[LE MONDE 2 | 25.01.08]
Il aurait pu être un hacker. Mais Damien Bancal a mis son savoir technique et son esprit soupçonneux au service de la sécurité : voici dix ans qu’il traque et dénonce les failles des systèmes informatiques. Un Rouletabille au pays des cyberpirates.
« Tu vas crever « . C’était il y a dix ans : un colis avec un gros pétard. » uste une bande de gamins qui pirataient des téléphones », et dont Damien Bancal avait dénoncé les agissements. Suffisamment menaçants en tout cas pour qu’il dispose aujourd’hui d’une ligne téléphonique codée qui le rend intraçable, et qu’il donne ses rendez-vous dans des cafés anonymes et sans âme. A l’inconnu qui cherche à l’approcher, il renvoie poliment un courriel de bienvenue où il a délibérément inscrit l’adresse IP (celle qui identifie tout ordinateur connecté à Internet) de son interlocuteur, histoire de bien montrer que s’il le veut, il peut retrouver sa trace… Bienvenue dans le monde paranoïaque et mouvant du hacking.
Voilà dix ans que Damien Bancal a créé Zataz.com. 50 000 visiteurs uniques par jour, 2 millions de pages vues par mois, 120 000 abonnés à sa newsletter… Une référence pour qui s’intéresse à la chronique du vaste monde de l’insécurité virtuelle. Damien Bancal y répertorie, signale, relate et parfois traque lui-même les failles des systèmes informatiques – mais prévient d’abord les intéressés, affirme-t-il. « Parce que je ne veux pas finir en prison et que cela pourrait leur coûter cher à eux aussi. Très cher. » Sur Zataz.com, le Musée des sites piratés dont il est le gardien n’a, il faut bien le dire, pas de quoi rassurer sur la fiabilité des systèmes de sécurité. « C’est si facile de pénétrer partout ! La seule question, c’est le temps. Au début de notre aventure, en 1998, on avait fait un concours : un cadeau à celui qui nous piraterait. Cela a pris 5 secondes, pas plus… », raconte-t-il dans un éclat de rire.
Râblé, volubile et jovial. 85 kg d’énergie sous la gabardine. Pas de cigarette, pas d’alcool et un régime strict parce qu’il prépare son troisième dan de jujitsu, Damien Bancal a le regard franc mais soigne l’ambivalence ; ses mots se bousculent mais il s’évertue à ne pas trop en dire. Question de longévité. Une sorte de morale absolue qu’il suit comme un sacerdoce : être clair, pour mettre en confiance ; ne pas se dévoiler, par méfiance. La loi du Net. Intox et manipulation Il aimerait faire accroire que son nom est un pseudo (« Mélangez les lettres, cela donne : admin balance » – admin, ce sésame des hackers, identifiant de l’administrateur réseau, celui qui ouvre toutes les portes…). Mais Damien Bancal est son vrai nom : journaliste à La Voix du Nord le jour (« J’adore ça, l’information locale ! ») ; rédacteur en chef du site Zataz.com le reste du temps. Un Rouletabille tombé sur la planète pirate.
