Colin Powell



[Revue de la Défense Nationale  – Bernard Nortain – 7/11/2011]

Peter Dale Scott : La Route vers le nouveau désordre mondial (50 ans d’ambitions secrètes des États-Unis) ; Éditions Demi Lune, collection Résistances, 2010 ; 509 pages.

Voilà un livre passionnant, décapant, on pourrait dire terrifiant en ce qu’il dévoile au lecteur, pourtant averti, les dérives et les pratiques mafieuses d’une démocratie emblématique, miroir de nos sociétés.

La thèse de l’auteur est, en gros, que la perte progressive de contrôle sur les décisions politiques majeures aux États-Unis a fait que le pouvoir a été confisqué de façon occulte, non démocratique, par des groupes de pression et que cette situation a totalement perverti le système politique américain et a notamment conduit au drame du 11 septembre 2001.

L’immense mérite de cet ouvrage est de s’appuyer sur un appareil de notes et de références, une bibliographie — près de 150 pages au total — très complètes et variées qui viennent étayer pas à pas la démonstration de l’auteur.

Partant d’une réflexion sur les États-Unis où les inégalités sociales, la faiblesse de la société civile au niveau fédéral, la puissance des intérêts particuliers, l’auteur, qui n’est pas particulièrement un néo-conservateur, mais plutôt un libéral, tendance gauche, dresse un tableau saisissant de ce qu’il appelle l’État profond. Il décompose le processus historique où les pouvoirs secrets verticaux se sont emparés de la conduite de l’action publique, et où la prise de décision politique à huis clos accorde la priorité à la sécurité et à la préservation d’intérêts privés particulièrement ceux des exportateurs d’armements et des firmes pétrolières.

Son analyse est particulièrement pertinente et convaincante dans sa description de la politique du trio Nixon-Kissinger-Rockefeller, censée contrer les progressistes et qui a conduit à renforcer les mouvements réactionnaires islamistes, mais aussi à soutenir les intérêts des pétroliers. Il met en évidence le rôle de Nixon ou plutôt sa paranoïa dans la dégradation du processus bureaucratique et démocratique de mise en œuvre de la politique et dans l’amplification du pouvoir secret. En passant il faut noter une analyse intéressante du Watergate.

À ce stade apparaît le couple diabolique, aux yeux de l’auteur, Cheney-Rumsfeld et son implication dans la planification du projet ultrasecret de Continuité du Gouvernement (COG) qui cacherait, selon l’auteur, un programme de prise de pouvoir illégal et dont il traite longuement à propos du déroulement des événements du 11 septembre pour expliquer certaines incohérences dans la version officielle. (suite…)


Finalement, les Talibans, le Hizbollah et les Néo-cons U.S. ne sont pas si éloignés les uns des autres… chacun se croit mandaté par dieu.

[GQ Magazine – 7/05/2009]

Chaque jour, à la Maison Blanche, le Secrétaire d’Etat est chargé de faire une présentation de la situation internationale, sur la base des différents rapports obtenus par les services secrets. Cette synthèse « top-secret » est lue par le Président et son équipe et sert de base aux décisions stratégiques.

En 2003, dans les semaines qui ont précédé l’invasion U.S. en Irak, le Secrétaire d’Etat Donald Rumsfeld avait pris l’habitude de décorer les couvertures de ces rapports de belles photos montrant des soldats U.S. sous des citations « inspirationnelles » de la Bible. Tant G.W. Bush que Condoleeza Rice ont adoré…

Le magazine olé-olé « GQ » a réussi à obtenir quelque unes de ces couvertures. Toutes exhaltent la même idéologie : « Dieu est avec nous, les chrétiens et nous allons écraser les musulmans ». Dans les années 40, sur les boucles de ceinturons des soldats allemands, on pouvait lire plus prosaïquement : « Gott Mit Uns »

Ci-dessous quelques exemples :

« >

http://men.style.com/gq/features/topsecret


[Technology Review – 24/03/2008 – Trad. Grégoire Seither]

S’il ya une leçon à tirer des mésaventures qui ont forcé à la démission le gouverneur de New York, Eliot Spitzer (hormis la plus évidente), c’est ceci: les banques surveillent avec attention la moindre de vos transactions. . . et si elles trouvent quelque chose qui leur paraît pas net, elles vont commencer par appeler le FBI, avant de vous en parler.

Dans le cas de Spitzer, si on en croit la presse, ce sont trois petits virements de 5 000 dollars chacun qui ont déclenché l’alarme. Bon, le fait qu’il s’agissait d’une figure politique a contribué à rendre la banque plus vigilante. Mais même les transactions banquaires les plus banales de citoyens ordinaires sont soumises à ce type de contrôle informatisé.

«Toutes les grandes banques utilisent ces logiciels», explique Pete Balint, co-fondateur du Dominion Advisory Groupe, qui aide les banques à développer des stratégies de lutte contre le blanchiment et la fraude. « En fonction de leur volume, ils peuvent recevoir des milliers de messages d’alerte chaque mois. »

La plupart des systèmes suivent des règles assez simples, recherchant des anomalies dans le fonctionnement du compte et déclenchant des alertes qui entraînent une surveillance renforcée. L’éditeur informatique Metavante affirme, par exemple, que son logiciel contient plus de 70 règles de  « bonnes pratiques », couvrant une large variété de transactions allant des dépôts et retraits de liquide à l’achat de contrats d’assurance vie. (. . . )

La façon la plus simple d’identifier un mouvements de fonds suspect est un changement de routine. Par exemple, une personne qui dépose juste deux chèques de paie par mois pendant deux ans, se fera répérer si elle dépose soudain 6 grosses sommes d’argent en 15 jours . . .

