Les autorités dites de contrôle ont-elles peur, en France, de découvrir que nos élevages industriels sont farcis de cette bactérie résistante, menaçant les éleveurs de porcs et de volaille en priorité, le reste de la population juste derrière ? Ont-elles peur une fois encore de déstabiliser un marché qui est structurellement en crise ? Ce serait d’autant plus insupportable que l’élevage industriel, si la société n’en vient pas à bout très vite, nous entraînera tôt ou tard dans une catastrophe sanitaire majeure.
[Fabrice Nicolino – 01/12/2009]
On se fout de nous. Ce n’est certes pas une nouvelle bien fracassante, mais elle fera l’affaire. Une sacrée affaire, qui m’éberlue moi-même. Premier temps : un communiqué en français de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA, selon son acronyme anglais). Le texte, daté du 26 novembre 2009 (ici), rend compte d’une enquête européenne portant sur le Sarm, autrement dit le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline. En anglais, le Sarm s’appelle MRSA (Methicillin-Resistant Staphylococcus aureus), qui n’est autre qu’une bactérie, mais ô combien redoutable : le staphylocoque doré. Pour comble, ce dernier est, dans le cas du Sarm, une bactérie mutante, qui résiste désormais à l’antibiotique qui la terrassait jadis, la méthicilline, et de plus en plus à d’autres. Aussi incroyable que cela paraisse, le Sarm aurait tué en 2005, aux États-Unis, près de 19 000 personnes, davantage que le sida (ici).
En avez-vous entendu parler ? J’en doute, pardonnez. Moi, j’ai consacré un morceau de mon livre Bidoche (éditions LLL, oui, c’est de la pub) à cette folle histoire. Pour les humains que nous sommes, l’existence du Sarm n’a rien de réjouissant, car la viande peut être contaminée par une de ces bactéries mutantes et multirésistantes qui rendent encore plus ingérable le dossier des antibiotiques. Aux États-Unis, une coalition d’ONG, Keep Antibiotics Working, s’est penchée avec le plus vif intérêt sur le Sarm. Elle a interrogé à l’été 2007 la Food and Drug Administration (FDA) sur les travaux entrepris au sujet de cette bactérie. Tout de même, 19 000 morts en une année pourraient susciter un peu d’intérêt public. Mais la FDA a bien dû reconnaître qu’elle ne s’était pas encore souciée de ce qui se passe dans les fermes concentrationnaires du pays. C’est d’autant plus dommage que tout converge vers les porcheries industrielles.
En octobre 2007, un article retentissant de la revue Veterinary Microbiology révèle des faits graves. Menée dans 20 porcheries industrielles de l’Ontario (Canada), elle montre que le Sarm est présent dans 45 % d’entre elles. Qu’un porc sur quatre environ est contaminé. Qu’un éleveur sur cinq l’est aussi. Les souches de Sarm retrouvées dans l’Ontario incluent une souche répandue dans les infections humaines par la bactérie au Canada. Et 9 millions de porcs du Canada sont importés chaque année aux États-Unis.
L’Europe n’est pas épargnée. Voyons d’abord les Pays-Bas, terre fertile, du moins en élevages industriels. En décembre 2007, une étude américaine des Centers for Disease Control établit qu’une souche de Sarm jusque-là repérée exclusivement chez les porcs est la même que celle que l’on trouve chez 20 % des humains malades. En Belgique – on se rapproche –, toujours en 2007, un autre travail, commandé par le ministre de la Santé publique Rudy Demotte, indique que, dans près de 68 % des porcheries étudiées, une souche de Sarm est présente chez les animaux. Et cette même bactérie résistante est retrouvée chez 37,6 % des éleveurs de porcs et des membres de leur famille. Or, dans une population sans rapport avec l’industrie porcine, elle n’est que de… 0,4 % !
Et en France, donc, où en sommes-nous ? Nulle part. Que fait-on du côté du ministère de l’Agriculture ? Du côté de ces innombrables agences sanitaires qu’on nous a présentées comme essentielles autant qu’exemplaires ? Du côté de l’Institut de veille sanitaire (InVS) ? De l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) ? Pourquoi aucune étude importante n’est-elle lancée sur les liens entre élevage industriel et développement foudroyant d’une maladie qui tue les hommes ?
Revenons-en au communiqué de l’EFSA, autorité européenne. Le texte français est très édulcoré par rapport au travail en anglais qu’il est censé résumer (ici). Je n’ai pas le temps d’en faire une analyse complète, et je le regrette bien. Le texte anglais commence par exemple comme suit : « Methicillin-resistant Staphylococcus aureus (MRSA) is a major concern for public health ». C’est-à-dire que le Sarm est un problème de santé publique majeur. Or il faut attendre le troisième paragraphe du communiqué français pour lire : « Le SARM représente un problème de santé publique important », ce qui n’est pas la même chose. Important n’est pas majeur.
