Arche de Zoé



… et j’aimerais bien qu’on m’explique pourquoi le fric de mes impôts devrait servire à cela ? Depuis quand l’argent public sert-il à sortir de la mouise des zozos délinquants ? L’Etat a-t’il pris en charge les indemnisations des victimes françaises des escroqueries banquaires quand les coupables se sont défaussés ?

Arche de Zoé : la France devrait payer les 6,3 millions d’euros

[Le Figaro – 02/04/2008]

Selon un courrier du gouvernement tchadien en date du 28 décembre 2007, que Le Figaro s’est procuré, Paris se serait engagé à garantir le paiement dû aux parties civiles.

L’État français, quoi qu’il s’en défende, pourrait bien être contraint de garantir le paiement des 6,3 millions d’euros de dommages et intérêts dus par les condamnés de L’Arche de Zoé, en vertu de la décision prononcée fin décembre, par la justice tchadienne. Le ministre tchadien de la Justice a adressé mardi à Rachida Dati, par l’intermédiaire de l’ambassade de France à N’Djamena, un courrier dans lequel il précise : «La compétence d’exécution de la décision de justice tchadienne a été transférée à la France, qui seule garantit l’effectivité du paiement des intérêts civils.»

Le 28 décembre 2007, déjà, Albert Pahimi Padacké avait donné son feu vert au transfèrement des six Français vers Paris par une missive parfaitement explicite, que Le Figaro s’est procurée. On y lit notamment : «Au regard des dispositions de l’article 29 de l’accord franco-tchadien (…) du 6 mai 1976 relatif à l’entraide judiciaire, nous marquons notre accord pour leur transfèrement vers la France en vue d’y purger leur peine. Ce transfèrement n’éteignant pas le paiement des dommages-intérêts, il est entendu que l’État requérant garantit l’effectivité du paiement desdits intérêts civils.» Joint mardi par téléphone, le ministre tchadien précise : «Les autorités françaises, qui ont participé au transfèrement sans jamais contester aucun des termes de cette lettre, se sont par là même implicitement engagées à respecter cette obligation. J’attends donc qu’elles mettent tout en œuvre pour que les familles des 103 enfants perçoivent au plus vite cette somme de 4,12 milliards de francs CFA.»

Une position rejetée par Paris. Le premier ministre, François Fillon, a jugé hier, sur France Inter,«hors de question que les contribuables français paient 6 millions d’euros pour des erreurs que la France n’a pas commises». Interrogé mardi soir, le porte-parole de la Chancellerie, Guilllaume Didier, observe quant à lui : «La France a toujours indiqué que ni le transfèrement, ni la grâce n’éteignait la condamnation civile à verser les dommages et intérêts aux victimes. Cependant, le jugement tchadien ne condamne pas l’État français mais des ressortissants français. Il existe des règles de procédure pour obtenir l’exécution en France de cette condamnation.» (suite…)


Ah, Tchad ira!
[Le Canard Enchaîné – 05/03/2008]
Les gens sont méchants. « Le Figaro» (2812) : en faisant escale au Tchad sur sa route vers Le Cap, Sarko « sait qu’il prend le risque de se voir accuser de soutenir un gouvernement aux méthodes expéditives ». Quelles « méthodes expéditives» ? On ne fait pas plus accommodant qu’ Idriss Déby, lequel, avec la meilleure des grâces, s’est engagé à la création d’une «commission d’enquête internationale sur la disparition d’ opposants ».

Et plus précisément de deux opposants de tout premier plan, dont l’un, le député sudiste Ngarlejy Yorongar (Déby est du Nord) est mystérieusement réapparu dimanche dernier à Yaoundé (Cameroun). Un troisième avait déjà été « retrouvé» le 14 février dans une prison de la capitale.

C’est un sujet sur lequel le président tchadien ne dispose et ne disposait évidemment d’aucune information: selon de nombreux témoignages, et notamment ceux de leurs familles, Ibni Oumar, porte-parole de la coordination des partis d’opposition – toujours introuvable ce mardi 4/3 -, et Ngarlejy Yorongar ont été enlevés le 3 février par des militaires de leur pays!