La plupart des logiciels sophistiqués sont capables de classer les comptes en plusieurs catégories : un compte client pourra être comparé à celui d’autres membres du corps enseignant, ou bien aux personnes qui effectuent toutes leurs transactions au guichet de la même agence… ou encore comparer les revenus de cette personne à ceux de personnes ayant des revenus stables, par exemple des retraîtés ou des fonctionnaires. Certaines catégories sociales ont des comportement banquiers et fiscaux similaires. Si l’un d’eux s’écarte des chemins battus, il devient suspect.

http://www.technologyreview.com/Infotech/20435/?nlid=947&a=f


Le journal français « Le Monde » s’est récemment fait  l’écho d’un rapport de l’AIEA qui contiendrait des preuves que l’Iran a poursuivi son projet de nucléaire militaire après 2003. Mais le journal oublie de mentionner la source des informations de ce rapport. En effet, comme l’ont montré les services secrets U.S. et allemands, l’ordinateur portable qui contenait soi-disant les preuves du programme militaire nucléaire iranien a été fourni par un groupe paramilitaire iranien collaborant avec la CIA et le Pentagone.

[Gareth Porter – IPS Washington – 29/02/2008 – Trad. Grégoire Seither]

L’Administration Bush s’est longtemps appuyé sur « des documents trouvés sur un ordinateur portable » — 1 000 pages de documents techniques prétendument volés sur un ordinateur portable iranien — comme preuves de la volonté iranienne de se doter de l’arme nucléaire. Aujourd’hui les questions et accusations relatives à ces documents sont les seuls obstacles restants à une reconnaissance par l’Agence Internationale de l’énergie atomique (AIEA) que l’Iran a répondu à toutes les questions concernant son programme nucléaire.

Mais ces documents ont été considérés dès leur « découverte » avec beaucoup de suspicion tant par les services secrets U.S. que étrangers. En novembre 2004, les services secrets allemands ont identifié la source de ces documents comme étant l’organisation politico-militaire Mujahideen e Khalq (MEK), bras armé du Conseil National de la Résistance en Iran (CNRI). Ces deux organisations sont inscrites sur la liste des organisations terroristes du Département d’Etat U.S. mais collaborent néanmoins étroitement avec le Pentagone et la CIA, notamment via des bases en Irak. Le MEK avait combattu aux côtés des soldats de Saddam Hussein lors de la guerre Iran-Irak.

[Note de L&I : Le MEK mène depuis deux ans une campagne médiatique pour être retiré de la liste des organisations terroristes, s’appuyant sur un jugement rendu en Grande-Bretagne. Récemment encore il a publié des pleines pages de publicité en ce sens dans les principaux quotidiens européens. Le MEK et le CNRI utilisent par ailleurs une multitude d’organisations paravent pour mener des opérations de propagande et de manipulation, en vue de préparer l’opinion à une action militaire américano-israélienne contre l’Iran. En Iran, les militants armés du MEK lançent des attaques contre l’armée et la police et mènent des opérations d’espionnage au profit de la CIA et du Pentagone.]

Par ailleurs, selons certaines sources, le MEK aurait obtenu ces documents non pas, comme il le prétend, d’une source iranienne, mais de la part du Mossad, le service secret israélien. (suite…)


[Gregoire Seither – IES News Service – 02/03/2008]

Alors que le prix du baril de pétrole s’installe au dessus des $100 et que, pour la première fois depuis la Grande Dépression, des millions d’Américains doivent rembourser des crédits immobilers dont le montant est devenu supérieur à la valeur de la maison qu’ils ont achetée; alors que le marché du « subprime » n’en finit pas de dégringoler, faisant trembler les marchés et que la prochaine crise financière s’annonce déjà, sous la forme de la défaillance du marché de l’assurance crédit ( credit-default swap market ); alors que la « stagnation – inflation » ( stagflation ) refait son apparition et que le chomage est à nouveau en augmentation; alors que la presse n’hésite plus à utiliser le mot tabou commençant par « R » (comme récession) et que, au fond des têtes le mot honni, commençant par « D » commence à s’agiter… et enfin, alors qu’approche le cinquième anniversaire de « sa » guerre en Irak, le Président des Etats-unis découvre soudain l’économie en temps de guerre.

Interviewés sur la chaîne NBC , George W. Bush and Laura Bush furent pris de court quand la journaliste Ann Curry aborda soudain la guerre en Irak. Elle rappela que la femme du Président avait déclaré un jour, « Personne ne souffre autant que le président. J’espère que les Américains ont conscience du fardeau de soucis que le président doit porter chaque jour, et de son angoisse quotidienne pour le bien-être de nos soldats. » George Bush s’est alors saisi du micro :

« Bush: Exactement, et comme les gens commencent à le voir, l’Irak est entrain de changer, la démocratie est entrain d’y prendre pied. Je suis convaincu que, dans 50 ans, les gens regarderont en arrière et dirons « Dieu merci, il avait alors des gens qui étaient prêts à se sacrifier pour cet idéal« .

« Curry: Mais ce que vous dites c’est que c’est vous qui portez le fardeau, qui souffrez… Certains américains pensent qu’eux aussi portent le fardeau, à cause de cette situation économique.

« Bush: Oui, et bien —

« Curry: Ils disent qu’ils souffrent, à cause de cette situation.

« Bush: Je ne suis pas d’accord.

« Curry: Vous n’êtes pas d’accord avec quoi ? Que la guerre n’a pas d’influence sur l’économie ? Que les dépenses militaires ne rognent pas les autres budgets ?

« Bush: Non, je pense que ce n’est pas le cas. En fait, je pense que les dépenses militaires aident à créer des emplois.

« Curry: Ah oui ?

« Bush: Oui, parce que nous achetons de l’équipement et que cela donne du travail aux gens. Ce n’est pas la guerre qui a fait du mal à cette économie, c’est le fait que nous avons construit trop de maisons. »

En d’autres termes, après cinq ans de guerre sans fin, le Président des Etats-unis a trouvé la solutions aux crises économiques : construire moins de maisons mais édifier plus de bases, militaires, acheter plus d’armements et envahir plus de pays.

Malgré le désastre militaire et économique, George W. Bush n’a donc renoncé en rien à ses politiques : depuis son élection en 2000, le budget « officiel » du Pentagone a augmenté de plus de 60%  – passant de 316 milliards à 507 milliards. Depuis l’invasion de l’Irak, le budget du Pentagone a été augmenté de 30%.

Et pourtant, malgré les rallonges budgétaires à répétition pour les troupes en Afghanistan et en Irak, malgré une augmentation de plus de 1 000 % (de 17 milliards à 189 milliards) des budgets pour les opérations de guerre … malgré cet effort militaire et financier sans équivalent depuis la deuxième guerre mondiale, l’état major de l’Armée U.S. se trouve – selon ses propres mots –  dans une situation de quasi-faillite, manquant partout de troupes et de moyens en quantité suffisantes.


