[Le Monde – 03/06/2008]

Quatre bibliothèques de la Ville de Paris ont dû débrancher leurs bornes Wi-Fi face aux inquiétudes du personnel. Dernière en date : la bibliothèque interuniversitaire Sainte-Geneviève, dans le 5e arrondissement. La direction a pris cette décision après qu’un employé eut décidé d’exercer son droit de retrait, en vertu d’un moratoire sur le Wi-Fi, adopté en octobre 2007 par le comité d’hygiène et de sécurité.

Magasinier depuis quatre ans dans cet établissement, Gabriel Fondet témoigne : « Les douleurs se sont installées progressivement. Entre les téléphones portables activés, les ordinateurs portables connectés au Wi-Fi, les lampes à fort rayonnement, les antennes-relais de téléphonie à proximité, nous sommes exposés en permanence. » D’autres témoignages lui ont permis de déterminer l’origine de ses troubles. Néanmoins, il reste prudent : « Les autres sources de pollution électromagnétiques sont à prendre aussi en compte. Le Wi-Fi seul n’est peut-être pas responsable de tous les maux », admet M. Fondet.

Le syndicat Supap-FSU et les associations Priartem, Agir pour l’environnement et Robin des toits soutiennent les employés. « Certains avancent que les douleurs seraient psychosomatiques. C’est un argument sans preuve ! Nous n’avons aucune prénotion sur le niveau d’exposition à partir duquel les gens souffrent », explique Stéphane Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement.

Janine Le Calvez, présidente de Priartem, fait le même constat : « Le Wi-Fi a été développé sans aucune étude d’impact sanitaire. Nous sommes passés du déni des effets à l’incertitude. »

Les responsables de l’Association française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) ne partagent pas cet avis. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’éliminer d’autres causes, comme le stress, lié à la présence d’antenne de rayonnement. Scientifiquement, on ne peut accorder foi à la thèse des malaises dus au Wi-Fi. Il n’y a aucun trouble connu à court terme », estime Olivier Merckel, chef de l’unité agent physique.

Face à ces interrogations, la connexion filaire traditionnelle fait son retour comme à la Bibliothèque nationale de France et dans les écoles de Courbevoie (Hauts-de-Seine).

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