« J’étais occupé par la guerre », a vaguement plaidé Idriss. Mieux, ou pis encore: d’après Amnesty InternationaL qui s’ appuie sur « l’interception d’une correspondance privée », Paris savait depuis le 11 janvier que les opposants disparus étaient, au moins à cette date, « détenus au QG de la sécurité tchadienne à N’Djamena ».

Pour le coup, c’est le Quai d’Orsay qui s’est montré évasif: « Nous ne savons pas sur quelles bases se fondent ces affirmations», ce qui dispense au moins de préciser si celles-ci sont vraies ou fausses. C’est tout le problème avec les disparus: comme ils ne sont pas là, on a du mal à dire des choses exactes à leur sujet. (P. L.)

On est « neutres » au Tchad, mais on leur refile des blindés gratos

Ce message est parti le 13 février, du centre opérationnel du ministère de la Défense :

« Objet! aide matérielle au Tchad. Le cabinet du ministre demande aux armées de procéder à une cession gratuite de 20 VAB (véhicule de l’avant blindé) et d’organiser au profit du Tchad le trans¬port de 20 Eland (automi¬trailleuses Panhard) de la société Sofema ( … ) pour une arrivée à N’Djamena, si possible, le 16 février, pour la première rotation. »

Et l’état-major précise: « par voie aérienne ». Autrement dit, il y a le feu pour fournir à l’ami Idriss Déby de petits blindés estampillés Coopération et Droits de l’homme.

Deux semaines, jour pour jour, après cet ordre exprès du commandement, Sarko déclarait en Afrique du Sud: « Les temps ont changé. » La preuve qu’il ne ment pas, c’est que, comme l’indique le message, « les frais de transport restent à la charge de la République du Tchad ». Suffisait de le dire: ça « change» tout!


La victoire de la rébellion signifie de fait la remise en cause du projet d’intervention militaro humanitaire au Darfour, que le Soudan – soutien des rebelles – voit d’un mauvais oeil…. Et c’est un camouflet pour le principal avocat de ce projet, Sarkozy, qui n’a plus d’autre choix que de proposer l’asile à Idriss Deby…

[France Info – 18:09 – 02/02/2008]
C’est la question que l’on peut se poser, alors que les rebelles venus du Soudan auraient pris, ou seraient sur le point de prendre le contrôle de N’Djamena. Les militaires français basés au Tchad ne sont pas intervenus.
Ils se contentent d’assurer la sécurité des ressortissants étrangers dans la capitale. Paris n’a pas toujours été aussi discret dans son soutien aux différents régimes tchadiens. Au début de son règne, Idris Deby aura été l’un des bénéficiaires d’une « neutralité bienveillante » de la France.

Les explications de Marielle DEBOS, chercheuse à Sciences Po Paris, spécialiste du Tchad. avec Pascal Dervieux (1’46 »)

L’armée française est donc restée neutre. C’est une nouvelle politique de la France estime Antoine Glaser, le directeur de la Lettre du Continent.

Antoine Glaser était l’invité de journal de 13h de France Inter (2’14 »)


[Faits et Documents n° 248 – Janvier 2008]

Les « zozos » de l’Arche de Zoé n’effectueront sans doute que trois ou quatre années de prison au maximum au lieu des huit ans de travaux forcés prévus par la justice tchadienne. Ils peuvent en effet bénéficier d’un crédit de réduction de peine (CRP) de 17 mois (trois la première année, deux les suivantes) quasi-automatique ainsi que d’une réduction supplémentaire de peine (RSP) pouvant aller jusqu’à 24 mois (trois mois par an puisqu’ils ne sont pas récidivistes).

S’y ajoute la possibilité d’une libération conditionnelle dite « parentale » sans condition de délai s’ils sont parents d’enfants de moins de dix ans avec lesquels ils vivaient habituellement et une libération conditionnelle à mi-peine s’ils justifient d’un comportement correct en détention et justifient d’un domicile et d’un travail (soit début février 2011).