[Huffington Post 14 Nov 2007]

Elizabeth Holtzman : Au-delà la nomination de Mukasey, se profile la responsabilité pénale de la Maison Blanche

En 1988, Ronald Reagan avait nommé Robert Bork à la Cour Suprême, déclenchant une féroce dispute politique autour des positions ultra réactionnaires de ce juriste conservateur. Bork avait fini par jeter l’éponge et démissionner de son poste.

La même chose va t’il arriver à Michael Mukasey, candidat proposé par Bush au poste de Procureur général, et dont les déclarations évasives sur la question de la torture et de sa définition ont choqué bon nombre de juristes et constitutionalistes aux Etats-unis ?

Mais quel que soit le résultat du débat en cours, les tergiversations de Mukasey ont eu une conséquence involontaire mais néanmoins historique. Elles ont clairement établi que le Président des USA risque fort de tomber sous le coup d’une inculpation pour violation des lois interdisant la torture. La responsabilité pénale de la présente administration US aura plus de retentissement que la nomination de Mukasey comme procureur général. Cette décision aura des conséquences bien au delà de la mandature de G.W. Bush.

(…)

Le  « War Crimes Act » de 1996 considère que le traitement cruel, inhumain et dégradant d’un prisonnier est une violation des Conventions de Genève et constitue un crime fédéral. Par ailleurs, la loi de 1994 [18 USC Section 2340 (a)], établit comme étant un crime fédéral le fait d’entreprendre ces actes de torture en dehors des Etats-unis et étend cette culpabilité à ceux qui conspirent en vue de, planifient, apportent leur soutien ou encouragent l’usage de la torture en dehors des US. Ces deux lois s’appliquent à n’importe quel citoyen des Etats-unis, y compris le Président, le Vice Président et autres officiers supérieurs ou responsables administratifs, mais aussi aux subordonnés comme des agents de la CIA ou des soldats et mercenaires sous contrat US. Si le Président à donne l’ordre, a encourage, incité ou autorisé le « waterboarding » (la torture par simulacre de noyade) ou toute autre forme de torture ou de mauvais traitement, il a violé les lois de 1994 et de 1996. Si la victime de ces mauvais traitements succombe des suites de la torture, la loi prévoit que la punition pour les tortionnaires, leurs complices et leurs commanditaires est la peine de mort. La loi précise clairement que pour ce genre d’offense il n’y a pas de prescription, le Président US pourra donc être poursuivi bien après la fin de son mandat, jusqu’à la fin de sa vie, même.

(…)

En tant que « Attorney General », M. Mukasey pourra tenter de changer ces lois afin de protéger le Président Bush et ses complices de toute action en justice; il peut biaiser et tenter de gagner du temps en nommant un enquêteur spécial pour enquêter sur la responsabilité de la Maison Blanche.

Mais – comme le montre clairement la note rédigée par l’ancien Procureur Gonzales en 2002 – il ne peut pas lier les mains des procureurs futurs. Quand il y a mort d’homme, nos lois anti-torture ne prévoient pas de date de prescription. Tôt ou tard, ceux qui auront violé les lois U.S. seront poursuivis et traduits devant la justice. Si ce n’est par le procurer Mukasey, ce sera par un Procureur général futur.

Elizabeth Holtzman, ancienne députée au Congrès des Etats-unis, a participé à la commission d’enquête judiciaire qui a mené à la destitution de Richard Nixon. Elle est à l’origine, avec d’autres juristes, du statut d’enquêteur spécial crée en 1973 et à écrit, avec Cynthia L. Cooper,  l’ouvrage « The Impeachment of George W. Bush » (2006).

http://www.huffingtonpost.com/elizabeth-holtzman/beyond-mukaseys-confirma_b_72242.html


Le plus intéressant de cet article est la phrase de Breteau : « Faire du Darfour une priorité… »

Quand on sait à quel point le Darfour est exploité par la manipulation néo-con pour affaiblir l’Europe et s’emparer des réserves pétrolières dans la région (notamment à travers le lobbying de Powell et de la Fondation Baker), il ne serait pas surprenant que Kouchner et ses amis néo-cons français aient voulu – en laissant faire les guignols de l’Arche de Zoé – monter une petite opération de communication au bénéfice de leurs amis à Washington :

Les « bons blancs » Occidentaux qui s’en vont sauver de la « barbarie islamiste » de pauvres petits noirs tous mignons…. voilà qui aurait fait une jolie couverture de Paris Match pour renforcer chez les français l’idée de guerre des civilisations et nous pousser un peu plus dans le camp des faucons US…

[Le Canard enchaîné – 14/11/2007]
La très inhabituelle discrétion de Kouchner sur l’équipée de l’Arche de Zoé s’explique peut-être par cette embarrassante lettre datée du 13 juillet et adressée à Laurent Contini, son conseiller pour l’Afrique.

Eric Breteau, le président de l’Arche de Zoé, y remercie son « cher Laurent» de « l’excellent accueil» qu’il a reçu au Quai d’Orsay le 4 juillet. Dans ce courrier, Breteau parle clairement d’une »opération d’évacuation des orphelins du Darfour » pour laquelle il promet – pieux mensonge – « un cadre strictement légal ».

