comme étant des Renseignements Généraux (RG). Devant ma femme, Emmanuelle, et mes deux enfants, les policiers ont un peu fouillé la baraque. Ils m’ont demandé où étaient les tracts et les bombes de peinture. J’ai répondu j’en ai pas ici. Ils ont demandé où étaient les armes. J’en avais pas, des armes ! Ils n’ont pas pris l’ordinateur, pensant que c’était une télévision. Bizarre. Ils m’ont demandé où étaient rangés les livres anars. Ils ne trouvaient pas parce que la plupart de nos livres sont écrits en langue étrangère – ma femme est professeur d’allemand. C’était très clair, ils cherchaient des anarcho-autonomes ».

Les policiers repartent, Jean sous le bras. Comme ses amis Emilie et Julien (tous deux étudiants en histoire), Jean est gardé à vue 24 heures. Sa femme Emmanuelle sera interrogée quelques jours plus tard, durant 39 heures. « Sous pression », Emilie avoue des « trucs » qui, dit-elle, « n’ont rien à voir avec la réalité ». Mais pour les flics, c’est clair, la jeune Emilie est manipulée par Jean l’enseignant, et leader du groupe anarcho-autonome.

Garde à vue dans les locaux d’une unité anti-racolage

Sous pression, Emilie ? Il faut dire que les gardes à vue ne se font pas dans un commissariat ordinaire… Mais dans les locaux d’une unité spéciale choc de la police urbaine de proximité, créée en octobre 2003, dans le cadre des lois Sarkozy sur la sécurité. L’USIT (Unité de soutien et d’investigation territoriale), spécialement conçue pour renforcer la lutte contre la prostitution et le racolage. Et qui, depuis peu, s’occupe de toutes les formes de criminalité en réseau (trafic de métaux, etc.).

Dans le cadre de l’enquête policière qui s’ensuit, le père de Jean et le proviseur adjoint du lycée dans lequel Jean enseigne sont convoqués par les flics de l’USIT. Les conversations téléphoniques des trois terroristes supposés sont surveillées et on relève, sur les lieux du « crime », les empreintes ADN et digitales. Au total, un dossier de 600 pages ! Du lourd…

Il faut dire que le tag tombe au mauvais moment. Quelques mois seulement après le début de l’enquête sur Tarnac et la déclaration, dans les colonnes du Monde, de Michèle Alliot-Marie, encore ministre de l’Intérieur, sur les dangers de l’ultra : « L’affaiblissement à droite comme à gauche des partis politiques qui permettent d’exprimer les frustrations sociales se traduit, l’histoire de France et de ses voisins le montre, par l’apparition de mouvements radicaux et violents » . Une déclaration que ne reniera pas Rachida Dati qui, le 3 juin 2008, adressait une petite note aux procureurs de France, afin d’attirer l’attention sur « la multiplication d’actions violentes (…) susceptibles d’être attribuées à la mouvance anarcho-autonome ».

Le ridicule ne tue pas, mais l’amende peut être salée

En plus de l’enquête menée par l’USIT, le petit groupe de tagueurs est sous le coup d’une enquête judiciaire. A cause de la plainte, déposée par l’Asiem (l’Association immobilière de l’Ecole militaire), pour « dégradation ou détérioration de bien par inscription ou dessin sur le territoire national ».

Le procès, qui s’est tenu mercredi 1er juillet, inspirait bien plus le ridicule que la crainte de voir ressurgir Action Directe. Le ridicule de voir à quel point la vingtaine de jeunes du réseau No Pasaran, venus soutenir leurs amis, ne ressemblent pas aux terroristes de Michèle Alliot-Marie. S’ils luttent « contre le système capitaliste », le « fascisme » et « l’extrême droite » de façon « radicale », c’est toujours « sans violence ». Le ridicule, aussi, de voir le hiatus entre l’épaisseur de l’enquête et le verdict, presque mesquin : 250 euros d’amende par personne.

http://www.bakchich.info/Un-air-de-petit-Tarnac,08232.html


A part ça, le nouveau régime à Tegucigalpa est en voie de « normalisation », comme l’écrit « Le Monde » ou le « New York Times »… c’est fou ce que nous savons être aveugles (« compréhensifs ») quand les criminels sont de notre côté… et quand le patronat et l’église applaudissent les putchistes.