Le second volet de l’Arche de Zoé, pratiquement éludé par la presse, est l’amende d’un montant de 6,3 millions d’euros à laquelle les six Français ont été condamnés. Etant incapables de la payer, elle devrait être soldée par l’Etat français (donc le contribuable), sans parler d’éventuelles contreparties en matériel militaire (on parle de 10 millions d’euros).

http://www.faits-et-documents.com


Bon, c’est un article de Zataz, mais ils ont piqué l’info sur le site de l’excellent Théophile Kouamouo
(http://kouamouo.ivoire-blog.com/)…  qui tient une revue de presse fondamentale pour savoir ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Chapeau Théophile !

L’affaire de l’internaute français, Jean-Paul Ney, arrêté à Abidjan, continue. Toute l’affaire d’un coup d’état sur Youtube.

[Zataz – 17/01/2008]

Nous ne reviendrons pas sur le cas de Jean-Paul Ney, un internaute qui a fait beaucoup de remous sur Internet de par ses frasques variées et divers. Nous reviendrons plutôt sur son faux reportage qui avait surtout pour mission, parait-il, d’aider à une révolte en Côte d’Ivoire.

Alors que le juge en charge de l’affaire est décédé, le chef de cette rébellion Ibrahim Coulibaly, filmé par Ney, se retrouve sur Youtube. Toutes les preuves de ce coup d’état raté avec une séquence sur « qui il faut tuer pendant ce coup d’état » ; « faire sauter un avion » ; « Noel à Abidjan« , …

Une vidéo intéressante, la présence d’autres français « Jean-François, barbouze française » dans cette ambiance de guerre avec un « Vous repartez à la guerre, dixit ce français, c’est ton général qui te parle. Vous mettez Bouaké en feu et à sang, Tu as compris soldat ? Tu as le courage pour le faire ? Vous allez vous servir, ok ! (…) Le problème avec l’imam c’est qu’il ne connaît pas bien le français ! ». Une série Z ne ferait pas mieux !

Les vidéos sur YouTube sont là :  http://www.youtube.com/results?search_query=BENHALFONSE

http://www.zataz.com/news/16268/ 


[Serge Raffy –  Le Nouvel Observateur – 03/01/2008]

Rappelez-vous, il y a quelques semaines, on avait parlé de razzia, de scandale humanitaire, d’enfants volés du Tchad. Les pires scenarii étaient colportés dans les rédactions sur cette opération de la honte, sur ces Pieds Nickelés du sauvetage, French doctors déguisés en pompiers qui allaient offrir à une «personnalité» française un coup médiatique. Le nom de Cécilia Sarkozy avait circulé. A tort.

Les responsables de Children Rescue avaient menti à tout le monde. Aux autorités françaises, aux Tchadiens et aux mères des enfants qu’ils avaient rencontrées, ce que montre sans ambiguïté le film de Marie-Agnès Pèleran, déprogrammé sur FR3 la veille du procès, pour ne pas influencer la justice tchadienne. A raison, car les images de «Pièces à conviction», finalement diffusées à une heure plus que tardive, à 23h30, le 6 janvier, sont accablantes pour les «sauveurs d’enfants». Jamais une émission n’a aussi bien porté son nom.

Et puis, après un procès bâclé, un simulacre judiciaire indigne, ils sont rentrés illico presto. A la sauvette. Ce retour des missionnaires de pacotille est le fruit d’un arrangement à peine dissimulé entre Paris et N’Djamena. Une mascarade dont on a aucune raison d’être fier.

L’Arche de Zoé ? Une sordide histoire aux relents néocolonialistes. Elle laissera des traces dans l’opinion africaine et perturbera durant de longs mois le travail des associations sérieuses. Ce procès porte déjà un nom au Tchad : le jugement «banania». La justice française aurait tout intérêt à se montrer moins expéditive. Pour l’honneur de la France. Et de l’Afrique.

