Si on intègre tous les éléments dans l’éco-bilan d’Internet, le réseau est un gigantesque consommateur de ressources énergétiques, et donc un pollueur majeur. Pour les infomaniaques, qui se rassuraient en ne calculant que la consommation de leur bécane, le réveil est rude….

La recherche Google, un danger pour la planète ?

[L’Expansion – 05/03/2008]
Pour servir des millions de résultats de recherche chaque jour, Google doit mettre en place des « fermes informatiques » à la consommation galopante. Au Cebit de Hanovre, les géants du secteur cherchent des parades écologiques.
Quel point commun entre un personnage virtuel de Second Life et un habitant du Brésil ? Tous deux consomment en moyenne la même quantité d’électricité chaque année, une comparaison qui illustre la voracité énergétique d’internet. Pour « vivre », les « avatars » de Second Life ont en effet besoin de centres de données géants (les « data centers »), qui alignent sur des milliers de mètres carrés des câbles et des ordinateurs aux capacités de calcul phénoménales, stockent et transmettent sans discontinuer les données des internautes du monde entier.Réduire la consommation de ces gigantesques « fermes informatiques » est justement l’un des défis du secteur des hautes technologies, réuni cette semaine au salon Cebit de Hanovre (nord).

Les comparaisons ne manquent pas. Siegfried Behrendt, chercheur de l’institut de recherche berlinois IZT, a calculé que télécharger sur son ordinateur la version électronique de son quotidien préféré consommait autant d’électricité que de faire une lessive. L’entreprise allemande de services informatiques Strato fait valoir de son côté qu’une recherche sur le site Google est équivalente à une heure de lumière dispensée par une ampoule à économie d’énergie.

Dans toutes ces actions, la consommation d’électricité de l’ordinateur de l’internaute n’est rien par rapport à celle du serveur géant qui va gérer la transaction. Dans une étude commandée par le fabricant de composants AMD, l’université américaine de Stanford a calculé que chaque année, les plus grandes « fermes informatiques » du monde faisaient tourner 14 centrales électriques. Entre 2000 et 2005, leur consommation d’électricité a doublé. L’universitaire de Dresde, Gerhard Fettweis, juge qu’à ce rythme, dans moins d’un quart de siècle, l’internet à lui seul consommera autant d’énergie que toute l’humanité aujourd’hui, a-t-il dit à l’hebdomadaire WirtschafstWoche.

La solution de la virtualisation

A moins que des efforts soient entrepris. Sur leurs stands du Cebit, placé cette année sous le signe de la technologie « verte », les géants du secteur informatique présentent déjà des innovations destinées à améliorer le bilan écologique des centres de données. IBM vante ainsi un prototype qui permet d’éviter le gâchis d’énergie sous forme de chaleur, l’un des principaux défis pour ces ordinateurs surpuissants, constamment climatisés pour éviter la surchauffe. IBM a mis au point un circuit de refroidissement, sur le même principe que celui des centrales électriques, et propose d’utiliser la chaleur ainsi récupérée sous forme de chauffage.

Aux Etats-Unis, les dernières « fermes informatiques » géantes, par exemple celle de Microsoft à Quincy, qui couvre l’équivalent de sept terrains de football, sont construites sur la côte nord-ouest, à proximité de centrales hydrauliques, par souci écologique. De son côte, Google mène des projets pour mieux utiliser les énergies renouvelables, l’énergie solaire notamment. Une dernière piste est celle de la « virtualisation », pour faire fonctionner sur une seule machine plusieurs systèmes d’exploitations ou applications, exactement comme si plusieurs ordinateurs tournaient en même temps. L’objectif: réduire le nombre de serveurs matériels nécessaires pour stocker des données ou traiter des informations. Et donc réduire l’impact sur l’environnement.

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