« CHEVALIER BLANC »
Internet, comme un jeu de rôle en réel. Avec intox, manipulation, fausses identités. Avec ses panoplies : l’hacktivist politique, le black hat criminel (à ne pas confondre avec son pendant justicier, le white hat ou « chevalier blanc », qui fait la même chose mais sans volonté de nuire), ou le traître retourné par la DST. Avec ses armes technologiques : le « cheval de Troie », programme d’apparence anodine mais dissimulant un logiciel malveillant, par exemple une back door (un accès caché grâce auquel un pirate peut pénétrer sur un ordinateur et même en prendre le contrôle), le keylogger (ou « renifleur de clavier », qui enregistre tout ce que vous tapez avec vos dix doigts). Et surtout avec ses pékins lambda, innocents aux mains nuisibles qui, d’un coup de souris, franchissent bêtement la ligne jaune…
Le commissaire Yves Crespin dirige la Befti (brigade d’enquête sur les fraudes aux technologies de l’information), rattachée à la police judiciaire et qui, à Paris, rue du Château-des-Rentiers, s’occupe de la voyoucratie informatique. Il a fort à faire… « Internet, c’est la dématérialisation des faits, explique-t-il. Vous pouvez être dans la vie d’une lâcheté totale, ne jamais passer à l’acte… D’un coup, Internet va vous y conduire. Il suffit d’un seul clic et vous vous transformez en corbeau, en cambrioleur ou en escroc. »
Le nom du site Zataz est inspiré d’un livre manifeste publié en 1991, Taz : zone autonome temporaire, signé Hakim Bey (éditions L’Eclat, 1997 pour la traduction française). Un hymne anarchisant qui célébrait les « Temporary Autonomous Zone », « espaces mouvants », des utopies pirates du xviiie siècle au réseau planétaire du XXIe siècle, « insurrection hors le temps et l’histoire ». Toute la panoplie philosophique du hacking. Mais ça, c’était avant. Du temps où Damien Bancal, au sortir de l’adolescence, montait le CCC, Croco Computer Club, en référence au Chaos Computer Club – une bande de hackers panachés, valeur absolue de la légende hacktiviste dans les années 1980 en Allemagne, toujours actifs mais dans une version assagie et quasi institutionnelle. Le parallèle s’arrête là, affirme Damien Bancal. « Je ne suis ni un pirate ni un chasseur de pirate. Quand j’aurais pu, je ne l’ai pas fait… Je ne suis qu’un journaliste et, soyons clairs : ma ligne rouge, c’est la loi. »
GRAND FRÈRE
A 35 ans, il fait figure de grand frère dans ce monde d’ados. Grand frère, comme on le dit de ces jeunes adultes qui, dans les quartiers dits sensibles, cherchent à canaliser l’énergie désordonnée et vandale des plus jeunes. Parmi ces têtes brûlées dont les exploits ont fait les belles heures du Musée des sites piratés, Darkblood est un calibre. C’est parce que ses parents avaient limité son accès à Internet à une heure par jour qu’à l’âge de 10 ans, ce jeune Marocain a dû apprendre à » craquer « les programmes. Un jeu d’enfant.
Aujourd’hui, « the Infamous » – comme l’a baptisé le New York Post – a 20 ans et, chaque jour que Dieu fait, il trouve des failles dans les systèmes prétendus inviolables des grandes entreprises et des institutions. Parce qu’il y a des failles partout. « Tenez, l’autre jour, chez un opérateur télécom. En recopiant le code hexadécimal d’une des entrées qui était affiché dans un code source, j’aurais pu créer un site absolument identique dans lequel les consommateurs seraient venus s’engouffrer en croyant aller chez l’opérateur, et m’auraient livré toutes leurs données confidentielles. Plutôt dangereux, non ? »
Cybercitoyen Darkblood n’est pas, ou plus, un délinquant. Ceux qui, comme lui, ont évité les démêlés avec la justice entreprennent souvent des études d’informatique pour devenir les spécialistes sécurité de demain. Le hacking comme école de la vie. « Je suis un cybercitoyen », clame Damien Bancal qui, dans le monde réel, est aussi secouriste : « Si dans la rue je vois quelqu’un tomber, je vais tout de suite aller l’aider. C’est pareil sur Internet. Je ne supporte pas la violence, l’injustice… Mon histoire personnelle, sans doute. »
Damien Bancal est né le 6 février 1972, à Saint-Flour, dans le Cantal. Il n’a que 8 ans quand sa famille s’installe à Dunkerque. C’est là qu’il va pousser. Au bord de la grande mer grise. Face au va-et-vient des cargos et des grues maritimes. Avec le « Club des cinq » comme unique inspiration. De son enfance, de son père, il ne veut pas parler. « Je n’ai pas eu de héros », consent-il seulement à dire. Il fréquentera les pensionnats et les conseillers d’orientation qui voient pour lui une carrière : pêcheur. Son rire chasse les mauvais souvenirs et convoque les bons. C’est un Amstrad 6 128 qui va le sauver. Un cadeau pour son BEPC. « A l’époque, un cube (un pixel), c’était une princesse ; et un rectangle (deux pixels), c’était un dragon. Il fallait beaucoup d’imagination. Mais on n’en manquait pas… Les jeux vidéo circulaient sur des cassettes copiées. Or les pirates y ajoutaient systématiquement une introduction, qui était plus intéressante que la cassette elle-même. Pas dans ce qu’elles disaient – c’est un peu toujours la même rengaine d’une génération à l’autre chez les pirates : moi, je suis le plus grand, le plus fort –, mais parce qu’elles étaient rudement bien foutues, c’était de véritables clips vidéo. Petit à petit, je me suis demandé qui étaient ces gens, j’ai commencé à compiler les informations. Et c’est ainsi que tout a débuté. » S’il ne vit pas de Zataz.com, du moins le site est-il pour Damien Bancal un capital d’informations.