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2252/articles/a363433.html 



[ Urbanitasmagories –  3 Janvier 2008]

Tout d’abord, il m’est arrivé dans ma  vie de me faire manipuler ; je prétends donc en connaître les ficelles et les points clefs, et je retrouve dans les comportements d’Eric Bréteau tous les ingrédients de la manipulation .

Mais que l’on soit clair, manipuler ne veut pas dire escroquer, et le moteur des uns est différent du moteur des autres .En l’occurrence, il semble que la soif de sauver le monde d’Eric Bréteau soit inextinguible, ce qu’on ne saurait le lui reprocher, fût-ce la sagesse des nations qui nous enseigne que l’enfer est pavé de bonnes volonté ; L ’Arche de Zoé est maintenant aux portes de l’enfer .

Ce qui es extraordinaire dans cette affaire, c’est de constater qu’une personne qui se sent réellement investie soit capable d’emmener dans une galère sans nom jusqu’au gouvernement-même de son propre pays ; ceci  montre que même ce dernier est mal-armé pour lutter contre un système de manipulation qui – à condition que l’on ne veuille s’en tenir qu’aux faits – est évident . Mais encore une fois, la sagesse des nations nous dit que la foi permet de soulever les montagnes…

L a manipulation repose toujours sur trois thèmes

1)     L es histoires d’argent ne sont jamais claires ;
2)     L ’histoire est en général trop belle pour être possible ;
3)     Même au moment où l’on vous prouve par A+B que vous êtes manipulés, vous vous rangez quand même du côté du manipulateur, que vous en venez au final à plaindre et faites l’argumentaire à sa place .

Si, en face d’une affaire compliquée vous répondez de manière positive aux trois questions précédentes, vous avez 99% de chance d’être en train de vous faire rouler dans la farine . Cela marche à tous les coups, vous pouvez tester sur votre histoire personnelle ou celle de votre entourage . (suite…)


Outre le fait que le paiement des indemnités aux familles tchadiennes a été négocié dès le départ par Claude Guéant (Rama Yade n’a quasiment pas participé à l’affaire Arche de Zoé, c’est Levitte et Guéant qui ont tout fait)…

il est évident que cette affirmation de Mme Yade relève de l’intox. Si ce n’est pas le contribuable qui va payer, qui est-ce ? Les membres de l’Arche de Zoé n’ont pas un sou vaillant et le gouvernement tchadien ne va certainement pas se substituer à l’association…

Et la France, qui a besoin du Tchad pour ses opérations politico-militaires en Afrique (notamment au Darfour) ne peut pas se permettre de se mettre la population à dos.

Alors c’est bien évident que c’est le contribuable français qui va payer la note de la connerie de Breteau et de sa copine clown, Emilie Lelouch…

Rama Yade entrain de raconter un gros bobard au micro de Europe 1[AFP 06/01/2008]

Les 6,3 millions d’euros que les six Français de l’association Arche de Zoé doivent payer aux familles tchadiennes ne seront pas versés par la France, c’est ce qu’a indiqué ce dimanche Rama Yade lors du « Grand Rendez-Vous » Europe 1 / TV5 Monde / Le Parisien. La secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères a expliqué que « ce n’est pas l’Etat qui a été condamné. Ce sont les responsables de l’association ». « On n’en finirait pas », a-t-elle ajouté.

Les condamnés de l’affaire Arche Zoé n’auront pas droit à un nouveau procès, a également précisé la secrétaire d’Etat. Elle a confirmé que leur peine de 8 ans de travaux forcés sera simplement transformée lors de leur convocation devant la justice.

Les six Français de L’Arche de Zoé ont tous été condamnés le 26 décembre à la même peine: huit ans de travaux forcés pour avoir tenté d’enlever 103 enfants au Tchad afin de les emmener en France il y a deux mois. Le tribunal les a également condamnés à verser « solidairement » aux familles des enfants un total de 4,12 milliards de francs CFA (6,3 millions d’euros) de dommages et intérêts.