Plus loin on comprend que le ministère émet des réserves, mais Breteau y répond par avance: « Comme évoqué lors de notre entretien, nous avons pleinement conscience des possibles répercussions de cette opération humanitaire ( … ). Faire du Darfour une priorité reste l’objectif partagé par le ministère que vous représentez et notre organisation humanitaire. » (suite…)


[AgoraVox 07/11/2007]

Fichu logiciel, serait-on tenté de dire. Non, rassurons les derniers microsoftiens, ça n’a rien à voir. La présentation date de 2003, et a été le fait d’un fieffé menteur. Mentir, en politique, semble en effet être une pratique courante. Certains mentent sur leur vie privée, ou sur leurs diplômes, d’autres sur leurs feuilles d’impôts (certains dans les trois exemples cités!), d’autres encore dans des domaines aux conséquences beaucoup plus graves, pouvant aller jusqu’à des milliers de morts. La montée hystérique de l’opinion américaine qui a précédé l’invasion de l’Irak est à ce jour le meilleur exemple du mensonge érigé en procédé pour convaincre la population de la nécessité absolue d’une intervention militaire, grâce au martelage médiatique d’une idée-clé, celle des armes de destruction massive (WMD). Inexistantes, mais cela on ne le saura qu’après.
Vous vous souvenez de Colin Powell, le 5 février 2003, levant devant le Conseil de sécurité de l’ONU une fiole censée contenir de l’anthrax, après avoir montré des animations sur Powerpoint (la farce était complète avec un logiciel pareil !) démontrant selon lui que le régime de Saddam Hussein avait bien repris après 2003 la construction d’armes de destruction massive ? La scène restera dans les annales l’une des meilleures du genre « intimidation politique et guerrière », bien supérieure à celle d’un Krouchtchev retirant sa chaussure pour mieux frapper son banc… Un Nikita qui, un autre jour, avait aussi affirmé que « les politiciens sont les mêmes partout. Ils promettent de construire un pont même là où il n’y a pas de fleuve« , phrase qui demeure d’une actualité surprenante.

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=31108 


En attendant une version française (qui ne viendra peut-être jamais),
vous pouvez voir le documentaire ici :
http://www.mininova.org/tor/953637

[Gregoire Seither – IES News Service – 23/10/2007]

La droite US a relancé sa machine à mobilisation pour empécher la diffusion publique aux Etats-unis du documentaire « Taxi to the Dark Side » (Jigsaw Productions), présenté pour la première fois en Avril dernier au Tribeca Film Festival. Ce film puissant a recu de nombreux prix cet été et est nominé aux Oscars. Rien que la bande annonce vous fait sursauter :

Le film est construit autour du destin d’un chauffeur de taxi Afghan, dont on ne connait que son prénom, Dilawar, complètement innoncent de tout lien avec des terroristes, qui a été torturé à mort dans la prison secrète que les Etats-unis ont installée sur la base aérienne de Bagram en Afghanistan. « Taxi to the Dark Side » documente le parcours des politiques sécuritaires de l’Administration Bush, depuis Bagram (..) jusqu’à Guantánamo (..) et Abu Ghraib.Il montre comment les racines de ces politiques sont a chercher dans les programmes d’expérimentation du comportement humain (privations sensorielles, utilisation de drogues…) qui avaient été mis en place dans les années 1950 par la CIA pour comprendre comment fonctionne la torture.

Le documentaire retrace également l’opposition que ces politiques ont rencontrées au sein de l’administration mais aussi de l’armée et présente quelques officiels hauts-placés qui ont tenté de s’opposer : par exemple l’ancien conseiller légal de la Navy, Alberto Mora, ou encore Lawrence Wilkerson, ancien directeur de cabinet du Secrétaire d’Etat Colin Powell, qui témoignent de la violence des échanges entre pro- et anti-torture. Ou encore John Yoo, un des architectes de la politique des « renditions exceptionnelles » (les prisons secrètes de la CIA dans des pays utilisant la torture) qui justifie les « choix stratégiques » de la Maison Blanche, rejoint en cela par le Vice-Président Dick Cheney.

La dernière partie du documentaire raconte la bataille au congrès des Etats-unis pour tenter de restaurer la norme des Conventions de Genève interdisant la torture (à travers les prises de position et les compromis tragiques de John McCain).

Plus intéressant, les auteurs du documentaire montrent comment la célèbre série télévisée « 24 heures chrono » (qui a été réalisée avec une assistance technique des services de renseignement US) diffusée sur Fox TV a contribué à légitimer la torture auprès de l’opinion publique, en minimisant son impact sur l’intégrité physique des personnes qui y sont soumises (« c’est juste un mauvais moment à passer ») et en martelant aux spectateurs qu’il y a urgence et qu’on ne peut s’embarasser de conventions et de droits de l’homme dans ces cas là (« le faux scénario de la bombe à retardement »).


Un cadre idéologique pour la « troisième guerre mondiale »

Fascisme, islam et grossiers amalgames

Alors que les Etats-Unis s’enlisent en Irak et que ce pays sombre dans la guerre civile, l’administration Bush continue de justifier ses interventions au Proche-Orient au nom de la lutte contre le « fascisme islamique ». Ce cadre idéologique permet de ranger dans la même catégorie des mouvements disparates, d’Al-Qaida au Hezbollah en passant par les Frères musulmans.

Par Stefan Durand – Le Monde Diplomatique – Novembre 2006

« Ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses. La loi, le pouvoir, le maître, le monde, la rébellion, la foi. Ils peuvent ainsi faire des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l’ange. » En cela, « ils cassent le travail consistant à “former” des concepts à articulation fine, ou très différenciée, pour échapper aux grosses notions dualistes. » En 1977, Gilles Deleuze dénonçait ce qu’il appelait la « pensée nulle » des « nouveaux philosophes ».

Trente années plus tard, ces penseurs toujours « nuls » mais plus vraiment « nouveaux » et toujours pas « philosophes » se retrouvent à l’avant-garde pour propager en France, sur la base de « mélanges grotesques », le concept creux de « fascisme islamique ».

On pourrait se contenter de passer outre si ce concept n’avait pas été utilisé publiquement par le président des Etats-Unis, M. George W. Bush, le 7 août 2006, et à l’occasion d’autres discours officiels américains, dans lesquels on regroupait des organisations fort différentes les unes des autres (Al-Qaida, les Frères musulmans, le Hamas, le Hezbollah…), faisant de ces mouvements les « successeurs du nazisme et du communisme ». La requalification de la « guerre contre le terrorisme » en « guerre contre le fascisme islamique », et donc l’inscription des mouvements fondamentalistes musulmans dans la lignée de ce qu’on a appelé au XXe siècle, sans distinctions, les « totalitarismes », n’est pas innocente. Elle vise à relégitimer des politiques bellicistes, en se fondant sur des amalgames et sur les vieilles ficelles de la « politique de la peur ».