Outre son travail de journaliste à La Voix du Nord, il écrit aujourd’hui à droite et à gauche, pour Le Canard enchaîné, Entrevue, Capital. Il sourit sans cesse, comme s’il se bluffait lui-même. Mais dans le crachin froid qui enveloppe Lille, il sent passer le poids des années. « Je trouve que plus ça va, moins les hackers qui arrivent sur le marché réfléchissent. Ils n’ont plus envie d’apprendre. Et leurs actes me font de moins en moins rire… » Avec le temps, le fan de jeux vidéo a pris de la bouteille et un peu d’embonpoint. Il s’est marié, a eu deux filles, écoute Sting (« j’aime les musiques reposantes ») et donne des conférences dans les écoles pour faire comprendre aux enfants les déboires auxquels ils s’exposent en dévoilant sauvagement leur intimité sur un blog.
Depuis le grenier de sa maison 1930 de Seclin – une banlieue ouvrière où la sécurité informatique est sûrement plus d’avenir que le textile en berne –, il a « notabilisé » son site, faisant même appel cette année à une régie pub pour le faire fructifier. « Je mesure le chemin parcouru depuis le temps où, sur la page d’ouverture, on mettait des petites têtes de mort qui tournent. »
UNE PORTE MAL FERMÉE
Son Musée des sites piratés commence même à lui poser question : ne risque-t-il pas de faire naître des vocations ? Quant à l’avenir juridique du Net, il lui fait se prendre la tête dans les mains : « D’une part, je pense qu’il faut définir un cadre ; d’autre part, je suis contre les lois liberticides. Parce que c’est comme les radars : c’est efficace mais ça tape sur une montagne d’innocents ! La solution ? Franchement je ne vois pas. Tous cybersurveillés, c’est impossible. Et tout laisser en liberté, c’est irréaliste. » Peu avant Noël, Damien Bancal a tapé « grain de sable » dans sa barre de navigation Google. Pas pour faire le malin mais parce qu’il effectue ses achats sur Internet : il aime la bande dessinée et cherchait La Théorie du grain de sable, de François Schuiten et Benoît Peeters. Or voilà qu’il tombe – fortuitement, affirme-t-il – sur des milliers d’adresses e-mail d’internautes qui avaient participé à des concours organisés par les éditions Casterman. Une porte ouverte. Une porte mal fermée. Un escroc intercepterait les données, un nuisible s’en servirait pour lancer des milliers de spam. Lui appelle Casterman et leur explique tout, sans rien toucher. C’est la règle. Ils ont corrigé. Et ils lui ont même fait un cadeau : des BD et des agendas, qu’il a fait gagner par concours sur Zataz.com. « Mais c’est rare, soupire-t-il. En général, on ne me dit même pas merci. »
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2008/01/25/une-vigie-chez-les-pirates_1003443_651865.html
3 mars 2008 at 7:58
Un article de merde, pour se faire mousser.
Damien Bancal est un cuistre et un imposteur. Voilà plus de dix ans qu’il fait comme s’il connaissait le milieu underground hacker, alors que ça Maîtrise en publicité et communication ne lui a jamais permis ni d’avoir la moindre compétence technique ni l’ouverture d’esprit nécessaires pour appréhender la contre-culture underground. Il n’y connait rien, il se fait passer pour ce qu’il n’est pas. Croire les paroles de cette personne c’est être naïf, surtout quand on sait qu’il suffit d’une requête Google pour vérifier ses dires.