Au passage « Le Monde » se permet une superbe manipulation médiatique comme il sait si bien le faire. Mettre dans le même sac les critiques du néo-colonialisme « humanitaire » et les négationnistes du Darfour, bravo, belle saloperie Messieurs de la rédaction.

La faute de Zoé

[Edito du Monde – 29.12.07]

L’équipée des six Français de L’Arche de Zoé prend fin. Plus exactement, elle entre dans une phase plus franco-française. Condamnés au Tchad à huit ans de travaux forcés pour « tentative d’enlèvement d’enfants », ils sont arrivés vendredi 28 décembre à Paris. L’application d’une convention de coopération judiciaire entre les deux pays leur permet d’accomplir leur peine en France, où elle sera transformée en simple emprisonnement.

Ils doivent verser 6,3 millions d’euros aux familles des 103 enfants qu’ils se sont efforcés d’embarquer clandestinement pour la France. Il est vraisemblable que l’Etat va intervenir dans le paiement de cette somme.

De même est-il tout aussi vraisemblable que la justice française veillera à faire appliquer de la façon la plus libérale possible la peine de prison prononcée dans la capitale tchadienne. Avec raison, car le procès de N’Djamena a tenu de la parodie de justice. (NdL&I : ah bon ? Et pourquoi donc ?)

Ces quatre hommes et ces deux femmes n’en ont pas moins péché par irresponsabilité, mépris des Tchadiens aussi, ignorance de ce qu’est l’Afrique assurément. Mais il y a encore plus grave peut-être : ils ont porté un coup à la réputation de l’engagement humanitaire. Ils ont agi avec désinvolture. Ils ont mené leur mission sans même vérifier si les enfants qu’ils entendaient secourir venaient bien de la province soudanaise du Darfour et étaient bien orphelins.

Les bonnes intentions font de la mauvaise assistance : l’humanitaire n’a pas besoin d’amateurisme ; il requiert des professionnels.

Le mauvais exemple donné par L’Arche de Zoé a permis à certains des pourfendeurs de l’ingérence humanitaire – assimilée à une forme de néocolonialisme – d’accréditer une thèse dangereuse : il ne se passerait rien de si grave au Darfour, voyez-vous, juste un des drames habituels de l’Afrique, une tragédie comme tant d’autres, que les Africains sauront mieux résoudre tout seuls.

(suite…)


Eric Breteau et les autres romantico-humanitaires de l’Arche de Zoé sont l’archétype de l’idéologie néo-coloniale qui prévaut en France quand on parle du « Tiers Monde » et notamment de l’Afrique… le rève de tout blanc expat’ c’est de finir comme Tintin, avec des nègres reconnaissants qui disent, après son départ « Lui y en a être bon boula matari »…

Jamais très loin du mythe « C’est nous les Africains », des films de légionnaires ou du « Paris-Dakar », l’Afrique est perçue comme un grand terrain de jeu pour amateurs de sensations fortes et voulant faire la charité, un endroit grouillant et sans loi dans lequel on peut plus ou moins faire n’importe quoi. C’est du Tintin au Congo « pur jus ». Il suffit de fréquenter quelques VAT à Nouméa ou des Expatriés à Abidjan pour s’en rendre compte… Jamais l’Arche de Zoé ne se serait permis d’agir de cette manière dans un pays « civilisé » (entendre : blanc)…

… et Sarkozy vient encore justifier cette vision en obtenant le rapatriement des six de l’Arche de Zoé, car bien sûr, un blanc ne saurait croupir dans une infâme prison nègre, n’est-ce pas ?

Tout le monde pleure sur les « pauvres petits blancs » qui ont échappé à l’horreur des prisons africaines, mais personne ne se pose la question de ce que vont vivre les accusés tchadiens. Pour eux, il n’y aura pas de « transfèrement », eux croupiront dans les « infâmes prisons », abandonné par les petits zorros français qui montrent là encore une fois qu’ils ne sont que des romantiques nuisibles.