La paternité du néologisme « islamo-fascisme » a été revendiquée dans l’hebdomadaire néoconservateur The Weekly Standard par le journaliste Stephen Schwartz (1), qui collabore par ailleurs à un site Internet très controversé, FrontPage magazine, de David Horowitz.

http://www.monde-diplomatique.fr/2006/11/DURAND/14115


Colin Powell présentant une “preuve” que Saddam Hussein détient des armes nucléaires. Powell avouera plus tard que ce tube qu’il brandit n’est qu’un accessoire qui ne contient que de l’eau.COLIN POWELL : LA BOMBE A RETARDEMENT QUI FAIT TIC-TAC AU COEUR DE LA MAISON BLANCHE
[IES NEWS SERVICE – 09/08/2007]

Parmi tous les experts dont l’Administration Bush a ignoré les conseils – avec les conséquence désastreuses qu’on connaît – lors de la préparation de l’invasion de l’Irak, Colin Powell est celui qui est resté le plus stoïque et silencieux, refusant de participer au choeur des critiques qui pointent du doigt la mauvaise préparation et les graves erreurs stratégiques qui ont abouti à plonger l’Amérique dans un bourbier sanglant.

Mais un article paru Jeudi dernier dans le magazine SALON suggère que ce silence pourrait être rompu prochainement – au pire moment pour une Administration qui peine à annoncer des résultats positifs suite à l’envoi de troupes supplémentaires au début de l’année. Pour les équipes autour du Président Bush, la peur est réelle de voir soudain la figure imposante de Powell, qui a gardé toute sa popularité auprès du public américain, émerger comme une voix forte et critique vis à vis de la guerre en Irak.

(suite…)


QUAND LA MAISON BLANCHE INVENTE DES « OPPOSANTS » QUI SONT D’ACCORD AVEC ELLE

La Maison Blanche diffuse partout une tribune libre de deux experts de la Brookings Institution qui confirment la politique de G.W. Bush en Irak. Cette analyse, disent les communiquant de la Maison Blanche, est d’autant plus crédible »qu’elle provient de milieux connus pour s’être toujours opposés à la politique de l’actuelle administration ». Hmmm, vraiment ? Voyons un peu le pedigree de ces deux « opposant à G.W. Bush ».

Il y a fort à parier que les milieux néo-conservateurs français fassent beaucoup de bruit autour d’une tribune libre parue le 30 juillet dernier dans le « New York Times ». Sous le titre « Une guerre que nous pourrions bien gagner », les deux experts de la Brookings Institution, Michael O’Hanlon et Kenneth M. Pollack écrivent, « Nous obtenons enfin des résultats probants en Irak, du moins, d’un point de vue militaire. »
http://www.nytimes.com/2007/07/30/opinion/30pollack.html?_r=1&oref=slogin

Les auteurs se présentent dans l’article comme étant « deux experts en stratégie qui ont, par le passé, violemment critiqué l’Administration Bush pour sa gestion catastrophique de la crise en Irak » – ce qui est totalement faux, comme nous allons le voir un peu plus bas.

Mais que disent nos deux experts ? Au retour d’une visite de huit jours en Irak « où nous nous sommes entretenus avec des militaires américains, irakiens ainsi qu’avec des personnalités locales, » les auteurs déclarent, « qu’il y a suffisamment de bonnes nouvelles qui nous parviennent des champs de bataille en Irak pour que le Congrès décide de poursuivre et même renforcer ses efforts au moins jusqu’en 2008. ». Pour Hanlon et Pollack, « le débat en cours à Washington est surréaliste » et « le renforcement militaire en Irak, décidé par le président Bush et dirigé par le Général David Petraeus donne de bons résultats ». Pour l’avenir nos deux experts voient une situation où la présence militaire encore renforcée des soldats US permettra « non pas d’obtenir nécessairement la victoire mais une stabilité satisfaisante qui pourrait être acceptable tant pour nous que pour les Irakiens ».

Laissons de côté le cynisme d’une analyse qui juge ‘acceptable’ une situation décrite par tous les témoins ayant osé sortir de la « Zone verte » de Bagdad, comme étant rien de moins qu’un enfer… Mais les experts ne sortent jamais de la Zone Verte, ils se contentent d’interroger les échantillons qui y vivent. Ils auraient mieux fait de lire les papiers de la courageuse journaliste Anne Nivat (Life in the Red Zone = http://www.iht.com/bin/print.php?id=6713743).

L’administration Bush s’est immédiatement attelé à diffuser un avis qui (chose rare dans la presse de référence aux Etats-unis ces derniers temps) soutient de manière aussi directe sa politique irakienne – et ce malgré le fait que l’article dit en toutes lettres que « Bush et son équipe ont perdu toute crédibilité dans le dossier irakien ».

Le service de presse de la Maison Blanche a envoyé l’article par courrier électronique à tous les journalistes accrédites, sous le titre « Au cas où vous ne l’auriez pas vu ».

Peter Wehner, directeur du département des communications stratégiques de la Maison Blanche, a déclaré que cette tribune était « annonciatrice d’un changement climatique dans l’opinion sur le dossier irakien » http://dyn.politico.com/members/forums/thread.cfm?catid=7&subcatid=41&threadid=78748#78748

Comme on peut s’en douter, dans les 48 heures, les organes de presse partisans de la politique de Bush se sont précipités pour faire écho : l’article a été repris dans tous les coins de la blogosphère de droite états-unienne : http://hughhewitt.townhall.com/g/10c28f95-6024-412d-b884-14ffcbdc5534
http://www.powerlineblog.com/archives/2007/07/018075.php
http://hotair.com/archives/2007/07/30/a-war-we-just-might-win/

National Review, le principal organe du mouvement conservateur étatsunien, a rapidement rassemblé un panel de huit célébrités pro-guerre, y compris le Sénateur John McCain (R-AZ) et un autre expert de la Brookings, Peter Rodman, pour chanter les louanges de cette « analyse dont la crédibilité est renforcée par le fait qu’elle provient de milieux connus pour s’être toujours opposés à la politique de l’actuelle administration ».
http://article.nationalreview.com/?q=WQ5NDkwMDNiMzZhODNlNjdhN2JiM2EyMjQ1N2ZmMWQ=