Son organe de presse, zataz, est un ramassis de conneries vomies au premier degré alors qu’elles sont pour la plupart fausses voire mensongères. Même revêtu d’un vernis de journalisme politiquement correct, un tabloïd reste un tabloïd, et sa place est aux chiottes, maculé des déjections les plus viles. Le Nouveau Détective, zataz, même combat.
Bref, au lieu de mettre en avant un homme qui depuis plus de dix ans vend du papier en expliquant à qui mieux-mieux qu’Internet n’est rien de plus que le repère des pédophiles, des pirates et des terroristes, je pense qu’un weblog se nommant « Libertés Internet » devrait faire plus attention aux informations qu’il publie.
Bien à vous,
DecereBrain
3 mars 2008 at 10:59
Il est vrai que Damien Bancal est une personne assez controversée dans le milieu Underground, pour la simple et bonne raison qu’il fait office de voyeur et de délateur.
Nous ne traiterons pas de son implication directe dans l’arrestation de Cryptel, ni de son office de veille du hacking français (Son site internet http://www.zataz.com), qui à part les médias, n’intéresse aucunement la communauté des hackeurs. Il est en effet tout de même surprenant que les premiers concernés se détournent d’un outils parlant d’eux. Peut-être parce que la plupart des faits relayés dans zataz sont soient non-vérifiés (si on fait allusion à son article sur un grand hacker hollandais piratant un prompteur télévisuel, qui s’avéra être un étudiant en communication ayant falsifié sa vidéo), soient non étayés. Il est donc bien plus intéressant de lire un site complet niveau technique, et un autre sur l’infos underground plutôt que de lire zataz, un site qui traite mal de l’actualité du milieu et mal de la technologie employée. En voulant réunir technologies et actualités underground, il faut prendre le risque de tomber sur des gens, plus à l’écoute des nouvelles du milieu et plus aux faîtes des nouvelles technologies.
Zataz n’est donc pas représentatif d’une scène française, que ce site ne sait aborder que par son côté spectaculaire et factuel, oubliant ainsi les fondements même du Hacking et de la Contre-culture.
4 mars 2008 at 1:22
Parce qu’il est journaliste en plus? Pour de vrai?
Mouhaha!
Allez, un exemple au passage: « Alors que les auteurs du site Internet Je note mon prof passe devant la justice. Le site Internet se fait pirater. »
http://www.zataz.com/news/16596/Le-site-Je-note-mon-prof-pirat%C3%A9.html
C’est le site Note2be
http://www.note2be.com/
dont les responsables passent devant la justice, et c’est le site note tes profs
http://www.note-tes-profs.com/
qui a été piraté.
Une simple recherche de vingt secondes sur google lui aurait permis de s’en rendre compte.
4 mars 2008 at 2:55
A aucun moment http://www.note-tes-profs.com n’a été piraté.
il doit y avoir amalgame.
5 mars 2008 at 2:23
Note2be non plus, le site était particulièrement mal conçu, mais ce n’était pas du au piratage.
En revanche le site note tes profs est lui, en maintenance.
Bref, si aucun des deux n’a été piratés, de quoi parle alors Mister Bancal?
13 mars 2008 at 11:17
Bonjour,
Je suis « Damien Bancal » et je vais vous répondre. Votre besoin d’insulter étant, semble-t-il-, plus pressant que de venir me parler directement, sur tel ou tel point.
1- « qu’il fait comme s’il connaissait le milieu underground hacker » : Qui peut dire connaître un milieu qui évolue plus vite que le web lui même ? Pas moi et pourtant j’en croise du monde. ZATAZ tente de traiter des hackers, des pirates, des victimes, des cyber policiers, … Bref, les faits et rien d’autre. Mon but, que les utilisateurs lambda puissent trouver des solutions pour se protéger. Bref, je n’ai pas souvenir de traiter du « milieu underground hacker » plus que ça. Ah oui, pour moi hacker n’a rien à avoir avec pirate et que ça fait bien plus de 10 ans que je le dis.
