Le SMS de Sarkozy à Cécilia est-il une information bassement people que nous aurions du rejeter en fronçant le nez ? Non, absolument pas, « puisqu’elle nous révèle des choses sur le caractère du président, encore plus adolescent qu’on ne le pensait, et sur l’aspect de simple « mise en scène » de son nouveau mariage. »
Encore une fois, on n’en a rien à foutre d’avoir un queutard à l’Elysée, par contre s’il s’avère que c’est un psychopathe narcissige et imature, alors on est en droit de s’inquiéter. Et si la majorité des électeurs français ont voté pour Sarkozy, on peut – à la lumière de ces derniers mois – s’interroger s’ils n’ont pas voté pour une « illusion », pour un « mirage fabriqué par la pub »….
[Claude Soula – le blog du Nouvel Observateur – 08/02/2008]

Mais non, madame Yade, les journalistes ne sont pas des vautours, ils ne font que témoigner de l’air du temps, qui se rafraîchit pour le pouvoir.
Certes, Rama Yade a raison sur un point: jamais un président n’a subi un tel traitement…mais il y a une raison à cela : jamais aucun président ne s’est conduit de la sorte, mélangeant un narcissisme exacerbé avec un égotisme consommé, le tout nappé de cynisme extravagant.
Par contre, on signalera à madame la ministre, que d’autres présidents et ministres ont été traités au moins aussi durement dans le passé : Pompidou, Messmer, Giscard, Mitterrand ont subi des attaques très violentes au cours de leur vie politique ; ç’est le jeu démocratique.
Ce qui a changé, c’est qu’on commente désormais les histoires de fesses du président comme on parlait avant des relations franco soviétiques. Ce ne sont pas les « charognards » qui ont transformé le clan Sarkozy en chair pour presse people, ce sont eux qui ont transformé tous les journalistes, mêmes les plus sérieux, en commentateurs saint-simoniens de leur vie privée. Le Président est tombé de son piédestal, mais ce ne sont pas les charognards qui l’en ont fait descendre : c’est lui qui est allé se promener à Disneyland avec sa maîtresse et qui a commenté leur vie amoureuse lors de ses vœux.
Si madame Yade nous voit comme des charognards, c’est donc qu’elle pense que le président est déjà mort, puisque seuls les corps en putréfaction attirent les hyènes, vautours et autres chacals, que sont les journalistes.
Le président mort politiquement ? Blessé sérieusement tout au plus. Celui-ci s’affole en attaquant au pénal le site du Nouvel Obs. Airy Routier, le journaliste qui a révélé que le Président aurait envoyé un SMS de réconciliation à son ex épouse quelques jours avant son 3eme mariage, risque carrément la prison, et c’est sans aucun doute une menace conçue pour lui faire avouer quelles sont ses sources ( alors qu’on attend pour ce printemps une loi qui garantira enfin aux journalistes le secret sur leurs informateurs). Airy Routier ayant l’air fort sur de lui sur cette affaire, on peut lui faire crédit de son information.
Celle-ci est elle alors une information bassement « people », faite seulement pour Closer, ou présente t elle un intérêt national, digne d’un des grands magazines français d’information ? Je penche pour la deuxième solution, puisqu’elle nous révèle des choses sur le caractère du président, encore plus adolescent qu’on ne le pensait, et sur l’aspect de simple « mise en scène » de son nouveau mariage.
Nul doute que le Président n’aurait pas porté plainte si les newsmagazines ne lui étaient pas tous tombés dessus cette semaine. Même ses fidèles supporters du Point, qui célébraient ses fastes, semaine après semaine, ont fini eux aussi par réaliser que quelque chose clochait quelque part à l’Elysée. Et ce n’est sûrement pas en traitant les journalistes de charognards, ni en portant plainte contre eux, que la situation va évoluer dans le bon sens.
http://claude-soula.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/02/08/nous-les-charognards.html
9 février 2008 at 11:41
On a volontiers coutume, dans les milieux journalistiques, de désigner la presse comme une grande puissance dans l’Etat. En fait, son importance est véritablement immense et elle ne peut pas être sous estimée : c’est le journalisme qui, en effet, continue l’éducation des adultes.
Il est possible à cet égard de diviser, en gros, ses lecteurs en trois tranches.
1° Ceux qui croient tout ce qu’ils lisent.
2° Ceux qui ne croient plus rien du tout.
