Faut-il brûler Wikipédia ?
[Le Monde – 15/03/2008]
Les critiques pleuvent sur Wikipédia tandis que son audience s’accroît. Quelque 625 000 articles sont désormais disponibles en français, rédigés par 360 000 volontaires (par comparaison, l’Encyclopædia Universalis propose 30 000 entrées). Ailleurs dans le monde, la popularité de Wikipédia ne se dément pas non plus. Chaque mois, ce sont 220 millions de visiteurs uniques qui s’y réfèrent, dans 250 langues, amendant, s’il le faut, les 9 millions de notices existantes.
Chacun peut apporter son écot à cette utopie raisonnée, sous l’oeil vigilant de tous : tel est son principe fondateur. Avec la conviction que la lumière jaillira de cette aventure collaborative, plus sûrement que d’un débat entre experts. Le succès est là, de plus en plus dérangeant. C’est vers Wikipédia que pointent tous les moteurs de recherche – Google, Yahoo!… – souvent comme premier choix. Faut-il s’en inquiéter ou s’y résoudre ? Faut-il brûler Wikipédia ou au contraire tenter d’en tirer parti ?
Décontenancés, les lettrés s’alarment pour la science et la raison. L’Institut national de recherche pédagogique a recensé vingt-deux motifs de se méfier de Wikipédia, parmi lesquels : »Les contributeurs sont au mieux des amateurs, au pire des perturbateurs. » « Les sources sont rarement indiquées, le contenu n’est pas vérifiable. »
Des sites exclusivement voués à la dénonciation de Wikipédia ont vu le jour : wikipedia-watch.org aux Etats-Unis, wikipedia.un.mythe.org en France. A en croire ce dernier, Wikipédia est « un projet anarchiste (…) entre les mains d’un gang ». A peine plus mesuré, l’écrivain et journaliste Pierre Assouline parle dans la revue Le Débat de « démagogie ambiante, qui consiste à dire aux gens : « Vous êtes des encyclopédistes si vous le voulez. » »
Les inventeurs de Wikipédia se moquent des critiques, ils croient en leur mission. C’est ce que ne cesse de répéter son cofondateur (en 2001), l’Américain Jimmy Wales : « Imaginez un monde où chaque individu peut accéder gratuitement à la totalité des connaissances de l’humanité. C’est ce que nous voulons faire. »
Ces accents prophétiques indisposent les savants. Ils maudissent ces électrons libres qui croient au darwinisme intellectuel plus qu’aux savoirs établis et ne respectent même pas le b.a.-ba du métier. »N’hésitez pas à être audacieux », recommande Wikipédia à ses contributeurs. « Tout n’a pas à être parfait du premier coup » (puisque les articles que les internautes rédigent sont modifiables). On n’avait pas connu une telle mobilisation, une telle émotion du monde instruit depuis L’Encyclopédiede D’Alembert et Diderot (1772), accusée elle aussi de déposséder les « maîtres » de leur pouvoir. Ce parallèle invite à la prudence et au pragmatisme, plutôt qu’à la défense d’une corporation. Wikipédia est-elle fiable ? C’est pour l’internaute la seule question qui compte.
Contrairement à une idée répandue, la réponse est plutôt oui. Une étude de la revue Nature l’a comparée en 2005 à l’Encyclopædia Britannica. Sur quarante-deux sujets scientifiques retenus, Wikipédia avait commis 162 erreurs ou omissions, la Britannica 123.
En décembre 2007, Wikipédia a marqué un nouveau point contre ses détracteurs. Le magazine allemand Stern a publié les résultats d’une enquête portant sur cinquante articles piochés au hasard dans Wikipédia, version allemande, et dans l’édition en ligne de l’encyclopédie Brockhaus, dont l’accès est payant. Exactitude, clarté, exhaustivité, actualisation : le cabinet indépendant chargé de l’enquête a tout passé au crible. Dans 43 cas sur 50, Wikipédia l’a emporté.
Une étude du Massachusetts Institute of Technology (MIT) confirme ce résultat. Elle montre qu’une obscénité introduite intentionnellement dans Wikipédia est « nettoyée » en moins de deux minutes par les wikipédiens. Ce qui ne veut pas dire que toutes les erreurs ou malveillances qui y figurent disparaissent aussi vite. En général, l’internaute de passage a intérêt à se méfier des articles récents, les moins retravaillés.