Mise à jour 16/07/2009 : Selon « La Prensa », la mère de M. Herrera nie avoir été agressée et affirme qu’il s’agissait d’une opération de police contre son fils Olvin, accusé de violences conjugales par sa femme : http://www.laprensa.hn/Pa%C3%ADs/Ediciones/2009/07/16/Noticias/Madre-de-Jari-Dixon-descarta-atentado

[Gregor Seither – IES News Service – 16/07/2009]

La famille du procureur général du Honduras violentée par la police après qu’il ait critiqué le coup d’état sur la chaine de télévision CNN

Peu de temps après que le procureur général hondurien Jari Dixon Herrera ait déclaré depuis Washington, devant les caméras de CNN et d’autres médias internationaux, que le coup d’état au Honduras était illégitime, la police hondurienne s’est rendue chez sa famille, a vandalisé sa maison, frappé sa mère et arrêté son frère.

La police a commencé par encercler la maison de Mme Ada Hernández, dans la ville de Talanga, et d’en arroser la facade avec des rafales d’armes automatiques. Les agents ont ensuite défoncé la porte d’entrée et saccagé la maison. La mère de M. Herrera a été frappée puis violentée par les agents de police. Son frère a été également frappé puis emmené dans un véhicule de la police.

Le procureur Jari Dixon se trouve en ce moment à Washington, DC, membre d’une délégation hondurienne qui a rencontré des députés du Congrès U.S., des délégués de la Banque Mondiale ainsi que des officiels du Département d’Etat et des représentants d’organisations de défense des droits de l’homme afin de leur exposer les violations de droits commis par les nouveaux hommes forts du Honduras.

L’attaque contre la famille de Jari Dixon n’est que le dernier épisode d’une répression sanglante qui s’est abattue sur les opposants au coup d’état. Samedi dernier, des hommes encagoulés et armés ont attaqué la maison de Roger Bados, leader du Parti Démocrate Unifié (opposition) à San Pedro Sula et l’ont abattu devant sa famille. La mème nuit, dans la ville de Santa Barbara, un autre leader de l’opposition, Ramon Garcia a été abattu par un commando masqué,  dans la rue devant sa maison. D’autres militants du Front du refus hondurien ont été agressés, menacés ou assassinés par des commandos anonymes.

Ces actions violentes – dont la presse internationale et notamment U.S. ne s’est guère fait écho , rappellent les violences civiles qui ont marqué la dernière dictature militaire au Honduras, quand des escadrons de la mort paramilitaires assassinaient sélectivement des militants démocrates ou luttant pour les droits de l’homme, afin de maintenir un climat de terreur dans la population.

Les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent, depuis deux semaines, la violence exercée par le régime contre quiconque critique le coup d’état. Suite au coup d’état, les nouvelles autorités putchistes ont violemment réprimé les manifestations d’opposants et les rassemblements pacifiques. Elles ont interdit et fermé des stations de radio et de télévision et intimidé voire agressé les journalistes critiques. Plus de 600 personnes sont en prison pour avoir  contesté le oupc d’état.


Alors que les enquêtes judiciaires se poursuivent en Turquie pour faire toute la vérité sur l’Ergenekon, la presse atlantiste minimise le complot et tente de faire passer toute l’affaire pour une invention du parti islamique-démocrate au pouvoir. Pour Me Orhan Kemal Cengiz, il n’y a pourtant guerre de doute, Ergenekon est la version turque du Gladio, l’armée secrète de l’OTAN. Elle est toujours active et est responsable des attentats terroristes récents visant à déstabiliser le pays et à restaurer le pouvoir militaire.