2- « si on fait allusion à son article sur un grand hacker hollandais piratant un prompteur télévisuel, qui s’avéra être un étudiant en communication ayant falsifié sa vidéo » pourtant dans l’article il est bien indiqué que ce soit disant piratage n’est rien d’autre qu’un coup de pub ! Comme le piratage d’une voiture, d’une gare, … par le même étudiant.
http://www.zataz.com/news/15817/
3- « Nous ne traiterons pas de son implication directe dans l’arrestation de Cryptel ». Mais si, mais si, n’hésitez surtout pas. Une affaire qui date de + de 10 ans. Un groupe d’internautes, adepte du phreaking (piratage du téléphone). Ce groupe a été arrêté avant que zataz soit concerné. J’ai été contacté par la justice car j’étais administrateur contact d’un site, à l’époque, baptisé Madchat. Madchat diffusait les e-zines de Cryptel. Je n’ai fait que mettre en contact le webmaster de Madchat avec le service de police qui souhaitait que disparaisse les e-zines illicites car contenant des méthodes de piratage.
http://www.transfert.net/La-curiosite-des-hackers-est-un
3- Pour finir, le site Je note mon prof : http://209.85.129.104/search?q=cache:Z8Hc3Nr6CUwJ:www.jenotemonprof.com/index.php%3Foption%3Dcom_content%26task%3Dview%26id%3D21%26Itemid%3D28+maskeli+jenotemonprof&hl=fr&ct=clnk&cd=2&gl=fr&client=firefox-a
Bref, votre regard est intéressant, je le trouve juste très limité et injuste. Pour finir, je n’ai pas souvenir d’avoir eu la moindre prétention, ni vanité de dire « Je sais ». Par contre, vous semblez particulièrement fier d’indiquer que vous, « vous savez » !
13 mars 2008 at 1:47
Sur l’affaire MadChat, un petit rappel des faits :
La curiosité des hackers est un vilain défaut
[Transfert – 18/02/2001]
Madchat, portail de l’underground informatique français, vient de fermer par mesure de prudence. Un policier voulait le mettre en cause dans une affaire de piratage.
Madchat est mort. Le site de référence de la communauté informatique underground francophone, celui que visitaient aussi bien les script kiddies (apprentis pirates) que ceux dont le métier est de les surveiller, qui vit passer nombre d’ex-futurs hackers reconvertis dans la sécurité informatique, a finalement décidé de fermer. Après le coup de fil d’un commissaire de la police judiciaire.
Tout commence avec le piratage, par deux mineurs de Versailles, du central téléphonique d’une société des Yvelines. Montant de la facture : 800 000 FF. Aux policiers, les pseudos phreakers (hackers téléphoniques) déclarent avoir trouvé le mode d’emploi de cette technique sur un e-zine underground, Cryptel, dont les rédacteurs sont eux aussi arrêtés, puis inculpés.
Et tous renvoient à Madchat, portail des e-zines de hack francophones où l’on pouvait encore, jusqu’en janvier dernier, trouver Cryptel, comme des dizaines d’autres mags de h4X0rz (hackers, en langage underground).
Simple comme un coup de fil
Le commissaire Doublet, de la division économique et financière de la police judiciaire de Versailles, contacte alors Damien Bancal, journaliste du site Zataz, qui était le contact administratif de Madchat et qui en a marre d’être entendu par la police : c’est toujours lui qu’on vient voir, sous prétexte qu’il couvre l’actualité de l’underground.
Résultat : énervé, il publie un texte pour expliquer une fois de plus ce que l’on peut faire, ou pas, et renvoie le commissaire vers Léo, le véritable responsable de Madchat.
Le 31 janvier dernier, ce dernier reçoit un coup de fil… à 3 heures du matin : Léo vit aux …tats-Unis, mais pas le commissaire Doublet, qui lui explique qu’il risque d’être mis en examen : « il est illégal de mettre un lien vers un site illégal, ou qui pourrait l’être, un article qui promeut un groupe de hacking est illégal, et l’on doit être en mesure de contrôler 1/ son contenu 2/ l’identité des participants (avec une adresse e-mail sur un fournisseur d’accès internet français) ».
Internet=anonymat=pédophilie
Mais qu’est-ce qu’un site qui « pourrait être illégal » ? Et comment s’assurer de la légalité d’un site, et vérifier la conformité de tous ceux vers lesquels un webmaster est amené à faire un lien ?