3° Les cerveaux qui examinent avec un sens critique ce qu’ils ont lu et qui jugent ensuite.
• Le premier groupe est numériquement de beaucoup le plus grand. Il comprend la grande masse du peuple et représente, par suite, la partie intellectuellement la plus simple de la nation.
Ce groupe ne comprend pas telle ou telle profession particulière, tout au plus peut-on le diviser à grands traits selon les degrés d’intelligence. Mais il comporte tous ceux auxquels il n’a pas été donné, soit par la naissance, soit par l’éducation, de penser par eux-mêmes, et qui, par incapacité ou par impuissance, croient tout ce qu’on leur présente imprimé noir sur blanc. Ce groupe s’étend sur cette catégorie de fainéants qui pourraient bien penser par eux-mêmes, mais qui, par paresse d’esprit, s’emparent avec reconnaissance de tout ce qu’un autre a déjà pensé, supposant par modestie que ce dernier, ayant fait effort, aura pensé juste. Chez tous ces gens, qui représentent la grande masse, l’influence de la presse sera tout à fait considérable.
Ils ne sont ni en état ni en humeur d’examiner par eux-mêmes ce qu’on leur présente, de telle sorte que leur abstention totale à traiter les problèmes du jour est presque exclusivement imputable aux influences extérieures qu’ils subissent. Ceci peut constituer un avantage quand ils sont éclairés par des auteurs sérieux et épris de vérité ; mais c’est un désavantage, si ce sont des canailles ou des menteurs qui prennent soin de les renseigner.
• Le deuxième groupe est bien plus faible numériquement. Il est en partie composé d’éléments qui avaient appartenu d’abord au premier groupe, puis sont passés après de longues et amères désillusions aux opinions contraires, et qui ne croient plus rien… dès que l’on s’adresse à eux sous la forme d’un texte imprimé. Ils haïssent tous les journaux ; ils n’en lisent aucun ou bien ils vitupèrent systématiquement sur leur contenu qui, selon eux, n’est qu’un tissu d’inexactitudes et de mensonges. Ces hommes sont d’un maniement très difficile, car, même devant la vérité, ils restent toujours méfiants. Ils sont par suite perdus pour tout travail positif.
• Enfin, le troisième groupe est de beaucoup le plus petit. Il se compose des cerveaux véritablement intelligents et affinés auxquels des dispositions naturelles, ainsi que leur éducation, ont appris à penser, qui cherchent à se faire un jugement par eux-mêmes sur tout sujet et qui soumettent tout ce qu’ils ont lu à un examen et à des méditations très profondes et répétées.
Ils ne regarderont pas un journal sans collaborer longuement, mentalement, avec l’auteur dont la tâche est alors difficile. Les journalistes n’aiment donc ces lecteurs qu’avec une certaine réserve. Pour les membres de ce troisième groupe, les sottises dont un journal peut enduire ses textes sont peu dangereuses ou, tout au moins, peu importantes. Ils se sont habitués au cours de leur existence à ne voir, au fond, dans tout journaliste, qu’un plaisantin qui ne dit la vérité que de temps en temps.
Malheureusement, l’importance de ces hommes éminents réside dans leur intelligence et non pas dans leur nombre, ce qui est malheureux en un temps où la sagesse n’est rien et où la majorité est tout.
Aujourd’hui, où le bulletin de vote de la masse décide, c’est le groupe le plus nombreux qui a le plus de poids : et c’est le tas des simples et des crédules.
12 février 2008 at 4:44
Quand suis-je un simple et un crédule ?
Quand je crois qu’il y a « un queutard » à l’elysée, ou « un psychopathe narcissige et imature »
ou bien si j’ai, moi aussi, « l’impression de voir des charognards qui ont humé l’odeur de leur proie, qui fondent sur lui, qui s’acharnent. »
13 février 2008 at 12:43
Pour ce qui est de l’acharnement, Rama y va un peu fort. Les premières couvertures désagréables pour Sarkozy n’ont été publiées que la semaine dernière.
Sinon vous avez raison. Le Président a mis le doigt dans l’engrenage tout seul comme un grand. Au point de surprendre toutes les rédactions lors de son passage à Disneyland. On ne s’attendait pas à une auto peoplesation si… soudaine. Sarkozy a le syndrôme real-tv. Il s’est fait élire pour devenir une star…