Pour certaines personnes, en Turquie, le cas Ergenekon n’est qu’une fabrication du gouvernement pour saper la structure laïque de l’État.

Il y a beaucoup de similitudes entre l’assassinat du journaliste turc- arménien Hrant Dink en janvier 2007 [1], celui de trois missionnaires par cinq ultranationalistes à Malatya en avril 2007 et l’assassinat du père Andrea Santoro à Trébizonde en 2006.

Selon certains, le parti au pouvoir se venge parce que cette affaire se retourne contre lui. Pour quelques occidentaux, l’affaire Ergenekon n’est qu’un épisode de la sale guerre entre le Parti Justice et Développement (AKP) et ceux qui entendent maintenir le statu quo en Turquie. J’essaie de me mettre à la place de l’homme de la rue en Turquie. Si j’étais l’un d’entre eux, j’en arriverais probablement à la même conclusion et penserais qu’Ergenekon n’est qu’une affaire fabriquée par certains milieux en Turquie. Il est très facile de tirer ce genre de conclusion ne serait-ce qu’en lisant les articles de la presse traditionnelle. Certains groupes de presse ont activement diffusé cette propagande, et l’ont fait en usant de méthodes sophistiquées.

Mon point de vue, cependant, est complètement différent de celui dont ces groupes de presse ont essayé de nous convaincre. Je suis un avocat des droits de l’homme, et j’ai eu affaire aux réseaux de l’État profond depuis longtemps. En 1997 et 1998, je travaillais sur des affaires de destruction de villages et de meurtres extra-judiciaires dans le Sud-Est de la Turquie. Je représentais des villageois kurdes devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Depuis lors, j’ai appris l’existence de JITEM —une infâme organisation illégale de la gendarmerie— dont même l’existence a toujours été niée. Le JITEM a kidnappé et tué des milliers de Kurdes qui étaient soupçonnés d’être favorables ou membres du Parti des travailleurs kurdes, (PKK). (suite…)


Commentaire de Maria : Moi j’habite Roubaix, cité Alouette, pas loin de la mosquée , population 90% de culture musulmane. Je croise des tonnes de Hijab dans les rues, mais des « Ninjas » beaucoup moins… en tout cas, pas assez pour justifier une hystérie pareille, ni même un texte de loi…

Il est indéniable que la religion musulmane est sexiste, mais ce n’est pas en arrachant les voiles aux femmes de manière forcée, comme le faisaient les soldats français lors de la Guerre d’Algérie, que l’on changera quoi que ce soit. La stigmatisation ne fait que renforcer la résistance… Les populations d’origine maghrebine en France, les « bronzés » et les « noirs » se sentent déjà suffisamment discriminés dans ce pays (voir à ce sujet l’article du « Monde 2 » sur les jeunes Antillais qui s’exilent au Canada par ce qu’ils en ont marre de se faire traiter de « négros » en France et de ne pas trouver de boulot à la hauteur de leurs diplômes) pour qu’on n’y ajoute pas une touche paternaliste (« on va vous libérer »)…

Mais il ne s’agit pas de « libérer les femmes », ça c’est un prétexte. Le vrai but c’est de désigner un ennemi afin de canaliser les révoltes… Déjà, en 2002, l’intelligentsia française voulait nous faire croire que les missiles U.S. en Afghanistan étaient des « prolongations des luttes féministes » (!!!)

[Nadia Djabali – Bastamag – 06/07/2009]

MANIPULATION ? Recherche burqa désespérément

Les burqas se répandraient en France comme un mauvais vent de sable sur un oasis de laïcité. La tendance semble tellement inquiétante que des députés communistes, sarkozystes et socialistes rejouent l’union sacrée et demandent une loi sur la question. Pourtant, malgré la frénésie médiatico-politique, les journalistes ont bien du mal à se procurer des photos prises en France sur le sujet. Etrange, non ?