Wikipédia mène une guerre sans merci contre les provocateurs, les vandales et autres perturbateurs, qu’elle appelle les trolls. Un combat toujours recommencé dont sont chargés, chacun avec un rôle précis, les cadres bénévoles de Wikipédia, « administrateurs », « arbitres », « patrouilleurs » et « wikipompiers ». Injures, manipulations, publicités déguisées, propagande… rien n’est censé leur échapper. Les utilisateurs eux-mêmes sont invités à dénoncer ces hérésies, pour correction immédiate. Ici des liens politiques ajoutés, en pleine campagne municipale, à l’article sur Troyes. Là, dans la notice sur le hockey sur glace, « des modifications qui apparaîtront sensées au lecteur non averti ». Ailleurs des « blagues adolescentes ». La faute est souvent bénigne et involontaire, quelquefois révoltante et délibérée.
Au fur et à mesure que sa popularité augmentait, Wikipédia s’est dotée de règles plus strictes, d’outils de contrôle plus performants. Des articles ont été « gelés » par la Wikimedia Foundation, la tête de pont de la cyberencyclopédie en Floride : Hitler, Bush… Ils aimantaient trop les trolls.
Mieux, un WikiScanner permet aujourd’hui de repérer quel ordinateur a opéré une modification, donc à quelles fins. Wikipédia s’est ainsi aperçu qu’un employé de la municipalité de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) avait effacé de l’article consacré au maire, Patrick Balkany (UMP), certaines données désobligeantes.
Sous le feu des critiques et de la concurrence, Wikipédia évolue. Des projets d’encyclopédies contributives et gratuites voient le jour, dont les auteurs, à la différence de ceux de Wikipédia, sont des spécialistes dûment identifiés : Citizendium et Knol (Google), par exemple, aux Etats-Unis. Attentive à cette concurrence, la présidente de la Wikimedia Foundation, une agronome de 39 ans, la Française Florence Devouard, a annoncé que bientôt certains articles, considérés comme sûrs, ne seront plus modifiables.
La bataille continue pourtant de faire rage entre ceux qui accusent Wikipédia d’encourager les élèves et les étudiants à « copier-coller » et ceux qui saluent dans Wikipédia l’émergence d’une nouvelle écologie de la connaissance, à laquelle il vaut mieux préparer les jeunes générations plutôt que de diaboliser son succès.
20 mars 2008 at 12:48
L’étude de « Nature » sur wikipedia n’a jamais été probante : seuls 42 articles examinés, sur un total de plus d’un million . Uniquement en sciences exactes Or ça n’est pas en maths et ne physique que l’on rencontre les problèmes sur wikipedia, car ces articles n’ont pu être écrits que par des spécialistes. Mais en revanche dans tous les autres domaines non examinés , tous, comportent des articles qui posent des problèmes divers : articles vides, nuls, mal écrits, faux, où se rencontrent inexactitudes, propagande et interprétations fantaisistes .
Le protocole adopté n’est pas sérieux : des articles de Britannica ont éété coupés pur les ramener à la longueur de ceux de wikipedia, du coup, incomplets, ils ont été taxés d’erreurs. Les évaluateurs tenus secrets, leurs rapports aussi etc.
voir « L’étude comparative de Nature ne prouve rien et n’a rien prouvé, hormis service rendu à wikipedia. » http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com/article-6213952.htmlhttp://wikipedia.un.mythe.over-blog.com/article-6213952.html
= blog dont l’adresse citée par le Monde est fausse ; de même que la citation , également fausse
voir : « controverses au sujet de wikipedia : un article du Monde » http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com/article-17731858.html ; et :
« à propos de l’article du Monde sur wikipedia » http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com/article-17879943.html
Cet article du Monde est fort approximatif.
20 mars 2008 at 2:22
je partage l’avis de tonton Hégésippe Corniaud du chapeau !
20 mars 2008 at 3:31
Tiens, ya un nid à trolls dans les commentaires…
20 mars 2008 at 4:12
Le lien à l’article concernant l’étude de Nature est mal cité : ” http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com/article-6213952.html
Ensuite en ce qui concerne l’étude allemande : qu’est-ce qu’un cabinet d’évaluation ? De qui est-il composé ? A-t-on affaire au même genre de procédé d’évaluation que pour les Universités ? Qui évalue ? comment ?
