C’est vieux comme le monde que la police fabrique la menace pour faire peur … déjà sous les Romains, le préfet Crassus avait fait croire aux braves bourgeois que leurs esclaves étaient à deux doigts de les égorger et qu’il fallait absolument qu’on lui vote les pleins pouvoirs…

Le FBI a maintenant plus de 100 “Task-Forces” dédiées uniquement à la lutte anti-terroriste. Mais le gouvernement Bush fabrique t’il des fantômes?

Article publié dans le journal Rolling-Stone le 7 février 2008. Traduit par Géantvert.

“Bon alors, tu veux faire quoi? demande son ami.

“La cible ?” répond le “candidat djihadiste. “Je veux un truc genre hall de mairie, un bâtiment officiel”

C’était fin Novembre 2006, le jeune Derrick Shareef (22 ans) et son ami Jameel trainaient à Rockford Illinois, et rêvaient d’organiser une attaque terroriste contre l’Amérique. Les deux hommes n’étaient pas surs du genre d’attaque à réaliser. Tout ce que savait Shareef c’est qu’il voulait causer le maximum de dégâts, et se venger contre ce pays qu’il rendait responsable de l’oppression des musulmans dans le monde. “Trouer un juge”, disait Shareef. « Peut-être mettre une bombe dans un bâtiment officiel ».

Mais même si Shareef développait ses rêves de violence, il ne représentait pas un risque sérieux comme djihadiste. Né aux USA et converti à l’islam, il n’avait aucun entrainement militaire et aucune arme. Il avait moins de 100$ en banque et occupait un poste sans avenir, comme surveillant dans un magasin de jeux-vidéo. Pas de véhicule. Sa situation financière était déplorable, pas même un endroit pour vivre. Puis un jour, Jameel, un brave musulman, était apparu à EB Games et lui avait proposé de l’héberger.

Quelques heures après la rencontre avec son nouveau “frère” Shareef avait déjà emménagé chez Jameel, ses 3 femmes et ses 9 enfants. Lors de cette cohabitation, les deux compères fantasmèrent sur des cibles à Rockford, une ville du Midwest de 150.000 habitants, avec une minuscule communauté musulmane, et connue seulement pour avoir été la ville de Cheap Trick.

Le fait que Shareef soit un “loser” sans aucun moyen de passer de l’imagination à l’action, n’empêcha pas son ami de l’encourager dans ses rêves de “grandeur”. Au contraire, Jameel stimula continuellement Shareef dans ses plans: “quand vas-tu le faire?” demandait-il à Shareef, à propos de son projet contre un bâtiment officiel. “Il nous faut des plans précis et des dates “

« Je veux en surveiller un d’abord » répondit Shareef. Il y avait juste un problème, la voiture de Jameel était en réparation chez le garagiste. « On pourra en surveiller un quand t’auras récupéré ta voiture »

« Et on ferait ca quand ? « demanda Jameel ?

« J’aime bien la période des vacances » répondit Shareef, affichant une curieuse ambivalence pour un futur kamikaze s’acharnant à massacrer des civils. « Putain, ‘faut pas qu’on les loupe, y faut tout faire sauter »

Trouver une cible intéressante à faire sauter à Rockford n’est pas chose facile. C’est une misérable ville au beau milieu de l’Amérique, à peine plus qu’un croisement de routes et de voies ferrées, sans aucune attraction touristique. Aussi Jameel suggéra la principale attraction de la ville, le centre commercial Cherry Vale, un sinistre ensemble de magasins de vêtements et de chaussures de sport dans les faubourgs de Rockford. « C’est le bon plan ce centre ! » dit-il à Shareef.

« Je jure par Allah, mec, je suis prêt aussi » dit Shareef. « je suis prêt à vivre pour la cause, et à mourir pour la cause, mec ». Quand Jameel eut récupéré sa voiture au garage, les deux hommes allèrent surveiller le centre commercial. « Si tu te dégonfles…faut qu’tu m’le dises » déclara Jameel « je teste tes tripes là »

« Je suis prêt » répondit Shareef.

« On se fera pas piquer » assura Jameel, « t’inquiète pas »

« J’ai pas peur de me faire piquer » répondit Shareef, « pas vivant »

Avec ses fanfaronnades, et selon tous les critères objectifs, Shareef était un djihadiste malchanceux et pathétique. Une des nouvelles espèces de terroristes « maison » exhibées devant la presse par le gouvernement fédéral depuis 9/11. En un sens, le F.B.I a élevé Shareef et a transformé le surveillant de magasin vidéo qu’il était, en kamikaze de centre commercial. Comme beaucoup d’autres « supposés » extrémistes repérés par les autorités, Shareef ne savait pas que son nouvel ami, le conspirateur révolté qui le poussait dans ses plans d’attaque terroriste, était en fait un informateur du F.B.I. Alors que Shareef maudissait l’Amérique et les juifs, il était sous surveillance quasi-permanente du Groupe de Lutte Anti-terroriste (Joint Terrorism Task Force ou JTTF – ndt) pour le district Nord de l’Illinois. Depuis 9/11, le nombre de ces JTTFs a triplé dans le pays. Avec plus de 2000 agents du F.B.I affectés à 102 « Task-Forces », les JTTFs sont effectivement devenus une vaste et quasi-secrète arme du gouvernement fédéral, avec des pouvoirs dépassant ceux des agences en charge du maintien de l’ordre. Les JTTFs sont composés non seulement de membres de la police locale, d’agents spéciaux du F.B.I, d’inspecteurs fédéraux de l’immigration et du IRS, mais sert aussi de couverture à des agents de la CIA. Ces « Task-Forces » ont en fait abattu le mur qui existait historiquement entre les forces de police et les agences chargées du renseignement. Avec l’administration Bush, les JTTFs sont devenues des agences d’espionnage intérieur, comme le MI5 britannique, avec le pouvoir d’arrêter les gens.

(…)

Le coût de ces ressources massives allouées à la recherche de terroristes potentiels appelle inévitablement des résultats. Des complots doivent être déjoués, des cellules dormantes infiltrées, une nouvelle attaque doit être évitée ou du moins, sembler l’avoir été. Mais dans « l’Amérique profonde » qu’est Rockford, les JTTFs n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. Pour trouver de nouvelles menaces à contrecarrer, les « Task-Forces » ont de plus en plus tendance à payer des informateurs chargés de cajoler et encourager des cibles comme Shareef dans l’élaboration de leurs plans fantaisistes. Lors de sa déclaration sous serment à l’occasion du procès de Shareef, son complice « connu sous le nom de Jameel », et par ailleurs agent spécial du F.B.I, était référencé comme « C.S », à savoir « Coopérative Source« .

C.S s’appelle en réalité William Chrisman, ancien dealer de crack et condamné pour vol, il a été rémunéré 8500$ par le JTTF spécialement pour s’occuper de Shareef. Comme dans d’autres cas de terrorisme, Chrisman avait été chargé par des agents fédéraux de le pousser dans ses fantasmes en s’assurant que Shareef s’impliquerait personnellement.

(…)

L’arrestation de Shareef a représenté un nouveau succès des JTTFs : la patrie de nouveau sauvée d’une attaque criminelle, menée cette fois par ce que le gouvernement a appelé un « loup solitaire ».

http://www.reopen911.info/News/2008/04/19/la-terreur-fabriquee/