C’est le premier point abordé à Versailles par Nicolas Sarkozy, lors du Congrès du 22 juin dernier. La mise en place d’une mission d’information parlementaire sur la burqa transcende les clivages politiques. La burqa figure, sans conteste, au centre des préoccupations des défenseurs de la République laïque, une et indivisible. « La ligne de front pour nous, c’est la burqa », assénait Christophe Barbier dans son éditorial du 25 juin. Pour le directeur de L’Express, l’urgence de la situation nécessite « que le parlement débatte vite et frappe fort ».

Frénésie institutionnelle et médiatique
Le port de la burqa et du niqab seraient-ils devenus suffisamment massifs pour justifier toute cette frénésie institutionnelle et médiatique ? La république est-elle en danger ? Selon le député communiste André Gerin, initiateur de la pétition demandant une loi sur la question (et signée principalement par des députés UMP et de la droite du PS comme Manuel Valls ou Aurélie Filippetti), on entendrait dans les campagnes mugir les féroces soldats du fondamentalisme : « Cela fait dix-douze ans que c’est en augmentation. Et je ne suis pas le seul à le constater. C’est pareil en région parisienne, en région lilloise mais aussi en zone rurale désormais », alerte-t-il dans un entretien publié par le site Internet de 20 minutes, le 18 juin.

La situation est, selon lui, comparable à « un iceberg recouvert de la marée noire des fondamentalistes… » (Libération.fr, 1er juillet). Diantre ! Dans nos sociétés de l’image et de l’information, il devrait donc être aisé d’illustrer cette « prolifération » de burqa, de photographier des foules de femmes dissimulées derrière leur grillage de textile à Vénissieux, Tourcoing ou Sarcelles.

Marseille ou Vénissieux, c’est kif kif
Pourtant… c’est une photo prise à Marseille qui accompagne le reportage de l’envoyée spéciale du Figaro.fr qui titrait le 1er juillet : « À Vénissieux terre d’expansion de la burqa »(1). À défaut de photographe spécialement dépêché, la journaliste avait-elle oublié son appareil numérique alors que « cette banlieue mitoyenne de Lyon (…) serait une des concentrations [de voile intégral] les plus importantes de France » ? La pénurie d’ iconographie a pour conséquence la publication de la même photo, un couple avec une femme voilée devant la tour Eiffel, sur les sites de Paris-Match (1er juillet), Libération (30 juin) et Rue 89 (25 juin). D’autres sites Internet d’information – et non des moindres (2) – ont préféré une photo prise lors du congrès de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) qui s’est tenu au Bourget en… 2005. Ça c’est du scoop coco ! Avec quatre ans de retard…

Déficit de burqas en France, allons les chercher à Kaboul !
Pas assez de burqas en France ? pas de problème, des illustrations foisonnent ailleurs. Ainsi, 20 minutes.fr (19 juin) a choisi une photo d’une femme en burqa lors d’une manifestation à La Haye (Pays-Bas). Le Nouvelobs.com (1er juillet) illustre son article avec une photo prise à Kaboul. Kaboul toujours pour accompagner l’article du Monde.fr du 28 juin et pour Marie-Claire.fr du 1er juillet. Le Point.fr (23 juin) et le Figaro.fr (17 juin) partagent la même image prise dans le Kashmir en Inde.

Quant au photo montage proposé par l’AFP et repris par l’Express.fr (1er juillet), et le Parisien.fr (23 juin), il est constitué par quatre clichés originaires d’Égypte, du Pakistan, d’Iran et d’Afghanistan. Enfin, la palme de la meilleure mise en scène est décrochée par France2 qui mettait en ligne le 23 juin une photo prise en Égypte… en 1999. Toujours cette quête du scoop qui passionnera les masses.

Pour André Gerin qui dirige la mission d’information l’enjeu est de taille alors qu’une « crise de civilisation » guette la France, charriant « guerre civile » et « barbarie » (20 minutes, 2 juillet). Alors pourquoi l’iconographie est-elle aussi approximative quand elle n’est pas inexistante ? Baisse des budgets photos ou déficit de déontologie ? Est-il désormais plus dangereux de se rendre dans les banlieues populaires hexagonales qu’à Kaboul, Islamabad ou Bagdad ?