Aussi longtemps que les protocoles ne sont pas connus on ne peut s’appuyer sur de telles études pour les déclarer probantes. Surtout si on lit soi-même wikipedia et que l’on juge par soi-même. Là on découvre que contrairement à ce que dit la publicité de wikipedia sur elle-même les “administrateurs” et autres “patrouilleurs”, s’ils peuvent repérer sans difficulté les mots grossiers et un certain vocabulaire susceptible de représenter injures et diffamations (vocabulaire sexuel et politique pré-répertorié par des logiciels qui font le travail tout seuls et éliminent ces interventions destructrices) ne sont en revanche absolument pas capables de repérer et encore moins d’éliminer par conséquent manipulations et propagande qui demande un jugement, d’une personne, ayant la culture et les compétences pour cela. Travail qu’aucun logiciel ne fera jamais. Travail à la fois trop immense pour être assuré par les administrateurs, déjà, qui de plus n’en n’ont absolument pas les compétences et qui, enfin, disent explicitement que ça n’est pas leur rôle de rectifier les contenus.
Le mythe du contrôle de contenu par les responsables, incompétents, et qui n’ont surtout pas cette fonction, décidemment , a la vie dure. Il n’est néanmoins qu’un mythe.
Sur wikipedia personne n’a qualité pour contrôler le contenu. Celui-ci s’établit au gré de rapports de forces, avec des bagarres homériques et des exclusions, généralement des plus compétents, car ce sont eux qui savent éliminer erreurs ert propagande et de ce fait se font mal voir car ils sont vécus comme des empêcheurs de tourner en rond par des participants à qui ils cassent le plaisir de pouvoir écrire, non ce qui est établi comme vrai, mais ce qu’ils croient, ce qui leur convient, ce qu’ils veulent.
La communauté wikipedienne n’est pas une communauté savante tenue par des règles d’exactitude, de vérification de la vérité, de comparaisons de thèses divergentes, de référencement etc. C’est une communauté où les présents , (une poignée d’individus sur chaque sujet), décident au consensus de quelle version sera retenue.
Et le premier consensus qui les lie est de virer les érudits car ils gênent leurs échangent entre eux. Ensuite de virer les auteurs, chercheurs, universitaires, créateurs, artistes, car ils viennent sur wikipedia se faire leur propre publicité , pensent-ils (c’est comme ça qu’ils pensent) . Enfin de refléter l’opinion, car la vérité n’existe pas.
Donc ils cherchent entre eux des compromis entre différentes opinions. Si l’opinion qui l’emporte à un moment donné est que le régime de Pétain fut favorable aux juifs, ou que Dreyfus était coupable, ou que la révolution français ne fut qu’une entreprise de terroristes, ou que les droits de l’homme sont une référence inutile et aléatoire, c’est cela qui sera écrit sur wikipedia.
Du reste tout cela a été écrit sur wikipedia, qui aujourd’hui encore fait l’apologie des mollahs iraniens dans l’article sur les droits de l’homme en Iran , qui considère qu’entre les droits de l’homme et la charia c’est à celle-ci qu’il faut donner la primauté quand il s’agit d’un article ayant quelque rapport avec l’islam, qu’entre les sciences et les pseudo-sciences on ne choisit chacune a droit à sa place, pas plus qu’on ne choisit entre les idées fascistes ou celles qu’y s’y opposent. Il ne faut jamais se mettre en contradiction avec l’opinion commune, et il faut savoir la reproduire : c’est ce qu’ils appellent la « neutralité »
etc. etc. La liste des anomalies de ce qu’accepte une supposée “encyclopédie ” est trop longue pour pouvoir être faite. Mais les principes de fonctionnement, leurs résultats, les personnes qui composent la communauté wikipédienne, leurs règles, leurs moeurs, leurs manières de procéder, permettent toutefois de se faire un avis assez précis.
20 mars 2008 at 5:11
Ce type de critique de wikipedia n’est pas tout à fait nouveau. En 2005 on trouvait : Le web comme hégémonie de l’amateurisme, ou Wikipedia sous les feux croisés : http://blog.le-miklos.eu/?p=196 ,
qui cite Nicolas Carr : « Nicholas G. Carr analyse les valeurs New Age que le Web nouvelle génération – celui de l’« intelligence collective » symbolisée par Wikipedia et les blogs – représente: « participation, collectivisme, communautés virtuelles, amateurisme », avec, comme corrélats, « superficialité, préférence des humeurs aux faits, écholalie, encouragement à l’extrémisme idéologique et au communautarisme ».
Valeurs new-age avec la naissance d’une communauté aux caractères sectaires, cela est déjà assez critique.
l’article de Nicolas Carr qui développe ce thème et parle de « culture de l’amateur » à propos de wikipedia : http://www.roughtype.com/archives/2005/10/the_amorality_o.php
La Wikipedia au Kärcher : http://blog.le-miklos.eu/?p=259 ; etc. etc.