Ca leur aurait pourtant fait du bien de passer quelques années dans la « vraie réalité » africaine….

Ce dont rèvent tous les blancs expat en Afrique : que les indigènes se souviennent d’eux comme d’un Lord Jim…Eric Breteau : sa vie avant le Tchad
[Le Monde 21.12.07]
Eric Breteau, fondateur de l’Arche de Zoé, est sorti de l’anonymat le 25 octobre, jour de son arrestation à Abéché, dans l’est du Tchad. Accusé de tentative d’enlèvement d’enfants, il est jugé à partir du vendredi 21 décembre à N’Djamena, avec cinq autres Français membres de son association et quatre intermédiaires africains.L’itinéraire d’Eric Breteau commence pourtant bien loin de l’Afrique.
En l’an 2000, agent commercial en région parisienne, âgé de 30 ans, il vendait du matériel de bureau et des fournitures industrielles. Marié très jeune et père de trois enfants, il habitait Rueil-Malmaison, dans l’appartement de fonction de son épouse, gérante d’une maison de retraite.
Pour donner plus de relief à sa vie rangée, il décide un jour de devenir pompier volontaire, à Argenteuil, non loin de chez lui. Là, il découvre l’aide d’urgence, la solidarité, la camaraderie. Parallèlement, il développe une autre passion : les voitures tout-terrain. Il s’achète un 4×4 pour faire des raids dans la nature avec ses amis pompiers et d’autres amateurs rencontrés sur Internet.
A l’époque, sous la pression des écologistes et des élus locaux, les « quatre-quatreux », comme ils s’appellent entre initiés, voient leur terrain de jeu se rétrécir partout en France, et ils n’arrivent pas à contre-attaquer, faute d’organisation. Eric Breteau décide alors de créer de toutes pièces une fédération nationale. Les petits clubs de 4×4 éparpillés dans toute la France découvrent ses talents d’orateur, son pouvoir de conviction, sa capacité à surmonter les obstacles. Grâce à une campagne sur Internet et à un périple dans toute la France, il devient en 2001 le premier président de la nouvelle Fédération française du 4×4, forte de 1 500 adhérents.
Eric Amieil, membre de la fédération et patron d’une agence de relations publiques parisienne, se souvient d’un homme fort, déterminé, mais qui savait aussi rire et s’amuser : « Il a compté pour moi. Quand il sera libéré, je le reverrai avec plaisir. » André Nicollo, retraité de France Télécom et amateur de randonnées en 4×4, reconnaît les qualités d’Eric Breteau, mais se souvient aussi de son appétit de pouvoir, de son obstination implacable et de son talent pour écarter les rivaux : « On s’est vite aperçus que ce serait un chef de droit divin. »
La transition de ce pompier tout-terrain vers l’humanitaire se fait naturellement : quand les clubs de 4×4 voyagent dans un pays du tiers-monde, ils en profitent pour monter des missions en faveur des populations locales. Désormais, de nombreux tour-opérateurs ajoutent à leurs « raids-aventure 4×4 » un volet humanitaire. (NdL&I : sic !) (suite…)

Le plus intéressant de cet article est la phrase de Breteau : « Faire du Darfour une priorité… »

Quand on sait à quel point le Darfour est exploité par la manipulation néo-con pour affaiblir l’Europe et s’emparer des réserves pétrolières dans la région (notamment à travers le lobbying de Powell et de la Fondation Baker), il ne serait pas surprenant que Kouchner et ses amis néo-cons français aient voulu – en laissant faire les guignols de l’Arche de Zoé – monter une petite opération de communication au bénéfice de leurs amis à Washington :

Les « bons blancs » Occidentaux qui s’en vont sauver de la « barbarie islamiste » de pauvres petits noirs tous mignons…. voilà qui aurait fait une jolie couverture de Paris Match pour renforcer chez les français l’idée de guerre des civilisations et nous pousser un peu plus dans le camp des faucons US…

[Le Canard enchaîné – 14/11/2007]
La très inhabituelle discrétion de Kouchner sur l’équipée de l’Arche de Zoé s’explique peut-être par cette embarrassante lettre datée du 13 juillet et adressée à Laurent Contini, son conseiller pour l’Afrique.