Notes
[1 <http://www.bastamag.net/spip.php?article616#nh1> ] On ne peut s’empêcher de relever la petite perle que voici « Inspirés par les Frères musulmans Tariq et Ramadan, les leaders relisent les injustices sociales à l’aune du mépris racial, du rejet de l’islam. » Après Laurel et Hardy, Tariq et Ramadan

[2 <http://www.bastamag.net/spip.php?article616#nh2> ] Libération.fr du 1er juillet, LaDépêche.fr du 20 juin, L’Express.fr, 20 minutes.fr des 19 et 23 juin et Le Parisien.fr du 19 juin


Un commando de 5 hommes, la plupart masqués, déclarant ouvertement appartenir à la Ligue de Défense Juive (LDJ) ont attaqué vendredi 3 juillet en début d’après-midi la Librairie Résistances (4 Villa Compoint, 75017 – Paris).

Deux femmes travaillant à la librairie étaient présentes, ainsi que deux clients. Après les avoir bousculés, les nervis se sont attaqués avec frénésie à l’établissement, arrosant d’huile plusieurs milliers de livres, et détruisant les ordinateurs, avant de prendre la fuite à bord d’une automobile. Cette attaque est intervenue au lendemain d’une conférence, donnée à la librairie par Mahmoud Suleiman, maire du village palestinien d’Al-Masara, sur le thème des actions de résistance non violente contre le mur d’annexion israélien.
La librairie Résistances, qui propose, notamment, de nombreux livres sur la Palestine et sur Israël, a été attaquée et menacée à de nombreuses reprises par les fascistes sionistes. Mais alors que les agissements de cette bande sont archi-connus de la police, le pouvoir politique a jusqu’à présent systématiquement manifesté sa sollicitude à leur égard.

Voir la video sur http://www.vimeo.com/5462395

De nombreuses organisations, librairies, réseaux de bibliothèques, appellent à un rassemblement devant la librairie Résistances ce mercredi soir 8 juillet à partir de 18 H 30, pour exiger la dissolution de la Ligue de Défense Juive, organisation terroriste qui multiplie les agressions en France (voir sur notre site le récit de l’attaque du Conseil municipal de Vitry-sur Seine le 23 Juin).

Un grand merci à toutes celles et ceux qui nous ont aidé à nettoyer la librairie et aux nombreuses personnes et associations qui nous ont fait parvenir de chaleureux messages de soutien.


[Michel Collon – Page « Honduras » – 01/07/2009]

COMMENTAIRE DE MICHEL COLLON : Sommes-nous bien informés ? Non. Le public européen ignore la vaste protestation populaire au Honduras, et sa répression. On veut faire croire qu’Obama est innocent. Comme si les militaires honduriens n’étaient pas formés et encadrés par Washington. Comme si le gentil Obama ne venait pas d’augmenter le budget de la CIA, donc des coups d’Etat. Sa tactique est classique : d’abord, il refuse de condamner le coup d’Etat et appelle au « dialogue ». Si les putschistes l’emportent, tant mieux. S’ils perdent, il les désavouera.  Classique aussi, la diabolisation du président Zelaya. Solliciter un deuxième mandat présidentiel, comme dans la plupart des pays européens ?
Quelle horreur ! Comment un leader résistant aux USA ose-t-il demander d’être réélu ? 400.000 Honduriens ont signé pour qu’il en ait le droit ? Leur voix comptent moins que celle de l’Armée, du patronat et des évêques. En Amérique latine, l’Histoire se répète. A nous de contribuer à y mettre fin.