Et tout est à l’avenant, tricoté, si l’on veut être charitable, pour ne pas affoler le monde. Si l’on veut être charitable, mais l’on n’est pas obligé de l’être. L’étude anglaise pointe ce qu’il faut bien appeler des anomalies. Sur les 24 États membres de l’Union, 7 ne signalent aucun cas de Sarm, ce qui ne se peut. On ne trouve que ce que l’on cherche, et visiblement, on n’a pas cherché. Mais les autres alignent des taux de prévalence étonnamment élevés. Souvent plus de 50 % de présence du Sarm chez les animaux étudiés.
Les autorités dites de contrôle ont-elles peur, en France, de découvrir que nos élevages industriels sont farcis de cette bactérie résistante, menaçant les éleveurs de porcs et de volaille en priorité, le reste de la population juste derrière ? Ont-elles peur une fois encore de déstabiliser un marché qui est structurellement en crise ? Ce serait d’autant plus insupportable que l’élevage industriel, si la société n’en vient pas à bout très vite, nous entraînera tôt ou tard dans une catastrophe sanitaire majeure.
Qu’attend-on ? Le désastre final ? Telle est la question que je me pose. Telle est la question que je vous pose. Pour vous aider à mettre des points sur les i, j’ajouterai que madame Catherine Geslain-Lanéelle est la directrice exécutive de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Qui est-elle ? Un haut-fonctionnaire proche de la gauche qui s’est toujours bien entendu avec la droite. J’ai eu l’occasion, dans un autre livre (Pesticides, révélation sur un scandale français, avec François Veillerette, de détailler son rôle très controversé dans l’affaire de l’insecticide Gaucho, qui tuait les abeilles par millions et milliards. Elle était alors la patronne de la surpuissante Direction générale de l’alimentation (DGAL), place-forte du ministère de l’Agriculture.
En juin passé, le journal Le Monde publiait un article vif sur l’EFSA, pour la raison que cette autorité européenne donne toujours des avis positifs sur la commercialisation des OGM. Titre de l’article en question : « Génétiquement pro-OGM ». Il me semble, il m’a semblé que je devais vous mettre au courant. Car tandis qu’on joue aux imbéciles avec le vaccin contre la grippe porcine, opportunément rebaptisée A, puis H1N1 – ni vu ni connu -, le Sarm se répand inexorablement. La raison m’en paraît limpide. Non ?
http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=728
6 décembre 2009 at 4:29
En effet c’est pas triste . Et dans la me série après avoir vu la série totalement horrifiante des Alimenteurs, version française de Food Inc, sur youtube (http://tinyurl.com/ygoj9gd), j’ai fouiné sur google et trouvé ça, également très réjouissant et pour lequel il n’y a me pas de nom officiel (biotec.ac-dijon.fr/IMG/pdf/ecoli.pdf) mais qui tue en 15 jours aux USA (voir les vidéos)
6 décembre 2009 at 9:36
« Et en France, donc, où en sommes-nous ? »: Vraisemblablement exactement au même point qu’en mai 1986: il n’y-a aucun risque sanitaire… (voire pire parce que pour Tchernobyl les contaminations ont été éparses et irrégulières; pour la bouffe, c’est une toute autre paire de manche.)
« Ce serait d’autant plus insupportable que l’élevage industriel, si la société n’en vient pas à bout très vite, nous entraînera tôt ou tard dans une catastrophe sanitaire majeure. »: c’est le but recherché, ce qui transpire depuis un paquet d’années des « réflexions » du groupe Bilderberg: « il faut réduire la population mondiale » (et cela avait déjà commencé à se voir lorsqu’Indira Gandhi avait autorisé, sans bien entendu prévenir la population, le déversement d’anti-conceptionnels dans les puits et autre sources d’approvisonnement en eau.)
Mais plus prosaïquement, et vu que la vision à long terme de nos politiques s’arrête à la date de leur prochaine réélection, une incurie, parce que dire la vérité serait dangereux (et puis, quand on a les moyens d’éviter la viande de batterie, où est le problème?…)
« Qu’attend-on ? Le désastre final? »: comme d’habitude, il n’y-a qu’à regarder comment ont été « financées » les aides à la sortie de crise: par l’emprunt, et maintenant par une kyrielle de taxes qui seront payées par le con-tribuable, ses enfants, ses petits enfants, voir même beaucoup plus loin dans le temps vu que la sortie de crise est très loin d’être mondiale et effective – en plus ça va devenir de plus en plus dur parce que les étudiants de haut niveau reviennent de moins en moins chez eux, et même si certains étrangers viennent « boucher les trous », ils vont vite comprendre (vive le net!) qu’ils peuvent gagner beaucoup plus ne serais-ce qu’en traversant la manche (et je ne parle pas que d’argent)… Mais si ça prend trop de temps, j’ai un ptit site en projet histoire de les aider à faire les bons choix.
Et lorsqu’ils veulent revenir, ils tombent souvent sur une fin de non-recevoir (http://www.marianne2.fr/Mais-ou-sont-passes-les-cerveaux-francais_a176283.html)
Evidemment, « il n’existe aucune étude sérieuse », on n’a jamais aimé les vérités qui fâchent dans ce pays.