Il y a fort à parier que cette opinion sera également propagée de ce côté ci de l’Atlantique : mais est-ce que O’Hanlon et Pollack sont vraiment les rebelles qu’ils prétendent être ? Rien n’est moins sûr. Si on reprend leurs positions ces 5 dernières années sur le dossier irakien, ils ont systématiquement joué le même rôle : celui d’experts établis et souvent invités par les médias, vaguement de centre-gauche, mais fournissant toujours la caution « libérale » aus politiques militaires erronnées de la Maison Blanche. http://www.thenation.com/docprint.mhtml?i=20050829&s=berman

A l’automne 2002, Pollack publia l’ouvrage : « The Threatening Storm: The Case for Invading Iraq », qui affirmait que Saddam Hussein était à deux doigts de fabriquer des armes nucléaires. Chris Suellentrop, dans le magazine « Slate », décrit le livre comme « capable de transformer plus de colombes en faucons que les discours de Richard Perle, Laurie Mylroie et George W. Bush combinés ».
http://www.amazon.com/Threatening-Storm-Case-Invading-Iraq/dp/0375509283
http://www.slate.com/id/2079705/

En Oct. 2002, Pollack était l’invité du Oprah Winfrey Show pour parler de l’Irak. Devant des millions de téléspectateurs il n’hésita pas à affirmer, de manière totalement erronée, que « Saddam Hussein n’a qu’un seul objectif, acquérir des armes nucléaires, et il est entrain d’en fabriquer aussi vite qu’il peut. »
http://www.tinyrevolution.com/mt/archives/001441.html

O’Hanlon a également participé à la campagne de manipulation de l’opinion qui a précédé l’invasion de l’Irak. Le 31 décembre 2002, dans une tribune libre reprise par plusieurs quotidiens aux Etats-unis, O’Hanlon affirme que « Saddam Hussein risque de tenter de porter la guerre sur le sol des villes américaines, à travers le terrorisme. » A ce stade, ce n’est plus faire de l’analyse, c’est susciter la peur.
http://www.brook.edu/views/op-ed/ohanlon/20021231.htm

En janvier 2003, celui qui se prétend aujourd’hui « opposant », déclarait encore, au micro de Fox News : « A mon avis, nous devons lancer la guerre avant le mois de mars prochain, si nous voulons profiter des bonnes conditions climatiques ».
http://thinkprogress.org/2007/07/30/media-ohanlon-pollack/

Compte tenu de la réputation de la Brookings Institution, les arguments, bien que notoirement faux, de O’Hanlon et Pollack avaient du poids et convainquirent bon nombre de sceptiques de la validité de l’invasion militaire de l’Irak. http://www.thenation.com/docprint.mhtml?i=20050829&s=berman

Avec la dégradation de la situation en Irak, dans les années qui suivirent, tant O’Hanlon que Pollack sont devenus plus critiques des stratégies de la Maison Blanche, mais sans pour autant devenir anti-guerre. Ainsi, à l’hiver 2006, ils apportent leur soutien intellectuel et rhétorique à la volonté de Bush de renforcer de manière significative la présence militaire US en Irak.
http://www.brook.edu/views/op-ed/steinberg/20040518.htm
http://www.iht.com/articles/2005/07/01/opinion/edpollack.php

Pollack, qui travaillait entre temps pour le Pentagone sur les projets d’escalade militaire, expliquait il y a encore huit mois, « Le plan du président est sans aucun doute la dernière chance pour parvenir à stabiliser l’Irak. »
http://www3.brookings.edu/comm/events/20070129.pdf
http://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=6648921

Le 14 janvier 2007, O’Hanlon – endossant soudain l’habit de « l’opposant à la Maison Blanche », publia une tribune libre dans le Washington Post intitulée « Arguments d’un sceptique en faveur de l’escalade militaire », expliquant que même si le renforcement militaire (« surge ») était « pas assez fort, et survenant beaucoup trop tard…il n’en reste pas moins que c’est la seule bonne option à choisir par un Congrès et une opinion publique qui doute. »

En mars 2007, O’Hanlon rajoute une couche en plaidant que « plutôt que de se complaire dans un jeu de pouvoir avec M. Bush ce printemps, le Congrès ferait mieux de lui accorder les moyens demandés et de donner une chance à la stratégie de l’escalade militaire. »
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/01/12/AR2007011201950.html
http://thinkprogress.org/2007/07/30/media-ohanlon-pollack/

Pour des « critiques violents » de l’administration Bush et des « opposant de toujours », voici des experts qui sont bien en phase avec les fauteurs de guerre à la Maison Blanche.

Grégoire


[Salon.com – 23/06/2007 – Trad. Grégoire Seither]
Un e-mail d’un de nos lecteurs attire notre attention sur un point qui pourrait bien être la meilleure illustration à ce jour du journalisme sans-cervelle, resassant fidèlement les informations officielles :

Il est intéressant de constater que, au cours de ces 10-12 derniers jours, les actualités télévisées et les articles de journaux (aux Etats-unis) traitant de l’Irak se sont tous soudain mis à parler de la résistance comme étant des « combattants d’Al-Qaïda ». Quand est ce que la résistance irakienne a prêté unanimement allégeance à Ben Laden ?

Il y a encore quelques jours, quand la presse (états-unienne) parlait des résistants irakiens, elle utilisait des termes comme « insurgés » ou bien « combattants Chiites » ou « Sunnites » dans la « Guerre civile irakienne« . Mais voilà que soudain, du jour au lendemain, sans la moindre preuve, sans même le début d’un fait avéré, le commandement militaire états-unienne désigne l’intégralité des combattants qu’elle affronte comme étant des « militants d’Al-Qaïda« .

Bienvenue à la dernière trouvaille de la propagande en Irak, destinée à manipuler l’opinion occidentale.