UN APPEL DU HONDURAS :

Bonsoir Michel,
Au même instant que tes messages arrivent, bien des choses importantes sont en train de se passer en Honduras. Radio Progreso est interdite d’antenne depuis ce lundi vers 10H00 h d’Honduras. La page web de la station est aussi bloquée. En revanche, ALER a réussi à faire passer mon signal de Progreso à travers son système satellitaire.
Je te demande au nom de nos frères honduriens de faire tout ton possible pour diffuser la nouvelle et faire le nécessaire pour empêcher que la population hondurienne reste dans l’ignorance de ce qui est en train de se
passer là-bas. Plusieurs dirigeants et membres de la résistance populaire hondurienne n’arrêtent pas de demander cela. Faire savoir qu’ils occupent des postes de péage, des ponts etc et ont promis de rester mobilisés dans une grève nationale au finish jusqu’au retour de Mel Zelaya, le président légitime de ce pays. http://www.aler.org
Pour ceux qui parlent ou comprenent la langue cliquez sur ALER satelite en directo.
VENCEREMOS! NOUS VAINCRONS!
Bien à toi,
Alejandro

LES PUTCHISTES SONT FINANCÉS PAR WASHINGTON

La secrétaire d’Etat H. Clinton a déclaré aujourd’hui que le gouvernement des Etats-Unis n’était pas prêt à appeler “coup d’Etat” les événements au Honduras car cela obligerait Washington à couper l’aide économique à ce pays, ainsi que leurs relations. Cette indécision est due au fait que ceux ont pris illégalement le pouvoir sont des groupes et des partis politiques qui ont reçu des financements du gouvernement des États-Unis par l’intermédiaire du Fond National pour la Démocratie, l’Institut Républicain International et l’Institut Démocratique National pour les Relations Internationales. De plus, l’armée hondurienne est largement financée par le Pentagone et le Département d’État.

Eva Golinger, http://www.codechavez.com

Appelez l’administration Obama Pour demander la condamnation totale du coup d’Etat :

  • Département d’État : 202-647-4000 o 1-800-877-8339
  • Maison Blanche : 202-456-1111, centrale téléphonique : 202-456-1414

Envoyer un mail de réprobation au pseudo président :

robertomicheletti@congreso.gob.hn

Un caricaturiste arrêté
“Le fameux caricaturiste Allan Mc Donald m’a téléphoné au moment où il était arrêté avant d’être enfermé par les forces armées du Honduras en présence de sa fille âgée de 17 mois. Il a montré à travers ses caricatures dans le quotidien hondurien el Heraldo de Honduras, le Times et sur rebelion.org, sa position en faveur du référendum promu par le gouvernement de Manuel Zelaya Rosales. Son matériel et ses dessins ont été détruits, puis il a finalement été relâché.”

http://www.michelcollon.info/index.php?option=com_content&view=article&id=2125:breves-honduras-francais&catid=6:articles&Itemid=11


Comme le fait correctement remarquer Robert Fisk, étant donné que les journalistes ne s’aventurent pas en dehors des quartiers « beaux-bo » de Téhéran et ne parlent qu’avec des gens cultivés maitrisant l’anglais, ils ont tendance à ne voir qu’une seule partie de la population (aucun journaliste occidental en Iran ne parle ou comprend le Farsi si cela ne vous choque pas, posez vous la question de ce que vous penseriez d’un journaliste US en poste à Paris et ne comprenant pas le Français). Or, dans les milieux populaires et à la campagne, on a voté massivement pour Ahmadinejad… les 11 millions de voix d’écart, elles sont là…

Et ce n’est pas surprenant, cet éléctorat « pedzouille », méprisé par les « urbanites » chics iraniens, est conservateur et pauvre…et il a tout à craindre des politiques néo-libérales que Moussavi défend et qu’il a déjà implémentées quand il était au pouvoir. Sa principale critique d’Ahmadinejad c’est qu’il « gaspille la richessse nationale » en distribuant des aides aux pauvres… alors pas étonnant que la campagne iranienne n’ait pas voté pour lui.

