Alfred Grosser



“Co mment les Juifs peuvent-ils mépriser les autres ?”

Dans un article récent paru outre-Rhin, l’historien franco-allemand Alfred Grosser revendique à nouveau le droit de critiquer Israël.

En tant que juif, j’ai été méprisé par les Allemands. Pourtant, après Auschwitz, j’ai cru en notre avenir commun. Je ne comprends pas qu’aujourd’hui les Juifs puissent mépriser les autres et s’octroyer le droit de mettre en œuvre une politique impitoyable au nom de l’autodéfense. La compassion pour les souffrances d’autrui, cette valeur fondamentale de l’Europe, ne vaut-elle pas justement pour Israël ?”

L’historien et politologue Alfred Grosser, 82 ans, persiste et signe. Dans une tribune intitulée “Pourquoi je critique Israël”, publiée dans le numéro de février de la revue allemande Internationale Politik et reprise par le quotidien Frankfurter Rundschau, il déplore qu’il soit si difficile de critiquer la politique d’Israël en France et en Allemagne.

Il connaît bien les deux pays : sa famille, juive, a fui l’Allemagne nazie en 1933, pour gagner la France. Alfred Grosser a enseigné à l’Institut d’études politiques de Paris jusqu’à sa retraite et œuvré pendant toute sa carrière à la réconciliation et à la coopération franco-allemande. Pour étayer sa position, Alfred Grosser multiplie les exemples tirés de son expérience personnelle. Car ce n’est pas la première fois que l’homme revendique un “droit à critiquer Israël”.

En Allemagne, tout d’abord. Il raconte qu’en 2005 le magazine Focus a refusé de publier un article dans lequel il écrivait :

Justement parce que beaucoup d’Allemands n’ont pas été lâches [et ont aidé des Juifs sous le régime nazi], un Allemand d’aujourd’hui peut prendre le risque de passer pour antisémite, en attirant l’attention sur le dur sort fait aux habitants de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Et, puisqu’il s’est trouvé des Allemands courageux pour aider les Juifs, n’est-il pas du devoir des Juifs d’aujourd’hui de se soucier du sort d’autres personnes opprimées ou méprisées ?

En France, la situation est à peine différente”, poursuit Alfred Grosser, qui rappelle avoir claqué la porte du conseil de surveillance de L’Express, en 2003.

La raison : il avait publié une critique du livre Est-il permis de critiquer Israël ? (Robert Laffont, 2003), du spécialiste des relations internationales Pascal Boniface, dans laquelle il écrivait :

L’ultrasensibilité [à propos du conflit israélo-palestinien] est compréhensible, mais ne devrait-elle pas s’exercer à l’égard de tout racisme ? […] Les injures et les actes racistes touchent les Français arabes plus que les Français juifs.

Dans son numéro suivant, L’Express avait publié plusieurs réactions virulentes de lecteurs, mais sans en avertir Alfred Grosser, accuse ce dernier : la direction l’avait ainsi privé d’un droit de réponse pourtant usuel dans la maison. Alfred Grosser insiste bien :

Une fois encore : il s’agit de rejeter l’égocentrisme, la morale d’une solidarité qui ne vaut que pour sa propre communauté, et d’appeler à la compréhension de la souffrance d’autrui, à une définition du prochain qui englobe toute l’humanité.


Uri AVNERY Ecrivain et ancien député israélien Cofondateur de Gush Shalom (Bloc de la Paix)

Mis en ligne le 01/10/2009

Israël ne décolère pas face au rapport Goldstone sur les crimes de guerre à Gaza. Dénonçant un grand complot, la machine de propagande israélienne va s’en prendre au juge juif Goldstone et à l’antisémitisme des Nations unies. Pas de débat interne en Israël.  N’y a-t-il pas de limite à la vilenie de ces lâches antisémites ?

Ils ont maintenant décidé de diffamer les Juifs avec une nouvelle accusation de crime rituel. Non pas la vieille accusation d’assassiner des enfants chrétiens pour utiliser leur sang et confectionner leur pain azyme, mais celle du meurtre massif de femmes et d’enfants à Gaza.

Mais qui ont-ils bien pu mettre à la tête de la commission chargée de cette tâche ? Ni un négationniste britannique, ni un néo-nazi allemand, pas plus qu’un fanatique iranien, mais un juge juif qui porte le nom très juif de Goldstone (Goldstein à l’origine, bien sûr). Et pas seulement un Juif avec un nom juif, mais un sioniste dont la fille, Nicole, est une sioniste enthousiaste qui vit en Israël et parle couramment l’hébreu. Et pas seulement un Juif sioniste, mais un Sud-africain qui s’est opposé à l’apartheid et a été nommé à la Cour constitutionnelle de son pays quand ce système a été aboli.

Tout ceci dans le but de diffamer l’armée la plus morale du monde, tout juste de retour de la guerre la plus juste de toute l’histoire !

Richard Goldstone n’est pas le seul Juif manipulé par la conspiration antisémite mondiale. Durant les trois semaines de la guerre de Gaza, plus de dix mille israéliens ont manifesté sans relâche leur opposition. Ils ont été photographiés portant des signes tels que « Arrêtez le massacre à Gaza », « Cessez les crimes de guerre », « Israël commet des crimes de guerre », « Bombarder des civils est un crime de guerre« . Ils ont chanté à l’unisson : « Olmert, Olmert, c’est vrai – Ils t’attendent à La Haye ! »

Qui donc aurait pu croire qu’il y avait tant d’antisémites en Israël ? ! (suite…)


[Info Palestine – 7/03/2008]
Dans un article récent paru outre-Rhin, l’historien franco-allemand Alfred Grosser revendique à nouveau le droit de critiquer Israël.

En tant que juif, j’ai été méprisé par les Allemands. Pourtant, après Auschwitz, j’ai cru en notre avenir commun. Je ne comprends pas qu’aujourd’hui les Juifs puissent mépriser les autres et s’octroyer le droit de mettre en œuvre une politique impitoyable au nom de l’autodéfense. La compassion pour les souffrances d’autrui, cette valeur fondamentale de l’Europe, ne vaut-elle pas justement pour Israël ?”

L’historien et politologue Alfred Grosser, 82 ans, persiste et signe. Dans une tribune intitulée “Pourquoi je critique Israël”, publiée dans le numéro de février de la revue allemande Internationale Politik et reprise par le quotidien Frankfurter Rundschau, il déplore qu’il soit si difficile de critiquer la politique d’Israël en France et en Allemagne. (suite…)