Au vu des commentaires que suscite cet article, il faut peut-être préciser qu’il n’est pas à lire au premier degré ? Mais peut-être que les lecteurs ont du mal à comprendre un article qui n’est pas écrit en langage SMS ? 🙂

En tout cas, nous les encourageons à LIRE JUSQU’AU BOUT et à REFLÉCHIR avant de dégaîner leurs SMS vengeurs…

[Gregor Seither – IES News Service – 05/01/2008]

Barack Obama a un problème : quand il était petit, il a vécu dans un pays musulman. Incroyable, non ? Et, vous savez quoi ? Il est allé dans une école où il y avait des cours de catéchisme ! Renversant non ? Et parfois les Vendredis soir, on l’obligeait à aller à la messe… euh, à la Mosquée. C’est un scoop ça !

En gros, Barack Obama a eu une enfance identique à celle de millions de petits américains élevés dans des familles croyantes…

…sauf que là, c’était chez les Mu-sul-mans ! Vous savez ? Ces « aliens » qu’il faut « éradiquer » et « renvoyer dans leurs grottes », cette « cinquième colonne » qui complote « pour détruire l’Amérique »… Aucune communauté aux USA n’est aujourd’hui aussi diabolisée que les musulmans arabes. Il suffit d’allumer la télé pour s’en rendre compte, ou tout simplement écouter ce qu’en disent les « braves gens » qui font leur shopping chez Wal-Mart. Le racisme est aujourd’hui parfaitement assumé et public…

Au point que le simple fait de porter un T-Shirt avec une inscription arabe suffit à vous faire interdire d’avion, ou qu’une conversation dans la rue entre deux Jordaniens déclenche un appel à la police par une passante affolée (au secours, des musulmans qui marchent sur mon trottoir !), suivie d’un débarquement toutes sirènes dehors de la police, armée jusqu’au dents… Psychose, racisme, paranoia… c’est pas le moment de s’appeler Barack HUSSEIN Obama, hein…

Alors bien sûr, tout cela pose problème.

Et le plus triste, dans cette affaire, c’est que Barack Obama lui même semble penser qu’il y a un problème, qu’il doit en quelque sorte demander pardon pour avoir été « souillé » au contact de ces « ignobles musulmans ».

C’est du moins ce qu’on peut penser quand on lit ses réactions dans la presse :

Ainsi, le LA Times du Jeudi revient sur les déclarations d’Obama dans lesquelles il expliquait que, oui, il lui arrivait d’aller à la Mosquée, mais pas si souvent. Déclaration d’autant plus ridicule que tout le monde sait que la religion, chez un enfant de six ans, ne laisse pas beaucoup de traces :

« Un ami d’enfance d’Obama a déclaré que celui-ci allait en effet parfois aux prières du vendredi à la mosquée. ‘Nous disions les prières à la mosquée, comme tout le monde, mais ce n’était pas très sérieux, nous faisions simplement comme les personnes plus âgées nous avaient montré,’ explique Zulfin Adi. ‘Quand nous étions enfants, nous adorions retrouver nos amis et aller ensemble à la mosquée, pour jouer.’ … La petite soeur d’Obama, Maya Soetoro, a publié une déclaration reprise par l’équipe de campagne d’Obama, disant que la famille n’allait pas souvent à la mosquée, sauf pour des grands évènements communautaires, mais pas tous les vendredis. « 

Et voici ce que dit le Chicago Tribune sur le même sujet :

« Zulfan Adi, un voisin et ami d’enfance d’Obama qui a été cité par la presse comme ayant déclaré que Obama se rendait régulièrement aux prières du vendredi avec Soetoro, a dit à la Tribune qu’il n’étais plus aussi certain de sa mémoire. Il affirme n’avoir fréquenté Obama que quelques mois, pendant l’année 1970, quand sa famille s’est installée dans le voisinage. »

De fait, quand vous avez entre 6 et 10 ans et que vous vivez dans un pays musulman, il y a de fortes chances pour que vous vous retrouviez dans une mosquée et que vous participiez à des évènements communautaires musulmans. C’est complètement idiot de tenter de nier ce genre de choses, étant donné qu’il y a probablement pas mal de témoins qui diront le contraire. C’est comme si je voulais faire croire que je suis jamais allé à la messe et n’ai pas fait ma première communion. C’est pas pour autant que je suis devenu un suppot du papisme…

Mais la vraie question c’est : qu’est-ce qu’on en a à foutre ? Or, de toute évidence, les états-uniens en ont quelque chose à foutre. Ce sujet est devenu un point majeur de la campagne, tant du côté des détracteurs d’Obama que chez ses partisans. C’est d’ailleurs pour cela que vous n’avez jamais entendu dire Obama, « Ouais, je pense que je suis allé à la mosquée de temps en temps, mais j’ai jamais inhalé, je faisais semblant. » (En 1992, Bill Clinton avait été interrogé sur sa consommation de cannabis et il avait reconnu en avoir fumé de temps en temps, mais sans jamais « inhaler » la fumée).

Nous pouvons donc nous préparer à une nouvelle et fastidieuse campagne d’arguments sur les liens d’Obama avec l’Islam et les musulmans, une communauté qui est devenue synonyme de diabolisation aux Etats-unis.

Pour le père Leahy, du Groupe de dialogue interreligieux de Chicago :

« La réaction honteuse d’Obama est d’autant plus lamentable qu’elle ne fait que renforcer cette diabolisation. Il aurait pu clore le débat en disant simplement quelque chose du genre « Vous savez, j’étais un petit garçon à l’époque. Il y a beaucoup de choses dont je ne me souviens pas. Ma première vraie expérience religieuse c’était à l’âge de 16 ans quand j’ai adhéré à mon groupe d’études bibliques. Mais laissez-moi vous dire ceci : je n’ai jamais regretté avoir eu la chance de côtoyer de très près des représentants de la deuxième plus grande communauté religieuse au monde. Et mes électeurs n’ont pas à le regretter non plus. Car la seule façon de résoudre les différents que nous pouvons avoir entre nous, chrétiens et musulmans c’est en apprenant à mieux nous connaître. Et je suis content d’avoir eu la chance de pouvoir le faire dès mon plus jeune âge. »

Mais Obama ne dira jamais cela, il a trop peur de s’aliéner les voix des bigots racistes et patriotiques qui ont envahi la vie politique aux Etats-unis.