[Ken Ballen et Patrick Doherty – Washington Post – traduit et repris par Le Grand Soir – 15/06/2009]

Le résultat des élections en Iran est peut-être le reflet de la volonté du peuple iranien. De nombreux experts affirment que la marge de victoire du sortant, le Président Mahmoud Ahmadinejad, est le résultat d’une fraude électorale ou d’une manipulation, mais notre sondage de l’opinion publique iranienne effectué dans tout le pays trois semaines avant l’élection a montré qu’Ahmadinejad menait par une marge de 2 contre 1 – plus que celle sortie des urnes vendredi dernier.

Alors que les médias occidentaux signalaient depuis Téhéran, dans les jours qui ont précédé l’élection, une vague d’enthousiasme en faveur de Mir Hossein Mousavi, principal opposant d’Ahmadinejad, notre sondage scientifique effectué dans les 30 provinces du pays révélait une nette avance pour Ahmadinejad.

Les sondages indépendants et non censurés à l’échelle nationale sont rares en Iran. D’une manière générale, les sondages préélectoraux sont effectués ou contrôlés par le gouvernement et sont notoirement indignes de confiance. Par contraste, le sondage effectué par notre ONG du 11 au 20 mai était le troisième d’une série effectuée au cours de ces deux dernières années. Dirigé par téléphone à partir d’un pays voisin, le travail sur le terrain a été effectué en langue Farsi par un institut de sondage dont le travail dans la région pour ABC News et la BBC a reçu un prix Emmy Award. Notre sondage était financé par le Rockefeller Brothers Fund.

L’étendue du soutien à Ahmadinejad était perceptible dans notre enquête préélectorale. Par exemple, pendant la campagne, Mousavi a mis en avant ses origines Azéries, le deuxième groupe ethnique en Iran après les Perses, pour soudoyer les électeurs Azéris. Cependant, notre enquête a montré que les Azéris préféraient Ahmadinejad à Mousavi, à 2 contre 1. (suite…)


[Mondialisation.ca –  12 mars 2009]

La cour d’appel de Paris vient de condamner Radio France Internationale (RFI) à verser des centaines de milliers d’euros d’indemnités au journaliste Alain Ménargues, licencié en 2004 parce qu’il avait osé rappeler une évidence, le caractère raciste de l’Etat d’Israël.

Alain Ménargues était directeur-général adjoint de RFI en octobre 2004, lorsqu’une campagne vénimeuse fut lancée contre lui par le lobby sioniste, qui disposait déjà, à cette époque, de puissants relais à l’intérieur de la station. Le responsable de la communication de RFI, par exemple, est l’un des animateurs de l’Association pour le Bien-Etre du Soldat Israélien, spécialisée dans la collecte d’argent pour l’armée israélienne.

Le crime de Ménargues ? Avoir rendu compte, de longue date, des crimes de l’armée israélienne au Proche-Orient, que ce soit dans ses reportages ou dans ses livres. Alain Ménargues connaît bien la région, pour avoir été notamment correspondant de Radio-France à Beyrouth pendant de nombreuses années.

Alain Ménargues a ainsi révélé, dans son livre « Les secrets de la guerre du Liban », comment, lors du massacre des Palestiniens à Sabra et Chatila en 1982 à Beyrouth, l’armée israélienne ne s’était pas contentée de fournir un soutien logistique à ses supplétifs des milices phalangistes (fascistes) libanaises, mais qu’elle avait aussi participé, directement, aux éxécutions sommaires de civils palestiniens désarmés.

Dans un autre livre, « Le Mur de Sharon », paru en 2004 (avant d’être mis sous le boisseau), Ménargues explique, entre autres, comment l’idéologie sioniste fondatrice de l’Etat d’Israël conduit inexorablement à une politique d’exclusion des populations non juives, palestiniennes.

L’accusation d’antisémitisme fut alors brandie, terrorisant les plus pleutres des journalistes de RFI, c’est-à-dire pas mal de monde quand même, et Ménargues fut promptement viré. Depuis lors, les éliminations ou mises à l’écart des émissions ou éléments suspects se sont succédées à RFI, dont la direction, confiée à Ockrent, la femme du ministre des Affaires étrangères Kouchner, licencie maintenant par charettes entières.