Interrogé par Transfert, le commissaire avance qu’ »en deux-trois clics, on pouvait arriver aux e-zines » de Cryptel. Mais Yahoo, par exemple, a référencé Madchat dans sa section « hacking », offrant donc, en quatre clics seulement, la lecture de ce même contenu illégal…
Quant à contrôler l’identité des auteurs avec une adresse e-mail chez un fournisseur d’accès français, rien de tel n’est jamais apparu dans la loi française.
Mais, poursuit le commissaire, « quand on n’a rien à se reprocher, on met son nom, et les sites qui n’ont rien à se reprocher contrôlent l’identité de ceux qui y participent.
Tout ce que je demande à l’hébergeur, c’est de connaître ses clients, ou de fermer le site. »
Et d’enchaîner avec la désormais classique équation internet=anonymat=pédophilie : « je préfère que les gens soient facilement identifiables, c’est un espace de liberté mais il y a tellement d’abus qu’on passerait notre temps à identifier des sites pédophiles. »
Le commissaire a beau avoir trouvé la véritable identité des contrevenants, rien n’y fait. Au final, Léo ne devrait pas être inquiéter, mais le policier a prévenu : « si les magazines Cryptel sont republiés avec des précisions pour pirater les lignes téléphoniques, ceux qui les diffusent sont aussi coupables que ceux qui les ont écrits. » Des dizaines de sites, bien évidemment, diffusent toujours les écrits de Cryptel. Le commissaire les recherche « activement « .
Le crime de la curiosité
Les e-zines diffusés depuis des années par Madchat expliquaient comment entrer dans tel ou tel programme ou dans tel système informatique, et se réfugiaient derrière la traditionnelle excuse de tous les hackers : on fait ça par curiosité, il y a une différence entre expliquer comment fonctionne une serrure, et comment la fracturer.
Ironie de l’histoire : trois semaines avant le coup de fil du commissaire, face à la criminalisation rampante de ce genre de curiosité, et au nombre galopant d’adolescents confondant allègrement curiosité et piratage, Madchat s’offrait, selon les propres termes de Léo, « le luxe de passer dans la légalité française. » Il renonçait à ce qui avait fait sa renommée (le côté fourre-tout de la bibliothèque d’e-zines controversés) pour mieux se recentrer sur la promotion de la sécurité informatique et de la liberté d’expression.
Mais Madchat restait pénalement responsable de ses diffusions antérieures. Aussi a-t-il in fine décidé de fermer le site, après 3 ans d’activités, et malgré les 1000 et quelques visiteurs quotidiens. Léo n’aimerait pas être cueilli par la police le jour où il reviendra en France…
Aujourd’hui, Madchat est gelé, et renvoie au célèbre texte du Mentor, La Conscience d’un hacker, daté de 1986 : « Nous recherchons la connaissance… et vous nous appelez criminels. Oui, je suis un criminel. Mon crime est celui de la curiosité. Je suis un hacker, et ceci est mon manifeste… »
Jean-Marc Manach
http://www.zataz.com
http://www.zataz.com http://www.madchat.org
13 mars 2008 at 1:50
Effectivement, nous savons 😉
http://samspade.org/whois/www.fille2reve.com
Et tant que vous continuerez à mentir, nous continuerons à dire la vérité.
13 mars 2008 at 2:05
Oui, sauf que madchat n’est pas mort.
La preuve : http://www.dg-sc.org/decerebrain/m4dch4t/liste_m4dch4t_mirrors.txt
Encore une fois, une simple requête Google vous aurait permis de tomber là-dessus.
Et si vous voulez vraiment une liste d’endroits où trouver Cryptel, aucun problème ,-).
Et puisque faire des liens et copier/coller des textes tient ici lieu de discours (ce qui en dit long sur le maljournalisme de notre époque, voir à ce propos les récents textes publiés par Juan Asensio sur son weblog http://stalker.hautetfort.com/) allons-y :
http://www.paranos.com/internet/zataz.html pour un autre point de vue sur Damien Bancal ;
http://www.newffr.com/viewtopic.php?forum=5&topic=14023
et mon humble prose : http://decerebrain.weblogs.dg-sc.org/articles/2008/01/25/proph%C3%A8tes-et-nains-de-jardin
Nous avons assez subi les mensonges de Monsieur Bancal. Il est temps qu’il se taise. Dieu n’a malheureusement pas fait de paupières pour les oreilles.
