Illustration parfaite de l’illusion qui s’empare des communicants et manipulateurs d’opinion au bout d’un certain temps : « Bien sùr que c’est vrai, puisque la télé en a parlé ! »

[IES News Service – 23.06.07]
En Janvier 2003 les planificateurs de l’invasion irakienne au Département de la Défense des Etats-unis préconisaient la création d’une « Force d’action rapide médiatique » qui ferait la jonction entre les anciens médias irakiens, contrôlés par l’Etat, et « la presse libre irakienne » qui publierait des informations illustrant de manière positive le changement de régime en Irak. C’est ce qui ressort d’un livre blanc et de présentations PowerPoint déclassifiés par le biais du Freedom of Information Act et publiées sur Internet par le National Security Archive.

La force d’action médiatique présenterait au public irakien le « nouvel Irak », soulignent la vision d’un futur prospère et démocratique qui servirait de modèle pour tout le Moyen-Orient. Des experts en communication et des grands noms de journalisme seraient recrutés aux Etats-unis, en Grande-Bretagne et en Irak pour fournir « des contenus pré-validés par le gouvernement des Etats-unis » en direction du public irakien. Simultanément, une « campagne d’information stratégique » en direction des publics de la région et d’Europe renforcerait la vision positive du « nouvel Irak post-Saddam ». Un quotidien et un hebdomadaire devaient voir le jour, intégralement financés par le Département d’Etat U.S. et présentant des « informations légères et positives, de l’information mais surtout beaucoup d’Hollywood ». Tout ceci serait « un atout vital dans le processus de transition vers un gouvernement irakien représentatif, processus estimé à environ 2 ans, probablement moins ».

Les stratèges du Pentagone envisageaient un Irak post-invasion dans lequel les autorités U.S., aidés par un gouvernement ami à Bagdad, pourraient maintenir un monopole sur la dissémination de l’information. Le projet a été partiellement mis en oeuvre – sans grand succès – après l’invasion de l’Irak, permettant néanmoins à quelques agences de communication et groupes de presse de bénéficier des largesses du Pentagone.

Ce qui est intéressant – et significatif de la mentalité des stratèges de la Maison Blanche – c’est qu’à aucun moment les auteurs du rapport de 2003 ne mentionnent ni prennent en considération les sources d’information indépendantes, médias sur Internet ou toutes les autres sources alternatives d’information disponibles de nos jours.

Documents déclassifiés consultables ici :
http://www.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB219/index.htm