Eric Breteau, le président de l’Arche de Zoé, y remercie son « cher Laurent» de « l’excellent accueil» qu’il a reçu au Quai d’Orsay le 4 juillet. Dans ce courrier, Breteau parle clairement d’une »opération d’évacuation des orphelins du Darfour » pour laquelle il promet – pieux mensonge – « un cadre strictement légal ».

Plus loin on comprend que le ministère émet des réserves, mais Breteau y répond par avance: « Comme évoqué lors de notre entretien, nous avons pleinement conscience des possibles répercussions de cette opération humanitaire ( … ). Faire du Darfour une priorité reste l’objectif partagé par le ministère que vous représentez et notre organisation humanitaire. » (suite…)


Tout comme lors de l’affaire des infirmières bulgares, une question se pose : quelqu’un a-t’il vu Bernard Kouchner ces dernières semaines ? Il est payé à quoi faire, au juste ?

[Le Canard Enchâiné – 31/07/2007]
Sur le petit aéroport de Vatry, dans la Marne, jeudi matin 25 octobre, des journalistes de TF 1, de France 2 ainsi que d’Europe 1 battent la semelle. Tout le monde attend l’atterrissage du Boeing qui ramène les pauvres petits orphelins du Darfour que de gentils Français ont sauvés d’une mort certaine. On connaît la suite.

Selon l’Unicef et la CroixRouge, beaucoup de gamins n’étaient pas du Darfour mais de petits Tchadiens déplacés, ils n’étaient pas non plus tous orphelins, Et les familles qui avaient mis entre 2 600 et 6 000 euros sur la table n’en croient pas leurs oreilles.

Sarko a condamné, Rama Yade aussi. Les hauts fonctionnaires du Quai d’Orsay, quant à eux, s’arrachent les cheveux. « On voudrait comprendre comment on a pu se faire avoir à ce point-là! « , se défendent-ils contre l’accusation de n’avoir pas tout fait pour neutraliser les apprentis humanitaires de l’Arche de Zoé.

Comment une structure qui n’a pas l’habilitation délivrée par l’Autorité centrale pour l’adoption, émanation des Affaires étrangères, a-t-elle pu a ce point abuser des diplomates? Mieux, comment les dirigeants de cette association avançant masquée sous le nom de Children Rescue ont-ils pu emprunter au Tchad les avions de l’armée française entre N’Djamena et Abéché comme on prend l’autobus ?

Le ministère des Affaires étrangères a été très compréhensif. Bien que n’ayant pas la fameuse accréditation, et proche d’une autre association, Sauvez le Darfour, l’Arche de Zoé a été reçue à plusieurs reprises au Quai d’Orsay. La première fois, on explique à ses dirigeants qu’il y a des procédures à respecter. Comme ils ont l’air de s’entêter, après un deuxième rendez-vous, le 9 juillet, le procureur de la République est saisi pour « exercice d’activité illégale d’intermédiaire en vue d’adoption « .

Il n’est alors plus question que de ramener des enfants. Et Rama Yade, bien crédule et trop patiente, de leur dire une troisième fois qu’on ne peut pas faire n’importe quoi. Au même moment, le Quai d’Orsay affirme avoir alerté les Soudanais et même la police tchadienne. Mais jamais il n’a été donné l’ordre – et surtout pas écrit aux chevaliers blancs de tout arrêter. « On n’est pas chargés de fliquer les ONG. La justice était sur le coup. On ne pensait pas qu’ils insisteraient », lâche un diplomate dépité. Et pourtant, à 4 000 kilomètres de là, Children Rescue a déjà débarqué à Abéché avec un projet affiché: la mise en place d’un centre médico-social à proximité d’un camp. On le sait maintenant, Zoé et Children Rescue, c’étaient les mêmes.