13 mars 2008 at 4:44
Oups, vu m’avez mal compris, je parlais juste du texte de transfert.net, cité dans le commentaire de Monsieur Bancal, et recopié dans le votre. Il n’y avait pas d’intention de critique dans ma remarque, et j’avais bien compris le principe de la revue de presse.
Concernant madchat, nous voyons deux commentaires d’affilée où on clame sa prétendue mort, sans signaler qu’il ne l’est pas, ou pas tout à fait ; j’ai jugé opportun d’en apporter la preuve, travail que vous auriez dû faire en mentionnant et en re-publiant un article les concernant au premier chef. Pareil pour Cryptel, vous n’hésitez pas à caler *DEUX* liens vers l’immonde tas de mensonges et de pollution publicitaire qu’est zataz (sans compter celui que Monsieur Bancal s’est permis d’inclure dans ce qui tient lieu de réponse), mais il faut vous pousser pour que vous en mettiez un vers le magazine électronique Cryptel, qui pourtant contient également un fort intéressant article sur Damien Bancal.
Je ne fais là que relater les faits, sans en omettre ou en masquer. C’est le travail d’un journaliste. Il est pour le moins piquant d’avoir à faire nous-même le travail de mise au jour de la vérité que d’autre sont payés à ne pas faire. Quelqu’un au fond de la salle a-t-il parlé de déontologie ? Non ? J’ai du mal entendre…
Je n’ai pas le moindre problème avec Damien Bancal, pas plus qu’avec le journaliste de transfert.net. Il raconte sa vie dans Le Monde 2, je donne mon avis sur l’article. Il ment au public, nous faisons jaillir la vérité.
Enfin, qu’il me soit permis de vous rappeler qu’avoir tort ne vous dispense pas de la plus élémentaire politesse. Veuillez, je vous prie, cesser de me tutoyer et d’employer des tournures familières à mon égard.
Cordialement,
DecereBrain
13 mars 2008 at 5:27
« Il aurait pu être un hacker. Mais Damien Bancal a mis son savoir technique et son esprit soupçonneux au service de la sécurité : voici dix ans qu’il traque et dénonce les failles des systèmes informatiques. Un Rouletabille au pays des cyberpirates. »
Cette phrase d’introduction est scandaleuse et démontre que le journal Le Monde aime faire dans le sensassionnel (il faut bien payer les loyers et la bouffe heh). Quand j’pense qu’ils utilisent SPIP en interne j’suis mdr.
Les Hackers ne sont pas des CyberPirates.
Les Hackers ne sont pas les mecs qui passent sur TF1 (dans le noir) ou qui sont dans des films de divertissement comme piège de cristal…
Bref RENSEIGNEZ VOUS SVP.
Je n’ai pas envie de finir sur un buchet de chasse aux sorcières. MERCI.
J’ajoute que je ne suis ni White, Grey ou Black Hat. Juste un mec qui est tombé dans l’info en 6eme et qui a trouvé ça magique.
14 mars 2008 at 1:11
« Par contre, vous semblez particulièrement fier d’indiquer que vous, “vous savez” ! »
En tous cas j’en sais assez pour pouvoir affirmer que vous confondez le site note2be(dont les responsables sont passés en justice) et jenotemonprof(qui a été piraté).
Comme je l’affirmais au début, donc.
Bon, c’est pas à partir de ça qu’on peut tirer des conclusions sur le sérieux de la rédaction du site « zataz », c’est pourquoi j’invite tout ceux que ça interesse d’évaluer eux memes la pertinence des informations diffusées par vos soins dans ce torchon.
26 mars 2008 at 3:52
Pour celles et ceux qui veulent en lire plus : http://decerebrain.weblogs.dg-sc.org/articles/2008/03/25/petite-le%C3%A7on-de-journalisme