Il est évident (et pas étonnant, vu l’opposition croissante du public à la guerre en Irak) que l’administration Bush et les commandements militaires ont sciemment décidé de donner le nom de « Al Qaïda » à « toute personne que nous combattons ou qui nous tire dessus en Irak ». Tous les journalistes l’ont noté, depuis quelques semaines, lors de chaque conférence de presse ou chaque fois qu’un gradé parle de la dernière opération militaire, ou nous dénombre les ennemis tués, à chaque fois l’ennemi est désigné par l’appelation « Al-Qaïda »

Mais il est bien plus étonnant de constater à quel point la presse (et notamment les grands médias) s’est empressé de reprendre ce détournement rhétorique, allant même jusqu’à le renforcer. Je ne pense pas avoir vu un seul article dans le « New York Times » ces deux dernières semaines et traitant de l’Irak, dans lequel il n’est pas rappelé que nous « tuons des combattants d’Al-Qaïda », que nous « capturons des chefs d’Al-Qaïda » et que désormais toutes nos opérations militaires « ont pour but de détruire Al-Qäida » (…) Si votre seule source d’information ces derniers jours était le New York Times, vous seriez en droit de penser que la guerre en Irak est exactement sur le même plan que la guerre en Afghanistan — que, en Irak, nous traquons les même personnes qui ont ordonné le détournement de ces avions et les ont fait s’écraser sur les tours du WTC : Al-Qaïda

Ce qui est encore plus incroyable dans ce détournement rhétorique — et pas seulement de la part de l’armée mais surtout de la part de ceux qui se prétendent « journalistes » — est le fait que – pendant des années – cet argument était tellement grossier et faux que même les plus grands manipulateurs d’opinion à la Maison Blanche n’osaient pas nous le servir. Même au plus fort de la campagne de propagande en faveur de cette guerre, le plus loin que les officiels de Bush osaient pousser le bouchon était d’utiliser le terme vague de « terroristes » pour désigner ceux qui s’opposaient à notre invasion militaire. On disait alors « Nous ne pouvons pas donner des gages aux terroristes en nous retirant » ou bien « Nous devons poursuivre l’offensive contre les terroristes« .

Et, une fois assurée sa ré-election en 2004, même le Président G.W. Bush reconnaissait que « Al-Qaïda est la plus petite composante des ‘ennemis » que nous combattons en Irak » :
(http://www.whitehouse.gov/news/releases/2005/11/20051130-2.html)

« A la base de toute stratégie claire il y a le besoin de clairement savoir à qui nous avons à faire. L’ennemi en Irak est un regroupement informel d’opposants au nouvel Irak, de saddamistes et de terroristes. Les opposants constituent de loin la plus importante partie du groupe. Ce sont des irakiens ordinaires, principalement Sunnites, qui regrettent le statut privilégié dont ils jouissaient sous Saddam Hussein – et ils rejettent un nouvel Irak dans lequel ils n’ont plus de position dominante. . . .

Le deuxième groupe composant l’ennemi en Irak est plus petit, mais plus déterminé. Ce sont des personnes loyales à l’ancien régime qui avaient des positions importantes sous Saddam Hussein. Ces gens rèvent encore d’un retour au pouvoir. Ces Saddamistes purs et durs essaient de fomenters des sentiments anti-démocratiques parmi la communauté Sunnite…

Enfin le troisième groupe le plus petit, mais le plus meurtrier : ce sont les terroristes associés à ou bien inspirés par Al-Qaïda. »

Notez dans ces propos officiels que non seulement pour Bush, c’est le « plus petit » des groupes que nous affrontons en Irak, mais il ne va même pas jusqu’à dire qu’il s’agit de militants d’Al-Qaïda. Non, il s’agit simplement de gens « associés à », voire simplement « inspirés par »

A l’époque, prétendre que le gros des combattants que nous affrontons tous les jours en Irak est composé de combattants d’Al-Qaïda était un bobard trop gros pour que le président ose l’invoquer afin de nous mobiliser pour sa guerre. De toute évidence, aujourd’hui, les communicants de la Maison Blanche se sont dit que ce bobard pouvait passer. Et les « journalistes » de la presse des Etats-unis ont non seulement sauté dans le train mais ont même ajouté du charbon dans la chaudière.

http://www.salon.com/opinion/greenwald/2007/06/23/al_qaeda/index.html


Comme dit le gars de la CIA : «  »Ils sont vraiment à bout d’arguments si tout ce qu’ils ont trouvé pour rameuter du soutien populaire à leurs plans c’est de résusciter le vieil épouvantail Al Qaïda et tenter de faire un lien entre le 11 septembre et l’Irak »

[Jonathan S. Landay | McClatchy Newspapers – Washington – 30/06/07 – Trad. Grégoire Seither]
Confronté à l’érosion du soutien à sa politique irakienne, même au sein du Parti Républicain, le président Bush a lourdement insisté, dans un discours Jeudi dernier, sur la menace que représenterait Al-Qaïda en Irak, déclarant que le mouvement était « le principal ennemi que nous affrontons sur le terrain », une affirmation rejetée par la totalité des analystes et experts militaires de la Maison Blanche.

Lors d’un discours aux cadets de l’école navale militaire, Bush a mentionné 27 fois Al-Qaïda, tente de s’appuyer sur la colère de la population vis à vis des attaques terroristes du 11 septembre 2001 pour obtenir un soutien à la nouvelle vague d’opérations militaires en Irak, malgré tous les rapports des experts, y compris au sein de l’Administration Bush et du Pentagone, qui montrent que l’envoi de troupes supplémentaires n’a pas fait reculer la violence ni changé quoi que ce soit à la situation délétère du pays.

Le président Bush a déclaré : « Al Qaida est le principal ennemi, tant pour les Chiites, les Sunnites que les Kurdes. Al Qaïda s’est rendu coupable des pires massacres sur le sol irakien, tout comme Al Qaïda s’est rendu coupable des pires massacres sur le sol des Etats-unis. »

Les généraux et experts militaires en Irak rejettent cette analyse du Président Bush, expliquant que le groupe qui se nomme « Al Qaïda en Irak » ne représente qu’une minuscule fraction de la résistance armée à la présence des troupes américaines. De plus, le soi-disant « Al Qaïda en Irak » n’existait pas avant l’invasion de 2003 par les troupes étatsunienne et anglaises et ses membres n’ont prété allégeance à Ousama Ben Laden qu’à la fin 2004… et Ben Laden n’a aucun contact direct avec ce groupe.

La référence renouvelée à Al Qaïda par le président Bush (alors que, dans un interview en 2005 il déclarait « ne plus trop » se soucier de Ben Laden) survient quelques jours après que les sénateurs Républicains Richard Lugar (Indiana), qui préside le comité des affaires étrangères au Sénat des Etats-unis, et George Voinovich (Ohio) ont pris leur distances vis à vis de la politique irakienne de George Bush et ont appelé publiquement à un retrait des troupes.

