[Edimar Soares – Brésil – Juin 2013]
(Texte pris sur le site du « SOIR D’ALGERIE ») :
LE MONDE DU TITTYTAINMENT
Le mot tittytainment a été utilisé pour la première fois par l’idéologue néolibéral Zbigniew Brzezinski en 1995 lors d’une réunion de la Fondation Gorbatchev. Le 27 septembre, la ville de San Francisco a vu affluer 500 personnes qui devaient suggérer une politique globale pour le nouveau siècle.
Parmi les participants, on pouvait compter Mikhaïl Gorbatchev, Margaret Thatcher, George H. W. Bush, Bill Gates et Zbigniew Brzezinsk (conseiller pour la sécurité nationale auprès de Jimmy Carter de 1977 à 1981).
Ce jour-là, la plupart des congressistes à l’hôtel Fairmont sont parvenus à la conclusion suivante : au nouveau millénaire, 20 % de la population active suffira à faire fonctionner l’économie mondiale et 80 % de la population restante sera superflue.
Nos élites, qui se sont donné le droit de réfléchir et de prendre des décisions à notre place, avaient un seul souci : comment empêcher la révolte des 80 % dont le système de production n’a pas besoin ? La réponse qui a été applaudie par nos élites est celle de Brzezinski, sans doute il était le plus brillant, la solution se nommait tittytainment.
Ce terme inventé par Brzezinski est une combinaison des mots tit (sein en argot américain) et entertainment (divertissement). L’évocation du mot sein ne fait pas référence au sexe mais plutôt à l’effet soporifique de l’allaitement maternel sur le bébé. Le concept est un cocktail d’aliments et de divertissement qui endormirait la masse. Pour contenir la populace dans l’aliénation, il fallait non seulement lui donner des hamburgers et des boissons, mais aussi lui donner accès aux établissements de divertissement et de spectacles.
C’est un totalitarisme des temps modernes. Noam Chomsky l’exprime si bien : « La propagande est à la démocratie ce que la matraque est à la dictature. » En réalité, le tittytainment essaye de nous convaincre que la situation sociale et économique que nous vivons est le résultat naturel du développement de l’homme et n’a pas été crée volontairement pour servir l’oligarchie qui en profite actuellement.
Le tittytainment cherche à convaincre l’individu qu’il ne peut rien faire pour changer la situation. Il lui suggère que le mieux à faire c’est se distraire. L’exemple des multinationales de la grande distribution illustre très bien le monde qui se prépare sous nos yeux, s’il n’est pas déjà en place. Le consommateur est en train de tomber dans un sinistre piège. Pour le moment, on lui propose une gamme étendue de produits à moindre coût. Mais une fois les multinationales de la grande distribution auront éliminé le commerce de proximité, un accord sur le partage des territoires sera signé entre les barons.
Quand ils auront le monopole du marché, l’augmentation des marges bénéficiaires sera décrétée et on dira adieu à la qualité autrefois assurée par le commerce de proximité. L’exemple des multinationales de la grande distribution n’est pas unique, le secteur de l’agriculture, des transports, de la fabrication du livre connaissent le même sort.
La destruction programmée des ressources de la classe moyenne rencontrera-t-elle une résistance ou est-ce la fin de la lutte des classes ?
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/05/31/article.php?sid=134875&cid=49
4 août 2013 at 8:50
Le discours publicitaire cherche à convaincre dans le but de vendre, en utilisant un argumentaire (rarement) ou des techniques de manipulation faisant appel à l’émotion et aux pulsions. Quels sont ses effets dans les pays industrialisés? Sur le plan individuel, un conditionnement des pensées et des comportements, ainsi que des dégâts psychologiques par la promotion de contre-valeurs (cf. supra). Dans le meilleur des cas, cela aboutit à un «hédonisme cool et ironique» (D. Quessada), dans le pire, au cynisme, au nihilisme et à la violence (racket, embrasement des banlieues). Sur le plan collectif, le tittytainment, cocktail abrutissant de publicités, d’émissions de variété, de films et de jeux, destiné à tenir tranquilles les masses exclues du circuit économique; la dictature de la mode; l’exploitation du Tiers-Monde, entre autres dans les sweat shops des zones franches, accueillant les usines délocalisées ; la destruction d’emplois (les multinationales étant les seules à avoir les moyens de faire de la pub et ne se donnant aucune mission de création d’emploi, ni même du maintien de celui-ci) ; la marchandisation de la politique ; la surconsommation chez tout le monde, riches, pauvres et classe moyenne, chacun selon ses moyens, le surendettement et la frustration survenant plus vite chez les défavorisés ; enfin, les désastres écologiques présents et à venir, l’épuisement des ressources naturelles dus au modèle occidental de croissance exporté à l’ensemble de la planète.
19 août 2013 at 5:02
Depuis quand « Faire tourner l’économie mondiale » est devenu le sens de la vie ? 42 je veux bien, mais là c’est trop réducteur !
Et qu’en est-il du travail qui peut être effectué dans la recherche ? Dans l’écriture ? Dans la science et la culture ? Bah évidement ça compte pour du beurre… comme toujours… sauf quand il y a de l’argent à la clé… Donc bon puisque c’est ça, il est décrété que « faire tourner l’économie mondiale » est la seule utilité d’un être humain, qui ne peut rien faire d’autre.
25 août 2013 at 7:42
[…] via UNE PHOTO QUI RÉSUME NOTRE SOCIÉTÉ DE « TITTYTAINMENT » | Libertes & In…. […]