Les autorités, là encore, plaident non coupables: il est passé à Abéché 75 associations en six mois. Précision, est baptisé ONG qui le décrète. Il n’existe pas, en France, de statut juridique particulier. N’importe quelle association 1901 ou fondation peut revendiquer l’appellation. L’ambassade de France à N’Djamena, qui donne l’autorisation pour le transport des humanitaires, n’y a donc vu que du feu. Et les fausses barbes de la DGSE qui sont là-bas chez elles depuis quarante ans n’ont rien remarqué non plus. «Comment vouliez-vous qu’on fasse le rapprochement?», s’égosillent à Paris les porte-parole du Quai et de la Défense. Encore bravo !


Plus ça va, plus cette histoire de l’Arche de Zoé est louche… entre pieds nickelés « charitables », tintin au congo, racisme bien-pensant, manipulation médiatique, billard politique à quatre bandes… on sent bien qu’il y des dizaines d’acteurs dans cette histoire, qui tirent chacun dans leur sens….

A Abéché, l’indignation et la colère des parents des  » orphelins  » de L’Arche de Zoé
[Robert Belleret – Le Monde – 06/11/2007]
A Abéché, les parents affluent de villages de l’Est tchadien devant l’orphelinat pour retrouver leurs enfants. Ils sont en colère, et ont raconté à notre envoyé spécial les promesses de scolarisation faites par l’équipe de L’Arche de Zoé pour emmener leurs enfants vers Abéché. A aucun moment, affirment-ils, les  » humanitaires  » français ne leur avaient proposé d’envoyer leurs enfants en France.

Sans hésiter, sur une photo publiée en  » une  » du Monde, Abderhamane Idriss pointe deux visages : celui d’Emilie Lelouch, la compagne d’Eric Breteau, responsable de L’Arche de Zoé, connue ici sous le nom de Children Rescue, et celui d’un blond barbu surnommé  » Pépé « . Abderhamane en est sûr : ces deux-là sont venus chez lui, à Gilané, lorsqu’il a été question d’envoyer ses trois enfants, Noura, 3 ans, Ibal, 5 ans et Yaya, 6 ans, à l’école d’Adré, à 10 km de sa maison de pisé. Ils ont peu parlé. C’est l’imam du village, très respecté, qui a mené la discussion et a réussi à convaincre Abderhamane, 28 ans, pauvre cultivateur de mil et d’arachide, de donner leur chance à ses trois petits. Ils allaient apprendre le français, l’arabe et, surtout, recevoir une éducation coranique. Quelques jours plus tard, les trois enfants étaient transférés à Abéché, sous prétexte que l’école d’Adré n’était pas sécurisée.

En fixant le journal, Abderhamane paraît sidéré, dépassé par la situation. Noura, Ibal et Yaya font sûrement partie des 103 prétendus  » orphelins  » que les membres de L’Arche de Zoé s’apprêtaient à emmener en France, le 25 octobre, lorsque les policiers les ont arrêtés, pendant le couvre-feu, sur la route de la base aérienne militaire où les attendait un Boeing espagnol.

Abderhamane a entendu parler à la radio d’un  » trafic d’enfants  » et n’a pas hésité à se payer un voyage en pick-up jusqu’à Abéché pour 5 500 francs CFA (8 euros). Depuis six jours qu’il est arrivé dans la capitale régionale, rongée par la misère et les guerres alentour, il n’a pas pu pénétrer dans l’orphelinat, où les 103 enfants se remettent de leurs émotions et livrent des fragments de leur histoire. Assis sur une natte, devant le centre social, il n’est pas seul à prendre son mal en patience. Une vingtaine d’hommes vêtus de djellabas et chèches blancs, les protégeant de la chaleur et du vent du désert, l’entourent. Ils dorment là, se nourrissent de très peu et espèrent. (suite…)