Alain Ménargues avait rapidement porté plainte, devant le tribunal des Prud’hommes, pour ce licenciement abusif. Il avait perdu.

Mais cinq ans après les faits, la Cour d’appel de Paris vient d’inverser le jugement de première instance, et nous ne pouvons que nous en féliciter.

Elle a jugé qu’il n’y avait pas de cause réelle et sérieuse au renvoi d’Alain Ménargues. En conséquence, elle a condamné RFI à payer à Alain Ménargues, outre ses indemnités conventionnelles de licenciement -qui dépassent un mois de salaire par année de présence chez les journalistes professionnels-, une somme de 200.000 euros de dommages et intérêts.

Alain Ménargues est actuellement journaliste indépendant et écrivain installé au Caire.

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=20090312&articleId=12675


[Philou017 – AgoraVox – 03/03/2009]

Les contre-vérités de l’Express

Je vois cette une de l’Express « Les nouveaux réseaux anti-sémites » avec Dieudonné en couverture, devant une librairie. Avec en sous-titre « Internet : les sites dangereux ». Là je me dis, d’ici qu’ils y aient mis le 11 septembre… J’entre dans le magasin et jette un oeil sur les pages concernées.
Gagné ! En plein milieu de la page, un encart sur les ’tenants du complot’. Ils n’ont pas pu s’en empêcher…L’article concernant Internet est reproduit sur le net.

L’introduction nous dit : « Dans ce qui reste une zone de non-droit, les réseaux antisémites ont trouvé un terrain de propagande. Au-delà des sites les plus en vue, ils usent de stratégies trompeuses pour véhiculer leurs thèses. Décryptage de ces techniques. »
Décryptons le décryptage.. Premiere approximation douteuse : Internet serait une zone de non-droit…ce qui n’empêche pas l’Express de citer plus loin le responsable d’un site attaqué en justice. Cet article présente ensuite trois sites qualifiés de dangereux.
Le premier http://fr.altermedia.info/ et le troisieme http://fr.novopress.info/ sont deux sites d’extrême-droite. Pourtant l’Express a bien du mal a prouver la « dangerosité » des sites en question. Pour le premier, on parle d’un article anonyme, depuis disparu, qui met en cause « BHL/Kouchner : une solidarité qui en dit long… », dans le deuxieme, on pointe du doigt un article sur Bernard Madoff « qui serait apparu sous l’étiquette ’société multiraciale ».

Là je veux être clair. Je condamne toute expression raciste clairement exprimée. Le vrai négationnisme doit être également dénoncé. Des dérives sont certainement présentes sur des sites d’extrême droite. Mais de là à présenter ces sites comme spécialement dangereux, il y a un pas que l’Express franchit sans la moindre gêne. Pourtant, si je devais parler de sites dangereux, ce n’est certainement pas ceux-là auxquels je me référerais.

Après une brève recherche google, je note que l’article de l’express a été immédiatement repris par des sites, comment les appeler, anti-anti-sémites. Par exemple le Crif, antisemitisme-antisionisme-du-web, et bien d’autres. Cette simultanéité a quelque chose de suspect. Dans cette période de tangage du gouvernement, l’Express voudrait-il ressouder un électorat disons d’origine juive autour du gouvernement, en jouant sur la peur anti-sémite ? Vu la légereté du propos, ça y ressemble. Procédé peu ragoutant, et je dirais même dangereux.

Voyons la suite. L’express cite ensuite le site alterinfo.net. Il est vrai que ce site a parfois tendance à déraper dans un anti-sionisme quelquefois enragé. Mais c’est un site qui propose souvent d’excellents articles. Alterinfo a déjà fait l’objet de procédures de la part du Crif.
Suivent des exemples de sites négationnistes et autres Faurissoneries.

Et au milieu de tout cela, on trouve quoi ? le 11 Septembre.

Là, l’Express va employer toutes les ficelles de l’amalgame et de la suggestion malhonnête. (suite…)

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