[LE MONDE | 17.11.07 ]

En octobre, la blogosphère bruissait du Zero E-Mail Friday, une initiative lancée par Intel, invitant les cadres à ne pas consulter leur courriel le vendredi. En 2002 déjà, le Forum des droits sur l’Internet réclamait « la mise en place d’un véritable droit à la déconnexion ». La proposition reste d’autant plus d’actualité que le maillage des réseaux de communication ne cesse de s’étoffer, et qu’il ne suffira bientôt plus d’éteindre son téléphone portable, ou son PC, pour être « déconnecté ».

Avec ce que l’on appelle d’ores et déjà l' »Internet des objets » – ou « informatique omniprésente » -, c’est en effet notre environnement tout entier qui sera interconnecté, au moyen de puces RFID (radio-identification sans contact) placées sur les objets du quotidien, leurs emballages, les murs, sols, plafonds… afin d’améliorer leur usage, mais aussi d’assurer leur traçabilité, et la nôtre avec.

S’il existe des logiciels permettant de limiter les effets de la surveillance (publicitaire notamment) des faits et gestes de chacun sur l’Internet, les solutions pour se protéger, dans l’espace physique, restent encore à l’état de brouillon. Impossible de se prémunir contre la vidéosurveillance, sauf à déambuler masqué, ce qui, immanquablement, susciterait la suspicion des services de sécurité…

Il est par contre possible d’éteindre, à distance, n’importe quel écran de télévision. La TV-B-Gone, un porte-clés lancé en 2004 par un entrepreneur de la Silicon Valley, cache ainsi une télécommande universelle dotée d’un seul bouton : celui qui permet d’éteindre la télévision. Certains s’en servent pour limiter le temps passé par leurs enfants devant le poste, d’autres pour éteindre tous les écrans qui s’affichent dans les galeries marchandes et les supermarchés culturels.

Les brouilleurs de téléphones portables sont peut-être la prochaine étape de ce type de résistance à l’agression, sinon aux formes d’addiction perçues dans l’utilisation effrénée de ces nouvelles technologies de la communication. Le New York Times expliquait ainsi récemment qu’un psychothérapeute avait décidé d’en équiper son cabinet après que le témoignage d’une patiente, violée, avait été interrompu par le téléphone de l’un des participants à ses thérapies de groupe. D’autres s’en servent pour cesser d’être importunés par celles et ceux qui braillent dans le combiné dans les transports en commun.

L’utilisation de tels outils est interdite, mais pas leur commercialisation, en tout cas au Royaume-Uni où, via l’Internet, les ventes explosent. Dans le même esprit, des hackers allemands ont bidouillé un petit appareil photo pour en faire un destructeur de puces RFID. En attendant la commercialisation de ce type de dispositifs, certains se contentent de détruire ce genre de puces d’un bon coup de marteau, tout simplement.

Moins pragmatiques, mais plus organisés, certains préfèrent se regrouper à l’occasion de la « Semaine sans télévision » ou encore de la « Journée sans achat » (prévue le 24 novembre) relayées, en France, par les « Casseurs de pub ».

Dans le même esprit de « désintoxication », le Rassemblement pour la démocratie à la télévision appelle, le 30 novembre, à une « Journée nationale sans Sarkozy dans les médias », à l’occasion du premier anniversaire de l’annonce de sa candidature à la présidentielle.