« Ils sont vraiment à bout d’arguments si tous ce qu’ils ont trouvé pour rameuter du soutien populaire à leurs plans c’est de résusciter le vieil épouvantail Al Qaïda et tenter de faire un lien entre le 11 septembre et l’Irak, » commente Vincent Cannistraro, ancien directeur du Centre de Contre-Terrorisme de la CIA et auteur de nombreux articles très critiques des stratégies du gouvernement des Etats-unis.

http://www.mcclatchydc.com/homepage/story/17471.html


Depuis une semaine, tous les forums, blogs et mailing-list que je modère sont envahis de messages à propos d’une pétition pour sauver deux personnes condamnées à la lapidation en Iran. Ces messages, envoyés sous des identités différentes (et souvent par des pseudos aux adresses fausses) nous expliquent que :

Un homme et une femme auraient du être lapidés jeudi (le 21 juin
dernier) à Qazvine. La femme qui aurait du être victime de cette
sauvagerie est incarcérée depuis 11 ans. Les fosses dans lesquelles
les deux victimes auraient du être enfouies jusqu’à la poitrine
avaient été creusées et les amas de pierres qui auraient du mettre
fin à la vie des deux victimes avaient été transportés sur les lieux.
Tout était donc prêt pour une nouvelle scène d’horreur en Iran.

Si la cause apparente défendue par ces organisations « de défense des droits de l’homme en Iran » est honorable (la lapidation est un acte barbare), je me permets néanmoins de faire remarquer que les organisateurs de cette campagne d’opinion ne sont pas honnêtes et que leurs messages relèvent de la manipulation de l’opinion.

Lutter pour les droits de l’homme, oui, servir de marche-pied aux rèves de « remodelage du Moyen-Orient » des néoconservateurs à Washington (USA), non !

Il s’agit d’une campagne concertée (le même message, traduit en plusieurs langues, envoyé sous des pseudos différentes, est relayé sur quasiment tous les forums ouverts ainsi que sur les blogs) en vue de créer un « buzz » dans l’opinion et nous préparer psychologiquement à la prochaine attaque militaire contre l’Iran.

Quand les bombes tomberont sur l’Iran, notre capacité d’indignation sera émoussée, nous nous dirons « Bon, c’est pas bien de bombarder et de tuer des civils, mais c’est de leur faute, ils l’avaient bien cherché »…

C’est exactement ce qui s’était déjà passé pour la Serbie et pour l’Irak. Une campagne médiatique savamment orchestrée par des cabinets de comm’ – et relayées par des personnes de bonne foi, ce qui donnait encore plus de poids à l’argument, nous avait convaincus que « une barbarie est entrain de se produire » et qu’il fallait bien « éliminer ces méchants » en leur déversant des tonnes de bombes sur la tête. Tant au Kosovo qu’en Irak, il s’était avéré ensuite que les choses étaient bien différentes de ce que la presse avait voulu nous faire croire.

Aujourd’hui nous avons au Ministère des Affaires Etrangères de la France un ministre, Bernard Kouchner, qui avait à l’époque dirigé la campagne de manipulation médiatique sur le Kosovo et ensuite approuvé l’invasion de l’Irak par les forces américano-anglaises en reprenant les arguments dictés par la propagande de la Maison Blanche…. Ce n’est pas vraiment la personne idéale pour garder la tête froide face à ceux qui nous poussent à bombarder l’Iran.

Il est donc important de garder à l’esprit que le site..
http://www.sauvelemonde.com/nous.htm

Est une création des mêmes auteurs que :
http://www.helpliberte.com/insurrection.htm
http://www.ncr-iran.info/fr/index.php
http://www.csdhi.org
http://www.iranmanif.org
http://www.iranfocus.com/french/modules/news/index.php

La totalité de ces sites sont crées et financés par des organisations dépendantes de la NED (National Endowment for Democracy), qui n’est qu’un paravent de la CIA aux Etats-unis, au service des projets impérialistes. Voir à ce sujet : « La NED, nébuleuse de l’ingérence démocratique » (sur le site du Réseau Voltaire).

Luttons pour les droits de l’homme, mais gardons nos yeux ouverts et méfions nous des manipulateurs qui cherchent à nous embrigader dans leurs projets prédateurs.

Les petits mensonges de George W. Bush et de Colin Powell (souvenez vous des « preuves » brandies à la télévision, devant l’assemblée générale de l’ONU) ont coûté la vie à près d’un millions d’Irakiens et plongé ce pays dans un chaos infernal…  Ne laissons pas la chose se reproduire avec l’Iran, la Syrie et le Liban

Grégoire Seither


Une vidéo réalisée par la télévision publique hollandaise, donne la parole à plusieurs politologues pour analyser l’avenir des relations entre Israel et les USA, notamment suite à la campagne contre les auteurs de l’étude « The Israel Lobby » (étude disponible en français, sur le site de libertes-internets.net). 

La version anglaise de ce documentaire très intéressant est visible sur YouTube : http://www.youtube.com/vprointernational

The Israel Lobby. Portrait of a Great Taboo
The Power of the Israel Lobby in the United States

[VIDEO – Information Clearing House 14.04.2007]

A documentary program by the Dutch public broadcast organization VPRO, allows several nteresting opinion makers to speak on the future of the American and Israel relationship and the reception of John Mearsheimers and Steve Walts article « The Israel Lobby and US foreign policy. »

Includes interviews with John Mearsheimer, former chief of staff to United States Secretary of State Colin Powell, Lawrence Wilkerson, cofounder of the Christians United for Israel lobbying group John Hagee, neoconservative Richard Perle and historian Tony Judt express their views in Marije Meermans and William de Bruijns documentary.
http://www.informationclearinghouse.info/article17525.htm

Special Notice: There is a rogue version online with a different title: The Israel Lobby: A Danger to the world. This is a re-edit from the original by American ultra rightwing forces. VPRO distances itself explicitly from this infringement of its copyright.

For more english background information on The Israel Lobby: http://www.vpro.nl/programma/tegenlicht/afleveringen/34338524/

For general information:
www.vpro.nl/backlight

If you would like to order an English subtitled DVD please contact: tegenlicht@vpro.nl