N. Carr que je cite dans l’article sur Nature, précisément : http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com/article-6213952.html
: Il dénonce le fait que « les promoteurs du web 2 vénèrent l’amateur et suspectent le professionnel » .
La blogosphère qui se présente comme une alternative aux media traditionnels renforce plutôt qu’ils ne compensnet les tendances aux extrémismes idéologiques .
Ce que j’ai également remarqué en observant la wikipedia en français.
20 mars 2008 at 5:25
Ce type de critique de wikipedia n’est, du reste, pas tout à fait nouveau.
En 2005 on trouvait par exemple : « Le web comme hégémonie de l’amateurisme, ou Wikipedia sous les feux croisés » : http://blog.le-miklos.eu/?p=196 ,
Article qui cite Nicolas Carr : « Nicholas G. Carr analyse les valeurs New Age que le Web nouvelle génération – celui de l’« intelligence collective » symbolisée par Wikipedia et les blogs – représente: « participation, collectivisme, communautés virtuelles, amateurisme », avec, comme corrélats, « superficialité, préférence des humeurs aux faits, écholalie, encouragement à l’extrémisme idéologique et au communautarisme ».
Valeurs new-age avec la naissance d’une communauté aux caractères sectaires, cela est déjà assez critique, semble-t-il.
L’article de Nicolas Carr qui développe ce thème et parle de « culture de l’amateur » à propos de wikipedia peut se trouver ici : http://www.roughtype.com/archives/2005/10/the_amorality_o.php
N. Carr que je cite dans l’article sur « Nature », précisément : http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com/article-6213952.html
: Il dénonce le fait que « les promoteurs du web 2 vénèrent l’amateur et suspectent le professionnel » .
La blogosphère qui se présente comme une alternative aux media traditionnels renforce plutôt qu’ils ne compensent les tendances aux extrémismes idéologiques .
Ce que j’ai également remarqué en observant la wikipedia en français.
En 2005 également ceci : « La Wikipedia au Kärcher » : http://blog.le-miklos.eu/?p=259 ; etc. etc.
Sans compter les nombreuses études d’universitaires, de chercheurs qui s’occupent d’étudier les productions et effets d’internet, et de Google et wikipedia en particulier, d’universités qui conseillent les étudiants en leur donnant les critères de recherches sur le net, susceptibles de les aider à estimer la fiabilité des sources.
Tous critères qui excluent clairement wikipedia.
J’ai recensé et cité les références à ces divers travaux : dans une série d’articles « de sévères critiques » et en mettant en ligne des études de plusieurs universités.
par exemple http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com/article-4662213.html
Excusez la longueur de mon message, mais il y a tant à dire pour rectifier quelques erreurs .
25 mars 2008 at 9:52
Ce site est aussi fiable que google…
Exemple : cherchez sur l’un ou sur l’autre une page relatant les frasques de Pierre Sarkozy dans le XVIième il y a quelques années. Vous ne trouverez rien mais alors rien de rien, les ciseaux d’Anastie sont passés par là.
9 avril 2008 at 5:20
Je suis étonné de lire les résultats de l’expérience de Stern. Je module : je suppose que la WP allemande est plus méthodique et exhaustive que la française (il en va de même de l’anglaise). Il suffit de voir ce sur quoi je tombe régulièrement pour constater que les résultats aléatoires sont bien différents. En ce qui concerne le fond, j’ai aussi tenté de voir combien d’articles, sur le plus de 600.000 qu’annonce la WP française, sont qualifié d’ébauche, de traduction… combien ne le sont pas mais n’ont rien d’encyclopédique (eg: entrées d’une phrase sur un hameau du Haut Tyrol).
Quant à la réponse régulière « il te suffit de modifier l’article… » : quand je consulte une encyclopédie, ce n’est pas pour y trouver des fautes sur un sujet que je connais mieux et la corriger, c’est pour apprendre quelque chose que je ne connais pas ; si je tombe – par les hasards de la consultation – sur un nombre important de sujets lacunaires ou erronnés, n’est-il pas normal que j’en choisisse une autre…?
13 avril 2008 at 11:17
Stern approuve wikipedia, c’est la gloire ! A quand le tour de la presse de caniveau française pour notre chère wikipedia.fr ? Vous admettrez que pour une validation, c’est fiable !