[Julie Le Bolzer – Siné Hebdo – n°83 – 07/04/2010 ]
Une requête sur un moteur de recherche laisse une empreinte carbone colossale. Bientôt, on émettra moins de C02 en allant chercher l’info sur place en avion.

Une recherche Google représente 7 grammes de dioxyde de carbone, soit une ampoule allumée pendant une heure. Deux requêtes équivalent à 15 gramme-s de C02, soit l’énergie nécessaire pour porter à ébullition le contenu d’une bouilloire.

Un constat alarmant, fruit d’une étude d’Alex Wissner-Gross, physicien à l’université de Harvard. Selon lui, un seul clic depuis un ordinateur personnel met en branle une foule d’appareils électriques: la demande est acheminée vers un serveur, puis vers un autre, et encore un autre… jusqu’au « data center » final, gigantesque terminal informatique. Au nombre de 45 millions dans le monde, ces « data centers » ont doublé leur consommation électrique en cinq ans, avec une facture énergétique atteignant près de 5 milliards d’euros pour la seule Europe de l’Ouest.

Pour certains, cette voracité énergétique relève de la légende urbaine au vu de la difficulté de calculer l’énergie utilisée par un seul consommateur sur des équipements partagés par des millions d’individus. Un argument qui s’est quelque peu effrité le mois dernier, lorsque le ministre américain de l’Énergie, Steven Chu, déclarait son inquiétude face à « ces centres de données qui consomment 3 % de l’électricité du pays ».

À ce rythme, d’ici deux ans, outre-Atlantique, les « data centers » émettront autant de C02 que la flotte aéronautique américaine. Il sera alors plus écolo de prendre un avion en direction ·de Tahiti plutôt que de faire une recherche sur les tikis (statues et masques tribaux) polynésiens.