De toute façon, ici c’est la norme depuis plus de 50 ans: on voit le virage se rapprocher, le mur qui est en face, et on accélère encore plus en se disant que soit cela passera en dérapage, soit ce sera le problème de ceux qui suivent – n’importe quel pilote vous dira qu’à ce tarif ça ne peut finir que d’une seule manière.
Sans compter les intérêts financiers qu’il faut ménager (ben oui, en cas de non-réelection où est-ce que le nain de jardin va aller faire ses conférences à €10,000 pièce s’il commence à cracher dans la soupe des copains?)
Alors la santé publique hein, qui s’en soucie? (d’ailleurs ça serait bien une petite enquête sur les vaccinations des membres du gouvernement, juste histoire de voir s’ils ont fait comme les Allemands: pas d’adjuvants pour les dirigeants…)
Et tu peux en rajouter une couche!
Le problème est aussi inquiétant et exactement dans la même veine: les antibiotiques utilisés dans l’élevage de volaille commence à faire de gros dégats (http://www.thepoultrysite.com/poultrynews/18494/new-look-at-poultry-antibiotic-resistance-link and http://www.peta.org/MC/factsheet_display.asp?ID=99) et ça risque de faire encore plus de dégats que le porc, vu que beaucoup de gens se sont rabattus sur la volaille après la vache folle (qui, officiellement, n’existe pas aux USA…)
Il existe des pays qui ont commencé à comprendre depuis une dizaine d’années (http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/436445.stm), mais ici c’est l’omerta.
7 décembre 2009 at 10:38
Très étrangement d’ailleurs on nous bassine avec la « grippe A » sans jamais se poser la question de son origine; se renseigner sur le foyer d’origine au Mexique ni si elle était présente dans d’autres élevages ailleurs dans le monde… Ce n’est peut être pas un virus fabriqué et inoculé par l’homme mais ce silence et cet extension du virus au monde entier à partir d’un seul endroit semble plus que louche en l’absence de données de base: comment s’est -il transformé en mélange Homme-Aviaire-Porc en si peu de temps (peu de temps sinon des souches semblable seraient apparue pas loin au fil du temps)Et pourquoi en un seul endroit ? Si certains ont des infos sur une éventuelle enquête des autorité sanitaires du Mexique ou de l’OMS sur les lieux et leurs conclusions Merci ..
7 décembre 2009 at 1:24
Ce « Sarm » met en déroute nos antibiotique et toute notre médecine chimique.
Il existe des traitementts contre le sarm, peu chers et redoutablement efficaces.
Les phages et bactériophages. Médecine vivante, pas facilement brevetable, et totalement rejetée en Occident.
Il n’y a pas que l’industrie qui est malade, la science également.
9 décembre 2009 at 10:54
@yann « …ni si elle était présente dans d’autres élevages ailleurs dans le monde »: C’est juste une question de bon sens: une mutation s’effectue dans un seul endroit; c’est si la même mutation apparaissait au même moment dans différents endroits qu’il faudrait se poser des questions.
« Ce n’est peut être pas un virus fabriqué et inoculé par l’homme »: Ca, rien ne permet de pouvoir ni l’affirmer, ni l’infirmer.
« …cet extension du virus au monde entier à partir d’un seul endroit semble plus que louche… »: Non, il faut penser temps d’incubation X possibilités de déplacement X déplacements. Plus l’incubation est longue (et le virus facilement contaminant) plus les risques de le retrouver dans le monde entier est élevé (d’ailleurs, c’est zarb: personne ne parle de la vraie épidémie qui sévit en Ukraine en ce moment – il faut dire qu’avec les chiens écrasés et les recettes de Noël la presse française doit-être singulièrement débordée.)
« comment s’est -il transformé en mélange Homme-Aviaire-Porc en si peu de temps »: Tu mélanges tout: l’aviaire c’est la souche H5N1, la cochonne c’est H1N1 – par ailleurs la physiologie du porc est très proche de celle des humains et cela ne serait pas la première fois qu’un virus sauterait la barrière (bien ténue dans ce cas là) des espèces.
« …infos sur une éventuelle enquête des autorité sanitaires du Mexique ou de l’OMS… »: je doute que le Mexique ait une grande envie de communiquer là dessus, quant’à l’oms, si tu crois encore ce que ses porte-paroles peuvent raconter, autant lire les compte-rendus d’assemblées des grosses firmes pharmaceutiques, ça ira plus vite…
@cfde « Les phages et bactériophages. »: Vi, en ces temps de refroidissement on a d’abord le chaud-phage; et puis, spécifiquement français celui-là, le sarco-phage.
Ok –>[]
9 février 2010 at 2:20
à cfde dit:rr
il existe des traitements contre SARM dites vous? je suis preneuse
depuis le 18 novembre ma fille se bat contre cette « saloperie », il s est logé dans le genou et j ai des doutes quand à la possibilté qu elle puisse remarcher.